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Dans la série des questions existentielles, aujourd'hui, je voudrais aborder les cavaliers blancs de la crue du Bruinen.
Lorsque Frodon se réveille à Fondcombe, Gandalf lui explique que c'est Elrond qui a provoqué la crue, mais que c'est lui (Gandalf) qui a ajouté les « cavaliers blancs sur des blancs chevaux aux crinières bouillonnantes » :
T1, Chap. I. NOMBREUSES RENCONTRES, Page 300:
« Si vous me permettez de le dire, j'y ai ajouté quelques touches à ma façon: vous ne l'aurez peut-être pas remarqué, mais certaines des vagues avaient pris la forme de grands chevaux blancs, montés par de brillants cavaliers blancs, et il y avait de nombreux galets qui roulaient et crissaient. »
Alors voilà, pourquoi cette touche personnelle de la part de Gandalf ?
Je ne pense pas que ce soit le fait de son soucis du détail et de l'esthétique, surtout pour les seuls témoins de la scène, à savoir neuf Nazgûls et un hobbit dans les vapes (plus une bonne centaine de milliers de lecteurs et maintenant de spectateurs, mais il est peu probable que Gandalf ai imaginé sur l'instant que son artifice soit relaté dans le livre rouge des hobbits avant d'être traduit quelques milliers d'années plus tard par un philologue anglais dans un livre élu le meilleur du siècle pour ensuite être adapté par un néo-zélandais en short pour devenir la scène d'un film qui rencontra un certain succès (Ce qui n'est peut-être pas le cas de Merry quand il dit à Pippin « Tu auras presque un chapitre à toi dans le livre du vieux Bilbon, si jamais j'ai une chance de lui faire un compte rendu »... Mais fermons là ces parenthèses qui commencent à s'éterniser)).
Peut-être voulait-il faire passer une sorte de message, ou plutôt un avertissement, aux Nazgûls, et par là même, à Sauron ?
Ou bien est-ce purement symbolique, du style opposition des cavaliers blancs aux cavaliers noirs, sans véritable intention fonctionnelle ?
Voilà, j'aimerais connaître votre sentiment à ce sujet.
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A priori, on peut croire en effet que la crue était tout à fait satisfaisante. A posteriori, je ne sais pas ;-)
Peut-être ce que ces effets étaient destinés à effrayer davantage les montures des Nazgûls ? Les montures blanches et le bruit des cailloux contribuent à la panique des chevaux et aident à désarçonner leurs cavaliers ?
Mais je ne suis pas vraiment convaincu, j'aime bien l'idée d'une petite touche artistique de la part de Gandalf. A Fondcombe, l'art et la beauté sont naturels, peut-être que cette crue était jugée trop brutale et sauvage, qu'il fallait lui donner un "style" ?
Cédric.
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C'est symbolique (comparaison chevaux noirs/blanc). Le but n'était pas d'effrayer les Cavaliers Noirs car tous les Nazgûl à l'exception du Roi-Sorcier redoutent la moindre petite vague d'eau de 30 cm.
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Au fait, y a-t-il une explication de cette crainte de l'eau par les Nazguls?
Dans CLI, Christopher Tolkien dit qu'il n'y en a pas et trouve même que c'est difficile à jusitifier.
N'est-ce pas simplement parce que le pouvoir d'Ulmo réside toujours dans tous les cours d'eau de la TdM?
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Très bonne question. Sans doute toutes les créatures servant le mal détestent l'eau. Cela date de Melkor qui détestait l'eau, élément du puissant Ulmo (grand allié de Manwë). Il préférait la chaleur brûlante des fournaises des enfers des ténèbres. Il faut aussi souligner que l'eau est l'élément de la vie.
Enfin, si les Nazgûl redoutaient l'eau, le Roi-Sorcier en était beaucoup moins effrayé... Pourquoi? On ne la sait pas. Peut-être possédait-il des sortilèges permettant aussi de manier l'eau (mais apparemment, il n'a pas eu le temps ce jour là de s'en servir et qu'il ne pouvait pas faire face à la magie adverse).
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Dans Les Myths Transformed de HoME 10, Tolkien précise que l'eau est l'élément d'Arda dans lequel Morgoth a le moins réussi à s'incorporer. En y ajoutant la présence d'Ulmo dans les cours d'eau de la Terre du Milieu, on arrive à une explication valable de la peur des Nazgûl je crois.
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L'eau est en effet un élément remarquablement sauvegardé du mal apporté par Melkor. Ses créatures sont avant tout terrestres (et "volatiles"). Le seul (?) exemple d'une créature ayant pervertie l'élément liquide est le veilleur de la Moria.
Cédric.
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Osse (desole toujours pas de tremas sur ces claviers anglais), peut-etre?
Je ne sais pas si on peut dire qu'il a perverti l'eau, mais il a tout de meme succombe au bagout de Melkor. Et meme s'il s'en est repenti et a ete pardonne, ses crises de colere et son imprevisibilite ont ancre dans le coeur des Humains (et des Elfes??) une certaine mefiance vis a vis de la mer.
Turambar, un bonnet rouge sur la tete
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Pour en revenir à la question initiale, une idée m'est venue en relisant l'explication de Gangalf en entier :
T1, Chap. I. NOMBREUSES RENCONTRES, Page 300:
« Si vous me permettez de le dire, j'y ai ajouté quelques touches à ma façon: vous ne l'aurez peut-être pas remarqué, mais certaines des vagues avaient pris la forme de grands chevaux blancs, montés par de brillants cavaliers blancs, et il y avait de nombreux galets qui roulaient et crissaient. J'ai craint un moment que nous n'ayons libéré une fureur trop grande et que la crue, échappant à notre contrôle, ne vous emporte tous. Il y a une grande vigueur dans les eaux qui descendent des neiges des Monts Brumeux. »
J'avais coupé les deux dernières phrases lors de la citation dans mon post précédant, parce que je pensais que Gandalf changeait de sujet (à propos de sa « touche personnelle »), un peu brusquement d'ailleurs (je ne sais pas ce qu'il en est de la v.o. ?). Mais peut-être qu'il ne change pas de sujet et que ces deux phrases permettent d'apporter une explication fonctionnelle des cavaliers blancs : quand Gandalf s'est rendu compte que la crue pouvait tout dévaster et emporter bien plus que neuf cavaliers, il a alors tenté de la contrôler de cette façon. Les cavaliers blancs étaient là pour chevaucher les vagues devenues chevaux pour les diriger.
Et ça pourrait rejoindre, d'une certaine façon, ce que disait Cédric plus haut : tempérer et contrôler la fureur et la brutalité de la crue qui contrastait trop avec l'ambiance de Fondcombe.
Voilà, c'est juste l'impression que j'ai eue en relisant ce passage. Quelqu'un a-t-il la même compréhension que moi des paroles du Gris ? Peut-être la v.o. est-elle plus explicite à ce sujet ? (ce n'est pas que je voudrais accuser Ledoux de tous les maux, mais je n'ai pas totalement confiance...). D'ailleurs, au passage, existe-il un équivalant de l'excellent moteur de recherche de ce site, mais pour le texte original ?
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C'est vrai que s'il existe un moteur VO quelque part sur le réseau, ce serait bien de le connaître, à condition qu'il soit aussi efficace que celui qu'on trouve ici....
En attendant, voici l'extrait demandé par Zurbo:
"Who made the flood?" asked Frodo.
"Elrond commanded it," answered Gandalf. "The river of this valley is under his power, and it will rise in anger when he has great need to bar the Ford. As soon as the captain of the Ringwraiths rode into the water the flood was released. If I may say so, I added a few touches of my own: you may not have noticed, but some of the waves took the form of great white horses with shining white riders; and there were many rolling and grinding boulders. For a moment I was afraid that we had let loose too fierce a wrath, and the flood would get out of hand and wash you all away. There is great vigour in the waters that come down from the snows of the Misty Mountains."
Zurbo,
Je ne suis pas sûr que le seul fait que les deux phrases se suivent implique une relation de cause à effet entre elles. C'est difficile de se prononcer...
Je pencherais plutôt, comme le propose Cédric, pour une touche "esthétique ou artistique". N'oublions pas que Gandalf est maitre des illusions. Et puis en règle générale, il pense à tout:
(SdA tome 2, Chapitre XI. LE PALANTIR, Page 257)
"Gandalf rit. - Un Hobbit impossible à assouvir! Tous les magiciens devraient avoir un ou deux Hobbits à leur charge - pour leur apprendre le sens de ce mot et les corriger. Je vous demande pardon. Mais j'ai accordé une pensée même à ces simples détails."
Silmo :-)
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Merci pour l'extrait, Silmo. Il n'est hélas ni plus, ni moins convaincant, pour mon interprétation, que la v.f.
Je ne réfute pas totalement la votre, d'interprétation, puisque je l'avais évoquée lors de ma question, mais j'ai quand même un peu de mal à me faire au fait que cette débauche de magie et de puissance (il doit en falloir pour arriver à un tel résultat) soit au service d'un simple soucis du détail. Ceci dit, je n'ai pas d'explication irréfutable de mon coté. Enfin, Gandalf a ses raisons que les mortels ne comprennent pas toujours...
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