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Nature maléfique
Sur l'instant, j'ai beau me décarcasser la tête, les exemples d'une Nature corrompue sont rares. On compte celui de "La Vieille Forêt".
La Nature chez Tolkien est vivante avec les plantes et autres arbres. Yavanna a consacré les Olvar et les Kolvar et leur essence est portée vers le bien.
Melkor puis Sauron ont perverti bien des créatures et autres êtres vivants sur la Terre du Milieu mais il y en eut peu je crois qui appartenaient au règne végétal.
La Vieille Forêt fut le refuge de Sauron afin qu'il n'en soit chassé mais elle semble avoir conservé quelque sombre influence et paraît maléfique. Je dis paraître car même si les Hobbits ont nombre de légendes en parlant, elle ne semble pas active à proprement dire. Mais la forêt est sombre et ses arbres ont un grand impact sur les croyances des Hobbits.
Merry dira par exemple des arbres (SdA, Pocket, T1, Chap. VI. La Vieille Forêt, p. 155) :
A l'occasion, les plus hostiles peuvent laisser tomber une branche, dresser une racine ou vous accrocher d'une longue plante rampante. Mais, la nuit venue, les choses peuvent prendre un tour des plus alarmants; c'est ce qu'on m'a dit, en tout cas. Je n'ai pénétré ici après le coucher du soleil qu'une ou deux fois encore suis-je resté près de la haie. Il me semblait que tous les arbres se murmuraient les uns aux autres, se passant des nouvelles ou tramant des complots en un langage inintelligible; et les branches se balançaient et tâtonnaient sans aucun vent. On dit bien que les arbres se meuvent réellement et qu'ils peuvent entourer un étranger et le cerner. En fait, ils ont jadis attaqué la haie: ils vinrent se planter juste à côté et se penchèrent part dessus. Mais les Hobbits accoururent, coupèrent des centaines d'arbres; ils firent un grand feu de joie dans la Forêt et brûlèrent tout le terrain sur une large bande à l'est de la haie. Après cela, les arbres renoncèrent à l'attaque, mais ils devinrent très hostiles. Il existe encore un large espace nu, pas loin à l'intérieur, à l'endroit où le feu de joie avait été allumé.
Tout semble donc faire croire que cette forêt porte encore les stigmates de la présence de Sauron. Le Gros Bolger dira même qu'elle est tout aussi dangereuse que les Cavaliers Noirs.
(p. 150 : - Mais ce ne pourrait être que par la Vieille Forêt ! s'écria Fredegar, horrifié. Tu n'y songes pas. C'est tout aussi dangereux que les Cavaliers Noirs.).
Alors, légendes ou réalités ?
Ces mouvements d'arbres ne sont-ils que la progression naturelle des plantes ? Une nature luxuriante qui gagne sur les terres non encore fertilisées ?
Le son étouffé et la lumière filtrée par les hautes branches qui éveillent la méfiance et la peur des Hobbits ne sont-ils que les caractéristiques généralement reconnues à toute forêt ?
Une peur engendrée par des récits qu'entendent les Hobbits enfants par leurs parents lorsqu'ils ne sont pas tout à fait sages ? Une sorte de conte, morbide certes, mais dénué de tout fondement ?
Ou, autre hypothèse, partout où passe Sauron, la terre et les êtres sont en effet atteints d'un mal indicible, diffus mais qui n'a tout de même pas le pouvoir de causer le mal directement, physiquement.
Ces arbres sombres sont-ils quelque sorte de Huorn tels que l'on peut en trouver en forêt de Fangorn ?
Qu'est donc véritablement la Vieille Forêt ?
Cédric.
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De quoi dire puisque mon DEA porte sur la forêt en littérature. Mais je n'ai pas le temps d'écrire mes réfléxions, mais va falloir que je m'y mette qd le temps me le permettra.
CURU.
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Excusez-moi pour l'absurdité que je viens d'énoncer, Sauron fut bien chassé de Mirkwood et non de la Vieille Forêt.
Cela renforce d'ailleurs ma question sur l'origine de son caractère pour le moins inquiétant.
Si Sauron n'y a pas résidé, alors quelle est donc l'origine du mal ?
Cédric.
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hmm cedrix j'ai reflechi un peu sur cette nature malefique : mais si tu te souviens bien il est dit dans le silmarillon que la nature etait devenue mauvaise sous le regne de melkor : les plantes avaient ete transforme et des jolies animaux etait maintenant affreux et dangereux . le mal peut tout corrompre dans la mythologie de tolkien est donc pq pas une foret . DE + il se peut que la foret elle meme soit une entite a elle seul : et cetter entite est peut etre devenue mauvaise au fur et a mesure au contact des homes , des orcs et donc appliquent une defense systematique contre tout intru ...
bon desole si c pas claire mais voila en gros ce que je pense
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Cédric : je ne pense pas que cette forêt soit corrompue. Mes hypothèses sont les suivantes : la Vieille Forêt demeure le reste d'une forêt plus grande encore, au Premier Age. Je crois que Fangorn/Sylvebarbe fait référence à cette forêt d'autrefois, à moins qu'il s'agisse de Tom B...
Depuis l'arrivée des hommes au Nord-ouest de la Tdm, les forêts ont bcp souffert des ravages causés par leur civilisation. C'est pourquoi la Vieille Forêt est de nature hostile, car elle garde en son coeur l'amère souffrance de la déforestation causée par les Atani. Ici, on peut peut-être considérer que les arbres sont des huorns, mais il me semble bien plus que l'hostilité que peuvent ressentir les hobbits provienne du cerveau de la forêt, je veux parler du Tournesaule où sommeillent l'antique Vieil-Homme Saule. Peut-être que le coeur de cet arbre mauvais (mais pas maléfique) transmet sa haine et son mépris pour tout être vivant se tenant sur deux jambes...
Le cas de la forêt de Mirkwood est selon moi différent : elle est peu accueillante au nord (sous domination elfe) et hostile au sud, puisque toute la partie sud de la sylve est sous la tutelle maléfique de Sauron et de Dol Guldur. On peut parler de corruption puisque le Mal en TdM est par excellence corrupteur.
Il faut savoir aussi que ds la perception des occidentaux, l'imaginaire de la forêt est tjrs associé à l'inconscient ds lequel st enfermées nos noires pulsions, à la nuit et aux croyances superstitieuses. Il n'est donc pas étonnant de voir des hobbits-enfants se méfier de la Vieille Forêt, puisqu'elle est sujette aux légendes. La forêt fait peur car son intérieur se vit ds le multiple : elle représente l'inconnu, un miroir, un dédale de reflets puisque les arbres qui la caractérisent se multiplient ds l'identique. Elle est l'endroit où l'on se perd pour mieux se retrouver. Elle est aussi un des motifs le plus utilisé ds les contes... C'est alors pour Tolkien le moment de créer une atmosphère de conte de fées.
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Je profite de ce fuseau (et du dernier message de Curufinwe) pour évoquer un cycle de "fantasy" contemporaine où le rôle de la forêt me semble proche du cas de la Vieille Forêt ou de Fangorn: il s'agit du cycle de Ryhope (nom de cette forêt) ou de La forêt des mythagos par Robert Holdstock, qui vient de reparaître en deux volumes chez Denoël, dans la collection Lunes d'Encre.
C'est d'un bois très particulier, puisque s'y manifestent des "mythagos", images mythiques créées par l'inconscient individuel des personnages des romans grâce à la "vision périphérique", et qui sont les reflets des héros de l'inconscient collectif tels que Robin des Bois, Arthur... ou d'autres beaucoup plus anciens (je ne me lancerai pas ici dans une explication de texte jungienne, j'en serais d'ailleurs bien incapable).
En fait, on apprend qu'il s'agit de l'unique (ou presque) vestige de la vaste étendue boisée qui recouvrait le nord de l'Europe au cours de la dernière glaciation. Ainsi, les différents personnages "modernes" qui y pénètrent remontent le temps pour se retrouver face à des peuplades de plus en plus primitives, jusqu'à l'âge glaciaire placé mythiquement à Lavondyss, là où tous les mythagos prennent leur source ultime: "l'endroit où l'esprit des hommes n'est plus attaché aux saisons" (je me réfère ici surtout aux deux romans du cycle que j'ai lus : Le bois des mythimages et Lavondyss)
Un autre élément important est que, vue de l'extérieur, la superficie de Ryhope ne semble être que de quelques milles carrés, mais que plusieurs semaines sont nécessaires pour en explorer une parcelle.
Il me semble ainsi intéressant de mettre en parallèle l'utilisation du thème de la forêt qui est fait chez Tolkien et chez Holdstock, dans leur relation avec l'inconscient. Un simple exemple: l'écoulement du temps à l'intérieur de Ryhope est très lent par rapport à l'extérieur (par exemple: 15 ans/8 mois); ceci est à comparer (même si les causes en sont différentes) à l'expérience que vivent les compagnons de Frodo dans la Lórien, et c'est aussi un motif récurrent de contes de fées.
J'aurais bien d'autres choses à dire sur cette forêt, qui est bien davantage qu'un simple décor, mais un véritable personnage à part entière du cycle... je préfère vous laisser le plaisir de découvrir par vous-même toutes les richesses de l'écriture de Robert Holdstock.
Iarwain
PS: en me relisant, je m'aperçois que j'ai bien dévié du sujet traité, mais c'est que je n'ai pas trouvé de fuseau plus adéquat pour traiter de ce que je voulais dire (et je ne voulais pas non plus en créer de nouveau).
PPS: Par ailleurs, si j'ai développé assez longuement sur son oeuvre, c'est que je trouve que Robert Holdstock est un très bon écrivain de fantasy, dont on ne parle pas assez (y compris sur ce forum), et qui ne se contente pas de copier JRRT comme c'est trop souvent le cas à mon goût.
Sur cette note un peu polémique, je clos (enfin!) mon long message.
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A la réflexion, j'ai trouvé un autre point commun entre Tolkien et R. Holdstock: Le Passe-broussaille, un autre roman du cycle de Ryhope, est en partie construit autour du poème arthurien Sir Gawain and the Green Knight, que Tolkien a traduit en anglais moderne.
Iarwain
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