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J'ai mis en ligne un petit conte à vous de le lire
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Merci, Jean.
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Joli conte plein de nobles têtes couronnées, aux beaux idéaux... Si tous les rois, reines ou gouvernants faisaient preuve de telles bontés !
Mais n'y a-t-il pas comme l'idée que la loi puisse être inique, inflexible au bon sens -- et surtout, n'y a-t-il pas là une peinture de juges, fondamentalement mauvais, ne voulant point céder aux faits du Prince, intrinsèquement bon? J'avoue qu'en ces heures où le Politique tend à vouloir en imposer au Juridique à tout bout de champ et à tir ouvert, et où le Fait du Prince redeviendrait presque coutumier, la morale du conte (car tout conte est moral) me laisse un brin dubitatif !
Ho Antilegôn.
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Cest vraiment intéressant quant on a écrit quelque chose de voir la réaction des lecteurs et jaccepte bien volontiers la règle qui dit que limportant nest pas tant ce que lon veut dire mais ce qui est compris.
Pour moi la morale de cette histoire était que même dans les situations les plus désespérées, si on a un petit ducat de bonne volonté on peut trouver des gens prêts à vous tendre la main au moment ou on sy attend le moins et qui vous aideront à sortir du pétrin. Cest pour cette raison que je lavais dédié à Lambertine dont la nouvelle actuelle décrit des personnages en grande difficulté. Mon petit conte se voulait donc en contrepoint un message despoir.
Je comprends tout a fait que dautres personnes puissent y trouver autre chose. Cependant pour ce qui est de du « fait du prince » il me semble que les personnages de mon conte se plient à la loi sans chercher à loutrepasser. La Reine immédiatement accepte le terrain juridique et non celui de lautorité. Dautre part exercer une sorte de droit de grâce ne me semble pas être assimilable « à vouloir en imposer au juridique a tout bout de champ et à tir ouvert ». Dans notre douce France que je considère comme un pays démocratique le président de la République ne dispose-t-il pas lui aussi dun droit de grâce ?
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Un petit mot, Dragon...
Nulle part, dans la nouvelle de Jean, la Reine ne tente de court-circuiter la Loi. Et nulle part, il n'est dit que les Juges ont été injustes (selon la Loi). Mais la Justice n'est pas Miséricorde. Elle ne peut pas l'être, sinon, elle cesse d'être Juste.
Mais ces mêmes Juges, cette même Justice, cette même Loi, permettent à la Reine de trouver le moyen de permettre à la Miséricorde de s'exercer. Et à l'espoir de renaître. Grâce au passé du condamné.
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Chers Jean et Lamberte,
Il y avait bien sûr un brin de provocation derrière la plume de Ho Antilegôn, comme à l'habitude de ce prête-nom, sans se départir pour autant d'un sourire derrière les crocs. Il est intéressant, je trouve, que l'interprétation d'un texte par le lecteur puisse dépasser l'idée de l'auteur - C'est après tout un exercice auquel nous nous livrons souvent avec Tolkien en ces lieux, et il est toujours bon d'en rappeler les limites comme les risques.
Je trouve que le texte appelle à de nombreuses réflexions (et c'est là, dans mon propos, une qualité, non un défaut). Si l'on veut bien que je me prête au jeu, j'en livre quelques-unes ici.
Jean: "La Reine immédiatement accepte le terrain juridique et non celui de lautorité."
En fait, elle dit, textuellement : "Plaçons nous alors sur votre terrain de la loi. Ny-t-il rien dans votre code qui permette de gracier un condamné ?" (mon emphase). On pourrait y voir l'idée que la loi (ou son code) ne s'applique pas à tous identiquement, en tout cas pas aux têtes couronnées - Ce votre répété sous-entend une certaine dissociation, qui fait quand bien même la Reine accepte ce terrain, elle ne l'admet pas réellement pour sien, et sous-entend, même en s'y pliant, son désaccord. Or depuis les Lumières (pour faire simple), la loi devrait être la même pour tous - La conception de la loi qu'exprime la Reine n'est pas celle de l'Egalité de notre devise ou des Droits de l'Homme.
Jean: "Dans notre douce France que je considère comme un pays démocratique le président de la République ne dispose-t-il pas lui aussi dun droit de grâce ?"
Le droit de grâce présidentiel dérive des pouvoirs régaliens et n'a donc pas directement de lien avec la démocratie, c'est un simple héritage historique dans nos sociétés (pas dans celle du conte, visiblement) dont on pourrait interroger dans l'absolu le bien-fondé...
Quand bien même, la grâce n'annule pas forcément la peine, elle peut la commuer (car après tout, on ne connait pas les crimes de cet homme, il est peut-être dangereux de le relâcher sans autre forme). Et l'on pourra de toute façon s'interroger sur une grâce accordée sans juger des faits ou des circonstances, pour d'aussi futiles raison que ne de pas "déplaire" aux époux royaux... Cela en fait, des questions !
Lambertine: "Et nulle part, il n'est dit que les Juges ont été injustes (selon la Loi). Mais la Justice n'est pas Miséricorde. Elle ne peut pas l'être, sinon, elle cesse d'être Juste."
Je n'ai pas accusé les Juges du conte d'être "injustes" (ce qui serait un contresens, il ne font que rendre justice en appliquant le texte de la loi, mais j'y reviendrais plus bas), mais, très exactement, la loi d'être inique - C'est à dire d'être une mauvaise loi... Doublement mauvaise, dirais-je. D'abord parce qu'elle conduit à une peine de mort (dont je sais qu'une frange marginale de la population aimerait la rétablir dans notre pays, me suffit-il d'exprimer un désaccord profond pour ne pas avoir à étayer davantage?). Ensuite, parce que le seul recours n'est pas ici une grâce quelconque, mais de s'acquitter d'une importante somme financière - C'est là un système juridique où le riche peut échapper à la condamnation, autre conception du droit lointaine de la nôtre.
Je reviens un instant sur les Juges, comme annoncé. Ils sont tout de même dépeints comme sinistres et mauvais (des "corbeaux (..) perchés sur la potence"), inflexibles (au ducat prêt) et passionnels, non point épris de justice mais plutôt de sang ("qui (...) attendaient pour se repaitre de la chair du malheureux")...
Là encore, cela me paraît loin de notre justice. La justice peut être répressive sans abdiquer pour autant toute humanité. Elle peut chercher l'équilibre entre le texte de loi et la peine appliquée dans un cas particulier (avec ses motivations, ses circonstances, ...). Les lecteurs des blogs de Maître Eolas (ou Maître Mô, etc.) doivent voir ce que je veux dire et comprendre toutes les questions que se posent juges et avocats.
A contrario, le conte m'a paru décrire tendancieusement (non du fait de l'auteur, mais de ma propre lecture!) une vision assez sinistre de la justice, et c'est cela qui m'a donné envie de réagir et de partager avec vous cette impression.
Ho Drakôn ;)
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Hiswelókë >>> "J'avoue qu'en ces heures où le Politique tend à vouloir en imposer au Juridique à tout bout de champ et à tir ouvert, et où le Fait du Prince redeviendrait presque coutumier, la morale du conte (car tout conte est moral) me laisse un brin dubitatif !"
Hihi... je te reconnais bien là, Didier... ;-) ...et, du coup, j'interviens... ;-)
En fait, c'est l'ensemble de l'intervention de Didier qui me fait réagir... sans doute parce qu'un certain contexte politique actuel apparait en toile de fond derrière ces propos... et que forcément, cela m'interpelle... ;-)
Je ne peux que confirmer ce qu'il dit à propos de la grâce présidentielle telle qu'elle existe en France : cela n'a effectivement rien à voir avec la démocratie, ou même la république, puisqu'il s'agit, en vérité, d'un héritage des rois de France.
Et il est vrai que si l'on se place du point de vue de Didier (ce que je n'ai pas trop de mal à faire, car, comme lui, je me tiens au courant d'une certaine actualité ;-)...), il est vrai que ce conte, dont j'avais d'abord essentiellement retenu le fait qu'il mettait en scène la bienveillance d'un couple royal et un hasard particulièrement heureux pour le condamné lors de ma première lecture, peut apparaître sous un jour quelque peu particulier à la lumière (ou plutôt le clair-obscur) d'un certain climat actuel... même s'il convient toutefois de faire preuve de nuance...
Dans ledit conte, la justice et ceux qui la représentent paraissent, en effet, bien sinistres, et surtout inflexibles... sauf en cas de versement d'espèces sonnantes et trébuchantes, ledit versement fut-il strictement encadré par la loi. On mesure toute la chance qu'a eu le condamné pour pouvoir bénéficier de la seule porte de sortie possible pour lui dans cette affaire : un argent providentiel, symbole d'une justice à deux vitesses, celles des riches et celles des pauvres, chose qui n'est pas nouvelle, mais qui résonne d'un écho singulier dans les temps où nous vivons. Mais il est vrai cependant que le message du conte apparait tout de même nettement : plus que l'argent, qui n'est finalement qu'un moyen et non une fin (grande vérité, en ce qui me concerne), c'est surtout la bienveillance d'autrui qui est la source du salut du condamné, et j'avoue que cet optimisme ainsi mis en scène l'emporte, malgré tout, sur le reste...
La Reine, d'autre part, semble effectivement ne pas faire sien l'espace juridique d'un lieu sur lequel elle est censée pourtant être amenée à exercer, par la suite, une certaine autorité, fut-elle seulement l'épouse du roi (mais le conte ne précise pas si roi et reine sont susceptibles de s'entendre sur un certain partage de l'autorité... partage certes peu réaliste au regard de l'Histoire, mais après tout fort possible dans le cadre de la fiction !). Cela dit, j'avoue qu'à la première lecture, je suis plutôt parti du principe que la Reine, nouvelle venue, ne connaissait pas encore son nouveau royaume, et qu'elle agissait en conséquence, c'est-à-dire en considérant la justice locale comme n'étant pas encore "sa" justice... ce qui devrait par la suite être le cas si l'on part du principe que nous avons affaire à une justice "à l'ancienne", c'est-à-dire, in fine, au nom du roi...
En fait, de fil en aiguille, j'en viens à m'interroger : dans cette histoire, pourquoi se poser la question de la distinction entre Loi et Royauté ? Dans les monarchies anciennes, traditionnelles, celles dont s'inspirent en général les royautés mises en scène dans les contes notamment, c'est le Roi qui dicte la Loi, en principe. Nos "subtilités" démocratiques et juridiques très contemporaines ont-elles vraiment leur place dans les contes mettant en scène des sociétés censés être anciennes et traditionnelles, directement inspirés du Moyen Age occidental ou du début des temps modernes européens (XVIe-XVIIe siècles) ? C'est une vraie question, qui, au-delà du conte de Jean, m'interpelle en outre par rapport à l'écriture des récits de fantasy en général, tout particulièrement lorsqu'il sont élaborés dans une veine plus "historique" que "magique". Même si toute oeuvre de fiction est intimement lié à l'époque où elle est conçue, jusqu'où peut aller l'auteur pour faire écho à son temps sans construire un récit "d'époque" dépourvu de crédibilité faute d'avoir recherché un certain "réalisme" dans la construction de son univers, si ce dernier est censé être plus ou moins "ancien" ?
Voila. J'espère ne pas avoir été trop confus... Il est toujours amusant de voir à quel point on peut aller loin dans la discussion à partir d'un conte... ;-)
Amicalement, :-)
Hyarion.
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Hum, Didier...
Ny-t-il rien dans votre code qui permette de gracier un condamné ?"
Tu interprètes cette phrase comme "cette loi est celle du peuple et ne s'applique pas aux Souverains".
Moi, je l'interprète comme "je suis étrangère, je viens d'arriver, et je ne connais pas les lois de ma nouvelle patrie". Elle dit "votre" code, mais elle s'y soumet. Et en s'y soumettant, elle intègre de fait et de droit le pays de son époux, sans passe-droit.
après tout, on ne connait pas les crimes de cet homme, il est peut-être dangereux de le relâcher sans autre forme). Et l'on pourra de toute façon s'interroger sur une grâce accordée sans juger des faits ou des circonstances, pour d'aussi futiles raison que ne de pas "déplaire" aux époux royaux... Cela en fait, des questions !
La grâce n'est pas accordée aux époux royaux. Elle est accordée parce qu'elle est inscrite dans la Loi et que les conditions sont remplies pour qu'elle s'applique.
Nulle part d'ailleurs, il n'est dit que cet homme n'est pas dangereux. C'est un condamné à mort. Lui-même parle d'une de ses "rares" bonnes actions. C'est donc qu'il n'en a pas commis beaucoup.
Quant à s'interroger sur une grâce accordée sans tenir compte des faits ou des circonstances, oserai-je dire que c'est précisément pour ça qu'elle est "grâce", qu'elle est "miséricorde" et pas "justice".
Je n'ai pas accusé les Juges du conte d'être "injustes" (ce qui serait un contresens, il ne font que rendre justice en appliquant le texte de la loi, mais j'y reviendrais plus bas), mais, très exactement, la loi d'être inique
aux "pauvres" vu que les riches eux-
La loi est inique pour toi. Le conte ne prétend rien de tel. Pas même qu'elle est plus dure pour les pauvres, puisque la somme demandée pour le rachat de la vie du condamné est telle que même le Roi et toute sa Cour ne peuvent rassembler la somme demandée.
(Quant à la peine de mort, elle me fait horreur, mais je ne te suivrai pas quand tu affirmes que seule une frange marginale de la population est favorable à son rétablissement. Interroges autour de toi quand un fait divers "particulièrement odieux" fait la "une")
inflexibles (au ducat prêt) et passionnels, non point épris de justice mais plutôt de sang
Eh bien, je dirais le contraire. C'est précisément cette inflexibilité qui les rend "justes". Ne pas mettre la main dans l'engrenage, pour ne pas se faire bouffer tout entier. Autrement dit, ne pas créer de précédent judiciaire pour ne pas remettre en cause l'indépendance de la Justice.
Et si tu tiens absolument à faire le rapprochement entre la situation du conte et le conflit actuel entre l'Exécutif et le Judiciaire, je te dirai que nous avons une situation inversée, où le Gouvernement français (en gros) fait plutôt pression sur les juges pour obtenir des condamnations plus sévères. Et, accessoirement, je rajouterai que ce qui m'a marquée dans le conte, c'est que le Peuple applaudit à la grâce du condamné, alors que dans la vraie vie, c'est bien rarement le cas (j'imagine déjà les "marches blanches" si la Reine Paola faisait gracier Dutroux. Ou même Adam G. ...)
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Je dois dire que quand jai écrit rapidement ce petit conte je ne mattendais pas à une telle exégèse. Si javais su jaurais trempé sept fois ma plume dans lencrier (si jose dire sagissant dun clavier) avant de le mettre en ligne. Cependant je maperçois que finalement mon teste résiste plus ou moins bien et correspond plutôt à ce que javais voulu dire. Dautre part, je suis très flatté de susciter un tel engouement.
Je peux apporter un ou deux petits éléments. Concernant lactualité, comme je lai dit ce petit conte ma été lu il y a presque 40 ans. Il ny a donc aucun lien avec des évènements récents. Dautre part je ne sais pas sil faut à tout prix chercher pour un conte dont laction se situe dans un monde imaginaire une applicabilité parfaite à notre monde.
Si je devais faire une comparaison avec une situation ayant réellement existée, je penserais au passage concernant le bon larron dans lEvangile. Lui aussi est condamné à mort, lui-même reconnais que cette sentence est juste « après tout ce que nous avons fait ». Pourtant Jésus lui pardonne ses péchés et lui annonce que le jour même il entrera au paradis avec les saints. Cela ne veut pas dire quil ignore le mal qua fait ce larron, mais il le lave de ce pécher et le Justifie (au sens théologique du terme). Exemple le plus aboutit du droit de grâce du souverain de monde vis-à-vis dun malfaiteur.
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