Vous n'êtes pas identifié(e).
JRR Tolkien a pris sa retraite universitaire en juin 1959.
Cette même année, un de ses collègues du même âge que lui, mais d'origine américaine, prit également sa retraite.
Qualifié de généreux et excentrique par ceux qui l'ont connu, Homer Hasenpflug Dubs (1892-1969) est sans doute moins connu que son illustre collègue britannique.
Bien que né dans l'Illinois, cet homme d'esprit universel a été élevé en Chine (dans le Hunan) par ses parents missionnaires avant de retourner vivre aux Etats-Unis. D'abord attiré par la philosophie (qu'il a enseigné notamment à l'université du Minnesota dans les années 20), sa spécialité résidait dans l'étude du chinois et de la Chine ancienne (en particulier la dynastie des Han, au pouvoir entre la fin du IIIè siècle av JC et le IIIè siècle ap JC)).
Grand voyageur, il fit plusieurs déplacements (missions, études...) en Chine avant la Seconde guerre mondiale.
En 1947, il se voit confier la jeune chaire de chinois de l'université d'Oxford (qui s'installera au collège Saint Antony à son ouverture en 1950).
Ces durant ces années oxfordiennes que Dubs approfondit un travail sur les relations entre la Chine ancienne et l'Empire romain et qu'il avance en 1955 une thèse aussi intéressante que curieuse au sujet de l'établissement des restes des légions de Crassus (général romain contemporain de César et Pompée) dans une région reculée du Gansu, dans le nord de la Chine.
Un village appelé Zhelaizhai, dans la province de Yong Chang, était autrefois appelé Liqian, un nom que Dubs rattache au latin legio (légion). Les populations qui y vivent détiennent depuis toujours de nombreuses caractéristiques physiques propres aux européens (cheveux bouclés, yeux clairs...) assez éloignées des profils habituels de cette région aux confins du désert de Gobi. Ces habitants seraient les descendants de prisonniers romains issus des errances des légions "perdues" de Crassus après leur défaite contre les Parthes en 53 av JC (Bataille de Carrhae).
C'est en confrontant Le Livre des Han postérieurs et La Vie de Crassus de Plutarque que Dubs est arrivé à cette théorie qui a été rejetée par les chercheurs chinois. Son article A Roman City in Ancient China (1957) a été à l'époque largement critiqué.
Toutefois, au milieu des années 2000, cette thèse digne des mystères de la Terre du Milieu a été reprise par d'autres chercheurs et, à la lumière d'indices complémentaires, Richard Spencer ou l'américain Rob Gifford, ont poursuivi avec le plus grand sérieux les travaux de l'illustre sinologue d'Oxford.
Après sa retraite, Dubs reprit ses voyages (Hawaii, Australie) puis se retira définitivement à Oxford jusqu'à sa mort en 1969.
Un hommage au professeur Dubs (1969) par un de ses anciens élèves.
I.
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Ow oO J'adore ce genre de mystère ! Merci beaucoup pour ce partage de savoir, Maître Took !
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" Homer Hasenpflug Dubs "... c'est plutôt un nom à enseigner à Poudlard, ça ! ;-)
Merci pour cette passionnante info !
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Homer Hasenpflug Dubs.... Oh punaise on prononce ça comment ? Je me contenterais d'Homer.
Alors comme ça les romains sont allés jusqu'en Chine ? TOOOOO c'est une histoire de dingue ça ! Non, sérieux, merci pour l'info, j'adore ces énigmes dont on ne sait si elles tiennent de la légende ou de l'histoire... je reste par exemple persuadée que les Bamilékés du Cameroun descendent de peuplades hébraïques égarées dans le désert entre la Mer Rouge et le Jourdain. Ça justifierait l'appellation légèrement insultante de "juifs du Cameroun"
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merci beaucoup pour cette anecdote :)
Je profite de ce fuseau bien titre pour lancer une question a l'adresse de ceux qui pourraient avoir une reponse... :D
En relisant la biographie de Tolkien dernierement, j'ai trouve cette indication comme quoi il avait dans ses relations, sur la fin de sa vie, un universitaire d'Oxford denomme Norman Davies. Je sais bien que les homonymes sont toujours possibles, mais en l'occurrence je me demandais s'il s'agissait de ce prof d'universite qui est aujourd'hui fameux dans certains milieux?
Quelqu'un saurait-il me repondre?
FdN
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En fait, c'est Norman Davis, sans e. ;-)
A son propos :
Davis, Norman (1913-1989). After taking his degree at the University of Otago in New Zealand, Norman Davis read English at Merton College, *Oxford as a Rhodes Scholar. There a second B.A. (1936) was followed by a Diploma in Comparative Philology. Tolkien proved a sympathetic and inspiring teacher, and became a lifelong friend. In later years Davis and his wife took lunch every week with Ronald and *Edith Tolkien at a country hotel.
For about a decade from 1937, except during the Second World War, Davis lectured in English at several universities in England and on the continent. Among the students he tutored at Oriel and Bracenose Colleges, Oxford, from 1947 was *Rayner Unwin. In 1948-9 he was Lecturer in Medieval English at Oxford, and from 1949 to 1959 held the chair of English Language at the University of Glasgow. He returned to Oxford in 1959 as Tolkien's successor to the Merton Professorship of English Language and Literature, and remained in that post until his own retirement in 1980.
Among his more notable publications are a thorough revision of Sweet's Anglo-Saxon Primer for its ninth edition (1953); editions of the Paston letters and papers (1958, etc.); the glossary for Early Middle English Verse and Prose, ed. *J.A.W Bennett and *G.V. Smithers (1966; 2nd edn. 1968); a revision of *Sir Gawain and the Green Knight, ed. Tolkien and *E.V. Gordon (1967); and Non-Cycle Plays and Fragments (1970). With *C.L. Wrenn he co-edited the Festschrift *English and Medieval Studies Presented to J.R.R. Tolkien on the Occasion of His Seventieth Birthday (1962), to which he himself contributed the essay 'Man and Monsters at Sutton Hoo'. He also served for many years as co-editor of the Review of English Studies and as Honorary Director of the Early English Text Society. In the latter capacity he was concerned with the extraction from Tolkien of his edition of the Ancrene Wisse (* Ancrene Riwle), whose publication had been long delayed.
Hammond & Scull, Reader's Guide (p. 207-208)
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Et ce lien :)
I.
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En fait, les 2 Norman existent et ont tout deux enseigné à Oxford, d'où la possible confusion...
Norman Davies - toujours vivant - est un historien spécialiste de la Pologne.
Et Norman Davis, ancien élève et successeur au poste de Tolkien lorsque celui-ci pris sa retraite. C'était aussi un ami du Prof. liègeois Simonne d'Ardennes, à qui il rendit visite avec son épouse dans sa maison de Solwaster (Sart-lez-Spa, dans les... Hautes Fagnes ;-) et avec qui il a longuement correspondu. C'est d'ailleurs lui qui lui annonce la mort de Tolkien, dans une lettre datée du 3 septembre 1973. Lettre manuscrite que j'avais voulu retranscrire dans le fuseau dédié à S. d'Ardennes, mais il y a hélàs un peu trop de mots que je ne suis pas parvenu à identifier (photocopie de mauvaise qualité, "écriture de médecin")...
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Merci pour ces compléments, Pellucidar.
Effectivement, la confusion entre les deux homonymes est bien pardonnable :)
En plus, il n'aurait pas été étonnant que Norman Davis - qui était encore plus polyglotte que son prédécesseur sur la chaire de Merton - ait pu être un spécialiste de la Pologne, éventuellement via une fine connaissance de la langue de... heu de (vite, un nom !) Marie Walewska ? Chopin ?
I.
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PS : Amusant, cette boucle avec les Hautes-Fagnes :)
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Amicalement, :-)
Hyarion.
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Ah, parfait... mon manque de connaissance en culture polonaise est terrible.
Heureusement que tu veilles discrètement ;)
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Pas eu le temps de passer avant...
Merci beaucoup a tous pour ces informations tres eclairantes!
Effectivement, par ici on parle de la langue de Sienkiewicz, voire de Mickiewicz... auteur du Livre incontournable de la litterature polonaise Pan Tadeusz, qui commence par ces mots extraordinaires: "Lituanie, ma patrie..."!!!
:D
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Entre bleu clair et bleu foncé, les étudiants d'Oxford et ceux de Cambridge se plaisent à s'affronter chaque année depuis la nuit des temps lors d'un étrange rituel nautique : la course d'aviron.
Cet événement, rendez-vous sportif incontournable des deux universités, est une institution en Angleterre depuis des décennies.
Cette course - of course - a son propre site internet et une belle page lui est consacré sur Wikipedia.
Toutefois, il me semble qu'il n'en est fait aucune allusion par Tolkien dans ses nombreux écrits. En tout cas, rien à signaler dans les Lettres.
Allez, je frôle le hors-sujet, mais juste pour le plaisir d'en parler, je range ce petit laïus et l'illustration qui va avec dans cette catégorie des "étranges collègues"... car il faut bien le dire, pour s'intéresser à ce genre de course, il faut vraiment être anglais... ;)
I.
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Il existe une mention dans le Tolkien Family Album (avec une belle photo d'aviron) :
J.R.R.T. took a great interest in the annual Boat Races - Eights Week - which were held with great pageantry towards the end of May. (Priscilla remembers as a child the excitement of seeing all the flags flying on the way down the Broad Walk through Christ Church Meadows to the river, and its decorated barges crowded with expectant spectators craning their necks to see the boats with their different coloured oars coming up the river.)
Tolkien Family Album, p. 77
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Merci pour cette indication.
Elle confirme mon intuition de la journée ;p
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Silmo :-D
*mode subliminal ON*
Vous êtes-vous procuré "Tolkien, le façonnement d'un monde" vol. 1 ????
*mode subliminal OFF*
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Et alors, quoi ? tu reviens d'Istambul ou quoi ? Tu ne sais donc pas que l'ouvrage est numéro 1 des ventes chez les tolkiendili ?
;p
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J'y étais jusqu'à fin août, maître Took ! et suis revenu bien avant l'arrivée des cartes postales envoyées il y a exactement 4 semaines... la Poste stanbouliote n'est pas celle de la Comté. :D
J'ai déjà hâte d'y retourner tant j'aime cette ville.
A deux occasions cette année, j'y eus une pensée pour nos amis Nains : d'abord en visitant la citerne basilique - 20 m. sous terre, tout juste éclairée par quelques lanternes, une surprenante et antique forêt de 336 colonnes de pierre qui donne une meilleure idée de la Moria que tous les effets spéciaux de Nouvelle-Zélande ;-) - puis en allant baguenauder au lieu où est ensevelie la plus vénérable hache de toute l'antiquité; rien de moins que celle ayant servi à Noé à bâtir son Arche et que l'empereur Constantin fit placer - avec d'autres précieuses reliques - sous la 'colonne brûlée' (ou 'colonne cerclée') au centre du forum qui portait son nom. Personne n'a jamais creusé sous la colonne, la hache ''antédiluvienne'' doit toujours s'y trouver...
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Et d'ailleurs merci pour la carte (heureusement que tu as précisé Giligili sur l'adresse, sinon les facteurs n'auraient pas trouvé :D)
Et sinon, on n'a pas encore le livre, on attend d'avoir acheté tous nos nouveaux meubles :P
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C'est logique... Sans étagères, où poser les livres ??! :-)
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Vaste problème, auquel je m'attelle depuis quelques semaines. ;-)
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Fan d'aviron ? problèmes de place pour les bouquins ?
Heureusement, il existe des solutions :)
I.- je sors
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Le magnifique fuseau sur la mythologie nordique est pour moi l'occasion d'évoquer la Club Viking, fondé à l'université de Leeds pas JRR Tolkien et son complice d'alors, le philologue Eric V. Gordon (1896-1938).
Dans ce club étrange, que Tolkien et Gordon ont contribué à créer et à faire vivre, étudiants et professeurs lisaient des sagas, buvaient de la bière, chantaient des textes en vieil anglais, buvaient de la bière, chantaient des textes en vieux norrois, buvaient de la bière, ou bien chantaient des poèmes comiques qu’écrivaient Gordon et Tolkien.
Quelques-uns des textes comiques imaginés par les deux complices furent récupérés par d’anciens étudiants puis publiés en 1936 à Oxford sous le titre Songs for the Philologists.
Ces réunions de joyeux drilles qui font sourire aujourd'hui, notamment quand on imagine la personnalité charismatique et entraînante d'un EV Gordon que Humphrey Carpenter qualifiait de "jeune homme petit et brun" et que Tolkien désignait comme "un petit démon très actif" (on l'imagine chanter "The Cat and the Fiddle", debout sur une table...), ont semble-t-il éloigné un temps Tolkien de la pratique de la foi. Il s'en explique et s'en excuse presque dans une lettre de 1963 (L250) à son fils Michael.
Toutefois, Gordon et Tolkien, grands amis, travaillaient très bien et très sérieusement ensemble, et ils buvaient aussi de la bière :
A Middle English Vocabulary (1922); Sir Gawain and the Green Knight(1925); mais aussi The Wanderer, The Seafarer et la célèbre édition posthume de Pearl (1953), sont le fruit d'un travail collaboratif particulièrement riche et productif.
Tolkien quitta Leeds en 1926 pour retourner à Oxford, mais ses relations amicales avec Gordon durèrent jusqu'à la mort soudaine de celui-ci, en 1938.
I.
PS : Bien entendu, lorsque le Dictionnaire Tolkien sortira à l'automne prochain, je vous invite à prendre connaissance des excellents notices Tolkien à l'Université de Leeds et E.V. Gordon ;p
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Au hasard de mes errances méridiennes sur le net, j'ai trouvé une jolie vue d'Oxford, gravée depuis la route d'Abingdon au milieu du XIXème siècle.
Je me disais que ce serait sympa de la partager sur le forum, en ces temps d'intenses activités JRRViennes
Bien que la gravure ait plusieurs décennies d'avance, il me plaît d'imaginer que le personnage qui médite au premier plan pourrait être le jeune étudiant J.R.R. Tolkien
I.
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...en ces temps d'intenses activités JRRViennes
Derrière le calme apparent, cher JR, je peux te dire que ça travaille dur en coulisses, du moins en ce qui me concerne (au point que je ne sais pas si on peut vraiment parler de vacances, bien que je sois en congés)...
Franchement, je me demande parfois comment vous faites, tous, pour toujours aller au bout de vos articles et essais... Et ne me parlez pas de passion, parce qu'à un moment donné, on a juste envie que tout le temps consacré ne l'ait pas été en vain et que tout ce travail aboutisse bien in fine à quelque-chose... Arf, la route est encore longue...
Amicalement, :-)
Hyarion.
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Derrière le calme apparent, cher JR, je peux te dire que ça travaille dur en coulisses
Je veux bien te croire...
J'ai fait le malin pendant 3 semaines avec les doigts de pieds en éventail à faire rebondir un bébé tout neuf sur mon ventre, mais maintenant que les congés sont terminés, je regarde avec angoisse tout le boulot Tolkienien en retard (très en retard)... Il va falloir que je ressorte mes papiers et que je m'y remette avec sérieux !
Camarade, courage ! Tu n'es pas seul
I.
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Tout pareil : non Hyarion, tu n'es pas seul, et il est bon de savoir que du travail se fait petit à petit dans le secret des forges naines, les ateliers elfiques ou avec un simple carnet de notes, sous les frondaisons, lors d'une promenade par les routes de la Comté ou les sentiers de la Vieille Forêt. Courage à chacun d'entre nous :-)
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Merci Isengar pour ce joli document
Je confirme, ça bosse en coulisses. Et on peut parler de forges en effet car la chaleur actuelle est tout à fait raccord !
Je pars en vacances ces deux prochaines semaines mais je reviendrai avec des choses à poster.
Cédric.
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Bonnes vacances Cédric
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Camarade, courage ! Tu n'es pas seul
Courage à chacun d'entre nous :-)
Merci beaucoup et bon courage à tous. :-)
... et bonnes vacances à ceux qui en prennent... ;-)
Amicalement,
Hyarion... toujours en train d'écrire... et sentant par ailleurs le retour du Dragon (aux écailles bronzées ?)... ;-)
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Afin d'offrir une pause récréative aux travailleurs de l'ombre, fort nombreux en cet été studieux et débordant de projets, je me suis dit qu'il serait amusant d'évoquer Robert R. Graves (1895-1985), un célèbre poète anglais d'origine Irlandaise, qui a été professeur de poésie à Oxford entre 1961 et 1966.
Ce n'est pas tant pour sa riche histoire personnelle, sa maîtrise des mythes européens, sa production littéraire foisonnante ou sa courte carrière universitaire (il n'a même pas vraiment été un collègue de Tolkien à proprement parler puisque ce dernier avait pris sa retraite en 1959) que je convie la mémoire de Graves dans ce fuseau.
Mais c'est plutôt pour l'anecdote, citée par Tolkien dans sa lettre 267 à son fils Michael, qui concerne le professeur-poète au premier chef.
En novembre 1964, Tolkien se rend "par courtoisie" à une conférence donnée par Graves à Oxford.
"Être remarquable, divertissant, aimable" mais "étrange et plein de marottes", Graves intrigue et amuse visiblement un Tolkien narquois qui le compare à la fois à ce qu'aurait pu être "Siegfried/Sigurd dans sa jeunesse" et à "un Âne" !
Mais les deux hommes se connaissent et se côtoient visiblement (on le sait grâce à la lettre de Tolkien).
A l'issue de la conférence, qui n'a semble-t-il pas été une réussite (du point de vue de Tolkien), malgré l'étonnante présence de photographes et de journalistes, Graves en profite pour saluer Tolkien et lui présenter l'actrice Ava Gardner, qui assistait à la conférence.
Ava Gardner, alors au sommet de sa célébrité, vient de sortir deux films coup sur coup : Seven Days in May en février, et The Night of the Iguana (avec Richard Burton) en août. Sa prestation dans 55 Days at Peking (les 55 jours de Pékin, de Nicholas Ray, 1963) est encore dans toutes les mémoires... sauf celle de Tolkien qui ne connait pas l'actrice. Inversement, Ava Gardner n'a jamais entendu parler de Tolkien. Mais peu importe, les deux célébrités sympathisent et s'apprécient.
Tolkien décrit l'actrice comme une "charmante femme", "bien vêtue mais avec goût, aimable et agréable", et, sans savoir qui elle est au moment de leur rencontre, ne semble pas insensible à son charme. Le fait qu'il s'adresse à Michael pour cette anecdote n'est sans doute pas totalement anodin, puisque Michael avait dans sa jeunesse bénéficié de nombreux conseils et commentaires de la part de son père sur les relations entre hommes et femmes (dont certains sont longuement évoqués dans la lettre 43).
Quoiqu'il en soit, Tolkien a ainsi fait la connaissance de la splendide Ava Gardner, sans s'y attendre, grâce à la poésie de Robert Graves, qu'il n'appréciait pourtant guère (sa poésie, pas l'homme). Ava Gardner, quant à elle, est à l'aube de sa nouvelle vie anglaise. Elle s'installera à Londres à partir de 1968.
De nombreuses photos semblent avoir été prises ce jour là, à Oxford... Tolkien précise que les photographes n'étaient bien évidemment pas là pour la conférence de Graves ...
Ava Gardner en 1963, dans Les 55 jours de Pékin
Bonne fin de week-end à tous
I.
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Le fait qu'il s'adresse à Michael pour cette anecdote n'est sans doute pas totalement anodin, puisque Michael avait dans sa jeunesse bénéficié de nombreux conseils et commentaires de la part de son père sur les relations entre hommes et femmes (dont certains sont longuement évoqués dans la lettre 43).
D'autant moins anodin que le film "la Nuit de l'Iguane", dont l'actrice venait alors faire la tournée promotionnelle, est l'histoire d'un pasteur alcoolique exilé pour cause de 'fornication et conduite indigne' dont il ne se repend pas vraiment.
Silmo
ému au souvenir du cinéclub de ma jeunesse et des images troublantes d'Ava Gardner dans "La Comtesse aux Pieds Nus" et dans "Le Soleil se lève aussi".
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Salut les juilletistes !
J'étais certain qu'il y avait plein d'autres jrrvfiens "élevés" comme moi avec Patrick Brion et M'sieur Eddy.
Si Tolkien avait trouvé la belle Ava charmante, ce ne fût pas le cas de son partenaire Charlton Heston qui, dans son livre de souvenirs, se plaint de son caractère de diva capricieuse (il aurait voulu Jeanne Moreau pour le rôle) : elle fît, paraît-il, interrompre avec fracas le tournage déjà très chaotique des 55 Jours de Pékin parce qu'un figurant chinois avait osé la photographier sans sa permission...
J-M
Back to the taf, vaguement reboosté après de chouettes vacances helvético-vénitiennes.
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Pour mémoire, Ava Gardner a incarné Guinevere/Guenièvre dans Les Chevaliers de la Table ronde (Knights of the Round Table) de Richard Thorpe (1953). Le film a notamment été diffusé lors de La Dernière Séance en juin 1987. Je me souviens de la rediffusion de ce long métrage, toujours sur la troisième chaîne, vers la fin des années 1990 : la vieille VHS sur laquelle j'avais alors enregistrée le film doit encore être rangée dans quelque armoire...
La Dernière Séance a par ailleurs consacré deux soirées à Ava Gardner, en mars 1984 et en mars 1997 : les films diffusés avaient été alors La Croisée des destins (Bhowani Junction) de George Cukor (1956), L'Île au complot (The Bribe) de Robert Z. Leonard (1949), puis treize ans plus tard Vaquero (Ride, Vaquero!) de John Farrow (1953) et Les Tueurs (The Killers) de Robert Siodmak (1946). Je ne sais pas si cela rappellera des souvenirs à certains : personnellement, j'ai surtout connu les dernières années de La Dernière Séance (à l'époque où la diffusion avait lieu le lundi soir), étant un peu trop jeune à l'époque des débuts de l'émission (1982).
Amicalement,
Hyarion... toujours en train d'écrire...
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je me souviens surtout du Cinéma de Minuit de Patrick Brion et Claude Jean-Philippe puis Frédo Mitterrand, un peu moins de la Dernière Séance qui correspond à l'epoque de mes études sans télé sauf occasionnellement en passant chez mes parents.
J'ai dû voir le Mankiewicz en 1983. Pour le H King, je ne sais plus si ce fut la tv ou le vieux ciné-club d'Angers.
C'est marrant, je n'imagine pas Toto et A. Gardner avoir gd chose à se raconter.
Silmo
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C'est marrant, je n'imagine pas Toto et A. Gardner avoir gd chose à se raconter.
On a une retranscription apocryphe d'une conversation à trois dans HoMe XIII :
(...)
T : I am interested in what you say of your name. I think it still probable that your father’s name nonetheless comes from near Evesham.
AG : Absolutly not.
T : It must be derived from a place-name; and though Gardner is widespread in England, and occurs in Kentish names.
AG : My father was a tobacco farmer, from North Carolina.
T : There was a considerable movement and interchange between Kent and Worcestershire, largely because of the industries of fruit-growing.
AG : ??
T : I shall certainly put Gardner on the Longfather-Tree of master Samwise, as soon as an opportunity of revision (much needed) occurs.
AG : Are you kidding me, mister... mister ? What is already your name ?
RRG : Mwarf ! It is obvious neither of you has ever heard of the other before !
T : ??
AG : ???
Quoi qu'il en soit, une révision de l'arbre généalogique a sans doute été faite, et un document en frontispice de HoMe XIII (page 64557987) nous dévoile ceci :
I. *joke*
PS : les répliques apocryphes de T. proviennent d'une lettre à Mrs Honeybourne (1967) non publiée dans le recueil des Lettres. Par contre la réplique de RRG. vient de la lettre 267.Les répliques d'AG sont de issues de Home XIII
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mwarffffffffff Excellent
Silmo et Lilotte dans un train vers Paris... ;-)
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Très joli
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Hi hi J'adore vos trouvailles On parlait justement des actrices mythiques du siècle dernier ce week-end, Ava Gardner étant du nombre... on ignorait les liens avec Tolkien ^.^
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Les 55 jours de Pékin est (sont ? :-)) le premier "Grand Film" que j'ai pu voir enfin. Un souvenir impérissable pour moi et un film que je regarde avec plaisir de temps à autre.
Merci pour ces infos et ces "manipulations" ci-dessus, excellentes !
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Huhu, j'ai adoré cette anecdote (et vos digressions)
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J'aime beaucoup la photo en général, de préférence ancienne, et j'ai pas mal de bouquins sur le sujet, notamment une série en petits formats de la Hulton Getty Picture Collection. En feuilletant le volume consacré aux années 20, je suis retombé sur celle-ci, plutôt édifiante sur la mentalité de l'époque, où l'on découvre que certains étudiants d'Oxford n'ont pas que l'aviron ou le rugby comme loisirs, mais aussi la confrontation plus ou moins musclée avec des ouvriers grévistes (je suppose que s'ils se sont portés volontaires comme auxiliaires de la police en ce mois de grève générale en Angleterre et qu'on leur a donné casques et matraques, ce n'est pas pour aller régler la circulation).
Quant à la légende de la photo, je vous mets la version française et anglaise, il y a me semble-t-il une légère différence...
Oxford University student volunteers parade as special police constables, May 1926. Few young people from working-class homes have found their way to university in the Twenties, so these gallant"toffs" are looking forward to a class war.
Des étudiants d'Oxford transformés en auxiliaires de police volontaires, mai 1926. Dans les années vingt, rares étaient les enfants d'ouvriers qui parvenaient jusqu'à l'université. Quant à ces élégants "aristos", ils semblent prêts pour la lutte des classes.
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En fait d'aller casser du gréviste, je trouve que certains d'entre eux sont de belles têtes à claques !
Et la différence des versions originale et française est édifiante...
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Les bandits portaient des massues a la main et des cors a la ceinture, mais ils n'avaient pas d'autres armes visibles. A l'approche des voyageurs, ils quitterent le mur et s'avancerent sur la route pour barrer le chemin.
Une rareté ! D'autant que nous disposons dans ce document de la seule et unique représentation photographique de Langue-de-Serpent...
Quoiqu'il en soit, il paraît certain que JRRT, fort occupé à Leeds puis par son installation compliqué à Oxford, resta éloigné de ces milices jaunâtres et pas très catholiques...
I.
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J'ai jamais aimé les milices :-p
Ces niaiseux là me font surtout penser à la bande de sheriffs de la Comté accoquinés à La Pustule. Il ne leur manque qu'une plume au casque :-D
Silmo
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Pardon, mais j'ai du mal à trouver une différence notable, ou en tout cas édifiante, entre les deux versions de la légende ?
Si quelqu'un pouvait m'enfoncer l'explication dans le crâne...
A.
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L'esprit d'Oxford n'est plus ce qu'il était...
Je ne connais pas bien l’œuvre de Madame Shakira, mais j'ai trouvé que cette curieuse performance, à vocation charitable, méritait sa place de ce fuseau
Ils sont fous ces anglais...
I.
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Je suis tombé sur cet article de la Tolkien Library, déjà un peu ancien (2012 - tout va si vite sur internet) et je me suis dit que ce serait intéressant de le partager ici.
Parmi les sites évoqués, dont le point commun est d'avoir un rapport étroit avec la vie de Tolkien (jeunesse, guerre, vie professionnelle, activités littéraires...), il y a un intrus... mais je vous laisse le découvrir
Bonne promenade
I.
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Oh, oh, j'ai trouvé l'intrus !! Bon c'était facile.
Merci pour le partage !
Bien le bonjour au fait !
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C'est un grand jour pour Oxford, une petite révolution tout à fait souriante, sans doute difficilement imaginable du temps de Tolkien : L’université a nommé aujourd'hui 28 mai 2015 une femme, une femme irlandaise, femme irlandaise et catholique, à sa tête !
Cette vice-chancelière fraichement nommée, c'est Louise Richardson, une politologue irlandaise de 56 ans (bientôt 57), spécialiste des questions de sécurité nationale et de terrorisme.
Elle n'est pas un perdreau de l'année, elle a déjà été en 2001 doyenne adjointe du Radcliffe Institute for Advanded Study de l'université américaine d'Harvard, et à partir de 2009, principal et vice-chancelière de l'université écossaise de St Andrews.
Le poste que va occuper Louise Richardson est particulièrement important à Oxford. Même si le dirigeant officiel de l'université est le Chancelier (poste actuellement occupé par Chris Patten, Lord Patten of Barnes - qui a la particularité d'avoir été le dernier gouverneur britannique de Hong Kong avant la rétrocession à la Chine en 1997) c'est dans les faits le vice-chancelier qui est aux manettes. On est donc ainsi très au-delà du symbole ! On ne peut que s'en réjouir
La nomination doit encore passer par quelques procédures diverses, notamment l'approbation du "parlement des professeurs", et elle doit prendre effet au 1er janvier 2016.
Edit : j'ai changé la photo de Louise Richardson : la voici fin 2012 pour le 600è anniversaire
de l'université de Saint Andrew, entourée de deux anciens élèves, une certaine Kate et un certain William
Félicitations au professeur !
I.
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Hello, notre ami Tilkalin a signalé sur Tolkiendil la "redécouverte" d'un portrait de Tolkien datant de 1934.
Un article très intéressant de Michael Flowers et Eduardo Ferreira relate cette semaine cette anecdote (sur le site de la Tolkien society).
Vif comme l'éclair, Druss à déjà traduit l'article :-)
I.
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Ça y est, Louise Richardson a intégré son poste de vice-chancelière à Oxford
Fêtons ça dignement avec les étudiants Laurel et Hardy, ce soir sur la chaîne Gulli
Et bon anniversaire à JRR Tolkien, qui aurait eu 124 ans aujourd'hui !
I.
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Je réponds juste rapidement au tout premier post, parce que je suis tombé hier sur un film qui raconte exactement cette étrange histoire de romain perdus en Chine.
je n'ai que la fin, qui était franchement pas mal (avec un Jacky Chan qui combat de façon épique à la romaine et pas en art martiaux), mais Est-ce que cela tend à prouver que cet olibrius ami de Tolkien n'était pas si fou que cela ? (ou qu'il a inspiré un réalisateur chinois)
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Le journal anglais The Independant aborde dans un article (malheureusement pas assez fouillé) le sujet sensible du rapport coût et adéquation entre les études supérieures et l'emploi en Angleterre.
Le Monde a repris le sujet dans son édition en ligne du jour, avec une photo de la "Tom Tower" du grand collège Christ Church à Oxford.
I.
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Hihi !
Celle-là, il fallait que je la partage...
"Tout abus de jaxoneries nuit à la santé intellectuelle" avais-je l'habitude de dire, du temps de la grande désolation cinématographique du début des années 2000.
Graeme Whiting, le directeur très inspiré de l'Acorn School, un machin privé à Nailsworth dans le Gloucestershire, est persuadé que l'adage vaut également pour la littérature d'imagination.
En voilà un qui n'aurait pas fait long feu dans une réunion des Inklings...
Je laisse le lien vers l'article d'origine (en anglais) ici
Tout ceci me rappelle de longues et fatigantes conversations sur Tolkienfrance, l'an dernier, avec un furieux qui tenait le même genre de discours.
Beware the devil in the text, son !
I.
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Le Brexit peut avoir des effets très surprenants... y compris sur le petit monde d'Oxford.
Les dirigeants de la célèbre Université, et parmi eux de brillants chercheurs et économistes, sont conscients des effets pervers que peut entraîner la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.
Dans la perspective de sauver les financements européens qu'elle perçoit (et qui doivent alimenter confortablement son budget général) l'université d'Oxford envisagerait, depuis quelques semaines, d'ouvrir un campus à l’étranger, et notamment à Paris.
Oxford in Paris ? Qu'en aurait pensé Tolkien ? :-)
I.
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Religion, société, trolls et fou-furieux: mais il se passe plein de choses à Oxford, cet été !
Des théologiens et des scientifiques se sont réunis en juillet à l'occasion d'un colloque interdisciplinaire de la célèbre universtité, intitulé « Religion, société et science de la vie », afin de discuter de l’impact des derniers développements de la biologie sur notre compréhension du vivant (malheureusement, le lien vers la page consacrée à ce colloque ne semble plus accessible sur la page du site de l'Université).
Pendant ce temps, des chercheurs oxoniens ont publié une étude qui révèle que le recours aux fake news (fausses informations visant à influencer l'opinion publique) est de plus en plus prisé par les gouvernements de par le monde.
Cette info n'est pas une grande première (et d'autres ont déjà pratiqué la manipulation des foules à grandes échelle - souvenez-vous de Peter Jackson et de ses caravanes d'affirmations mensongères à destination des masses prépubères, au début de ce siècle), mais à présent, il existe une étude très sérieuse sur ce sujet. Elle s'appelle Troops, Trolls and Troublemakers: A Global Inventory of Organized Social Media Manipulation et on peut la lire ici.
Cette étude sur les fake news a eu des conséquences inattendue de l'autre côté de la planète.
L'effroyable président de l'archipel des Philippines, Rodrigo Duterte, le boucher de Davao, a été notamment mis en cause dans cette étude pour avoir manipulé l'électorat philippin via l'utilisation massive de fake news (en sa faveur) sur les réseaux sociaux en 2016.
Considérant ne rien avoir à se reprocher, celui-ci a déclaré pas plus tard qu'hier que l'université d'Oxford est une école "pour gens stupides". Que peut-on attendre de mieux de ce fou-furieux qui est prêt à bombarder les écoles de son propre pays ...
Mais à Oxford, comme au temps de Tolkien, on ne se laisse pas plus influencer par les fake news et les trolls, que par ceux qui aimeraient bien qu'on soit plus attentifs à une forme de réécriture de l'Histoire quand bien même ne ferait-elle sans doute pas l'unanimité en Angleterre.
Il y a quelques mois, on s'est en effet interrogé sur le bien fondé de conserver la statue de Cecil Rhodes au Collège Oriel. L'administration a finalement tranché au début de l'année contre les contestataires du mouvement "Rhodes must fall", dont la bonne foi s'est sans doute retrouvée quelque peu débordée par des éléments un peu plus radicaux.
En revanche, pour ouvrir les étudiants aux sujets internationaux (puisque visiblement ça manquait au cursus - et les mouvements contestataires de ces derniers mois n'ont pas manqué d'attirer l'attention de l'administration sur cette anomalie) une réforme a été adoptée incitant les étudiants oxoniens à travailler sur des problématiques extra-européennes. Sans doute Tolkien aurait-il approuvé cette belle ouverture... mais peut-être un peu moins les raisons qui ont conduit à cette réforme ?
Bref, manifestement, ça bouge à Oxford !
Et félicitations aux 296 diplômés de la promotion 2017, autant de petites victoires contre l'obscurantisme et la démagogie morgothoïde de Duterte
I.
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À noter qu'en revanche, l'université d'Oxford a décidé d'ôter plusieurs portraits de célébrités du passé, notamment Jonathan Swift, John Donne ou encore William Tyndale afin de faire de la place à plus de femmes, de noirs et d'homosexuels, y compris bon nombre de célébrités (des guillemets s'imposeraient, je pense) encore bien vivantes.
Il est probable que Tolkien n'aurait nullement désapprouvé l'idée d'avoir des portraits plus variés (on connaît son engagement en faveur de l'éducation universitaire des femmes), mais je doute fort qu'il eut aimé voir l'orientation sexuelle, le sexe ou la couleur de peau devenir des critères plus importants que ceux de la contribution académique ou littéraire. Je ne crois pas qu'il aurait non plus apprécié le retrait des portraits existants. Quant à la portraiture de personnes vivantes, j'ai le sentiment qu'il y aurait vu un retour fort mal venu du culte de la personnalité, sur des critères plus douteux encore que par le passé...
Mes connaissances de Donne ou de Tyndale sont insuffisantes, mais d'ici qu'un auteur contemporain ait plus d'influence sur la littérature mondiale que Jonathan Swift, je pense que pas mal d'eau coulera sous les ponts de la Tamise.
E.
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je salue l'effort de diversité de cette université sans cependant savoir qui a été mis à l'honneur plutôt que Donne ou Tyndale.
A propos de fous furieux obscurantistes, je regrette qu'aucun media francais n'évoque la réforme scolaire en Turquie pour la prochzine rentrée : ajout d'un nouveau thème obligatoire en éducation civique (le jihad) et suppression en cours de science de la théorie de l'évolution. Quelle tristesse.
Mais revenons à Oxford en souhaitant que la mémoire ee Tolkien y soit longtemps honorée.
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La diversité semble être un sujet plus complexe qu'il n'y paraît, à Oxford.
L'actualité estivale de l'université nous en offre des aspects assez contrastés.
Si on peut se réjouir de l'inscription de Malala Yousafzai, la jeune pakistanaise, Prix Nobel de la Paix (2014) et Messagère de la Paix (2017), qui milite pour le droit des femmes à l'éducation avec les risques que l'on imagine (des Talibans ont tenté de l'assassiner en 2012), la scolarité de la journaliste anglaise Afua Hirsch à Oxford n'a visiblement pas été des plus simples.
De même, est-ce que les 100 000 £ de travaux de la maison de fonction de la vice-chancelière Louise Richardson auraient créé le même scandale si la locataire de cette demeure n'avait pas été une femme, irlandaise et catholique ? Après tout, 100 000 £ (env. 110 000 €), c'est, me semble-t-il, peu cher payé pour la rénovation intérieure d'une grande bâtisse victorienne de Norham Manor (au nord d'Oxford), probablement signée par des grands architectes du néo-gothique victorien, tels Buckeridge ou Wilkinson, qui ont construit de nombreuses demeures dans ce quartier huppé.
A l'heure où l'Université accueille une célèbre résistante à l'obscurantisme criminel des Talibans tandis que des jeunes filles se font exploser au Nigeria, et où des illuminés jettent régulièrement leur véhicule sur la foule (aujourd'hui encore...), la polémique paraît particulièrement vaine et mesquine contre cette spécialiste du terrorisme international qu'est Louise Richardson (voir cette interview intéressante mais étrangement présentée, avec plusieurs photos de la maison en question, prises avant la polémique).
Bref, je disais l'autre jour "ça bouge à Oxford", mais en fin de compte Oxford n'aime peut-être pas trop bouger...
Et puisqu'on parlait de portraits, voici de gauche à droite : Malala Yousafzai, Afua Hirsch, et Louise Richardson, de charmantes et valeureuses "étranges collègues" pour cette rubrique
Eh ! petite devinette pour vous : outre l'Université d'Oxford, il y a un point commun entre Tolkien et Malala Yousafzai. Qui va le trouver ?
I.
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Birmingham ?
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Eh ! petite devinette pour vous : outre l'Université d'Oxford, il y a un point commun entre Tolkien et Malala Yousafzai. Qui va le trouver ?
Google n'est pas mon ami sur ce coup-là, aucune idée...
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L'un d'entre vous a la bonne réponse
En effet, il s'agit de Birmingham : Tous les deux ont bénéficié de soins dans les hôpitaux de la ville, l'un 1st Southern General Hospital, au démarrage de sa longue convalescence suite à la "fièvre des tranchées" attrapée sur le front de La Somme fin 1916 ; l'autre au Queen Elizabeth Hospital, pour l'opération et la convalescence consécutives à la tentative d'assassinat dont elle a été la victime en octobre 2012.
Bravo Gawain
I.
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Je pensais plus simplement au fait qu'ils aient tous deux vécu à Birmingham (comme la bande à Ozzy ...
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La nouvelle période de confinement que traverse le pays nous rappelle que nos bars, nos restaurants, nos cafés et nos pubs sont fermés depuis de nombreux mois. De l’autre côté de la Manche, la situation est la même et de nombreux établissements, déjà fragilisés par une longue crise et une baisse chronique de fréquentation, glissent définitivement la clé sous la porte.
A Oxford, bien que le gouvernement britannique envisage la réouverture des pubs vers le 17 mai prochain, certains pubs bien connus des admirateurs de Tolkien et des Inklings ont d’ores et déjà vidé leur dernière pinte.
Le pub l’Aigle et l’Enfant (The Eagle and Child) de St Giles Street est ainsi fermé depuis 2020 et devrait être reconverti en Hôtel-restaurant, tandis que l’Agneau et la Drapeau (The Lamb and the Flag), situé en face, a définitivement baissé le rideau fin janvier, lâché par l’association du St John College, qui en assurait la gestion. Cette même association interroge l’avenir du pub de l’Hôtel la Mitre (The Mitre) qui était un des repères de Tolkien et C.S. Lewis dans les années 30 et 40, et d’autres pubs autrefois fréquentés par les deux écrivains, comme le Cheval Blanc (The White Horse) de Broad Street ne survivent qu’en organisant des ventes de plats à emporter.
L'Agneau et la Drapeau et de l'autre côté de la rue, l’Aigle et l’Enfant, avec son enseigne de l'époque (photos de 1949)
Cette situation est bien triste quand on sait l’influence que certains de ces pubs ont pu avoir dans la composition du Seigneur des Anneaux, à la fois parce que certains d’entre eux étaient le lieu d’un échange entre Tolkien et ses amis sur les phases d’écriture du roman, mais aussi parce que Tolkien a tenu à inclure dans plusieurs passages de son grand récit des scènes de pubs indiquant l’importance qu’avaient pour lui et ses amis cette pratique sociale et ce mode de vie propre à l’Angleterre.
Certaines des célèbres auberges du pays des Hobbits doivent beaucoup aux pubs d’Oxford ou aux auberges traditionnelles (qui étaient aussi des « public houses ») des environs que fréquentaient Tolkien et ses collègues.
Par exemple, si le Buisson de Lière (The Ivy Bush) doit plutôt son nom à un fameux pub d’Edgbaston, à Birmingham, qui se trouvait (et se trouve encore) à quelques pas de l’Oratoire St Philip Neri, il semblerait, si on en croit John Garth (dans Les Mondes de Tolkien, p. 20) que l’inspiration du nom Dragon Vert (The Green Dragon) proviendrait d’un pub homonyme situé à Oxford, à Aldates Street, à l’époque où Tolkien y était étudiant (1911-1914). Ce pub n'existait déjà plus quand Tolkien s'est réinstallé à Oxford dans les années 20.
De même, la Perche Dorée de Stock, fait directement allusion, comme un clin d’œil à C.S. Lewis, à deux auberges des environs d’Oxford. L’auteur du Monde de Narnia fréquentait en effet de temps à autre une auberge réputée à Wolvercot, au nord d’Oxford, appelée La Truite (The Trout Inn). Il appréciait également un établissement situé non loin, à Binsey, et bien connu sous le nom d’Auberge de la Perche (The Perch Inn). Tolkien ne fréquentait pas ces établissements aussi régulièrement que Lewis. Il préférant le confort et la proximité (de son domicile à Northmoor Road) des pubs de Saint Giles Street à Oxford – d’autant qu’à la Perche de Binsey on écoutait du jazz !
L'enseigne de l'auberge de la Truite de Wolvercot, capture d'écran d'un film de 1963
Enfin, l’auberge du Poney Fringant (The Prancing Poney), même si elle ne figure pas parmi les auberges de la Comté, est une auberge fréquentée par les Hobbits qui doit son inspiration à plusieurs établissements d’Oxford. On raconte que l’Auberge de la Cloche (The Bell Inn) à Moreton-in-Marsh dans le Gloucestershire serait la principale inspiration du Poney Fringant. Mais l’Agneau et le Drapeau d’Oxford, répond aussi, en grande partie – et pas moins que l’auberge de Moreton-in-Marsh – aux descriptions de l’auberge de Bree. Ce pub conserve le net avantage d’avoir été assidûment fréquentée par Tolkien et les Inklings pendant de nombreuses années. Il semble par ailleurs que le Poney ait une dette envers le pub du Cheval Blanc de Broad Street (son nom a été provisoirement choisi pour désigner l’auberge de Bree, voir The Return of the Shadow, p. 129), et Tolkien connaissait sans doute ce pub depuis ses années étudiantes, puisqu’il se trouve juste en face de l’Exter College.
Le Cheval blanc et son enseigne en 1944 et aujourd'hui.
En transposant l’esprit des pubs d’Oxford dans la Comté des Hobbits, Tolkien n'a pas seulement rendu hommage aux établissements qu'il fréquentait avec C.S. Lewis et leurs amis, il a également fait en sorte que ceux-ci demeurent pour la postérité à travers sa fiction, restant ainsi ouverts tant qu’il y a un lecteur pour venir leur rendre une petite visite.
I.
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Je suis toujours impressionné par la précision des infos que tu nous donnes, chapeau.
Ce post est excellent, merci Isengar ! :-)
Cédric
PS : je me suis permis de modifier ton post pour afficher directement les images, pour plus de fluidité lors de la lecture.
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Superbe !
Merci merci Isengar :)
[édit : & je réalise, grâce à toi, que je me trompais, moi qui croyais être condamné à ne jamais rien goûter de ce que Tolkien et ses collègues (et d'autres) pouvaient y avoir vécu — par le truchement du SdA, de ses auberges et des épisodes qui m'ont enchanté, quelque chose de commun m'a été communiqué. Quelque chose de simple, de rustique ... de hobbit : quelque chose qui fait du bien. Merci Isengar pour cette nouvelle promenade inattendue ;).]
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Merci pour vos retours
A priori, les terrasses de pubs, restaurants et autres débits de boissons pourraient bénéficier d'une réouverture dès le 12 avril, dixit hier Mr Brexit. Puis ensuite réouverture des salles le 17 mai, avec un allègement généralisé des restrictions Outre-Manche.
J'espère qu'en France, on pourra bénéficier assez vite des effets positifs de ce "confinement III". La bière de printemps avec les collègues, après une grosse journée de boulot, me manque terriblement.
I.
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Ô oui, merci Isengar pour ce post savoureux, un véritable régal :)
S.
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