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#1 04-12-2004 14:19

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

De la corruption à l'illumination


Après trois litres de café bien noir....

Lambertine et Melilot, en collaboration.


Il a beaucoup été question du thème de la pitié et du pardon, comme l'un des motifs centraux dans l'oeuvre de Tolkien. Nous ne reviendrons donc pas sur ces analyses, mais il nous est venu  (un lendemain de veille, faut préciser), des idées bizarres sur l'origine du pardon.

Le personnage de Frodo accorde plusieurs fois pitié et pardon à des personnages aussi évidemment corrompus que Gollum ou Saroumane. Mais d'où lui vient cette force?

Qui d'entre nous, frères humains, serait capable de pardonner dans l'instant, de n'éprouver ni colère ni aigreur, envers quelqu'un qui vient d'essayer de vous tuer (Gollum), ou qui a ravagé votre pays et réduit en esclavage vos familles, amis et voisins? Pas moi (dit Melilot) ... Pas moi (dit Lambertine) ... Je le ferai donc moi-même (dit la petite poule .. heu ... non ... Frodo).

Frodo pardonne parce qu'il comprend. Il ne comprend pas de façon théorique, mais de l'intérieur. Il comprend parce que lui-même a traversé les affres intérieures de Gollum, la volonté de puissance et l'humiliation de l'échec de Saroumane. Il l'a vécu lui-même. Ceci pour en arriver à celà : de la nécessité de la corruption, de l'utilité de la tentation.  De par son échec, qui aurait été celui de tout un chacun, et qui aboutit à lui faire revendiquer l'Anneau, c'est à dire, même s'il "n'est" au départ pas un puissant de ce monde, à se mettre dans la situation de devenir lui-même le Seigneur des Ténèbres, Frodon "touche le bas" plus que n'importe qui, plus même qu'un Saroumane qui n'a fait que le désirer. Mais c'est à partir de ce bas qu'il remonte, brisé, mais qu'il remonte plus haut dans la compréhension d'autrui, dans la compassion pour l'autre dans sa misère intérieure, qu'aucun de ses contemporains.

Brisé, peut-être, mais qu'est ce qui est véritablement brisé chez lui? Sa personnalité, sa volonté,? Pas réellement, elles émergent toutes deux de l'épreuve, différentes, changées, mais vivantes. N'a-t-il pas perdu avant tout différentes images de lui-même, celle qu'il se faisait de lui, celle qu'il s'efforçait de montrer de lui ? Ses réactions finales prouvent davantage un détachement face à l'exigence de ces images. Il semble replié entièrement sur lui-même, indifférent au monde qui l'entoure. Mais n'est-il pas plutôt tourné tout entier vers un extérieur autre? Autre que la petite société convenue des Hobbits? Autre que sa personnalité factice de jeune héritier sans problèmes?

Frodon se trouve, bien qu'il vive "matériellement" entouré de nombreuses personnes, à commencer par Sam et les siens, dans une situation mentale proche de celle d'un ermite, dont la solitude n'est pas un rejet du monde, mais la recherche d'un monde autre, d'une réalité supérieure et pourtant tangible, quel que soit le nom qu'on lui donne. Réalité qui si elle le coupe en apparence du monde concret l'y renvoie, mais avec un autre regard.

Il n'en arrive à ce point que parce qu'il a vécu l'entièreté des expériences humaines : la petite vie heureuse et calfeutrée du début de l'histoire, la réalisation de son désir d'aventure, la transformation de ce dernier en cauchemar, et finalement, la corruption intime de son être, la découverte de la partie la plus sombre de lui-même, la revendication de cette partie et son désir de l'exercer à l'extérieur.

On en revient donc au motif de ce fuseau : ce qu'il est convenu d'appeler "le mal", 'la corruption", ne seraient donc qu'une des multiples et complémentaires facettes de l'expérience humaine. Faire face à ses démons intérieurs, non pour les combattre (lutte vaine et infinie) mais pour les reconnaître, les intégrer et finalement, les dépasser, serait la condition nécessaire pour atteindre compréhension et détachement. Un niveau de conscience supérieur qui permette enfin à la personnalité apaisée de s'acheminer sereinement vers sa mort.

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#2 04-12-2004 14:55

Sylvae
Inscription : 2002
Messages : 684

Re : De la corruption à l'illumination

Avant même d'argumenter sur le résultat de vos cogitations, je voulais simplement vous exprimer mon regret de ne pouvoir être avec vous durant ces soirées de veille et de discussions, à partager le café et les idées bizarres qui en sortent...
Snif ! :o(
Sylvie, qui se sent tout à coup bien seule...

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#3 04-12-2004 22:41

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

Frodon n’a-t-il pas conscience que l’on subit la corruption ? Melkor lui-même ne tente t-il pas avant tout de combler un vide (une souffrance).
L’association pardonner et céder est fréquente, une étrange et désagréable sensation de devoir s’abaisser à le faire alors que nous sommes le centre d’émotions très énergisante.
Paradoxalement pardonner élève, au point d’être inatteignable.
En pardonnant Frodon n’enlève t-il pas du même coup toute notion de plaisir à Saroumane et sa vengeance?
Ne le désarme t-il pas ?
« Vous avez grandi… Vous êtes sage… » Mais il ne dit pas que ça il dit aussi « Cruel… amertume… Vous avez retiré toute douceur à la vengeance … »
Saroumane n’a plus rien pour lui renvoyer en face ses affres, il est soudainement seul et misérable.
Le pardon est, pour moi, avant tout  une ARME redoutable.

L’errantgris.

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#4 05-12-2004 00:51

Stalker
Inscription : 2003
Messages : 116

Re : De la corruption à l'illumination

En pardonnant Frodon n’enlève t-il pas du même coup toute notion de plaisir à Saroumane et sa vengeance?
Ne le désarme t-il pas ?
« Vous avez grandi… Vous êtes sage… » Mais il ne dit pas que ça il dit aussi « Cruel… amertume… Vous avez retiré toute douceur à la vengeance … »
Saroumane n’a plus rien pour lui renvoyer en face ses affres, il est soudainement seul et misérable.
Le pardon est, pour moi, avant tout une ARME redoutable.

Peut être que le pardon de Frodo est désarmant mais il n'avait pas pardonné dans le but de désarmer!
Si Saruman a senti de l'amertume, ce n'est qu'à cause de lui même et non à cause du pardon de Frodo.

Un pardon sincère, sans arrière pensée n'est sûrement pas une arme!

Plus généralement, les personnes qui se sentent offensés ne sont pas forcément agressés. La seule "agression" qu'elles sont subies vient
d'elles même.

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#5 05-12-2004 00:51

Stalker
Inscription : 2003
Messages : 116

Re : De la corruption à l'illumination

Zuuuuut, mal fermé la balise "i" pour citer Errantgris
:-(((

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#6 05-12-2004 13:30

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

Certaines armes sont noble.
Essentiellement celles utilisées sans intention de nuire ou sans arriére pensée.

L'errantgris.

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#7 05-12-2004 13:34

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

Je me demande ce qui dans mes propos peut amener à penser que Frodon est une intention? ou encore que Frodon soit en cause dans l'amertume de Saroumane...??(il n'est pas en cause mais je pense qu'il est la cause...)

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#8 05-12-2004 13:35

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la corruption à l'illumination

Le pardon serait-il humiliant pour le pardonné, forcé de reconnaître à la fois l'échec de sa volonté de nuire, et la grandeur de celui auquel il a voulu nuire? Donc forcément difficile - sinon impossible à accepter : l'acceptation étant automatiquement un aveu de faiblesse et d'infériorité.

Pour accepter un pardon, il faudrait se sentir coupable, au moins éprouver des remords. Saruman ne ressent aucune culpabilité face à Frodo. Pour lui, enfermé dans sa propre logique - celle de la guerre, celle d'un monde partagé entre gagnants et perdants, forts et faibles -, Frodo n'était qu'un rival (pour la possession de l'anneau) à détruire, ou un obstacle à écarter. Saruman a joué et perdu : il accepterait plus facilement la morgue d'un vainqueur, que la pitié d'un être qu'il considère comme inférieur.

Gollum non plus n'éprouve aucune culpabilité. Il s'attache à Frodo parce que celui-ci est le seul à lui montrer compréhension et attention. Gollum ne demande pas pardon à Frodo pour l'avoir agressé, il lui promet juste soumission. Lorsqu'il trahit sa promesse, il ne se sent pas coupable : il se voit lui-même comme trahi et dépouillé, donc - toujours dans l'enclos de sa propre logique - il se défend et il en a le droit.

Gollum ne peut comprendre le pardon de Frodo, parce qu'il se considère lui-même comme l'offensé (le vol de son Précieux). Saruman ne peut l'accepter par orgueil, parce qu'un "seigneur" ne peut s'abaisser à accepter le pardon d'un "péquenot".

Pour ces deux-là, oui, le pardon de Frodo est une arme, parce qu'il les blesse plus qu'il ne les apaise. Et aucun des deux n'est capable de comprendre que Frodo ne peut leur pardonner que parce que lui, les comprend.

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#9 05-12-2004 13:36

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

oups avoir une intention... voulais je dire.

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#10 05-12-2004 02:01

Tar Baladur
Inscription : 2004
Messages : 131

Re : De la corruption à l'illumination

Errant gris : Melkor lui-même ne tente t-il pas avant tout de combler un vide (une souffrance).
Personnellement le sens de cette phrase m'échappe.

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#11 05-12-2004 02:34

Stalker
Inscription : 2003
Messages : 116

Re : De la corruption à l'illumination

aargh!
je voulais dire qu'une arme est par définition quelque chose qui est fait pour blesser (quand bien même si c'est pour se défendre) or, le pardon n'est pas fait pour blesser ni offenser même s'il peut être blessant ou offensant.

Si je tends la main à un ennemi qui est à terre pour l'aider, s'il se sent offensé ou s'il se sent déshonnoré, je ne pense pas que ce soit de ma faute et que mon pardon soit une "arme".

Errantgris, quand tu as dit:
"Le pardon est, pour moi, avant tout une ARME redoutable."
j'ai l'impression que tu voulais dire que le pardon est utilisé intentionnellement comme une arme.

Si j'ai parlé d'amertume, c'est pour reprendre la citation de Saruman.

Beaucoup de malentendus pour une seule journée dans deux fuseaux!

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#12 05-12-2004 04:18

Dior
Inscription : 2004
Messages : 984

Re : De la corruption à l'illumination

Tar Baladur : le vide - plus exactement l´impatience - de Melkor, on en a déjà discuté dans le cadre de l´Ainulindale :-)

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#13 05-12-2004 10:23

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la corruption à l'illumination

Pas de malentendu ici, Stalker. On en discute, voilà tout! :-)

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#14 05-12-2004 19:01

Mj du Gondor
Inscription : 2003
Messages : 574

Re : De la corruption à l'illumination

Melilot et Lambertine se sont interrogées sur la force de Frodon qui lui a permis de pardonner à Gollum et à Saroumane, pour arrriver à la conclusion, si j'ai bien compris, qu'il l'a puisée dans son propre vécu et dans cette conscience qu'il en a acquise de ses propres faiblesses.
En celà, je crois , Tolkien rejoint nombre de nos penseurs et auteurs favoris pour qui l'homme capable de pitié est celui qui se retrouve dans chacun de ses semblables, se reconnaissant capable des mêmes erreurs, des mêmes fautes, ce qui leur fait dire par exemple: "De quel acte, commis par cet hommes qui est des miens, puis-je affirmer que je ne l'aurais pas commis ?"
Par cette expérience de la corruption Frodon aurait atteint un niveau de conscience "permettant à sa personnalité apaisée de s'acheminer sereinement vers la mort"
Le vécu de cette expérience serait donc necesssaire ,"non pour apprendre à combattre nos démons, " mais pour accepter notre pitoyable nature .

Tout ce développent me parait très proche du schéma bouddhiste:
-expérience>>Conscience/connaissance>> renoncement>>sérenité.
Ce qui pourrait modifier le titre du fuseau: "de la connaissance de la corruption à l'éveil" ;-)))

Mais peut-on considérer que Tolkien a fait choisir à Frodon la voie du renoncement ? Est-ce la signification de son départ Aux Havres Gris?

Jen ne reviendrai pas sur mon interprétation de Frodon à Orodruin et surtout sur son degré de responsabilité dans le dénouement!;-)
Mais je ne crois pas que de cette expérience il a pu acquérir la révélation d'une attitude juste de renoncement.

Au contraire, même si à lui seul il n'a pu assurer la destruction de l'Anneau, je pense qu'il a dû forcément reconnaitre ce que la reussite de la quête devait à la ténacité dans le combat, de l'ensemble des acteurs. En aucun cas (je crois!!) Tolkien n'a voulu plaider en faveur d'un abandon et l'histoire montre bien qu'il n'y a pas de lutte vaine (contre ses démons intérieurs )
A la fin, le mal n'est pas éradiqué et Tolkien ne nous laisse-t-il pas entendre que le moment venu d'autres combats seront encore à mener?
Alors cette sérénité qu'on peut effectivement lire dans le départ de Frodon de la Comté, n'est-ce pas tout simplement la conscience d'avoir fait sa part, le fait de reconnaitre pour lui les limtes de son rôle, (même si pour moi cette sérenité est teintée du regret de n'avoir pas pu aller au-delà ;-)
Mj

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#15 06-12-2004 20:01

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

Brillant ! tout simplement brillant.
Mais bon, parait-il, on mesure souvent l'intelligence d'autrui au degré de similitude de ses opinions aux notres...

L'errantgris.

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#16 06-12-2004 20:16

Tar Baladur
Inscription : 2004
Messages : 131

Re : De la corruption à l'illumination

Le fait que Frodon pardonne à Saroumane et à Gollum rejoint tout à fait l'idée chrétienne du pardon et du repentir. (Bien qu'aucun des deux ne se repentit, c'était pas faute d'essayer, en tout cas Frodon à ce mérite là, lui qui a toutes les raisons de les maudir). La vie de Jésus en est imbibée.

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#17 07-12-2004 12:12

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la corruption à l'illumination

Une interprétation bouddhiste de Tolkien ? Oooouuuups !!! On prend des risques !  :-D

MJ (bisous au passage :-*), nos opinions ne sont pas du tout incompatibles. (ici, je parle en mon nom propre, et plus à quatre mains, Lambertine n’est plus là – snif :,-( ). Je n’ai pas l’impression que Frodo ait « choisi la voie du renoncement ». Il choisit d’abord celle de la fuite, puis celle de l’action et de l’affrontement. Je suis d’accord, Tolkien ne plaide pas « en faveur d’un abandon » et ses personnages luttent. Ce que Frodo atteint en fin de roman, (enfin, c’est une interprétation parmi d’autres possibles – et j’en ai d’autres) c’est plutôt l’apaisement de celui qui a vécu un maximum des potentialités offertes par l’existence humaine. Qui en a retiré des expériences et des sentiments très divers allant du remord des erreurs commises à la conscience de la tâche accomplie. Bref : une vie pleinement vécue. Il peut ainsi faire face sereinement à sa propre mort. La compréhension qu’il y a gagnée lui permet aussi de pardonner – ce qui lui aurait sans doute été impossible au début du roman, où il regrette que Bilbo n’ait pas tué Gollum.

Donc, indispensablement, l’expérience de l’action et de la lutte précède celle de ce que tu appelles « le renoncement ». Pour moi, il ne « renonce » pas vraiment, au sens ou un bouddhiste ou un ermite chrétien renonce au monde : il se sait condamné, mais il a fait ce qu’il a pu, il a « règlé ses comptes », il a vécu sa vie aussi complètement qu’il le pouvait. Il peut donc partir, emportant à la fois ses triomphes et ses regrets.

Pour dire vrai, - mais là, on change de sujet – cette vision vient d’une autre interprétation bizarre du SdA qui m’est venue après une conférence de Vincent (bisous, Vincent ;-) ) voilà près d’un an. Certaines phrases qu’il a prononcées m’ont induite à interpréter l’expérience de Frodo comme celle d’un homme « confronté à l’échéance de sa mort » (je crois que ce sont tes mots, Vincent, pardon si je surinterprète ;-P ). Immédiatement, j’ai eu l’image d’un homme apprenant qu’il est atteint d’une maladie mortelle et à ses réactions face aux progrès de la maladie. Fuite, espoir, affrontement, lutte, échec et finalement acceptation de la mort. Je sais, je sais, d’autres se demanderont bien où je vais chercher tout ça. Et développer ce thème est  un peu trop glauque pour moi. Je vous l’offre : amusez-vous bien. :-D

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#18 07-12-2004 17:13

Mj du Gondor
Inscription : 2003
Messages : 574

Re : De la corruption à l'illumination

Nos opinions ne sont pas du tout incompatibles
Tout à fait d'accord, chère Melilot, compte tenu des précisions que tu apportes.
Je pense que je m'étais trop focalisée sur le dernier paragraphe de ton message d'origine ;-)
Bisous
Mj

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#19 08-12-2004 10:11

Tar Baladur
Inscription : 2004
Messages : 131

Re : De la corruption à l'illumination

Je suis d'accord sur l'idée que Frodon sait que son heure est venue et qu'il l'accepte, comme le don d'Eru à la race des hommes et inévitable qu'elle qu'en soit les circonstances. Mais le meilleur exemple ne serait-il pas celui d'Aragorn ? Celui-ci sait que son CDD est achevé et il l'accepte sans aucune difficulté, comme il l'explique à Arwen dans Le Conte d'Aragorn et d'Arwen (appendices ?). M'est avis que le schéma :
-expérience>>>conscience>>>vie vécue>>>fin acceptée (comme don d'Eru)>>>retraite bien méritée
... est beaucoup mieux illustrée chez Elessar bien qu'on le retrouve aussi chez Frodon.

Tar Baladur depuis son lycée ;-)

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#20 08-12-2004 10:57

Melilot
Inscription : 2003
Messages : 1 094

Re : De la corruption à l'illumination

"son CDD est achevé" :-D :-D :-D ... Excellent!!!!

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#21 08-12-2004 14:15

Saivh
Inscription : 2004
Messages : 881

Re : De la corruption à l'illumination


Bon, je viens de prendre le temps de lire le message de depart.  Etes-vous sures que c'est avec 3 litres de cafe noir que vous avez fait cela et non avec 3 de Leffe?  Pardon...  Ce que vous dites me fait penser a: "What doesn't kill me makes me stronger".

Ce que j'aimerais toutefois vous demander c'est si vous estimer que le pardon est applicable une fois que l'on est soi-meme passe par le bas ou parceque l'on comprends "pas de façon théorique, mais de l'intérieur" ce que c'est de passer par le bas, ou les 2 a la fois?  Cela me rappelle encore que lorsque on est au plus bas, c'est bon signe car on ne peut pas aller plus bas et qu'a partir de la on ne peut faire que remonter.

A qui s'adresse le pardon reelement, pour qui est-il?  Est-ce pour le "pardonnant" a cela permet peut-etre de se soulage, est-ce pour le pardonne?  Peut-on pardonner quelqu'un a son insu ou contre sa volonte?  Le pardon a-t-il besoin de plus d'1?  Le pardon est-il de l'altruisme ou de l'egoisme?  Le pardon doit-il etre accepte pour "fonctionner"?  Frodo pardonne-t-il a saruman et gollum parcequ'il ont paratge une douleur commune?  D'accord, ils n'etaient peut-etre pas du meme cote de la douleur, mais ils l'ont partagee.

Frodo, en effet, n'aurait pas pu faire ce qu'il a fait si il n'etait pas passe "par tout ca".  D'ou, comme mentionne deja plusieurs fois, le fait que ses attitudes et reactions ne sont pas celles du debut. Aie, ca va s'eteindre.  Bisous Melilot.

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#22 08-12-2004 14:55

Silmo
Inscription : 2002
Messages : 4 040

Re : De la corruption à l'illumination

SdA, Livre IV, chapitre I "L'apprivoisement de Sméagol"
Frodon: "C'est mon destin, je crois, d'aller vers cette Ombre la-bas de facon a trouver un chemin. Mais sera-ce le bien ou le mal qui me le montrera?"

Silmo (histoire de donner vite fait du grain à moudre)

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#23 23-12-2004 22:42

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

A propos du pardon.

On assimile la naissance du pardon à l’ère de la chrétienté. Christianisme et judaïsme sont des religions fondées sur le pardon. Toutefois, l’idée première de pardon n’émane pas des préceptes religieux mais bien plutôt d’une époque ou les mythes régissaient encore la pensée.
A l’époque de Platon ce qui régissait les habitants de la cité c’est, bien avant une morale, une éthique politique.
Le pardon était alors entendu en son sens éthico politique.
« Celui qui est puni est débarrassé de la méchanceté de son âme ».
Le mal est conçu comme une maladie de l’âme, mais une maladie curable.
On ne reproche pas une maladie, on la soigne. Pour combattre cette-ci rien ne vaut la compréhension, la bienveillance ou encore l’indulgence, autre figure du pardon.
Platon propose, contre la faute, une sorte de vertu réparatrice ou rédemptrice.
Aristote lui parle de magnanimité (transformer la vengeance en indulgence).
Ainsi apparaît peu à peu l’essence du pardon.

Il ne suffit pas de comprendre le geste de quelqu’un pour le pardonner, encore faut-il parvenir à l’accepter.
Pardonner renvoie à un agresseur, à un individu, quoi qu’il soit, en recherche de conflits.
Le conflit, selon Freud, masque une souffrance interne et des blessures intimes enfouies à l’intérieur de soi, au plus profond de nous.
Tout individu s’est, un jour, retrouvé confronté à ce qui ne se fait pas, malgré lui ou consciemment.
Ainsi pardonner doit dans un premier temps consister à réfléchir à ses propres errances.
Pardonner n’est envisageable que dans la mesure ou l’on peut déjà s’auto pardonner.
La difficulté résidant dans le fait que pardonner ne soit possible que pour un individu qui a la capacité d’identifier le bien ou le mal ou encore l’amour et la haine.
Le pardon renvoie donc à la vie affective de l’humain.
Chacun tend à vouloir vivre en paix et pour y parvenir le pardon constitue la voie royale.

Le pardon découle de la, possible, mise en place d’une série d’adaptation à autrui.
Il s’agit là de la plus grande sécurité qui nous soit offerte à nous êtres humains. Malheureusement nous sommes obligés de passer notre temps à surmonter les obstacles, voire les conséquences provoqués autour de nous par des sentiments tels que la jalousie, la méchanceté, le mépris, l’égoïsme etc.
Cependant, si pardonner demeure difficile cela reste possible dans la mesure où nous avons tous fait du mal à un autre dans l’existence…
Il ne faut pas perdre de vue que tout agresseur est un insatisfait, un frustré, un castré, qui ressent, éprouve, une douleur narcissique intense à type de complexe d’infériorité, tout sentiment d’impuissance engendrant de la haine.

Pardonner c’est ne plus avoir peur de la peur de l’autre.
Le pardon ne doit rester qu’une suggestion pour soi et pour l’autre et certainement pas une injonction.
Pour être amené à pardonner il faudra s’interroger sur ses propres comportements.
Le pardon n’est pas un mode de vie, encore moins une méthode existentielle, mais une sécurité utilisée après remise en question de l’individu agressé.
Il ne s’agit pas de faire du pardon un pouvoir.
Il n’y a sans doute rien de pire pour la conscience que de s’entendre pardonner lorsqu’il n’y a pas de demande, le pardon de Frondon est imposé à Saroumane, infligé et vécu comme une condamnation.

Le pardon enfin ne doit pas être seulement entendu d’après un sens éthique.
Il ne contente pas de poser la question entre le bien et le mal mais plutôt la limite entre le bien et le mal.
Il ne dépend que de soi de fixer cette limite donc (choisir qu’au delà d’une limite ce n’est plus pardonnable, limite posée par la liberté et la subjectivité de l’individu).

Il est d’usage de dire que le pardon et la tolérance sont des marques d’une humanisation des comportements. Pourtant ces deux mots et ces deux concepts réservent quelques surprises.
Exemple :
Si nous n’aimons pas subir l’intolérance nous n’aimons pas non plus sentir qu’on nous tolère. Nous préférons largement la sensation d’être accueilli à celle d’être toléré, même si nous préférons être toléré que d’être banni !
La tentative de générosité qui consiste à pardonner cela se transforme hélas vite en double déni :
Le déni de la raison de l’auteur du méfait et le déni de la douleur de celui qui subit.
Un peu comme si le pardon effaçait le vécu des êtres et leurs raisons.
De même quand l’auteur dit son regret et que la victime répond « ce n’est pas grave » celle-ci nie le regret de l’auteur et l’empêche ainsi de se responsabiliser et ne fait que renforcer chez l’auteur la culpabilisation d’être si mauvais face à cet autre qui, lui, est si bon.
L’être humain et ses failles doivent pendrent plus d’importance que ses actes.

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#24 24-12-2004 04:13

Dior
Inscription : 2004
Messages : 984

Re : De la corruption à l'illumination

Atchoum !! cela m´arrive toujours quand on  remue la poussière ...

Errantgris, tes analyses peuvent être intéressantes, mais pourrais-tu de temps à autres faire le lien avec le Légendaire (voire avec Tolkien), a fortiori quand tu postes dans cette section ?

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#25 24-12-2004 14:38

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

Faut il vraiment mâcher tout le travail ? Allons je penses que tu as toutes les ressources nécessaire pour le faire…

;°)

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#26 24-12-2004 19:49

Elwe
Inscription : 2003
Messages : 871

Re : De la corruption à l'illumination

Si c'est ce que tu penses réellement du fonctionnement du Forum, je me demande vraiment à quoi sert d'y participer... :o/
Autant chacun rester dans ses livres et les Etudes seront bien gardées!

Dommage, ton analyse étant intéressante, mais to intervention me laisse définitivement sur ma faim... Et un jour de Réveillon, ca pardonne pas :D

Joyeux Noël! tout de même! ;o)

Julien - Elwe Ier
Joyeux Noël à tous!

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#27 28-12-2004 06:30

errantgris
Inscription : 2004
Messages : 101

Re : De la corruption à l'illumination

A propos du pardon.

Elwe, la bouderie est une grève d’enfant dit-on.
Mais je m’incline et vais tenter de faire apparaître les liens (sachant que le questionnement initial était aussi me semble t-il d’ordre personnel).

On assimile la naissance du pardon à l’ère de la chrétienté. Christianisme et judaïsme sont des religions fondées sur le pardon. Toutefois, l’idée première de pardon n’émane pas des préceptes religieux mais bien plutôt d’une époque ou les mythes régissaient encore la pensée.

< Chez Tolkien le pardon ne me paraît pas être d’ordre « chrétien », pas de charité qui consisterait à aimer de tout son être celui qui nous à blessé. Sorte de « devoir d’aimer et de pardon absolu, digne de dieu ». Pas de pardon inconditionnelle, dans le SDA, sans question à l’autre.

« Celui qui est puni est débarrassé de la méchanceté de son âme ».
Le mal est conçu comme une maladie de l’âme, mais une maladie curable.
On ne reproche pas une maladie, on la soigne. Pour combattre celle-ci rien ne vaut la compréhension, la bienveillance ou encore l’indulgence, autre figure du pardon.

Mal (adie) dont il « guérit » en fin de compte du « grand danger » qui le guettait et dont il « en a réchappé en fin de compte. » (Gandalf page 536) en payant une dette (le sacrifice de sa vie) .

Il ne suffit pas de comprendre le geste de quelqu’un pour le pardonner, encore faut-il parvenir à l’accepter.
Tout individu s’est, un jour, retrouvé confronté à ce qui ne se fait pas, malgré lui ou consciemment.
Ainsi pardonner doit dans un premier temps consister à réfléchir à ses propres errances.
Pardonner (et accepter le pardon) n’est envisageable que dans la mesure ou l’on peut déjà s’auto pardonner.

Quand Boromir rejoint le reste de la communauté il s’amende une deuxième fois en reconnaissant s’être « …fâché, et il m’a quitté… » ainsi il permet au autres d’assimiler sa faute et d’entamer l’acceptation de son geste .

Platon propose, contre la faute, une sorte de vertu réparatrice ou rédemptrice.
Aristote lui parle de magnanimité (transformer la vengeance en indulgence).
La difficulté résidant dans le fait que pardonner ne soit possible que pour un individu qui a la capacité d’identifier le bien ou le mal ou encore l’amour et la haine.
Le pardon renvoie donc à la vie affective de l’humain.
Chacun tend à vouloir vivre (et mourir ?) en paix et pour y parvenir le pardon constitue la voie royale.

Se tolérer ou s’accepter tel que l’on est, avec ses actes délictueux autant qu’avec ses qualités, c’est peut-être cela le pardon à soi même.
Aragorn  fait preuve de magnanimité et de compréhension avant de prononcer la rédemption de Boromir « sois en paix. » Il retrouve alors son honneur sans que sa faute soit niée.

Boromir semble donc bien malade « folie » il reconnaît sa responsabilité (acte de malveillance) et s’en repent (3 fois) avant de se pardonner et d’être pardonner (pardon qui nous apparaît logique puisque Boromir permet finalement à Frodo de sortir de l’inaction et de sentir que « …sa volonté était ferme et son cœur léger »).

Il donne un tout autre sens à leurs souffrances.
Saroumane (page 627) exprime clairement son ambivalence rejetant de tout son orgueil la bienveillante, mais sévère, tolérance de gandalf tout en redoutant le bannissement et l’isolement. « …Ils virent sous le masque l’angoisse d’un esprit dans le doute, ayant horreur de rester et redoutant de quitter son refuge. » Il ne s’interroge aucunement sur une quelconque responsabilité mais sur un échappatoire à sa condition.
De ces trois personnages seul celui qui a conscience de ses actes et de sa responsabilité peut recevoir le pardon et être « sauvé ».

Le pardon découle de la, possible, mise en place d’une série d’adaptation à autrui.
Malheureusement nous sommes obligés de passer notre temps à surmonter les obstacles, voire les conséquences provoqués autour de nous par des sentiments tels que la jalousie, la méchanceté, le mépris, l’égoïsme etc.
Cependant, si pardonner demeure difficile cela reste possible dans la mesure où nous avons tous fait du mal à un autre dans l’existence…
Il ne faut pas perdre de vue que tout agresseur est un insatisfait, un frustré, un castré, qui ressent, éprouve, une douleur narcissique intense à type de complexe d’infériorité, tout sentiment d’impuissance engendrant de la haine.

Pardonner c’est ne plus avoir peur de la peur de l’autre.
Le pardon ne doit rester qu’une suggestion pour soi et pour l’autre et certainement pas une injonction.
Il ne s’agit pas de faire du pardon un pouvoir.
Il n’y a sans doute rien de pire pour la conscience que de s’entendre pardonner lorsqu’il n’y a pas de demande.

< le pardon de Frondon est imposé à Saroumane, infligé et vécu comme une condamnation.
< De même  auparavant devant Orthanc, Gandalf proposant à Saroumane « une dernière chance » ne reçoit que la rage en réponse. Il est intéressant de constater que Saroumane à lui aussi trois occasions de se repentir et d’accepter le pardon (page 1047 Saroumane rejète également la miséricorde de Gandalf et de galadriel « Si c’est vraiment la dernière (chance), je suis content. Cela m’évitera la peine de la refuser encore »

Le pardon enfin ne doit pas être seulement entendu d’après un sens éthique.
Il ne contente pas de poser la question entre le bien et le mal mais plutôt la limite entre le bien et le mal.
Il ne dépend que de soi de fixer cette limite donc (choisir qu’au delà d’une limite ce n’est plus pardonnable, limite posée par la liberté et la subjectivité de l’individu).

Ensuite en le retrouvant à Orthanc Théoden  « maudit le jour » ou il a entendu la voix de Grima pour la première fois ayant certainement atteint la limite de sa tolérance.

La tentative de générosité qui consiste à pardonner se transforme hélas vite en double déni :
Le déni de la raison de l’auteur du méfait et le déni de la douleur de celui qui subit.
Un peu comme si le pardon effaçait le vécu des êtres et leurs raisons.
De même quand l’auteur dit son regret et que la victime répond « ce n’est pas grave » celle-ci nie le regret de l’auteur et l’empêche ainsi de se responsabiliser et ne fait que renforcer chez l’auteur la culpabilisation d’être si mauvais face à cet autre qui, lui, est si bon.

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#28 28-12-2004 06:47

errantgris
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Re : De la corruption à l'illumination

(je reposte des écrits ayant été inexplicablement (pour moi) disparu...)

A propos du pardon.

Elwe, la bouderie est une grève d’enfant dit-on.
Mais je m’incline et vais tenter de faire apparaître les liens (sachant que le questionnement initial était aussi me semble t-il d’ordre personnel).

On assimile la naissance du pardon à l’ère de la chrétienté. Christianisme et judaïsme sont des religions fondées sur le pardon. Toutefois, l’idée première de pardon n’émane pas des préceptes religieux mais bien plutôt d’une époque ou les mythes régissaient encore la pensée.

- Chez Tolkien le pardon ne me paraît pas être d’ordre « chrétien », pas de charité qui consisterait à aimer de tout son être celui qui nous à blesser. Sorte de « devoir d’aimer et de pardon absolu, digne de dieu ». Pas de pardon inconditionnelle sans question à l’autre.

« Celui qui est puni est débarrassé de la méchanceté de son âme ».
Le mal est conçu comme une maladie de l’âme, mais une maladie curable.
On ne reproche pas une maladie, on la soigne. Pour combattre celle-ci rien ne vaut la compréhension, la bienveillance ou encore l’indulgence, autre figure du pardon.

-Ici on peut transposer la maladie à la « folie » de Boromir, assimilée au mal qui le ronge, quand celui ci tente de prendre l’anneau à Frodon (page 436 édition compacte).
Mal (adie) dont il « guérit » en fin de compte du « grand danger » qui le guettait et dont il « en a réchappé en fin de compte. » (Gandalf page 536) en payant une dette (le sacrifice de sa vie) .

Il ne suffit pas de comprendre le geste de quelqu’un pour le pardonner, encore faut-il parvenir à l’accepter.
Tout individu s’est, un jour, retrouvé confronté à ce qui ne se fait pas, malgré lui ou consciemment.
Ainsi pardonner doit dans un premier temps consister à réfléchir à ses propres errances.
Pardonner (et accepter le pardon) n’est envisageable que dans la mesure ou l’on peut déjà s’auto pardonner.

-Boromir se repent (à lui même) de ses actes « Qu’ai-je dit ? s’écriât il. Qu’ai je fait ?… » il reconnaît avoir était pris de « folie ».
Quand Boromir rejoint le reste de la communauté il s’amende une deuxième fois en reconnaissant s’être « …fâché, et il m’a quitté… » ainsi il permet au autres d’assimiler sa faute et d’entamer l’acceptation de son geste .

Platon propose, contre la faute, une sorte de vertu réparatrice ou rédemptrice.
Aristote lui parle de magnanimité (transformer la vengeance en indulgence).
La difficulté résidant dans le fait que pardonner ne soit possible que pour un individu qui a la capacité d’identifier le bien ou le mal ou encore l’amour et la haine.
Le pardon renvoie donc à la vie affective de l’humain.
Chacun tend à vouloir vivre (et mourir ?) en paix et pour y parvenir le pardon constitue la voie royale.

-Boromir se repent une troisième et dernière fois auprès d’Aragorn d’avoir « essayé de prendre l’anneau à Frodo… », « je regrette. J’ai payé. »
Se tolérer ou s’accepter tel que l’on est, avec ses actes délictueux autant qu’avec ses qualités, c’est peut-être cela le pardon à soi même.
Aragorn  fait preuve de magnanimité et de compréhension avant de prononcer la rédemption de Boromir « sois en paix. » Il retrouve alors son honneur sans que sa faute soit niée.
Boromir semble donc bien malade « folie » il reconnaît sa responsabilité (acte de malveillance) et s’en repent (3 fois) avant de se pardonner et d’être pardonner (pardon qui nous apparaît logique puisque Boromir permet finalement à Frodo de sortir de l’inaction et de sentir que « …sa volonté était ferme et son cœur léger »).

-Saroumane ou même Gollum n’ont pas cette conscience de la faute, leurs interrogations sont tout autres.Il donne un tout autre sens à leurs souffrances.
Saroumane (page 627) exprime clairement son ambivalence rejetant de tout son orgueil la bienveillante, mais sévère, tolérance de gandalf tout en redoutant le bannissement et l’isolement. « …Ils virent sous le masque l’angoisse d’un esprit dans le doute, ayant horreur de rester et redoutant de quitter son refuge. »
Il ne s’interroge aucunement sur une quelconque responsabilité mais sur un échappatoire à sa condition.

Gollum nie également ses mauvaises intentions, il est renvoyé par Frodon à son comportement « Vous êtes rempli de perversité et de malice, Gollum. » et se voit opposé à cela la vérité toute nue et la franchise.

De ces trois personnages seul celui qui a conscience de ses actes et de sa responsabilité peut recevoir le pardon et être « sauvé ».

Le pardon découle de la, possible, mise en place d’une série d’adaptation à autrui.
Malheureusement nous sommes obligés de passer notre temps à surmonter les obstacles, voire les conséquences provoqués autour de nous par des sentiments tels que la jalousie, la méchanceté, le mépris, l’égoïsme etc.
Cependant, si pardonner demeure difficile cela reste possible dans la mesure où nous avons tous fait du mal à un autre dans l’existence…
Il ne faut pas perdre de vue que tout agresseur est un insatisfait, un frustré, un castré, qui ressent, éprouve, une douleur narcissique intense à type de complexe d’infériorité, tout sentiment d’impuissance engendrant de la haine.

-Saroumane à Frodo (page 1085) : « … il me faut partir d’ici l’amertume au cœur en reconnaissance de votre miséricorde. Je la hais et vous aussi. » Pour un être de la condition et d’un orgueil démesuré comme Saroumane, s’est une blessure narcissique béante que de se voir congédier par Frodo.
-Saroumane à Orthanc (page 628) : « Le visage de saroumane devint livide, se tordit de rage… » quand Gandalf lui demande de lui remettre la Clef d’Orthanc et son bâton en gage de sa liberté et de sa conduite. Idem ici.

Pardonner c’est ne plus avoir peur de la peur de l’autre.
Le pardon ne doit rester qu’une suggestion pour soi et pour l’autre et certainement pas une injonction.
Il ne s’agit pas de faire du pardon un pouvoir.
Il n’y a sans doute rien de pire pour la conscience que de s’entendre pardonner lorsqu’il n’y a pas de demande.

-le pardon de Frondon est imposé à Saroumane, infligé et vécu comme une condamnation.
-De même  auparavant devant Orthanc, Gandalf proposant à Saroumane « une dernière chance » ne reçoit que la rage en réponse.

Il est intéressant de constater que Saroumane à lui aussi trois occasions de se repentir et d’accepter le pardon (page 1047 Saroumane rejète également la miséricorde de Gandalf et de galadriel « Si c’est vraiment la dernière (chance), je suis content. Cela m’évitera la peine de la refuser encore ».

Le pardon enfin ne doit pas être seulement entendu d’après un sens éthique.
Il ne contente pas de poser la question entre le bien et le mal mais plutôt la limite entre le bien et le mal.
Il ne dépend que de soi de fixer cette limite donc (choisir qu’au delà d’une limite ce n’est plus pardonnable, limite posée par la liberté et la subjectivité de l’individu).

-Théoden pardonne à Grima (page 561) sans nié la responsabilité de celui ci, ni la gravité de ses actes, et en le punissant justement. « vous avez ma pitié, dit Théoden (conscient de ses propres errances?). Et je ne vous renvoie pas de mon coté. Je pars moi même en guerre avec mes hommes. Je vous invite à m’accompagner et à me prouver votre fidélité. »
Ensuite en le retrouvant à Orthanc Théoden  « maudit le jour » ou il a entendu la voix de Grima pour la première fois ayant certainement atteint la limite de sa tolérance.

La tentative de générosité qui consiste à pardonner se transforme hélas vite en double déni :
Le déni de la raison de l’auteur du méfait et le déni de la douleur de celui qui subit.
Un peu comme si le pardon effaçait le vécu des êtres et leurs raisons.
De même quand l’auteur dit son regret et que la victime répond « ce n’est pas grave » celle-ci nie le regret de l’auteur et l’empêche ainsi de se responsabiliser et ne fait que renforcer chez l’auteur la culpabilisation d’être si mauvais face à cet autre qui, lui, est si bon.

-Saroumane à Gandalf (page 627)« C’est tout à fait dans la manière de Gandalf le Gris : si condescendant et si bon. » en comparaison avec la méchanceté de Saroumane même si il est vrai qu’ici il n’y a aucune volonté apparente de regret chez celui ci ou alors est -elle rapidement balayé par ses peurs ou son orgueil.

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#29 04-11-2005 17:02

Feuille de Niggle
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Messages : 246

Re : De la corruption à l'illumination

... voilà, une fois de plus je ne savais pas trop où poser ma question :\

  C'est à propos d'une réflexion de Frodon sur Gollum -- j'ai plus les références exactes, c'est dans le tome deux.
  Parce que Gollum refuse le "lembas", Frodon se dit qu'il ne peut "pas encore" le supporter.

  A quoi pense-t-il en disant ça?

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#30 04-11-2005 18:43

Lalaith
Inscription : 2002
Messages : 335

Re : De la corruption à l'illumination

Peut être au fait que la présence de l'Anneau est trop proche (dans le temps) pour Gollum, et l'empêche de toucher le lembas / la corde elfique / Dard ?

C'est comme cela que je l'avais compris moi... L'Anneau aurait "abîmé" Gollum au point de l'empêcher d'apprécier - et même de lui faire détester - toute beauté, et par extension, toute elficitude?

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