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#1 17-06-2006 10:36

Lambertine
Inscription : 2002
Messages : 2 828

De la Mère dans le Légendaire

Bien.

J'a utilisé le moteur de recherche et apparemment le sujet n'a pas encore été discité "en tant que tel", bien qu'il l'ait été dans des cas précis (je pense essentiellement aux diverses discussions sur Túrin ayant débouché seur des discussions sur Morwen).

Donc, quid le la mère... ou de l'absence de mère... dans l'oeuvre du professeur ? Je dis absence de mère, car la "mère absente", plus que l' "orphelinitude" en général, est récurrente dans l'oeuvre du Professeur. Avec des conséquences diverses sur les "héros" d'ailleurs (Feanor et Faramir n'ont pas vraiment de points communs, me semble-t-il, alors que Tuor ou Eomer semblent s'être très bien construits sans avoir eu besoin d'une mère pour ça). La mère "présente" est elle, très rarement décrite - est-ce étonnant de la part d'un écrivain orphelin élevé "sans repère féminin" du moins à partir de l'adolescence - même lorsqu'on sait qu'elle existe, et qu'elle apparaît "en filigrane" (je pense en particulier à Gilraen) - et lorsqu'elle l'est... ce n'est pas toujours à son avantage (voir l'éducation qu'Erendis donne à Ancalimë) - mis à part Melian qui, que ce soit vis à vis de la passion de sa fille ou des "frasques" de son fils adoptif fait preuve de "compréhension" et joue un certain "effet tampon" vis à vis de son époux.

Ceci étant juste une petite introduction, une idée de débats, ouverts à tous.

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#2 17-06-2006 10:37

Lambertine
Inscription : 2002
Messages : 2 828

Re : De la Mère dans le Légendaire

Et Up !

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#3 17-06-2006 11:27

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

Oh! Chère Lambertine! :-)

Nous avons au moins un exemple inverse, celui d'une mère qui a perdu ses enfants : Galadriel. Et curieusement, c'est elle qui dans le SdA se rapproche le plus de l'archétype de la mère. Elle accueille, elle nourrit, elle écoute, elle soigne, elle aide. Mais comme une mère idéale, elle ne retient pas, elle ne "conseille" pas : elle informe, elle incite Frodo à décider par lui-même, en faisant appel à sa propre sagesse. comme si la disparition de ses propres enfants lui avait fait dépasser les sentiments individuels de maternité pour atteindre un dimension universelle.

On est à l'opposé de Morwen ici (Hihi! Rebeca, c'est de MOI que viendra a contradiction. Gnèrk!), qui réagit à ses deuils par la fermeture, les regrets du passé, les ruminations de vengeance et de haine.

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#4 17-06-2006 02:54

Forfirith
Inscription : 2003
Messages : 215

Re : De la Mère dans le Légendaire

Oulà ! Que voilà un sujet vaste mais passionant Dame Lambertine ! :)
J'aimerais y travailler un peu - mais manque de temps et de connaissances très probablement...

Pour commencer, je pensais "recenser" un peu toutes les mères que nous connaissons, plus ou moins, ça peut paraître inutile et stupide, mais cela permettra peut-être de mettre quelques choses en relation, nan ?

Femmes du Premier Age
Elfes
Míriel: après la naissance de son fils, elle a "préféré" quitter son esprit. Pas de rôle maternel donc, ou minime (je ne sais plus à combien de temps d'intervalle après la naissance de Fëanor elle va en Mandos).
Indis => Aredhel (relation de proximité certaine avec son fils)
=> Idril (force de caractère, tendresse probable, mais qui quitte son fils encore jeune (selon Grey Annals je crois, à 27 ans))
Eärwen : => Galadriel (perte de sa fille)

Melian: Seule Maia connue avec enfant. Maternelle ?
=> Lúthien
Nimloth: => Elwing (doit abandonner ces enfants lorsqu'elle fuit les Fils de Fëanor avec le dernier Silmaril)

Humaines
Emeldir (femme de Barahir)
Rían: laisse son fils à la naissance aux Elfes Gris pour aller mourir à Haudh-en-Nirnaeth.
Morwen: stricte ? Perd une fille de maladie. Envoie son fils âgé de 7-8 ans au loin et éduque son autre fille.
=> Nienor: se suicide en étant enceinte.
Hareth (mère de Húrin et Huor) et Glóredhel (fille de Hador Lórindol)

Femmes du Deuxième Age:
Erendis : éducation austère et dans un milieu exclusivement féminin à sa fille
=> Ancalimë: n'a un enfant que pour ne pas céder le pouvoir
Tar-Telperien (non-mariée)
Inzilbêth: préférence pour le fils proche d'elle, l'aîné (Tar-Palantir)
Míriel (Ar-Zimraphel) (mariée de force sans enfants)

Troisième Age:
Elfes:
Celebrían (fille de Galadriel): quitte la Terre du Milieu (ces enfants ont quand même plus de 2000 ans ;) )
=> Arwen

Humaines
Gilraen: tendre et courageuse ?
Finduilas (mère de Faramir et Boromir): Meurt jeune de maladie/nostalgie ?
Morwen de Lossarnach (mère de Théoden et dux filles)
Elfhild(mère de Théodred): meurt en couches
Lothíriel (mère d'Elwine).

Si je n'ai mis aucun commentaire, c'est que je n'ai pas d'informations, un point d'interrogation je ne suis pas sûre, et une flèche c'est une fille ou descendante.

J'espère que ça pourra aider un peu ^^

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#5 17-06-2006 15:38

Dior
Inscription : 2004
Messages : 984

Re : De la Mère dans le Légendaire

Au sujet de Melian, dans l'optique de son rôle de mère, il est un passage du Silmarillion (ch. 20) qui m'a toujours impressionné (enfin, surtout en anglais, il sonne plus "solennel")* :

"On dit que Beren et Lúthien revinrent dans les régions septentrionales des Terres du Milieu et qu'ils vécurent quelque temps comme de simples mortels avant de rentrer à Doriath. Ils y trouvèrent un accueil fait de joie et de crainte mêlées. Lúthien vint à Menegroth et chassa l'hiver qui courbait Thingol en le touchant simplement de sa main. Mais Melian regarda ses yeux, y lut le sort qui l'attendait et se détourna. Elle comprit quel abîme les séparait désormais, venu d'au-delà du monde et de sa vie, elle ne connut de douleur ni de perte aussi lourde qu'à cette heure."

Je trouve ce passage très poignant, et je ressens un écho avec la relation Elrond - Arwen, d'ailleurs (ce que viennent de me confirmer les Annales Grises, §214, qui ajoutent à cet extrait une parenthèse s'y référant ^^).

Voilà, petite contribution à ce beau sujet. M'est avis que ce sont surtout les membres féminins qui posteront ;-)


* Je donne quand même la vo du passage qui m'intéresse, vu que je trouve la vf de plus en plus insatisfaisante :

"But Melian looked in her eyes and read the doom that was written there, and turned away; for she knew that a parting beyond the end of the world had come between them, and no grief of loss has been heavier than the grief of Melian the Maia in that hour."

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#6 17-06-2006 15:50

jean
Inscription : 2002
Messages : 893

Re : De la Mère dans le Légendaire


Petit coup d'auto publicité :-) j'ai en partie abordé ce thème, ou plutôt le thème plus large des effets négatifs de l'absence de repère féminin pour les personnages masculins dans l’œuvre de Tolkien dans un article « pouvoir féminin en TdM » qui est disponible sur JRRVF(http://www.jrrvf.com/essais/feminin/feminin.html
).

Ceci dit, une étude plus centrée sur la Mère présente un réel intérêt.
Cdt

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#7 17-06-2006 15:52

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

Pour nourrir l'inventaire de Forfi :

Quelques mères Hobbits du 3e Âge :

- Primula Brandybuck, (1320-1380) ==> Frodo. Meurt accidentellement (noyée) lorsque son fils a 12 ans.
- Lobelia Sackville-Baggins ==> Lotho. Sale caractère, cupide, vindicative. Elle vit très vieille, mais elle rate complètement l'éducation de son fils, qui tourne mal. Elle se rachête sur le tard, en pourchassant les voyous à coups de parapluie.
- Madame Maggot : robuste campagnarde et mère de famille. Bonne cuisinière.
- Bell Goodchild ==> Samwise Gamgee. Absente. On parle du Gaffer, mais pas de la mamma. Ses dates de naissance-décès ne sont même pas mentionnées dans les arbres généalogiques.
- Rosie Cotton : mère prolifique et pleine de santé des 13 enfants de Sam Gamgee. (Bon, pour elle, c'est le 4e Âge, disons). Des rares scènes où elle apparait en jeune fiancée de Sam, on peut dire que c'est une femme de caractère, de coeur et de bon sens.

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#8 17-06-2006 15:57

Melilot
Inscription : 2003
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Et hop! Encore doublée! Scrongneugneu! ... comment ça "mais accélère"?! ... Et encore une fois, merci, Jean. j'y cours. :-)

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#9 17-06-2006 18:39

Vinyamar
Inscription : 2001
Messages : 1 813

Re : De la Mère dans le Légendaire

Le sujet est très intéressant, mais pour ma part j'aimerais qu'il soit mieux défini.
Parce que l'absence de mère est tout de même un lieu commun du héros, de Tom Sawyer à Riri, Fifi et Loulou, de Batman à Superman... le père joue toujours un rôle dans la psychologie de ces héros (même son absence), mais curieusement il n'en est rien pour la mère.

C'est à dire que pour moi, dans le domaine du récit, la mère est plutôt l'antithèse de l'aventure. C'est l'appel à la raison, au calme, l'appel à être bien sage, bien élevé, à ne pas sortir trop tard le soir. Bref, c'est tout le contraire de l'aventure.
Les héros, curieusement, sont tous sans parents pour réfréner leur esprit d'aventure. La seule exception que je connaisse est le petit héros Donito, chasseur de perle dans sa BD. Tous les autres ont un oncle ou un grand père à la place de leur parent, la distance autorisant le loisir de quelques aventures. (certains héros ont encore leur mère, mais alors elle est vieille et malade et sert plus à montrer le héros en protecteur, bref elle ne tient pas son rôle de mère)

Donc, j'aimerais savoir en quoi le sujet est-il plus typiquement tolkiennien, ou bien si on veut parler du héros quel qu'il soit.

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#10 17-06-2006 19:00

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

Requête exaucée Vinyamar. petite analyse vite fite :

Si on part des figures du "héros" dans l'œuvre de Tolkien, finalement, l'absence de mère ne joue pas un rôle aussi déterminant que ça. :

Je ne garde que les personnages masculins qui jouent un rôle dominant ou prépondérant dans les récits (les "héros") :

- Féanor : mère morte (ou l'équivalent de la mort, pour les Elfes).. Au remariage de son père, tensions avec sa belle-mère et ses demi-frères.
- Beren : mère morte, ainsi que toute sa famille.
- Turin : mère présente durant l'enfance. séparation difficile à un âge très jeune. Retrouvailles dramatiques et décevantes. Nouvelle séparation
- Tuor : mère morte. Elle se laisse mourir de chagrin à la mort de son époux, abandonnant son fils.
- Aragorn : mère présente durant toute l'enfance, et jusqu'au début de l'age adulte. Littéralement, elle se sacrifie pour son fils.("j'ai donné l'Espoir au Dunedain, je n'ai plus d'espoir pour moi-même.") Elle s'inquiète pour lui lorsqu'il lui avoue son amour pour Arwen.  Toutefois, ce n'est pas Gilraen qui transmet à Aragorn l'héritage de sa lignée et de sa destinée, mais son père adoptif, Elrond.
- Frodo : mère morte lorsqu'il a 12 ans (à peu près l'âge de Tolkien lorsqu'il a perdu la sienne). Ce qui lui permet d'être adopté et élevé par Bilbo et d'hériter de lui.
- Sam : mère absente. On n'en parle pas, on peut la supposer morte. mais le père est très présent (quoiqu'un peu rude).

Aucun de ces héros n'a connu la même enfance, ni mené leur vie de la même manière. :

Pour ceux dont la mère est morte durant leurs premières années :
- Féanor : enfant surdoué et choyé. n'a manqué de rien (à part de sa mère). Les conflits familiaux sont dus davantage aux caractères de protagonistes qu'à des circonstances dramatiques. Devenu adulte, il se sépare de son épouse et entraîne ses enfants dans sa perte.
- Beren : enfance difficile : fuite, pertes, combats, errance. Adulte, il deviendra l'homme le plus brave de son temps. Malgré son dénuement et sa solitude, il gagnera contre tout obstacle, l'amour de la princesse la plus belle et la plus noble de cet âge. Il vaincra la mort même pour fonder avec elle une famille, et mourra avec elle, en paix et heureux.
- Tuor : toute sa famille a péri, il est réduit à l'esclavage, il s'évade et s'en sort plutôt bien. Il devient un jeune homme courageux et solide, avec un cœur droit, une curiosité ouverte et beaucoup de bon sens.  Il fonde sa propre famille et aura une descendance pleine de promesses et de gloire.
- Frodo : on suppose que, recueilli par son vieil oncle excentrique et tendre, il aura eu malgré tout une enfance choyée et heureuse dans un environnement sain. Il se fait des amitiés fidèles. Il mène à bien sa mission, même si celle-ci le conduit à sa propre perte. Il restera célibataire et n'aura pas de descendance.
- Sam (?) : Puisqu'on n'en parle nulle part, supposons sa mère morte après 1383 (naissance de sa plus jeune sœur. Sam a 3 ans). Enfance néanmoins heureuse dans un petit pays calme et en paix. Un père aimant sous des abords rugueux. De très bonne relations d'amitié et de confiance avec son "patron". Il sera courageux, loyal et inventif. Il fondera sa propre et très nombreuse famille, connaîtra une brillante réussite sociale et vivra heureux jusqu'à la fin.

Sur ces cinq personnages, qui ont perdu leur mère, deux ont mal tourné ou gâché leur vie, et n'ont pu fonder ni couple ni descendance. Trois ont réussi la leur, vaincu toutes leurs épreuves, fondé un couple heureux et assuré leur descendance.

Pour ceux dont la mère a influencé l'enfance et la jeunesse :
- Turin : enfance difficile, comme Beren et Tuor. Sa mère l'aime, mais se sépare de lui pour le protéger. Il le supporte très mal. D'elle, il hérite surtout l'amertume et la révolte. Adulte, il devient certes beau et brave, mais surtout tourmenté et irréfléchi. Il gâchera tout ce qu'il entreprend et fera le malheur de tous ceux qu'il approche. Il est incapable d'établir une relation amoureuse à long terme (Nellas, il l'ignore. Finduilas, il "l'oublie", Niénor, il commet un inceste), et sa descendance mourra avant même de naître.
- Aragorn :son père meurt, sa mère et lui bébé, sont recueillis par Elrond. Il reçoit une éducation d'Elfe et de prince. Sa mère l'aime et le protège. Elrond aussi. Si son amour pour Arwen crée ne certaine gène, Elrond lui garde confiance et estime, le contraire de ce qui se passe entre Beren et Thingol. Adulte, il deviendra l'archétype même du "Bon Roi", malgré tous ses doutes et quelques erreurs,  il réussira toutes ses entreprises, accomplira son destin, et fondera une dynastie et  nouvel âge du monde. Il fondera aussi sa propre famille (au minimum un fils et deux filles) et vivra heureux et en paix jusqu'à sa mort.

Ici la proportion est de un partout.

Conclusion :
Si l'on retrouve bien le thème de la mort de la mère de façon prépondérante (5/2), l'absence ou la perte de celle-ci n'est pas l'élément déterminant dans le destin du héros. 

A vous la main, très estimés collègues. ;-P :-D

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#11 17-06-2006 19:08

Melilot
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Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

Oups! rectif :

"Sur ces cinq personnages, qui ont perdu leur mère, deux ont mal tourné ou gâché leur vie, et n'ont pu fonder ni couple ni descendance. Trois ont réussi la leur, vaincu toutes leurs épreuves. Parmi ces trois derniers, deux ont fondé un couple heureux et assuré leur descendance. Le troisième, victorieux dans son destin, sera vaincu dans sa vie privée et mourra solitaire."

pardon-z-excuses. Eté trop vite.

Vin', si tu veux un belle exemple de relations familiale dans la littérature imaginaire, je te conseille la BD "Buddy Longway", de Derib. Mais les derniers! Crénom, alors, qu'est-ce qu'ils m'ont fait pleurer! Et tant que j'y pense, tu aimes bien Thorgal je crois. C'est aussi une "histoire de famille", avec papa-maman-lardons (quoique j'aie toujours préféré cette chienne de Kriss de Valnor à cette blondasse d'Aaricia). :-D :-D :-D

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#12 17-06-2006 19:51

Dior
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Messages : 984

Re : De la Mère dans le Légendaire

Je reviens sur Beren et sur mon admirable grand-mère paternelle que tu as passée à la trappe, Melilot. Je t'offrirai donc une kro au prochain moot bruxellois ;-p

Nous savons par HoMe XI que Beren est né en 432 du Premier Âge. Il a probablement passé une enfance relativement heureuse au Ladros et en Dorthonion, entouré de ses parents Barahir et Emeldir, surnommée "la Dame au Cœur d'Homme", et de sa sœur Hiril, jusqu'à Dagor Bragollach en 455-456, soit une bonne vingtaine d'années. Ce n'est qu'après, en 460, que commence vraiment la solitude de Beren.

On peut aussi estimer le caractère d'Emeldir au vu de ses actions : c'est en effet elle qui, en 456, mène femmes et enfants en dehors du Dorthonion, à travers les horreurs de l'Ered Gorgoroth, jusqu'en Brethil (où elle semble s'évanouir puisqu'aucun texte ne l'évoque passé ce stade) ; on dit aussi d'elle qu'elle était "plutôt prête à combattre avec son fils et son époux qu'à s'enfuir". Une femme forte et courageuse donc, et "Cœur d'Homme" est tout choisi comme qualificatif. Sur le plan "maternel", j'aurais donc tendance à placer Beren aux côtés d'Aragorn (tiens donc ...), même si Emeldir n'est pas Gilraen.

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#13 17-06-2006 21:20

Melilot
Inscription : 2003
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Une Kro! Dior! Si tu fais ça, je ... je t'EFFACE! ;-P  J'ai dit "mères de héros", pas "admirables grand-mères" (sauf le respect que je dois à ta grand-mamy). La relation Melian-Lúthien s'inscrit dans le contexte "mère d'héroïne" =(pas confondre avec Sister Morphine). (Pardon ...hum ...).

Ta remarque sur l'enfance de Beren, juste. :-) (C'est fou, je l'imaginais plus jeune : J'avais en tête un adolescent lorsqu'il a suivi son père et les partisans, par les monts et par les plai-ai-nes,. Autant pour moi!).

Ce qui m'amène à revoir mon p'tit schéma. Et avant tout, à annuler mon correctif. (Qu'est-ce qui m'prends, d'aller toujours trop vite quand je devrais réfléchir, et trop lentement, quand je devrais me hâter.)

Donc, ce n'est plus cinq héros qui ont perdu leur mère dans l'enfance, mais quatre. parmi ceux-ci, un seul a mal tourné, deux ont réussi leur vie et obtenu couple et descendance. Un a réussi a mission, perdu sa vie personnelle, et a fini célibataire sans descendance. (1/2/1)

Parmi les trois qui ont gardé leur maman chérie jusqu'à l'âge adulte, un a mal tourné et échoué, les deux autres sont devenus des gens très bien et ont surmonté toutes leurs épreuves et se sont reproduits avec une fidèle compagne. (1/2)

Ce qui corrobore ma théorie :
1° La mort de la mère durant l'enfance du héros est un thème récurrent mais pas systématique.
2° Cette mort n'est pas l'élément le plus déterminant dans le destin du héros (même si elle y joue un rôle), ni sur sa capacité à former lui-même une famille.

Ca vous va-t-y?

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#14 18-06-2006 00:30

Moraldandil
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Il a quelques femmes númenoréennes à ajouter à ton tableau maternel, Forfirith : Núneth, mère d'Erendis, Almarian, mère d'Aldarion. Toutes deux maternantes - trop pour Almarian, elle serait gâteuse d'Aldarion si l'on en croit Ancalimë (même si celle-ci est certanement malveillante en la matière). Il y a aussi Silmarien de la lignée d'Elros, à l'origine de la lignée des seigneurs d'Ansúnië, mais ce n'est qu'un nom.

Finalament il y a plus de mères qu'on ne l'aurait cru... toutefois un certain nombre de ces personnages, si elles deviennent mères, ne sont pas montrées vraiement dans ce rôle : Lúthien, Idril, Arwen sont difficiles à se représenter ainsi.

Je rajouterais dans les personnages importants pour ses relations avec sa mère Maeglin. Les relations avec ses deux parents sont inhabituellement détaillées, entre Eol qu'il admire mais qui l'élève dans une grande rigueur et dont il finit par se sentir prisonnier, et la relation de forte proximité qu'il a avec sa mère. Aredhel est aussi un des personnages le plus montré dans son rôle maternel, jusqu'au tragique puisqu'elle se sacrifie pour son fils. On ne peut pas dire que ça lui ait beaucoup réussi, à lui. Est-ce que c'est la mort de sa mère qui l'a amené à se corrompre... ça me semble un peu tiré par les cheveux, son désir impossible pour Idril et sa position ambiguë vis à vis de Turgon (son oncle, qui le choie, mais a fait exécuter son père...).

(Au fait, c'est un personnage fort intéressant Maeglin, et je n'ai pas l'impression qu'on en ait tant parlé...)

Quelque chose me frappe aussi : il y a bon nombre de femmes chez Tolkien mais surtout des jeunes femmes. Il y en a moins de plus mûries (Melian, Galadriel, Erendis, Morwen, Andreth), et peu de vieilles aussi : je vois Gilraen, Ioreth, et Zamîn la vielle servante d'Erendis (et un peu une nourrice pour Alcalimë)... pour Erendis sa vieillesse est évoquée mais pas montrée. Alors que chez les hommes on ne manque pas d'exemples de personnages dans la force de l'âge et de vieillards. On a encore moins de grand-mères que de mères... en fait, la plus clirement dans ce rôle est celle de Sméagol :-P Bon, c'est vrai que techniquement, Galadriel est la grand-mère d'Arwen... mais c'est difficile de voir en Galadriel une grand-mère, chez les elfes il y manque le vieillissement...

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#15 18-06-2006 14:23

Tilkalin
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Dans ce tour d'horizon des femmes du Conte d'Arda qui jouent (aussi) un rôle de mère, je rajouterai bien Dís, la seule femme naine à être citée dans l'histoire de ce peuple - indirectement dans le Hobbit comme mère de Fíli et Kíli, les neveux de Thorin Oakenshield, et directement dans l'Appendice A. III du Lord of the Rings, comme fille de Thráin II, fils de Thrór.

Le nom de Dís m'est revenu en lisant le post de Vinyamar portant sur les rapports entretenus par certains héros avec l'un de leurs proches parents : la relation neveu-oncle est une figure importante dans la littérature médiévale, le cas de Frodo et Bilbo étant certainement l'exemple le plus flagrant dans l'oeuvre de Tolkien.

Dans une note datant de l'écriture du "Peuple de Durin", il précise que Dís est mentionnée uniquement en raison de la mort de ses deux fils, tombés lors de la bataille des Cinq Armées en défendant vaillamment le corps de leur oncle ("gallant death"). La note s'achève en remarquant que l'attachement aux enfants des soeurs était grand chez les peuples du Troisième Age, même s'il l'était moins chez les Nains que chez les Elfes et les Hommes (Peoples of Middle-earth, HoME XII, p. 285).

Or, le nom de Dís est probablement tiré de la mythologie nord-germanique où il est question des Dises, entités fatidiques assimilées aux Moires de la mythologie grecque et aux Valkyries qui président au sort des combattants dans les batailles. Les unes et les autres étant en étroite collusion avec la mort et le destin, je me demande si les mères des héros cités par Melilot ne participent pas, d'une façon ou d'une autre, à leur destinée.

En d'autres termes, pour partir de la question de départ posée par Lambertine : dans l'oeuvre de Tolkien, quel rôle joue la mère d'un héros sur le destin de son fils ? ;-)

Cordialement,
Tilkalin.

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#16 18-06-2006 14:46

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

Ah tiens? Ca serait intéressant de déterminer dans quelle proportion et chez quels peuples il s'agit d'oncles maternels ou paternels. Dans les sociétés matrilinéaires (pas confondre avec matriarcales), les enfants appartiennent à la lignée de leur mère et le frère de celle-ci est considéré comme un plus proche parent que leur propre père (Malinovsky, si les références vous intéressent je vous les fournis, sinon, je ne vais pas encombrer;-P ).

Première ébauche d'inventaire :

- Thorin : oncle maternal
- Théoden : oncle maternel.
- Bilbo : hum, plus compliqué, oncle à la mode hobbitte, si on remonte la généalogie, Bilbo et Frodo sont issu à 2 et 3 génération de deux frères. On va dire oncle paternel, alors.
- Elrond : compliqué aussi. Il est le frère d'un très lointain ancêtre d'Aragorn. Disons oncle paternel

Que peut-on en conclure? Jusqu'ici, rien. (Damn'! fausse piste?)

Bon, je vais me coucher.

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#17 18-06-2006 13:53

Lambertine
Inscription : 2002
Messages : 2 828

Re : De la Mère dans le Légendaire

Hum... Vin',

Il s'agit de débattre (enfin... c'est une piste, rien de plus, JRRVF étant ce qu'il est...) de l'influence de la mère et de l'éducation maternelle, ou de son absence, sur les personnages de Tolkien, c'est tout. La mère étant plus souvent absente, et moins souvent décrite que le père.

Que l'absence de mère soit un thème récurrent dans la fiction, je ne le nie pas. Mais, tout d'abord, je voulais parler le la "mère" et non de l' "orphelinitude" (Batman et Superman manquent autant de père que de mère). Quant à Riri, Fifi et Loulou (euh... j'espère quand même que tu mets Tolkien un peu au dessus...) tout comme Tintin, Spirou ou les Pieds Nickelés : ce n'est pas qu'ils n'ont pas de mère (ou de père), c'est tout bonnement que leurs parents ne sont pas évoqués.(... et les contre-exemples ne manquent pas : Dame Jessica peut-elle empêcher Paul d'accomplir son destin (Dune), la reine Kettricken est-elle un obstacle à la "chasse au Dragon" de Dutiful (Hobb). ? Ce ne sont que deux exemples parmi d'autres tirés de la "littérature de l'Imaginaire, mais je pourrais en trouver d'autres... tiens... les conseils de la mère de Perceval l'empêchent-ils d'aller accomplir son "destin de chevalier ?)

Quant à la mère "antithèse de l'Aventure"... ben... il ne me semble pas que (contrairement à Riri, Tintin, Batman and C°...) les personnages de Tolkien ne cherchent PAS l'aventure (la majorité d'entre eux, du moins : Aldarion, par exemple, la recherche, et lui A une mère). Qu'au contraire, ce que nous appelons l'Aventure et qui est pout eux la guerre ou le devoir s'impose à eux, malgré eux. Ni Beren, ni Frodo,ni Aragorn, ni Tuor... ni même Turin, au fond, ne rêvent d'autre chose que d'une vie tranquille dans un monde en paix. Il n'y a pas d'"esprit d'aventure" à réfréner, puisqu'il n'existe pas.

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#18 18-06-2006 15:03

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la Mère dans le Légendaire

De fait, Lambertine, chez Tolkien, plusieurs mères elles-mêmes sont entraînées dans l'aventure, ou la subissent, ou la choisissent, ce qui détermine en partie leur destin et celui de leur fils.

Dior nous a rappelé que la mère de Beren a du fuir, combattre et protéger son peuple (peut-être est-ce d'elle et de son exemple que Beren a hérité courage et ténacité). D'autres sont veuves de guerre : Morwen, veuve, puis ruinée, puis  captive. Elle se lance de son propre chef, malgré de tous les avertissements et mises en garde, dans une équipée stupide et mal préparée, qui tourne évidemment au vinaigre (style de coup de tête qu'on retrouve chez son fils). Gilraen, doit s'enfuir et se cacher avec son fils, ce qui lui sauve la vie. Elle se réfugie chez Elrond, ce qui détermine l'éducation et les chances que reçoit Aragorn durant son enfance.

Aredhel (un peu manipulée par son fils, tout de même), choisit de quitter son mari et de revenir chez son frère. Ce qui, à terme, causera sa mort, celle de son Ex-, et scellera le destin de Maeglin (et de Gondolin, en passant).

Pour Luthien (Dior, je tiens à tout prix à éviter la Kro! ;-P ), c'est une véritable héroïne et elle participe à l'aventure avec Beren, mais là, elle n'agit pas en tant que mère, mais en tant qu'amante. Au moment de ta naissance, ô noble Prince, l'aventure est finie : elle est rentrée chez elle avec son légitime et peut se consacrer à la roucoulade et au maternage. :-D

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#19 19-06-2006 12:19

Laegalad
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Il y a aussi Idril Celebrindal, épouse de Tuor et mère d'Eärendil ; je suis en train d'y travailler, et j'ai laissé mes bouquins chez moi (c'est d'un pratique, entre les UT, le Silm. et le Book of Lost Tales, pour retrouver dans lequel est dit quoi).
Quand Maeglin (personnage interessant, Maeglin, pendant elfique à Turin, je trouve, car lui aussi sous le coup d'une malédiction, celle de son père, qui lui dit grosso modo qu'il n'aura jamais ce qu'il désire. Et lui aussi éprouvant un amour incestueux. Et lui aussi sombre et plutôt "terrestre", si on doit le lier à un élément... Au contraire de Tuor qui est lié aux eaux. Mais bref, il faut que je trouve le temps de coucher sur papier mes idées vagues)... où en étais-je ? Quand Maeglin, donc, veut jetter Eärendil dans les flammes devant les yeux d'Idril (c'est dans le HoME2, ça), Tolkien dit qu'elle se bat comme une tigresse et qu'elle était magnifique à voir (pas l'original sous le nez). On a là une mère qui n'hésite pas à se battre pour son fils, et elle se défend bien :)

Est-ce une idée, où les personnages qui finissent mal n'ont pas de chance avec les filles ? Turin, Maeglin... On ne connait pas d'amour à Frodo... bon, lui est à part... Les fils de Feänor ??? je ne sais pas s'ils ont eu des épouses...

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#20 19-06-2006 12:44

Lambertine
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Feanor s'est marié, tout comme Aldarion, non ?

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#21 19-06-2006 15:14

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Féanor s'est marié, mais son épouse a refusé de le suivre. Ses fils, Je n'ai pas non plus les bouquins sous la main, je suis toujours au boulot, là ... d'ailleurs je ne devrais pas être sur le site en cet instant ..., il me semble que non.

Ne pouvant ici et maintenant me baser que sur mes souvenirs, il me semble que les Noldor n'ont pas de descendance ou qu'elle s'éteint très vite. Je ne me souviens d'aucune épouse ni héritier pour les fils de Féanor.

Aldarion est marié, mais on ne peut pas appeler ça un couple heureux. Pas de chance avec les dames, donc, mais on ne peut pas dire qu'Aldarion "finit mal", non plus. Et puis, Bilbo est célibataire aussi, pourtant il finit bien.

Argh! Laegalad! Je n'ai pas les HoME et pas l'intention de les acheter dans l'immédiat. Donc je rate ce passage!!! Orage! O désespoir! O'Catarinettabellatchitchix! ... heu ... tuuuuuu .... peux nous le .... hrm ... copier sur le fuseau .... sssssss'il te pppppplait (yeux de Bambi avec battements de cils).

Attention : hors-sujet - message personnel - Ne lisez pas ceci, sauf à vos propres risques. Vous voilà prévenus.
Tant que je t'ai en ligne, Laegalad : gn'y a un problème de connexion internet entre toi et quelquezunes qui ne reçoivent plus tes mails, ou n'arrivent pas à t'en envoyer : d'après certaines, c'est la malédiction de Qui-Vous-Savez. D'après l'une, c'est un anti-spam qui ne fait pas le détail. En sais-tu plus?

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#22 19-06-2006 15:24

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Et tiens, tant que j'y pense, voilà sept Elfes qui ont vécu une enfance heureuse à Valinor avec une maman sage, patiente et aimante ce qui ne les pas empêchés de mal finir. C'est le père ici qui a joué un rôle prépondérant dans leur destin, et aucunement l'influence maternelle.

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#23 19-06-2006 15:35

Laegalad
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Anti-spam maudit. Je reçois les vôtres, en tout cas... J'ai essayé ton adresse de secours, et envoyé plusieurs messages, dont un là maintenant tout de suite. Pourquoi ça marche paaaaas :( :( :(

Et puis c'est bien parce que c'est toi, j'ai réussi à retrouver des bouts sur les notes que j'avais prises et oublié au boulot :

[...] and there in his house upon the walls Idril arrays herself in mail, and seeks Earendel. And that child was in tears for the strange lights of red that played about the walls of the chamber where he slept; and tales that his nurse Meleth had woven him concerning fiery Melko at time of his waywardness came to him and troubled him. But his mother coming set about him a tiny coat of mail that she had let fashion in secret, and at that time he was glad and exceeding proud, and he shouted for pleasure. Yet Idril wept [...]"

Et plus loin :

Now then Meglin had Idril by the hair and sought to drag her to the battlements out of cruelty of heart, that she might see the fall of Earendel to the flames; but he was cumbered by that child, and she fought, alone as she was, like a tigress for all her beauty and slenderness.

Ne jamais se mettre entre une mère et son petit... :D

S.

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#24 19-06-2006 16:32

Dragon Sacquet
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Salut,

Melilot: "Je ne me souviens d'aucune épouse ni héritier pour les fils de Féanor."
>il y a une petite note dans l'arbre généalogique des Noldor à la fin du Silmarilion, en face de Curufin: 'père de Celebrimbor'. je crois que c'est le seul qui ait une descendance, mais on ne connait pas le nom de son épouse (Car il a sûrement au moins une compagne, Curufin n'est ni capable de fissiparité, ni hermaphrodite...;-D )
On ne sais pas non plus si les autres fils de Curufinwë étaient mariés ou célibataires, mais en tout cas ils n'ont pas eu d'enfants. Ou alors, j'ai loupé quelque chose...

Pierre
Est-ce que le schimbili, le smichmi, le schmilbiqui...

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#25 19-06-2006 18:58

Meneldur
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Re : De la Mère dans le Légendaire

On a une toute petite note sur les épouses des fils de Fëanor :

Maedros the eldest appears to have been unwedded, also the two youngers [...] ; Celegorm also, since he plotted to take Lúthien as his wife. But Curufin [...] was wedded, and had a son who came with him into exile, though his wife (unnamed) did not. Others who were wedded were Maelor, Caranthir. (The Peoples of Middle-earth, note 7 à Of Dwarves and Men, p. 318)

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#26 19-06-2006 21:44

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

C'est parce que je me suis trompée d'adresse de secours. je viens juste de t'nvoyer un mail-test à partir de là (la bonne, cette fois). Touchons des doigts et croisons le bois.

Et WOW! J'adore ce passage. (Imaginer Earendil en petit enfant effrayé qui pleure, c'est bizarre, mais rudement émouvant!) Mais imaginer Idril luttant comme une tigresse pour le défendre, sur fond de ville en flamme ... Arg! ... Merci :-)

Merci Dragon. :-) Celebrimbor, mazette, ce n'est pas un des moindres.

Et merci Meneldur. :-)

On commence à avoir une belle collection de comportements maternels, là (parmi ceux qui sont décrits) :
- Idril : sa bat pour la vie de son fils.
- Erendis : reporte sur sa fille ses rancoeurs et ses frustrations, et en fait une aigrie misanthrope.
- Morwen : mère en deuil de sa fille, puis qui se sépare de son fils pour le bien de celui-ci, et masque son chagrin sous une dureté de façade. Plus tard, devient instable, amère, irréfléchie, et se révèlera incapable de protéger la fille qui lui reste (quand Niénor, par pur entêtement, veut la suivre, elle avait une chance de renoncer et revenir à la raison. Elle l'a perdue. Et tout le reste avec.)
- Melian : accepte le choix de sa fille, malgré qu'il lui brise le coeur, et prends sa défense auprès de Thingol.
- Gilraen : alors qu'elle encore toute jeune, consacre totalement sa vie à son fils et à l'avenir de celui-ci.

Encore une fois, rien de systématique. Deux de ces femmes auront une influence néfaste sur leur(s) enfant(s) (Erendis et Morwen). Les trois autres seront aimantes, protectrices et généreuses, mais aucune de ces trois-là ne jouera le rôle de mère abusive, qui retient son fils ou sa fille par des larmes et des angoisses, et l'empèche d'accomplir son destin. Au contraire : quels que soient leurs sentiments, elles aident, elles encouragent et elles acceptent. Même Gilraen, pourtant sérieusement inquiète lorsque Aragorn lui avoue son amour pour Arwen.

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#27 20-06-2006 00:26

Forfirith
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Je constate/remarque dans ces ébauches d'études, nous n'avons pas encore réusir à établir une soret de "schéma" de comportement ou de conséquences dû au rôle de la mère, bien qu'il existe des similitudes.
Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que chaque mère représente uen auter facette de le la Mère en général ? (dans ce cas-là il faudrait dégager un aspect particulier et unique) Qu'en pensez-vous ?

Forfi, dont les neurones se mélangent un peu

P.S: merci pour ton article jean qui est très intéressant ^^. J'apprécie particulièrement la mise en relation du pouvoir de la Lórien avec Galadriel auquel je n'aurais pas pensé ainsi que le parallèle incorruptibilité d'Aragorn/Amour d'Arwen... Je t'envoie un mail pour d'autres détails :)
Sinon, je cite ce passage qui me parait correspondre au sujet:

Cette aventure concrète de Frodon est applicable de manière figurée à tous les grands héros masculins du monde de Tolkien. Et nous allons voir que ceux-ci, sans la protection spirituelle d’une haute dame, sont voués à l’échec.

Si nous prenons le cas de Fëanor, Tolkien nous indique au Chapitre 6 du Silmarillion en parlant du refus de Míriel d’assumer son rôle de mère auprès de son fils “ dans les malheureux événements dont Fëanor prit la tête, beaucoup ont vu l’effet de cette fêlure dans la maison de Finwë  ”. Nous pouvons donc raisonnablement supposer que le sort de Fëanor aurait été différent sans cette dérobade d’une représentante du pouvoir spirituel. Cette conception est d’ailleurs renforcée par une lettre de Tolkien à Rhona Beare (lettre n°212) dans laquelle l’auteur écrit que “  Míriel [] provoqua la chute des grands Elfes  ”.  De même nous remarquerons que l’endurcissement du cœur de Fëanor et son écoute attentive des mensonges de Melkor se produit après sa séparation d’avec son épouse Nerdanel qui seule “  pouvait le contenir quand son cœur s’enflammait  ” ( Le Silmarillion - Chap. 6).

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#28 20-06-2006 00:55

Dior
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Pour rebondir sur Forfi citant Jean, Melilot, je rajouterais à ta synthèse Míriel en antithèse à Gilraen. Ceci dit, je trouve Tolkien dans cette lettre particulièrement dur avec Míriel ... J'ose espérer qu'il ne s'agissait d'un raccourci.

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#29 20-06-2006 00:56

Dior
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Re : De la Mère dans le Légendaire

que d'un raccourci, grumph !

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#30 20-06-2006 12:52

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Yope! Et à Miriel, on peut comparer Rian qui fait un choix plus ou moins similaire : à la mort de son époux, elle choisit la mort (avec lui), plutôt que la vie (avec et pour son fils). Pourtant dans les deux cas, le destin du fils sera radicalement différent sur tous les points. Tiens, ça pourrait aussi être examiné ça : la chute des Elfes stoppée par les exploits d'un Homme.

Par ailleurs, je m'aperçois que j'ai oublié Aredhel dans mon résumé des comportements maternels en TdM. Elle est pourtant intéressante. En tant que femme, elle se montre indépendante et volontaire, mais en tant que mère, elle devient faible et influençable. Elle se laisse flatter et manipuler par son fils, mais ensuite, elle se sacrifie pour le sauver. Ce qui ne lui (à Maeglin) portera pas bonheur, quoi qu'il en soit.

Pour Miriel, Tolkien veut peut-être dire "responsable mais pas coupable"? Son choix a été un élément déclencheur, mais pas déterminant. Féanor a fait par lui-même ses propres choix (il a eu le choix, plusieurs fois), et ses propres erreurs.

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#31 20-06-2006 02:13

Laegalad
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Alors, reçu ???

Aredhel : en fait, son sacrifice est annulé par la malédiction du père. Non pas que je ne crois aux malédictions, loin de là, mais Maeglin a dû être fortement influencé par cette journée (sa mère qui se tue pour lui, son père jetté dans le vide, et qui lui prédit échec en tout ce qu'il désirera...)... Et étant déjà d'un caractère un peu... noir... ça n'a fait qu'accentuer. Et forcément, quand on est persuadé que tout ce qu'on ferra échouera, on ne fait rien pour que ça marche. (En même temps, tomber amoureux de sa propre cousine, ce n'était pas franchement une bonne idée).

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#32 20-06-2006 02:29

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Malédîîction ... Malédîîction ... Malédîîction ...! (les porteurs n'iront pas plus loin!). Ecoute : on va passer par la mailbox de Rebeca qui est d'accord. La Malédiction de tous les Valar réunis me poursuit et je t'expliquerai. (Non ... laissez-moi ... laissez-moi seule ....Bhheuheuheuheu!)

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#33 20-06-2006 16:19

Lambertine
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Ce serait-y pas très Turinesque, ça  ?(mis à part qu'Aredhel a quand même une sacrée part de responsabilité dans ce qui s'est passé le jour de sa mort. Eöl était quand même le père de son fils, que diable, et qu'a-t-elle fait durant toute l'enfance de Maeglin pour "arrondir les angles" ? Rien. Au contraire.)

Je voudrais revenir sur "la mère obstacle à l'aventure. ne le serait-elle pas plus dans l' "inconscient collectif" que dans la littérature (au sens large) ? Parce que des mères tentant de s'opposer à l'"esprit d'aventure" de leur fils, il n'y en a quand même pas beaucoup. La mère de Perceval, et celle d'Achille tentent de s'opposer au désir de gloire de leurs fils, mais à part elles... Il doit il y en avoir des tas d'autres, mais elles ne s'imposent pas à mon esprit.

Et chez Tolkien, ce genre de mères me semble inexistant. La mère d'Aldarion "fait la morale" à son fils, mais plus pour l'inciter à "se caser" et à s'occuper de son épouse qu'à éviter l'aventure. Et quand on prend les personnages "non-orphelins de mère" (il me semble que Merry et Pippin sont dans ce cas), il ne me semble pas que l'existence d'une mère les empêche de rechercher... euh... peut-être peut-on pour eux parler d'aventure ? D'ailleurs, les conseils et les manigances des mères d'Achille et de Perceval étant restés lettres mortes...

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#34 20-06-2006 16:32

rebeca
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Dites, dans la catégorie des mères qui abandonnent leur enfants, y a aussi Mithrellas, copine à Nimrodel, épouse elfe du numénoréen Imrazôr, mère du premier seigneur de Dol Amroth, Galador, et de sa soeur Gilmith... sauf que je n'ai pas trouvé d'indications sur les raisons de son départ ni sur les conséquences sur son fiston (c'est de là que vient le sang elfe de cette lignée).

En ce qui concerne Galadriel, 'Lilotte, je trouve pas trop qu'elle soit l'archétype de la mère... il n'y a pas pour moi d'archétype de la mère chez Tolkien (en tout cas là où j'en suis dans mes lectures ;)) je serais plutôt de l'avis de Forfi (Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que chaque mère représente une autre facette de le la Mère en général ?), ce qu'on sait du côté maternel de la plupart de femmes me semble trop caricatural que pour pouvoir refléter une mère dans sa complexité, sans parler de son archétype...  elles sont tellement catégorisables, c'en est presque effrayant: celles qui abandonnent et celles qui se sacrifient, celles qui bouffent et celles qui délaissent, etc...

Et en plus petit parce que je quitte le sujet central ;) Dis, 'Lilotte, rapport rapport à la perte d'enfant et la différence de réaction entre Galadriel et Morwen, hum, Celebrian a vécu des horreurs, ok, mais elle n'est pas morte, elle est repartie à Valinor, donc Galadriel sait qu'elle peut la retrouver, en plus dans le SdA ça date de plus de 400 ans, y a donc moyen de faire un deuil sur ce laps de temps là, bien plus que Morwen n'a pu le faire lors de l'enfance de Turin. Et puis,sans vouloir minimiser quoi que ce soit à la douleur de Galadriel, je crois que ça joue, l'âge, perdre un jeune enfant est vraiment très dur, et est souvent perçu comme encore plus injuste...dur, tout de même de comparer le deuil d'une enfant en bas-sage et la séparation (même si elle avait pû être définitive) d'avec une adulte de deux-trois millènaires, non? ;) et au finish, Morwen les a tout de même perdus tous, ses enfants... 
Et puis Morwen est décrite comme fière et froide... pour moi cela fait franchement écho à l'attitude orgueilleuse et hautaine de Galadriel durant les deux premiers âges...
 

Tiens, d'ailleurs, en général, la différence de destin entre les elfes et les humains, les taux de natalité différents, tout ça n'implique pas aussi des différences au niveau des comportements maternels? ... m'en vais dans ce pas fureter dans la bibliothèque de Gurth, y a des HOMEs et tout ;)

Sinon 'Lilotte, tu dis de Galadriel qu'"Elle accueille, elle nourrit, elle écoute, elle soigne, elle aide" et je ne nie pas cela, sauf que pour moi elle ne le fait pas de façon 'maternelle'... et ces caractéristiques font aussi partie de l'archétype du souverain, du chef, et je trouve que c'est bien plus cela que Galadriel représente... je sais pas trop comment l'expliquer de façon compréhensible, hum ;)


Hum, bon, y a pas moyen de faire encore plus petit? parce que, quid de l'influence néfaste sur les progénitures du système éducatif d'Ungoliant et de Shelob, hé? ...ok, je connais la sortie ^^

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#35 20-06-2006 16:44

Laegalad
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Re : De la Mère dans le Légendaire

En petit parce que pas dans le sujet :
Lambertine : Tout à fait turinesque, c'est ce que je disais plus haut :

(personnage interessant, Maeglin, pendant elfique à Turin, je trouve, car lui aussi sous le coup d'une malédiction, celle de son père, qui lui dit grosso modo qu'il n'aura jamais ce qu'il désire. Et lui aussi éprouvant un amour incestueux. Et lui aussi sombre et plutôt "terrestre", si on doit le lier à un élément... Au contraire de Tuor qui est lié aux eaux. Mais bref, il faut que je trouve le temps de coucher sur papier mes idées vagues)

Sans compter l'orgueil. Parce que le Maeglin, il en a une sacrée dose, d'orgueil (surtout dans les HoME).
:) Il devrait te plaire, toi qui aimes les personnages torturés :D

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#36 20-06-2006 17:08

rebeca
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Z'avais point vu ton message en postant le mien, Dame Lamberte... je voudrais tout de même rajouter: Eöl était quand même le père de son fils, que diable, et qu'a-t-elle fait durant toute l'enfance de Maeglin pour "arrondir les angles" ? Rien. Au contraire. ... ben, hum, elle était tout de même pas vraiment de libre dans son mariage avec Eöl, non? Comment lui demander de transmettre à son fils un amour qu'elle ne partage pas vraiment pour un homme qui l'a tout de même piègée et la retient prisonnière? Tout de même, je trouve que par moment vous en demander bien beaucoup, aux mères, pourquoi est-ce justement à elles qu'on demande des comportement surhumains, alors que par leur position de mère elles sont bien plus profondément plongées dans l'humain que la plupart des autres? On demande à Morwen de parfaitement gérer le deuil de sa petite fille, et d'en plus être en même temps parfaite face à son fils pour l'aider à surmonter son deuil à lui; on demande à Aredhel de faire le lien entre un homme qui lui a volé sa liberté et la lumière du soleil et son fils qui doit être son seul rayon de soleil...comme si devant leurs enfants on voudrait qu'elles nient leur propre coeur: il faudrait que Morwen ne soit pas blessée par la perte de Lalaith et la disparition de Hurin, il faudrait que Aredhel oublie que ce n'était peut-être pas cela la vie qu'elle avait rêvé pour elle et son enfant (et vivre la privation de liberté de son enfant doit être encore plus dur que vivre la sienne propre)... mais franchement, qui arrive à faire ça? Moi en tout cas je ne m'en crois pas capable...

En gros je trouve qu'on reproche à ces femmes d'avoir leurs propres sentiments, d'avoir un coeur qui souffre et aime, on voudrait qu'elles soient détachées de cela, qu'elles soient des mères d'esprit et non de coeur et de corps... alors que justement, le détachement du sentiment de mère ne mènerait-il pas plutôt à un comportement d'abandon comme celui de Rían?

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#37 20-06-2006 17:15

Forfirith
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Re : De la Mère dans le Légendaire

"Morwen ne soit pas blessée par la perte de Lalaith et la disparition de Hurin"
Et qu'elle soit traitée de sorcière par les voisins envahisseurs, et qu'elle doive diriger la maisonnée...Ca fait beaucoup à la fois :P
Sinon, j'ai rien de très pertinent à dire, je suis assez l'avis de Rebeca sur ce coup-là (pour moi Rían est un peu une anti-mère, mais c'est personnel...) ^^

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#38 20-06-2006 17:49

Fangorn
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Je trouve intéressant que la première explication de ce qu’est un hobbit dans le Légendaire soit annoncée par la mention de la mère, encore plus par une suspension du récit.

« La mère de notre hobbit... Mais qu’est-ce que les hobbits ? »
(Bilbo le Hobbit, chap. I)

Je n’ai pas vu le nom de « la fameuse Belladone Touque » dans ce fuseau (peut-être ai-je lu trop vite), mais Tolkien lui attribue précisément le côté aventureux de son fils Bilbo.

« Mais si Bilbo, fils unique de Belladone, ressemblait en tout point par les traits et le comportement à une seconde édition de son solide et tranquille père, il devait avoir pris au côté Touque une certaine bizarrerie dans sa manière d’être, quelque chose qui ne demandait qu’une occasion pour se révéler. »
(ibid.)

Autrement dit, si Bilbo est un Hobbit à part, il le tient de sa mère. Certes, il ne s’agit pas tant de sa mère en particulier que du sang Touque que l’on dit avoir été mêlé à celui d’une fée.
Mais il n’en demeure pas moins que c’est au « fils de Belladone Touque » que Gandalf s’adresse, et non à celui de Bungo Saquet, lorsqu’il lui propose une aventure (en tout bien tout honneur, ça va sans dire ;-)).

J’ignore si on en sait plus sur la mère de Bilbo (mis à part les arbres généalogiques), mais en tout cas, loin de s’opposer à l’aventure, elle en représente l’origine héréditaire.

Je reviens à cette suspension du discours. Tolkien avait déjà eu plusieurs fois l’occasion, en tant que narrateur, de préciser ce qu’est un hobbit au début de son roman.
C’est en mentionnant la mère de Bilbo qu’il en vient à cette précision : parler de la lignée, c’est parler de l’essence, de ce que l’on est. Le nom s’inscrit dans une tradition, qui dit l’histoire. Or, ce qui fait que Bilbo n’est pas un hobbit comme les autres — son côté non-« hobbital » — lui vient de sa mère.

Cette hérédité maternelle se voit éclairée d’un jour particulier si l’on examine le prénom choisi par Tolkien.
« Belladonna » est un nom de plante, conformément à la tradition hobbite. Mais il n’est forcément pas anodin de la part de Tolkien, attaché aux questions de lexique botanique.
Ce terme est d’origine italienne, bella dona, qui signifie belle dame = fair lady.
(Rien à voir pourtant avec le film My fair lady où un linguiste pygmalion décide de transformer une fleuriste du peuple en belle dame de la haute société (Audrey Hepburn), grâce au travail de la parole — cette thèse aurait-elle déplu à Tolkien ?... ;-))

Mais la Belladone se nomme aussi en anglais « deadly nightshade », ce qui donne une tout autre résonance à l’ascendance maternelle de Bilbo. Il est né d’une « mortelle ombre de la nuit » (on croirait presque voir resugir un Nazgûl ;-)
Pire, la Belladone est aussi appelée Atropa, qui vient d’Atropos, l’une des trois Parques, qui fixaient le destin des hommes. Atropos était d’ailleurs celle qui coupait le fil.

Je ne crois pas qu’il faille surdéterminer ce point, encore moins le psychologiser coûte que coûte par rapport à Tolkien lui-même... Reste que la figure maternelle, bien que discrète, est très ambivalente dans le cas de Bilbo.
D’où, peut-être, la rupture du fil qui suit la première mention de la mère du Hobbit.

Sébastien

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#39 20-06-2006 18:27

Tilkalin
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Re : De la Mère dans le Légendaire

> Belladone est aussi appelée Atropa, qui vient d’Atropos, l’une des trois Parques, qui fixaient le destin des hommes. Atropos était d’ailleurs celle qui coupait le fil.

Sans chercher à surdéterminer ce dernier point, celui-ci ne laisse cependant de m'interloquer sur le rapport mère/destin que je soulevais maladroitement dans mon précédent post concernant Dís et son lien, pour le moins étymologique, avec les Nornes/Dises de la mythologie germano-nordique... ;-)

Cordialement,
T.

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#40 20-06-2006 22:43

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Rebeca :

Galadriel : mater ou chef de guerre. J'y reviendrai plus tard. je crois qu'on y distingue les deux aspect. je t'en cause et je reposte. pas trop de temps, là.


je serais plutôt de l'avis de Forfi (Est-ce qu'on ne pourrait pas dire que chaque mère représente une autre facette de le la Mère en général ?),
Oui, pareil. Sauf que, je ne pense pas que Tolkien ait cherché a créer un personnage ou un archétype de "mère", en tant que tel, dans l'absolu. de tout ce qui précède, on a plutôt l'impression qu'il a créé plusieurs personnages féminins, chacun bien typé et individualisé, dont ceraines - forcément - ont eu à tenir un rôle de mère en plus de celui d'héroïne ou d'épouse de guerrier. D'où cette impression de "fouillis". Notre erreur, c'est peut-etre d'être partir de l'hypothèse que "la mère" en tant qu'archétype, jouait un rôle en tant que telle dans l'euvre de Tolkien.

ce qu'on sait du côté maternel de la plupart de femmes me semble trop caricatural que pour pouvoir refléter une mère dans sa complexité, sans parler de son archétype... elles sont tellement catégorisables, c'en est presque effrayant: celles qui abandonnent et celles qui se sacrifient, celles qui bouffent et celles qui délaissent, etc...
Ca, par contre, c'est peut-être parce qu'on a pas (encore) été analyser très profond. On n'a fait qu'une ébauche de recensement des mères, et une analyse très superficielle de l'influence (ou pas) (oh! pardon!) qu'elles ont pu avoir sur leur(s) enfant(s). Survolé, pas creusé. Si on analyse cas par cas, chaque femme, dans son évolution, tous les évènements de sa vie, je ne pense pas qu'elles soient tellement caricaturales que ça.


Fangorn : Gasp! heureusement que tu es là. Oui, on a oublié "la fameuse Belladona Took", et l'ascendance de Bilbo. Il est dit ailleurs qu'elle était une des "trois remarquables filles du vieux Took", je crois. Merci aussi, pour l'analyse et pour l'étymologie. :-)

Tilkalin : bon, on va voir plus loin (mais, pour moi en tout cas, ce sera demain) :-)

Rebeca-en-petit :
Oui, mais les héros de roman, bien qu'ils doivent être assez réalistes et humains pour que le lecteur puisse s'y identifier, ne sont pas censés représenter les gens tels qu'ils sont (enfin, sauf dans certains romans, oui, ici je parle du SdA et consorts), mais tels qu'on voudrait les voir, ou tels que nous nous imaginons devoir être. C'est pour ça qu'on leur en demande tellement. c'est vrai qu'une mère "normale" est pour la majorité détruite par la mort de son enfant. mais à une mère de roman, on demande de surmonter, parce qu'un personnage est censé nous servir de modèle ou de repoussoir (si elle ne surmonte pas).

Et en passant, je ne crois pas que l'âge de l'enfant joue un rôle qualitafif dans le chagrin de la mère. C'est exact que la mort d'un petit enfant ou d'un adolescent parait beaucoup lus monstrueuse et injuste, parce qu'il n'a pas eu le temps de vivre, mais un enfant le reste pour sa mère même à un âge vénérable. Et il y a des vieilles dames qui ne survivent pas au chagrin de la mort de leur fils ou fille adulte. Pour les Elfes, ça ne doit pas être très différent : le chagrin d'Elrond lorsqu'il se sépare de sa fille, pourtant tri-millénaire, ne doit pas être moindre que celui de Melian.

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#41 21-06-2006 10:54

Lambertine
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Dame Becky,

Je ne condamne pas Morwen. Je lui ressemble trop pour ça (ou peut-être - autopsychologie de bas étage - est ce parce qu'elle me ressemble que ce qui m'énerve chez moi m'énerve chez elle... le problème est sans doute là). Je ne condamne pas non plus Aredhel ni ne veux excuser Eöl qui se comporte en "tyran domestique" plus souvent qu'à son tour (ce qui n'empêche qu'il est vraiment le père du gamin et qu'il y a vraiment un problème quand Aredhel ne cesse de lui parler de son peuple, de son oncle etc... (peuple, sois dit en passant, parmi lequel aussi elle se sentait prisonnière) et de contribuer ainsi à le dresser de plus en plus contre Eöl. Elle le fait "à la maison" (et pour cause), alors qu'Erendis le fait (pour une raison totalement opposée) dans le lieu de vie qu'elle s'est choisi, mais ce n'est pas si différent, fondamentalement. Les enfants de parents qui ne s'aiment pas, ou qui ne s'aiment plus, partent chez Tolkien avec un sérieux handicap dans la vie, handicap qu'ils ne parviennent pas à surmonter par la suite (pas plus les fils de Feanor,d'ailleurs, que Maeglin ou Ancalimë). Et ce n'est pas vraiment différent de ce qui se passe dans la "vie réelle", où, si certains parents ont la sagesse - et l'amour - suffisants pour ne pas "prendre en otage" l'enfant et son affection, la majorité, hélas, tente de "se l'approprier" au détriment du conjoint pas ou plus aimé. Aredhel - même si elle est une elfe - et Erendis sont en ce point ô combien humaines !

Dame Lilotte,

Je ne crois pas qu'on en demande plus à une mère de fiction qu'à une mère réelle. "Dans la vraie vie", une femme - ou un homme - qui ne réussit pas à "surmonter son chagrin" très rapidement après la mort d'un enfant sera très vite condamnée elle aussi. Une condamnation mêlée de pitié, certes, mais une condamnation quand même. Après la mort d'un enfant, on se doit d' "être forte", de vivre "pour ceux qui restent". On "en aura d'autres" (comme si Nienor pouvait remplacer Lalaith... elle ne le peux pas, parce qu'elle est Nienor, PAS Lalaith...). Et que dire d'une mère qui se laisse au sens propre, mais aussi figuré, "mourir de chagrin" comme Rian à la mort de son époux (ce qui est quand même classique de chez classique en littérature)? Là, la condamnation sera sans faille. Non, il ne me semble pas que la majorité des gens demandent plus aux personnages de romans qu'aux personnes "de la vraie vie", sauf peut-être dans les cas de "mésentente conjugale" où l'on est souvent plus compréhensifs.

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#42 21-06-2006 13:15

Melilot
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Arf! Je sens qu'on va disgresser, là. Donc, j'écris petit. ;-P Dior.

C'est très vrai Dame Lamberte, et c'est vrai d'ailleurs pour tous les deuils, pertes et gros coups durs. On demande à l'endeuillé(e) de "tenir le coup", de "prendre sur soi", et ce le plus vite possible. Et beaucoup de gens agissent comme Morwen, ils "font semblant", par amour-propre, par défi, ou parce que leur éducation et la pression sociale les forcent à ignorer leur propres sentiments. Mais ceci est du aussi la "la gestion sociale du deuil", qui est outrageusement zappée dans notre culture. Il n'en va pas de même partout ni à toutes les époques, et ... heu ... bon, on va encore s'égarer vers l'anthropo, là. J'arrête. ;-P

Mais je maintiens qu'un personnage de roman n'est PAS un être humain ordinaire, même si son créateur lui donne suffisamment d'humanité et de complexité pour que nous puissions nous y identifier. Ce qui se passe, c'est que le lecteur "remplit les blancs". Le personnage de roman représente un type : la femme forte, même si elle a des moments de faiblesse, qui ne font que mettre en valeur son héroïsme lorsqu'elle les surmonte. Ou la femme-victime, même si elle a des moments de révolte qui la rendent plus sympathique qu'un pauvre paillasson geignard. Ou la femme fragile, même si elle doit surmonter de rudes épreuves, qui ne rendent sa fragilité que plus émouvante. Une vraie femme dans la vie quotidienne n'est pas un "type" (c'est une "nana", ou une "meuf", à la rigueur,non mais! ... Oups! pardon), elle peut être à la fois forte, fragile, victime, bourreau, active ou passive. Ou à différents moments de sa vie ou de la journée. Une femme en deuil peut être apparaître forte un jour, s'effondrer le lendemain matin, et avoir un fou-rire avec des copines le soir même. Pas Morwen. Ou le lecteur la croirait folle. L'auteur ne décrit pas son personnage minute par minute (ça serait d'un ***bîîîîp***) : il nous la montre telle qu'il veut qu'on la voie : aux moment où elle fait preuve des qualités qu'il lui a données. Le lecteur remplit les blancs avec sa propre expérience et ses propres sentiments (d'où les divergences d'interprétation et on en sait quelque chose!) :-D :-D :-D

J'imagine d'ailleurs mal Morwen avoir un fou-rire avec des copines. ;-P

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#43 21-06-2006 21:38

Moraldandil
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Je reviens juste un instant sur les relations oncle-neveu : il y en a une autre que Théoden / Eomer en Rohan, c'est celle entre Helm et Fréaláf, le fils de Hild soeur de Helm, qui lui succèdera (les deux propres fils de Helm, Haleth et Háma, étant déjà morts).

Ca ne se reproduit que deux fois, mais il semble qu'à défaut de fils, en Rohan , le neveu succède à l'oncle maternel. Il est intéressant aussi que Tolkien mette dans la bouche des Rohirrim un terme particulier pour désigner cette parenté : ils parlent de "sister-son" ("fils-soeur" en VF) - Tolkien doit avoir quelque raison d'éviter le terme "nephew".

Reste d'un système matrilinéaire dans un système qui a l'air globalement patrilinéaire ?

(Cela se prête certainement à un approche externe, étant donné ce que doit la société rohanaise au peuples germaniques anciens.)

Mais on s'éloigne du thème de la mère proprement dite, là, donc je ne développerai pas plus ici.

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#44 01-07-2006 20:25

Nerdanelle
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Sujet très intéressant :)

Une chose que j'ai relevé en lisant toutes les mères que vous aviez recenséés : Tolkien a mis dans son légendaire à peu près tous les types de mères j'ai l'impression (sauf peut-être comme ça a été dit, la mère obstacle aux ambitions de ses enfants) : ça va de la mère présente et protectrice (Idril, Melian) à la mère qui déserte ses responsabilités maternelles suite à un chagrin d'amour (Rian)en passant par celle qui ne veut pas d'enfant (Ancalimë).

Dans certains cas, j'ai le sentiment que la mère morte jeune devient quelque peu idéalisée par le héros. Ce n'est pas vraiment dit, mais je trouve que c'est ce qui ressort avec Faramir par exemple.

Pour Morwen, je perçois comme quelqu'un qui se veut stoiïque et qui veut que son fils le soit aussi. Mais elle aime profondément son fils, comme le montre cette réaction désespérée et un peu folle, de vouloir se rendre à Nargothrond, où son fils aurait probablement péri.

Aredhel... le personnage est vraiment intéressant, elle se veut indépendante, et pourtant, de toutes les femmes que Tolkien nous a décrites, elle m'apparaît comme étant la plus soumise à son mari, alors qu'avant cela, soumise, elle ne semblait pas l'être. Mais je sors du sujet là.

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#45 31-08-2008 19:53

Laegalad
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Re : De la Mère dans le Légendaire

Ne me demandez pas pourquoi le moteur de recherche me ressort ce fuseau quand je cherche "thé" dans le Légendaire... je n'ai pas compris du tout ;)
Néanmoins, comme j'ai relu le fuseau pour ma curiosité personnelle, et en vu de le "compléter" un brin, je rebondis sur le post de Fangorn et le côté "fantasque" de Bilbo hérité de sa mère.
On a la même chose chez Rider.
Bon, soit, c'est pas dans le Légendaire, mais dans Smith de Wootton Major (et même, plutôt, dans l'Essai sur Smith, que je suis en train de traduire — enfin, de réviser ma trad). J'ai revu ce passage tout à l'heure :

He took largely after his mother, a Piper of Wootton Minor, and was restless and adventurous.
Il avait largement pris du côté de sa mère, une Piper de Wootton Minor, et était remuant et aventurier.
Essai sur Smith

On peut tisser une certaine parenté d'esprit entre Bilbo et Rider : l'un et l'autre, ayant hérité d'un caractère bougeon (Rider plus que Bilbo, mais tout de même) par leur mère, partent en aventures (l'un au-delà de la forêt des Elfes, l'autre au Pays des Elfes) et en ramènent un objet précieux (un Anneau / une Etoile) qu'ils laisseront à leur héritier (Frodo, un neveu, Smith, un p'tit-fils), qui devra y renoncer (avec difficulté, pour l'un comme pour l'autre). L'analogie est ténue (l'Etoile étant l'antithèse de l'Anneau), mais tout de même, c'est amusant. Mais rien à voir avec la figure de la mère.

Et puis ça me fait une excuse pour faire un up jubilaire :D

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