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Voila que Frodon dit à Gildor : T1, Chap. III. TROIS FONT DE LA COMPAGNIE, Page 115:
- Je vous remercie vivement, Gildor Inglorion, dit Frodon, s'inclinant. Elen sila lùmenni omentielvo, une étoile brille sur l'heure de notre rencontre, ajouta-t-il en haut-elfique.
Il parle donc le Queny (du moins un peu) mais ensuite lors de la découverte de la Porte de la Moria il dit qu'il ne connait pas cette langue et Gandalf lui répond : T1, Chap. IV. UN VOYAGE DANS L'OBSCURITE, Page 405:
- Les mots sont en langue elfique de l'Ouest de la Terre du Milieu dans les Temps Anciens, répondit Gandalf. Mais elles ne révèlent rien d'important pour nous. Elles disent seulement ceci: Les Portes de Durin, Seigneur de la Moria " Parlez, ami, et entrez". Et en dessous est inscrit en petits et faibles caractères: Moi, Narvi, je les ai faites. Celebrimdor de Houssaye a gravé ces signes.
Donc cette langue est du Quenya non ? Quel langue elfique comprend alors Frodon ?
Merci d'avance.
Olwë
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Moi, il me semble que c´est du Sindarin ... c´est à dire la lingua franca du Beleriand (l´ouest de la TdM dans les temps anciens).
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Et donc, pour être tout à fait clair, Frodo comprend le Quenya mais pas le Sindarin.
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Merci beaucoup de ta réponse. En effet Elen (les étoiles) indiquent que se seraient du Quenya donc tu as raison. Remarque c'est bizare que Bilbon (et par conséquent Fordon) parle le Quenya plutot que le Sindarin mais bon.
Merci beaucoup.
Olwë
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Il n'est pas inutile de rappeler encore une fois que la formule de salutation de Frodon est "elen síla lúmmen' omentielvo". La version française contient deux coquilles (un accent manquant et une apostrophe transformée en i).
Du point de vue interne, il est finalement assez logique que Bilbon (et par suite Frodon) se soit intéressé au quenya: certes, c'est au troisième âge, une langue morte et livresque - un peu comme notre latin - mais il y a fort à parier que de nombreux ouvrages de légendes et de poèmes sont consignés en cette langue. C'est ce qui devait intéresser le père Bilbon...
Du point de vue externe, il y a quelques ambiguités de surface au début du SdA, le statut du 'sindarin' ayant été rétablit tardivement par Tolkien, principalement pendant la rédaction des appendices (au moment de la rédaction du début du SdA, c'est grosso modo encore du 'noldorin' avec une histoire interne très différente...).
Didier
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Merci Didier je n'avais en effet pas pensé aux livres anciens.
Merci à tous pour vos réponses et précisions.
Olwë
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Apportons quelques compléments.
La salutation à Gildor est bien en quenya, ce qui montre que Frodon devait avoir quelques notions de base dans cette langue - même s'il est difficile de juger de leur étendue.
Il y a plusieurs indications dans le texte qui montrent qu'il devait aussi avoir quelque connaissance du sindarin. Ou du moins, d'un point de vue externiste, de ce qui a été présenté plus tard comme le sindarin, comme l'a rappelé Didier ; on peut remarquer à ce propos que cette dénomination n'est pas usiteé dans la trame narrative même, où la langue est appelée simplement "elfique", mais seulement dans les appendices, qui sont de rédaction plus tardive. Lorsqu'il rencontre les Rôdeurs de l'Ithilien menés par Faramir, Frodon s'aperçoit à sa grande surprise que deux gardes, Mablung et Damrod, parlent entre eux le sindarin ; et il en sait suffisamment pour pouvoir converser avec eux, dans cette langue semble-t-il ; c'est du moins ainsi que je comprends le texte, quoiqu'il puisse sans doute l'être différemment :
.... Ils se parlaient d'une voix douce, usant au début du Langage Commun, mais à la façon d'autrefois, puis passant à une autre langue qui leur était particulière. A sa stupéfaction, Frodon s'aperçut que c'était de l'elfique ou un idiome approchant, et il les regarda avec étonnement, car il savait que ce devaient être des Dunedains [sic], hommes de la lignée des Seigneurs de l'Ouistrenesse.
Après un moment, il leur parla; mais ils se montrèrent lents et prudents dans leurs réponses. Ils se nommaient Mablung et Damrod, soldats de Gondor....
On nous dit aussi que lors de leur rencontre avec la compagnie de Gildor, il parle et remercie le Elfes dans leur propre langue. Ce ne peut guère être que le sindarin, le quenya n'étant plus en usage comme langue parlée au Troisième Âge :
.... Frodon se tenait là, mangeant, buvant et conversant avec un grand plaisir, mais son esprit se fixait principalement sur les paroles prononcées. Il connaissait un peu le parler elfique, et il écoutait avidement. De temps à autre, il parlait à ceux qui le servaient et les remerciait dans leur propre langue. Ils lui souriaient et disaient en riant :
- Voici un joyau parmi les Hobbits ! ....
Il est vrai toutefois que Frodon ne parvient guère à comprendre les Elfes de la Lothlórien, ce qui peut donner l'impression qu'il s'agit de quelque langue sylvaine :
Une sorte de rire doux se fit entendre au-dessus de leur tête ; puis une autre vois claire parla en langue elfique. Frodon ne comprit pas grand-chose à ce qu'elle disait, car le langage qu'employaient entre eux les Sylvains à l'est des montagnes ne ressemblait guère à celui de l'ouest. Legolas, levant le regard, répondait dans le même langage.
Mais c'est une erreur: une note de bas de page de l’Appendice F du SdA explique qu’au temps de Frodon, c’est bien le sindarin que l’on parlait en Lórien, « mais avec un “accent” car la plupart des habitants descendaient des Elfes Sylvains. C’est cet “accent” qui, joint à sa connaissance limitée du sindarin, devait égarer Frodon (comme l’indique un commentateur du Gondor dans Le Livre du Thain) ». Nous avons des détails dans les Contes et légendes inachevés, dans l'appendice "Les Elfes Sylvains et leur parler" de « l’Histoire de Galadriel et Celeborn » : « En pays Lórien, où bien des gens étaient d’origine Sindar ou Noldor, des rescapés de l’Eregion, tout le monde parlait couramment le sindarin. Nous ignorons, bien entendu, à l’heure actuelle, en quoi leur parler sindarin différait des formes usitées au Beleriand – voir [SdA1] II 6, où Frodon rapporte que le parler des gens de la Forêt, tel qu’ils le pratiquaient entre eux, différait de celui en usage dans les pays de l’Ouest. Il est probable que les différences tenaient surtout à ce que nous appellerions “l’accent”, des différences affectant essentiellement le son des voyelles et les intonations, suffisantes cependant pour dérouter quelqu’un qui, comme Frodon, ne parlait pas un sindarin vraiment pur ».
Comment donc expliquer que Frodon soit dérouté par l’inscription des Portes de la Moria ? A mon avis, ce n’est pas une question de langue, mais d’écriture. Regardons plus précisément ce que dit le texte :
- Que dit le texte ? demanda Frodon, qui s’éfforçait de déchiffrer l’inscriptrion portée sur l’arc. Je croyais connaître les lettres elfiques, mais je ne peux lire celles-ci.
- Les mots sont en langue elfique de l'Ouest de la Terre du Milieu dans les Temps Anciens, répondit Gandalf. Mais elles ne révèlent rien d'important pour nous. ....
L’apparence des tengwar ne semble pourtant pas excessivement différente de nos autres exemplaires. Je hasarderais donc l’hypothèse suivante : ce qui le gêne, c’est une question d’usage plutôt que de forme. Une des caractéristique de l’écriture elfique est sa grande souplesse : les tengwar n’ont pas de valeur propre, et s’emploient pour différentes valeurs selon la langue transcrite, en ce qui s’appelle un mode (nous avons un peu la même chose, à moindre échelle, dans l’alphabet romain avec une lettre comme j, qui a des valeurs différentes en français, espagnol, anglais, allemand). L’inscription est dans le mode de Beleriand, dont la caractéristique principale est d’être un « mode plein » où les voyelles sont dénotées par des tengwar à part entière - alors que dans la plupart des autres modes connus, elles sont plutôt dénotées par des signes accessoires appelés tehtar. Nous avons un exemple de mode à tehtar pour le Sindarin dans une version de la « Lettre du Roi », SD:131.
Peut-être le mode de Beleriand était-il plus ou moins sorti d’usage à l’époque de Frodon, si bien qu’il n’était pas habitué à le lire ? On comprendrait bien qu’il ait du mal, alors. San siersie llwen, ill suffi deja dy modiffie cellc py lle confansion ortograffic pwr cose dy ffor seriys difficullte dy llectur, ‘t j n prl mm ps d spprmr ls vylls d l lgn prncpl d’ ‘crtr. Vous me suivez ? :)
B.
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J'aimerais rajouter un élément a la réponse très complète de moraldandil: frodon salue bel et bien Gildor Inglorion en quenya ("elen sila etc...")et on peut en déduire qu'il comprend un peu le quenya ? mais lors du départ de la lorien, Galadriel chante visiblement Namarië en Quenya et Frodon ne comprends pas les paroles.
Que déduire de ce paradoxe ?
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Probablement que sa compétence orale en quenya était assez faible : assez pour un salut, mais pas pour saisir un texte poétique. Le texte dit d'ailleurs : "Cependant, comme il en va des mots elfiques, ceux-ci demeurèrent gravés dans sa mémoire, et longtemps après, il les traduisit de son mieux: le langage était celui du chant elfique, et il parlait de choses peu connues en Terre du Milieu."
Vu le statut du quenya à la fin du Troisième Âge, sa connaissance de cette langue devait être surtout livresque. C'est très certainement lors de son retour dans la Comté qu'il a trouvé le temps de faire cette traduction, consignée dans le Livre Rouge, ce qui, dans une lecture interniste, lui a permis de parvenir jusqu'à nous.
B.
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Hum... idée...
Il y a une différence entre avoir une connaissance livresque et "classique" d'une langue, et pouvoir comprendre couramment la langue parlée avec l'accent et les particularités locaux. Exemple : essayez de comprendre sans trop d'effort un flandrien du westhoek, un Angelito de Chinatown ou un oranais en ne connaissant QUE le néérlandais, l'anglais ou l'arabe classiques... Ceci, sans jugement de valeur, bien sûr.
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Dans le même sens que Bertrand et Lambertine...
Gildor rit lorsque Frodon lance sa formule. Il y a sans doute plusieurs façons d'interpréter ce rire... Mais il est plus que probable que Frodon n'a que les rudiments de la langue et sort une formule toute faite, traditionnelle -- voire probablement un rien désuette puisqu'elle est en quenya. En outre il a sans doute avec un terrible accent hobbit (rappelons qu'il n'a jamais eu l'occasion de pratiquer!) et un ton très ampoulé. Gildor peut en être flatté, mais il y a aussi de quoi en sourire. C'est du moins comme cela que je comprends le passage: "Attention, amis ! s'écria Gildor en riant. Ne racontez pas de secrets. Voici un érudit en langue ancienne. Bilbon était bon maître. Salut, Ami des Elfes ! dit-il, s'inclinant devant Frodon.".
Un "érudit en langue ancienne", c'est un rien exagéré pour juste une formule! J'y vois plutôt un trait d'esprit de Gildor, franc et sans méchanceté, respectueux mais tout à la fois humoristique et amusé.
Un peu comme si vous sortiez une phrase en grec ancien, apprise au lycée, à un grec d'aujourd'hui...
Didier
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Eû λéγει ô 'íσελωκε
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hremmm ... y'a des grecs dans coin ???
@_@
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ca me rappelle le film (un nanard) intitulé "On a volé la cuisse dee Jupiter" ou quelque chose comme ça, où Philippe Noiret, professeur de grec ancienen voyage en Ellade essayait de discuter avec les autochtones...
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Hihi... Sans avoir, certes, le talent de Noiret... J'ai fait quelques voyages en Grèce quand j'étais au Lycée, et comme je crois l'avoir déjà raconté une autre fois, nous cherchions une école comme point de rendez-vous sur une petite île. Comment crois-tu qu'on a essayé de communiquer avec la vieille paysanne autochtone, après avoir en vain cherché notre chemin? D'où mon sentiment peut-être face à ce rapprochement et le côté cocasse de la situation ;o)
Ho Drakôn Omikhlês.
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Et... tu l'as trouvée ton école ? Elle a bien rigolé, la petite vieille ?
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Puisque nous nous appesantissons à ce salut, on peut rappeler que dans la première version, le dernier mot s'en lisait omentielmo, forme que le professeur n'a pu s'empêcher de modifier dans l'édition suivante... D'aucuns ont même imaginé de là que Frodon faisait une faute dans son salut, d'où le rire de Gildor ! (Edouard Kloczko fait allusion à cette idée dans son Dictionnaire des langues elfiques, vol. 1, p. 176) Même si, en irréductible carnassier, on peut aussi penser que Tolkien avait révisé la forme des pronoms personnels entretemps - ils semblent avoir été une partie de grammaire assez mouvante.
Concernant la prononciation de Frodon, elle n'était peut-être pas si mauvaise : une note de bas de page de l'Appendice E nous informe qu'il avait la réputation de "mani[er] avec grande aisance les sons étrangers". Evidemment, il peut s'agir d'un racontar de hobbits impressionnés par l'éructation occasionnelle par l'intéressé de sons bizarres... sans qu'ils soient forcément corrects ;-)
B.
P.S. : Effectivement, Drakôn, tu nous a narré cette anecdote le soir de la BNF :)
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