Vous n'êtes pas identifié(e).
Suite à l'annonce par la Warner et Newline (hier 10 juin 2021) de la production d'un film sur un passage de l'histoire du Rohan (le conflit entre le roi Helm et le seigneur Wulf et le premier siège de la citadelle qui deviendra Fort-le-Cor), je me permet d'ouvrir un nouveau fuseau.
Ce film sera un dessin animé dont la réalisation devrait être confiée à Kenji Kamiyama. Il s'intitulera "The War of the Rohirrim" et bien que le Peter Jackson ne soit pas pour le moment impliqué dans le projet, l'univers du dessin animé sera bien, selon le site "Deadline" celui de la "trilogie du siècle" du cinéaste néo-zélandais...
Pas de date annoncée pour le moment, à ce que j'ai pu en lire, mais, ayé, la "franchise Tolkien" se déploie...
I.
Hors ligne
Décidémment, après les exclus de la série Amazon Prime, le site Variety obtient à nouveau l'exclusivité des infos liées aux projets d'imagination inspirés de l'oeuvre de Tolkien de Peter Jackson.
Voici donc des infos fraîches sur la future animation The War of the Rohirrim, attendue pour avril 2024 :
en VO, sur Variety :
https://variety.com/2022/film/news/lord … 235181646/
et en VF sur Cloneweb, par notre ami Marcolas :
https://www.cloneweb.net/le-seigneur-de … e-precise/
I.
Hors ligne
Dans une interview de John Howe, réalisée dans le cadre de sa participation au festival fantasy de Bâle (où l'artiste est venu en voisin), on peut lire une micro indication sur la présence "de la mer" dans le "prochain film prévu pour 2024".
Il semble que ce "prochain film" en question soit "The War of the Rohirrim", puisque sa sortie est pour le moment annoncée à 2024.
Et on verra donc la mer*
I.
* mais on l'avait déjà un peu vue à la fin du film Le Retour du RoiTM
Hors ligne
Voulez-vous des nouvelles du dessin animé ?
Le festival d'Annecy a la gentillesse de nous rappeler que "l'univers étendu" post-tolkienien de la Terre du Milieu continue de se déployer tout doucettement.
Je vous laisse apprécier les détails dévoilés à cette occasion :
https://www.allocine.fr/article/fichear … 28488.html
I.
Hors ligne
Si j'ai bien compris, ce film d'animation est censé s'inspirer de l'appendice A II (« La Maison d'Eorl») du SdA, et en particulier des règnes en Rohan de Helm Hammerhand (Mainmarteau) et de Fréaláf Hildeson, et il s'agit donc de broder sur la mention fugace de la fille anonyme de Helm... personnage auquel on attribue un destin inspiré de celui de la princesse anglo-saxonne Æthelflæd « Dame des Merciens », si j'en crois ce qu'a écrit Marcolas dans un article sur CloneWeb : https://www.cloneweb.net/preview-war-of-the-rohirrim/
Elendil a récemment signalé par ailleurs, sur le forum de Tolkiendil, un article du Figaro dans lequel on peut lire :
Hera est le personnage central de cette histoire sur «les ruines de la guerre» tirée de «trois paragraphes» des annexes disponibles à la fin des livres de J.R.R Tolkien, a expliqué à Annecy la productrice exécutive, Philippa Boyens. «C'était plus intéressant de suivre un personnage féminin» qui n'est pas nommé dans les livres, inspiré d'une princesse anglo-saxonne et qui n'est pas le stéréotype de «la princesse guerrière», a-t-elle assuré. Coscénariste des trilogies du Seigneur des anneaux et du Hobbit, Philippa Boyens a cette fois passé le relais à sa fille Phoebe Gittins à l'écriture, s'estimant «trop vieille» pour un anime.
Le Figaro (en ligne) avec AFP, 14 juin 2023, « Festival d'Annecy: Le Seigneur des anneaux se dévoile en film d'animation japonais ».
En dehors de l'homonymie avec Héra/Junon (Hera sans accent en anglais), déesse gréco-latine de la protection du mariage et de la vie féminine, à qui/quoi peut renvoyer le nom Hera ? Simple choix d'un prénom nordique applicable à un récit de type saga ? Et que dire de l'inspiration tournée du côté d'une souveraine de Mercie ? Ce n'est pas absurde, d'un point de vue tolkienien (avec l'histoire du royaume de Mercie, que Tolkien connaissait très bien, on est même en plein dans son domaine, linguistiquement parlant), mais si l'inspiration s'avère n'être que de surface et mêlée à un déjà-vu jacksonien, cela n'ira peut-être pas plus que ça « dans le bon sens », pour reprendre les mots de Marcolas (qui a toujours été bon public vis-à-vis de PJ, si je me souviens bien)... Ceci dit, y a-t-il de toute façon un « bon sens » dès lors que l'on dissocie réception tolkienienne et réception jacksonienne (certains ne font certes pas une telle dissociation) ? Au moins n'y aura-t-il qu'un seul film, a priori (on a vu ce que pouvait donner un récit démesurément étiré en trilogie...).
Peace and Love,
B.
(EDIT: correction de fautes.)
Hors ligne
A ma connaissance, ce n'est même pas un nom féminin attesté en anglo-saxon...
E.
Hors ligne
A ma connaissance, ce n'est même pas un nom féminin attesté en anglo-saxon...
Je n'avais pas vu qu'en fait tu avais déjà abordé la question sur Tolkiendil...
A ma connaissance (loin d'être exhaustive, cela dit), aucun nom Hera attesté en anglo-saxon.
Sans aller jusqu'à Æthelthryth, un peu rude quand même, je pense quand même qu'il y avait quantité de noms sympathiques et faciles à prononcer en anglo-saxon pour qui se donnait la peine de chercher 5 minutes : Alwynn ? Eadgifu ? Leofe ? Merewynn ?
Oui effectivement, il y avait d'autres options... quitte à éventuellement simplifier l'orthographe d'un nom attesté, si l'on tenait à tout prix à "faire simple et mémorisable".
Peace and Love,
B.
Hors ligne
C'est parti pour la valse des trailers... en voici un premier (non traduit)
I.
Hors ligne
Le producteur déclare : "Nous avons mis un certain temps, avant de trouver la bonne façon de faire ce film"... Ben... comment dire... ;-)
S.
Hors ligne
Un article sur Actualitté avec quelques détails sur la distribution, etc : https://actualitte.com/article/118877/a … s-rohirrim
C.
Hors ligne
Si jamais ça intéresse quelqu'un.
Moi pas trop. Mais je partage ce trailer de 8 minutes :
https://youtu.be/gd7xTTbU5Ww?feature=shared
I.
Hors ligne
Et si ça intéresse mais trop (et encore moins Isengar), je découvre ce jour un long reportage sur RMC sur le Seigneur des Anneuux, surtout autour de PJ ;-(
A voir ou éviter si rediffusé ?!?!?!
Hors ligne
Quelques retours en vrac sur le dessin animé :
La revue de notre ami Marcolas sur son site Cloneweb :
https://www.cloneweb.net/critique-le-se … -rohirrim/
Et une série de critiques variées sur Allociné, allant de la dithyrambe la plus onctueuse à la catilinaire la plus sèche, le tout dans des variations orthographiques superbement exotiques :
https://www.allocine.fr/film/fichefilm- … ectateurs/
I.
PS : on a aussi bien sûr des retours côté Tolkiendil : voici le lien vers le fuseau : https://forum.tolkiendil.com/thread-9679-post-209719.html#pid209719.
Hors ligne
Avertissement amical : merci de bien vouloir éviter les accusations de divulgâchage vis-à-vis du texte qui suit. Avant de se faire librement sa propre opinion, nul n'est obligé de prendre connaissance des opinions d'autrui. ^^
C'est sans attente particulière que je suis allé voir The Lord of the Rings: The War of the Rohirrim (Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim) avant-hier soir, mercredi 11 décembre, jour de sa sortie en salles en France et en Belgique (deux jours avant le Royaume-Uni et les États-Unis d'Amérique). Mais pour une fois que l'on n'est pas obligé d'avoir un abonnement à une plateforme de streaming SVoD pour se faire un avis sur une production récente, en allant simplement dans une salle de cinéma traditionnelle « comme autrefois », j'ai saisi l'occasion.
Ce film d'animation de Kenji Kamiyama se révèle être finalement plutôt une bonne surprise, chose devenue bien rare par les temps qui courent, et même si ce long métrage n'est pas parfait. À partir du bref récit de l'appendice A II (« La Maison d'Eorl ») du Seigneur des Anneaux racontant les règnes en Rohan de Helm Hammerhand (Mainmarteau) et de Fréaláf Hildeson, les scénaristes Jeffrey Addiss, Will Matthews, Phoebe Gittins et Arty Papageorgiou proposent une adaptation plutôt de bonne tenue, conservant les principaux éléments du récit tout en brodant sur la mention fugace dans le texte de la fille anonyme de Helm, qui devient le personnage principal dans le film, sous le nom de Héra (le choix de ce nom, fait par la productrice exécutive Fran Walsh, étant censé être, parait-il, un simple hommage à l'actrice islandaise Hera Hilmarsdóttir, dite Hera Hilmar), avec la voix de l'actrice britannique Gaia Wise.
Co-produit par Philippa Boyens, le film se veut toutefois aussi, et sans doute même avant tout, une préquelle ou un préquel à la première trilogie de Peter Jackson (PJ), plus précisément au deuxième des trois films, Le Seigneur des anneaux : Les Deux Tours (The Lord of the Rings: The Two Towers), sorti en 2002. Et bien sûr cela se voit, beaucoup : on retrouve les décors (Edoras, Gouffre ou Gorge de Helm, Orthanc, etc.) et toute l'esthétique visuelle de l'univers tolkieno-jacksonien conçu par Alan Lee et John Howe (qui ont repris du service pour l'occasion), la musique du film par Stephen Gallagher utilise abondement les thèmes originaux d'Howard Shore composés en particulier pour Les Deux Tours, l'actrice Miranda Otto revient jouer en voix off le personnage d'Éowyn en tant que narratrice de cette nouvelle histoire, de nombreux éléments narratifs et de mise en scène font écho plus ou moins directement aux films de la première trilogie (les deuxième et troisième films essentiellement), jusqu'à une brève apparition de Sarouman reprenant l'apparence de Christopher Lee dont on entend même la voix comme venue d'outre-tombe (l'acteur étant, pour mémoire, décédé en 2015). Le film est dédié à la mémoire de Bernard Hill, ancien interprète du roi Théoden chez PJ, décédé en mai dernier. À chacun de s’accommoder de ce paradigme fanique jacksonien, selon que l'on soit jacksonophile, jacksonophobe ou autre, mais personnellement, j'avoue ne pas avoir eu besoin, la plupart du temps, de faire abstraction de tout ce “fan service” naturellement assez téléphoné, pour appréhender ce long métrage pour lui-même, lequel me laisse d'ors et déjà une bien meilleure impression que la deuxième trilogie de PJ.
Janet Brennan Croft a été officiellement consultante pour le film (et citée comme telle au générique) : je ne sais pas (ou plus) s'il y a eu ce type de consultants précédemment pour les trilogies de PJ, en dehors de David Salo pour son travail sur les langues (lequel a repris aussi du service pour ce film-ci, même s'il ne semble pas avoir eu beaucoup de travail à faire).
En ce qui concerne l'esthétique de l'animation dessinée à la main, notamment concernant les figures humaines, on est nettement plus proche d'Hayao Miyazaki que de Satoshi Kon, pour ne citer que les noms des deux grands maîtres de l'animation japonaise dont j'apprécie le plus le travail. C'est une esthétique susceptible de plaire à un public assez large, même si la violence de certaines situations, ne fut-elle pas toujours explicitement montrée, peut être susceptible de choquer les personnes sensibles. Le résultat du travail d'animation, de façon générale, est plutôt réussi, mais l'on peut regretter que certaines bonnes idées en matière de mise en scène aient eu visiblement plus de mal à se concrétiser en animation qu'elles auraient peut-être pu l'être en prise de vue réelles ou en images fixes pour une bande dessinée de type manga (ou autre) : à cette aune, certaines scènes, notamment équestres, manquent parfois de fluidité, et ce dès le début du film. C'est d'autant plus dommage que de nombreuses autres idées de mises en scène (y compris avec des chevaux) sont, elles, tout-à-fait bien réalisées. Il y a peut-être eu un problème de moyens techniques et financiers pour parfaire ce qui aurait pu l'être. Ceci dit, dans l'ensemble, le film tient tout de même la route, et je ne me suis pas ennuyé.
Comme on pouvait s'y attendre, point de Hobbits (Bilbo Baggins étant à peine cité en préambule), point de Nains, point d'Elfes, point d'Ents, très très peu d'Istari et d'Orques : il s'agit là essentiellement d'une histoire d'Hommes, au sens tolkienien du terme. Cela contribue tout de même à donner une certaine originalité à l'histoire, laquelle reste globalement proche du bref récit de J. R. R. Tolkien, les libertés inévitablement prises me paraissant l'être de façon mesurée. Quelques créatures de l'univers tolkienien sont tout de même spécifiquement intégrées à l'histoire dont elles étaient absentes à l'origine, tels les Aigles gigantesques et toujours majestueux, tel ce Guetteur de l'Eau ou des Eaux (Watcher in the Water) dont l'apparence m'a semblé se situer quelque-part entre horreur lovecraftienne et animisme à la Miyazaki, ou cet Oliphant dont le regard infernal m'a quelque peu dérangé car il m'a paru un peu trop relever de ce registre horrifique typiquement jacksonien au sein duquel les malheureux éléphantidés tolkieniens ont été traités de façon souvent injuste (essentiellement comme objets de détestation « étrangers » à abattre, alors qu'ils ne sont que des animaux exploités par des humains). La légende évoquant, dans le texte de Tolkien, l'attitude du roi Helm Hammerhand durant le Long Hiver jusqu'à sa mort est intelligemment mise en scène et étoffée d'un point de vue à la fois réaliste et épique, malgré quelques invraisemblances que l'on pourra précisément toujours mettre sur le compte de la légende, mais sans que cela nuise complètement à la crédibilité du tout. On pouvait craindre des excès dans l'exploitation de la thématique des vierges guerrières, mais finalement il n'y en a pas, les personnages féminins forts étant avant tout mis en scène comme étant de valeur égale aux personnages masculins, sans essentialisation, a fortiori dans un contexte de guerre, particulièrement violent, dominant la majeure partie du film. Le public habitué aux séries télévisées d'aujourd'hui où l'on a, de fait, beaucoup de temps pour développer les personnages, pourra trouver que ceux de ce film ne sont pas assez caractérisés, mais je trouve que pour un long métrage de plus de deux heures, basé sur des éléments littéraires très limités, les principaux protagonistes de l'histoire ont tout de même globalement une certaine consistance, même s'ils s'incarnent finalement surtout au contact de l'héroïne principale.
Le personnage d'Héra, qui apparait à peine chez Tolkien et sans qu'il lui ait attribué un nom, me parait avoir été conçu à la fois pour jouer un rôle central actif et pour être intégré d'une façon crédible à la matière narrative originale tolkienienne, fut-elle librement adaptée. Dans la première trilogie de PJ, ce dernier et ses co-scénaristes m'avaient paru déjà développer de façon équilibré un rôle pour le personnage d'Arwen plus actif que dans le roman, en lui attribuant le sauvetage à cheval de Frodo jusqu'à Rivendell dans le premier film, tout en renonçant à faire ensuite participer ladite Arwen à la bataille du Gouffre de Helm dans le deuxième film... renoncement qui a finalement laissé, des années plus tard, pleinement de la place pour faire du personnage d'Héra une figure majeure d'un autre affrontement guerrier, dans le même lieu de la Terre du Milieu et à une époque antérieure. Héra est une figure de jeune femme forte, combattant et montant à cheval comme les hommes de son peuple tout en étant féminine dans son apparence, mais dont on met surtout en valeur des qualités simplement humaines, de courage, de compassion, d'amour, de droiture, d'adresse au combat, d'intelligence, de volonté individuelle. Si un contact privilégié lui est attribué vis-à-vis des Aigles installés dans les Montagnes Blanches, il ne témoigne pas tant d'une puissance naturelle qui serait spécifiquement féminine que d'une volonté humaine individuelle d'aller vers l'autre, fut-il non-humain, de vivre en harmonie avec lui, en développant des rapports de confiance. Son rôle, même étant le plus personnalisé de tous, reste cohérent au sein de la société traditionnelle des Rohirrim (d'inspiration culturelle en partie anglo-saxonne, suivant le médiévalisme particulier de Tolkien), et plus largement elle interagit avec tous les autres personnages de façon équilibrée et crédible, sans excès de « modernité » tout en étant très active et combative. Le fait que l'histoire d'Héra soit présentée et racontée par Éowyn permet de créer un lien entre deux parcours féminins exceptionnels en Terre du Milieu, dont certes seul celui de la fille de Théoden est présent chez Tolkien... ce pourquoi, par son caractère unique, il a singulièrement marqué tant de lectrices et de lecteurs (au risque de mal l'interpréter, notamment vis-à-vis des intentions non-féministes de l'écrivain), mais sans que le récit du film concernant la fille de Helm me paraisse en soi faire de l'ombre à Éowyn, car ce sont au fond deux parcours héroïques spécifiques : on fait ainsi dire à Éowyn, dès le début, que ce « nouveau » récit d'Héra ne figure pas dans les archives du monde secondaire tolkienien, ce qui semble s'expliquer, en conclusion, par le destin particulier, ni royal, ni conjugal, finalement choisi par le personnage.
Si ma mémoire est bonne, Gaia Wise, l'actrice qui lui prêté sa voix, a déclaré que le personnage d'Héra était plus proche des héroïnes féminines des films de Miyazaki que de celles de la première trilogie de PJ, et c'est vrai qu'Héra peut rappeler Nausicaä ou Mononoké par divers aspects, sans doute d'autant plus aisément sur le fond que cela se fait formellement à travers le mode d'expression du dessin animé avec une esthétique très proche. Les scénaristes ont voulu lui attribuer un destin inspiré de celui de la princesse anglo-saxonne Æthelflæd « Dame des Merciens », bien que l'inspiration en ce sens apparaisse très libre in fine, voire ténu. Ce n'est pourtant pas seulement à tout cela que ce personnage m'a fait penser. Une jeune femme rousse, sachant farouchement combattre à l'arme blanche, qui refuse de se marier en contexte patriarcal, au point de préférer être liée à la mort à la place (si je me souviens bien) : telle est Héra dans ce film, maniant même l'épée en robe de noces...
C'est une attitude mêlant plusieurs éléments caractéristiques qui, même placée dans un contexte spécifiquement tolkienien fait notamment de légitimité monarchique médiévalisante, me rappelle un autre personnage de femme rousse refusant violemment d'être contrainte au mariage, créé par Robert E. Howard (et dont j'ai déjà parlé ailleurs, dans le fuseau dédié) : Agnès de Chastillon (Dark Agnes), héroïne guerrière française à très forte personnalité d'une série de trois nouvelles historiques — dont une inachevée, connue sous le titre Mistress of Death (« Maîtresse de la Mort ») — se déroulant au XVIe siècle et que Howard a abandonné faute sans doute notamment d'avoir pu publier la première nouvelle de cette série (et de loin la meilleure), Agnès la Noire (Sword Woman), écrite au début de l'été 1934 et dont la lecture avait enthousiasmé Catherine L. Moore, créatrice de Jirel de Joiry (autre fameuse combattante rousse).
John Watkiss (1961-2017).
The Sword Woman (Agnès de Chastillon), 2010.
Frontispice (initialement conçu pour la première de couverture) du recueil Sword Woman and Other Historical Adventures de Robert E. Howard (2011).
D'après un récit de Robert E. Howard (1906-1936) : Agnès la Noire (Sword Woman, 1934).
Acrylique sur carton, env. 60,9 x 91,4 cm.
Collection privée.
Les scénaristes ont-ils eu parmi leurs références ce personnage féminin howardien, Agnès de Chastillon, ainsi qu'un autre, créé par Howard en 1932, Sonya de Rogatino ou Sonya la Rousse (Red Sonya of Rogatino), une mystérieuse femme guerrière là encore du XVIe siècle participant à la défense de Vienne assiégée par les troupes ottomanes de Soliman le Magnifique (dans la nouvelle L'Ombre du Vautour [The Shadow of the Vulture]), et dont a été très librement inspiré, bien après la mort de Howard, le personnage de Red Sonja ? Héra diffère largement de ces héroïnes howardiennes sur bien des points, et me parait du reste bien s'intégrer en l'état avec l'univers d'inspiration tolkienienne où on le fait évoluer, mais les éléments communs au moins avec Agnès de Chastillon, même dans un contexte bien distinct, me paraissent suffisamment significatifs pour raisonnablement supposer que cela ne relève pas de la simple coïncidence, quand bien même la référence précise ne serait pas consciente ou avouée chez les scénaristes, lesquels voient souvent passer toutes sortes d'idées fictionnelles dans le cadre de leur travail. C'est là en tout cas le genre de « détails » à côté desquels je ne risquait pas de passer, après toutes ces années à étudier conjointement Tolkien et Howard. Libre à chacun, bien sûr, d'y voir tout autre chose.
Le film de Kenji Kamiyama se termine sur une perspective assez ouverte quant à une éventuelle suite : pourquoi pas, sur le principe, mais à mon humble avis, cela comporterait le sérieux risque qu'Héra subisse un traitement scénaristique finissant par devenir trop proche de celui de Tauriel dans la deuxième trilogie (notoirement ratée) de PJ, même s'il y a certes peut-être un potentiel pour faire de ladite Héra une « arpenteuse » à cheval multipliant les aventures en Terre du Milieu. In fine, c'était loin d'être gagné, mais les scénaristes ont réussi à proposer une variation crédible sur un thème originel de Tolkien à l'épaisseur ténue mais dont ils me paraissent avoir su tirer parti intelligemment : peut-être vaudrait-il mieux s'arrêter-là, à ce résultat qui, de mon point de vue et malgré des défauts, est finalement, comme je l'ai déjà écrit plus haut, plutôt une bonne surprise.
Peace and Love,
B.
Hors ligne