Vous n'êtes pas identifié(e).
Pages : 1 bas de page
Il y a une idée qui vient se percher avec moi dans les oliviers depuis quelque temps.
L’Arbre Blanc ou les Mellyrn de Lothlórien apparaissent de manière positive dans les récits ce qui d’ailleurs ressort dans leurs
descriptions qui se composent de troncs élancés, de feuillage et floraison lumineuse, de couleur argentée ou dorée, …
Mais quand on y réfléchit tous les arbres ne sont pas toujours présenté ainsi, en plusieurs occasions Tolkien en décrit de manière
inverse. Il y a un commentaire de Sylvebarbe qui illustre ceci assez bien : « Quand cela arrive à un arbre, on s'aperçoit que certains ont un mauvais cœur. Cela n'a rien à voir avec leur bois : ce n'est pas ce que je veux dire. J'ai même connu de bons vieux saules au bout de l'Entalluve, depuis longtemps partis, hélas! Ils étaient entièrement creux; en vérité, ils tombaient presque en morceaux; mais ils étaient aussi tranquilles qu'une jeune feuille, et leur langage était aussi doux. Et puis il y a des arbres, dans les vallées sous les montagnes, qui ont une santé de fer et qui sont mauvais de bout en bout. Ce genre de chose semble s'étendre. Il existait autrefois des parties très dangereuses dans ce pays. Il y a encore des morceaux très noirs. » (SdA, T2, chap IV, Sylvebarbe)
Je pense également au vieil Homme-Saule qui incarne bien ce cœur sombre des arbres, « Le vieil Homme-Saule gris est un rude chanteur, et il est difficile aux petites personnes d’échapper à ses malins dédales […]Mais nul n’était plus dangereux que le Grand Saule :
son cœur était pourri, mais sa force verte ; et il était rusé, il commandait aux vents, et son chant et sa pensée couraient les bois
des deux côtés de la rivière. Son esprit gris et assoiffé tirait la force de la terre, et il s’était répandu comme un réseau de
racines dans le sol et comme d’invisibles doigts de brindilles dans l’air, jusqu’à ce qu’il eut acquis la domination sur presque
tous les arbres de la foret entre la haie et les hauts. » (SdA, T1, chap7, Chez Tom Bombadil)
Lionel
Hors ligne
Je pense que Tolkien refusait tout manichéisme.
Ainsi chez les hommes on trouve à la fois force et faiblesse.
c'est aussi le cas pour chaque personnage en particulier, aucun n'est absolument ou tout noir ou tout blanc.
c'est un peu la même chose pour les arbres on ne peut pas les ranger de façon absolue du coté du mal ou du bien.
N'oublions pas que les trolls sont même parfois présentés comme des ents corrompus par le mal...
Hors ligne
Effectivement c’est une explication logique à cette figure de l’arbre, et même d’un point de vu interne au légendaire je pense qu’il est normal de trouver ces arbres au cœur sombre car ils montrent une marque supplémentaire du marrissement d’arda (maintenant que grâce à Yyr on a un terme pour le designer autant l’utiliser :)).
Ce qui s’avère intéressant c’est que la représentation négative de l’arbre semble se manifester uniquement pour des arbres animés. Si je prends l’exemple de l’Arbre Blanc, qui représente bien l’arbre magnifié, bien qu’il ait un rôle particulier et une symbolique importante il reste un arbre « inanimé ». Avec les Ents on a également ce que l’on peut qualifier « d’arbre animé » (le terme n’est pas très juste ni très heureux mais je n’ai rien de mieux pour l’instant).
On trouve ainsi deux types de manifestations pour la représentation positive de l’arbre.
A l’inverse, le vieil Homme-Saule et les arbres de la vielle forêt ou les arbres au cœur mauvais mentionné par Sylvebarbe (« La plus part des arbres sont simplement des arbres, bien sur ; mais bon nombre sont à demi éveillé. Certains le sont bien, et d’autres sont, euh… eh bien, ils deviennent Entesques. Cela se poursuit continuellement. Quand cela arrive à un arbre, on s’aperçoit que certain ont un mauvais cœur » SdA, T2, chap IV, Sylvebarbe) sont éveillés. A première vu il n’y a q’une seul sorte de caractérisation pour l’image négative de l’arbre.
Lionel
Hors ligne
> A première vu il n’y a q’une seul sorte de caractérisation pour l’image négative de l’arbre.
A première vue, oui. ;-) Mais, à regarder les descriptions de certaines forêts, on peut percevoir un autre type de caractérisation. Pour exemple, je citerai ce passage de "Of the Beginning of Days" :
"Green things felt sick and rotted, and rivers were choked with weeds and slime, and fens were made, rank and poisonous, the breeding place of flies ; and forests grew dark and perilous, the haunts of fear ; and beasts became monsters of horn and ivory and dyed the earth with blood."
Ici, les forêts en question sont bien décrites négativement, mais elles ne semblent pas "animées". Le texte semble dire que le danger de ces forêts réside dans tous les monstres qui les habitent, et pas nécessairement dans les arbres eux-mêmes. Pourtant, prises dans leur ensemble, elles sont bien "maléfiques".
Autre chose, à propos de la représentation positive : on pourrait presque inclure un troisième type de manifestation. Celui-ci s'applique à Laurelin et Telperion, flétris :
"and [Yavanna] laid her hand upon the Trees, but they were dead and dark, and each branch that she touched broke and felt lifeless at her feet."
Dans ce cas précis, la description tend à encourager à prendre les Arbres en pitié, ainsi que leur créatrice, et ceux qui furent éclairés de leur lumière. En revanche, c'est une description très sombre - amplifiée par leur destruction qui précède de peu cet extrait - qui en est faite, loin des "troncs élancés", etc. ;-)
Mais cet état de flétrissement des Arbres ne reflète pas leur essence, il n'est qu'un stade de leur histoire ; la description qui en est faite lors de leur naissance est donc peut-être plus à prendre en compte dans le présent sujet. Dans ce cas, ils entreraient plutôt dans la deuxième catégorie, des arbres "inanimés".
Mais il serait alors convenable de diviser celle-ci en (au moins) deux sous-catégories, car on peut encore distinguer les Deux Arbres, qui, bien que n'étant pas "animés" comme les Ents, présentent un mécanisme complexe, puisqu'ils suivent des cycles et sont d'une nature exceptionnelle, et le restant des arbres - exceptés les rejetons des Arbres, qui entreraient dans la même sous-catégorie que ceux-ci.
Feartanel / Maël
Hors ligne
(...) and forests grew dark and perilous, the haunts of fear (...)(les forêts devinrent obscures et dangereuses, antres de la peur*)
Cette citation du Quenta Silmarillion est intéressante à plus d'un titre, surtout si on la complète par les dires de Sylvebarbe lors de son dialogue avec les Hobbits :
- Oui, oui, quelque chose dans ce genre-là, mais bien pire. Je ne doute pas qu'il n'y ait quelque ombre des Grandes Ténèbres qui reste encore là-bas dans le nord; et on transmet de mauvais souvenirs. Mais il y a des combes creuses dans ce pays, d'où l'Obscurité n'a jamais été enlevée, et les arbres sont plus vieux que moi.
Les Deux Tours, chap IV, Sylvebarbe, p 88
On peut voir à la lumière de ces deux citations que "l'assombrissement" du coeur des arbres est probablement une oeuvre de Melkor en personne, une véritable part du marrissement d'Arda.
Les Ents étant des êtres crées par Yavanna et sortis de leur torpeur par les Eldar, les huorns seraient alors des arbres éveillés par la malice de Melkor. Ainsi échapperaient-ils au contrôle direct des Valar et seuls les Ents auraient une relative maîtrise de ce turbulent et sombre "troupeau"...
Notons aussi que dans le même passage du discours de Sylvebarbe, il est précisé que les arbres qui "ont une santé de fer et qui sont mauvais de bout en bout" ont tendance à devenir de plus en plus nombreux ("ce genre de choses semble s'étendre" précise Fangorn (p88)). Sauron a-t-il malgré tout une influence sur ce phénomène ? Pas certain. Mais peut-être est-ce une idée à explorer ?
I.
*Traduction de l'auteur, qui n'oublie pas le Serment du Zimmer ;o)
Hors ligne
Voià un sujet fort intéressant.
En ce qui me concerne, j'ai toujours été fasciné par les faculté descriptives de Tolkien en ce qui concerne la nature et plus particulièrement en ce qui concerne son côté morbide.
En ce qui concerne les arbres, je pense en effet, qu'ètant plus ou moins dotés d'une âme, celle-ci est susceptible d'être "corrompue"-bien que le terme "délivrée" soit plus aproprié ;)-, d'une part par Melkor, d'autre part par Sauron. En effet l'ombre qui s'est étendue en Vertbois-le-grand lors dela prise de Dol-Guldur par ce dernier, est non seulement caractèrisée par l'invasion d'êtres maléfiques qui le peuple, mais aussi par la "libération" des plantes, et à plus forte mesure des arbres, la constituant.
Je me dois de relever un des passages que tu as cité, Isengar:
Oui, oui, quelque chose dans ce genre-là, mais bien pire. Je ne doute pas qu'il n'y ait quelque ombre des Grandes Ténèbres qui reste encore là-bas dans le nord; et on transmet de mauvais souvenirs. Mais il y a des combes creuses dans ce pays, d'où l'Obscurité n'a jamais été enlevée, et les arbres sont plus vieux que moi.
Voilà un élément que j'avais oublié, et soudain un doute me prend. A quand remonte la "création" de sylvebarbe, si ce n'est à la venue de Yavanna ? Son éveil en tant qu'en est certes bien postérieur, puisque, si mes souvenirs (rouillés) sont exacts, il date de la venue des elfes. Mais quid de sa création, et comment des arbres pourraient-ils être plus vieux que lui, si ils ne sont plus vieux que les valar eux-mêmes?
J'extrapole peut-être un peu, mais ne peut-on y lire, une fois de plus une allusion sybilline de Tolkien aux anciens dieux, au même titre que le Caradhras ou le guetteur chtulien de la Moria?
Je suis au regret de ne donner plus de références, paresse oblige, mais j'ose espèrer que des personnes aux souvenirs plus frais que les miens auront le courage de s'y plonger.
Satan le libérateur des arbres ;)
Hors ligne
Il y a aussi la description de Taur-nu-Fuin qui mais à mal l’idée que la représentation négative de l’arbre se limite à des arbres animés.
« et toute la forêt des pentes septentrionales de cette région s ‘emplit peu à peu d’une telle terreur et d’une si sombre magie que même les Orcs n’y entraient plus sans nécessité : on l’appela Deldúwath et Taur-nu-Fuin, la Forêt sous la Nuit. Les arbres qui y grandirent après l’incendie étaient noirs et funèbres, leurs racines emmêlées s’étendaient dans l’obscurité comme des griffes et ceux qui s’y aventuraient s’égaraient, aveuglés, puis étranglés ou acculés à la folie par des spectres terrifiants. » (Le Silmarillion, La ruine de Beleriand et la chute de Fingolfin)
En tout cas j’aime bien l’idée d’Isengar à propos des Huorns.
Lionel
Hors ligne
Pages : 1 haut de page