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Bonjour à tous,
Je ressors des tréfonds du web et de mon train-train quotidien après quelques années (!!) pour une requête tout à fait particulière qui m'a semblée toute indiquée à adresser à la communauté de JRRVF: après quelques années d'enseignement en secondaire bien peu stimulantes, je me suis lancée depuis un peu plus d'un an dans l'aventure d'une thèse de doctorat, sous la direction d'Anne Besson à l'université d'Artois. Mon sujet est simple: j'étudie les traces de réception de l'oeuvre de Tolkien chez ses lecteurs, avec une approche comparatiste entre les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France. Bon, pour la comparaison, il va me falloir attendre un peu car j'avance à la vitesse d'un escargot avec mon boulot de prof à côté et la vie perso un peu mouvementée, du coup je suis encore dans la phase de constitution d'un corpus viable.
Et c'est là que j'ai besoin de vous. Mes bornes chronologiques sont en gros de la publication du Seigneur des Anneaux en 1954 à l'apparition d'internet au cours des années 90. Il va de soi que les formes de réception ont varié et les supports d'échange ont décuplé depuis, d'où une étude qui s'arrête avant internet.
J'ai évidemment déjà exploré les éléments les plus connus de la réception de Tolkien en France, autour des articles de Louis Boyer puis l'ouvrage de Jacques Bergier et enfin la création de la FEE en 1985. Mais en dehors de cela, c'est assez (pour ne pas dire, complètement flou). J'ai beaucoup lu autour de la communauté SF française à partir des années 50, car aux Etats-Unis les deux communautés ont été entrelacées en particulier au début, mais rien de fantasy/Tolkien n'est ressorti, j'ai exploré (mais n'ai pas tout à fait terminé) de façon encore anarchique les archives de fanzines des années 80s en particulier à la BNF pour retomber sur des éléments annexes (comme le premier fanzine consacré au jeu de rôles par exemple avec un article sur Tolkien dans le premier numéro)...bref, il me manque vos données.
Pour faire court, tout souvenir d'association (groupe de lecteurs au lycée, en MJC ou assimilé), ou même de communication entre lecteurs (téléphone, lettres, newsletters -- par quel moyen le contact est-il mis en place ?) et surtout tout document écrit type affiche, production artistique ou fanzine tourné autour de Tolkien vaut la peine d'être exhumé pour contribuer à créer le corpus nécessaire à ma recherche.
Et surtout, n'hésitez pas à en parler autour de vous ! J'espère pouvoir peindre un tableau au plus proche de la réalité des lecteurs à la fin de mon étude.
Bonne journée !
Laura / Forfi
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Bonsoir Forfi,
Concernant Bergier et Bouyer, je me permets, au cas où, de renvoyer à quelques précisions évoquées il y a trois ans dans un autre fuseau du forum, précisions qui ne sont sans doute que des détails aux yeux de certains mais qui pourraient avoir leur place dans une thèse : https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic. … 884#p82884
Dans le cadre d'une étude qui s'arrête avant Internet, je suppose que mon témoignage de lecteur n'apporterait pas grand-chose, même si j'ai personnellement découvert Tolkien dans le courant des années 1990, sans rien devoir à Internet pour cela mais sans avoir pour autant eu beaucoup l'occasion d'échanger à ce propos avant la généralisation des connexions au Web. Ceci dit, je connais évidemment, entre autres, un Dragon qui m'a notamment plusieurs fois parlé, à la Male-Selve, des échanges qui pouvaient se faire à l'époque dans le cadre de la FEE et de ses vieux numéros de Féerik : voila déjà là un Grand Ancien qui aurait certainement bien des choses à te raconter, éventuellement de vive voix (sans avoir à faire beaucoup de kilomètres, qui plus est, dans ce cas)... ;-) La fée du Dragon sera peut-être aussi intéressée de témoigner : je vais lui en parler. :-)
Amicalement,
Hyarion... encore en coup de vent...
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Il me semble que j'ai déjà fait ce repérage autour de l'article d'Altairac (mes lectures sont tellement éparses que j'en oublie parfois) mais merci pour le rappel
Et évidemment j'ai écrit à Didier, j'attends son retour. Je dois aussi échanger bientôt avec Edouard Kloczko. Mais en réalité tout type de témoignage peut avoir sa valeur, bien que mon travail tourne vraiment autour de la réception de l'oeuvre et donc en particulier sur les communautés, liens et productions, ce qui effectivement réduit un peu le champ d'action. Ceci dit, des infos du genre "j'ai acheté mon Seigneur des Anneaux dans telle librairie" ou "c'était au CDI de mon collège" peuvent aussi être pertinentes pour apporter des précision sur les moyens et lieux de diffusion de l'oeuvre.
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J’ai moi aussi découvert Tolkien en 1985 bien avant internet un peu par hasard. Je lisais dans je ne sais plus quel magasine (peut être bien ‘le Point’) une critique du dessin animé de Walt Disney ‘Taram et le chaudron magique’. Je me souviens très bien que le journaliste avait écrit « Disney nous refait en encore pire le Seigneur des Anneaux ». Or je ne savais pas ce qu’était le SdA. J’étais une peu vaniteux à l’époque et j’avais été piqué au vif en me disant ‘comment est-il possible qu’un journaliste puisse citer une référence que visiblement tout le monde est censé connaitre et que j’ignore totalement ?’. J’étais donc descendu illico à la librairie en bas de chez moi pour y acheter le SdA. Il n’y était pas et j’ai donc dû le commander (cela fait bizarre d’y repenser maintenant où l’on trouve le SdA absolument partout).
Dès que je l’ai eu entre les mains je suis tombé sous le charme et je me souviens bien de ma réaction quand je l’ai terminé. Ce fut d’une part « j’en veux encore ! » et d’autre part « pour avoir écrit ceci cet auteur était forcément un catholique pratiquant ». Je ne connaissais absolument pas qui était Tolkien mais ce fut pour moi une évidence. J’ai alors demandé à cette même librairie s’il y avait d’autres livres de Tolkien et j’ai alors commandé le Hobbit et le Silmarilion et les CLI, que j’ai dévoré également. Je les ai tous lu plusieurs fois. Ensuite j’ai connu une longue période de solitude (sur le plan tolkienien, pas pour le reste) car chaque fois que je tentais de parler de Tolkien autours de moi, personne ne le connaissait et je ne trouvais personne pour échanger sur ma passion.
En 1993 à la FNAC des Ternes à Paris, je suis tombé sur un livre d’illustrations en anglais (je ne l’avais pas acheté et je ne sais plus de qui il était mais je pense que ce devait être de Ted Nasmith). Je l’avais feuilleté et j’étais tombé en arrêt devant une peinture représentant ‘the cottage of lost play’ dans ‘the book of lost tales’. C’est ainsi que j’ai découvert qu’il devait y avoir un livre de Tolkien que je n’avais pas lu. De fil en aiguille j’ai appris l’existence des HOME ( il n’y en avait que 6 à cette date). Entre temps ma libraire de quartier connaissant mes gouts avait eu la gentillesse de me recommander une autre librairie spécialisée dans les ouvrages en anglais en disant ‘ils sauront mieux vous conseiller que moi’. Je suis donc allé à ‘the abbey book-shop’ derrière Saint Germain des Prés et je m’y suis procuré les HOME ainsi que d’autres livres sur ou autours de Tolkien. En particulier ‘the Atlas of MdE’de Karen Fonstad. Dans sa préface elle remerciait les membres de la Tolkien Society d’Oxford pour leur aide dans ses recherches. J’ai ainsi appris l’existence de la TS et après des recherches à ma poste pour trouver leur adresse, je leur ai écrit une lettre papier. Deux mois plus tard j’ai reçu une réponse avec un bulletin d’adhésion et je suis devenu membre. J’ai pu recevoir Amon Hen et Mallorn et c’est ainsi que j’ai commencé à prendre contact avec la communauté Tolkienienne. Mon premier article dans Amon Hen, ‘Arwen the Amazone ?’ a été envoyé par courrier papier…
Autre anecdote, en 1995, ne doutant de rien, j’avais envoyé une lettre à ‘Harper and Collins’ avec la mention « prière de faire suivre à Christopher Tolkien ». A ma grande surprise quelques semaines plus tard j’ai reçu une réponse de sa part et nous avons ainsi échangé deux lettres. Ensuite il a cessé de me répondre
Avec l’arrivée d’internet le monde a changé et j’ai trouvé JRRVF que je continue à fréquenter depuis maintenant 17 ans. Les films de PJ ont aussi tout changé. Maintenant le SdA est devenu connu de tout le monde et fait partie de la culture de base du français, ce qui n’était absolument pas le cas il y a un peu plus de trente ans.
Je ne sais pas si ce témoignage peut t’être utile mais c’est ma petite histoire
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La mort de Chuck Berry me plonge dans une étrange nostalgie mélancolique... du coup, quel meilleur endroit que ce fuseau pour remuer des vieux souvenirs d'un passé délicieusement devenu sépia - et si en plus, ça peut être utile à Forfi
Tout comme Jean, je suis venu à Tolkien dans les années 80.
A la fin du collège, je me suis intéressé petit à petit aux jeux de rôles car plusieurs de mes amis se réunissaient le dimanche après-midi pour des parties échevelées de AD&D ou de Chtulu. C'était aussi l'apogée des "livres dont vous êtes le héros" dont j'étais un fervent lecteur.
L'amusante proximité de mes initiales avec celles de Tolkien a surement facilité une rencontre qui devait de toute façon être inexorable (je connaissais déjà l'existence des Hobbits).
Je me suis donc retrouvé avec un exemplaire de la Communauté de l'Anneau entre les mains (une édition France Loisirs, avec l'alphabet gobelin des Lettres du Père Noël en annexe...) et il est inutile de vous préciser que ça a changé le cours de mon existence.
L'exemplaire n'était pas le mien, mais celui d'un de mes amis. Je me souviens que l'ouvrage était couvert d'annotations au crayon à papier, notamment des erreurs qu'il semblait avoir relevées, mais qui n'avait pas trop de sens pour moi à ce moment. Mais ces annotations ne me gênaient pas dans ma lecture et ont parfois fait office de "notes de bas de page".
Ainsi démarrait pour moi une "première époque", comme j'ai déjà pu l'écrire sur d'autres fuseaux ou dans d'autres forums.
Une fois la Communauté avalé - en quelques jours, ce qui était alors un record pour un lecteur très lent comme moi, je me suis retrouvé frustré de ne pas m'emparer de la suite.
Je me suis fait prêter le Hobbit par un autre ami. Une édition poche illustrée par Evelyne Drouhin. Mais j'ai vite compris que je ne lisais pas les choses dans un bon ordre. Je me suis donc procuré dans la fameuse version pocket de 1986 les trois volumes du SdA et, reprenant la Communauté au début et savourant plus encore que jamais ce retour dans la Comté, j'ai avalé en un été tout le roman, puis le Hobbit à la rentrée scolaire, annotant à mon tour ces exemplaires personnels.
Outre les livres, j'ai assez vite eu accès, grâce à mon réseau de rôlistes, à des modules de jeu ICE, aux calendriers Tolkien et aux fanzines de jeux de rôles qui faisaient régulièrement la part belle à la Terre du Milieu (et même parfois "aux Terres du Milieu")
C'est ainsi que j'ai découvert un jour, chez cet ami qui m'avait le premier prêté son Communauté annoté, un bulletin de la Fée (Faculté des études elfiques) qui s'appelait Feerik.
Les signatures d'Edouard Kloczko et de Didier Willis étaient déjà là. Je ne sais pas pourquoi ces deux noms m'avaient marqué à l'époque. En tout cas, le nom de Kloczko se retrouvait aussi sur des articles de fanzines de rôlistes consacrés aux Elfes (j'ai toujours des vieilles photocopies d'un exemplaire de Graal spécial Tolkien, de cette époque). Quelle surprise et quel honneur, en tout cas, de me retrouver dix ans plus tard, à discuter avec ces deux spécialistes via les premiers forums sur internet
Mais à l'époque, j'étais trop timoré pour imaginer oser, comme mon ami avait dû le faire, m'inscrire à une newsletter. De toute façon, il aurait fallu acheter des timbres, et mes parents ne me filaient pas d'argent de poche
Le lycée, c'était aussi le temps des échanges en vis à vis, des discussions avec les autres rôlistes, des échanges de dessins et esquisses sur le monde de Tolkien avec d'autres vrais passionnés. Aussi le temps des petits copions écrits en Tengwar et cachés dans la trousse pour se rassurer le jour du bac blanc... (ne le dites pas à ma fille, lycéenne à son tour aujourd'hui...)
Ma "deuxième époque" est celle du centenaire de la naissance de Tolkien.
On est alors en 1992. Le public français a la chance de voir arriver dans les bonnes librairies des éditions inédites en France (Le SdA illustré par Alan Lee, les premiers HoME en ce qui me concerne), de nouveaux bouquins sur Tolkien (Hammond et Scull, David Day, Karen Fonstad, le premier livre d'Edouard...) et la prise de conscience que les modules des jeux de rôle ne contenaient pas que des informations exactes...
Avec cette accumulation inespérée de nouvelles ressources, et l'accès à des ouvrages plus anciens à la bibliothèque de la fac (au rayon des lits : découverte du Book of Lost Tales I et II, du Tolkien Compass de Lobdell, dans sa première édition (1975), et des Adventures of Tom Bombadil... et donc la vraie découverte de Tolkien en VO, pour faire simple).
c'est aussi l'époque des tous premiers travaux personnels sur la Comté, l'exploration des langues elfiques, le déchiffrage des runes des couvertures des éditions anglaises des œuvres de Tolkien.
La fac laissait pas mal de temps pour toutes ces découvertes passionnantes.
Malheureusement, étudiant désargenté, il a fallu que je travaille pour payer mes études (et mes livres de/sur Tolkien). J'ai perdu de vue petit à petit mes camarades de lycée et j'ai tourné la page des jeux de rôles.
Je suis resté alors seul avec cette curieuse lubie, l'univers de Tolkien, pendant plusieurs années. Et c'est tout seul que j'avais déjà, en 1997, écrit le premier chapitre des futures Promenades qui font ma célébrité jusqu'aux confins de la Nouvelle Guinée ;p
Mon souvenir le plus émouvant de cette époque : avoir prêté les trois volumes du Seigneur des Anneaux à mon vieux père, avec qui j'étais un peu en froid. Il l'a lu en entier, ça a servi de prétexte à reprendre un peu le dialogue - le roman lui avait beaucoup plu, et ça me plaisait de lui expliquer les parties qu'il avait trouvées un peu obscures. Malheureusement, ça n'a pas été très loin car mon père est décédé peu après, au printemps 1998.
Puis vint ma "troisième époque", qui est - vous l'avez deviné, celle d'internet et des forums.
La rumeur d'un film à venir est arrivée à mes oreilles par l'intermédiaire d'un copain de fac qui savait ma passion pour Tolkien (lui - ce traître - était fan de Moorcock). Cette nouvelle, vous le savez, a réuni progressivement du beau monde, et de plus en plus de monde, autour des premiers forums internet dans les années 2000-2001 : Elostirion, Numenoréen, JRRVF et Elbakin. Mon inscription sur les trois premiers a eu lieu le même jour, en juin 2001, après des semaines de lectures timides, et avec, sans faire vraiment gaffe, le bouton "shift lock" en action, inscrivant mon modeste pseudo en arrogantes majuscules .
Puis le premier film est sorti... Je suis alors devenu ISENGAR, le pourfendeur de jacksoniens, la terreur des Legolettes, le cauchemar de Hyarion... et la suite - sauf si vous êtes nés après 2001 - vous la connaissez déjà
La sortie des Promenades et du Dictionnaire Tolkien a été pour moi une "quatrième époque", dans laquelle je pense toujours être aujourd'hui. Mais on sort un peu du sujet du fuseau
Bref, pour résumer les choses à Forfi, pas de club, d'associations ou de correspondances assidues en ce qui me concerne. Le jeu de rôle a été le point de départ, mais l'essentiel de ma vie tolkienienne a été plutôt solitaire avant l'ère internet.
Bon dimanche à tous !
I.
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Merci pour ces précieux témoignages , c'est exactement de ce genre de choses dont j'ai besoin...Du coup je vais poser plein de questions pour compléter vos propos, à vous de voir si ça vous va de continuer de discuter de tout cela ici ou si vous préférez le faire en privé par mail...
Jean: merci beaucoup ! C'est intéressant cette histoire d'article dans un magazine, même si je doute qu'il soit possible aujourd'hui d'en retrouver la trace... Et sinon, où habitais-tu quand tu as du commander le Seigneur de Anneaux en librairie ? Et quel âge avais-tu à l'époque ? C'est très intéressant cette approche de l'oeuvre par le pan purement littéraire, et par conséquent rapidement tourné vers la VO et la Tolkien Society par la suite, puisque cela contraste avec la plupart des retours qui, comme pour Isengar, sont souvent liés de près ou de loin à l'univers des jeux de rôles à la même époque. A tes débuts comme membre de la Tolkien Society as-tu aussi correspondu spécifiquement avec certains membres ou "simplement" écrit ton article ? Et enfin, je trouve ça assez extraordinaire d'avoir eu la chance d'échanger avec Christopher Tolkien, j'imagine que les lettres en elles-mêmes ne peuvent pas être diffusées, mais de quoi s'agissait-il en substance ?
J'ai conscience que je pose des questions très précises sur des faits qui ont environ 20 ans et que ça ne doit pas être évident, mais bon, toute info peut servir
Isengar, JR: merci . Y a plein de trucs intéressants dans cette expérience (et mon Dieu, ta fille est au lycée, que le temps file o_O !).
Où étais-tu au lycée à l'époque de ce groupe d'amis dont celui qui t'a prêté son exemplaire ? (Je suppose que cette personne n'est pas forcément retrouvable aujourd'hui, mais à tout hasard, si tu te rappelles de son nom ^^).
Et les fanzines de jeux de rôles à l'époque de fin du lycée du coup si j'ai bien suivi, parlons-en ! A part le Graal, as-tu d'autres titres en tête ? Pour le moment, le seul auquel j'ai eu accès semble être le premier en France mais date de 1983 et je n'ai reconnu aucun noms dans les auteurs (il s'agit de Runes). Si tu as ça encore quelque part, je serais évidemment ravie d'avoir une copie/image de ce fanzine du coup.
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Bonjour,
j'ai probablement moins de matière à raconter que ce qui a été écrit précédemment.
C'est le hasard qui m'a fait rencontrer "Le Seigneur des Anneaux" en 1993 (J'avais alors 31 ans), avant que le cinéaste préféré d'ISENGAR ne braque les projecteurs dessus quelques années plus tard. Je ne dois cette rencontre ni à la pratique des jeux de rôles qui m'était étrangère, ni à la recommandation d'aucune tierce personne.
Juste le hasard d'une flânerie entre les rayons d'un grand groupe de distribution de produits culturels : Je suis tombé en arrêt devant un ensemble d'exemplaires empilés d'un ouvrage exposé en évidence. J'en ai saisi un car l'objet m'attirait. L'objet livre était magnifique, avec ses superbes illustrations. Il était massif, et me faisait penser à une sorte de grimoire. Il s'agissait, vous l'avez deviné de l'édition du centenaire par Christian Bourgois, illustré par Alan Lee, du SDA en 1 volume. C'est l'attirance pour cet objet qui a éveillé chez moi le désir de l'acheter plutôt que de le reposer et de passer mon chemin. Cela illustre l'importance du choix de l'éditeur dans la conception de la maquette d'un livre.
J'ai entamé ensuite la lecture de cet ouvrage pour y découvrir un récit qui m'a impressionné au moins autant que la lecture des "Misérables" de Victor Hugo.
J'ai réalisé bien plus tard que j'avais déjà été exposé plus jeune à l'univers de Tolkien à travers le film d'animation de Ralph Bakshi que j'avais vu au moment de sa sortie en salles, et dont le souvenir s'était vite enfoui dans les limbes de ma mémoire. De même que Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, je me suis rappelé aussi avoir joué un peu sur ordinateur à la fin des années 80s avec le jeu "Lord of Midnight" sans rien connaître de l'inspiration de ce jeu.
Je ne poursuivrai pas davantage dans le récit de mes voyages en terre du milieu, car il est semblable à ceux de bien d'autres :
Découverte du Silmarilion, puis du Hobbit. Avant de m'inscrire au début des années 2000 sur le site JRRVF, et de m'y enrichir par la lecture d'éminents spécialistes qui m'ont permis d'appréhender des problématiques que je n'avais pas moi-même perçues, et approfondir mes connaissances de l’œuvre de Tolkien; comme le firent par la suite les nombreuses publications qui se sont succédées depuis.
Voilà. Merci encore aux éditions Bourgois d'avoir produit ce bel objet-livre, qui m'a permis de faire cette heureuse rencontre.
Chaleureusement votre.
Swing Kid.
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Mon tout premier contact avec Tolkien s'est fait vraisemblablement vers 1995, à travers les couvertures et les premières pages d'une série en trois volumes des Contes et légendes inachevés de 1988 éditée chez Pocket, que possédait un de mes cousins, plus âgé que moi. Trouvés en farfouillant dans sa bibliothèque à la recherche de lectures, ces volumes de poche avaient attiré mon attention en raison de leurs couvertures par Marcel Laverdet, que je connaissais déjà pour son travail d'illustrateur des albums jeunesse de la collection « Mythes et légendes » de chez Hachette. Aujourd'hui encore, je me demande quel personnage tolkienien est éventuellement censé représenter la guerrière forestière, court vêtue de bleue et armée d'une longue épée, figurant sur la couverture du volume consacré au « Second Âge »... ;-)
Toujours est-il que, dès les premières lignes, je n'avais naturellement rien compris à l'époque au contenu des histoires de ces volumes, et que je me suis vite contenté alors de laisser plutôt vagabonder mon imagination à partir essentiellement des images de couvertures en faisant plus ou moins le lien avec les autres illustrations de Laverdet que je connaissais. En ce temps-là, j'étais déjà très imprégné de culture classique, de littérature du XIXe siècle (je lisais notamment avec beaucoup d'intérêt les classiques signalés à l'école : Dumas père, Vigny, Poe, Sand, Gautier, Flaubert, Maupassant...), de mythologie gréco-romaine (j'emportais notamment partout avec moi le Livre de la mythologie grecque et romaine de Colette Estin et Hélène Laporte, dans la collection « Découverte Cadet » de Gallimard...), ainsi que de romans policiers (Arthur Conan Doyle et Agatha Christie surtout), de romans d'aventure (Jules Verne surtout), de merveilleux animalier (Le Vent dans les saules de K. Grahame, entre autres...), et d'illustrations évocatrices crées par de grands artistes (Gustave Doré notamment). Les jeux de rôle (au sens large) m'étaient largement étrangers. Je connaissais cependant un peu la collection des « Livres dont vous êtes le héros » de chez Gallimard en Folio Junior, mais, là encore, essentiellement par les couvertures des volumes, qui faisaient, là encore, vagabonder mon esprit en stimulant mon imagination, et m'intéressaient finalement peut-être plus que le contenu des livres ou leurs illustrations intérieures : c'est ainsi qu'à travers les couvertures de la série « Quête du Graal », que je me contentais de regarder en librairie, j'ai pu avoir un premier contact avec la peinture de John Howe, qui illustrait les couvertures de cette série... tandis que le seul « Livre dont vous êtes le héros » que j'ai finalement acheté et avec lequel j'ai un peu joué aura été un volume d'une série « Sherlock Holmes ». Bref, tout cela pour dire que lorsque j'ai appris bien plus tard que les « premiers » auteurs de fantasy francophones, présentés comme tels à la fin des années 1990, disaient être venus à l'écriture par le jeu de rôle, je me suis dit que, rétrospectivement, mon rapport au merveilleux et à la fantasy (de même qu'à l'écriture) était décidément issu d'un cheminement sensiblement différent...
Chaque été, largement passé dans une maison de campagne aveyronnaise sans téléphone ni télévision, il me fallait de la lecture entre deux promenades à pied ou à vélo, entre deux parties de jeux de société, ou avant de m'endormir pour la nuit. J'allais m'approvisionner dans des librairies ou dans les coins à livres des supermarchés et des marchands de tabac et/ou de journaux. C'était une époque où je pouvais lire un roman policier par jour et/ou par nuit. Entre deux enquêtes de Sherlock Holmes ou d'Hercule Poirot, il me fallait des récits d'un autre genre, et c'est dans ce contexte que, durant l'été 1998, ma deuxième tentative de lecture de Tolkien fut la bonne, avec l'achat d'un exemplaire de poche du Hobbit, avec alors pour titre Bilbo le Hobbit. La quatrième de couverture m'avait plutôt séduit, d'autant plus que le livre était finalement davantage présenté comme un classique de la littérature « fantastique » que comme le livre pour enfants que d'aucuns ne cessent de prétendre qu'il ne serait que cela, alors que, personnellement, j'étais quand même déjà au lycée quand j'ai fait acquisition de ce premier exemplaire, que j'ai d'ailleurs toujours en ma possession...
Je me souviens encore de ma lecture de ce roman, dans le jardin de la maison de campagne, sous un grand noyer m'abritant du soleil... Je n'avais à l'époque rien d'autre que les cartes (dont celle des Terres Sauvages avec la fameuse mention erronée des « Lapins » en bas à gauche) ainsi que la couverture illustrée par Henri Galeron pour faire fonctionner mon imagination, mais c'était suffisant. Feuilletant un peu plus tard en librairie une édition du Hobbit de chez Hachette qui contenait un dessin de Tolkien représentant Bilbo dans le hall de son trou, je constatais avec plaisir que la vision de Tolkien correspondait plus ou moins à ce que j'avais imaginé, ce qui fut aussi le cas concernant les illustrations d'Alan Lee pour le roman que je découvrais encore un peu plus tard. J'ai beaucoup aimé cette première lecture du Hobbit, avec un début et une fin où on retombe bien sur ses pieds, comme en écoutant le Boléro de Ravel... J'avais repéré le Seigneur des Anneaux dans son édition de poche jeunesse de 1988 saucissonnée en 6 volumes (suivant le découpage en livres) chez Folio Junior, car une fois de plus, j'avais été interpellé par les couvertures des volumes, illustrées par Christian Broutin, et que je trouvais assez évocatrices et propices à faire fonctionner l'imagination. Mais tous ces volumes me donnaient une impression de série plutôt longue, comme c'est d'ailleurs toujours et même souvent bien davantage le cas aujourd'hui avec tout un tas de « sagas » de fantasy interminables en je-ne-sais combien de volumes... Néanmoins, après ma lecture du Hobbit, j'ai acheté dans la foulée le Seigneur des Anneaux dans une édition de poche de chez Pocket en trois volumes de 1995, dont les couvertures étaient illustrées par Laverdet (comme pour l'édition de 1986 mais dans une version des images un peu différente)... et j'ai été déçu de constater au fil des pages que Bilbo ne serait pas le héros principal de cette nouvelle histoire... De fait, la lecture de ce deuxième roman m'a moins marqué... Il y avait des longueurs et la fin était plutôt mélancolique alors que j'ai toujours eu un faible pour les « happy ends », y compris quand elles comportent un part d'ironie comme dans le Candide de Voltaire... Je gardais donc en tout cas surtout une bonne impression du Hobbit, grand roman dont je persiste à penser encore aujourd'hui (je l'ai déjà écrit) qu'il n'y manque que deux choses, présentes dans le Seigneur des Anneaux : des personnages féminins et Tom Bombadil. Cherchant à me renseigner sur l'auteur, je sentais simplement chez lui une certaine tendance à l'anglo-centrisme qui me le rendait distant, sans toutefois me douter alors que certaines obsessions des « fans » et des spécialistes avaient tendance à les faire se focaliser sur les langues inventées ou sur le catholicisme de l'écrivain, choses dont je n'ai pris pleinement conscience qu'en débarquant sur JRRVF quelques années plus tard... Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion d'échanger des impressions de lecture à cette époque, faute d'interlocuteurs véritablement intéressés par le sujet : on était alors très loin, de mon point de vue, du phénomène culturel dont nous faisons tous plus ou moins nos choux gras aujourd'hui... J'avais été tenté de lire d'autres livres de Tolkien, mais sans que cela aille bien loin alors : il y avait tellement d'autres auteurs à lire et à découvrir...
Tolkien aurait donc pu rester pour moi une référence littéraire parmi beaucoup d'autres mais la première trilogie de Peter Jackson m'y a fait revenir plus tôt que je n'aurai pu peut-être le penser puisque, dès 1999-2000, j'ai entendu parler de la « trilogie du siècle » (©JR) à venir, par un camarade de lycée cinéphile qui lisait alors avec attention les papiers dithyrambiques que le critique de cinéma Rafik Djoumi publiait sur le sujet dans la revue Mad Movies (fervent jacksonophile, Rafik est précisément revenu sur cette période l'année dernière, dans un article publié en ligne sur deux pages dans le « Journal du Geek »). C'est à cette époque seulement que j'ai commencé progressivement à surfer un peu sur Internet (premier courriel envoyé en France durant un séjour dans ma famille aux États-Unis en 1999 ; première boîte à courriels en novembre 2000, au début de mes études supérieures...), lorsque j'avais accès à un poste informatique et que j'avais le temps, mais je ne cherchais pas du tout à me renseigner sur Tolkien par ce biais à ce moment-là, ce pourquoi mon appréhension première de l'écrivain et de l'œuvre ne doivent strictement rien à Internet. Je me souviens avoir anticipé le succès de la trilogie et un fort probable tourbillon médiatique qui m'agaçait déjà à l'avance : cela m'a motivé pour acquérir ma première édition en un volume du Seigneur des Anneaux de chez Christian Bourgois fin 2000 (avec une couverture illustrée par un Gandalf de John Howe) et un peu plus tard mon édition reliée du roman illustrée par Alan Lee, courant 2001... J'ai aussi eu à cœur d'acquérir rapidement une édition compacte du Silmarillion et des Contes et légendes inachevés de chez Bourgois, ayant désormais davantage de cartes en main pour lire et comprendre ces écrits. Ma première version originale du Lord of the Rings de chez HarperCollins a été aussi un de mes premiers achats en ligne, début 2002.
Entre décembre 2001 et décembre 2003, je suis allé voir la première trilogie jacksonienne en salles (parmi évidemment d'autres films, car j'allais très souvent au cinéma à l'époque, bien plus qu'aujourd'hui) et je l'ai appréciée comme on le sait (mais sans en faire pour autant « l'évènement cinématographique du siècle » comme certains, et sachant que j'ai très nettement moins apprécié la deuxième trilogie jacksonienne dix ans plus tard). Et c'est donc pendant et après la sortie de ladite première trilogie que j'ai commencé à me rapprocher d'autres lecteurs de Tolkien, cette fois-ci grâce à Internet, car en particulier je continuai à me poser des questions sur l'auteur, ses sources, sa personnalité et notamment sur son anglo-centrisme (et la francophobie associée). La suite, je l'ai déjà un peu raconté sur le forum de Tolkiendil en 2013, mais je le répète ici : le premier site tolkienien que j'ai vraiment fréquenté a été celui de Vincent (PourTolkien.fr, à l'époque hébergé chez Free), site que j'ai dû découvrir du reste à peu près en même temps que celui de John Howe, vers fin 2002-début 2003. J'avais ensuite rencontré Vincent lors de la semaine littéraire tolkienienne de Rennes en avril 2003 (le premier contact de vive voix s'étant fait, je m'en souviens, devant un des tableaux de John Howe exposés sur place pour l'occasion : Horseman in the Night), et Vincent m'avait plus tard recommandé le forum de JRRVF pour y poser mes questions (à la suite notamment de ma lecture de la Feuille de la Compagnie N°2). Je me suis inscrit sur le forum de JRRVF en janvier 2004 : c'était la première fois que je m'inscrivais sur un forum de discussion, et longtemps ce forum est resté le seul que je fréquentais sur la Toile... J'ai alors appris progressivement à me familiariser avec ce que j'appelle depuis la planète Tolkien, avec ses spécialistes et leur « maniaquerie légendaire » selon le mot de Joseph Altairac... ;-) Cela a coïncidé avec la constitution progressive de la part tolkienienne de ma bibliothèque, en sus des volumes que j'avais déjà acquis avant la sortie des films et mon inscription sur JRRVF... et c'est aussi surtout à cette époque que je me suis mis à lire d'autres auteurs « classiques » de fantasy, via notamment la Grande Anthologie de la Fantasy de chez Omnibus dès 2004.
Depuis, beaucoup d'eau a coulé sous les ponts... et maintenant, j'en suis à étudier J. R. R. Tolkien conjointement avec d'autres écrivains comme Robert E. Howard, et à pondre des écrits qui en parle... Je crois que j'en suis venu à faire ce que j'ai en fait longtemps attendu vainement que d'autres fassent à ma place, un peu comme ces écrivains qui finissent naturellement par écrire les histoires qu'ils ont envie de lire...
Pour essayer de résumer à mon tour, pour Forfi après JR, mon parcours n'est pas celui d'un « fan », ou d'un « geek », ou d'un « nerd », ou de quoi que ce soit du genre... Juste celui d'un lecteur curieux, dont la découverte de Tolkien, juste avant l'arrivée progressive d'Internet dans ma vie personnelle, aura été également plutôt solitaire, avec très peu d'intermédiaires et d'interlocuteurs, et sans aucune influence médiatique (alors que, par exemple, c'est en regardant à la télé, un jour de septembre 2000, un numéro de l'émission « Un siècle d'écrivains » que j'ai découvert l'œuvre de Pierre Louÿs). Je ne sais pas si mon témoignage sera très intéressant par rapport au sujet de la thèse, mais bon, le voila. ^^
Amicalement,
Hyarion.
P.S.: en ce qui concerne l'arrivée de l'ère Internet, je ne sais pas comment tu comptes présenter la chose, Forfi, mais de mon point de vue, je n'ai pas eu vraiment l'impression d'entrer dans une nouvelle ère avant les toutes dernières années du XXe siècle (qui s'est terminé non pas le 1er janvier 2000 mais le 1er janvier 2001, contrairement à ce que presque tout le monde a cru à l'époque semble-t-il, on ne sait trop pourquoi). Il y a eu un contexte de généralisation croissante en Occident, dans les années 1990, de l'usage civil des ordinateurs individuels, aussi bien chez les particuliers que dans le monde de l'entreprise, mais je n'ai personnellement pas eu d'ordinateur individuel avant le début des années 2000 : auparavant, dès le début des années 1990, j'utilisais ponctuellement d'autres ordinateurs, dans un cadre scolaire (dès l'école primaire avec de petits exercices de codage pour taper du texte ou créér de petites animations très basiques à l'écran) puis dans le cadre du cercle familial, pour du traitement de texte ou l'usage d'un CD-ROM type Encarta sur Windows 95, mais ce n'était pas lié à l'Internet. Lorsque en 1989 le physicien britannique Tim Berners-Lee a inventé le World Wide Web au CERN, le réseau des réseaux qu'est Internet est apparu désormais ouvert à de nouveaux utilisateurs non forcément grands connaisseurs en informatique, mais le Web ayant originellement été conçue et développé pour des scientifiques universitaires, cela a quand même mis un peu de temps pour atteindre un public plus large. Mes premières vraies recherches documentaires sur Internet, sur des sites culturels, date de la même époque que mes premiers courriels, en 1999-2000.
Dans un de mes carnets, en mars 2000, j'avais noté ceci : « Depuis quelque temps, la télévision regorge de pubs pour les sites Internet. Il y en a partout, tout le temps, partout, partout, partout !!! Rares sont les jours sans que je ne vois (à la T.V.) une pub pour je ne sais quel "www.vienschezmoi .com" ». ^^
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Aucun problème pour répondre à ces questions. J’habitais à Paris dans le XVIIème et j’avais 21 ans. La librairie en question était avenue des Ternes et s’appelait « aux quatre vents ». (Il se trouve qu’elle appartenait à Marcel Bardiaux, le navigateur à la voile en solitaire qui a connu son heure de gloire dans les années 50-60 et dont le voilier s’appelait également ‘les quatre vents’. Il se servait du loyer de cette librairie pour vivre durant ses escales. Ceci dit je doute qu’il y ait mis souvent les pieds et je ne l’y ai jamais vu. De toute façon cela n’a rien à voir avec Tolkien)
Effectivement mon approche a été exclusivement littéraire. Je suis issu d’un milieu privilégié où l’on se piquait d’être ‘intellectuel’ et ou toute forme de distraction autre que sportive ou culturelle était franchement découragée (par exemple les BD n’avaient pas droit de cité chez mes parents). J’ignorais donc absolument tout des jeux de rôles et si jamais j’avais eu connaissance de cet univers, l’idée d’y participer m’aurait probablement semblée incongrue. Cette ambiance familiale a certainement aussi joué dans ma difficulté à partager mon intérêt pour Tolkien. Dans le milieu que je fréquentais mon gout pour Homer, Ovide ou Chrétien de Troye était considéré comme légèrement atypique mais honorable mais Tolkien n’entrait pas dans une « bonne case ».
Si je me suis tourné vers la TS en Angleterre et donc vers la lecture en VO c’est plus par hasard que par un choix délibéré. Je ne trouvais personne autours de moi avec lequel échanger sur Tolkien, j’en ai trouvés dans le monde Anglo-Saxon, mais cela aurait pu être n’importe où j’aurais fait la même démarche (problème de langue mis à part). Durant les premières années, je n’ai pas échangé avec des personnes particulières. Je me contentais de recevoir Amon Hen tous les deux mois et Mallorn une fois par an et cela suffisait à mon bonheur après 10 ans d’isolement sur le plan Tolkienien. J’ai envoyé mon premier article directement à Andrew Buttler par lettre, sans jamais avoir correspondu avec lui avant et il a été assez gentil pour le publier. Cet article après bien des enrichissements et des relectures a donné 18 ans plus tard le chapitre sur le pouvoir féminin en TdM dans «pour la gloire de ce monde ». J’ai commencé à échanger plus personnellement avec certains membres de la TS après ma première participation à un Oxenmoot à Oxford en 2001. Mais là internet existait déjà et nous avons correspondu par e-mails.
En ce qui concerne mes lettres à Christopher elles concernaient deux sujets. Le destin d’Arwen d’une part et l’origine des orcs de l’autre. Je ne comprenais pas pourquoi Arwen disait ‘qu’il n’y avait plus de bateau’ alors que Legolas et Gimli prenaient un bateau après son décès. Christopher m’avais alors expliqué le choix d’Arwen de choisir le destin des hommes. Sur l’origine des orcs, j’en ai un peu parlé dans un vieux fuseau de JRRVF intitulé « les orcs sont-ils immortels ». J’avais écrit à Christopher pour lui dire que je ne comprenais pas comment les orcs pouvaient être des elfes dénaturés. Si c’était le cas leurs âmes apres leur mort auraient dû aller chez Mandos qui n’aurait jamais relâché des âmes aussi corrompues. Melkor aurait donc dû capturer de nouveaux elfes et les corrompre à nouveau à chaque génération. Je lui avais demandé si les orcs ne pourraient pas être des nains corrompus (étant les enfants d’un Vala et non d’Eru, il me semblait logique qu’ils soient facilement corruptibles par un autre Vala. D’autre part selon certain écrits les nains n’ont pas d’âmes et sont sortis de la pierre pour retourner à la pierre. Ceci aurait résolu le problème du sort de l’âme des orcs) Christopher m’avait repondu que son père avait buté sur ce sujet de l’âme des orcs une bonne partie de sa vie. L’hypothèse d’une origine à partir des nains était séduisante mais il m’assurait que jamais son père ne l’avait envisagée. Il m’avait ensuite expliqué qu’effectivement son père avait à la fin de sa vie renoncé à l’origine elfique pour la raison precise que j’avais évoquée. Apres avoir caressé l’idée que les orcs aient été des animaux superbement évolués et dressés (les babouins cynocéphales contemporains auraient alors pu être les descendants des orcs revenus a l’état sauvage), il avait finalement décide que les orcs devaient être d’origine humaine. Cette idée impliquait de réécrire la chronologie des jours anciens car il fallait que les hommes s’éveillent plusieurs siècles plus tôt et il n’a jamais pris le temps de le faire. De sorte que Christopher a choisi dans le Silmarilion tel qu’il a été publié de laisser le doute en mettant une phrase du genre (je n’ai pas le livre avec moi) « il y a eu bien des spéculations sur l’origine des orcs. Certains racontent qu’ils s’agiraient d’elfes dénaturé par de savantes et lentes tortures… ». Quelqu’un sur ce forum retrouvera certainement la citation exacte.
La plus part de ces éléments sont bien connus aujourd’hui avec la publication des HOME, mais ils étaient totalement inédits il y a plus de vingt ans. Comme j’avais le sentiment que mon gout pour la TdM était une forme de ‘vice secret’ que mon entourage réprouvait plus ou moins, je n’ai pas ressenti le besoin de garder ces lettres. J’avais posé une question. J’avais eu ma réponse, j’étais satisfait, mais je n’imaginais pas que cette lettre puisse intéresser plus tard d’autres demi-dingues comme moi. A l’époque, je pensais sincèrement être seul de mon espèce.
J’espère avoir repondu à tes questions. N’hésite pas à en reposer d’autres. Si je peux y répondre ce sera avec plaisir
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> Forfi
Je suis allé au collège de Triel-sur-Seine puis au lycée de Poissy (Yvelines).
J'ai tout à fait le nom de mon vieux camarade en tête. Je l'ai perdu de vue, mais la magie d'internet m'a permis de retrouver sa trace et il est devenu un photographe de talent. Je t'envoie son nom par MP sur tolk'.
Pour les autres titres de magazine, je lisais beaucoup de Casus Belli, mais de mémoire, les rares articles sur Tolkien (ou plutôt sur du Tolkien sauce JRTM) n'étaient pas marquants, et je n'en ai gardé aucun. Dommage...
Quant aux vieilles photocopies de Graal, comme je le disais sur Tolk' ce soir, je les cherche... je les cherche... Mais boudiou ! où sont-elles cachées !...
> Swing Kid
J'ai connu des gens, parmi des membres plus âgés de ma famille, qui ont longtemps pensé, avant que je ne les éclaire sur le sujet (et bien avant la sortie de ma trilogie préférée), que le Seigneur des Anneaux était ce dessin animé étrange qu'ils avaient été voir au cinéma avec leur parents ou avec leurs amis à la fin des années 70
Donc pour eux, cette histoire n'avait pas vraiment de fin et ils ne se doutaient pas que, derrière, il pouvait exister un vrai roman.
Inimaginable aujourd'hui, avec le moindre Wikipédia à portée de smartphone
I.
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Petit, j’ai toujours aimé les récits d’aventure, et dans mon adolescence j’étais passionné de jeux de rôles et de livres dont vous êtes le héros. C’est par ce biais que j’ai entendu parler de Tolkien. Par des revues telles Casus Belli ou dans des commentaires sur des adaptations vidéoludiques de jeux de rôle citant Tolkien ou le Seigneur des Anneaux.
Je me souviens notamment d’une publicité sur une adaptation en jeu vidéo du SdA dans les années 80 avec un dessin montrant la rencontre de Gandalf, Aragorn, Gimli et Legolas dans la forêt de Fangorn.
Par contre je n’étais pas du tout un amateur de romans ou de livres en général, rebuté par les ouvrages qu’on me faisait lire au collège ou au lycée et je vivais la lecture comme une vraie corvée.
Ce fût à 19 ans, à la fin des classes préparatoires et mon concours en poche que j’ai enfin pu souffler et me dire que j’avais désormais du temps pour moi. J’ai décidé de découvrir enfin ce qu’était la littérature, dont tout le monde disait le plus grand bien et de lire des livres que je m’étais choisis. Guidé par mes vieilles amours pour le fantastique, c’est donc naturellement qu’en août 1995, je suis allé acheter la Communauté de l’Anneau dans une librairie du centre d’Aurillac.
Les trois volumes m’ont accompagné tout l’été et j’ai bien sûr été fasciné par cet univers tellement riche et parfait à mes yeux et à ces histoires de bravoure et de don de soi. Puis, comme rien n’était dit sur le 1er âge dans les annexes du Retour du Roi, j’ai lu les contes et légendes inachevées, et je n’ai rien compris bien sûr. Les autres volumes des CLI ne m’ont pas plus éclairé. Puis, j’ai vu, dans une librairie, que Tolkien avait écrit d’autres livres. J’ai donc acheté le Silmarillon, sans savoir qu’il y avait un lien quelconque avec le SdA, et là, l’univers de Tolkien m’a paru encore plus grandiose.
Mais bon, j’étais un peu seul avec Tolkien. Et peu de temps après, pour faire le lien avec ton sujet, j’ai découvert Internet. C’était en décembre 1995, un soir de grève à la SNCF, me cantonnant dans mon école un week-end. Et en salle informatique, on venait d’installer des modems et un navigateur sur les ordinateurs. Ma première recherche fut de taper Tolkien dans Netscape. Bon, autant le dire, je n’ai rien trouvé, hormis des images issues des calendriers Tolkien (très belles au demeurant), trouvé sur le site de l’école polytechnique (peut-être en ai-je gardé des archives dans mes documents de cours de cette époque, il faudra que je cherche).
Ce ne fut qu’avec la sortie des films que je me suis replongé à la fois dans Tolkien et dans des recherches à ce sujet sur Internet, et que je suis tombé sur JRRVF en 2002, la suite est écrite dans ce forum.
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Encore merci pour toutes vos participations . Je suis silencieuse mais continue de compiler et de travailler dans l'ombre (ou plutôt sur mon ordi chez moi, héhé).
A tout hasard je pose la question ici, est-ce que quelqu'un aurait chez lui le magazine Phénix Hors Série sur Tolkien datant de décembre 1989 ?
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Apparemment il y deux numéros de Phenix qui mentionnent Tolkien :
- un de 1993 sur Tolkien
- un de 1989
Voir en bas de cette page : http://www.claudethomas.net/bibliojbp3.htm
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Après vérification, c'est celui de 1993 que je possède... Désolé, Forfi !
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Je ne suis pas contre celui de 1993 non plus . Si tu as le temps de m'envoyer par mail un aperçu du sommaire par exemple (textes et auteurs) ce serait super chouette !
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Le sommaire est là : https://www.noosfere.org/icarus/livres/ … 2146578230
Si tu as besoin, je dois pouvoir contacter Denis Labbé qui y figure.
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Le sommaire est là : https://www.noosfere.org/icarus/livres/ … 2146578230
Si tu as besoin, je dois pouvoir contacter Denis Labbé qui y figure.
Je note que EJK y figure également. ;-)
Mais en principe, Forfi a pu déjà entrer en contact avec lui... enfin, je l'espère pour son travail de recherche ! ^^
Amicalement,
Hyarion.
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Il y a apparemment une petite erreur dans le sommaire de nooSFere : l'article n°22 "Fandom tolkinien dans le monde" est attribué à E. Kloczko, alors que dans le magazine il est signé Nathalie Kotowski.
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J'ai capté après que j'avais accès au sommaire en ligne en effet. Je rajoute à la liste de trucs à étudier rapidement ^^.
P.S: Hyarion, évidemment Edouard Kloczko a été une des premières personnes que j'ai contacté quand j'ai commencé à me pencher sur les lecteurs français.
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P.S: Hyarion, évidemment Edouard Kloczko a été une des premières personnes que j'ai contacté quand j'ai commencé à me pencher sur les lecteurs français.
Je m'en doutais bien. ;-) J'espère que le Dragon et sa fée auront pu également t'apporter leur témoignage.
Amicalement,
Hyarion.
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Que je sache, il y a en fait trois Phénix comportant un ou plusieurs articles sur Tolkien : les deux mentionnés : n° 19 (1989) et 33 (1992 — selon date d'impression), mais aussi le n° 55 (2000).
Forfi > Comme je les ai tous les trois, ils sont à ta disposition la prochaine fois qu tu passeras par Toulouse.
E.
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Tu as encore besoin de témoignages Forfi?
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Merci Damien !
Didier m'a effectivement fourni une certaine quantité de documents précieux pour documenter l'époque de la FEE.
Et rebeca, bien-sûr ! Plus j'ai de retours, plus j'aurai de choses à raconter
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Je réitère ici ma demande au cas où...Quelqu'un aurait-il à disposition les Cahiers de l'Imaginaire n° 6 (1982) ?
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Je remonte ce fuseau des limbes...
Un peu en dernière minute en raison des circonstances...
Je vous invite chaleureusement à assister à ma soutenance de thèse en ligne qui aura lieu ce vendredi 6 novembre à 14h. Merci de ne pas vous connecter plus tôt et de ne pas allumer vos caméras ni vos micros.
Suite à cette soutenance, je vous invite à me rejoindre pour un « pot de thèse » pour trinquer à cet accomplissement personnel et fruit de cinq longues années de travail dans une autre réunion Zoom.
Sujet : Zoom meeting invitation - soutenance de Laura Martin-Gomez
Heure : 6 nov. 2020 02 :00 PM Paris
Participer à la réunion Zoom
https://univ-artois-fr.zoom.us/j/931458 … 5KK3V1UT09
:)
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Je serai malheureusement en cours, mais je te remercie pour cette généreuse et amicale invitation et surtout, bravo pour ce travail dores-et-déjà annoncé comme superbe ! Je te souhaite une belle soutenance pour célébrer comme il se doit la fin de tant d'années de recherches !
S.
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Aaargh ! j'ai une réunion zoom de mon côté à 14h15... si je me connecte, je serai contraint d'abandonner en cours de route
Et pour l'autre zoom convivial, tu nous enverras le lien plus tard ?
I.
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Merci Laura,
Hélas je serai déjà en (visio)formation à ce moment-là :/
Félicitations par avance !
Sera-t-il possible de consulter ton travail ? :)
Jérôme
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Alors on m'a dit qu'il ne fallait pas partager les infos de connexion en public comme ça (risque de hacking). Je les ai retirées d'au-dessus, si vous voulez vous connecter en cours de route ou tout court demain entre 14h et 18h (sans micro et caméra) vous pouvez m'envoyer un petit mail (ou message Facebook ou MP sur Twitter ou sur le forum de Tolkiendil). Pareil pour la partie convivialité à partir de 18h du coup :)
@Yyr: Je peux t'envoyer ma thèse par mail si tu ne la diffuses pas. Je rêve peut-être, mais j'aimerais la publier sous forme de monographie un jour.
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Félicitations en temps et en heure :)
Oui ça m'intéresse et tu peux bien sûr compter sur ma discrétion ;)
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