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Pour faire plaisir à Yyr et du bien à tous, en ces temps « carnassiers », rappelons quelques raisons qui faisaient que Tolkien aimait l’Enchantement par dessus tout :
[Le] recouvrement, les contes de fées nous aident à le réaliser. De ce point de vue, seul un goût pour eux peut nous rendre, ou nous conserver, l’état d’enfance.
Le recouvrement (qui implique le retour et le renouvellement de la santé) est un re-gain – celui d’une vue claire (p.188)
Ce n’est pas seulement une « consolation » de la peine de ce monde (…) Mais dans l’« eucatastrophe », on voit en un bref aperçu que la réponse peut être plus ample – ce peut être un reflet ou un écho lointain de l’evangelium dans le monde réel. (p.201)
Tous les contes peuvent devenir vrais (p.203)
Faërie, Du Conte de Fées, Pocket
Ce qui m’a rappelé une anecdote dont je viens de retrouver la référence :
Un jour qu’on demandait à un Rabbi (dont le grand-père avait été le disciple du Baal Chem Tov) de raconter une histoire, il répondit :
Puis il fit ce récit :
rapporté par Marc-Alain Ouaknin, Mystère de la kabbale, p.137.
Sosryko
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Bonjour à tous !
Pour mon premier post sur ce forum, je cherchais un fuseau approprié. Je pense l'avoir trouvé.
Je voulais vous faire part de l'article du Dr P. Theillier, du Bureau Médical International de Lourdes. Cet article a été écrit début 2002 et fait référence à un lettre de Tolkien à son fils Christopher. Cette lettre est-elle présente dans les Letters ?
J'ai cherché sur le Net et je n'ai pas trouvé de traces de cet influence sur Tolkien.
Aussi, j'aimerai avoir l'avis des spécialistes de Tolkien sur le sujet.
Une étonnante suite de grâces
Tout le monde connaît John Ronald Reuel TOLKIEN (1892-1973) ! Beaucoup d'entre vous ont certainement lu certains de ses livres comme Bilbo le Hobbit, ou son best-seller (plus de 50 millions d'exemplaires) Le Seigneur des Anneaux. Ce dernier livre, premier d'une trilogie magistrale, a été récemment porté à l'écran (sorti en France au début de l'année).
Comme d'autres, je croyais Tolkien sulfureux, ésotérique. Or, à l'occasion de ce film, je viens de découvrir dans un article très documenté (de Didier RANCE dans L’Homme Nouveau du 6 janvier 2002), que ce créateur était un homme et un écrivain profondément catholique, qui allait à la messe tous les jours, et avait une grande dévotion envers la vierge Marie. D'autre part, un livre crée, paraît-il, en ce moment l'événement aux Etats-unis : « Finding God in the Lord of the Rings » « Trouver Dieu dans le Seigneur des Anneaux » où les auteurs, Kun Bruner et Jim Ware, s'attachent à étudier le thèmes de la foi, de l'espérance, de la rédemption, dans ces « contes fantastiques » de Tolkien.
Didier RANCE démontre que l'objectif de Tolkien en écrivant ses livres était religieux. « Le Seigneur des Anneaux traite des questions religieuses fondamentales de l'humanité réelle : la création, la chute, la mort, I 'éternité et le destin de I 'homme, et ce livre le fait, j’ose l’affirmer, dans un esprit fondamentalement chrétien, catholique et même apologétique et missionnaire, quoique d’une très grande originalité et subtilité (tout le malentendu venant peut-être de celle-ci) ». I est certain que le genre littéraire de ce livre est difficile à définir : en anglais, on dit « fairy-tales ou heroic-fantasy » traduit en français par conte. Quoiqu’il en soit, Tolkien estime que tout conte doit se terminer par une : « eu-catastrophe » finale (à rapprocher de « eu-stress » : stress heureux). Le sens de ce néologisme créé par Tolkien est facile à saisir à partir de son étymologie : l'histoire qui est racontée dans le conte doit se terminer de façon soudaine par un retournement qui procure au lecteur de la joie. Il ne s'agit pas d'un simple « happy end ». Ce retournement soudain et inattendu doit constituer une sorte de restauration de la situation originelle bonne au départ. Autrement dit, être comme un miracle.
« La naissance du Christ est l’eu-catastrophe de l'histoire du monde... la Résurrection est l'eu-catastrophe de l'histoire de l'Incarnation ». « L'eu-catastrophe... donne un aperçu fugitif de la Joie, une Joie qui est au-delà de ce monde, aussi poignante que la douleur ». La Joie que nous donne la Résurrection ou, sur un plan inférieur les miracles, écrit-il, est fondamentalement le résultat de ce qu'un rayon de la Vérité suprême vient frapper notre conscience.
Je ne peux développer plus avant son argumentation, mais voudrais en venir à une information découverte dans ce passionnant article : Tolkien, dans une lettre à son fils Christopher raconte que son souci de provoquer chez son lecteur un sentiment de joie ouvrant à la « grande Joie » de la Révélation, lui est apparu après avoir écrit Le Seigneur des Anneaux, alors qu'il écoutait un sermon dans lequel le prédicateur évoquait un miracle survenu à Lourdes en 1927, dans le train d'un pèlerinage, comme celui-ci passait à hauteur de la Grotte. Un petit garçon atteint d'une péritonite tuberculeuse et que l'on avait monté mourant dans le même wagon qu'une fillette, apprit la guérison soudaine de celle-ci dans le même train ; il se leva alors et dit : « Je veux aller parler avec la petite fille ». Il descendit de sa couche et partit jouer avec elle, totalement et subitement guéri lui aussi.
Intrigué par ce récit, vous imaginez bien que je n'ai pas tardé pour rechercher cette histoire dans les archives du Bureau. J'ai trouvé les deux dossiers, étiquetés 28018 et 28024.
Suivent des extraits des deux compte-rendu.
En tout cas, ces faits ébranlèrent suffisamment Tolkien qui écrit qu'en écoutant ce récit, il ressentit une profonde émotion d'un type tout à fait spécifique, « cette émotion particulière que nous avons tous - quoique rarement ». Et qu'alors, il comprit tout à coup ce que c'était : « Cela même que j'avais essayé d'écrire et d'expliquer dans cet essai sur le conte... Pour cela j'ai créé le terme « eucatastrophe », le soudain retournement heureux d'une histoire qui vous transperce d’une joie qui apporte des larmes (ce que j’ai déclaré être la fonction la plus haute que le conte doit produire). Et je fus conduit à cette idée qu’elle produit cet effet particulier parce que c’est un rayon soudain de la Vérité… ».
Il faut encore savoir que Tolkien fut l'instrument de la grâce pour la conversion ou le retour à la foi de plusieurs, et non des moindres. Par exemple pour John MURRAY qui, devenu jésuite, fut un des meilleurs spécialistes de saint Ephrem et des Pères syriaques, mais aussi de C.S. Lewis, professeur, écrivain, défenseur de la foi chrétienne très connu dans le monde anglo-saxon, auteur des fameuses Chroniques de Narnia.
Curieuse suite de grâces obtenues par deux guérisons d'enfants devant la Grotte de Lourdes…
Dr P. Theillier
PS. : J'avais écrit cet article fin janvier. Et voilà que, pour le 11 février, vient me voir au B.M. Sœur M. C., qui a vécu une surprenante expérience de guérison à la messe du l5 août l988, à Lourdes. Elle habite actuellement Rennes, et, en rentrant dans mon bureau, elle me met dans les mains un dossier concernant, me dit-elle, un de ses voisins de Bretagne, l'abbé Henri Mieuzet… Mon sang ne fait qu'un tour : « Henri Mieuzet ? Celui qui a guéri à l'âge de 7 ans dans le train de retour de Lourdes ? » « Oui » dit-elle, surprise de me voir si interloqué. « Il est curé près de chez moi à Saulnières en Ille-et-Vilaine. Voici la photocopie de l'histoire de sa guérison par le Dr Vallet dans son livre "La vérité sur Lourdes et ses guérisons miraculeuses", son adresse et son numéro de téléphone ».
Vous imaginez bien queue ne traînais pas pour l'appeler.
Je tombais sur la voix encore bien assurée et tonique d'un homme de 82 ans, lui-même bien étonné qu'on l'appelle de Lourdes. J'appris ainsi qu'il est revenu 32 ou 33 fois à Lourdes, seul ou en accompagnant des groupes, la dernière fois en 95. Il va prendre sa retraite définitive et espère revenir en pèlerinage à Lourdes pour ses noces de diamant (60 ans de sacerdoce). Il a, en effet, été ordonné prêtre en l943.
Comme je lui demandais s’il se souvenait de l'épisode de sa guérison, il me dit qu'il se rappelait surtout combien il eut faim, et qu'il avait dévoré un petit pain trouvé près de lui à son réveil après une nuit de train, laissé là par l'évêque de Rennes qui n'avait pas voulu le réveiller.
Il m'apprend aussi que Marie Saget n'est plus de ce monde, et qu'il ne l'a pas revue sauf à Lourdes l'année 28, quand ils étaient venus se déclarer au Bureau des Constatations.
Je lui demandais une photographie un peu plus récente… et formais le vœu de le voir en effet l'an prochain, et aussi pour les 80 ans de sa guérison en 2007.
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Tharkun,
merci pour ce beau témoignage, bienvenu sur le forum et suivant l'expression consacrée, j'espère te lire souvent
cordialement
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Salut à toi Tarkun
suivant un lien déposé par Yyr dans un fuseau traitant de Smith de Grandwood, je découvre ton message, un peu tardivement.
La lettre à laquelle il est fait référence est la lettre 89:
And the most moving story of the little boy with tubercular peritonitis who was not healed, and was taken sadly away in the train by his parents, practically dying with 2 nurses attending him. As the train moved away it passed within sight of the Grotto. The little boy sat up. 'I want to go and talk to the little girl' – in the same train there was a little girl who had been healed. And he got up and walked there and played with the little girl; and then he came back, and he said 'I'm hungry now'. And they gave him cake and two bowls of chocolate and enormous potted meat sandwiches, and he ate them! (This was in 1927). So Our Lord told them to give the little daughter of Jairus something to eat. So plain and matter of fact: for so miracles are. They are intrusions (as we say, erring) into real or ordinary life, but they do intrude into real life, and so need ordinary meals and other results. (...). But at the story of the little boy (which is a fully attested fact of course) with its apparent sad ending and then its sudden unhoped-for happy ending, I was deeply moved and had that peculiar emotion we all have – though not often. It is quite unlike any other sensation. And all of a sudden I realized what it was : the very thing that I have been trying to write about and explain – in that fairy-story essay that I so much wish you had read that I think I shall send it to you. For it I coined the word 'eucatastrophe': the sudden happy turn in a story which pierces you with a joy that brings tears (which I argued it is the highest function of fairy-stories to produce). And I was there led to the view that it produces its peculiar effect because it is a sudden glimpse of Truth, your whole nature chained in material cause and effect, the chain of death, feels a sudden relief as if a major limb out of joint had suddenly snapped back. It perceives – if the story has literary 'truth' on the second plane (for which see the essay) – that this is indeed how things really do work in the Great World for which our nature is made. And I concluded by saying that the Resurrection was the greatest 'eucatastrophe' possible in the greatest Fairy Story – and produces that essential emotion: Christian joy which produces tears because it is qualitatively so like sorrow, because it comes from those places where Joy and Sorrow are at one, reconciled, as selfishness and altruism are lost in Love. Of course I do not mean that the Gospels tell what is only a fairy-story; but I do mean very strongly that they do tell a fairy-story: the greatest. Man the story-teller would have to be redeemed in a manner consonant with his nature: by a moving story. But since the author if it is the supreme Artist and the Author of Reality, this one was also made to Be, to be true on the Primary Plane. So that in the Primary Miracle (the Resurrection) and the lesser Christian miracles too though less, you have not only that sudden glimpse of the truth behind the apparent Anankêof our world, but a glimpse that is actually a ray of light through the very chinks of the universe about us.
Quant au reste de l'article, je n'irai pas jusqu'à dire "que l'objectif de Tolkien en écrivant ses livres était religieux".
Je pense aussi que c'est là une mauvaise interprétation de ce que dit Rance en général.
Le but de Tolkien est plutôt artistique, de cet art pur et aprfait qui consiste justement à re créer l'eucatastrophe. Or, pour Tolkien cette eucatastrophe est intimement liée à sa foi, et en est même une figure. C'est donc pour cela que la foi est intimement mêlée à son oeuvre ("comme une lumière diffuse dont on ne voit pas la source", écrira un de ses lecteurs, athée), mais certainement pas so objectif.
Mais il était convenable qu'un conte parfait, selon Tolkien, soit aussi cohérent avec la foi !
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ah c'est très intéressant ça, merci, ce passage où tolkien décrit ce sentiment de joie et tristesse mélées. il y ajoute meme l'égoisme et l'altrusime mélés dans l'amour, sentiment que je n'ai pas vu dans le livre. Mais joie et tristesse, et beauté, je dois dire que ça me "puzzle" depuis longtemps dans le seigneur des anneaux, enfin il y a carrément un chapitre entier dédié à l'évoquer (lorien), et bien d'autres passages du livre. C'est un sentiment très singulier, que j'ai réellement DECOUVERT en lisant Tolkien, et ça prouve si c'était nécessaire la grande valeur littéraire et artistique de cette oeuvre. Faire éprouver des sentiments que la vie ne vous a pas faits éprouver, faut le faire non? Ca rappelle la définition ancienne du barde.
(et je ne suis pas spécialement fruste en matière de sentiments, merci. J'ai lu pas mal de trucs mais l'oeuvre de tolkien est tout à fait à part.)
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La parution de la traduction des Letters m'a permis de lire en français et en totalité cette lettre 89.
Elle est assez confuse, il faut bien le dire et Tolkien lui même s'en rendait compte... Elle est quand même significative tant de la foi de Tolkien et sa réflexion autour d’elle que de sa complicité intellectuelle et spirituelle avec son fils Christopher.
Le petit garçon, le père Henri Mieuzet, dont il est question dans cette lettre est toujours vivant. Il a, paraît-il, été très surpris d'apprendre que sa guérison avait marqué à ce point l'esprit de Tolkien.
Je me permets de lui faire parvenir une copie de cette lettre par l'intermédiaire de Sœur M. C. dont le Dr P. Theillier parlait dans son article.
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