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#1276 25-01-2025 12:36

Yyr
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Re : Revue de presse

Cédric a écrit :

Tolkien est vraiment entré dans notre vie quotidienne, les allusions sont fréquentes désormais;

Eowyn a été plus violente outre-Manche. D'ailleurs, cela a inspiré à John Garth un parallèle :
https://steadyhq.com/en/1349b33e-4289-4 … 015106ce48

C.

Oui et les allusions sont souvent discutables.

And anyway, I’m sure it’s already occurred to other Lord of the Rings fans that Éowyn is an excellent name for a storm – especially one riding from the west.

John Garth

????
Il me semble plutôt que Tolkien, lui, aurait réagi un peu à la manière dont il a réagi en apprenant que l'on utilisait le nom de Rivendell pour des animaux ... Éowyn ne correspond pas à une tempête (présupposés « féministes » contemporains là-dessous).

Pour une allusion plus cohérente avec un phénomène météorologique, Serge Zaka, agro-météorologue, avait proposé d’appeler Balrog la vague de chaleur de l'été 2022 (Aujourd’hui en France, jeudi 16 juin 2022, réf. dans la thèse d'un certain J.-P. Qadri ;)). Là oui, il y avait un rapport.

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#1277 17-03-2025 11:43

ISENGAR
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Re : Revue de presse

Tolkien et les Bernardins sont cités dans le site du magazine Livres Hebdo, ce matin, avec une belle illustration :
https://www.livreshebdo.fr/article/tolk … bernardins
Malheureusement, l'intégralité de l'article n'est lisible que pour les abonnés.

Amusant d'évoquer cet événement dans ce fuseau initié par Jean himself il y a plus de 20 ans smile

I.

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#1278 25-03-2025 14:46

ISENGAR
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Re : Revue de presse

Signalé par Druss sur le forum de Tolkiendil, Telerama publie aujourd'hui un article à propos du désaccord entre Vincent Ferré et les éditions Bourgois. Un désaccord qui a été récemment porté en justice et pour lequel JRRVF s'est clairement positionné, aux côtés de Tolkiendil et de nombreux lecteurs de Tolkien, d’universitaires ou de chercheurs indépendants, en soutien à Vincent.

I.

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#1279 25-03-2025 16:15

Silmo
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Re : Revue de presse

Sait-on si Bourgois a été récemment racheté par Elon Musk ??  sad

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#1280 25-03-2025 21:25

Elendil
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Re : Revue de presse

Récemment racheté par Madrigall, plutôt. Mais les ennuis de Vincent ont commencé après le rachat antérieur, par Olivier Mitterrand, en 2019.

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#1281 25-03-2025 22:31

Silmo
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Re : Revue de presse

Argg, je blaguais mais ne connaissais pas l'affaire initiale et soutiens bien sûr Vincent. S'il y a une pétition, je signe.

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#1282 26-03-2025 16:24

Yyr
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Re : Revue de presse

Silmo a écrit :

Argg, je blaguais mais ne connaissais pas l'affaire initiale et soutiens bien sûr Vincent. S'il y a une pétition, je signe.

C'est donné dans le lien d'Isengar — plus exactement ici ;)

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#1283 26-03-2025 17:40

Hyarion
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Re : Revue de presse

Yyr a écrit :
Silmo a écrit :

[...] S'il y a une pétition, je signe.

C'est donné dans le lien d'Isengar — plus exactement ici ;)

Sauf erreur de ma part, François a déjà signé cette pétition, il y a plusieurs semaines...

Amicalement,

B.

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#1284 26-03-2025 18:15

Silmo
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Re : Revue de presse

Alors tout va bien, javais oublié. "Bis repetita ne placent pas toujours"  lol

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#1285 30-03-2025 08:03

vincent
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Re : Revue de presse

Chères et chers vous tous
je me permets de dupliquer ici le message d'un fuseau voisin [:] cet article à la fois précis et synthétique, qui couvre plus de sujets que son titre ne le laisse supposer, mentionne le verdict (favorable) de la procédure que j'avais lancée. D'autres phases sont à prévoir mais ce jugement est extrêmement important. Merci à toutes les personnes qui m'ont soutenu depuis novembre
vincent

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#1286 30-03-2025 23:19

Hyarion
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Re : Revue de presse

Voila déjà plusieurs mois que je projetais de partager ce qui suit, mais le temps et surtout le moral m'ont manqué pour ce faire, en sus de diverses contraintes personnelles...
Encore maintenant, a fortiori en un temps où les forums/fora en ligne sont délaissés notamment pour des échanges plus fugaces via Discord ou Twitch, il faut se faire violence pour lutter contre la chape de plomb qui a tendance à m'assommer ces derniers mois, à l'aune d'une atmosphère générale pesante en matière d'actualités (antisémitisme, pseudo-pacifisme, « retour du religieux », et autres causes de désespérance me concernant)...

Mais venons-en aux faits.

À moins d'avoir vécu dans une autre galaxie ces derniers mois, chacun sait que Donald J. « FakeNews » Trump est finalement revenu au pouvoir aux États-Unis d'Amérique, puisqu'il a remporté l'élection présidentielle de novembre 2024 face à Kamala Harris et qu'il a été investi président le 20 janvier dernier. Le nouveau vice-président de Trump, élu et investi avec lui, est un certain James David Vance, dit J. D. Vance, avocat et « capital-risqueur » avant de devenir politicien, tandis que s'agissant du Congrès des États-Unis, en parallèle de l'élection présidentielle, l'ensemble de la Chambre des représentants et un tiers du Sénat ont été renouvelés : les démocrates ont perdu la fragile majorité qu'ils détenaient et les républicains conservent la majorité à la Chambre des représentants... bref, le camp de Trump dispose plus ou moins de tous les leviers du pouvoir depuis le 20 janvier, avec les conséquences déjà très importantes que l'on a pu observer depuis, que ce soit au niveau national américain ou international.

Je n'ai pas été surpris de ces résultats électoraux, mais j'avais trouvé plutôt juste, par exemple, l'avis de l'acteur et ancien gouverneur Arnold Schwarzenegger, avis que ce républicain anti-trumpiste notoire avait exprimé quelques jours avant le scrutin : il disait aller voter pour le ticket démocrate Harris/Waltz, même par défaut et en étant en désaccord avec le programme (puisque lui est resté un républicain « à la Reagan »), surtout pour éviter les divisions et la haine entre Américains si Trump était réélu, car dans ce cas-là, disait-il, ce serait partir à nouveau pour quatre ans de “bullshit” sans politique sérieuse pour les gens, et avec in fine toujours plus de divisions et de haine dans le pays. Au lendemain de la victoire du ticket républicain Trump/Vance, un commentateur français sur X (ex-Twitter) avait plutôt bien résumé la situation électorale en une formule, que je complète légèrement (en mettant certains guillemets et une mention entre parenthèses) :

Inflation + « wokisme » + immigration + réseaux sociaux (et podcasts orientés) = Trump

Je rajouterai aussi la religion dans l'équation, car en France, c'est quelque-chose dont on sous-estime toujours un peu l'impact sur la vie politique aux États-Unis, même si le nombre de personnes se disant « sans religion » a plutôt tendance à augmenter, dans ce grand pays aux réalités toujours si contrastées.

J'ai noté que d'après des études d'opinion, la défaite des Démocrates aurait été encore plus sévère si la candidature du président sortant Biden n'avait pas été remplacée par celle de sa vice-présidente Harris, même s'il était sans doute déjà trop tard lorsque cela a été fait durant l'été 2024. Trump fait peur, mais je crois que ce que l'on appelle le « wokisme » a fait peur encore davantage, même si ce n'est évidemment pas la seule cause du vote pour le ticket républicain Trump/Vance... Il faudrait en tout cas en tirer des enseignements, surtout quand on se prétend « progressiste »...

C'est de J. D. Vance, né en 1984 et notamment converti au catholicisme il y a quelques années, dont il sera question ici, à partir d'une revue de presse datant donc déjà de quelques mois, mais qui pourra peut-être éclairer un peu l'actualité plus immédiate.

Pour mettre les pieds dans le plat, et dire d'emblée franchement les choses à propos d'un politicien quel qu'il soit, rien ne vaut la presse satirique, et je commencerais donc par évoquer le regard du Canard enchaîné, journal dans lequel Anne-Sophie Mercier a plusieurs fois évoqué J. D. Vance l'année dernière, lors de la campagne présidentielle américaine, et journal pour lequel Ferdinand Guiraud, dit Kiro, l'un des derniers grands dessinateurs satiristes français (dans la lignée historique de Charles Philipon et Honoré Daumier), a réalisé en prenant pour sujet Vance un de ses portraits-charges dont il a le secret.

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J. D. Vance par Kiro (Le Canard enchaîné n°5427, 13 novembre 2024).

Le problème, avec les vieux potes de fac, c'est qu'ils ne sont pas toujours fiables. Un coup de trop, un moment de blues, et les voilà qui balancent... J. D. (James David) Vance en a fait l'amère expérience en 2016, lorsqu'il a découvert dans les journaux le texte d'un SMS qu'il avait envoyé à l'un d'eux : « J'hésite : est-ce que Donald Trump est un trou du cul cynique comme Nixon ou est-ce qu'il est le Hitler de l'Amérique ? »
    Pour un homme comme Trump, qui exige une adoration sans limite de ceux qui sont amenés à travailler avec lui, on frôle le crime absolu. Vance ne s'était pas lâché seulement auprès de ses proches, mais aussi dans les médias, à une époque où il faisait beaucoup le malin, après la parution de son autobiographie, vendue à plus de 3 millions d'exemplaires. Son enfance dans les Appalaches, avec un père aux abonnés absents et une mère passant de l'héroïne au fentanyl, la violence ambiante, la tristesse et l'attente des coupons alimentaires pour finir le mois... Son livre fit beaucoup causer à Washington, où certains s'interrogeaient gravement : et si on avait par trop laissé tomber tous ces péquenots ? Ivre de lui-même, de s'en être sorti seul, d'être diplômé de Yale, Vance dégainait vite, alors.

Anne-Sophie Mercier, « Vice et versatile », in Le Canard enchaîné n°5427, 13 novembre 2024, p. 7.

Mercier fait ici allusion au livre autobiographique de Vance intitulé Hillbilly Elegy: A Memoir of a Family and Culture in Crisis (traduit en français sous le titre Hillbilly Élégie), publié en 2016, et qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique – Hillbilly Elegy (Une ode américaine) – réalisée par Ron Howard et diffusée en 2020 par Netflix. Simon Riaux, rédacteur et critique pour le média en ligne Écran Large, avait alors écrit à propos du film : « complaisant et pauvrement raconté, Une ode américaine est un safari social embarrassant où le gratin hollywoodien rivalise de cabotinage ». S'agissant du propos du livre, il est centré sur le destin de Vance, natif de l'Ohio, à partir de ses origines de “hillbilly” (« plouc » à l'américaine) de la Rust Belt : « rejeton délaissé d'une famille ouvrière blanche déclassée, shootée aux médocs et à l'alcool, élevé par sa grand-mère, une forte en gueule détentrice de 19 armes à feu, il parvient à effectuer sa scolarité à Yale, devient avocat et fait fortune dans la Silicon Valley », ainsi que le résume Anne-Sophie Mercier dans un autre article du Canard datant lui du mois de septembre.

Pour en revenir à son article du Canard du 13 novembre, Mercier y évoque les difficultés de Vance après avoir cru pouvoir fanfaronner vis-à-vis de Trump et s'être finalement « grillé » lui-même par ses déclarations et son excès d'assurance suite à son succès de librairie. Il a dû ainsi « ramer sec » pour entrer en grâce auprès de celui qui était devenu le 45e président des États-Unis d'Amérique, en le brossant désormais dans le sens du poil (ou de la chevelure laquée) et en ne lésinant pas sur les déclarations les plus flatteuses, voire énamourées, à l'égard de Trump. La flagornerie ne suffisant pas, Vance a aussi dû activer son réseau, sachant qu'il a connu un certain Elon M. (grand fan de Trump, comme on le sait, au point d'être devenu un de ses collaborateurs à la Maison-Blanche) lorsqu'il travaillait dans la Silicon Valley, qu'il connait depuis 2016 le fils aîné de Trump, lequel a apprécié sa Hillbilly Elegy, et que Peter Thiel, le milliardaire cofondateur de PayPal et de la « fameuse » société de big data Palantir Technologies, est à la fois le financier de sa carrière politique à partir de 2021 et un autre proche de Trump. Tous ces gens l'ont ainsi fortement soutenu, avant que Trump finisse par faire de même.

Trump accepte enfin de soutenir « J. D. » en 2022, pour en faire un sénateur de l'Ohio, non sans régler ses comptes avec une rare perversité. Dans un meeting, il le qualifie de « patriote incroyable », avant d'ajouter qu'il lui a « beaucoup léché le cul ». Vance a souri et avalé la couleuvre avec beaucoup de classe.
    Une fois dans la place, il lui fallait obtenir le poste de vice-président. Car le jeune Vance n'a jamais été là pour faire de la figuration. Ce juriste, qui a fait fortune dans le capital-risque, est le candidat préféré du plus puissant think tank conservateur des États-Unis, la Heritage Foundation (HF) [...].
    Viscéralement climatosceptique, partisane d'une remigration massive, isolationniste, rêvant d'un quasi-démantèlement de l'État fédéral, réactionnaire, la HF se propose de « structurer le bouillonnement trumpiste ». Bref, de fournir un programme clés en main et les hommes pour le réaliser, que ce soit des hauts fonctionnaires ou des juges à la Cour suprême. Pour ce faire, il fallait que Vance gagne ce que Françoise Coste, professeure d'études nord-américaines à l'université Toulouse Jean-Jaurès, appelle la « primaire des fauves », celle qui a opposé, au sein du premier cercle trumpiste, Vance aux féroces Marco Rubio et Ted Cruz pour la vice-présidence. Là encore, l'appui sans faille de Musk et de Thiel a été déterminant.
[...]
    Même si Trump a pris ses distances en juillet avec la Heritage Foundation, dont le Projet 2025, au libéralisme enragé, a déclenché un tollé, les apprentis sorciers qui entourent le réélu attendent leur heure. Vance a limé a limé ses crocs. Il se fait de plus en plus obséquieux avec le vieux chef, avant de pouvoir donner vie à ses obsessions, l'État « post-libéral », celui qui intervient dans la vie privée des citoyens pour les mener vers la vertu, l'amour de la famille et la haine de celui qui s'écarte de ces rails. « Les partisans de Vance, qui sont aussi, pour pas mal d'entre eux, des catholiques d'extrême-droite convertis passés par le Claremont Institute ou la puissante université jésuite de Georgetown, misent sur un affaiblissement progressif de Trump, ou même sur un mandat écourté, pour placer tous leurs pions le plus vite possible », affirme Françoise Coste.
    Comment Vance va-t-il pouvoir défendre le petit peuple de la Rust Belt, dont il est issu, tout en vendant le pays aux milliardaires de la big tech, auxquels il doit tout ? On a une réponse en visionnant son débat passé avec le colistier de Kamala Harris, Tim Walz. Extrême courtoisie, contrevérités manifestes, énormités proférées avec une effronterie rarement vue. La vérité n'existe pas, c'est Trump qui l'a dit.

Anne-Sophie Mercier, « Vice et versatile », in Le Canard enchaîné n°5427, op. cit..

Dans un autre article, auquel j'ai déjà fait allusion plus haut, précédemment publié dans le Canard le 4 septembre dernier (n°5417, p. 7) et consacré à un portrait croisé à J. D. Vance et Tim Walz en tant que colistiers respectifs de Trump et Harris alors non encore départagés dans les urnes, Anne-Sophie Mercier a évoqué plus précisément, sur le terrain de la « pensée » politique, le fait que Vance, s'il n'a pas particulièrement brillé comme parlementaire durant la période où il a été sénateur de l'Ohio, « en revanche, il a fait un carton sur Fox News et ailleurs quand il balance ses déclarations tout en subtilité sur le conflit en Ukraine — « Franchement, je m'en fiche » —, sur les femmes sans enfants, dépeintes comme des mémères à chats dépressives désireuses de plonger le pays dans le même état, sur l'avortement, qu'il souhaite interdire au niveau fédéral même en cas de viol ou d'inceste, faisant passer les conservateurs polonais pour des centristes mollassons. »

Pour aller plus loin, la consultation de la presse américaine était indispensable, et j'évoquerais donc maintenant des articles parus aux États-Unis durant la campagne présidentielle, et en particulier à l'époque où Vance a été désigné, en juillet 2024, comme candidat à la vice-présidence en association avec Trump.

Paul Elie a ainsi consacré un article paru, le 24 juillet dernier, sur le site du journal The New Yorker, et intitulé “J. D. Vance’s Radical Religion” :
- https://www.newyorker.com/news/daily-co … l-religion

On y apprend notamment que la conversion de J.D. Vance au catholicisme « apparaît à la fois sincère et opportune » (“His conversion to Catholicism seems at once sincere and opportune.”). Selon Vance lui-même, il étudiait le catholicisme depuis au moins 2016, période durant laquelle il a créé une organisation à but non lucratif contre l'addiction aux opioïdes et rejoint une société de capital-risque. Ses premières conversations informelles avec des frères dominicains, notamment le père Henry Stephan du prieuré Sainte-Gertrude de Cincinnati, auraient mené à « une période d'étude plus sérieuse » (“a more serious period of study”). Il a finalement été baptisé par Stephan en août 2019.

Dans un essai de 2020 (“How I Joined the Resistance” [« Comment j'ai rejoint la résistance »]) publié dans la revue catholique The Lamp, Vance explique qu'il était athée à l'université, influencé par Christopher Hitchens et Sam Harris. Sa transformation intellectuelle et son évolution vers une « résistance post-libérale », a été marquée par la lecture d'Augustin d'Hippone (en particulier La Cité de Dieu) et par une conférence de Peter Thiel à la Yale Law School en 2011, qui critiquait la culture élitiste des milieux juridiques américains et une compétition professionnelle constante. Ces idées étaient ancrées dans la pensée de René Girard (longtemps professeur à Stanford) sur le « désir mimétique », une théorie selon laquelle les individus se retrouvent plus ou moins piégés dans des cycles d'imitation et de rivalité. Bien que la conversion de Vance au catholicisme soit présentée comme une façon de résister à la « classe dirigeante méritocratique » (“meritocratic master class”), Paul Elie suggère que Vance s'est simplement déplacé d'une élite à une autre. Dans la Silicon Valley, il a travaillé pour Mithril, une société de capital-risque cofondée par Thiel. Après avoir été financé par ledit Thiel pour sa campagne sénatoriale, il est passé d'une critique acerbe de Trump à des positions très proches de l'ancien président (comme on l'a vu plus haut), au point que Steve Bannon a suggéré que Vance pourrait être « Saint Paul au Jésus de Trump — le converti zélé qui répand l'évangile du trumpisme plus loin que Trump lui-même ne pourra jamais le faire » (“St. Paul to Trump’s Jesus—the zealous convert who spreads the gospel of Trumpism further than Trump himself ever could.”).

Ces dernières années, Vance est devenu une figure importante parmi les catholiques conservateurs aux États-Unis, participant à des conférences à l'Institut Napa et à l'Université franciscaine de Steubenville (Ohio). Il s'est rapproché d'intellectuels catholiques comme Adrian Vermeule, défenseur de l'« intégralisme » (“integralism”, soit la subordination du pouvoir temporel à l'Église catholique), et Patrick Deneen, promoteur du « post-libéralisme » (“post-liberalism”). Lors d'une discussion à l'Université catholique d'Amérique (Catholic University of America), Vance s'est identifié comme membre de la « droite post-libérale » (“postliberal right”). Sur la question de l'avortement, quoique pouvant être inconstant, il a été explicite en se décrivait comme « 100% pro-vie », s'opposant à l'avortement même en cas de viol et d'inceste, et soutenant une interdiction nationale, mais la « résistance post-libérale » va bien au-delà de la restriction de l'avortement légal, puisque les post-libéraux catholiques souhaitent établir une vision plus « communautaire » de la société, dans laquelle les institutions démocratiques seraient subordonnées à une vision morale « supérieure » du « bien humain », c'est-à-dire, pour beaucoup d'entre eux, à l'autorité de l'Église catholique. Pour Patrick Deneen, « le post-libéralisme implique de promouvoir « les dirigeants qui font partie de l'élite mais se considèrent comme des « traîtres de classe » prêts à agir comme « les régisseurs et gardiens du bien commun » » — et à mettre en œuvre leurs points de vue sur l’avortement, le mariage et le divorce, l’euthanasie, le libre exercice de la religion et d’autres questions sans les contraintes de la jurisprudence ou du processus démocratique. De toute évidence, Vance correspond à ce profil. » (“For Deneen, post-liberalism involves elevating “leaders who are part of the elite but see themselves as ‘class traitors’ ready to act as ‘stewards and caretakers of the common good’ ”—and to enact their views on abortion, marriage and divorce, euthanasia, the free exercise of religion, and other issues without the constraints of legal precedent or the democratic process. Evidently, Vance fits the bill.”).

L'article de Paul Elie se termine en évoquant le fait que cette dimension religieuse pourrait logiquement influencer les politiques publiques en cas de réélection de Trump, car tout comme Ronald Reagan avait placé en son temps des catholiques conservateurs à des postes clés, une administration Trump-Vance pourrait offrir aux post-libéraux un canal pour faire entrer leurs idées à la Maison-Blanche. À l'époque de l'article, Trump n'était pas encore revenu au pouvoir, mais maintenant nous y sommes, même si le nouveau mandat dudit Trump n'en est qu'à ses débuts...

Toujours en juillet 2024, Adam Wren a consacré lui aussi un article à J. D. Vance, et plus précisément à sa tolkienophilie qui aurait influencé son conservatisme. Ledit article, intitulé “How Lord of the Rings Shaped JD Vance’s Politics”, a été publié le 19 juillet sur le site du média politique américain Politico :
- https://www.politico.com/news/magazine/ … e-00169372

Je me permets de proposer ici une traduction dudit article (les mentions entre crochets sont miennes) :

How Lord of the Rings Shaped JD Vance’s Politics
‘A lot of my conservative worldview was influenced by Tolkien.’


When Donald Trump selected JD Vance as his running mate, he elevated the first millennial who will appear on a presidential ticket. That makes Vance the first politician who came of age during the Iraq War and the Great Recession, an internet native whose political rise coincided with the development of a new group of conservatives that would become the New Right.

But perhaps Vance’s most millennial trait is just how geeky he is about Lord of the Rings. The trilogy of novels [sic] has been a longstanding nerd favorite for decades, but it became the center of culture during Vance’s high school years thanks to Peter Jackson’s movies.

Vance himself has pointed to Tolkien’s high fantasy epics as a window into understanding his worldview. In an archived episode of the defunct “Grounded” podcast from 2021 that no longer shows up in podcast feeds, Rep. Jim Banks of Indiana, who sat next to Vance in Trump’s friends and family box at the convention Tuesday evening, asked Vance to name his favorite author.

“I would have to say Tolkien,” Vance said. “I’m a big Lord of the Rings guy, and I think, not realizing it at the time, but a lot of my conservative worldview was influenced by Tolkien growing up.” He added of Tolkien’s colleague: “Big fan of C.S. Lewis — really sort of like that era of English writers. I think they were really interesting. They were grappling, in part because of World War II, with just very big problems.”

In the books, the future of civilization rests on the search and eventual destruction of The One Ring. While Frodo and Gollum jostle over the singular ring, true fans know there are a total of 20 rings of power. Vance is apparently among those ranks, as the venture capital firm he founded in 2019 is named Narya, named after one of those other rings that Gandalf wears. Vance’s mentor Peter Thiel similarly named his company Palantir after the crystal ball used by Saruman in Lord of the Rings, and Vance has invested in the defense startup Anduril, named after Aragorn’s sword.

“By the time of the Lord of the Rings trilogy [sic], Narya has been entrusted to Gandalf to resist the corrupting influence of evil, preserve the world from decay, and give strength to its wielder,” said Tolkien-head John Shelton, who when not engaging in fantasy literature is policy director for Advancing American Freedom, founded by former Vice President Mike Pence. “Gandalf, unlike the other great powers in Lord of the Rings, cared for the hobbits and other lowly people of Middle-Earth, and so it is unsurprising that Vance would see himself as a kind of Gandalf, caring for the forgotten people of his hometown, keeping a watchful eye on them against the corrupting effects of the world.”

It’s not too surprising that Lord of the Rings made a strong impression on Vance. The three films, released between 2001 and 2003 while he was in high school, grossed $2.9 billion at the box office and earned 28 Academy Award nominations and 17 wins. Luke Burgis, author of a book about René Girard (another of Vance’s intellectual heroes) and Catholic University of America professor, said he suspects “Vance’s appreciation of Tolkien is not unrelated to his conversion to Catholicism in 2019. Of the many ways that Tolkien’s work exemplifies the Catholic imagination, one is the relationship between the visible and the invisible. I think it’s fair to say that Vance believes there is real spiritual evil in this world, and it can become embodied in rites and rituals.” (At a closed-door speech in September 2021, Vance said, “I believe the devil is real and that he works terrible things in our society.”)

Vance likely took away from Tolkien “an apocalyptic frame of mind” Burgis told me, a final and all-encompassing battle between good and evil. (A spokesperson for Vance did not respond to a request for comment for this story.)

Though he worked on it much of his life, Tolkien wrote the mythology of Middle Earth when he served in the trenches in World War I. After the success of The Hobbit, he began work on a follow-up story in that same world and wrote much of the Rings novels while his home country Britain was fighting in World War II. The books have a definite anti-war streak. In the Two Towers, the second of the trilogy [sic], Tolkien wrote [making Faramir speak]: “War must be, while we defend our lives against a destroyer who would devour all; but I do not love the bright sword for its sharpness, nor the arrow for its swiftness, nor the warrior for his glory. I love only that which they defend.” [(Lotr, IV, chap. V)]

Vance has said his own time in the Marines deployed in Iraq was formative to his isolationist, dovish approach to foreign policy. “I served my country honorably, and I saw when I went to Iraq that I had been lied to,” Vance once recounted. “[I saw] that promises of the foreign policy establishment of this country were a complete joke.”

But his fandom also is in tension with some of Tolkien’s ideas about how nation-states should approach the outside world. The books are, in many ways, anti-isolationist. Frodo wants to ignore the ill tidings and stay home but eventually realizes that the Shire isn’t untouched by troubles elsewhere (like, say, NATO being pulled into defending Ukraine from Sauron Putin). In the end, Rohan, Gondor, the elves, ents and dwarves, all must band together and end their petty nationalist squabbles. Their lives are, they realize, interconnected.

Vance’s love of Lord of the Rings is of a piece with rightward nationalists abroad. Italy’s Giorgia Meloni used to cosplay as a hobbit [when she was younger]. “I think that Tolkien could say better than us what conservatives believe in,” she has said, though unlike Vance she has supported aid to Ukraine.

Jessica Hooten Wilson, the Fletcher Jones Chair of Great Books at Pepperdine University, has taught Tolkien in her courses and spent time with Vance in 2019 at a conference focused on the Catholic writer Walker Percy [(1916-1990)]. She told me Vance may have internalized the message that America, unlike Frodo, is not called to intervene abroad. “I think this is where Tolkien did not want his work called allegory because he didn’t want one way of reading his text,” she said. She added: “I would also hope that whoever is reading the Lord of the Rings and Walker Percy is willing to learn from it rather than to make it say what they want it to say.”

Rick Santorum, the former senator and two-time GOP presidential candidate, is a fellow Tolkien-pilled Catholic but he has different takeaways from Vance. He recounted to me this week how he has read Tolkien to his children. “I always dreamed I would get interviewed about Lord of the Rings,” Santorum told me.

“I’m a huge Tolkien fan,” he continued. “I’m also someone who believes that the message of Tolkien is that evil must be confronted. And so the idea is that well, we can wait until it comes to the Shire, but that is not a very good game plan. You gotta go to Mordor.”

All of this points to intellectual and spiritual tensions Vance still seems to be working out. “He’s been in office a year and a half [as senator]. He’s never been greatly involved in politics before this,” Santorum said. “I suspect that this is one of the reasons Trump may have picked him: JD is a smart guy but is still a work in progress.”

Those close to Vance say he has been undergoing an awakening since he converted to Catholicism in 2019.

Conservative writer Rod Dreher, who Vance invited to his initiation to the faith in 2019 and was present for his first communion, told me that Vance “is thinking broadly about how all must join in the great struggle against darkness — there is no avoiding the struggle — and how God can use the humble and the lowborn to do great things.”

“Think about it: Who would have imagined that sad, scared little Ohio boy living in a wreck of a family would have come through it all, and risen to the gates of supreme political power? What might God be doing with him? J.D. Vance might be Frodo of the Hollers, a veritable hillbilly hobbit.”

Comment le Seigneur des Anneaux a façonné la politique de JD Vance
« Une grande partie de ma vision conservatrice du monde a été influencée par Tolkien. »

Lorsque Donald Trump a choisi JD Vance comme colistier, il a promu le premier "millennial" qui apparaîtra sur un ticket présidentiel. Cela fait de Vance le premier politicien à avoir atteint sa majorité pendant la guerre en Irak et la Grande Récession, un natif d’Internet dont l’ascension politique a coïncidé avec le développement d’un nouveau groupe de conservateurs qui allait devenir la Nouvelle Droite.

Mais peut-être que le trait le plus "millennial" de Vance est à quel point il est geek à propos du Seigneur des Anneaux. La trilogie de romans [sic] est depuis des décennies une préférée des nerds, mais elle est devenue le centre de la culture pendant les années de lycée de M. Vance grâce aux films de Peter Jackson.

Vance lui-même a indiqué que les épopées fantastiques de Tolkien lui permettaient de comprendre sa vision du monde. Dans un épisode archivé du défunt podcast « Grounded » de 2021 qui n'apparaît plus dans les flux de podcasts, le représentant [parlementaire] Jim Banks de l'Indiana, qui était assis à côté de Vance dans la loge des amis et de la famille de Trump lors de la convention [républicaine d'investiture de Milwaukee] mardi soir [16 juillet 2024], a demandé à Vance de nommer son auteur préféré.

« Je dirais Tolkien », a répondu M. Vance. « Je suis un grand fan du Seigneur des Anneaux et je pense, sans m'en rendre compte à l'époque, qu'une grande partie de ma vision conservatrice du monde a été influencée par Tolkien quand j'étais jeune. Il a ajouté à propos du collègue de Tolkien : « Grand fan de C.S. Lewis - j'aime beaucoup cette époque d'écrivains anglais. Je pense qu'ils étaient vraiment intéressants. Ils étaient aux prises, en partie à cause de la Seconde Guerre mondiale, avec de très gros problèmes ».

Dans les livres, l'avenir de la civilisation repose sur la recherche et la destruction de l'Anneau Unique. Alors que Frodon et Gollum se disputent l'anneau unique, les vrais fans savent qu'il existe au total 20 anneaux de pouvoir. Vance fait apparemment partie de ces rangs, puisque la société de capital-risque qu'il a fondée en 2019 s'appelle Narya, du nom de l'un des autres anneaux portés par Gandalf. Le mentor de Vance, Peter Thiel, a également baptisé sa société Palantir, d'après la boule de cristal utilisée par Saroumane dans Le Seigneur des Anneaux, et Vance a investi dans la startup de défense Anduril, nommée d'après l'épée d'Aragorn.

« À l'époque de la trilogie [sic] du Seigneur des Anneaux, Narya a été confiée à Gandalf pour résister à l'influence corruptrice du mal, préserver le monde de la décadence et donner de la force à son détenteur », a déclaré John Shelton, spécialiste de Tolkien, qui, lorsqu'il ne se consacre pas à la littérature fantastique, est directeur politique de l'organisation Advancing American Freedom, fondée par l'ancien vice-président Mike Pence. « Gandalf, contrairement aux autres grandes puissances du Seigneur des Anneaux, s'occupait des hobbits et des autres humbles habitants de la Terre du Milieu. Il n'est donc pas surprenant que Vance se considère comme une sorte de Gandalf, s'occupant des oubliés de sa ville natale et veillant sur eux pour les protéger des effets corrupteurs du monde ».

Il n'est pas trop surprenant que le Seigneur des Anneaux ait fait forte impression sur Vance. Les trois films, sortis entre 2001 et 2003 alors qu'il était au lycée, ont rapporté 2,9 milliards de dollars au box-office et ont obtenu 28 nominations aux Oscars et 17 victoires. Luke Burgis, auteur d'un livre sur René Girard (un autre héros intellectuel de Vance) et professeur à l'Université catholique d'Amérique, a déclaré qu'il soupçonnait que « l'appréciation de Tolkien par Vance n'est pas sans rapport avec sa conversion au catholicisme en 2019 ». Parmi les nombreuses façons dont l'œuvre de Tolkien illustre l'imagination catholique, l'une d'entre elles est la relation entre le visible et l'invisible. Je pense qu'il est juste de dire que Vance croit qu'il existe un véritable mal spirituel dans ce monde, et qu'il peut s'incarner dans des rites et des rituels ». (Lors d'un discours à huis clos en septembre 2021, Vance a déclaré : « Je crois que le diable existe et qu'il accomplit des choses terribles dans notre société »).

Vance a probablement retenu de Tolkien « un état d'esprit apocalyptique », m'a dit Burgis, une bataille finale et globale entre le bien et le mal. (Un porte-parole de Vance n'a pas répondu à une demande de commentaire pour cette histoire).

Bien qu'il y ait consacré une grande partie de sa vie, Tolkien a écrit la mythologie de la Terre du Milieu alors qu’il servait dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale. Après le succès du Hobbit, il a commencé à travailler sur une histoire suivante dans ce même monde et a écrit une grande partie des romans de l'Anneau [sic] alors que son pays d'origine, la Grande-Bretagne, combattait pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces livres ont une tendance clairement anti-guerre. Dans Les Deux Tours, le deuxième tome de la trilogie [sic], Tolkien écrit [faisant parler Faramir]: « La guerre doit avoir lieu, tant que nous défendons nos vies contre un destructeur qui dévorerait tout ; mais je n'aime pas l'épée brillante pour son tranchant, ni la flèche pour sa rapidité, ni le guerrier pour sa gloire. Je n'aime que ce qu'ils défendent. » [(SdA, IV, chap. V)]

Vance a déclaré que son propre séjour dans les Marines déployés en Irak avait été formateur pour son approche isolationniste et pacifiste de la politique étrangère. « J'ai servi mon pays honorablement, et j'ai vu quand je suis allé en Irak qu'on m’avait menti », a raconté Vance un jour. « [J'ai vu] que les promesses des responsables de la politique étrangère de ce pays étaient une véritable farce. »

Mais sa ferveur est également en contradiction avec certaines des idées de Tolkien sur la manière dont les États-nations devraient aborder le monde extérieur. Les livres sont, à bien des égards, anti-isolationnistes. Frodon veut ignorer les mauvaises nouvelles et rester chez lui, mais il finit par se rendre compte que la Comté n'est pas épargnée par les troubles qui sévissent ailleurs (comme, par exemple, le fait que l'OTAN soit amenée à défendre l'Ukraine contre Sauron Poutine). En fin de compte, le Rohan, le Gondor, les elfes, les ents et les nains doivent tous s'unir et mettre fin à leurs petites querelles nationalistes. Ils se rendent compte que leurs vies sont interconnectées.

L'amour de Vance pour le Seigneur des anneaux est en harmonie avec les nationalistes de droite à l'étranger. L'Italienne Giorgia Meloni avait l'habitude [étant plus jeune] de se costumer en hobbit. « Je pense que Tolkien pourrait dire mieux que nous ce en quoi les conservateurs croient », a-t-elle déclaré, bien que contrairement à Vance, elle ait soutenu l'aide à l'Ukraine.

Jessica Hooten Wilson, titulaire de la chaire “Fletcher Jones Chair of Great Books” à l'université de Pepperdine, a enseigné Tolkien dans ses cours et a passé du temps avec Vance en 2019 lors d'une conférence consacrée à l'écrivain catholique Walker Percy [(1916-1990)]. Elle m'a dit que Vance avait peut-être intériorisé le message selon lequel l'Amérique, contrairement à Frodon, n'est pas appelée à intervenir à l'étranger. « Je pense que c'est là que Tolkien ne voulait pas que son œuvre soit qualifiée d'allégorie parce qu'il ne voulait pas d'une seule façon de lire son texte », a-t-elle déclaré. Elle a ajouté : « J'espère aussi que ceux qui lisent le Seigneur des Anneaux et Walker Percy sont prêts à en tirer des leçons plutôt que de leur faire dire ce qu'ils veulent ».

Rick Santorum, ancien sénateur et deux fois candidat républicain à la présidence, est aussi un catholique féru de Tolkien, mais il n'a pas la même vision des choses que Vance. Il m'a raconté cette semaine comment il a lu Tolkien à ses enfants. « J'ai toujours rêvé d'être interviewé sur le Seigneur des Anneaux », m'a dit Santorum.

« Je suis un grand fan de Tolkien », a-t-il poursuivi. « Je suis aussi quelqu'un qui croit que le message de Tolkien est que le mal doit être affronté. L'idée est donc que nous pouvons attendre qu'il arrive dans la/le Comté, mais ce n'est pas une très bonne stratégie. Il faut aller au Mordor. »

Tout cela indique des tensions intellectuelles et spirituelles que Vance semble toujours devoir résoudre. « Il est en poste depuis un an et demi [comme sénateur]. Il n'a jamais été très impliqué en politique avant cela », a déclaré Santorum. « Je soupçonne que c'est l'une des raisons pour lesquelles Trump l'a choisi : JD est un type intelligent mais il est encore en cours de développement. »

Les proches de Vance disent qu'il a connu un réveil depuis sa conversion au catholicisme en 2019.

L'écrivain conservateur Rod Dreher, que Vance a invité à son initiation à la foi en 2019 et qui était présent pour sa première communion, m'a dit que Vance « réfléchit largement à la manière dont tous doivent se joindre à la grande lutte contre les ténèbres – il n'y a pas moyen d'éviter la lutte – et à la manière dont Dieu peut utiliser les humbles et les gens de basse extraction pour faire de grandes choses ».

« Pensez-y : qui aurait imaginé que ce petit garçon triste et effrayé de l'Ohio vivant dans une famille en ruine aurait surmonté tout cela et se serait élevé aux portes du pouvoir politique suprême ? Que pourrait bien faire Dieu de lui ? J.D. Vance pourrait être Frodon des Vallons, un véritable hobbit de la cambrousse. »

Adam Wren, “How Lord of the Rings Shaped JD Vance’s Politics”, Politico.com, 19 juillet 2024.

Traduction avec DeepL et Gogol.

Depuis l'investiture du 20 janvier dernier, devant les médias aux États-Unis comme lors de déplacements intempestifs en Allemagne ou au Groenland, on a pu voir J. D. Vance à l'oeuvre, très présent et très actif (du verbe) pour un vice-président américain dont le rôle constitutionnel est traditionnellement plus effacé. Je me méfiais déjà instinctivement de lui dès son élection avec Trump, et il ne fait que confirmer à mes yeux depuis qu'il n'est, au moins politiquement mais peut-être aussi moralement, qu'un petit personnage, au sens évidemment le plus négatif du terme « petit », et non pas dans un quelconque sens mélioratif « hobbitesque ».

Nous verrons bien toutefois comment les choses évoluent... Si Vance espère prendre rapidement la place d'un Trump vieillissant, dans quel état récupèrera-t-il la gouvernance du pays, déjà fort ébranlée ? En attendant, il entend bien continuer à être au service de ce pauvre type qu'est Trump, bouffi de narcissisme et de cupidité, avatar de Mammon parmi tant d'autres. Or, pour un catholique revendiqué comme Vance, il est un passage des Évangiles qui devrait tout de même lui parler, j'imagine : « Nul ne peut servir deux maîtres : ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et l'Argent » (Matthieu 6:24).

Pour ce qui est précisément de la question religieuse, Vance est le représentant d'une tendance que je juge, cela ne surprendra sans doute personne, très négativement, sa tolkienophilie (sur fond de « pop culture » devenue enjeu électoral) constituant même, à cette aune, une circonstance aggravante. La foi religieuse n'est pas en soi un problème, je l'ai toujours dit. De culture catholique (depuis bien plus longtemps que Vance), je ne suis pas athée, et nous avons sans doute tous besoin, d'une manière ou d'une autre, de spiritualité. Mais comme on peut le voir par ailleurs dans des débats comme celui sur le voile islamique en France, deux régimes anthropologiques s'opposent, l'un limitant autant que possible le religieux à l'espace privé, intime, l'autre, cher à Vance, considérant le religieux comme indissociable du politique, du social, du visible (soit le « retour du religieux » évoqué plus haut et ailleurs ici ou ). Ce dernier régime, promu par des gens comme Vance aux États-Unis et par d'autres ailleurs (les islamistes en France et plus largement en Europe notamment) n'est pas un régime sous lequel j'ai envie de vivre.

Et maintenant, vite, un peu de musique (ancienne, « classique », symphonique...) : j'ai besoin de penser à autre chose...

Bonne nuit.

B.

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#1287 Hier 19:24

Hyarion
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Re : Revue de presse

Il a été annoncé aujourd'hui, 31 mars, que Le Seigneur des Anneaux va être réédité prochainement chez Folio, la collection de poche généraliste des éditions Gallimard :
- https://actualitte.com/article/122909/e … res-de-feu

L'empire Gallimard dévoile semble-t-il peu à peu ce qu'il veut faire de Tolkien...

À noter que, généralement, ce sont des éditions/traductions d'auteurs parus d'abord dans la Pléiade qui finissent par être republiées de façon plus abordable chez Folio (au moins partiellement), et non l'inverse...

Peace and Love,

B.

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