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Paraît ce jour "Lire J.R.R. Tolkien" de Vincent Ferré. Cela mérite un fuseau dédié et, très probablement, des discussions futures.
A très bientôt donc !
Cédric.
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ça y est, je reviens de ma librairie (indépendante !), avec le fameux Pocket en poche.
De retour à l'appartement, je feuillette l'ouvrage : Vincent Ferré a produit un très beau travail de refonte et d'actualisation d'articles qui méritaient d'être rassemblés non seulement pour celui qui découvre Tolkien ou pour celui qui pourrait être rebuté par un ton trop universitaire (voir en ligne la liste des articles refondus) mais aussi et surtout pour chacun de nous ici, j'en suis persuadé, tant il y a à redécouvrir sous un nouveau jour (de belles heures de lectures en perspective) -- et à découvrir tout simplement.
Le tout avec ce art consommé qu'a Vincent de citer les Lettres (art qui découle d'une intimité acquise à les traduire) qui nous permet, à l'aide d'une seule de ces lettres, aussi bien de comprendre tout l'écart entre le déluge visuel des films et la suggestion du récit du Seigneur des Anneaux...
« Comme l'écrit J.R.R. Tolkien dans une lettre à son fils Christopher, les plus belles montagnes sont celles "vues au loin, que l'on n'escaladera jamais"[L96].»
V. Ferré, Lire J.R.R. Tolkien, Pocket no7167, 2014, p. 150
... que de révéler comment la lacune et l'absence, loin de l'encourager à suivre un spectacle, invite le lecteur à un acte créateur à la fois d'accueil et de critique :
« C'est en ce sens que l'on peut comprendre la part laissée aux énigmes et au silence, à l’hésitation là encore, qui surprennent dans son œuvre : "Les histoires les plus émouvantes sont celles que l'on ne raconte pas", écrit JRR Tolkien dans une lettre à son jeune fils Christopher [L96 là encore].»
V. Ferré, Lire J.R.R. Tolkien, Pocket no7167, 2014, p. 323
Et le lecteur-créateur modèle, pour Vincent Ferré, n'est autre que le "fils Christopher" dont l'acte de lecture, en se voulant « gardien de la mémoire et de la vérité » (ibid., p.323), s'est transformé en « re-création, ou co-création » (ibid., p.128) :
« Le lecteur se trouve finalement face à un double cas de fécondation de la philologie par la fiction, volontaire jusqu'à un certain point. J.R.R. Tolkien est parti de la philologie pour créer, transposant intentionnellement la démarche philologique au sein de son univers; son fil, Christopher Tolkien, adopte la démarche le plus rigoureuse possible, mais ne peut éviter la part de fiction -- terme qui n'a ici aucune connotation péjorative, bien au contraire, puisqu'elle désigne la part d'invention et d'imagination inévitable -- attachée à la reconstruction, lorsqu'il devient le philologue de son père, sur un matériau en partie philologique -- ou plutôt, fictivement philologique. »
V. Ferré, Lire J.R.R. Tolkien, Pocket no7167, 2014, p. 131
Et quoi de plus normal alors, devant cette invitation au lecteur à participer à la création de la Terre du Milieu, que de terminer les chapitres consacrés à la réception de Tolkien en France en mentionnant les deux volumes collectifs publiés par Le Dragon de Brume en 2011 et 2014 qui traite, justement, du "façonnement d'un monde" (ibid., p.206) ?
A ce sujet, j'ai un regret : dans cette prise en compte du travail associatif dans la réception de Tolkien en France, il aurait pu être fait mention de celui des orfèvres de Tolkiendil, L'Encyclopédie du Hobbit (2013) et Le Monde des Hobbits (2014) publiés par Le Pré aux Clerc. Mais ce regret -- qui n'est pas une critique (nous savons combien Vincent soutient ces travaux) -- n'a peut-être pas lieu d'être : j'ai pu avoir manqué les références dans mon feuilletage rapide pour ce post ;-)
Si le lecteur est philologue, c'est parce qu'il est un homme avant tout, c'est-à-dire un être de parole et un homme de parole, c'est-à-dire une personne qui vit par la mémoire, le lien et la vérité. Le lecteur-philologue est le sauveur de la parole devenue écrit :
« On ne citera jamais assez l'un des credo de [Tolkien,] ce philologue intéressé par les langues comme par l'Histoire, qui montre combien est cruciale la philologie, elle qui "a sauvé de l'oubli et de l'ignorance les documents qui nous restent, et présenté aux amoureux de la poésie et de l'histoire des fragments d'un passé noble qui, sans elle, serait resté obscur et enterré à jamais" [Monsters]. »
V. Ferré, Lire J.R.R. Tolkien, Pocket no7167, 2014, p. 110
Et Tolkien de précéder Ricœur qui semble faire écho :
« Même pour moi qui ai passé tant d’années, tant de temps dans les bibliothèques, c’est toujours très étrange. On est pris d’un sentiment contradictoire : d’un côté, on a sauvé par le livre des paroles qui, sans lui, se seraient envolées, et qui, désormais, sont inscrites. Mais en même temps, c’est La Belle au Bois Dormant : les livres non lus sont certainement plus nombreux que les livres lus. Il faut qu’un lecteur vienne réveiller la Belle au Bois Dormant. C’est l’acte de lecture qui sauve l’écriture, après que l’écriture a sauvé la parole, qui a disparu. »
Paul Ricœur, le 22 décembre 1991, « Présence Protestante » (Antenne 2), dans Paul Ricœur, Jacques Ellul, Jean Carbonnier, Pierre Chaunu. Dialogues, Labor et Fides, Genève, 2012, p. 44-45
Pour chacun donc, des découvertes en nombre quant à l’œuvre assurément, mais aussi des annonces tournées vers l'avenir.
J'en veux pour preuve non seulement l'annonce de la parution chez Bourgois des actes du colloque de Cerisy-2012 pour 2015 (note 1 p. 204), mais surtout, à la même page et dans le corps du texte, le dévoilement d'une véritable "bombe" (pardonnez-moi si j'enfonce une porte ouverte, mais à ce jour, si je n'ai vu passer aucune annonce ici, sur Tolkiendil ou sur Pourtolkien, c'est certainement dû à une faiblesse de ma part mais aussi parce que la porte n'était qu'entrebaillée ;-)) :
« La plus belle récompense de cette vitalité [de la recherche francophone sur l’œuvre de Tolkien] n'est-elle pas, alors la décision prise par le Tolkien Estate de proposer une version française du site homonyme -- www.tolkienestate.com -- site Internet officiel de l'auteur ? Ce projet prévoit également, outre la version anglaise, une version espagnole ; mais les nombres respectifs de locuteurs et de lecteurs de ces trois langues n'ont rien de comparable. Une telle décision est un signe fort.»
V. Ferré, Lire J.R.R. Tolkien, Pocket no7167, 2014, p. 204
Si le signe est fort, le geste de Vincent l'est tout autant, qui sait ménager ses effets tout en récompensant, encore une fois, le lecteur... Ce dernier trimestre 2014, commencé en fanfare avec la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux par Daniel Lauzon, s'est transformé en véritable feu d'artifice de réjouissances pour les textes et études tolkieniens francophones !
« L'art de Gandalf se bonifiait avec l'âge.
Il y eut des fusées comme une volée d'oiseaux scintillants aux voix mélodieuses. Il y eut des arbres verts aux troncs de fumée noire : leurs feuilles s'ouvrirent comme un printemps qui s'épanouit en un battement d'aile, et leurs branches incandescentes firent pleuvoir des fleurs chatoyantes sur les hobbits éberlués, disparaissant avec un doux parfum au moment de se poser sur leurs visages levés vers le ciel. Il y eut des fontaines de papillons étincelants qui partirent voleter parmi les branches d'arbres ; il y eut des piliers de flammes colorées qui s'élevèrent et se changèrent en aigles, en navires voguant sur les mers, ou en phalange de cygnes volants ; il y eut un orage pourpre et une averse de pluie jaune ; il y eut une forêt de lances argentées qui se dressèrent soudain avec un hurlement semblable à celui d'une armée assiégée, et qui retombèrent dans l'Eau avec le sifflement de mille serpents ardents. Enfin il y eut une dernière surprise, celle-ci en l'honneur de Bilbo ; et elle saisit les hobbits à l'extrême, comme Gandalf le souhaitait. Les lumières s'éteignirent. Une grande fumée s'éleva. Elle prit la forme d'une montagne vue de loin, et son sommet se mit à rougeoyer. Il cracha des flammes vertes et écarlates. Un dragon rouge doré en sortit -- [...] un rugissement se fit entendre et, par trois fois, il fila comme une flèche au-dessus de leurs têtes. Tous se baissèrent, et plusieurs s’aplatirent face contre terre. Le dragon passa comme un express, fit une culbute, puis éclata au-dessus de Belleau en une explosion assourdissante. »
JRR Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. La fraternité de l'Anneau, trad. par D. Lauzon, Bourgois, 2014, p. 47
Et tous ceux qui désirent les dragons d'un profond désir sauront être reconnaissants à l'artificier en chef qu'est Vincent Ferré :-)
S.
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J'ai également le titre en mains, vivement que je puisse m'y consacrer ! Ce que tu nous en dis, Sosryko, est fort alléchant !
Cédric
PS : Pour les amateurs du genre, une version numérique est disponible sur 12-21 (ne vous précipitez pas, l'achat plante...).
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PS : Pour les amateurs du genre, une version numérique est disponible sur 12-21 (ne vous précipitez pas, l'achat plante...).
C'est un concept que de mettre un article en "vitrine" alors qu'il n'est pas disponible. Car contact pris avec le service client, la version numérique ne sera disponible que le 18/12.
Cédric.
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Pour les amateurs du genre, une version numérique est disponible sur 12-21.
Il y a une bogue, ou le prix en numérique est véritablement plus cher qu'en imprimé ?
D.
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Il y a une bogue, ou le prix en numérique est véritablement plus cher qu'en imprimé ?D.
Ben, je ne voulais pas m'en étonner ici mais, oui, ça semble bien être le cas No comment... A voir si cela changera au moment de la disponibilité effective du titre.
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Le livre papier de Vincent est en tout cas actuellement le plus demandé sur A****n dans la catégorie "Critiques, essais et analyses de littérature" -- et plusieurs vont l'avoir pour cadeau à Noël semble-t-il puisqu'il est classé 11e des livres offerts dans cette catégorie
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A toute fin utile, sachez qu'il est désormais possible d'acheter la version numérique de "Lire Tolkien".
C.
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merci Cédric (mais la version numérique est plus chère que la version papier !)
& merci Sosryko... c'est une bonne suprise ! dire qu'il a été en rupture d'approvisionnement pendant plusieurs jours...
bref.
raison de plus pour ne pas relâcher la vigilance : Damien B. m'ayant signalé une formule euphémistique (j'ai écrit "centaines de mots" alors que j'aurais dû écrire "milliers de mots") à propos du quenya & du sindarin, et un lapsus calami (j'emploie une formule qui ne veut rien dire), j'ai ouvert une page sur "Pourtolkien" pour corriger ces 2 erreurs
http://www.pourtolkien.fr/spip.php?article183
en attendant la réimpression :-)
bonne lecture & encore merci à tous
vincent
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Hello
Druss l'a annoncé sur Tolkiendil hier soir, au tour de JRRVF d'en faire une belle annonce :
Vincent Ferré a reçu hier le prix spécial du jury des Imaginales 2015 pour le recueil Lire J.R.R. Tolkien (Pocket 2014) et la supervision de la nouvelle traduction du Seigneur des Anneaux.
C'est une très bonne nouvelle et notre cher Vincent mérite toutes nos félicitations
La remise du prix aura lieu pendant le festival, à Epinal, le samedi 30 mai, à 19 heures.
Une petite mise à jour du calendrier s'imposait également, pour ceux qui auraient l'occasion de passer par Epinal le 30 mai prochain
I.
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Une récompense pour un travail de très longue haleine. Toutes mes félicitations Vincent, c'est mérité à plus d'un titre. Un verre à ta santé !
C.
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Bravo Vincent.
sincères congratulations.
Silmo
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Félicitations Vincent, tu le mérites !
Mahdi, inscrit ici récemment.
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Merci à tous pour vos messages, ici & sur les réseaux sociaux.
Comme je l'écrivais ailleurs, JRR Tolkien a bien de la chance d'avoir une telle communauté de lecteurs - c'est Marcel P. qui me l'a confié : - )
amicalement
vincent
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Cher Vincent, c'est complètement mérité
Pour Marcel P., les habitants d'Illiers-Combray et les voisins du musée de la Tante Léonie confirmeront qu'il y a une communauté de lecteurs très très active... mais elle vient essentiellement du Japon
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Toutes mes félicitations cher Vincent.
C'est vraiment mérité pour tout ton travail pour promouvoir Tolkien. Bravo !
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