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Au cours de notre lecture, nous pourrions évoquer quelques passages et trouvailles qui nous ont plu particulièrement dans cette nouvelle Traduction.
Je vous propose d'en parler ici.
Cédric.
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Je n'ai pas de morceau choisi à évoquer pour l'instant mais je voulais échanger mes premières "sensations".
Je ne peux pas dire que je connaisse Le Seigneur des Anneaux par coeur mais j'ai tout de même l'impression assez nette de ne pas avoir le même ressenti, de ne pas lire le même livre. Un je ne sais quoi, indéfinissable (presque), qui me donne la certitude je ne lis pas la même chose, les mêmes phrases.
Ceci évidemment sans faire une lecture comparée mais l'impression persiste, rien à redire là-dessus.
Je n'ai pas encore beaucoup avancé dans ma lecture (manque de temps :-( ) mais je ne doute pas que le plaisir de la (re)découverte aille crescendo ;-)
Bonne nuit,
Cédric.
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Pour le moment, je n'ai fait que papillonner d'une page à l'autre, en lisant de courts extraits.
Mes premières impressions sont légèrement différentes de celles de Cédric : je connais certains passage sur le bout des doigts et les redécouvrir par petits bouts ne me donne pas le sentiment d'un texte nouveau ou d'une redécouverte, mais plutôt celui d'un changement de point de vue, comme une montagne dont on observerait depuis toujours les contours, les rondeurs et les couleurs familières à partir du même belvédère, pour tout à coup la découvrir depuis une montgolfière
Mais je n'ai pas officiellement et véritablement commencé ma lecture. Je pourrai donc en dire plus à ce moment là.
Le nouveau nom de Grands-pas me plaît beaucoup et lui donne une nouvelle dimension mystérieuse
I.
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Pour ma part, difficile de trouver un passage qui me plait particulièrement qui ne me plaisait pas déjà particulièrement auparavant : en plusieurs de ces passages, Daniel Lauzon, tout en restant fidèle à la VO, non seulement conserve son charme mais apporte, par petites touches, une fluidité qui pouvait manquer dans la traduction de Ledoux. Le fait de travailler sur le texte de l'édition du cinquantenaire permet aussi de corriger quelques erreurs de la première traduction et surtout de nous donner à lire pour la première fois un texte sans omissions.
Un bel exemple de ce travail se trouve dans la confrontation p. 331-332 entre Gandalf et Saruman (texte sur lequel je me suis précipité car je m'en servais récemment pour une étude à venir), texte déjà superbe dans la VO, que Ledoux avait très bien traduit dans l'ensemble et que Lauzon retraduit avec une grande élégance (*).
La trouvaille élémentaire (mais à laquelle justement il fallait penser) de «Númenor qui se meurt» suffirait à elle seule pour être reconnaissant et nous faire oublier le bien maladroit «mourant Númenor». Mais il y a aussi
- l'image des époques ( «Les Jours Anciens sont révolus. Les Jours Moyens passent. Les Jours Jeunes commencent.»),
- le choix judicieux de traduire purpose par «dessein» et design par «fin»,
- permettant à Saruman une finale terrifiante sur les fins et les moyens
- ajoutons à cela le tutoiement qui remplace le vouvoiement, justifié autant par la proximité de Saruman et de Gandalf (nature et mission communes) que par leur antagonisme
- ... et bien entendu la correction de la coquille et la traduction de l'omission qui rendent aux propos de Saruman leur pleine nature tentatrice : «Et pourquoi pas, Gandalf ? murmura-t-il.»
Un seul (petit!) regret : «les vieilles alliances et politiques» me semble trop calqué sur l'anglais the old allies and policies. Sur ce point, Ledoux avait ressenti le besoin de distribuer l'adjectif aux deux noms : «les anciens alliés et les anciennes politiques». Daniel Lauzon fait bien de remplacer "anciennes" par "vieilles" puisque Saruman cherche à être méprisant, mais il me semble qu'on aurait pu traduire en explicitant l'adjectif old sur les deux noms : «Contre lui, les vieille alliances et les politiques dépassées ne nous serviront aucunement / ne nous seront d'aucune aide.»
S.
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Je termine la lecture de la nouvelle traduction du SdA
J’ai vécu ça comme une redécouverte du roman de Tolkien, de nombreux passages obscurs apparaissent désormais dans toute leur clarté comme les poèmes ou l’ensemble du Légendaire.
De manière générale, la lecture est plus fluide, tout est compréhensible, qu’on soit un familier de l’œuvre ou non.
Une attention particulière à la restitution des dialogues. Les niveaux de langage décrivent bien les personnages, en particulier pour Sam, dont on peut voir l’évolution par ce biais-là au cours du roman (très rocailleux et primaire au début, il s’exprime avec de plus en plus de précision et de distinction)
Le Légendaire est beaucoup mieux mis en valeur et remet de plein pied le SdA dans l’ensemble de l’œuvre de Tolkien. Les erreurs et coquilles de la version de Ledoux ont enfin été corrigées et les poèmes très bien rendus. Une mention particulière pour Galadriel évoquant son souvenir des Arbres et de Valinor
Quelques noms sont très bien choisis, comme l’Arpenteur qui décrit bien mieux le personnage, ou Belspieds qui retranscrit enfin le jeu de mot du philologue (après la non traduction de Ledoux, le mauvais Fierpetons de PJ ou le désastreux Fierbras de Bakshi).
Malgré ça, à mon grand regret, je reste sur un sentiment mitigé.
Je trouve cette traduction trop technique, je trouve qu’elle manque de la poésie que faisait ressortir Ledoux
Certains termes trouvés par Ledoux collaient très bien aux passages traduits et aidaient à amplifier l’ambiance ressentie.
Les Galgals, par leur sonorité évoquent le claquement des dents. La vallée des Rigoles Sombres décrit très bien le sentiment des personnages à la sortie de la Moria : ils devraient être soulagés de ressortir de cet endroit d’effroi, être heureux de contempler le lac (les deux premiers mots sont ainsi des termes joyeux et positifs), mais c’est le dernier mot, « sombre », qui l’emporte comme leur peine après la perte de Gandalf.
L’association aussi de termes joyeux et bucoliques avec un terme belliqueux fait ressortir toute la gravité et le sentiment de gâchis et de salissement des guerres comme les champs aux iris, associé au désastre du même nom. De même le Tournesaule, associé à la peur des hobbits. Enfin, le gouffre de Helm montre bien l’ampleur de la bataille (mieux que la gorge en tout cas).
Tous les termes choisis par Daniel ne font pas ressortir tout cela.
De même, certaines traductions sont plus terre à terre et laissent moins le cours à l’imagination. Les Tertres font moins peur que les Galgals. La forêt noire, par son nom, garde un côté inquiétant mais mystérieux en même temps : avec Grand’peur, le lecteur n’a plus le choix, le sentiment à avoir c’est la peur, point barre. Les « Marais morts » n’apportent rien.
Certains termes sont trop techniciens. Je lis le SdA pour m’évader, je ne veux pas le lire avec un dictionnaire à mes côtés. L’oserondule m’évoque vaguement un panier en osier, je ne sais pas ce qu’est un champ de flambe et je n’ai pas envie de creuser davantage, Scadufax ne m’évoque rien du tout (je ne doute pas que ça veuille dire quelque chose en vieil anglais ou en saxon moyen, mais je m’en moque, le terme sonne à plat, alors que Gandalf faisait monter la tension et l'excitation du lecteur à le décrire)
Enfin, certaines traductions sont assez laides en français, là où l’ancienne traduction était plus coulée et plus poétique. L’oserondule sonne mal, Brandibouc et Brandivin sont difficiles à prononcer, sans parler du comté ou de brie, qui m’évoquent malheureusement en premier lieu un plateau de fromage.
Pour finir, si la traduction est beaucoup plus juste et plus près du texte original, je préfère malgré toutes ses erreurs la traduction de Ledoux pour sa poésie et sa féérie.
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Salut Gilles,
merci pour cette belle franchise - et argumentée, qui plus est.
Il y a évidemment beaucoup de subjectivité dans tout ça, et c'est bien normal
J'ai pris beaucoup de retard dans ma lecture, en ce qui me concerne, mais je n'ai pas trop de mal à faire le vide de la traduction de Ledoux, en lisant celle de Daniel.
Du coup, c'est pour le moment le plaisir d'une vraie redécouverte (je disais "nouveau point de vue" lors d'un message précédent, mais la lecture pour de bon m'a fait changer de sentiment). Redécouverte inespérée car à force de relectures de l'ancienne traduction, notamment pour un usage d'étude et de recherche, la magie des toutes premières lectures avait fini par s'émousser, et parfois ça me rendait nostalgique de ce temps qui passe et de ces belles choses qui finissent par ne devenir que des souvenirs.
Je retrouve donc cette magie - différemment - avec la nouvelle traduction et j'en suis heureux.
Allons ! Comté et Brie, moi ça me met en appétit. Un appétit de Hobbit, forcément. Et vivement de redécouvrir le fromage rouge de l'Ithilien pour que le plateau soit complet
Amicalement
I.
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merci à tous & en particulier à sosryko pour son "post", qui montre jusqu'où va son attention au détail du texte
je salue cédric, que je suis presque certain d'avoir croisé gare du nord à 16h03, mais il était trop loin pour que je remonte le flot humain
j'ai préféré faire quelques remarques sur les points soulevés par Tar Palantir sur le fuseau idione : http://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.p … 446#p83446
amicalement
vincent
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Merci Gilles, je n'aurai pas su retranscrire mes/ces impressions aussi bien que toi
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je salue cédric, que je suis presque certain d'avoir croisé gare du nord à 16h03, mais il était trop loin pour que je remonte le flot humain
Je confirme, c'était bien moi ;-) Dommage que nous nous soyons loupés, une autre fois j'espère !
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