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[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]
Je viens pour une découverte toute nouvelle pour moi : il y existe un autre poème sur Bombadil que les deux que nous connaissons tous (ATB et BB) !
Il s'agit de Once unpon a time, poème écrit pour un collectif, Winters' Tales for Children édité par Caroline Willier chez Macmillan (1965); lequel poème a été repris pour une publication américaine dans un second collectif, The Young Magicians, édité par Lin Carter, chez Ballantine Books (1969).
En fait, dans les deux cas, ce sont deux poèmes de Tolkien qui sont publiés : Once upon a time, donc, et The Dragon's Visit ; pour ce dernier, il s'agit d'une reprise puisque le poème fut composé par Tolkien en 1947 pour The Oxford Magazine (4/02/47).
(http://contento.best.vwh.net/t107.html#A2471>source )
Il n'est fait mention de ce troisième poème sur Tom (ET Baie d'Or) ni dans la biographie de Carpenter ni dans la biblio fournie dans Sur les Rivages... de Vincent. Pourtant, l'entrée 1965 existe bel et bien sur quelques biblio en ligne (celle de Åke Bertenstam par exemple). Et puis surtout, l'édition de Carpenter, si elle est épuisée (comme celle de 1965), peut encore se trouver d'occasion (sur amazon.co.uk par exemple). Serait-ce un gigantesque canular ? Je peux me tromper, mais je ne crois pas (Dans le cas contraire, il s’agirait d’une belle forgery, certains vers me semblant du pur Tolkien).
Comme on trouve de tout sur la toile, voici le poème (avec quelques coquilles semble-t-il) tel que le donne la page du site de la Bromwell School consacré à Tom Bombadil (j’ai rajouté la numérotation des vers).
Once Upon a Time
Once upon a day on the fields of May
there was snow in the summer where the blossom lay;
the buttercups tall sent up their light
in a stream of gold, and wide and white
there opened in the green grass-skies [5]
the earth-stars with their steady eyes
watching the Sun climb up and down.
Goldberry was there with a wild-rose crown,
Goldberry was there n a lady-smock [in a lady-smock?]
blowing away a dandelion clock, [10]
stooping over a lily-pool
and twiddling the water green and cool
to see it sparkle round her hand:
once upon a time in elvish land.
Once upon a night in the cockshut light [15]
the grass was grey but the dew was white;
shadows were dark, and the Sun was gone,
the earth-stars shut, but the high stars shone,
one to another winking their eyes
as they waited for the Moon to rise. [20]
Up he came, and on leaf and grass
his white beams turned to twinkling glass,
and silver dripped from stem and stalk
down to where the lintips walk
through the grass-forests gathering dew. [25]
Tom was there without boot or shoe,
with moonshine wetting his big, brown toes:
once upon a time, the story goes.
Once upon a moon on the brink of June
a-dewing the lintips went too soon. [30]
Tom stopped and listenes, and down he knelt:
"Ha! Little lads! So it was you I smelt?
What a mousy smell! Well, the dew is sweet,
so drink it up, but mind my feet!"
The lintips laughed and stole away, [35]
but old Tom said: "I wish they'd stay!
The only things that won't talk to me,
say what they do or what they be.
I wonder what they have got to hide?
Down from the Moon maybe they slide, [40]
or come in star-winks, I don't know:"
once upon a time and long ago.
Si je place ce poème (OUAT) texte à la suite de ce fuseau, c’est qu’il comporte au moins un écho textuel de BB (1) en plus des références à ATB (2), Bilbo ou bien le Seigneur des Anneaux (3).
(1) « the cockshut light » OUAT 15 = BB 120 ci-dessus
(2) « summer / buttercups » OUAT 1-2 = « summertime / buttercups » ATB 7-8 ; « a lily-pool » OUAT 11 = « the lily-pools » ATB 105
(3) « Once upon a day on the fields of May
there was snow in the summer where the blossom lay;
the buttercups tall sent up their light
in a stream of gold, and wide and white
there opened in the green grass-skies [5]
the earth-stars with their steady eyes
watching the Sun climb up and down. »
OUAT 3-7 développe en effet une thématique récurrente du Légendaire, à savoir celle d’une contemplation et d’un dialogue permanent qui passent par la vue entre la Terre et les Cieux symbolisé par les étoiles du ciel (= yeux de la Nuit qui « parlent » aux hommes/Elfes) et les étoiles de la terre que sont les fleurs (= yeux du jour qui demande au ciel/Soleil la lumière et la vie).
Le thème apparaît dès Bilbo au travers d’un énigme posée par Bilbo à Gollum :
« This’ll puzzle the nasty little underground creature, » he thought:
« Ss, ss, ss, » said Gollum. He had been underground a long long time, and was forgetting this sort of thing. But just as Bilbo was beginning to hope that the wretch would not be able to answer, Gollum brought up memories of ages and ages and ages before, when he lived with his grandmother in a hole in a bank by a river, « Sss, sss, my preciouss, » he said. « Sun on the daisies it means, it does. »
La même association (les fleurs dans l’herbe sont comme des yeux) est enrichie dans le SdA lorsque Gandalf, Argorn, Gimli et Legolas arrivant au Château d’Or découvrent le spectacle des simbelmynë ; Gandal utilise les même termes que Bilbo en parlant des « yeux brillant dans l’herbe » à propos de ces fleurs « blanches comme (…) neige » ; le narrateur de préciser que ces « petites fleurs » sont « comme des étoiles innombrables parmi le gazon » :
{548}]At the foot of the walled hill the way ran under the shadow of many mounds, high and green. Upon their western sides the grass was white as with a drifted snow: small flowers sprang there like countless stars amid the turf.
“Look!” said Gandalf. “How fair are the bright eyes in the grass! Evermind they are called, simbelmynë in this land of Men, for they blossom in all the seasons of the year, and grow where dead men rest. Behold! we are come to the great barrows where the sires of Théoden sleep.”
SdA, III.6 [496
Comme il n’aura échappé à personne, l’évocation des « tertres » (barrows) de Théoden était le premier indice d’un lien entre ce passage du SdA et l’univers de Bombadil. Le poème Once upon a time vient renforcer ce lien en intégrant les simbelmynë du Château d’Or aux « étoiles de la Terre » près de l’étang de nénuphars de Baie d’Or.
Ce poème, pour d’autres raisons que je n’ai pas le temps de développer, est me semble essentiel pour les études bombadiliennes. Sa faible diffusion expliquant qu’il soit si peu mentionné lorsqu’on parle de Bombadil, il ne faut pas non plus trop espérer en disposer un jour. Aussi (et j’arrive à l’objet de ce message ainsi qu’à sa place en ce fuseau… ;-)) il serait bon de disposer d’une traduction.
Laegalad, Moraldandil, si vous nous lisez ;-))
Je n’ose m’y atteler, faute de temps et (surtout) de compétences.
Car certaines difficultés m’arrêtent.
A commencer par ces fichus « lintips ». C’est quoi un « lintip » ? un mot inventé par Tolkien ? Cela qui expliquerait les interrogations de Tom quant à leur origine ; Tom qui va jusqu’à croire qu’ils ont pu venir de la Lune. Je pense à de petits insectes qui se nourriraient de la rosée déposée sur l’herbe. S’il s’agit d’un jeu de mot, y aurait-il un jeu de mot de la part de Tolkien avec lín* en sindarin qui signifie « étang ». Car alors, l’étang apparaîtrait dans les trois strophes du poème ; ce qui ne serait pas pour me déplaire ;-))
D’autres beautés comme Once upon a day on the fields of May ou Once upon a moon on the brink of June m’obligent à demander votre aide, chers camarades traducteurs :-)
Sosryko
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grmfff... pas lín* mais lîn*.
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Très intéressant, Sosryko... Hmm... Il est très beau, en plus :) Why not, en effet, je ne savais plus dans quoi me lancer, après Bombadil, et tant que j'ai encore l'esprit bombadilien en tête... Il y a encore du pain sur la planche, en fait, et j'envisage de retravailler les poèmes bombadiliens du SdA, même si certains sont tordus, niveau métrique (à rendre en français, pfiou :)).
Et pourquoi hors du légendaire ? Heu... le premier poème du recueil ATB que j'avais traduit, je ne disposais pas de l'introduction, et ignorais qu'il était vraiment lié au légendaire... du coup, pour chaque traduction de poème de ce recueil, j'ai continué à poster ici, même si ce n'est plus pertinant :
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Pour lintip, je ne sais pas encore, mais après un détour par le Webster (hyperdictionary.com), j'ai trouvé, pour lin (il faut remonter à 1913...) :
Definition:
1. \Lin\ (l[i^]n), v. i. [AS. linnan. See {Lithe}.]
To yield; to stop; to cease. [Obs. or Scot.] --Marston.
2. \Lin\, v. t.
To cease from. [Obs. or Scot.]
3. \Lin\, n. [Ir. linn, or Gael. linne; akin to W. llyn a pool, pond, lake, but in senses 2 and 3 prob. from AS. hlynn torrent. Cf. {Dunlin}.]
1. A pool or collection of water, particularly one above or below a fall of water.
2. A waterfall, or cataract; as, a roaring lin.
3. A steep ravine.
Note: Written also linn and lyn.
:) :) :) De l'eau, encore de l'eau... tip désigne une extrémité (tiptoes, par exemple : sur la pointe des pieds), il s'agit, je pense, d'une invention de Tolkien, qu'il faudrait traduire en remontant loin dans le français ou le patois (ô, les recherches étymologiques ! Moi qui adore trouver des noms d'Alfs, voilà de quoi corser délicieusement l'affaire :))... littéralement, peut-être "le bout de l'étang/chute d'eau/cascade", ce qui ne veut rien dire du tout, mais quoi de plus normal avec Tom :)
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Merci pour la confirmation, Laegalad! jubilatoire tout ça :-)))
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*ronronnement*
Miam, miam... ce genre de petites choses donne une de ces inspirations pour les nombreuses petites affaires que j'ai eu la bêtise de laisser en sommeil... Au travail, mon gars !
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Chouette, merci Soryko :-))
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bien joué sosryko ! je sens que tu vas faire des merveilles, à partir de ce poème.
pour la traduction : rimée, j'imagine ?
Vincent
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Vincent : bien sûr, rimée :) Et en alexandrin, je garde la même structure que pour les deux précédents, vu qu'en anglais on a la même structure... Mais diable, il donne du fil à retordre, ce poème ! Je n'ai pas encore résolu la question des lintips, même si je creuse... "Gourbout", c'est pour l'instant le mieux que j'ai trouvé, mais au niveau des évocations sonores, ça n'est pas la même chose... "Lintip" est cristalin, "gourbout" plus bouillonnant... et je perd le rappel au sindarin... m'en vais piocher chez les Bretons, mais je crains que l'on n'ai pas de composés de "lin" en français.
Vivement ce week-end, que je puisse m'y pencher plus sérieusement que durant un cours de socio des publics, et avec ma doc sous le nez :)
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Ces lintips m'ont tout l'air d'être de la même espèce que les Mewlips... Ils me semble que pour le choix d'un nom, le son compterait au moins autant que le sens ici, non ? Ce que sont ces "lintips" me semble plus suggéré par le texte que le nom même.
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Ces lintips m'ont tout l'air d'être de la même espèce que les Mewlips... Ils me semble que pour le choix d'un nom, le son compterait au moins autant que le sens ici, non ? Ce que sont ces "lintips" me semble plus suggéré par le texte que le nom même.
Oui, bien sûr :) Mais le mieux est de rendre les deux, non ? Autant que possible, as usual... pas eu le temps de m'y pencher plus, je l'avoue, juste de compulser mon dico de patois savoyard (un gour est une sorte de trou d'eau, le TLF connait ce mot :
Région. (cf. infra Étymol.). Partie creuse d'un cours d'eau, remplie d'eau même en période sèche. Il y a des espèces vivant uniquement à la surface des eaux calmes, d'autres sur les suintements à la surface de la roche, d'autres dans le fond des gours, d'autres dans les cours d'eau de caractère torrentiel (GÈZE, Spéléol. sc., 1965, p. 155).
Prononc. et Orth. : []. Forme gourre ds BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 128 et ZOLA, Corresp., 1902, p. 8. Étymol. et Hist. Début XIIe s. gort « cours d'eau » (Saint Brendan, éd. E. G. R. Waters, 168); 1160-70 « trou d'eau » (G. DE SAINT-PAIR, Roman du Mont-Saint-Michel, éd. P. Redlich, 432); 1385 dial. des Dombes gour « tourbillon d'eau » (Doc. ms. de A. DURAFFOUR ds FEW t. 4, p. 330b, s.v . gurges). Mot actuellement particulièrement répandu le long du cours de la Loire et dans les dial. prov. et fr. prov. Du lat. class. gurges, gurgitis « tourbillon d'eau, masse d'eau; gouffre, abîme » (v. gorge, ingurgiter).)
"Bon, Stéphanie, on y va ou pas à la bibliothèque ? ça fait une demi-heure que tu dis dans cinq minutes... " Off we go, off we go...
Stéphanie - recherches brutalement interrompues... :)
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Il n'est fait mention de ce troisième poème sur Tom (ET Baie d'Or) ni dans la biographie de Carpenter ni dans la biblio fournie dans Sur les Rivages... de Vincent. Pourtant, l'entrée 1965 existe bel et bien sur quelques biblio en ligne (celle de Åke Bertenstam par exemple).
Pour information, EJK le référence aussi dans Tolkien en France (Bibliographie Chronologique, entrée 96).
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Merci pour la vérification Yyr ;-)
mais je suis encore plus rassuré depuis que j'ai le poème sous les yeux, vu que je suis parvenu à me procurer The Young Magicians ( il est beau il est beau il est beau ce poème) ;-))
S.
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mais je suis encore plus rassuré depuis que j'ai le poème sous les yeux, vu que je suis parvenu à me procurer The Young Magicians [...] ;-))
Oh ! Chouette ! Tu peux confirmer ou corriger la version que tu as donnée plus haut, alors, tu peux, dis ? :) (en particulier le 9ème vers ?)
(il est beau il est beau il est beau ce poème)
Oui :) :) :)
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Heu, oui, tout comme Yyr, s'il t'était possible de confirmer ta correction - encore que je ne vois trop ce que cela pourrait être d'autre -... De même, je suppose que pour le vers 31, au lieu de "Tom stopped and listenes, and down he knelt:", c'est plutôt : "Tom stopped and listened, and down he knelt:".
Le problème d'un si beau poème, c'est qu'on a peur de l'abimer en le traduisant... :) Mais ça avance, ça avance...
Tenez, un scoop pour "lintip" : le vieux breton a bien conservé "lin", qui signifie... "étang", tout comme en sindarin ! (cf ici) Pour le coup, que diriez vous de "Linet" pour traduire "lintip", mmh ? :)) Je garde ainsi le rapport avec le sindarin, le côté archaïsant (qui sait ce que signifie "lin" en anglais, maintenant ? Je pioche sans vergogne donc dans le vieux breton, qui n'a pas plus de signification pour nous de nos jours), et ajoute un diminutif (qui n'est pas la traduction exacte de "tip", bien sûr, mais linbout, c'est moche, et du coup "lin" ne se prononce plus pareil). Je conserve aussi la prononciation cristaline :)
Stéphanie - en coup de vent
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Les corrections bien entendu sont :
(v9) Goldberry was there in a lady-smock
(v31)Tom stopped and listened, and down he knelt:
(v41) or come in star-winks, I don't know " :
S.
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Et tant qu'à corriger, corrigeons jusqu'au bout ;-)
Je dois demander à Carpenter de pardonner mon erreur : sa bibliographie présente bien à l'entrée 1965 les poèmes Once... et The Dragon's Visit ; je ne sais pas où j'avais ma tête et mes yeux lorsque j'ai vérifié cela :-(( ...peut-être rêvant de lune, d'étoiles et de pieds nus couverts de rosée ;-)
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Voici la traduction promise. Je ne prétends pas que ce soit la version définitive, mais pour elle il faudra attendre au moins la Noël, n’ayant — hélas — plus le temps avant ces vacances ô combien languies, mais je ne voulais pas vous faire trop attendre :) Au reste, il se peut que vos remarques produisent un tilt pour les points qui me gênent encore. Et encore merci à Bertrand qui, tout aussi occupé que moi, à quand même pris la peine de me relire :)
Comme je l’avais dis, Tolkien utilise encore une fois un strong stress metre à rimes plates, ce qui me permet d’utiliser de nouveau un alexandrin non césuré, à rimes toutes aussi plates.
Il y avait plusieurs contraintes à traduire. Tout d’abord, et pas la moindre, les lintips. Comme je l’ai dit plus haut, les linets me semblent tout à fait convenir pour les franciser en gardant tant signification qu’évocation sonore. Ensuite, au niveau de la structure du poème, Once upon a time, décliné en jour, nuit et lune, qui ouvre et ferme chaque strophe. Ce parallélisme devait à tout prix être conservé. Once upon a time signifie en anglais tant « il était une fois » que « autrefois ». J’ai opté pour la formule magique traditionnelle, qui ouvre chaque conte, même si on ne la rencontre pas en guise de fermeture. Au reste, « il était une fois » renvoyant à un passé lointain sans guère de rapport avec la réalité présente, il traduit tout aussi bien l’idée d’« autrefois ». Par contre, l’effet de rime interne des premiers vers de chaque strophe (day/may, night/light, moon/june) ne peut, hélas, être conservé en français… Il y avait aussi des allitérations, que j’ai utilisé autant que j’ai pu. Ensuite, le ton n’est pas tout à fait le même, plus… contemplatif, d’une certaine manière, que ce que l’on a habituellement dans les poèmes bombadiliens. Et le poème plus difficile à traduire, même si plus court que les deux précédents… S’ensuit donc une peur de l’abîmer qui a entraîné de nombreux gribouillages, raturages et déchirages… -rements, pardon.
Autre remarque : Tolkien joue encore sur Moon/He et la Sun/She… Enfin, joue… je pense que la féminisation du soleil et la masculinisation de la lune doit être normale pour un esprit saxon (voir l’allemand die Sönne, der Mund). Mais sincèrement, pour mon esprit français, c’est une aberration, une inversion totale des rêveries, et donc, puisque Bachelard est d’accord avec moi (comme souvent d’ailleurs... Ou plutôt l'inverse, je suis souvent d'accord avec lui :o)) et qu’il ne faut pas inverser les genres de rêveries, j’ai gardé la lune.
Once Upon a Time
Il était une fois
Once upon a day on the fields of May
there was snow in the summer where the blossom lay;
the buttercups tall sent up their light
in a stream of gold, and wide and white
[5] there opened in the green grass-skies
the earth-stars with their steady eyes
watching the Sun climb up and down.
Goldberry was there with a wild-rose crown,
Goldberry was there in a lady-smock ,
[10] blowing away a dandelion clock,
stooping over a lily-pool
and twiddling the water green and cool
to see it sparkle round her hand:
once upon a time in elvish land.
Il était un jour sur les champs et prés de Mai,
de la neige en belle saison qui fleurissait ;
les hauts boutons d’or éparpillaient leur lumière
en un ruisseau doré ; dans les cieux d’herbe verts
s’épanouissaient, larges et toutes en blanc,
les étoiles-de-terre dont les regards francs
observaient le Soleil descendre et remonter.
Baie d’Or était là, encouronnée d’églantier,
Baie d’Or était là, vêtue d’une chemisette,
d’un pied de dents-de-lion elle soufflait l’aigrette,
se penchait au-dessus d’un bassin vert et frais
plein de lis d’eau, jouait de l’onde, la remuait
pour qu’elle s’éclabousse autour de sa main : plic !
il était une fois dans les contrées elfiques.
[15] Once upon a night in the cockshut light
the grass was grey but the dew was white;
shadows were dark, and the Sun was gone,
the earth-stars shut, but the high stars shone,
one to another winking their eyes
[20] as they waited for the Moon to rise.
Up he came, and on leaf and grass
his white beams turned to twinkling glass,
and silver dripped from stem and stalk
down to where the lintips walk
[25] through the grass-forests gathering dew.
Tom was there without boot or shoe,
with moonshine wetting his big, brown toes:
once upon a time, the story goes.
Il était une nuit, lueur de brune bise,
si la rosée se faisait blanche, l’herbe était grise,
les ombres étaient noires, le Soleil était couché,
et les étoiles-de-terre s’étaient fermées ;
mais les étoiles hautes brillaient dans les cieux,
et attendaient la Lune en se clignant des yeux.
Elle se leva, vit changer ses rayons blancs
sur les feuilles et l’herbe en verre étincelant,
des tiges et des chaumes elle ruisselait,
argentée, jusqu’où se promenaient les linets
par les forêts d’herbe, ramassant la rosée.
Tom était là, le pied sans botte ni soulier,
la Lune mouillant ses grands orteils bruns et nus :
Il était une fois, l’histoire continue.
Once upon a moon on the brink of June
[30] a-dewing the lintips went too soon.
Tom stopped and listened, and down he knelt:
"Ha! Little lads! So it was you I smelt?
What a mousy smell! Well, the dew is sweet,
so drink it up, but mind my feet!"
[35] The lintips laughed and stole away,
but old Tom said: "I wish they'd stay!
The only things that won't talk to me,
say what they do or what they be.
I wonder what they have got to hide?
[40] Down from the Moon maybe they slide,
or come in star-winks, I don't know":
once upon a time and long ago.
Il était une lune au tout début de Juin
pour la rosée les linets vinrent trop matin.
Tom s’arrêta, écouta et s’agenouilla :
« Eh ! Petits gars ! C’était vous que je sentais là ?
Quelle odeur discrète ! Bien, la rosée est miélée,
Buvez-la donc, mais prenez bien garde à mes pieds ! »
Les linets s’esclaffèrent et s’esquivèrent, lestes,
mais le vieux Tom dit : « J’aurais tant aimé qu’ils restent !
Ce sont les seuls êtres qui ne me parlent pas,
ce qu’ils font, ce qu’ils sont, ils ne le disent pas.
Pourquoi ont-ils dû se cacher ? Ils ont glissé
depuis la Lune peut-être, ou sont arrivés,
qui sait ! par les étoiles, dans leurs clignotements. »
Il était une fois, il y a bien longtemps.
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Comme d'habitude, Laegalad, c'est un délice.
Bravo et merci pour cette évasion.
I. encore coincé au bureau...
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Magnifique Stéphanie.
Le poème était terriblement difficile à traduire et tu t'en es superbement sortie, parvenant à conserver l'essentiel de la magie de l'original tout en introduisant une partie de la tienne (si si ;-)).
Merci beaucoup pour ce travail que j'imagine facilement long et éprouvant parfois, mais O combien exaltant.
On ne pouvait pas ne pas garder "il était un/une..." ;-))
Sosryko, heureux et reconnaissant :-))
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Je dois demander à Carpenter de pardonner mon erreur : sa bibliographie présente bien à l'entrée 1965 les poèmes Once... et The Dragon's Visit ;
fallait demander ;-)
Vincent
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Sosryko : j'ai trouvé l'année de composition de the Cat... je ne sais pas non plus où j'avais ma tête et mes yeux... mais c'est bien dans mon Carpenter aussi... :o)
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*merci* :)
[...] conserver l'essentiel de la magie de l'original tout en introduisant une partie de la tienne (si si ;-)).
Alors ce n'est pas fait exprès... mais le moyen de faire autrement, entendant toujours le chant des eaux et le susurement des feuilles ? :)
Merci beaucoup pour ce travail que j'imagine facilement long et éprouvant parfois, mais O combien exaltant.
Long, oui... éprouvant, c'était surtout les cours pendant lesquels je faisais mes essais qui l'étaient... exaltant : ah ça, oui ! Mille fois oui ! En quoi ma rêverie rejoint parfois celle terrestre quand il s'agit de modeler un vers récalcitrant, le courbant doucement, le laissant s'imaginer qu'il pourra n'en faire qu'à sa tête, et puis, dès qu'il croit que j'en ai fini avec lui, que j'ai baissé les bras, saisir du coin de l’œil la forme qu'il devrait avoir pour la lui appliquer derechef, rattraper les mots qui s'envolent comme les feuilles ! Je me suis amusée comme une folle, à laisser de nouveau mes dictionnaires quitter leur étagère à porter de main pour envahir mon bureau une fois de plus :)
Stéphanie - encore coincée au boulot... six fenêtres ouvertes par mon petit renard de feu, une seule consacrée au loisir... :( Mais je sais par laquelle je partirai ce soir, celle par laquelle on entend le Chant de Ceux-qui-sont-partis :)
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On ne pouvait pas ne pas garder "il était un/une..." ;-))
Il y a des raisons auxquelles on se rend ;-) Je suis maintenant bien convaincu que tu avais raison, Stéphanie ; comme souvent en matière de langage, il faut laisser le temps à l'insolite de s'acclimater :-)
Bertrand, qui pour sa part jongle entre les catalogues de bibliothèques en ligne (***** pour BNF-Opale, toujours surchargé !!!!) et JRRVF
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Bertrand : ah, tu vois :)
Stéphanie - passons maintenant à l'analyse pragmatique d'un corpus de critiques du Long Dimanche etc (c'est pas drôle, y'en a aucun qui le démolit dans ceux que j'ai, comment je peux laisser s'exprimer mon sacarstisme...). *gros soupir*
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Merci d’avoir donné ta voix à ce poème, Laegalad :-)
Et juste pour le clin d’œil :
(...) dans les heureux matins où je suis aidé par les poètes, j’aime à faire le petit ménage de mes mots familiers. J’administre équitablement les joies des deux genres. J’imagine que les mots ont de petits bonheurs quand on les associe d’un genre à l’autre. (...) Car les mots s’aiment. Ils ont été, comme tout ce qui vit, « créés homme et femme ».
Bachelard, La poétique de la rêverie, p. 40-41
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Up jubilaire + 30 minutes ! :-))
Comment ne pas remonter ce fuseau dans lequel Laegalad nous gratifiait d'une de ses plus belles traductions à mon goût ?
... mais bon, puisque vous savez combien je suis partial, lisez et vérifiez par vous-mêmes :-)
A compléter avec l’article auquel il avait donné lieu et accueilli sur JRRVF, désormais en ligne dans le Bois du Chancours.
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* ronronron * Merci, Sosryko :)
Et comme on parle de Tom Bombadil, cela ne saurait se faire sans crème jaune et rayons de miel ;)
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Pas d'autres raisons à cette remontée de fuseau que celles :
- d'avoir remonté ses deux grands frères : Les aventures de Tom Bombadil et Bombadil en bateau ;
- d'en féliciter pour la troisième fois la maman :).
Yyr
— trop fort en triplication ;)
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