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Tolkien s'était vu remettre la médaille de Commander of the British Empire "pour services à la littérature anglaise" des mains de la reine Elisabeth II en personne, le 28 mars 1972 à Buckingham Palace.
Il avait écrit peu après (lettre 334) avoir été "très profondément ému de voir la Reine et d'échanger quelques mots avec elle".
I.
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Claude Monet (1840-1926)
Londres, le Parlement. Trouée de soleil dans le brouillard, 1904.
Huile sur toile, 81,5 x 92,5 cm.
Paris, musée d'Orsay.
Il y a longtemps que je n'avais pas autant regardé les émissions d'information de la BBC à la télévision (via BBC World News, l'équivalent de Franceinfo et France 24)... Si j'ajoute à cela les chaînes de télé publiques françaises, dont ARTE, il y aura largement eu de quoi satisfaire, ces dix derniers jours, qui s'intéresse à la monarchie britannique et tout particulièrement à la disparition de la reine Élisabeth II (Elizabeth II en anglais). Personnellement, tout cela m'a rappelé de vieux souvenirs, ceux de mon premier voyage en Angleterre, et plus précisément à Londres, il y a déjà un peu plus de vingt-cinq ans cette année : c'était en février 1997, quelques mois avant la victoire du New Labor de Tony Blair aux élections législatives britanniques... et quelques mois aussi avant le tragique accident de Lady Diana à Paris. Il s'agissait d'un voyage scolaire, mon premier en avion et le seul à l'étranger auquel j'ai eu droit durant mes années de collège, mais il avait été riche en découvertes, notamment en matières de monuments et musées londoniens : British Museum, National Gallery, Victoria & Albert Museum, Westminster Abbey, St Paul's Cathedral... Je me souviens encore des parties d'échecs que nous faisions, mon camarade et moi, le soir après le dîner, dans la chambre que nous avait réservé chez elle une très courtoise famille d'accueil, dans leur maison typiquement anglaise dans un quartier résidentiel de Kingston upon Thames. Le jour de notre arrivée, nous étions passé en bus à proximité de Buckingham Palace, où nous avions pu voir flotter l'étendard royal du Royaume-Uni indiquant que la reine Élisabeth II était présente au palais de Buckingham à ce jour-là... Je me rappelle de tout cela parce qu'il se trouve que je n'ai jamais remis les pieds en Grande-Bretagne depuis, bien que je l'ai régulièrement envisagé, en songeant notamment à passer par le tunnel sous la Manche : pour diverses raisons, cela n'a pas pu (encore ?) se faire, et du reste c'est devenu encore un peu plus compliqué à envisager depuis le méphitique Brexit, mais qui sait, cela se fera peut-être un jour. En tout cas, j'en reste donc à mes vieux souvenirs, mais qui me renvoient volontiers, entre autres, à Élisabeth II : à l'époque de mon voyage, j'étais tout-à-fait conscient d'aller visiter une monarchie, le Royaume-Uni, au point d'avoir noté dans un carnet, avant le départ, une modeste chronologie des rois et des reines d'Angleterre (des XIXe et XXe siècles, si je me souviens bien), avec les dates, pour pouvoir notamment bien me repérer par rapport à toutes les informations historiques auxquelles je serais confronté sur place. Et puis, de ce voyage, j'avais aussi ramené, comme d'autres, quelques pièces de monnaie britannique en souvenir, avec le portrait de profil de la reine dessus : elles doivent encore être quelque-part, dans un vieux porte-monnaie... Bref, mon expérience n'a sans doute pas grand-chose d'original, mais cela reste la mienne...
La couverture médiatique de la disparition d'Élisabeth II aura été assurée plus que largement, avec notamment, comme c'était attendu (les papiers nécrologiques et commémoratifs des journaux étaient déjà prêts depuis un bon moment...), un flot de publications consacrées à l'évènement et qui ont naturellement envahi les kiosques. Si j'en crois ce qu'en montre (très dignement) la BBC, ledit évènement est d'une importance colossale en Grande-Bretagne, mais il suscite aussi un engouement en France qui a été beaucoup commenté dans un pays où la monarchie n'existe pourtant plus depuis 1870. Dans la presse française, j'ai noté, avec amusement, une couverture d'un numéro hors-série du magazine confessionnel chrétien La Vie, avec un portrait d'Élisabeth accompagné d'un titre, « Elizabeth II - La dernière reine chrétienne »... titre semblant curieusement oublier l'existence de la reine Margrethe II du Danemark, toujours souveraine et chrétienne à ce qu'il me semble. Autre "une" dans la presse française, celle d'un numéro spécial de la Revue des Deux Mondes (fondée sous Charles X) : un portrait d'Élisabeth avec pour titre « Le modèle britannique - Le sacré qu'il nous manque ». Il est vrai que certains Français, et ce n'est pas nouveau, envient le Royaume-Uni pour sa stabilité incarnée par l'institution monarchique, et la dimension sacrée qui est censé l'accompagner. Il ne faut pas oublier, pourtant, la dimension économique, nettement plus prosaïque, du phénomène royal en Grande-Bretagne : la monarchie britannique rapporte de nos jours beaucoup d'argent, à travers d'importants revenus touristiques, et grâce notamment à une communication bien rodée et très contrôlée de la part de la Couronne. Cela peut aider à relativiser la dimension sacrée du phénomène. Cependant, il est vrai qu'Élisabeth, qui a toujours été très consciente de ses devoirs, a su à cette aune particulièrement bien tenir son rang, qui plus est sur une période très longue, sachant entretenir un lien avec ses sujets, tout en incarnant un pouvoir avant tout symbolique. « Si la famille royale britannique est aussi populaire en France, c'est parce qu'elle incarne justement ce pouvoir symbolique capable de rassembler tout un peuple et dont nous nous sentons orphelins », écrit Stéphane Bern dans la Revue des Deux Mondes. Peut-être... Je repense cependant à Tocqueville, qui lui écrivait, dans les années 1830 : « L'esprit français est de ne pas vouloir de supérieur. L'esprit anglais de vouloir des inférieurs. Le Français lève les yeux autour de lui avec inquiétude. L'Anglais les baisse autour de lui avec complaisance. » Il y a toujours eu, au Royaume-Uni, un goût certain pour la hiérarchie, justifiant de profondes inégalités sociales dans ce pays à l'histoire sans doute singulièrement façonnée par sa continuité territoriale (insulaire) et politique : l'institution monarchique, sommet de la pyramide sociale, durablement installée depuis le XVIIe siècle, ne peut se concevoir en dehors de ce contexte socio-culturel (hiérarchique et inégalitaire), du moins à mon sens.
Le nouveau roi Charles III, succédant tardivement à sa mère Élisabeth II à l'âge de 73 ans, règnera-t-il aussi longtemps que son arrière-arrière grand-père Édouard VII qui avait succédé, à 59 ans, à sa propre mère Victoria Ire en 1901 ? On le saura bien assez tôt. Sur les "rézosocios" ces derniers jours, certains Français ont en tout cas fait des comparaisons, plus ou moins chauvines, entre la durée des règnes d'Élisabeth II et de Louis XIV. J'ai trouvé cela particulièrement ridicule : certes, le record de longévité sur un trône royal de Louis XIV (roi à 4 ans et demi, mort à 76 ans) n'aura finalement pas été battu par Élisabeth II (reine à 25 ans, morte à 96 ans). Mais les époques étaient différentes, et les usages du pouvoir également fort différents. Le chauvinisme, de toute façon, et d'où qu'il vienne, génère toujours beaucoup de bêtises, dites ou faites. Cela, en tout cas, aura été un bon prétexte pour venter les supposés mérites d'un retour de la monarchie en France...
Il se trouve que je me suis beaucoup intéressé, quand j'étais plus jeune, à la monarchie, en particulier à la monarchie française, aux règnes de Louis XIV et de Louis XV (périodes de régences comprises) tout spécialement, mais à bien d'autres règnes aussi. Je me souviens de mes premières visites personnelles, à partir de 1993, du vaste palais du Louvre devenu musée ainsi que du château, du musée et du domaine national de Versailles à un âge où j'étais encore jeune collégien : ce furent de grands moments de découvertes historiques et surtout esthétiques. Plus tard, à l'université, j'ai étudié les monarchies hellénistiques de l'Antiquité, l'Empire byzantin, ainsi que les systèmes monarchiques de l'époque moderne (XVIe-XVIIIe siècles) en France, en Espagne et en Grande-Bretagne, particulièrement la monarchie des rois de France, avant de consacrer mes quelques années de recherches au XIXe siècle et plus précisément au Second Empire de Napoléon III, dernier régime monarchique français (n'en déplaisent à certains contempteurs de l'actuelle Ve République, qui n'est au mieux qu'un ersatz de monarchie en tant que régime semi-présidentiel). Je me souviens qu'à l'époque, dans mon université classée très à gauche, travailler sur le Second Empire, qui plus est pour remettre en cause la « légende noire » propagée sur Napoléon III par le très égocentrique « Prophète de la République » Victor Hugo, il était facile de passer pour un bonapartiste, alors que ce n'était pourtant pas mon cas... Si j'avais opté pour un sujet de recherche plus ou moins attendu dans mon université – l'action politique de Jean Jaurès ou la Retirada des républicains espagnols fuyant le franquisme, par exemple –, je me serais sans doute retrouvé avec un sujet plus proche de ma sensibilité politique (plutôt socialiste) que ne le sont les sujets de la monarchie et du Second Empire a priori, mais ce faisant je me serais sans doute aussi éloigné de mes questionnements particuliers en matière historique et historiographique, ainsi que de mes préoccupations intellectuelles personnelles de façon plus générale. Je remercie encore aujourd'hui, à cette aune, mes directeurs de recherche, en maîtrise puis en master, de m'avoir laissé effectuer à l'époque mes modestes recherches en dehors des voies toutes tracées par bien des professeurs universitaires pour leurs étudiants.
Bref, s'agissant du thème de la monarchie, il faut croire que cela m'a quelque peu fasciné dans mes jeunes années, à raison d'ailleurs car ces époques sont passionnantes à étudier, bien plus que ne le sera jamais le XXe siècle en comparaison, ni possiblement le XXIe même si je n'en verrais moi-même sans doute pas la fin. Aujourd'hui encore, je regarde cela avec toujours de l'intérêt, quoiqu'avec sensiblement plus de recul et moins d'escapisme. On songe volontiers aux rois, aux reines, aux empereurs et aux impératrices en tant qu'objets de fiction, en fantasy par exemple notamment, et ce n'est pas un mal tant que cela ne trahit pas une aspiration politique intempestive. La monarchie n'est pas un système qui me parait restaurable en France, qu'il s'agisse de l'hypothèse légitimiste (branche aînée de la dynastie des Bourbons), de l'hypothèse orléaniste (branche cadette des Bourbons, dite des Bourbons-Orléans) ou de l'hypothèse bonapartiste (dynastie napoléonienne) : la culture du conflit est trop forte dans ce pays, le passé sans doute trop lourd pour toutes les parties, et qu'apporterait de plus un roi ou un empereur à la France ? Un usage plus officiel du plébiscite ? Un ancrage dans la « tradition » ? Dans les prétendues « vraies valeurs » ? Dans le « pays réel » cher à Charles Maurras ? J'en doute fort, et d'ailleurs à la question que posait ledit Maurras – dans la préface à l'édition définitive de son Enquête sur la monarchie (1900, rééd. 1909 et 1924) – à savoir si « Oui ou non, l'institution d'une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée n'est-elle pas de salut public ? », je réponds naturellement « non », presque un siècle plus tard, quoique je ne pense pas que tous les royalistes existants encore aujourd'hui soient forcément de sensibilité nationaliste maurrassienne, loin s'en faut sans doute. Un souverain apporterait-il au moins, politiquement, un élément de stabilité dans le pays, comme c'est censé être le cas en Grande-Bretagne, en Belgique ou en Espagne ? En France, après les bouleversements révolutionnaires des années 1789-1799, tout ou presque s'est joué au cours du XIXe siècle. Le comte de Chambord, « Henri V », par dogmatisme politico-religieux (hérité de son grand-père Charles X), a laissé définitivement passer sa chance en 1873 : bien avant cela, Chateaubriand lui avait consacré de belles pages dans ses Mémoires d'Outre-tombe, témoignant aussi bien de sa propre fidélité à la cause monarchiste légitimiste que de sa lucidité sur le fait que, déjà à ses yeux dans les années 1830, il s'agissait d'une cause perdue. S'agissant de la dynastie napoléonienne, elle aurait pu assurer la survie de l'Empire sous une forme à la fois plébiscitaire et parlementaire rien qu'en évitant la guerre avec la Prusse en 1870, ce qu'elle n'a pas fait ou n'a pas su faire. Au XXe siècle encore, le comte de Paris, Henri d'Orléans, de la branche des Bourbons-Orléans, aurait pu, peut-être, jouer un rôle politique important au côté de De Gaulle (qui avait une sensibilité royaliste) pendant la Deuxième Guerre Mondiale et après, mais il était déjà bien tard, et finalement les ambitions orléanistes se sont plus ou moins évanouies tandis que De Gaulle s'usait lui-même au pouvoir durant les années 1960... Aucun des prétendants actuels, qu'ils soient légitimiste, orléaniste ou bonapartiste, n'est crédible comme tel pour être une autorité morale et un garant de l'unité d'un pays comme la France telle qu'elle a évolué depuis 1870 : comment cela pourrait-il être le cas, par exemple, avec quelqu'un comme le duc d'Anjou, Louis de Bourbon dit « Louis XX », le prétendant légitimiste, arrière-petit-fils du criminel Francisco Franco (dont il ne cesse de défendre la mémoire) et catholique traditionaliste (anti-laïc, anti-IVG, etc.) ? Politiquement, en tout cas, ce n'est pas sérieux. Seul Charles Bonaparte, né Charles Napoléon en 1950 et père du prétendant bonapartiste actuel, semble avoir finalement adopté l'attitude probablement la plus lucide, en se ralliant à la république, et faisant de la politique au sein de ce régime dont il a accepté les valeurs, rejetant toute prétention dynastique (contrairement à son père et à son fils), et œuvrant à cette aune à promouvoir le patrimoine historique napoléonien à l'échelle de l'Europe d'aujourd'hui (dans la Fédération Européenne des Cités Napoléoniennes qu'il a fondé en 2004)... La question monarchique en France est devenue une question d'histoire et de patrimoine national, à étudier, à transmettre, sans politisation intempestive, et je ne crois pas qu'il y ait lieu de regretter cette situation.
Bref, Royauté ou Empire, tout cela, en France, c'est du passé, et ce n'est sans doute pas une solution pour nos problèmes actuels, car ce ne sont pas des problèmes de rois, d'empereurs ou de papes, comme on le croyait autrefois, mais bien des problèmes d'hommes, d'êtres humains, sans distinctions d'aucune sorte. Et du reste, il convient aussi d'être le plus possible lucide vis-à-vis dudit passé, même si les monarchies européennes d'aujourd'hui encore existantes ne sont plus celles d'autrefois. Je repense, à cette aune, à ces mots de William Morris, que j'avais modestement partagés en janvier 2020 sur le réseau de Mark Z. : “History has remembered the kings and warriors, because they destroyed; art has remembered the people, because they created.”
Le régime républicain n'est pas le régime idéal, c'est entendu, mais il est là, fruit d'une histoire qui est ce qu'elle est, avec ses bons comme ses mauvais côtés, et il reste finalement peut-être le plus petit dénominateur commun entre les différentes tendances politiques du pays, même si certains veulent évidemment, depuis toujours, sa perte. Et il faut bien reconnaître que, sur le plan de l'allégorie, la République, assimilée à la Liberté, symbolisée par la Marianne, est tout de même plus, disons, évocatrice qu'un individu couronné assis sur son trône... Ironie du sort, alors que Delacroix avait peint La Liberté guidant le peuple pour saluer les évènements révolutionnaires de juillet 1830 ayant conduit à voir un régime monarchique (celui de Louis-Philippe Ier) succéder à un autre (celui de Charles X), la Monarchie de Juillet cacha finalement l'œuvre au public, lequel public assimile aujourd'hui très souvent le tableau à l'histoire républicaine de la France, puisque cette femme incarnant la Liberté, populaire, pleine de vigueur et de fougue, avec son bonnet phrygien, son profil grec, ses proportions harmonieuses, mais aussi avec ses seins à l'air et ses poils sous les bras (personnellement, je trouve cela beau, mais il faut apprécier à la fois la nudité et le nu féminins pour peut-être le comprendre), incarne finalement l'idéal politique auquel est censé avoir abouti la France lors du XIXe siècle, ce grand siècle des révolutions...
Eugène Delacroix (1798-1863).
La Liberté guidant le peuple (28 juillet 1830) (détail), 1830.
Huile sur toile, 260 x 325 cm.
Paris, musée du Louvre.
La monarchie telle que la représentait les peintres avant l'apparition de la photographie incarnait une vraie puissance esthétique, qu'elle me parait avoir assez largement perdue depuis (même si une certaine tradition des portraits royaux ou princiers par des peintres perdurent dans les monarchies encore existantes en Occident). De nos jours, les gens sont généralement trop visibles pour ce qu'ils sont, non pour ce qu'ils sont censés représenter : il manque presque toujours de cette sorte de filtre de l'art qui rend presque immortel, comme a pu en témoigner, malgré tout, la princesse Grâce de Monaco, qui sort du lot en raison précisément de son aura de brillante actrice hollywoodienne (et surtout hitchcockienne de mon point de vue) sous le nom de Grace Kelly. Bref, quitte à prendre des symboles, autant en rester aux allégories que personne ne peut photographier bêtement avec son smartphone, mais qui nécessite une création. Je crois en fait que c'est cela qui m'intéressait le plus, dès l'origine, dans l'histoire des monarchies : l'esthétique qui peut s'en dégager. C'est une histoire d'image, en fait, et dès lors de création, esthétique et/ou fictionnelle, d'une manière ou d'une autre. Mais en dehors de cela, politiquement, ce n'est pas ma tasse de thé, en raison de mes aspirations sociales : pourquoi voudrai-je, avec une monarchie, rajouter de la hiérarchisation dans un pays qui en déjà beaucoup et pour tant de mauvaises raisons, tout républicain qu'il est ? Autant se réserver le roi, et surtout la reine, pour le jeu d'échecs...
S'agissant d'Élisabeth II, elle faisait sans doute partie de ces souverains qui continuaient à représenter quelque-chose au-delà de leur propre personne, et peut-être était-elle la dernière souveraine ayant une telle envergure dans le monde... Cependant, les évènements organisés en Grande-Bretagne autour du cercueil (coffin) contenant le corps de la défunte, du surlendemain de sa mort jusqu'à ses funérailles nationales qui auront lieu tout-à-l'heure ce lundi, auront de mon point de vue été l'occasion de mesurer non seulement le caractère public de ses évènements, mais aussi leur dimension intime. Au-delà de la monarchie, de la politique, de la médiatisation, des classes sociales, on a tout-de-même là aussi affaire à une histoire de famille, de deuil familial, dans laquelle chacun peut sans doute au moins un peu se reconnaître. Comme tout le monde, j'avais autre chose à faire que de passer dernièrement mes journées devant la télé, mais grâce à BBC World News, que j'ai tout de même beaucoup regardé ces derniers jours (ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps, comme je l'ai écrit plus haut), j'ai tout de même eu l'occasion de voir en direct, et parfois par hasard, un certain nombre des évènements en question : la veillée des quatre enfants de la reine (le nouveau roi Charles III, ses frères et sa sœur) autour du cercueil de leur mère exposé à la cathédrale Saint-Gilles (St. Giles' Cathedral) d'Édimbourg, l'arrivée à Londres en avion militaire du cercueil royal transporté jusqu'au palais de Buckingham, la grande procession de Buckingham Palace jusqu'à Westminster Hall suivie d'une courte cérémonie anglicane à l'arrivée sur place, puis enfin les derniers instants de la "veillée des princes" (nouvelle veillée des enfants de la reine) à Westminster Hall suivant un modèle inauguré lors des funérailles de George V (grand-père d'Élisabeth II) en 1936, veillée immortalisée à l'époque par le peintre Frank Ernest Beresford.
Frank Ernest Beresford (1881–1967).
The Princes' Vigil: 12.15am, January 28, 1936 (détail), 1936.
Huile sur toile, dimensions non connues.
Localisation inconnue.
Il est presque trois heures du matin, au moment où j'achève ce long message : il est temps de conclure...
Ce lundi 19 septembre, je n'aurai sans doute pas l'occasion de voir en direct les funérailles nationales de la reine, diffusées en mondovision et qui auront lieu en présence de centaines de dignitaires et chefs d'État étrangers, mais peu importe, car j'ai finalement sans doute déjà vu l'essentiel ces derniers jours : la manifestation d'un deuil, celui que l'on peut éprouver pour un proche disparu, une mère, un père, une grand-mère, un grand-père. Pour ma part, à cette occasion, j'ai pensé à ma grand-mère, disparue il y a déjà onze ans. Le temps passe... les souvenirs restent, pour celles et ceux qui sont encore là.
Je salue, par ailleurs et en particulier, le fait qu'Élisabeth II était francophone et francophile, comme elle l'a régulièrement prouvé lors de ses voyages en France (de 1948 à 2014), elle qui aura notamment connu, depuis Vincent Auriol, tous les présidents français des IVe et Ve Républiques : cette affinité avec la France n'était certainement pas la moindre de ses qualités, du moins à mes yeux.
RIP Elizabeth Alexandra Mary, dite (en français) Élisabeth II (1926-2022)
Cordialement,
B.
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Je ne commenterai que le tableau de Beresford dont je n'ai pas les dimensions exactes en pieds et pouces mais on peut s'en faire une idée à partir de cette photographie représentant le peintre à l’œuvre sur une précédente version, entouré de ses esquisses et travaux préparatoires plus un garde pour modèle et un uniforme sur mannequin
(la version définitive sera finalemnt plus grande en hauteur, les princes y seront ajoutés après vérification des uniformes à représenter pour chacun d'eux, les ombres des personnages au sol seront retirées, etc.) [après vérification, info inexacte, voire message plus bas] :
https://media.gettyimages.com/id/901871 … dhBtPIThU=
Même si aucune photo ne fut prise lors de la veillée des princes en janvier 1936, il y en eu quelques-unes de la salle du catafalque dont Beresford pu se servir pour les proportions :
https://media.gettyimages.com/id/463993 … Y1BlEpwrU=
Le tableau cité par Hyarion fut réalisé rapidement puisque déjà reproduit dans un ouvrage commémoratif à l'occasion du Couronnement d'Edouard VIII. Le tableau fut présentée à l'exposition officielle de la Couronne (l'équivalent du Salon en France), et aussitôt acquis par la Reine Mary, veuve de George V, afin de l'offrir en cadeau d'anniversaire à l'héritier Edward VIII.
Cela donne donc idée de sa localisation puisqu'il est sur les inventaires royaux désormais de Charles III, et a priori toujours conservé à Buckingham.
On notera que sous George V, le catafalque était entouré de six grands cierges, puis que pour la Reine Mère en 2002, on réduisit à quatre grands cierges et deux plus petits et enfin pour Elisabeth II à seulement quatre grands cierges...! [informations qui, elles, sont exactes]
On ne pourra pas dire que la Couronne est incapable de faire des économies (... de bouts de chandelles, of course).
S.
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Hi ! Hi ! Hi ! :)
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Pour être tout à fait honnête et plus précis, la 1ère photo concerne le décès de George VI, le roi bègue, en 1952.
Beresford voulu répéter son succès de 1936 pour George V en faisant un tableau similaire qui - la mode ayant passé - fut rejeté par la Royal Academy et n'entra pas dans la collection de Buckingham. Celui-là je ne sait pas du tout où il est.
La seconde photo est bien de 1936.
Et ces précisions ne changent rien au décompte des cierges.
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Merci pour ton commentaire éclairé, cher Silmo, et pour le partage de ces deux photographies, que je ne connaissais pas.
S'agissant de la première, on a en effet une indication de date, postérieure au tableau de Beresford dont j'ai parlé dans mon précédent message, puisque l'on peut reconnaître dans le décor de l'atelier du peintre, à l'arrière-plan, deux portraits officiels des parents d'Élisabeth II réalisés par Beresford en 1937, un portrait représentant la reine consort Elizabeth (Bowes-Lyon), l'autre portrait représentant son époux le roi George VI.
Je ne connaissais donc pas les photos que tu as partagé, mais par contre je n'ignorais pas le fait que le tableau que j'ai évoqué – The Princes' Vigil: 12.15am, January 28, 1936 – était un cadeau d'anniversaire de la reine-mère, veuve de George V, à son fils aîné, l'éphémère roi Édouard VIII. C'est notamment ce qui m'a fait hésiter, et finalement renoncer par quelque scrupule, à mentionner "Royal Collection" comme localisation du tableau. Vu le contexte particulier de l'abdication d'Édouard VIII en 1936, après seulement quelques mois de règne, et sachant que le tableau semble avoir été un cadeau personnel de la part de sa mère, peut-on envisager que ledit Édouard VIII ait emporté le tableau avec lui plutôt que de le léguer à son frère George VI puis à sa nièce Élisabeth II ? L'hypothèse pourra peut-être paraître curieuse à certains, mais elle ne me parait pas totalement à exclure a priori. En effet, je ne sais pas quelles sont tes sources, François, mais pour ma part, la consultation de la base de données du site de la Royal Collection, à partir du titre du tableau et du nom du peintre, n'a abouti qu'à des résultats renvoyant à des œuvres "d'après (after) Beresford", et non du peintre lui-même. Autrement dit, la Royal Collection possèderait des reproductions d'époque et de qualité de la peinture en question, mais non semble-t-il le tableau lui-même...
Toutefois, je n'exclue pas que ledit tableau de Beresford n'ait éventuellement pas encore été intégré à la base de données accessible en ligne. Cela ne serait peut-être pas la première fois que cela se constate. Dans le cadre des recherches pour mon livre, j'ai identifié, il y a quelques années, la localisation d'un tableau de Gustave Doré, représentant une dryade ou nymphe des bois nue en forêt, une œuvre très rarement reproduite, mais dont j'avais retrouvé la trace sur une page d'une ancienne version du site de la Royal Collection, vers 2014 si je me souviens bien. Le tableau aurait probablement été acquis par le très francophile roi Édouard VII, amateur princier de l'œuvre de Doré (le grand artiste français ayant été célèbre en Angleterre dès son vivant), royal soutien de l'Entente Cordiale entre la France et le Royaume-Uni conclue en 1904, mais certes aujourd'hui sans doute davantage connu pour un fauteuil, dit "de volupté" ou "d'amour" du prince de Galles, conçu vers 1900 par la maison Soubrier, pour la chambre réservée au futur Édouard VII dans la fameuse maison close parisienne Le Chabanais, où le prince héritier avait ses habitudes (ce fauteuil particulier fut notamment exposé au Petit Palais en 2014, lors de l'exposition "Paris 1900, la Ville spectacle"). À l'occasion de la disparition d'Élisabeth II, j'ai repensé au référencement du tableau de Doré, que je retiens toujours dans ma sélection d'œuvres peintes pour le propos de mon livre : or, il s'avère que ledit tableau ne figure plus dans la base de données du nouveau site de la Royal Collection. Je n'avais pourtant pas rêvé, à l'époque... Le tableau réapparaîtra-t-il un jour dans la base de données du site actuel ?
J'ai écrit récemment au Trust de la Royal Collection – à propos du tableau de Doré, mais pas de celui de Beresford –, sans certitude d'avoir une réponse. Aussi, mon cher François, si tu as accès aux "inventaires royaux désormais de Charles III" par d'autres moyens que le mien, je serais preneur de tout renseignement supplémentaire concernant ces deux tableaux (surtout celui de Doré), si jamais tu étais en mesure d'en obtenir. Il se trouve que nous vivons à une époque où a priori il est plus facile de trouver (sans le chercher) le supposé papier hygiénique préféré de Charles III – du papier Kleenex Velvet, apparemment (j'ai lu ça dans le Canard cette semaine) –, que de trouver (en les cherchant) les références de certains tableaux liés à la famille royale britannique... ^^'
Amicalement,
B.
P.S. : j'ai lu également, dans le Canard de cette semaine, un article semblant étrangement faire écho à une partie du propos de mon message précédent, et se concluant ainsi :
La royauté raconte des histoires de famille qui prolongent les contes de fées de l'enfance. Quand on découvre que les puissants ont des malheurs, des divorces, des accidents, des deuils, des enfants qui se jalousent ou qui font la grimace en mondovision, on s'identifie et on compatit. La République, bonne fille, a, elle, beaucoup plus de mal à s'incarner dans des personnalités. « La République, c'est moi », dit Mélenchon. C'est sûr que ça fait moins rêver.
Jean-Michel Thénard, « God save la République ! », Le Canard Enchaîné, 21 septembre 2022.
Pour ma part, détestant Mélenchon (pratiquement autant que je déteste Sarkozy, tous les deux étant, à mes yeux, des personnalités toxiques), je confirme d'autant plus ce que j'ai écrit précédemment sur la beauté que j'attribue à la Liberté guidant le peuple immortalisée par Delacroix : à défaut d'incarnation dans une personnalité, reste au moins la puissance d'évocation de l'art...
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Je viens de l'apprendre ce soir : Paul Veyne est mort, ce 29 septembre, à 92 ans.
De tous les historiens cités comme références durant mes études d'histoire, il fut probablement l'un de ceux dont la pensée m'aura le plus durablement influencé (et encore aujourd'hui), par sa dimension libre, curieuse, éclectique, toujours stimulante.
P. Veyne [...] sait ce que c'est que rechercher, en véritable historien, le vrai ; mais il connaît aussi le labyrinthe dans lequel on entre dès qu'on veut faire l'histoire des jeux du vrai et du faux ; il est de ceux, assez rares aujourd'hui, qui acceptent d'affronter le danger que porte avec elle, pour toute pensée, la question de l'histoire de la vérité.
Michel Foucault (1926-1984), Histoire de la sexualité, tome II : L'Usage des plaisirs (1984), Paris, Gallimard, « Tel », 1997, « Introduction », p. 15.
De fait, on trouvera dans le présent forum, grâce au moteur de recherche, plusieurs références à ce grand historien spécialiste de l'Antiquité gréco-romaine, que j'ai personnellement assez souvent cité en ces lieux.
Que recommander en particulier parmi les nombreux écrits de Paul Veyne ? Voici les ouvrages de sa main, à lire ou à relire, qui me viennent le plus spontanément à l'esprit : Comment on écrit l'histoire : essai d'épistémologie (Paris, Éditions du Seuil, « L'Univers historique », 1971 ; rééd. augmentée de « Foucault révolutionne l'histoire », 1978, rééd. « Points Histoire », 1996), Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? Essai sur l'imagination constituante (Paris, Éditions du Seuil, « Des travaux », 1983, rééd. « Points Essais », 1992), Sexe et pouvoir à Rome, préfacé par Lucien Jerphagnon (Paris, Tallandier, 2005, rééd. Éditions du Seuil, « Points-histoire », 2007), L'Empire gréco-romain (Paris, Éditions du Seuil, « Des travaux », 2005, rééd. « Points Histoire », 2015), Quand notre monde est devenu chrétien (312-394) (Paris, Albin Michel, « Idées », 2007)...
RIP Paul Veyne (1930-2022)
https://www.francetvinfo.fr/culture/pat … 88010.html
https://www.radiofrance.fr/francecultur … paul-veyne
https://www.radiofrance.fr/francecultur … nel-romain
Amicalement,
B.
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Cher Hyarion
Mes souvenirs sont assez vagues concernant Beresford car l'info sur cette peinture m'avait été donnée oralement par une amie du musée d'Orsay (pas pour Elisabetth II mais pour sa mère en 2002- vingt ans déjà) lorsqu'il y eut l'hommage des princes à la Reine Mère copié/collé sur le tableau en question qui était alors dans les collections royales. Je n'ai pas le n° d'inventaire mais cette collègue connaissait la collection. Elle est aujourd'hui retraitée mais je lui poserai la question.
Ah, si tu voyait le cahier des charges (Facility Report) chaque fois qu'une œuvre sort de Buckingman ou Windsor... Ce ne fut pas rien pour l'expo Vinci au Louvre !!
Comme en France autrefois, il y a des règles de succession entre ce qui appartient à l’État, à la Couronne, à la Liste Civile, ce qui peut ou non être aliéné (Triste exemple en France, la galerie espagnole de Louis-Philippe qu'on lui rendit au lieu de la laisser au Louvre "restituée stupidement" selon Baudelaire). Chez nos voisins, il y va des tableaux comme des joyaux qui sont la pseudo-propriété de tel prince ou telle princesse (nous pourrions dire, son apanage) mais qui reviennent dans le giron royal en cas de décès sans héritier, de perte de titre (Cf. Diana, Harry ou Édouard VIII, le plus beau de la famille)
S.
ps : je mène l'enquête pour ta Dryade de Gustave Doré
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Hyarion
Je n'ai pas trouvé d'expert de Gustave Doré à Orsay ni au Petit Palais à Paris, ni à Carnavalet mais l'info suivante par un ami : "Le meilleur spécialiste de Gustave Doré serait actuellement Philippe Kaenel, prof en Suisse. Ça doit se retrouver sur internet".
Il connait peut-être ta Dryade :-)
S.
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Cher Silmo,
Merci beaucoup pour ta réponse en deux temps. ^^
Il se trouve que j'ai également obtenu une réponse, en plusieurs temps aussi, du Royal Collection Trust : un très cordial assistant responsable des peintures de la Royal Collection m'a parfaitement renseigné concernant le tableau de Gustave Doré – qui s'intitule La Nymphe et la Source, effectivement conservé par la Royal Collection et possiblement légué au futur Édouard VII par son equerry Christopher Teesdale, qui était un ami de Doré –, en me dirigeant notamment vers le catalogue d'une exposition ayant eu lieu aux National Museum & Gallery de Cardiff en 1998 (Princes As Patrons: The Art Collections of the Princes of Wales from the Renaissance to the Present Day), catalogue contenant une notice dédiée au tableau de Doré, avec tous les renseignements à son sujet dont j'avais besoin pour mon livre encore en cours d'écriture. Je prends toutefois bonne note de ta référence à Philippe Kaenel, qui est effectivement un spécialiste reconnu de Gustave Doré (et qui a été, si je me souviens bien, le commissaire de l'exposition dédiée à Doré que j'étais allé voir au musée d'Orsay en 2014). :-)
Après avoir hésité, et alors que tu ne m'avais pas encore répondu ici, j'ai finalement aussi posé la question concernant le tableau de Beresford, et il m'a été confirmé qu'il s'agit bien d'une propriété privée du souverain britannique régnant. Comme quoi, ce n'est pas toujours compliqué d'obtenir des informations de ce genre : parfois, il suffit de demander, et tout se passe avec cordialité.
Merci encore pour ton retour éclairé, François. :-)
Amicalement,
B.
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Infos qui se recoupent. Tant mieux.
Amitiés
S.
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Avec quelques mois de retard et un peu de tissage interne...
RIP Denis O'Dell (1923-2021)
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ps (toujours un ps) : pas sûr d’être éclairé en l'affaire, juste en contact avec des amis qui savent mieux que moi à propos de G Doré, je ne leur volerais pas cette connaissance.
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J'avais accompagné, à distance et par la pensée, le corbillard politique de David Cameron en juin 2016, il était juste que je fasse de même ce mardi 25 octobre avec le corbillard politique de Liz Truss.
Plus de six ans après le lamentable référendum sur le Brexit, le Parti conservateur britannique n'en finit pas d'en payer les conséquences... et il faut dire que c'est bien mérité, a fortiori pour un parti de toute façon très usé par douze ans d'exercice du pouvoir. Mais il reste fort dommage que tout un pays soit plus que jamais dans la tourmente à cause de cela.
Sur Franceinfo, il y a quelques jours, un journaliste a pu parler d'un exercice du pouvoir de Liz Truss « entre erreurs politiques, "arrogance" et mauvaise lecture de la situation économique » (on croirait entendre parler de Macron...). Alors certes, succéder à cette calamité clownesque qu'est Boris Johnson n'était sans doute pas facile, mais parce qu'elle était notamment adepte, en économie, d'une sorte de pensée magique thatchérienne, Truss aura en tout cas réussi, en moins de deux mois, à précipiter son pays dans une grave crise économique dont il n'avait évidemment pas besoin, replonger son parti dans l'impopularité et la division, puis provoquer in fine sa propre chute des sommets du pouvoir en un temps record, son mandat de Premier ministre devenant ainsi le plus court de l'histoire du Royaume-Uni. En un sens, une telle performance mérite d'être saluée.
Dans son discours d'adieu devant le 10 Downing Street ce mardi matin, face aux journalistes massés sur le trottoir d'en face, Truss a notamment cité Sénèque pour justifier son volontarisme toujours affiché, défendu son bilan pourtant calamiteux, et elle a notamment continué, comme si de rien n'était, à célébrer l'« avantage » à tirer selon elle des « libertés » du Brexit, ainsi qu'elle l'a toujours fait depuis qu'elle s'est rallié audit Brexit et à l'euroscepticisme après le résultat du référendum de 2016, attitude assez caractéristique de son opportunisme, sous couvert de pragmatisme. Dans ce même discours d'adieu, elle a aussi évoqué l'honneur qui fut le sien de « diriger la nation dans le deuil à la mort de feu Sa Majesté la Reine après 70 ans de service, et en saluant l'avènement de Sa Majesté le Roi Charles III » : issue d'une famille à la sensibilité politique à gauche du Parti travailliste avant de militer chez les libéraux-démocrates puis d'adhérer au Parti conservateur, elle fut favorable un temps à l'abolition de la monarchie, mais le seul vrai point positif de son bilan de Premier ministre restera ironiquement sa bonne gestion institutionnelle de la transition entre le règne d'Élisabeth II, dont elle fut le dernier chef de gouvernement (c'est toujours mieux que si ça avait été Johnson...), et le règne de Charles III. Tandis qu'elle discourait ainsi ce mardi, avant de se rendre en voiture à Buckingham Palace pour démissionner formellement devant le roi, on pouvait entendre, au loin, à la sortie de Downing Street, une voix criant à plusieurs reprises “Tories Out ! Tories Out ! General Election Now !” (j'ai tout de suite reconnu la tirade en direct, à la télé, car la même voix plus ou moins lointaine s'était faite déjà entendre la veille, chaque fois qu'un député conservateur était interviewé par la BBC devant les Chambres du Parlement, si je me souviens bien) : https://www.youtube.com/watch?v=ScWVAbifOOQ
“Tories Out ! Tories Out ! General Election Now !” : évidemment, on peut toujours souhaiter tout cela, mais le successeur de Liz Truss, cinquième Premier ministre depuis le référendum sur le Brexit, et conservateur comme les autres, ne provoquera évidemment pas d'élections générales (législatives) anticipées, même si beaucoup de gens (qui ne sont pas tous des électeurs du parti travailliste) les réclament effectivement. Les conservateurs britanniques sont depuis toujours amoureux de la « valeur-argent », mais il y a quelque-chose qu'ils aiment naturellement au moins tout autant : le pouvoir. Rishi Sunak, riche à millions et ancien banquier (comme Macron, mais étant bien plus riche que ce dernier), a une bien meilleure image que celle d'un Johnson (celui-ci étant notamment encore englué, comme de juste, dans son Partygate), et il est sans doute plus rassurant que Truss, y compris en matière de pragmatisme, mais avec lui comme avec les autres, les Britanniques ne sont pas, pour autant, au bout de leurs peines, notamment en ce qui concerne la sauvegarde de leurs services publics... Sunak a déclaré ce mardi vouloir réparer les erreurs de Truss, mais avant le passage de cette dernière au 10 Downing Street, outre les problèmes économiques, l'héritage de Johnson était déjà très lourd, notamment concernant la question nord-irlandaise et la politique migratoire du Royaume-Uni. Même si la stabilité économique revient, l'addition du Brexit (dont Sunak a été un partisan dès le début) restera en tout cas salée, du moins à ce qu'il me semble, même si tous les problèmes au Royaume-Uni ne relèvent pas que du Brexit et même si certains d'entre-eux se posaient déjà avant de toute façon...
Tout cela me fait penser, plus généralement, à la question très ancienne et ô combien difficile du rapport du Royaume-Uni avec le monde, avec l'Europe et notamment avec la France. Et cela a un rapport avec Tolkien, n'en déplaise éventuellement à certains. J'y reviendrai peut-être, ailleurs en ces lieux...
En attendant, saluons la fin de l'éphémère épisode Truss, pourquoi pas en écoutant la marche funèbre de Johann Heinrich Walch (Funeral March No.1, parfois improprement attribuée à Beethoven) entendue plusieurs fois, le mois dernier, lors des processions royales ayant ponctué la période de deuil national qui a suivi la mort d'Élisabeth II : https://www.youtube.com/watch?v=01faG6QOLco
RIP Prime Minister Mary Elizabeth Truss (sept.-oct. 2022)
Peace and love,
B.
(EDIT [26/10/2022]: ajout d'illustration et corrections de fautes)
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Clap de fin aussi pour Jules Bass, qui n'était pas un politicien mais un producteur et réalisateur américain.
Il s'est éteint hier à l'âge de 87 ans.
Jules Bass restera fameux pour avoir, dans le cadre de son duo avec Arthur Rankin Jr. (1924-2014), réalisé et produit la première grande adaptation d'un roman de Tolkien en dessin animé, Le Hobbit (1977), coiffant au poteau, de quelques mois, la sortie du Seigneur des Anneaux de Ralph Bakshi (1978).
Le duo Rankin/Bass aura ensuite enchaîné avec un deuxième téléfilm, Le Retour du Roi, sorti en 1980, pour lequel JRRVF avait consacré une petite revue il y a quelques années.
Ce deuxième téléfilm (suite du premier, contrairement à ce que peut laisser penser le titre) aura marqué la fin de cette exploration originale et intelligemment menée de l'univers de J.R.R. Tolkien. Quelques démêlés juridiques avec les détenteurs officiels des droits d'adaptation et un accord à l'amiable entre les parties expliquent peut-être cette page tournée à l'aube des années 80.
Jules Bass aura produit et réalisé un grand nombre de dessins animés, de téléfilms, du milieu des années 60 jusqu'au début des années 2000, se spécialisant avec son compère Rankin, dans les productions animées dédiées à la jeunesse.
A gauche : Jules Bass dans les années 2010.
A droite, le blond Arthur Rankin jr (1924-2014) et le brun Jules Bass dans les années 70, à l'apogée du col pelle-à-tarte.
RIP Jules Bass (1935-2022)
I.
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triste nouvelle mais je conteste le terme "apogée" pour le col pelle à tarte... on en vit de bien pires.
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Le col pelle à tarte n'a rien à envier à d'autres costumes.
Quant au sujet -- Au nombre des autres adaptations de livres produites par les studios de Jules Bass et Arthur Rankin, The Flight of Dragons (1982) me fait toujours un petit effet... en dépit de ses défauts...
"There was time between the waning age of enchantment and the dawning age of logic when dragons flew the skies, free and unencumbered. Look down there Gorbash, my friend. On the top of the earth below us, confusion and chaos reign. All mankind is facing an epic choice: a world of magic or a world of science. Which will it be?"
Que dire du splendide thème musical, de la voix évidemment parfaite du vilain Omaddon (James Earl Jones), des nombreux dragons, de quelques scènes épiques et/ou humoristiques... Et de mes jeunes yeux ébaubis, aux alentours des fêtes de noël de 1984 et 1985, lorsque ce film fut diffusé à la télévision française. Je ne crains pas de dire que c'est l'une des influences qui marqua mon univers mental.
D.
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Une fraise n'est pas une pelle à tarte
Si l'on doit dresser l'histoire des cols, on en a pour un moment.
S.
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Si l'on doit dresser l'histoire des cols, on en a pour un moment.
S.
J'avoue être plus intrigué par le curieux couvre-chef de ce cher Henri III peint par François Quesnel, que par la fraise, au demeurant.
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Un simple diadème (les hommes en portaient à cette époque) en forme de plume de paon, orné d'un diamant bleu qui n'est pas le "grand bleu de France" acquis plus tard sous Louis XIV.
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Une pensée pour le peintre abstrait Pierre Soulages, mort à l'âge de 102 ans avant-hier, natif de Rodez où un musée lui est dédié, connu mondialement pour ses toiles dominées par la couleur noire et aussi, entre autres, pour les vitraux de l'abbatiale romane de Conques qu'il a réalisé dans les années 1980-1990.
J'avoue que sa conception de la peinture (pas d'image, pas de langage, pas de message...) était aux antipodes de la mienne, mon goût en la matière étant essentiellement figuratif et donc généralement peu réceptif à l'abstraction (sauf s'agissant d'œuvres de quelques artistes comme Vassily Kandinsky ou Mark Rothko), mais je respectais néanmoins la démarche créative de Soulages, concentrée notamment sur la perception de la lumière. L'annonce de sa disparition cette semaine m'a fait penser qu'à cette occasion cela faisait longtemps que l'on avait pas autant parlé dans les médias de mon Rouergue natal au-delà de la seule Occitanie : il vaut sans doute mieux cette occasion-là qu'une autre plus triviale.
Pour qui serait intéressé, un documentaire de 2017 sur Soulages, rediffusé cette semaine sur ARTE, est actuellement visionnable en replay : https://www.arte.tv/fr/videos/073080-00 … -soulages/
RIP Pierre Soulages (1919-2022)
https://www.francetvinfo.fr/culture/art … 57899.html
Silmo a écrit :Si l'on doit dresser l'histoire des cols, on en a pour un moment.
S.J'avoue être plus intrigué par le curieux couvre-chef de ce cher Henri III peint par François Quesnel, que par la fraise, au demeurant.
Un simple diadème (les hommes en portaient à cette époque) en forme de plume de paon, orné d'un diamant bleu qui n'est pas le "grand bleu de France" acquis plus tard sous Louis XIV.
À noter qu'un autre portrait du roi Henri III (qui fut d'abord roi de Pologne avant de devenir roi de France à la mort de son frère Charles IX), portrait attribué au même François Quesnel et conservé au musée du Louvre, propose une représentation du souverain avec un autre genre de col – la fraise n'étant devenu à la mode que dans le courant de son règne en France –, ainsi qu'avec un petit bonnet : https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010065350
D'après ces portraits, il semble que le couvre-chef porté par le roi – un bonnet également, plutôt qu'un diadème, à mon humble avis, dans le cas du tableau mentionné par Didier, même si je peux toujours me tromper – ait été assez caractéristique de la mode à la cour de France sous son règne (1574-1589) en matière de costume masculin.
Durant cette période de luxe inouï et de dépravation, les mignons rivalisent d'élégance avec les femmes ; ils portent des boucles d'oreilles et de nombreux bijoux, abusent des fards et des parfums. Malgré les édits somptuaires de 1577 et de 1583, le costume devient extravagant et compliqué, souvent bariolé. Les chausses et les bas sont de nuances diverses, sauf pendant le temps où, à l'instigation du duc d'Alençon, frère du roi, on adopte des vêtements entièrement verts. Le souverain lui-même invente, s'inspirant de ses souvenirs de Pologne, ou des modes féminines, des ajustements excentriques, qui triomphent en 1581, aux noces de son favori, le duc de Joyeuse, qui épouse la propre sœur de la reine.
Le pourpoint est armé d'un busc de bois ou de métal et muni d'un disgracieux appendice, la panse, sorte de bosse rembourrée de crin, de laine ou d'étoupe. [...] Le collet est très montant, bordé de lingerie blanche, jusqu'en 1578, époque à laquelle Henri III inaugura la fraise proprement dite (non plus le col de chemise godronné) de grandes dimensions, très empesée, soutenue par une armature de fil d'archal, et formant un disque étalé sous le menton [...].
[...] Le petit bonnet aux rebords taillés en croissant est décoré d'une aigrette et d'un bijou ; sous ce bonnet la chevelure était maintenue, comme celle des femmes, par des arcelets et poudrée de violette musquée. Mais hors du milieu frelaté de la Cour, on préfère le haut chapeau tronconique de feutre, de drap ou de velours, ou encore la toque, comme au temps de Charles IX.
Michèle Beaulieu, Le costume moderne et contemporain, illustré par des croquis de Arlette Berner, Paris/Vendôme, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » n°505, 1951 (rééd. 1977), Chapitre premier « La Renaissance », V. « Henri III (1574-1589) », p. 24-26.
À noter, pour conclure, que le point de vue moral de Michèle Beaulieu à l'égard du règne d'Henri III semble assez caractéristique du jugement de valeur que l'on a pu traditionnellement porter sur lui au cours du XXe siècle : plus loin (p. 28), elle écrit ainsi que le règne d'Henri IV (1589-1610) est « une période de transition entre le costume ridiculement efféminé du règne de Henri III et celui qui, à la fois viril et élégant, caractérise l'époque Louis XIII ».
Amicalement,
B.
(EDIT [02/11/2022]: correction de fautes diverses)
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ISENGAR a écrit :ISENGAR a écrit :Oui, c'est Fats Domino (1928), puis Little Richard (1932), Jerry Lee Lewis (1935) et sans oublier Wanda Jackson (1937).
Sauf oubli de ma part, ils sont les quatre derniers survivants de ce Premier âge du Rock'n'roll...
I.Eh bien, de quatre ils passèrent à trois, en ce funeste 25 octobre de l'an de grâce 2017...
Fats Domino, le plus âgé des derniers dinosaures (89 ans), vient de rejoindre Chuck, Elvis et les autres au paradis du Rock'n'roll. Et c'est bien triste.Et de trois, ils passèrent à deux
Bon, bah, dans un style très différent de Pierre Soulages, The Killer vient de cramer ses dernières balles, si je puis me permettre...
Wanda est donc la grande gagnante, confirmant certaines statistiques prétendant que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Ca marche donc aussi chez les rockers...
Marrant (ou pas), j'ai regardé le dernier biopic sur Elvis Presley (avec Tom Hanks) il y a deux jours, me faisant la remarque qu'il n'y avait pas un mot sur Jerry Lee Lewis, son grand rival chez Sun Records et que c'était aussi scandaleux que la disparition de Celeborn dans une série récente...
RIP Jerry Lee Lewis (1935-2022)
I.
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Snif Jerry Lee Lewis, toute ma vieille jeunesse, Oh "Great balls of fire"quelle tristesse.
Histoire de paraphraser Bruce Springsteen : "He was Rock'n Roll" Le dernier des fondateurs !
S
reste Wanda ?.
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Merci pour ce commentaire que je ne connaissais pas . Puisse Michèle Beaulieu nous épargner ses adverbes stupides et limite homophobes pour quelqu'un qui ne connait pas ce siècle : "ridiculement efféminés" et autres commentaires un peu too much... ("panse" qu'elle qualifie de disgracieuse pour la braguette, c'est un tout autre sujet de la mode de l"époque que je pourrais argumenter mais ce n'est pas le lieu).
une grosse braguette, des boucles d'oreille, une coiffe ornée, des perruques extravagantes. Et alors?
C'était un autre siècle quand ce n’était pas "ridicule" ni "efféminé" de se vêtir ainsi car la mode change. Parler de "dépravation" de ""disgracieux appendices", de "modes féminines et "ajustements excentriques"
Ces gens du 16eme s. n'étaient pas des pleutres, c'était de fameux et rudes bretteurs. De vrais gaillards (cf l’assassinat du duc de Guise)
Quelle idiotie chez Mme Beaulieu de parler d'efféminé ou de ridicule, de "dépravation" si on ne juge pas la mode d'alors à l'aune d'aujourd'hui, ni aux rubans du 17eme s. ni aux perruques du 18eme, aux cravates du 19eme.
Ceci dit, c'est intéressant à lire aussi stupide que cela soit dans ses attendus Ça témoigne d'une certaine idée à combattre toujours. La route est longue.
S.
ps : ça mériterait un Me-Too pour les mecs, pour Henri III qui n'était pas une mauviette et pour aujourd'hui. Ridicilous !
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Bien dit, Camarade !
Les Mignons étaient en effet des durs-à-cuire avec un vrai sens de l'esthétique.
A n'en pas douter, s'ils avaient vécu à Memphis ou à la Nouvelle Orléans en 1955 ou à Hambourg en 1960, ils auraient fait du Rock'n'roll ! Et avec du style !
I.
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Yes Rock forever from 1600 to 21th
Mais oui, c'était les rockeurs de leur époque, je n'y avais jamais pensé mais c'est super bien vu
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Reste la question d'Hisweloke à propos du couvre-chef en forme de plume de paon. Je pose la question à un un ami conservateur... car je n'identifie pas ce diamant. ce n'est pas le "bleu de France" acquis sous Louis XIV et je ne sais quel diamant bleu fut acquis sous Henri III.
S
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et voici la réponse :
Les Joyaux de la couronne comptent depuis le début du XVIe siècle plusieurs diamants exceptionnels, comme la Pointe [en faite la côte] de Bretagne (environ 25.5 carats), la Table de Gènes (26,5 carats) ou encore la Pointe de Milan (28 carats). Les plus importants sont gagés sous le règne d’Henri III pour financer les guerres. On ne trouve aucune mention d’agrafe à chapeau sur les inventaires successifs des Joyaux de la Couronne. Les pièces plus simples, comme le diamant de ce portrait, relevaient plus probablement des bijoux personnels du roi et non du trésor de l’Etat. L’autre option est qu’il s’agisse d’un bijou « imaginaire », ajouté par le peintre sans qu’il ne corresponde à un diamant particulier comme sur le tableau du Louvre pour être de couleur assortie à l'Ordre du Saint-Esprit fondé par Henri III. On distingue mal la taille de la pierre, table ou pointe, l’identification sur d’autres portraits en est d’autant plus compliquée !.
Petit complément : La collection des joyaux de la Couronne constituée en 1530 par François Ier désigne une série de huit pierres colorées appelées à cette époque « diamants » (terme désignant toute belle pierre précieuse) sertis dans des bijoux. De ce fonds ne subsiste que la « Côte-de-Bretagne » (aujourd'hui au Louvre, Petite Galerie, avec les autres diamants nationaux), c'est en fait un spinelle rouge retaillé au 18e pour être serti au centre de la Toison d'or du roi en forme de dragon.
Voir ici :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Diamant_b … a_Couronne.
et là :
https://www.mnhn.fr/fr/a-la-poursuite-du-diamant-bleu (intéressant documentaire).
Ca ne répond pas complètement à la question.... en fait on ne sait pas d'où vient ce bijou emplumé et très élégant d'Henri III.
S.
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Je me suis réveillé ce matin en apprenant le départ du premier des grands métallurgistes du siècle dernier, d'un musicien hors pair, hors cadre, d'un talent inouï et d'une ouverture musicale sans pareil dans ce monde autocentré que peut être parfois le Rock.
L'immense Jeff Beck s'en est allé. Trop tôt. Et je ne sais pas quoi en dire d'autre
RIP Geoffrey Arnold "Jeff" Beck (1944-2023)
I.
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L'immense Jeff Beck s'en est allé. Trop tôt. Et je ne sais pas quoi en dire d'autre
Triste nouvelle.
Je connais sa musique, mais trop peu, un album à nous conseiller (même si j'imagine bien qu'il ne sera pas pleinement représentatif) ?
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un album à nous conseiller (même si j'imagine bien qu'il ne sera pas pleinement représentatif) ?
J'ai parmi mes disques de chevet 2 albums de Jeff Beck :
- Truth (par Jeff Beck Group, 1968), avec notamment les premiers croassements de Rod Stewart
- Beck, Bogert and Appice (par Beck, Bogert and Appice, 1973), un disque puissant, jouissif et injustement méconnu, dans lequel se trouve la première version "hard" du titre Superstition, également interprétée par Stevie Wonder.
Une bonne compilation des Yardbirds, avec les classiques de ce groupe, pépinière de grands guitaristes (Clapton, Jimi Page), mettra aussi en en lumière tout le talent explosif de Jeff Beck.
L'album Crazy Legs (1993), un hommage à Gene Vincent, est aussi à mettre en haut de la pile.
Plus récemment, le duo avec Johnny Depp pour 18 (2022), qui se trouve donc être son dernier album, semble être un des meilleures prestations du guitariste, mais avec, d'après les critiques, un chant de Johnny Depp qui tirerait l'album vers le bas (je n'ai pas encore eu l'occasion de l'écouter...)
Pour la liste complète des titres :
https://en.wikipedia.org/wiki/Jeff_Beck_discography
Et puisqu'il n'a jamais été aussi beau que sur scène et de mauvaise humeur, voici un extrait célèbre du film Blow Up de M. Antonioni (1966) dans lequel on peut voir les Yardbirds avec Jeff Beck (et Jimi Page) en train de ferrailler - en une seule prise - sur un vieux rock'n'roll revisité, devant un publique étrangement figé. Jeff Beck maltraite pour de vrai sa guitare et son ampli à cause de problèmes de son, et Antonioni en profite pour modifier son scénario et donner un mini rôle à la guitare- ce qu'il en reste - sans que ça n'influe en rien le reste de l'histoire... toute une époque, hein ?!
I.
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Bon voyage, David, sur ton bateau en bois...
RIP David Van Cortlandt Crosby, dit David Crosby (1941-2023)
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Et vous, où étiez-vous, le 11 août 1999 ? À Paris ou dans le Gers, à regarder l'éclipse du soleil, sans craindre de recevoir une station Mir sur la tête comme annoncé par Paco ? Moi, j'étais à Las Vegas : on n'est jamais trop prudent. (Je plaisante, évidemment : je séjournais bien là-bas, mais pour d'autres motifs)
Paco, lui, n'est plus là depuis aujourd'hui. Décédé ce vendredi chez lui à Portsall, en Bretagne, il avait 88 ans. Mais qu'est-ce que le temps pour Paco ?
Il disait avoir vu Dieu au moins trois fois, et être parmi nous depuis 78 000 ans. Il disait aussi avoir couché avec Édouard Balladur au XVIIIe siècle, se considérant (entre autres vies antérieures) comme une réincarnation d'une maîtresse de Louis XV, ce roi de France étant réincarné, lui, en... Balladur (pauvre Louis XV...). À son collègue Jean-Charles de Castelbajac, Paco a dit un jour, en lui serrant la main : « Jean-Charles, tu as été un moine-chevalier en 1191 ». J'avoue que j'aurais été curieux de ce qu'il aurait pu me révéler sur mon compte si je l'avais rencontré... dans cette vie-ci (qu'il y en ait ou non une seule).
En tout cas, il fut aussi un grand couturier et styliste novateur dans les années 1960, et cela, au moins, personne ne pourra sérieusement en douter. Exilé en France très jeune avec sa famille, il était le fils d'un officier de l'armée républicaine espagnole, fusillé par les franquistes durant la guerre civile. Une anecdote qu'il avait raconté (à la télé, mais aussi dans son livre Trajectoire. D'une vie à l'autre... [1991, rééd. 1994]), relative à une expérience personnelle plus ou moins initiatique durant sa jeunesse en Bretagne, m'a souvent fait penser au trip de certains fans d'un artiste, lorsqu'ils cherchent plus ou moins à communier avec la personnalité qu'ils vénèrent au contact d'un lieu associé à elle. Mais je n'en dirais pas plus ici.
Au revoir, Paco... et qui sait, peut-être à bientôt ?
RIP Francisco Rabaneda Cuervo, dit Paco Rabanne (1934-2023)
Peace and Love,
B.
[EDIT (18/06/2023): ajout d'une précision bibliographique.]
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(Dessin de Marilena Nardi)
C'est finalement arrivé, il y a quelques jours : à 86 ans, Oncle Berlu nous a quitté.
Une fois n'est pas coutume (pour ce genre de chose, je m'informe généralement par la radio, la télé ou la presse), j'ai appris la nouvelle via Twitter – devenu le réseau d'Elon M. en octobre dernier –, en raison des « tendances [prétendument] pour vous » affichées à la droite de l'écran sur le site de gazouillis. C'était lundi dernier, 12 juin, à la mi-journée, et Berlusconi ayant été hospitalisé quelques jours auparavant, deux mentions dans les « tendances », en début et fin de liste, accompagnant d'autres mentions du moment renvoyant au marécage politicien français habituel, m'avaient mis la puce à l'oreille : http://www.jrrvf.com/fluxbb/img/725/168 … ournee.png
D'après ce que j'ai compris, la mort d'Oncle Berlu a visiblement amené un certain nombre de gazouilleurs du réseau à songer à la mort d'un certain Jean-Marie, bien que Le Pen père soit, lui, toujours vivant aux dernières nouvelles... Le tout sur fond twittesque d'épanouissement habituel dans l'expression de participants prisonniers volontaires de leurs bulles cognitives et informationnelles, qu'ils soient fans de la famille Le Pen, de Mélenchon, de Zemmour, d'Edwy Plenel ou de Macron, pour ne citer que les « nébuleuses faniques » les plus « en vue » de ce microcosme, avant, pendant et depuis les dernières élections en date, ce que reflètent donc généralement les « tendances [prétendument] pour vous » lorsque la politique domine les autres sujets à « discussion » sur une journée... Dans le meilleur des cas, je m'efforce de voir avant tout le côté tragi-comique de la chose, sachant que j'ai choisi de ne pas paramétrer mon profil en matière de préférences, précisément afin d'éviter de me retrouver dans une bulle cognitive et informationelle : de fait cela expose ledit profil aux quatre vents en matière de « tendances », même si heureusement j'ai suffisamment d'abonnements à des comptes pour que l'on me mette sous le nez les tweets artistiques, culturels, universitaires qui m'ont amené sur ce réseau à l'origine (et qui m'y font rester pour le moment, même si je suis loin d'être un utilisateur régulier).
Cela va faire 10 ans cette année que j'y suis (et 16 ans sur le réseau de Mark Z.), mais c'est peu de dire que je m'étais inscrit sur Twitter à reculons à l'époque : la limitation d'expression à 140 caractères alors me rebutait d'office, et j'étais seulement curieux de savoir ce que pouvait y raconter des universitaires comme Vincent (Ferré) ou Anne (Besson) au lieu de le faire chez Mark Z., ce pourquoi je n'ai d'ailleurs posté aucun tweet entre 2013 et 2015, avant de commencer à communiquer un petit peu sur la page de mon compte à partir de 2016, mais pas autant que sur FB, qui reste bien plus fonctionnel de mon point de vue, malgré tous les défauts du réseau de Mark Z. connus depuis longtemps, notamment en matière de censure pudibonde. Twitter me sert encore actuellement pour picorer quelques informations culturelles et pour des échanges ponctuels, surtout autour des littératures de l'imaginaire, mais pour le reste, cela a tendance à ne me servir qu'à confirmer à chaque fois cette vérité formulée par Romain Gary : « la plus grande force spirituelle de tous les temps, c'est la Connerie. » Ce qui pourrait, malgré les contraintes techniques propres au site, être un lieu d'échanges, et qui le reste encore parfois en étant patient et curieux, (m')apparait avant tout aujourd'hui comme un lieu de communication politique creuse et d'affrontements stériles entre des gens qui, pour la plupart, ne jurent que par la « radicalité » et un sens complètement dévoyé de la « justice ». On peut du reste se demander combien représentent vraiment, quantitativement, l'activisme et l'opinion exprimés sur Twitter à l'échelle d'un pays : même si tout n'est pas à jeter et que l'on pourra toujours trouver du significatif dans le non-représentatif, il est regrettable que le monde journalistique, dans le sillage du monde politique, accorde autant d'importance à cet ersatz virtuel de la place publique, où les jugements à l'emporte-pièce font office d'arguments dans des « débats » qui n'en sont pas. Quand on ne cherche même plus à avoir raison, mais à avoir raison de l'autre, que reste-t-il à échanger à part des insultes ? Sans régulation, comme le revendique régulièrement Elon M. en bon libertarien, la porte est ouverte à tous les excès, la forme accompagnant généralement le fond en la matière.
Prenons un exemple, antérieur même de quelques mois au rachat de Twitter par ledit Elon M., que j'avais glané au hasard de la lecture, en mars 2022, d'un tweet de l'antenne régionale d'une chaîne française de télé publique : on venait d'annoncer l'agression mortelle, commise en prison, par un taré islamiste contre un co-détenu nationaliste corse indépendantiste par ailleurs reconnu coupable de l'assassinat d'un préfet (aucune sympathie pour l'un ou pour l'autre des prisonniers me concernant, mais la mort du détenu corse reste en soi une mort horrible, que l'on ne peut souhaiter à personne), et le président autonomiste de l'assemblée régionale de Corse invoquait, inévitablement, la responsabilité de l'État français dans cette affaire, ce que retranscrivait donc un tweet de France 3 Corse. Ledit tweet constitua une « bonne » occasion de « discuter » pour ceux que nous appellerons Mr C. et Mr P. : Mr C. est un nationaliste français de Corse, plutôt zemmouriste, tandis que Mr P. est un nationaliste corse indépendantiste anti-français ayant notamment tenu des propos orduriers contre la famille du préfet assassiné. Quand deux nationalistes antagonistes se rencontrent « par hasard » sur Twitter, qu'est-ce qu'ils se racontent ? Des histoires de nationalistes, comme on pouvait s'y attendre, ici à la sauce corse : http://www.jrrvf.com/fluxbb/img/725/168 … _2022_.png
Échanges rapidement injurieux, manipulations des périodes historiques (ici les XIIIe-XVIIIe et XXe siècles), volonté d'avoir raison de l'autre (au propos comme au figuré), violence comme seule issue in fine : tout y est. Un exemple parmi des milliers d'autres, certes pas forcément représentatif de tout ce qui peut se passer sur Twitter (et, en l'espèce, pas représentatif des Corses dans leur ensemble par ailleurs, bien évidemment), mais disons significatif – pour reprendre un mot de spécialiste des « rézosocios » – en matière de comportement en contexte excessivement permissif.
Bien évidemment, il ne faut pas trop espérer du nouveau patron qu'il montre l'exemple... En octobre dernier, à peine avait-il pris le pouvoir sur Twitter qu'Elon M. exprima son vif désir de faire revenir, sur le site de gazouillis désormais sien, au nom de la liberté d'expression, celui qui en avait été viré en janvier 2021 suite à son implication présidentielle dans l'assaut du Capitole aux États-Unis : Donald J. « FakeNews » Trump. L'expression de ce désir trumpophile muskien passa en particulier par un tweet faisant un usage peu subtil d'un dessin aquarellé de Manara, illustration d'un des Contes et Nouvelles en vers de Jean de La Fontaine, ce dont se fichait sans doute Elon M., qui ne faisait là en fait que reprendre un dessin déjà plusieurs fois auparavant utilisé comme « mème » sur la Toile. Le tweet en question, daté du 21 novembre dernier, à la fois puéril et vulgaire, mais peu surprenant de la part de l'intéressé, attira suffisamment l'attention pour que Milo Manara lui-même finisse par réagir, sur le réseau de Mark Z. le jour-même, avec humour mais en ne cachant pas pour autant sa désapprobation devant l'attitude puérile d'Elon M. compte tenu de ses responsabilités : https://www.facebook.com/story.php?stor … 0489019894
Quant à Trump, ça ne l'a pas fait revenir au pays des gazouillis... mais au point où on en est désormais sur Twitter, serait-ce bien nécessaire (d'en rajouter) ?
Fin de cette (longue) digression twittesque. Revenons à Oncle Berlu.
De Silvio Berlusconi, réélu sénateur italien l'année dernière, on trouvera ailleurs qu'ici ce qu'il faut savoir sur ses trois passages au Palazzo Chigi en tant que président du Conseil des ministres italien (entre 1994 et 2011), sur ses tribulations politiques à la tête de la droite italienne via son parti politique personnel (encore présent dans la coalition très à droite actuellement au pouvoir en Italie), sur son « empire » médiatique s'étendant dans les domaines de la presse, de l'édition et de l'audiovisuel (je me souviens encore un peu de La Cinq, même si cela remonte à loin), sur ses autres aventures d'homme d'affaires dans l'immobilier ou le football, et surtout sur ses multiples scandales avec poursuites judiciaires pour fraude fiscale, corruption judiciaire, corruption de sénateurs, pots-de-vin divers, faux témoignage, faux en bilan, financement illicite de parti politique, blanchiment d'argent, détournement de fonds, incitation à la prostitution de mineure, abus de pouvoir, etc. (j'ai l'impression en écrivant tout cela d'égrener, dans une version adaptée à la délinquance en col blanc, les méfaits d'un truand à la corde au cou dans un western de Sergio Leone... sachant toutefois qu'Oncle Berlu, lui, ne fut définitivement condamné « que » pour fraude fiscale, en 2013). Je note, puisque nous sommes sur un forum littéraire, que l'intéressé était notamment un lecteur d'Érasme, dont il fit une édition de l'Éloge de la folie et revendiquait cette citation : « La vraie sagesse ne dérive pas du raisonnement de l'esprit, mais plutôt d'une folie clairvoyante et prévoyante. » On a vu, dans son cas, ce que cela a donné, et in fine on peut comprendre qu'avoir décrété une journée de deuil national en Italie ait pu faire débat dans ce pays.
À l'occasion de sa disparition, c'est l'attitude de l'Église catholique qui aura surtout retenu mon attention. Je me souviens de l'époque où j'ai visité Rome pour la première fois, il y a plus de 21 ans, à un moment où la papauté y cohabitait avec Oncle Berlu : les deux parties en présence auront eu des relations pour le moins complexes... La mort venue, comment réagir au mieux ? À cette aune, lors de la messe des funérailles nationales mercredi, j'ai trouvé assez savoureux ce passage du discours de Mgr Mario Delpini, l'archevêque de Milan, passage où il a répondu à la question « que dire de Silvio Berlusconi ? » (“che cosa possiamo dire di Silvio Berlusconi?”) en disant notamment que « C'était un homme : un désir de vivre, un désir d'amour, un désir de joie » (“È stato un uomo: un desiderio di vita, un desiderio di amore, un desiderio di gioia”). Selon Vatican News, lundi dernier, le pape François, hospitalisé en même temps que Berlusconi mais sorti de la polyclinique depuis, a assuré la famille du défunt « de sa participation sincère au deuil d'un protagoniste de la vie politique italienne, qui a exercé des responsabilités publiques avec un tempérament énergique » et « a invoqué [de la part] du Seigneur la paix éternelle pour lui ». Plus direct et ironique, mais non sans élégance, le journal allemand Die Tageszeitung (ou Taz) a choisi d'évoquer l'évènement avec Le Jugement Dernier de Michel-Ange en illustration et ce titre à la une : “Berlusconi schon wieder vor Gericht” (« Berlusconi bientôt de nouveau au tribunal »).
Amen.
B.
(EDIT [03/07/2023]: suite à une remarque d'Elendil ci-après, ajout d'un "bientôt" à la traduction du titre allemand du journal Taz)
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Pas spécialement ma tasse de thé, Berlusconi. Cela m'a en tout cas fait sourire que tu aies pris la peine de lire et citer le sermon d'un évêque à propos d'un homme politique que tu ne dois pas vraiment apprécier non plus. Citation plutôt savoureuse, au demeurant (combien de double sens volontaires là-dedans ?). Un détail toutefois : schon wieder se traduirait plutôt « bientôt à nouveau » (logique, le Jugement Dernier n'est pas encore arrivé).
E.
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Voila des jours et des jours que je n'arrivais pas terminer ce message...
Que voulez-vous, n'en déplaise éventuellement aux pères de famille (supposés) responsables qui aiment se cacher derrière ce statut pour se dire occupés en sus de leurs activités professionnelles, ce n'est pas parce que vous n'avez pas de gosses à nourrir et à torcher (si vous me passez l'expression, plus populaire que vulgaire de toute façon) que votre emploi du temps n'est pas chargé pour autant... ^^'
Et puis, il y a par là-dessus le contexte de ces derniers jours en France : en ces temps moroses de violences urbaines (comme on dit pudiquement) où certains (toujours les mêmes) persistent à vouloir animer le "débat" public avec leur blabla hors-sol (même quand ils prétendent parler de "responsabilité" ou de "solidarité humaine"), leurs fantasmes de guerre civile et leurs diverses visions orientées des émeutes (que ces visions soient pseudo-révolutionnaire, "bourgeoise libérale", pseudo-écolo, raciste, pseudo-antiraciste, "romantique" ou pseudo-psychosociologique), je mesure le côté dérisoire du simple fait de se réveiller tous les jours dans ce monde et de ce que j'essaie de faire quotidiennement à tous les niveaux, y compris donc en matière d'écriture, ici "légèrement" comme dans le cadre d'un projet plus sérieux.
Même si se plaindre et se poser en victime ne m'a jamais intéressé, c'est dur de se sentir parfois n'être en accord avec personne, et de se sentir surtout finalement imbécile au milieu de milliards d'autres imbéciles (qui le plus souvent ne risquent pas de l'assumer), tous pommés sur une petite planète elle-même pommée dans une galaxie au milieu de milliards d'autres galaxies... Tel est là par essence, je suppose, le sentiment de l'absurde. Mais puisqu'il faut malgré tout, et dans la mesure du possible, savoir quoi faire du temps imparti, voila donc au moins, pour cette nuit, ce message.
Pas spécialement ma tasse de thé, Berlusconi.
Le contraire m'eût étonné. ;-)
Il n'est évidemment pas du tout ma tasse de thé, pour ce qui me concerne, mais il aura suffisamment marqué son époque pour ne pas laisser indifférent. Sans vraiment l'assumer, Sarkozy l'a beaucoup imité politiquement en France, sur le créneau de la « droite populaire et décomplexée » communiquant à outrance, et son goût pour une certaine brutalisation des institutions en Italie en fait une sorte de pionnier dans le domaine des comportements populistes à la Trump. Même si c'est avant tout la faillite des partis politiques italiens traditionnels, suite à l'opération Mani pulite, qui a permis l'ascension de Berlusconi à partir des années 1990, celui-ci porte, avec d'autres, par son absence de scrupules en matières d'alliances électorales, une lourde responsabilité dans la banalisation d'un certain nationalisme « post-fasciste » en Italie. Mais c'est surtout, du moins à mes yeux, l'influence personnelle du personnage dans le contexte socio-culturel de son pays qui aura laissé des traces dans les mémoires, dans un contexte de tyrannie des apparences avec toute l'hypocrisie qui va avec. Avant même son arrivée dans l'arène politique, Berlusconi avait déjà fait parler de lui en imposant, dans le paysage social et culturel italien via son « empire » médiatique, un modèle de télévision commerciale contre lequel s'érigea notamment le cinéaste Federico Fellini, lequel lutta longuement, avec d'autres, dans les années 1980, contre les coupures publicitaires imposées à l'écran lors de la diffusion de films de cinéma par les chaînes de télé d'Oncle Berlu. L'influence berlusconienne s'étant aussi exercée dans le monde de l'édition, elle fut aussi très contestée dans ce domaine par d'éminentes personnalités comme Umberto Eco, anti-berlusconiste notoire et qui mena en ce sens un projet d'anti-concentration éditoriale à travers une maison d'édition appelée « La Nave di Teseo ». Les tribulations politiques d'Oncle Berlu auront été, finalement, le « couronnement » d'une volonté d'influence personnelle dans un grand nombre de domaines d'activités, mais toujours dans ce contexte hypocrite de tyrannie des apparences dont j'ai parlé. J'avoue trouver, à cette aune, encore particulièrement symbolique la petite histoire de censure pudibonde qui aura marqué le début de la dernière période de gouvernance d'Oncle Berlu au Palais Chigi (2008-2011) et qui concerne un tableau de Tiepolo, ou plus exactement une reproduction de celui-ci.
Giambattista Tiepolo (1696-1770).
La Vérité dévoilée par le Temps, 1743 (détail).
Huile sur toile, 259 cm x 350 cm.
Vicenza, Museo Civico Palazzo Chiericati.
Le plus simple, pour évoquer rapidement cette petite histoire, est encore de citer une vieille dépêche AFP de l'époque, que j'ai retrouvé dans mes archives :
Cachez ce sein : Berlusconi sous les foudres des historiens de l'art
Le gouvernement italien de Silvio Berlusconi s'est attiré les foudres des historiens d'art pour avoir voilé le sein d'une peinture de Tiepolo qui sert de toile de fond à la salle de presse de la présidence du Conseil, rapporte mardi [5 août 2008] La Repubblica.
"Qui pourrait se sentir offensé face à la Vérité nue de Tiepolo ? C'est une sottise absolue", a réagi Antonio Paolucci, directeur des musées du Vatican et ancien ministre de la Culture.
Le Corriere della Sera a révélé ce week-end que le sein de la femme nue qui incarne la Vérité dans le célèbre tableau de Giambattista Tiepolo (1696-1770) La Vérité dévoilée par le temps avait été retouché pour en dissimuler le mamelon.
Une reproduction de ce tableau a été choisie par Silvio Berlusconi lors de son retour au pouvoir en mai dernier comme toile de fond de la salle de presse du Palais Chigi à Rome, siège du gouvernement.
"Que c'est triste (...). On ne peut pas cacher la Vérité, un sujet qui est représenté nu depuis des siècles. Ce Tiepolo aurait dû être laissé tel quel", a aussi critiqué Sandrina Bandera, conservateur de la pinacothèque de Brera, près de Milan.
"C'est du moralisme niais. L'entière histoire de l'art de la Renaissance puis de l'époque qui a suivie est pleine de nues (...) Ça ne vous fait pas rire quand on pense à ce qui est montré sur Canale 5", l'une des chaînes de télévision du groupe Mediaset de Silvio Berlusconi, a commenté Andrea Emiliani, un historien, ex-conservateur de la pinacothèque de Bologne (nord).
Ce sont les cameramen du gouvernement qui auraient pris l'initiative de dissimuler le sein de la Vérité pour qu'il n'apparaisse pas près du visage du chef du gouvernement afin d'épargner la sensibilité de certains téléspectateurs, selon des sources gouvernementales, citées par l'agence Ansa.
Dépêche de l'Agence France Presse, 05 août 2008, 11h58.
Anecdotique sans doute, mais tout de même assez significatif, n'est-ce-pas ?
(Rome, Palazzo Chigi, 5 août 2011)
Ainsi a-t-on pu voir, pendant ses dernières années d'exercice du pouvoir, Oncle Berlu effectuer ses conférences de presse devant une image de la Vérité voilée... soi-disant pour ne pas choquer alors que certains programmes de télévision de l'empire médiatique berlusconien étaient connus pour être loin d'avoir la même pudeur, et ceci dit sans même parler du comportement personnel sulfureux de Berlusconi à de multiples égards...
Je suis tombé, en août dernier, tard le soir, sur la diffusion dans ma télé (sur une chaîne du service public, donc sans coupures publicitaires) du film Loro (Silvio et les Autres en français) de Paolo Sorrentino, sorti en salles en 2018 (en deux parties en Italie et en un seul film en France). Sorrentino, dont je ne connais que peu la filmographie, a la réputation d'être un cinéaste italien travaillant dans le sillage artistique de Fellini, mais j'avoue ne pas avoir ressenti de filiation artistique très évidente (hormis peut-être dans l'absence de véritable trame narrative) avec ce film-là, qui est une évocation de Berlusconi centrée sur les années 2006-2010 (période des soirées "bunga bunga"). Le portrait qui est fait, dans ce long métrage au contenu inégal, à la fois d'Oncle Berlu, de son entourage et de ceux qui cherchent à en faire partie, ainsi que de la société italienne en général, est tragi-comique, à l'image de cette théâtralité à l'esthétique "bling-bling" masquant une inévitable vacuité qui aura été le propre, au fond, du berlusconisme.
Le point fort du film est son comédien principal interprétant Berlusconi, Toni Servillo, acteur fétiche du réalisateur qui est un peu à Sorrentino ce que Mastroianni fut à Fellini (il a notamment joué le rôle de l'ambiguë politicien chrétien-démocrate Giulio Andreotti dans un autre film de Sorrentino, que je n'ai pas vu : Il divo). Malgré les limites du propos du cinéaste, peut-être liées aux limites intrinsèques du sujet lui-même, Servillo est particulièrement convaincant en Berlu, sachant bien mettre en évidence le côté clownesque du personnage ainsi que sa dimension à la fois cynique et pathétiquement humaine. Si ma mémoire ne me fait pas défaut à quelques éventuels détails près, une séquence du film montre Oncle Berlu, un soir dans une de ses propriétés de luxe, en train d'appeler une Italienne trouvée complètement au hasard dans l'annuaire, une « Madame Tout-le-monde » à qui il va vendre par téléphone, sous une fausse identité, un projet immobilier bidon qu'il vient d'imaginer pour l'exercice, simplement afin de se prouver à lui-même que malgré les années qui ont passé, il est toujours capable de brillamment vendre n'importe quoi à n'importe qui, comme à ses débuts quand il vendait des produits d'électroménager en parallèle de ses études de droit. Et bien sûr, ça marche ! ^^'
À noter que Toni Servillo, dans un registre sensiblement plus grave, a notamment interprété, plus récemment et de façon aussi convaincante, le pape Paul VI dans Esterno notte, une mini-série télévisée italienne en six épisodes de Marco Bellocchio, évoquant l'enlèvement puis l'assassinat du politicien chrétien-démocrate Aldo Moro (ami de Paul VI) par les Brigades rouges, mini-série diffusée en France sur ARTE en mars dernier et qui est encore disponible en replay jusqu'au 12 juillet prochain : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-023478/esterno-notte/
Cela m'a en tout cas fait sourire que tu aies pris la peine de lire et citer le sermon d'un évêque à propos d'un homme politique que tu ne dois pas vraiment apprécier non plus. Citation plutôt savoureuse, au demeurant (combien de double sens volontaires là-dedans ?).
Comme tu dois le savoir, et quoique cela ne soit pas non plus systématique, on peut assez facilement s'ennuyer durant une messe : j'en ai notamment plusieurs fois fait l'expérience quand j'étais enfant, comme d'autres gosses dans les même circonstances du reste, et même si je n'étais pas turbulent pour autant. Or, quand c'est quelqu'un comme Berlusconi qui est l'objet de la cérémonie, on peut raisonnablement supposer que les choses qui seront dites, qui plus est dans le cadre d'obsèques nationales, auront possiblement une saveur ironique particulière. C'est donc dans cet esprit, sans avoir directement suivi la cérémonie funèbre en la cathédrale de Milan - j'avais tout de même autre chose à faire -, que j'ai donc pris connaissance, dans la foulée, du sermon de l'archevêque.
Un détail toutefois : schon wieder se traduirait plutôt « bientôt à nouveau » (logique, le Jugement Dernier n'est pas encore arrivé).
Merci, j'ai rajouté en conséquence un "bientôt" à la traduction dans mon précédent message. Figure-toi que j'avais précisément songé à te demander ton avis : même si tes années augsbourgeoises remontent à loin maintenant, tu es probablement plus familier que moi de la langue de Goethe.
Ces derniers jours, j'ai appris, comme d'autres, que Elon M. et Mark Z., les propriétaires des fameux « rézosocios » dont j'ai parlé dans mon précédent message et que j'utilise encore moi-même avec autant de parcimonie et de sélectivité que possible, laissent entendre, notamment dans un message sur Instagram pour Mark, qu'ils ont pour projet de prochainement se battre physiquement en duel, dans le cadre d'un combat de "MMA" (Mixed martial arts) devant avoir lieu « dans une cage à Las Vegas », pour reprendre les termes d'un article du Canard enchaîné de mercredi dernier (j'aime bien le titre) :
Or, vendredi dernier, 30 juin, Elon M. a laissé finalement entendre dans un tweet que son combat contre Mark Z. pourrait avoir lieu... au Colisée de Rome. Mais l'information a été ensuite démentie par le ministère de la Culture de l'actuel gouvernement italien (ministère dirigé par un petit personnage par ailleurs prompt, depuis sa prise de fonction, à taxer stupidement les droits photos de biens culturels publics italiens, si j'en crois un article de la Tribune de l'Art) : https://etcanada.com/news/1003169/itali … colosseum/
Bref, tout cela pour dire qu'Oncle Berlu n'est plus là pour voir ça, et que cela en est presque dommage, car même s'il n'était plus forcément « dans le coup » face des « géants » de la tech comme Elon et Mark, il s'y connaissait suffisamment en matière de spectacle médiatique pour partager son expertise dans la perspective d'un tel évènement "planétaire", surtout s'il devait avoir lieu dans la Ville éternelle...
Amicalement,
B.
P.S. (en guise d'appendice) : Cela fait quelques jours maintenant que j'ai de la compagnie animalière chez moi... Après les abeilles qui sont venus rendre visite aux fleurs de trèfle violet de mon balcon pour butiner, c'est au tour des oiseaux : un couple de rouges-queues (ou rougequeues) noirs (Phoenicurus ochruros) a installé son nid dans le conduit d'évacuation de ma chaudière VMC. J'ai essayé de les décourager car ce n'est pas particulièrement un endroit idéal, même si ces oiseaux rupestres, d'origine montagnarde, aiment de toute façon les lieux perchés en hauteur et qu'ils ce sont depuis longtemps adaptés au milieu urbain et à ses grands édifices. Ils se sont donc quand même installés. Ce n'est pas la première fois que j'ai droit à une nidification à cet endroit, même si cela ne se produit pas tous les ans, sans doute parce que mon modeste logis, situé en hauteur, n'est pas celui d'une résidence secondaire. Le conduit est protégé par une sorte de « grille » extérieure pouvant d'ailleurs servir de perchoir au dessus du vide, mais un petit oiseau essentiellement insectivore comme le rouge-queue noir peut entrer dans le conduit et en ressortir sans problème. J'espère que le nid, fait en principe de mousses, d'herbe et de racines, reste modeste, mais je ne peux pas le vérifier directement en l'état. Si on pouvait être en face du conduit le long du mur de l'immeuble, avec une nacelle, je suppose que ce que l'on verrait, sans la « grille » de protection extérieure, ressemblerait à peu près à ceci (le rouge-queue préférant généralement les pierres, en principe) :
(Photo : Viault - CC BY-SA 3.0)
Tous les jours, jusqu'à la tombée de la nuit, les deux parents, mâle et femelle, s'activent et font des allers et retours pour nourrir leurs oisillons (cinq ou six maximum) qui font un petit concert dès que l'un des parents arrive, pour réclamer chacun leur pitance. Si j'en crois mes deux ouvrages de référence, l'envol des jeunes rouges-queues a lieu à presque trois semaines, et ceux-ci sont nourris par les deux parents plusieurs jours après leur envol, à l'âge de 16 à 20 jours. Il pourrait y avoir d'autres pontes jusqu'en août, mais cela ne s'est jamais produit chez moi : une seule ponte et puis s'en va, du moins jusqu'ici. J'espère que les choses vont se passer sans trop de problèmes, même s'il y a sans doute toujours un risque, entre autres, que le conduit finisse par se boucher...
L'activité des animaux, et notamment des oiseaux, que j'avais eu largement l'occasion d'observer durant les confinements en 2020, me rappelle cette réflexion de Remy de Gourmont :
Quel est le but de la vie ? Le maintien de la vie.
Mais l'idée même de but est une illusion humaine. Il n'y a ni commencement, ni milieu, ni fin dans la série des causes. Ce qui est a été causé par ce qui fut, et ce qui sera a pour cause ce qui est. On ne peut concevoir ni un point de repos, ni un point de début. Née de la vie, la vie engendrera éternellement la vie. Elle le doit et elle le veut. Or, la vie est caractérisée sur la terre par l'existence d'individus groupés en espèces, c'est-à-dire ayant le pouvoir, un mâle s'étant uni à une femelle, de reproduire leur semblable. Qu'il s'agisse de la conjugaison interne des protozoaires, de la fécondation hermaphrodite, de la copulation des insectes ou des mammifères, l'acte est le même : il est commun à tout ce qui vit, et non pas seulement à l'animal, mais à la plante [...]. Entre tous les actes possibles, dans la possibilité que nous pouvons connaître ou imaginer, l'acte sexuel est donc le plus important de tous les actes. Sans lui, la vie s'arrêterait : mais il est absurde de supposer son absence puisque, dans ce cas, c'est la pensée même qui disparaît.
[...]
Les moralistes aiment les abeilles, dont ils tirent des exemples et des aphorismes. Elles nous conseillent le travail, l'ordre, l'économie, la prévoyance, l'obéissance et plusieurs autres vertus. Adonnez-vous au labeur, courageusement : la nature le veut. La nature veut tout. Elle est complaisante à toutes les activités et ne refuse aucune analogie à aucune de nos imaginations. Elle veut les constructions sociales de l'abeille : elle veut aussi la vie toute d'amour du grand paon, de l'osmie et du sitaris. Elle veut que les formes qu'elle a créées se conservent indéfiniment et pour cela tous les moyens lui sont bons. Mais si elle nous donne l'exemple laborieux de l'abeille, elle ne nous cache pas l'exemple polyandrique de la mante et de ses cruelles amours. Il n'y a pas dans la volonté de vivre la moindre trace de notre pauvre petite morale humaine. Si l'on veut une morale unique, c'est-à-dire un commandement universel, tel que toutes les espèces le puissent écouter, tel que, en fait, elles le suivent selon l'esprit et selon la lettre, si l'on veut, en d'autres termes, déterminer quel est le but de la vie et le devoir des êtres vivants, il faut évidemment trouver une formule qui totalise les contradictions, les brise et les transforme en une affirmation. Il n'y en a qu'une et on la répétera, sans craindre et sans permettre aucune objection : le but de la vie est le maintien de la vie.
Remy de Gourmont (1858-1915), Physique de l'Amour. Essai sur l'instinct sexuel, 1903, Chapitre II « But de la vie ».
Bonne nuit,
B.
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Anecdotique sans doute, mais tout de même assez significatif, n'est-ce-pas ?
Je dirais même que c'est significatif à plusieurs niveaux de lecture ; c'est très amusant, je trouve (du moment que c'était une reproduction et non l'original, sans quoi cela s'apparenterait plus à du vandalisme).
Comme tu dois le savoir, et quoique cela ne soit pas non plus systématique, on peut assez facilement s'ennuyer durant une messe : j'en ai notamment plusieurs fois fait l'expérience quand j'étais enfant, comme d'autres gosses dans les même circonstances du reste, et même si je n'étais pas turbulent pour autant.
Je n'y allais pas régulièrement lorsque j'étais enfant, mais j'avoue volontiers que l'ennui était mon sentiment le plus fréquent dans ces circonstances. Je pense qu'il faut fournir un minimum d'explications et d'accompagnement si l'on souhaite qu'un enfant en profite, ce qui n'a pas été le cas pour moi. La messe est une expérience qui est soit mystique (si l'on a de la chance), soit très intellectuelle. C'est donc naturellement assez difficile pour les enfants, d'autant qu'avant un certain âge, il leur est difficile de rester calmes sans interruption pendant une heure.
En tout cas, maintenant que la question concerne la génération d'après, je constate qu'après une phase de turbulence intense vers deux ans, où l'objectif affiché était de courir partout, Eldacar et Almáriel sont beaucoup plus tranquilles et ne semblent plus s'y ennuyer. Les livres d'image y sont pour beaucoup. Etant plus posés, il leur arrive même de s'intéresser à ce qui se passe du côté de l'autel...
Cela fait quelques jours maintenant que j'ai de la compagnie animalière chez moi... Après les abeilles qui sont venus rendre visite aux fleurs de trèfle violet de mon balcon pour butiner, c'est au tour des oiseaux : un couple de rouges-queues (ou rougequeues) noirs (Phoenicurus ochruros) a installé son nid dans le conduit d'évacuation de ma chaudière VMC.
C'est très amusant, car il y a justement un couple de rouges-queues à bande blanche (si j'ai bien identifié l'espèce) qui s'est mis à nicher sur une poutre contre le mur de notre cuisine d'été. J'observe les vas-et-viens pendant les repas, mais avec discrétion, car dès qu'ils constatent qu'on les observe, ils se réfugient dans l'arbre le plus proche. Je crains cependant que la nichée ne soit envolée lorsqu'arriveront les participants au moot. (Quant aux mésanges charbonnières qui ont fait leur première nichée de l'année au printemps dans une des amphores décoratives du jardin, voilà longtemps qu'elles sont parties et j'ignore où elles ont fait leur nid après... je n'ai pas trop le temps de fureter pour les retrouver.)
E.
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Hyarion a écrit :Comme tu dois le savoir, et quoique cela ne soit pas non plus systématique, on peut assez facilement s'ennuyer durant une messe : j'en ai notamment plusieurs fois fait l'expérience quand j'étais enfant, comme d'autres gosses dans les même circonstances du reste, et même si je n'étais pas turbulent pour autant.
Je n'y allais pas régulièrement lorsque j'étais enfant, mais j'avoue volontiers que l'ennui était mon sentiment le plus fréquent dans ces circonstances. Je pense qu'il faut fournir un minimum d'explications et d'accompagnement si l'on souhaite qu'un enfant en profite, ce qui n'a pas été le cas pour moi. La messe est une expérience qui est soit mystique (si l'on a de la chance), soit très intellectuelle. C'est donc naturellement assez difficile pour les enfants, d'autant qu'avant un certain âge, il leur est difficile de rester calmes sans interruption pendant une heure.
En tout cas, maintenant que la question concerne la génération d'après, je constate qu'après une phase de turbulence intense vers deux ans, où l'objectif affiché était de courir partout, Eldacar et Almáriel sont beaucoup plus tranquilles et ne semblent plus s'y ennuyer. Les livres d'image y sont pour beaucoup. Etant plus posés, il leur arrive même de s'intéresser à ce qui se passe du côté de l'autel... ;)
Sans être évidemment un grand spécialiste (mais faut-il forcément l'être quand on n'oublie pas que l'on a soi-même été un enfant ?), je pense qu'il n'est jamais évident de faire participer de trop jeunes enfants à ce genre d'activité, essentiellement destinée aux "grandes personnes", au moins avant l'âge de 3 ou 4 ans, les enfants développant alors leur horizon mental d'une façon qui ne tient pas encore pleinement compte de toutes les règles de vie en société (ou même seulement en famille). Cela vaut évidemment pour toute activité en public, hors connotation religieuse : la Cinémathèque de Toulouse propose, par exemple, des séances de films de cinéma pour tout-petits, en précisant "dès 3 ans" ou "dès 4 ans" comme minimum d'âge. Ceci étant dit, vis-à-vis du contexte de familles chrétiennes pratiquantes, je peux comprendre qu'il y ait aussi une question prosaïque de garde des enfants en bas âge qui se pose à l'heure d'assister aux offices, parallèlement à d'autres considérations proprement religieuses.
Pour ce qui me concerne, c'est essentiellement ma grand-mère qui m'emmenait à la messe, en ville ou à la campagne, à partir d'un âge où à la fois on ne pouvait me laisser seul à la maison et où j'étais déjà capable de "me tenir comme il faut", donc au plus tôt vers 5 ou 6 ans, je pense. Ce n'était pas très souvent, car on ne m'a jamais forcé en rien dans le domaine spirituel, mais c'était parfois mémorable. Je ne sais plus si j'ai déjà raconté ça, mais il est arrivé que j'assiste, dans l'église du grand village (ou petit bourg) rouergat à la sortie duquel se trouvait la maison de campagne dont j'ai déjà parlé ici et là, à certaines messes d'un curé de campagne lors desquelles celui-ci officiait généralement en habits sacerdotaux de style ancien, d'avant Vatican II, parfois en plein après-midi d'été avec seulement trois personnes dans l'église (lui, ma grand-mère et moi) et qui pouvait aller (quand il y avait du monde) jusqu'à faire un sermon en chaire (très impressionnant, surtout quand on est enfant et assis sur un banc juste en dessous de la chaire), dans cette vieille église rurale, au chevet et au transept romans, qui souffrit des guerres de religion entre catholiques et protestants et fut plusieurs fois restaurée. Il faudrait que j'aille vérifier sur place, mais dans mon souvenir, la chaire à prêcher, ancienne (possiblement du XVIIIe ou XIXe siècle), était accessible par un petit escalier en bois montant le long d'une colonne et était juste assez grande pour que le prêtre s'y installe debout le temps de son discours. Ce sont là de vieux souvenirs de la fin des années 1980 et du tout début des années 1990, et j'y repense tout de même avec le sourire car, s'agissant de ce curé de campagne, pour le moins traditionaliste, on a appris plus tard, après sa disparition, qu'il avait discrètement partagé sa vie, durant son ministère, avec une femme (la nature exacte de la relation resta cependant à l'appréciation de chacun, sachant que l'on était assez coutumier des racontars dans ce village, où l'on s'épiait volontiers). Tout cela contrastait en tout cas avec la vie religieuse que j'ai pu connaître parallèlement dès cette époque en ville, en particulier dans une paroisse organisée autour d'une église moderne construite au début des années 1960 et orientée dans le sens de Vatican II sur la forme comme sur le fond.
Pour en revenir à l'appréhension étant enfant de la messe de façon plus générale, comme je l'ai dit, il était assez facile de s'y ennuyer, mais j'essayais quand même de suivre ce qui se passait, ce qui se disait, et de me conformer aux rituels. S'asseoir, se lever, s'agenouiller, baisser la tête, faire les trois petits signes de croix sur le front, la bouche et le cœur, etc. : dans le mesure du possible, je m'efforçais de suivre le mouvement, même si on me disait parfois, du moins à certains moments, que je pouvais rester assis quand les adultes restaient debout. Comme j'étais déjà un lecteur assidu à l'époque, mais en principe sans me permettre de lire des livres personnels durant l'office, je m'efforçais de trouver de l'intérêt à la lecture d'un des missels disposés sur les bancs : amateur de livres sur les animaux, je trouvais qu'il n'en était pas beaucoup question dans le livre de prière, sauf pour évoquer un certain Agneau de Dieu de façon symbolique...
Plus tard est venu le temps de la participation à la communion — avec la question de savoir si l'hostie, que j'ai tout de suite préféré recevoir dans mes mains jointes plutôt que directement dans la bouche, était vraiment censée être le corps du Christ —, puis le développement naturel d'un nécessaire esprit critique vis-à-vis de l'Église, même si jeune adulte il m'arrivait encore d'accompagner à l'occasion ma grand-mère aux offices, tant qu'elle était autonome. Lors de ma visite à Rome il y a plus de 21 ans, quand j'étais étudiant (avec Berlu alors au pouvoir en Italie), c'est pour ma grand-mère que je suis allé jusqu'à la chapelle du Saint-Sacrement, ouverte uniquement pour la prière, dans la Basilique Saint-Pierre au Vatican... Encore aujourd'hui, alors que d'autres préfèrent doctement s'appuyer sur la TOB, c'est l'exemplaire de la Bible de Jérusalem de ma grand-mère, que je lui avais offert et qui m'est revenu à son décès, que je continue depuis à utiliser comme référence...
Enfin bref, étant personnellement aujourd'hui et depuis longtemps sensiblement éloigné d'un rapport de soumission de la raison à un paradigme religieux totalisant quel qu'il soit (chrétien, musulman ou autre...), mon rapport au catholicisme est pour le moins très personnel : j'avoue à cette aune, et songeant à certains échanges passés en ces lieux, que je ne suis pas sûr que les lecteurs inconditionnels, par exemple, d'un Rémi Brague (ce Chesterton mandarinal à la française, "catho-anxieux" ou du moins "catho-préoccupé" vis-à-vis de ce que Yyr a appelé ailleurs "une islamisation de nos référentiels", auteur souvent cité en ces lieux mais avec toutes les limites que cela suppose en matière de pertinence) puissent vraiment y comprendre quelque-chose... mais bon, pour conclure en restant amical sur ce terrain hélas toujours potentiellement miné : à chacun son vécu...
Hyarion a écrit :Cela fait quelques jours maintenant que j'ai de la compagnie animalière chez moi... Après les abeilles qui sont venus rendre visite aux fleurs de trèfle violet de mon balcon pour butiner, c'est au tour des oiseaux : un couple de rouges-queues (ou rougequeues) noirs (Phoenicurus ochruros) a installé son nid dans le conduit d'évacuation de ma chaudière VMC.
C'est très amusant, car il y a justement un couple de rouges-queues à bande blanche (si j'ai bien identifié l'espèce) qui s'est mis à nicher sur une poutre contre le mur de notre cuisine d'été.
Le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) a plus ou moins la même taille que le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) et ils ont tous les deux la queue rousse, mais le mâle du rouge-queue à front blanc se distingue par sa poitrine orangée et son bandeau blanc frontal, tandis que le mâle du rouge-queue noir se reconnaît à sa tâche blanche sur l'aile et à sa face et sa gorge noires. Les femelles des deux espèces se ressemblent beaucoup plus, outre leur queue également rousse, avec un plumage où se mêlent le gris et le brun, quoique le dessous de la femelle du rouge-queue à front blanc soit plus roussâtre et que celui de la femelle du rouge-queue noir soit lui plus gris.
J'observe les vas-et-viens pendant les repas, mais avec discrétion, car dès qu'ils constatent qu'on les observe, ils se réfugient dans l'arbre le plus proche.
Je crois que les rouges-queues, quelle que soit l'espèce, ont en commun à la fois un comportement globalement peu farouche vis-à-vis de l'être humain dont ils ne craignent pas d'investir l'environnement mais aussi un réflexe de fuite ou de recul dès qu'ils se sentent observés : j'ai moi-même pu le vérifier plusieurs fois en voyant le mâle ou la femelle du couple de rouges-queues noirs ne pas hésiter à se poser sur le rebord de ma fenêtre située tout près de la chaudière, et y rester ainsi au moins quelques instants alors que je suis tout près, caché simplement derrière la vitre et un léger rideau blanc partiellement transparent, tandis que d'autres fois, je peux les voir adopter des mouvements de fuite ou parfois seulement de recul avec vol stationnaire (un peu comme les colibris) dès qu'ils m'aperçoivent à travers la fenêtre lorsque celle-ci est ouverte et que le rideau est tiré (ouvert lui aussi).
Je crains cependant que la nichée ne soit envolée lorsqu'arriveront les participants au moot.
C'est fort possible, sachant du reste que le mois de juillet est une période un peu tardive pour une nichée du rouge-queue à front blanc, qui est un oiseau migrateur (visible de mars à octobre en France) dont la saison des amours en nos contrées coïncide surtout avec le printemps. Le rouge-queue noir est aussi migrateur (quoiqu'on puisse le voir toute l'année en France) mais peut continuer à nicher un peu plus tard durant l'été, jusqu'en août comme je l'ai évoqué précédemment. En ce qui me concerne, du côté du nid dans le conduit de ma chaudière, après plusieurs jours de nourrissage régulier de la part des parents, il semble que les trois ou quatre jeunes rouge-queues noirs se soient décidés à quitter le nid, pour de bon, pas plus tard que ce matin : l'un d'eux, plus maladroit que les autres pour ce qui est de se poser sur une hauteur en milieu urbain, a tout de même suivi le mouvement de l'envol général, et les voila donc tous partis en ce dimanche "pré-caniculaire", laissant le silence derrière eux. Les deux parents voletant toutefois encore un peu dans le secteur, je verrais bien si le couple décide de nicher à nouveau au même endroit, soit encore cet été ou bien l'année prochaine...
Quant aux mésanges charbonnières qui ont fait leur première nichée de l'année au printemps dans une des amphores décoratives du jardin, voilà longtemps qu'elles sont parties et j'ignore où elles ont fait leur nid après... je n'ai pas trop le temps de fureter pour les retrouver.
Je vois parfois aussi des mésanges charbonnières dans mon quartier, parmi beaucoup d'autres oiseaux, outre le rouge-queue noir, qui apprécient le milieu urbain pour peu qu'il y aient des jardins, parcs et autres espaces verts : merle noir (dont la femelle, brune, ressemble un peu à la grive musicienne), moineau domestique, rouge-gorge familier, chardonneret élégant, martinet noir, étourneau sansonnet, tourterelle turque, pigeon ramier (ou palombe), pigeon biset, pie bavarde, etc., et même bergeronnette grise, mouette, goéland et grand cormoran lorsque l'on se rapproche du canal du Midi ou de la Garonne (depuis quelques années, dans certains quartiers de Toulouse, on peut aussi parfois voir et surtout entendre la perruche à collier, introduite en France...). Outre les pigeons, les oiseaux les plus visibles et actifs toute l'année de mon point de vue sont sans doute les merles noirs : ce sont eux que je vois (assez souvent en couple) et que j'entends chanter le plus fréquemment, autour de chez moi ou depuis mes fenêtres, les arbres, buissons et haies qu'ils apprécient ne manquant pas dans le coin.
Amicalement,
B.
[EDIT (09/07/2023): correction de fautes et complément illustratif]
[EDIT 2 (10/07/2023): nouvelles corrections de fautes (on ne se relit jamais assez...)]
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Cela vaut évidemment pour toute activité en public, hors connotation religieuse : la Cinémathèque de Toulouse propose, par exemple, des séances de films de cinéma pour tout-petits, en précisant "dès 3 ans" ou "dès 4 ans" comme minimum d'âge. Ceci étant dit, vis-à-vis du contexte de familles chrétiennes pratiquantes, je peux comprendre qu'il y ait aussi une question prosaïque de garde des enfants en bas âge qui se pose à l'heure d'assister aux offices, parallèlement à d'autres considérations proprement religieuses.
C'est exactement cela. J'avais notamment envie de faire découvrir le Carnaval des Animaux aux jumeaux cet automne, vu qu'il sera donné à Aix, mais Írimenya m'a déconseillé de prendre des places, me disant que c'était un classique de l'école élémentaire, mais que les enseignants ne faisaient assister les élèves qu'à partir du CP. Vu qu'Eldacar et Almáriel rentreront tout juste en petite section en septembre, malgré une assez grande maturité pour leur âge, c'est sans doute encore trop tôt.
Pour la messe, il y a surtout une préoccupation logistique de notre côté, quoique nous ne considérions pas qu'une découverte précoce soit forcément un problème du moment que l'enfant peut s'occuper sans s'ennuyer et sans déranger (trop) ses voisins de banc. Du côté des livres d'images, nous avons constaté que ceux de Maïté Roche étaient à la fois intéressants pour les enfants et dotés d'une thématique adéquate, aussi bien les anciens (qui avaient dû être achetés pour moi ou pour mes cousins) que les nouveaux (qu'on nous a offerts). Quelques exemples :
Il y est d'ailleurs souvent questions d'animaux (ce qui plaît beaucoup aux enfants, témoin l'histoire du bon berger, qui fait partie de leurs favorites).
Le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) a plus ou moins la même taille que le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) et ils ont tous les deux la queue rousse, mais le mâle du rouge-queue à front blanc se distingue par sa poitrine orangée et son bandeau blanc frontal, tandis que le mâle du rouge-queue noir se reconnaît à sa tâche blanche sur l'aile et à sa face et sa gorge noires. Les femelles des deux espèces se ressemblent beaucoup plus, outre leur queue également rousse, avec un plumage où se mêlent le gris et le brun, quoique le dessous de la femelle du rouge-queue à front blanc soit plus roussâtre et que celui de la femelle du rouge-queue noir soit lui plus gris.
Merci pour les illustrations, cela rejoint bien mon identification première. Je confirme tout à fait le vol stationnaire et le demi-tour brutal s'ils croient à un danger. J'ai encore observé des aller-retours des parents ce matin. Qui sait ?
Je vois parfois aussi des mésanges charbonnières dans mon quartier, parmi beaucoup d'autres oiseaux, outre le rouge-queue noir, qui apprécient le milieu urbain pour peu qu'il y aient des jardins, parcs et autres espaces verts : merle noir (dont la femelle, brune, ressemble un peu à la grive musicienne), moineau domestique, rouge-gorge familier, chardonneret élégant, martinet noir, étourneau sansonnet, tourterelle turque, pigeon ramier (ou palombe), pigeon biset, pie bavarde, etc., et même bergeronnette grise, mouette, goéland et grand cormoran lorsque l'on se rapproche du canal du Midi ou de la Garonne (depuis quelques années, dans certains quartiers de Toulouse, on peut aussi parfois voir et surtout entendre la perruche à collier, introduite en France...). Outre les pigeons, les oiseaux plus visibles et actifs toute l'année de mon point de vue sont sans doute les merles noirs : ce sont eux que je vois (assez souvent en couple) et que j'entends chanter le plus fréquemment, autour de chez moi ou depuis mes fenêtres, les arbres, buissons et haies qu'ils apprécient ne manquant pas dans le coin.
De notre côté, nous voyons aussi de temps en temps des rouges-gorges et des geais, ainsi que des hirondelles de cheminée et des mouettes, qui ne nichent pas sur place. Les rossignols sont nombreux, mais difficiles à observer. Les oiseaux les plus fréquemment observés sont les ramiers, les tourterelles et les pies (sans parler de nos poules, évidemment). Il faut dire aussi que nous n'avons guère le loisir de guetter le passage de chacun des passereaux qui sont nombreux à chanter dans les chênes et les pins. D'ici quelques années, ce sera une excellente activité pour les enfants.
E.
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Qui a raison et qui a tort ? Emma Bovary est-elle insupportable ? Ou courageuse et touchante ? Et Werther ? Sensible et noble ? Ou un sentimental agressif, amoureux de lui-même ? Plus attentivement on lit le roman, plus la réponse devient impossible car, par définition, le roman est l'art ironique : sa « vérité » est cachée, non prononcée, non-prononçable. « Souvenez-vous, Razumov, que les femmes, les enfants et les révolutionnaires exècrent l'ironie, négation de tous les instincts généreux, de toute foi, de tout dévouement, de toute action ! » laisse dire Joseph Conrad à une révolutionnaire russe dans Sous les yeux de l'Occident. L'ironie irrite. Non pas qu'elle se moque ou qu'elle attaque mais parce qu'elle nous prive des certitudes en dévoilant le monde comme ambiguïté. Leonardo Sciascia : « Rien de plus difficile à comprendre, de plus indéchiffrable que l'ironie. » Inutile de vouloir rendre un roman « difficile » par affectation de style ; chaque roman digne de ce nom, si limpide soit-il, est suffisamment difficile par sa consubstantielle ironie.
Milan Kundera, L'art du roman, Paris, Gallimard, 1986, rééd. Folio, 1995, 2022, Sixième partie « Soixante-neuf mots », « IRONIE », p. 155-156.
RIP Milan Kundera (1929-2023)
https://www.radiofrance.fr/francecultur … ra-5794647
https://www.francetvinfo.fr/culture/liv … 45912.html
https://www.francetvinfo.fr/culture/liv … 45969.html
Peace and Love,
B.
P.S.: je répondrais un peu plus tard au message qui précède celui-ci.
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Hyarion a écrit :Le rouge-queue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus) a plus ou moins la même taille que le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) et ils ont tous les deux la queue rousse, mais le mâle du rouge-queue à front blanc se distingue par sa poitrine orangée et son bandeau blanc frontal, tandis que le mâle du rouge-queue noir se reconnaît à sa tâche blanche sur l'aile et à sa face et sa gorge noires. Les femelles des deux espèces se ressemblent beaucoup plus, outre leur queue également rousse, avec un plumage où se mêlent le gris et le brun, quoique le dessous de la femelle du rouge-queue à front blanc soit plus roussâtre et que celui de la femelle du rouge-queue noir soit lui plus gris.
Merci pour les illustrations, cela rejoint bien mon identification première. Je confirme tout à fait le vol stationnaire et le demi-tour brutal s'ils croient à un danger. J'ai encore observé des aller-retours des parents ce matin. Qui sait ?
Tu pourras (ou auras pu) sans doute vérifier ce qu'il en est dès ce vendredi...
Pour ma part, le couple de rouges-queues noirs n'est pas revenu dans le conduit de ma chaudière, mais il est toujours présent dans les environs : je ne serais pas surpris qu'il ait choisi un autre endroit, à proximité dans ma résidence, pour éventuellement nidifier à nouveau.
Hyarion a écrit :Je vois parfois aussi des mésanges charbonnières dans mon quartier, parmi beaucoup d'autres oiseaux, outre le rouge-queue noir, qui apprécient le milieu urbain pour peu qu'il y aient des jardins, parcs et autres espaces verts : merle noir (dont la femelle, brune, ressemble un peu à la grive musicienne), moineau domestique, rouge-gorge familier, chardonneret élégant, martinet noir, étourneau sansonnet, tourterelle turque, pigeon ramier (ou palombe), pigeon biset, pie bavarde, etc., et même bergeronnette grise, mouette, goéland et grand cormoran lorsque l'on se rapproche du canal du Midi ou de la Garonne (depuis quelques années, dans certains quartiers de Toulouse, on peut aussi parfois voir et surtout entendre la perruche à collier, introduite en France...). Outre les pigeons, les oiseaux plus visibles et actifs toute l'année de mon point de vue sont sans doute les merles noirs : ce sont eux que je vois (assez souvent en couple) et que j'entends chanter le plus fréquemment, autour de chez moi ou depuis mes fenêtres, les arbres, buissons et haies qu'ils apprécient ne manquant pas dans le coin.
De notre côté, nous voyons aussi de temps en temps des rouges-gorges et des geais, ainsi que des hirondelles de cheminée et des mouettes, qui ne nichent pas sur place. Les rossignols sont nombreux, mais difficiles à observer. Les oiseaux les plus fréquemment observés sont les ramiers, les tourterelles et les pies (sans parler de nos poules, évidemment). Il faut dire aussi que nous n'avons guère le loisir de guetter le passage de chacun des passereaux qui sont nombreux à chanter dans les chênes et les pins. D'ici quelques années, ce sera une excellente activité pour les enfants.
Parmi les oiseaux observables dans mon quartier et plus largement à Toulouse, j'ai oublié, l'autre jour, de mentionner l'évidente présence du canard colvert, qui fréquente naturellement les eaux et les berges du canal du Midi et de la Garonne : peut-être plus encore que les pigeons et les merles, les canards sont plutôt faciles à observer, à l'aise qu'ils sont dans leur milieu aquatique, même dans une ambiance très urbaine, et ils figurent parmi les oiseaux les plus enclins à se laisser prendre en photo, même s'ils ne tiennent pas non plus à ce que l'on s'approche d'eux de trop près. De fait, depuis le temps que j'habite dans la Ville rose, j'ai bien souvent eu l'occasion d'en photographier, dans des ambiances de couleurs et de lumière parfois quasi-impressionnistes, soit des canards mâles évoluant en petit groupe, soit des mâles et femelles en couple, soit des canes seules avec leurs petits canetons.
Je répondrais un peu plus tard concernant la littérature pour la jeunesse à thématique biblique : fouiller dans mes propres souvenirs personnels et procéder ces jours-ci à quelques vérifications bibliographiques demande un peu de temps.
Amicalement,
B.
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Dans les années 1970, on disait à ma mère qu'elle lui ressemblait. Au-delà de cela et de cette période, ma mère l'aimait beaucoup.
Je recommande la lecture de ses mémoires — issus de son journal intime (interrompu à la mort de sa fille Kate Barry), dont elle a choisi des extraits, traduits de l'anglais, commentés et annotés par elle entre 2016 et 2019 — publiés en deux volumes (Munkey Diaries : journal, 1957-1982 et Post-Scriptum : journal, 1982-2013) notamment dans la collection du Livre de Poche de la Librairie Générale Française.
RIP Jane Mallory Birkin, dite Jane Birkin (1946-2023)
https://www.radiofrance.fr/francecultur … ait-intime
Peace and Love,
B.
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Le film qu'elle a réalisé "Boxes" n'est pas le chef-d'oeuvre du siècle mais est assez beau et raconte beaucoup de sa vie...
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A la veille de la fête des 25 ans de JRRVF dans la demeure provençale d'Elendil, Charles E. Noad, 75 ans, nous quittait.
Nous ne l'apprenons pour notre part qu'aujourd'hui.
Régulièrement cité par JRRVF et la Compagnie de la Comté au début des années 2000, Noad était, entre autres choses, un des membres les plus anciens de la Tolkien society anglaise (51 ans !), et un de ces Tolkieniens de l'ombre dont le travail, peu connu (en France, et particulièrement chez les spécialistes de Tolkien chez Hiteck et chez Jeux Video.com...), aura eu une importance majeure pour la connaissance et la transmission des œuvres de Tolkien jusqu'à nous.
Il a écrit en mars 1977, quelques mois avant la publication du Silmarillion , un livre à peu près oublié par tout le monde, The Trees, the Jewels and the Rings: A Discursive Inquiry Into Things Little Known on Middle-earth qui anticipait et spéculait sur ce qu'aurait pu être le Silmarillion si Tolkien l'avait publié de son vivant.
Il a récidivé en 2000 avec un article important, "On the Construction of The Silmarillion", dans le livre de Flieger et Hostetter, Tolkien's Legendarium, dont le compte-rendu est disponible dans la Feuille N°1 (pour les heureux possesseurs de ladite Feuille) - et également disponible ici pour les visiteurs de JRRVF.
Michael/Eruvike en parle un peu dans ce vieux fuseau pré-jacksonien.
Noad a par la suite travaillé à plusieurs reprises avec Christopher Tolkien durant ces 30 dernières années. Il a notamment relu les épreuves de plusieurs tomes de HoME et aussi History of The Hobbit, de Rateliff.
En tant que membre très actif et très apprécié de la TS, il a également publié un très grand nombre d'articles pour Hamon Hen, ou Mallorn.
Vous trouverez sa nécrologie sur le site de la TS:
https://www.tolkiensociety.org/2023/07/ … Mgn9Q5GvBA
Et la liste de ses nombreuses contributions sur le portail de Tolkien gateway
Qu'il repose en paix.
RIP Charles E. Noad (1947-2023).
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Whâou.
Merci pour ce tissage Isengar !!
Yyr
Un ancien informaticien analyste programmeur, un type bien, certainement ;).
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Bel hommage Isengar et, pour moi, découverte tardive de ce grand contributeur à la diffusion de l’œuvre de Tolkien.
Merci
S
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Je répondrais un peu plus tard concernant la littérature pour la jeunesse à thématique biblique : fouiller dans mes propres souvenirs personnels et procéder ces jours-ci à quelques vérifications bibliographiques demande un peu de temps.
Comme annoncé il y a quelques jours, je reviens donc répondre à ce sujet.
Du côté des livres d'images, nous avons constaté que ceux de Maïté Roche étaient à la fois intéressants pour les enfants et dotés d'une thématique adéquate, aussi bien les anciens (qui avaient dû être achetés pour moi ou pour mes cousins) que les nouveaux (qu'on nous a offerts). [...]
Il y est d'ailleurs souvent questions d'animaux (ce qui plaît beaucoup aux enfants, témoin l'histoire du bon berger, qui fait partie de leurs favorites).
Bien que Maïté Roche soit active, au moins comme illustratrice, depuis la deuxième moitié des années 1970 (elle a plus de 70 ans aujourd'hui), je ne me rappelle pas d'avoir vu ses livres autrement qu'en vitrine de librairies spécialisées, et en étant déjà adulte.
Pour tout ce qui suit, qui est « un peu » long (on ne se refait pas !), je me permets de revenir à une écriture avec une taille de police de caractères « normale », d'abord pour un meilleur confort de lecture et aussi parce que la conclusion rejoint in fine l'objet du présent fuseau.
François Truffaut déclarait, au début des années 1980 : « Je crois comme Simenon qu'on travaille avec tout ce qui nous est arrivé entre la naissance et l'âge de quatorze ans ». Si c'est vrai, au-delà de la question du vécu, qu'il fut heureux ou malheureux, stimulant ou ennuyeux, je pense que les livres que l'on a lu durant cette période nous marque forcément de façon particulière, quelle que soit notre créativité et plus généralement nos pensées et nos actions.
Concernant le sujet qui nous occupe, de façon générale, et ayant par ailleurs effectué toute ma scolarité à l'école publique, en dehors de la lecture directe des Évangiles par la médiation de ma grand-mère, je ne me souviens pas beaucoup des lectures chrétiennes proprement confessionnelles que j'ai pu faire quand j'étais enfant, même si ça n'a pas eu lieu avant l'âge de 8 ou 9 ans. Je me souviens toutefois de livres-albums documentaires de type questions-réponses pour la jeunesse chrétienne qui m'avaient été prêtés par la paroisse, et je reconnaîtrais sans doute leurs couvertures si je les voyais exposées dans une bouquinerie, mais je ne saurais pas citer actuellement de références précises.
Par contre, je me souviens très bien de livres documentaires, à thématique biblique, pour la jeunesse, destinés à un audience un peu plus généraliste, dont on m'avait offert des exemplaires que je possède toujours. C'est de ces livres-là, certes déjà un peu anciens mais restant intéressants et bien faits, dont il sera question infra.
Entre 10 et 11 ans, j'ai découvert Le Livre de la Bible, paru en deux volumes (un par Testament) que l'on m'avait offert (l'un après l'autre, je crois) et qui ont été initialement publiés en 1985 et 1987 chez Gallimard, dans l'ancienne collection de livres documentaires de poche « Découverte Cadet » que j'appréciais beaucoup. Présentés par Jacques Musset (ancien prêtre catholique qui s'est ensuite marié, âgé aujourd'hui de 87 ans) et illustrés par de nombreux artistes, il s'agissait de deux volumes collectifs dont voici les références pour ce qui me concerne :
Le Livre de la Bible. L'Ancien Testament : édition originale Gallimard 1985, rééd. 1992 (ISBN 2-07-039497-2 ou 978-2070394975)
Le Livre de la Bible. Le Nouveau Testament : édition originale Gallimard 1987, rééd. 1992 (ISBN 2-07-039533-2 ou 978-2070395330)
Les deux volumes ont été réédités plus tard, d'abord encore séparément puis finalement en étant réunis en un volume unique à partir de 2003.
Ce Livre de la Bible, en particulier s'agissant du premier volume, a une petite histoire concernant une de ses illustrations, une histoire qui ne m'a pas été racontée, mais que j'ai plus ou moins déduite au fil du temps, d'abord en étant intrigué dès l'occasion de mes premières lectures, puis plus tard en constatant l'évolution des choses en jetant de temps en temps un coup d'œil sur les rééditions de l'ouvrage.
Mais avant d'aller plus loin, il me faut prendre le temps ici d'évoquer l'illustrateur concerné par cette petite histoire, à savoir Christian Broutin, également peintre, sculpteur et affichiste. Du reste, de façon générale, le domaine de l'illustration mérite toujours que l'on en parle, plutôt que d'être traitée de façon accessoire vis-à-vis des publications où elle est présente, non seulement parce que je crois personnellement beaucoup à l'importance du rapport entre texte et image, mais aussi parce que j'ai tendance à partager le point de vue de Broutin lorsque celui-ci a déclaré, assez récemment, vis-à-vis de son propre travail (à l'occasion de la parution d'un livre qui lui a été consacré en 2021, évoqué dans un billet de blog du Monde.fr), qu'il ne fait « aucune hiérarchie entre arts majeurs et arts dits mineurs, entre illustration et pure création [...]. »
Christian Broutin (âgé aujourd'hui de 90 ans), Henri Galeron (83 ans), Étienne Delessert (82 ans), Frédéric Clément (74 ans), Marcel Laverdet (70 ans) : tous ces illustrateurs contemporains (pour ne citer qu'eux) ont marqué chacun à leur façon mon imaginaire dans les années 1980 et 1990, à travers les livres que je lisais ou que, parfois, je voyais simplement exposés en librairie ou en bibliothèque. Ils avaient tous une capacité très particulière, propre à mon sens aux grands illustrateurs : celle de stimuler l'imagination, parfois uniquement à travers une illustration de couverture, non seulement vis-à-vis du sujet du livre mais aussi vis-à-vis de ce que donnait à voir l'illustration en elle-même, suivant la liberté prise par l'artiste (que l'on songe, pour prendre un exemple bien connu en ces lieux, à la mystérieuse guerrière forestière de Laverdet pour illustrer le Deuxième Âge des Contes et Légendes inachevés de Tolkien). Le style de Broutin, comme celui de Galeron, est peut-être un peu moins immédiatement identifiable que ceux de Delessert, Laverdet ou Clément, mais tout de même caractérisé par un mélange de réalisme et de poésie, avec un zeste d'étrangeté lorsque cela s'impose et même une pointe d'humour quand l'occasion se présente.
L'encyclopédie du site nooSFere a recensé un bon nombre d'illustrations de couverture de Broutin réalisées des années 1970 aux années 2000, dans le seul domaine des littératures de l'imaginaire : https://www.noosfere.org/livres/auteur. … veau=illus
Je me souviens bien, personnellement, d'un certain nombre d'entre elles, notamment par exemple de l'illustration très évocatrice pour la couverture d'une édition au Livre de Poche de La Vénus d'Ille de Mérimée, illustration de Broutin qui avait contribué à mon intérêt, quand j'étais au collège, pour ce chef d'oeuvre de la littérature fantastique (j'ai gardé mon exemplaire de l'époque). Je me souviens aussi de l'illustration pour la couverture d'une édition, dans la collection Folio junior, de L'Étrange cas du Dr. Jekyll et de M. Hyde de Stevenson : j'avoue que cette couverture-là, associée entre autres à la présentation générale de l'histoire, m'avait tellement effrayé à l'époque que je n'avais pas voulu lire le livre (j'ai fini par le faire, un peu plus tard, avec une autre édition à la couverture illustrée par Galeron) ! ^^'
Et comment oublier, a fortiori en ces lieux dédiés à Tolkien, les couvertures de Christian Broutin pour l'édition du Seigneur des Anneaux parue en six volumes chez Gallimard, dans la collection Folio junior, en 1988 ?
Je n'ai jamais acquis ni lu cette édition de Gallimard/Folio junior, car Tolkien ne m'a vraiment intéressé (y compris Le Hobbit) que plus tard, après l'âge de quatorze ans dont parle Truffaut, quand j'étais déjà alors au lycée (ma première édition du SdA fut celle rééditée en trois volumes chez Pocket avec des couvertures de Laverdet), mais les couvertures de Broutin pour l'édition Folio Junior m'intéressaient tout de même quand je les voyais en librairie autour de l'âge de la fin de l'école élémentaire et du début du collège. Tous les éléments illustrant ces couvertures pouvaient stimuler l'imagination, certains pouvaient même effrayer (le monstre vert du Livre I, l'araignée géante du Livre IV), tandis que d'autres pouvaient surtout intriguer : je repense notamment, par exemple, au mystérieux cavalier juché sur une monture bipède non moins mystérieuse apparaissant sur l'illustration de couverture du Livre III.
Pour ce qui est des lectures de jeune adulte (lectures de livres trouvés en bouquinerie), je me souviens aussi, entre autres, des illustrations de Broutin pour les couvertures des volumes de poche de collections dédiées à l'imaginaire chez Presses Pocket à la fin des années 1970 et au début des années 1980, notamment l'illustration de couverture pour le recueil de récits et poèmes de fantasy Le Manoir des Roses (1978) dans la collection du « Livre d'or de la science-fiction », une couverture poétique qui, avec le recul, apparaît comme une possible alternative sage à une autre couverture de Broutin, plus facétieuse dans un registre adulte, réalisée pour un recueil de nouvelles fantastiques des XIXe et XXe siècles, Histoires démoniaques (1977) , dans la collection de « La Grande anthologie du fantastique » (également chez Presses Pocket).
Mais si l'on va au-delà des seules littératures de l'imaginaire, tout cela ne tient que très partiellement compte de la production prolifique de Christian Broutin, y compris en particulier dans le vaste domaine des illustrations pour les livres destinés à la jeunesse, production que l'on ne pourra cependant pas aborder en détail ici. Mais c'est là, en tout cas, que nous en revenons au Livre de la Bible de l'ancienne collection « Découverte Cadet » de Gallimard évoqué plus haut.
Parmi les illustrations faites par de nombreux artistes pour le premier volume de ce Livre de la Bible, consacré à l'Ancien Testament, Christian Broutin en a réalisé plusieurs pour illustrer l'histoire des origines par laquelle commence le Livre de la Genèse. L'une de ses illustrations de Broutin représente Adam et Ève dans le jardin d'Éden, devant le fameux arbre de la connaissance du bien et du mal.
On remarquera sans peine les deux grandes feuilles de figuier couvrant les sexes du premier homme et de la première femme, les cheveux d'Ève lui couvrant en outre les seins. Ces éléments de pudeur se retrouvent à l'intérieur de mon édition du livre, de 1985 rééditée en 1992, où l'illustration en question est reproduite en totalité aux pages 126 et 127 (on pourra noter au passage que, dans cette scène, de façon stimulante, Broutin a peuplé le jardin d'Éden de divers animaux, dont un dinosaure sauropode côtoyant un éléphant).
(pages 126 et 127 du premier tome de l'édition en deux volumes, 1985, rééd. 1992)
Cependant, la même illustration apparait en première de couverture de mon édition du livre, mais dans une version dans laquelle les cheveux d'Ève ne couvrent plus ses seins et les feuilles de vigne ont disparu...
(couverture du premier tome de l'édition en deux volumes, 1985, rééd. 1992)
La version « impudique » de l'illustration de Broutin correspond vraisemblablement à un premier état de l'œuvre avant que les éléments de pudeur n'aient été ensuite ajoutés. Les feuilles de vigne sont certes faites avec élégance, mais apparaissent clairement comme des ajouts, contraints qui plus est, quand on compare avec la version dans laquelle Adam et Ève sont entièrement nus et a une dimension plus naturelle. Dès mes premiers lectures, je m'étais interrogé : pourquoi ces différences, et ces ajouts feuillus et chevelus ? Pour ne pas gêner certaines lectrices et certains lecteurs ? Mais dans ce cas-là, pourquoi avoir mis la version pudique de l'illustration à l'intérieur de l'ouvrage et laissé en même temps la version « impudique » reproduite sur la première de couverture ? J'ai fini par en déduire qu'il y avait eu un "couac" du côté de la maison d'édition, laquelle rectifia du reste le tir par la suite : de fait, les feuilles de vigne sont présentes dans les reproductions de l'illustration de Broutin sur les premières de couverture de la réédition du volume de 1996 (978-2070594313) et de l'édition du Livre de la Bible ayant finalement réuni les deux volumes en un seul en 2003 (978-2070557240), puis également plus discrètement sur la quatrième de couverture de l'édition la plus récente en un seul volume paru en 2009 (978-2070625369).
(couverture de l'édition en un volume, 2003)
Je suppose que la maison d'édition s'est sentie obligé d'éviter tout risque d'être accusée d'enfreindre, d'une manière ou d'une autre, la loi française de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, telle qu'elle existait à l'époque, notamment avec son article 2 en vigueur de 1954 à 2010 qui imposait que les publications en question ne devaient comporter, entre autres, « aucune illustration [...] présentant sous un jour favorable [...] la débauche ou tous actes [...] de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse ». (Pour information, dans sa version révisée actuelle, l'article 2 de ladite loi, en vigueur depuis mai 2011, condamne, entre autres, tout "contenu" dans lesdites publications « présentant un danger pour la jeunesse en raison de son caractère pornographique ou lorsqu'il est susceptible d'inciter à [...] tous actes [...] de nature à nuire à l'épanouissement physique, mental ou moral de l'enfance ou la jeunesse »).
Cette petite histoire (de feuilles de vigne) aura in fine été une de mes premières occasions de réfléchir à la notion de censure... mais tout cela n'enlève rien à la qualité de l'ouvrage en question, toujours recommandable pour les enfants de 8 à 12 ans, et dont la dernière édition de 2009, en un seul volume, semble toujours disponible d'après le site de Gallimard Jeunesse : https://www.gallimard-jeunesse.fr/97820 … bible.html
Avant l'âge de 7 ans, j'ai eu l'occasion de lire et d'apprécier grandement, et particulièrement, un livre d'inspiration biblique : L'Arche de Noé de Peter Spier, album d'abord destiné aux enfants, plutôt entre l'âge de 2 ou 3 ans et celui de 6 ou 7 ans, mais aussi bien lisible bien au-delà de ces âges.
Originellement paru en anglais à New York chez Doubleday en 1977 sous le titre Noah's Ark, L'Arche de Noé de Peter Spier a été publié en français à Paris par la maison d'édition L'École des Loisirs en 1978 (ISBN 2-211-04804-8). Réédité notamment en 1981, cet ouvrage m'avait été présenté quand j'étais à l'école maternelle, et j'avais très rapidement souhaité en avoir un exemplaire pour pouvoir le lire à la maison (le souhait fut exaucé).
L'album laissant, en un sens, parler les animaux, il contient très peu de texte, avec seulement deux fragments de citations bibliques au début (Gn 6, 8) et à la fin (Gn 9, 20), ainsi qu'un poème de Jacobus Revius (1586-1658) consacré au Déluge et qui met notamment l'accent sur la variété des animaux entrés dans l'Arche de Noé, ce que ne fait pas le récit de la Genèse. Revius est un poète néerlandais, pasteur calviniste dans sa ville natale de Deventer, théologien contre-remontrant et anticartésien, qui séjourna en France (notamment à Saumur) dans sa jeunesse, et dont la poésie fut notamment influencé stylistiquement par l'œuvre de Clément Marot (natif de Cahors, une des villes françaises que visita Revius). Dans la version française de l'ouvrage de Peter Spier, figure une adaptation par Jean-Henri Potier, sur une seule page, du poème de Jacobus Revius, tandis que dans la version originale du livre, ledit poème de Revius est présenté en anglais dans une traduction du néerlandais par Peter Spier lui-même. Pour le reste, tout est en images, et le résultat est de très grande qualité, d'une fluidité narrative quasi-cinématographique, le travail minutieux de Spier à l'encre et à l'aquarelle restant très agréable à regarder aujourd'hui.
Enfant, j'étais fasciné par le contenu de cet ouvrage, passant souvent mon temps de lecture à reconnaître tous les animaux représentés dans l'Arche (issus de tous les continents) et à les nommer, à compter les yeux des hiboux et chouettes sur une certaine page, à imaginer l'histoire et les anecdotes derrière chaque image... Ce livre a sans doute contribué à développer mon goût pour la pratique du dessin animalier. Plus tard, après l'âge du passage de l'école maternelle à l'école élémentaire, il a même pu servir ponctuellement de pont entre le monde de l'enfance et la catéchèse, mais j'associe surtout cet ouvrage, avec quelques autres, à mon enfance de petit garçon passionné par la nature, les animaux et le dessin. Ce livre peut aussi amener à réfléchir sur la vie, la mort, l'équité vis-à-vis d'une justice supposée divine, les symboles du corbeau, de la colombe, de la branche d'olivier, de l'arc-en-ciel, etc.
Très connu pour son Arche de Noé, Peter Spier était un illustrateur et écrivain prolifique, auteur notamment d'un Livre de Jonas (The Book of Jonah), un album pour la jeunesse là encore d'inspiration biblique et paru en français en 1985, toujours chez L'École des Loisirs. Cette maison d'édition propose notamment encore aujourd'hui, dans son catalogue, l'album de Spier pour tout-petits Les animaux ont la parole (Gobble, Growl, Grunt, 1971) paru en français en 1974, ainsi que l'album Sept milliards de visages (People, 1980) pour les enfants de 8 à 11 ans, paru en français la première fois en 1981 (sous le titre Quatre milliards de visages) et que Peter Spier avait réalisé pour inviter au dépassement des préjugés face à la diversité des êtres humains et des cultures.
Néerlandais naturalisé américain, natif d'Amsterdam, ayant notamment vécu à Paris, puis à Houston au Texas, et ensuite à New York, Peter Spier est mort le 27 avril 2017, à l'âge de 89 ans : j'étais alors passé à côté de cette triste nouvelle.
RIP Peter Spier (1927-2017)
Peace and Love,
B.
[EDIT (23/07/2023, 01:08): corrections diverses et mise à jour en tenant notamment compte des contraintes de formatage automatique de certaines images...]
[EDIT2: correction de fautes...]
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Ce petit message pour signaler la mise à jour de JRRVF pour commémorer en toute simplicité le cinquantenaire de la mort de JRRT, avec les célèbres photos prises par Lord Snowdon à Poole en 1971 (page d'accueil du site) et par Billett Potter à Oxford en 1972 (article en lien).
I.
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Ce petit message pour signaler la mise à jour de JRRVF pour commémorer en toute simplicité le cinquantenaire de la mort de JRRT, avec les célèbres photos prises par Lord Snowdon à Poole en 1971 (page d'accueil du site) et par Billett Potter à Oxford en 1972 (article en lien).
Merci, cher JR.
Amicalement,
B.
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Très beau Jean-Rodolphe. Merci :)
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Federico Fellini est mort il y a tout juste trente ans, le 31 octobre 1993, à l'âge de 73 ans (trois ans avant la mort de Marcello Mastroianni, son « double cinématographique », à 72 ans).
Je repense à Fellini cette nuit en me disant que si j'avais mieux connu son cinéma à l'époque où je m'étais décidé à répondre au fuseau du portrait chinois, j'aurais sans doute rajouté Fellini aux autres cinéastes cités pour compléter la phrase « Si j'étais un film [de cinéma], ce serait sans doute un film de... ». Même si je ne connais pas (encore) tous les films de Fellini, j'en ai vu et revu suffisamment, ces dernières années et surtout ces derniers mois, pour sentir que l'œuvre de ce cinéaste fait partie de ce cinéma que j'ai appris à apprécier depuis mon jeune âge.
Je repense aussi, à cette occasion, à l'idée évoquée ponctuellement par notre ami Semprini, l'année dernière dans un autre fuseau, que Fellini aurait pu réaliser une adaptation du Seigneur des Anneaux... J'avais alors répondu, dans ledit fuseau, que le SdA me semblait ne pas vraiment correspondre à l'imaginaire fellinien, mais je me suis souvenu depuis d'un passage du film Amarcord (1973) montrant un enfant engagé sur le chemin de l'école, chemin noyé dans la brume, dans une atmosphère propice au surgissement de tous les possibles, une vache aux grandes cornes dans Amarcord, ou tout autre chose dans une scène où, toujours dans la brume, un hobbit serait à la place de l'enfant...
Avec un grand réalisateur comme Fellini, qui accordait une place essentielle à l'imagination mêlée au réel, qui s'intéressait par ailleurs à la psychanalyse jungienne (comme notamment son confrère John Boorman), au fond, tout pouvait sans doute être possible, même si je persiste à trouver sa personnalité, y compris sur le terrain de l'imaginaire, fort éloignée de celle de Tolkien, lequel n'aurait sans doute guère apprécié le rapport personnel de Fellini à l'onirisme, au catholicisme, à la sexualité, aux femmes, à la critique de la société, aux mythes antiques (dans Fellini Satyricon notamment), avec ce mélange de finesse du regard sur les sujets dont il s'emparait et de goût pour l'introduction dans ses films d'éléments percevables comme ambivalents ou fantaisistes et pouvant être imprégnés aussi bien de fantastique que de grotesque.
Parmi les films de Fellini que je connais, outre les célèbres chefs-d'œuvre que sont La Dolce Vita (1960) et Otto e mezzo (Huit et demi, 1963), Roma ou Fellini Roma (1972) est un de ceux que j'apprécie le plus dans son ensemble. Comme l'a bien défini Jean A. Gili dans Fellini. Le magicien du réel (Gallimard, 2009), « le film se développe en visions successives et autonomes, Fellini laissant au spectateur le soin d'en découvrir par lui-même le sens global ».
Il y a, entre autres, ce regard d'une courtisane dans la séquence consacrée aux maisons closes que Fellini a connu dans sa jeunesse...
...et ce moment singulier de confrontation entre passé et présent de la Ville éternelle dans la séquence de découverte de fresques romaines sur le chantier du métro, fresques antiques qui s'effacent presque aussitôt au contact de l'air contemporain...
Et il y a, évidemment, la très savoureuse séquence du défilé de mode ecclésiastique, mise en scène d'une façon à la fois drôle et somptueuse, accompagnée de la musique de Nino Rota...
Modèle N°2 : « Tourterelles immaculées »
Modèle sport : « Au Paradis toujours plus vite » (en français dans le texte)
Cette séquence du défilé, avec conclusion pontificale grandiose, me parait être, d'une certaine manière, comme une réponse humoristique à ce que Fellini fait dire, dans un savoureux passage d'Otto e mezzo, au personnage de l'écrivain Daumier joué par Jean Rougeul, consultant auprès du personnage du cinéaste Guido Anselmi (double de Fellini) joué par Marcello Mastroianni, à propos des rapports personnels ambivalents qu'aurait Guido avec le catholicisme et sa critique de celui-ci, ce que révèlerait le propos de son projet de film qu'il n'arrive pas à terminer.
Ceci étant dit, si je devais choisir une image dans le cinéma de Fellini qui me parle particulièrement, ce serait la vision subjective d'un train roulant sur de vieux rails vers l'entrée d'un tunnel qui figure au début (voie droite) et à la fin (voie faisant un virage) du film La Città delle donne (La Cité des femmes, 1980)...
C'est une image qui symbolise bien le rapport ambiguë entre rêve et réalité cher à Fellini... et à titre personnel, cela me rappelle que c'est durant des voyages en train, entre veille et sommeil et avec précisément quelques traversées de tunnels, que j'ai notamment imaginé progressivement mon projet de livre à l'achèvement sans cesse reporté... projet dont je commence à craindre à présent, suite à l'accumulation de soucis personnels, qu'il ne connaisse le même destin, mutatis mutandis évidemment, que Le Voyage de G. Mastorna, très ambitieux projet de film que Fellini ne pu jamais mener à bien, pour des raisons diverses... mais n'en disons pas plus. Les films de Fellini m'auront aidé à m'occuper l'esprit ces derniers temps : merci à ce grand cinéaste, disparu il y a trente ans mais dont l'œuvre parle encore aujourd'hui.
RIP Federico Fellini (1920-1993)
Peace and Love,
B.
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Many that live deserve death. And some that die deserve life. Can you give it to them? Then do not be too eager to deal out death in judgement.
Nombreux sont ceux qui vivent et méritent la mort. Et certains meurent qui méritent la vie. Pouvez-vous la leur donner ? Alors ne soyez pas si empressé d'infliger la mort en jugement.
J. R. R. Tolkien, The Lord of the Rings, Book I, Chapter 2.
J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, Livre I, chapitre 2 (trad. : D. Lauzon).
Robert Badinter, dont on a annoncé hier la disparition à l'âge de 95 ans, était une belle personne, un humaniste de même qu'un grand esprit à la française. Pour saluer ici sa mémoire, citer Nicolas de Condorcet, Victor Hugo, Émile Zola ou Jean Jaurès lui correspondrait davantage, car ses convictions et engagements de même que sa relation personnelle à l'écrit – lui qui fut aussi auteur –, se sont naturellement situées dans le sillage de ces grandes figures...
Mais en pensant naturellement à l'abolition de la peine de mort en France, que Robert Badinter a réussi à obtenir comme garde des Sceaux en 1981, comment pourrait-on ne pas penser aussi, en ces lieux, à ce fameux passage du Seigneur des Anneaux ?
RIP Robert Badinter (1928-2024)
Peace and Love,
B.
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RIP Maurizio Pollini (1942-2024)
RIP Péter Eötvös (1944-2024)
> https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic. … 980#p92980
Peace and Love,
B.
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De retour sur JRRVF, parfait hommage pour un immense talent
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De retour sur JRRVF
Bon retour à la maison !
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De retour sur JRRVF, parfait hommage pour un immense talent 8.(
Plusieurs personnalités ayant été évoquées dans mes derniers messages dans le présent fuseau, je ne sais pas si tu fais allusion à l'une d'entre elles... mais tout comme Cédric, je salue en tout cas ton retour, cher Silmo. :-)
Amicalement,
B.
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Elle aussi enfin, à son tour, ne souffre plus...
J'avais fait entendre, au cimetière, une de ses chansons (Mon amie la rose, de 1964, extraite de son troisième album) lors des obsèques de ma Maman, en janvier dernier...
RIP Françoise Madeleine Hardy, dite Françoise Hardy (1944-2024)
https://www.francetvinfo.fr/culture/mus … 14599.html
Peace and Love,
B.
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Il y a déjà quelques jours ce mois-ci, deux grands acteurs, ayant joué dans bien des films mais que j'associe naturellement au cinéma de Fellini, sont partis, l'un après l'autre en peu de temps...
Besides me wanting to be an artist, I wanted to be a movie star. I don't mean like an American movie star. I mean like Jeanne Moreau or Anouk Aimée in La Dolce Vita. I couldn't believe her in those dark glasses and that black dress and that sports car. I thought that was the heaviest thing I ever saw. Anouk Aimée with that black eye. It made me always want to have a black eye forever. It made me want to get a guy to knock me around. I'd always look great. I got great sunglasses.
Patti Smith, citée in Scott Cohen, “Patti Smith: Can You Hear Me Ethiopia?”, Circus Magazine, décembre 1976
RIP Nicole Françoise Florence Dreyfus, dite Anouk Aimée (1932-2024)
RIP Donald McNichol Sutherland, dit Donald Sutherland (1935-2024)
Federico Fellini et Donald Sutherland - Tournage du film Le Casanova de Fellini, 1975 (archives de la Radio Télévision Suisse) :
https://www.youtube.com/watch?v=YxdHcxuRURI
Peace and Love,
B.
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Le magazine Le Point avait annoncé un peu hâtivement, en mai 2020 lors de la disparition de Michel Piccoli, la mort du « dernier géant du cinéma français », alors même que Jean-Paul Belmondo et Alain Delon étaient encore de ce monde... Maintenant, et du moins si l'on s'en tient à eux (car il reste tout de même parmi nous notamment, encore, quelques très grandes actrices de leurs générations), ils sont effectivement tous partis : après Belmondo en septembre 2021, Delon est mort dimanche dernier, 18 août, à 88 ans, ses obsèques ayant lieu hier après-midi, samedi 24 août, à Douchy dans le Loiret.
Il n'était pas fils d'un sculpteur comme Belmondo, mais il fut cependant entre autres un collectionneur d'art, et s'il aurait pu être boucher-charcutier dans le sillage de son beau-père à Bourg-la-Reine, ou bien un voyou proxénète à Pigalle après être revenu de son engagement militaire en Indochine, finalement, grâce à un entregent féminin du côté de Saint-Germain-des-Prés, Alain Delon était devenu acteur, et plus tard également aussi producteur et réalisateur, avec un succès variable...
Sur les rézosocios, ces derniers jours, on a pu trouver de tout comme réactions à sa disparition : des hommages, des expressions de tristesse et/ou de nostalgie du passé, et aussi un certain nombre de manifestations de haine, en raison des idées conservatrices, voire réactionnaires, de l'acteur, lequel fut, il est vrai, un ami de Jean-Marie Le Pen dans le privé (et aussi notamment un soutien public de Raymond Barre lors de l'élection présidentielle de 1988). Faut-il réduire Delon à cela, comme certains se sont hâtés de le faire ? Non, bien évidemment, et quand bien même il y aurait beaucoup à dire sur les prises de position publiques de Delon, ainsi que sur ses affaires, ses fréquentations, son goût pour les armes à feu, sur l'affaire Markovic à propos de laquelle on ne saura probablement jamais la vérité, et aussi, d'un point de vue plus personnel et intime, sur ses fautes commises dans le cadre de ses relations de couple et surtout en tant que père... Au moins, avec Alain Delon, savait-on à peu près à quoi s'en tenir vis-à-vis d'une personnalité publique très connue, même si on ne connait jamais vraiment les gens : avec lui, ce n'était pas comme avec d'autres, dont l'image toute lisse et vertueuse, même bien entretenue par les héritiers, ne sera jamais que le paravent commode de ce « misérable petit tas de secrets » dont parlait André Malraux à propos de tout un chacun (cela valant donc aussi pour J. R. R. Tolkien, bien entendu). Au-delà de la question du respect de la vie privée, pour le public il existe aussi un droit de ne pas savoir, mais c'est un fait que quand on sait, on est tout de même de facto plus libre de se forger une opinion juste, idéalement la plus éclairée possible, notamment vis-à-vis à la question épineuse de la fameuse distinction, à faire ou ne pas faire, entre l'homme et l'artiste.
Dans la bibliothèque maternelle reçue en héritage, j'ai retrouvé l'autobiographie de Simone Signoret, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était (Seuil, 1976), dans laquelle elle confie ces quelques mots à propos de Delon, avec qui elle tourna dans deux films :
[Maurice Pons :] - Et avec Alain Delon [vous êtes-vous bien entendue, comme avec Jean Gabin] ?
Simone Signoret : Admirablement aussi. Je déteste les armes à feu, mes options et mes opinions sont totalement à l'opposé des siennes. Ses amis ne sont pas mes amis. Il est fou, mais c'est un fou tendre qui prend des airs de dur, et c'est un fou généreux. On est heureux quand on travaille ensemble, parce qu'on travaille bien ensemble. L'autre Delon, celui des chevaux de course et des grandes entreprises, je ne le connais pas. Mais je connais celui qui, pendant la pause, raconte comment on l'a forcé à se porter volontaire à 17 ans...
Simone Signoret, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, avant-propos de Maurice Pons, Paris, Éditions du Seuil, 1976, 14, p. 364.
Nul ne peut, quoiqu'il en soit, sérieusement mettre en doute le fait qu'Alain Delon fut un grand, très grand acteur du cinéma français et européen, de notoriété mondiale, lui qui disait vivre ses rôles plutôt que simplement les jouer. On a beaucoup parlé de sa beauté physique, de son regard magnétique, de son aisance à incarner les personnages solitaires, virils, durs, quoique n'étant toujours dépourvus de sensibilité. Le meilleur de sa filmographie se situe, de l'avis général mais à mon sens aussi, dans les années 1960, dès Plein Soleil de René Clément (1960), et jusque vers la fin des années 1970, soit à peu près jusqu'à Monsieur Klein de Joseph Losey (1976), qu'il coproduisit en sus d'en incarner le personnage principal et qui est sans doute un de ses derniers grands films. Par la suite, il faut bien reconnaître que globalement la pente fut descendante, jusqu'à toucher le fond de la piscine (si j'ose dire : La Piscine de Jacques Deray [1969], avec Romy Schneider et Jane Birkin, étant, lui, un bon film de Delon)... jusqu'à toucher, disais-je, le fond de la piscine avec un nanar de compétition (comme on dit chez Nanarland.com), réalisé par un certain Bernard-Henri Lévy et ayant alors bénéficié d'un budget invraisemblablement élevé, pour aboutir à ce que Claude Chabrol qualifiera de « film le plus con de l'année » : Le Jour et la Nuit (1997), nanar signé donc BHL et que Delon n'a jamais renié, celui-ci ayant toujours assumé tous les films auxquels il a choisi d'associer son nom. Les années 1980 et 1990 furent celles où se développa de plus en plus une image caricaturale d'Alain Delon, à partir notamment de l'évolution de plus en plus hasardeuse de sa filmographie à cette époque, et de sa tendance à surjouer son personnage de grand acteur viril et au-dessus du lot, jusqu'à parler publiquement assez régulièrement de lui à la troisième personne du singulier. Il avait essayé de s'en expliquer en 1990, lors d'un entretien assez houleux accordé à une journaliste de Télérama, il est vrai peu complaisante :
Alain Delon : [...] Je ne suis pas mégalo : mettez-vous bien ça dans la tête. Ça n'est pas ça, Delon, O.K. ?
Fabienne Pascaud : Ce n'est pas être mégalo que parler continuellement de soi à la troisième personne ?
Alain Delon : Mais vous n’avez donc rien compris ! Si je dis « Delon », c'est, au contraire, par humilité, par simplicité : pour éviter le « je » et le « moi » qu'utilisent en permanence les nombreux mythomanes de notre métier ! Seulement, il y a toujours eu une cabale contre moi. Je dérange parce que je dis ce que je pense, parce que je m'assume et que je vais au bout de mes responsabilités. Si tout le monde faisait comme moi, il y aurait actuellement un peu plus de moralité en France. Si le président de la République [François Mitterrand] et Raymond Barre sont au-dessus des partis, Delon, lui, est au-dessus des partis-pris.
[...]
Fabienne Pascaud : Vous avez très vite tourné avec les plus grands : Clément, Visconti, Antonioni. Quelles traces ont-ils aujourd'hui laissées en vous ?
Alain Delon : Vous savez, Delon a toujours été à la recherche d'un père. Clément, Visconti, Melville ou même Raymond Barre... On n'explique pas les relations avec son père. Disons qu’ils m'ont appris à devenir un homme, à oser me montrer tel que je suis dans toutes mes contradictions, mes désirs. Delon n'est pas un hypocrite, Delon n'est pas un lâche.
Fabienne Pascaud : Alors, pourquoi Delon a-t-il cessé, après Monsieur Klein, d'avoir des ambitions artistiques ? Pourquoi s'est-il contenté de jouer les redresseurs de torts au front buté ?
Alain Delon : Mais on ne m'a rien proposé d'autre ! Parce que je représentais le cinéma « classique » des années 50, j'ai d'abord raté la Nouvelle Vague. Après, ni Sautet, ni Resnais, ni Pialat, ni Polanski ne m'ont jamais offert de rôle. Pourtant, je suis ouvert à tous. Voyez comme je me suis précipité sur le film de Godard, l'an passé ! [...] On me reproche à la fois d'être Delon et de ne pas être Delon. Que faire ? Je sais simplement que si j'étais un comédien dans la vie, je ne serais pas aussi bon à l'écran. Je suis sincère. Mais personne ne me connaît réellement. Vous ne voyez tous que la partie émergée de l'iceberg. Quant à vous, je vais savoir bientôt si vous êtes comme les autres. Si, dans votre article, vous cognez, comme tout le monde, sur Delon, c'est que vous n’êtes pas intelligente, c'est que vous ne comprenez rien... Mais, après tout, Delon s'en fout. En France, il est devenu une légende et taper sur les légendes se retourne toujours contre l'iconoclaste : on n'a pas le droit de s'attaquer à la France.
Entretien accordé (non sans difficultés) par Alain Delon à Fabienne Pascaud, in Télérama n°2135 du 12 décembre 1990.
Cette tendance involontaire de Delon à une sorte d'auto-caricature en terme d'image inspirera diversement, à la télévision, des sketchs aussi bien aux Inconnus qu'aux auteurs des Guignols de l'Info qui lui consacrèrent une marionnette à partir de 1991 (c'est dans cette mémoire télévisuelle que j'avais puisé la matière d'une plaisanterie, Elendil notamment s'en souviendra peut-être, faite en septembre 2013 sur le forum de Tolkiendil et reproduite sur le présent forum de JRRVF en juin 2016, dans un autre fuseau :
https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic. … 604#p85604 ).
À noter que, beaucoup plus tôt, le personnage de héros taciturne brillamment incarné par Delon, dans Le Samouraï (1967) et Le Cercle rouge (1970) de Jean-Pierre Melville, avait été intégré par Gotlib à une de ses BDs humoristiques de sa Rubrique à brac mettant en scène, en 1972, une parodie de film noir de Melville (« Le Rectangle vert ») présenté par le cinéaste lui-même (coiffé de divers chapeaux par Gotlib pour l'occasion).
Parmi tous les articles disponibles en ligne (hors Wikipédia) diversement consacrés à la vie et à la carrière cinématographique d'Alain Delon, l'un des plus synthétiques et lucides notamment s'agissant de l'évolution de l'acteur à partir des années 1970 (et ce malgré quelques approximations), est sans doute celui de Richard Tribouilloy mis en ligne sur le site de Nanarland.com en 2010, et auquel tout récemment l'auteur a simplement rajouté un paragraphe, au lendemain de la mort de l'acteur :
https://www.nanarland.com/personnalites … delon.html
En mars 1998, j'étais allé voir au cinéma Une chance sur deux de Patrice Leconte, film dans lequel Delon partageait à nouveau l'affiche avec son ex-rival Belmondo, les deux anciennes stars du cinéma français, ensemble à l'écran pour la première fois depuis Borsalino de Jacques Deray (1970), étant associées pour l'occasion à Vanessa Paradis : ça sentait quelque peu le bout du rouleau en matière de cinéma d'action pour nos deux héros, et entre l'écrasant Titanic et l'hilarant The Big Lebowski vus entre autres en salles dans le même premier semestre de cette année-là, j'avoue que la projection de Une chance sur deux ne m'a pas laissé un grand souvenir...
Restent cependant, heureusement, les films de Delon de la meilleure période, dont plusieurs ont été rediffusés ces jours-ci à la télé pour l'occasion, et sont depuis pour certains disponibles en replay via les plate-formes des chaînes françaises de télé publique, France.tv et Arte.tv (nul besoin donc d'un abonnement à Netflix ou Amazon Prime... sachant toutefois qu'à la différence de celui sur Arte.tv, le replay sur France.tv ne dure, lui, que quelques jours). Lundi dernier au soir, la chaîne ARTE a ainsi rediffusé Mélodie en sous-sol (1963) de Henri Verneuil et Les Félins (1964) de René Clément :
Mélodie en sous-sol :
https://www.arte.tv/fr/videos/031918-00 … -sous-sol/
(Disponible jusqu'au 18/02/2025)
Les Félins :
https://www.arte.tv/fr/videos/041742-000-A/les-felins/
(Disponible jusqu'au 18/02/2025)
Les deux films sont très bons, parmi les meilleurs de Delon de mon point de vue.
Mélodie en sous-sol, avec notamment Jean Gabin et une musique de Michel Magne, est un très bon “heist movie” ou “heist film” (« film de casse ») à la française, élégant et bien rythmé, qui connut en son temps un certain succès international, notamment aux États-Unis et au Japon.
Quant au film Les Félins, adaptation du roman Joy House de Gunnar Hjerstedt dit Day Keene, et dans lequel on peut voir Delon faire, entre autres, la cuisine avec Jane Fonda, je le trouve brillant, avec notamment une excellente musique de Lalo Schifrin, composée et enregistrée à Paris, mêlant musique symphonique, jazz et électronique. Tourné essentiellement sur la Côte d'Azur, (notamment à Nice, Beausoleil, Roquebrune-Cap-Martin et Saint-Raphaël), le long métrage de Clément est ingénieux, oscillant entre polar américain (l'action commence à New-York) et polar français, entre réalisme et onirisme, ce que Schifrin avait notamment bien remarqué en découvrant le long métrage en projection de travail, avant d'adapter son écriture de la musique du film en conséquence. La conclusion de l'histoire des Félins, avec une Jane Fonda à son avantage dans tous les sens du terme, est ironique à souhait.
Le meilleur film de Delon, du moins par rapport à ceux que je connais, restera toutefois à mes yeux Le Guépard (Il Gattopardo ; 1963) de Luchino Visconti : à la fois chef d'œuvre en soi et excellente adaptation du roman de Giuseppe Tomasi di Lampedusa, avec sa magnifique musique composée par Nino Rota, c'est sans doute le plus beau film de cinéma sur le XIXe siècle, la fin d'un monde et la naissance d'un autre, ainsi que j'ai déjà pu l'écrire ailleurs par le passé. J'avais pu voir ce long métrage sur grand écran en juin 2011 dans sa version alors récemment restaurée, dans le cadre d'une rétrospective qu'avait à l'époque consacrée au cinéma de Visconti la Cinémathèque de Toulouse.
Comme l'a déclaré Claudia Cardinale, dans un message transmis à l'AFP, le jour de la mort de celui qui fut son partenaire à l'écran pour ce merveilleux film (dans lequel elle joue le personnage d'Angelica) : « Le bal est fini. Tancredi s'en est allé danser avec les étoiles... ».
RIP Alain Fabien Maurice Marcel Delon, dit Alain Delon (1935-2024)
Peace and Love,
B.
(EDIT: corrections diverses de fautes et coquilles, et quelques légères reformulations)
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