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Une nouvelle rubrique pour éviter à Isildur d'avoir l'honneur de la tête de liste trop longtemps et pour un coup de coeur pour cette nouvelle de Faërie.
Depuis que je l'ai lue, je n'arrête pas de voir des faëries partout, et aussi des méchants Nokes, qui refusent de voir la réalité. Mes rêves sont hantés de Rois de Faërie, de fleurs en argent...
Existe-t-il une cure de désintoxycation, ou simplement une explication : Tolkien ne voulait-il pas ouvrir ses yeux à l'humanité, n'avait-il pas vraiment eu une
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Les contes de fées comme reflet de la réalité ? c'est une éventualité. Je ne pousserais pas là-dessus car je n'ai rien lu dessus mais sans doute Nokes est une figure des méchants de ce type, de même les animaux ont des caratères typiquement humains ds Les fables de La Fontaine ou les personnages dans les pièces de théatre de Molière. Il faut bien sur se garder de s'aventurer sur les contes de fées, c'est un domaine aussi périlleux que la faërie! Le meilleur texte de référence est sans doute Des contes de fées dans le recueil paru chez Pocket, je ne l'ai pas encore fini, c'est plutôt consistant ...
Désintoxication, pourquoi ? Tu as bien de la chance de rêver en Faërie.
Isil
Merci pour la place de tête remplacée mais j'ai remis ça ...
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Isildur > Le meilleur texte de référence est sans doute Des contes de fées dans le recueil paru chez Pocket,
On ne peut plus d'accord avec toi. Indispensable à lire.
D'ailleurs, faudrait vraiment qu'un jour quelqu'un nous écrive quelque chose sur ce texte pour le faire connaître et tenter d'en restituer les points importants.
Que s'en sent le courage et l'envie ? ;-)
Cédric.
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Je le cite un peu mais ne le mérite pas ... J'ai en effet arrêté la lecture au bout d'un temps pour me consacrer à autre chose d'accaparant (Céline, Voyage au bout de la nuit), tout en me disant que qqn devait en faire la synthèse et en placer un résumé sur le net.
Cela me dit bien, mais pas avant la fin des exams et ss doute même la rentrée prochaine. On pourrait alors proposer un plan avec les points essentiels, les remarques annexes et autres digressions qui s'achèvent par un "mais je m'égare" ...
Y a-t-il un texte informatique de Faërie où l'on peut faire des recherches sur le net ?
Isildur
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Le titre du fuseau convient très bien... Encore que Ferrant de Bourg-au-bois plairait peut-être mieux à Yyr ;o)
En réponse à quelques " exercices " de Yyr dans le fuseau " francophobie " (Légendaire), " exercices " dont la réponse est parfois dans l'argumentation qui les précèdent ;o), je poste ici, car on s'évade du sujet initial (l'édition de référence est celle que l'on doit à Vincent, Faërie et autres textes, éd. Christian Bourgois, 2003)
Post de Yyr du 27/01/2004 :
> Laegalad : [...] L'important n'est pas, je pense, la réalité "objective" du SdA - dans le sens où l'on peut la prouver par A+B -, mais sa réalité "subjective" - ce qu'il nous révèle de nous même, des notions philosophiques, psychologiques, théologiques en même temps que la simple envie de se promener dans un monde immense et prometteur, avec pour seul guide - et quel guide ! - une étoile sur le front.
> Yyr : [...] Mais j'irai encore plus loin : même et surtout pour comprendre le sens de Faërie il faut apprendre à connaître cette réalité subjective, que l'Enchantement éveille et fait naître en nous, et, sans les renier, se détacher suffisamment de ses références externes pour pouvoir percevoir celles de Faërie (même si ces références externes sont essentielles et ont leur rôle : voir plus loin) ... Aller, un petit exercice : Qu'emporte Ferrant dans ses voyages en Faërie ? Qu'est-ce qui lui sert de notre monde en Faërie ? :)
Au passage, c'est bien ce qu'il me semblait, Smith est laissé tel quel dans la vf... Tu m'as fais douter de ma mémoire un moment :-) Mais j'aime bien Ferrant, je garde ;o)
Qu'emporte Ferrant dans ses voyages en Faërie ? Rien, au contraire de son grand-père, le Maître Queux Rider (rajoutez " St " devant... non, c'est un hasard ;o) ?), qui partira pour un dernier voyage avec un solide bâton de frêne et un balluchon (mais est-ce pour Faërie ? Les Fronts Etoilés sont-ils autorisés à rejoindre en fin de vie le Royaume Périlleux ? Pourtant ce dernier voyage semble être compromis pour Ferrant " il sut à présent que ce chemin le ramenait à présent à la privation ", 282, " nous allons bientôt sortir de Faërie, et je ne pense pas y revenir jamais ", 283, " je ne partirai plus en voyage, Ned : pas pour de longs voyages, si tu me comprends ", 291.). Armes inoffensives, puisque les armes de guerre humaines " en Faërie n'aurai[en]t guère compté[es] ", 274.
Qu'est-ce qui lui sert de notre monde en Faërie ? Son étoile, mais si elle est présente dans notre monde, elle vient de Faërie ; ce n'est donc pas ça. En fait, la réponse doit-être " lui-même ", non ? Ce qui lui sert, ce qui le sauve, c'est sa capacité de contemplation, sa volonté de ne pas s'imposer par les armes (contrairement au narrateur de la Cloche Marine, qui par ses affirmations " Here now I stand, king of this land " finira par perdre son droit de séjour et se trouver rejeté de Faërie) mais au contraire de se poser en simple observateur. Il emporte avec lui sa générosité (il donna sa piécette d'argent du Grand Gâteau à Nell qui n'avait rien dans sa part, et aussi " le forgeron fut alors troublé, car c'était un homme généreux et il se souvenait avec gratitude de tout ce que l'étoile lui avait apporté ", 285) et ses valeurs morales (respect et reconnaissance). La seule chose du monde humain qui peut servir à l'Etoilé, c'est son âme qu'il s'est forgé lui-même.
>Yyr : Nouvel exercice : Que ramène Ferrant de ses voyages en Faërie ? :)
Ah, là, je vais pouvoir faire plus substantiel ;o)
• Visiblement, un certain pouvoir de faire des choses plus belles que les autres : Ferrant dépasse son père dans la maîtrise de la forge [petite digression : dans Mythe, Rêves et Mystère, Mircea Eliade définit une des caractéristiques des chamans : la maîtrise du feu. Quelle est la fonction des chamans ? Principalement voyager entre le monde des Hommes et celui des Esprits et des Dieux. Ferrant est un fabre, un forgeron, et il maîtrise très bien le feu, puisqu'il parvient à créer " des formes merveilleuses, qui avaient la légèreté et la délicatesse d'un rameau feuillu et fleuri, tout en conservant la force rigide du fer, ou paraissant même plus solide ", p.273. Et Ferrant est aussi un arpenteur de Faërie, qui voyage entre le monde des Hommes et celui des Elfes... Bon, on ne peut guère aller plus loin dans l'analogie : son grand-père n'était que Maître Queux... encore que les fourneaux... ;o)]. Les gens 'normaux', s'ils ne comprennent pas pourquoi les objets de Ferrant sont plus agréable à manier (ils ne (re)connaissent pas l'existence de Faërie : " Car [Ferrant] avait fait connaissance avec Faërie, [...] bien que, trop de gens étant [d]evenus comme Nokes, il en parla à peu de personne, en dehors de sa femme et de ses enfants ", 273), ne les en apprécient pas moins (" ils avaient un galbe à eux, et ils étaient bons tant à regarder qu'à manier ", 272) : ainsi le Royaume de Faërie peut-il influencer, petitement peut-être, et indirectement sûrement, la vie quotidienne de ceux qui y sont aveugles.
• Un pouvoir de chant aussi : c'est avec le chant qu'est sortie l'étoile (et le petit Tim, sitôt l'étoile avalée, " se mit à chanter doucement pour lui-même ", 299), c'est en chantant qu'il forge ses plus belles créations, et ce faisant, tout le monde s'arrête de travailler pour l'écouter (" et quand il se mettait à chanter, les voisins interrompaient leur propre travail pour venir l'écouter à la forge ", 273). Le chant est intrinsèquement lié à Faërie (" mais en Faërie, les gens chantent aussi ", 271, les premiers Elfes qu'il voit élèvent la voix en " un chant de triomphe " terrible, 275, puis dans la Vallée du Perpétuel Matin, " il entendit chanter des voix d'elfes ", 278), il est donc normal qu'il acquiert une certaine habileté dans cet art (" sa voix, qui avait commencé à embellir dès que l'étoile lui était échue ", 272). Est-ce un chant magique, un chant 'chantourneur' (ça fera plaisir à Sosryko, le mot m'évoque de moins en moins ma scie :) comme quoi, les lectures...), qu'il pratique pour protéger ses créations et leur donner pouvoir (" personne ne pouvait franchir [une de ses grilles] une fois fermée ", 273) ? Ou un simple chant pour le plaisir de chanter ? Je suis tentée de dire les deux...
• Une fleur blanche que lui offrit la Reine. Cette fleur mérite qu'on s'y arrête :
" cela paraissait un objet vu d'une grande distance, et pourtant il était là, et il en sortait une lueur qui projetait des ombres sur les murs de la pièce, déjà assombrie par le soir. 'Tu as l'air d'un géant, Papa', dit son fils qui était resté silencieux jusqu'alors.
La fleur ne se fana pas, ni ne se ternit. "
(279)
Transmise de génération en génération, elle est conservé dans un coffret, dont la fermeture ne dépend pas de ses détenteurs.
C'est un souvenir, " un don spontané " (285), au contraire de l'étoile que Ferrant ne peut conserver. Elle me rappelle étrangement la branche trouvé par Bran, fils de Fébal dans la légende irlandaise. Tombé endormi par un chant magique auprès de son domaine, il trouve à son réveil une branche d'argent avec des fleurs blanches. Une femme d'étrange vêture lui révéla que c'est une branche du pommier d'Emain, qu'elle lui apporte d'une île lointaine et enchantée (tiens donc...). Après l'avoir invité à la suivre, la jeune femme s'en va avec la branche.
Même si l'histoire est différente, la branche de pommier et la fleur de la Reine partagent quelques points communs : ce que je qualifierai de 'caractère indépendant' et leur fonction. Dans les deux histoires, la fonction de la fleur est bien de servir de preuve. De preuve que l'île existe pour Bran, de preuve que Faërie n'est pas une fable pour la famille de Ferrant. Elle n'a pas de " pouvoir magique " autre que sa beauté et son immortalité, et son aspect hors du monde (la branche de Bran aussi trouble la vision : d'après mes souvenirs, Bran n'arrive que difficilement à discerner les fleurs). Quant au caractère indépendant : les héritiers de la Fleur Vivante, s'ils peuvent ouvrir quand ils le veulent le coffret qui la contient, n'ont aucun pouvoir de décider quand le refermer (" le moment de la fermeture ne dépendait pas d'eux ", 280) ; de même, Bran ne peut retenir la branche de pommier quand l'étrange jeune femme s'en va : elle lui saute des mains sans qu'il ne puisse rien faire.
On a aussi une autre fleur dans l'histoire... une fleur qui n'en est pas une : la " babiole " que Ferrant offre au petit Tim :
"Il tira du portefeuille un objet d'argent. Cela ressemblait à la tige luisante d'un minuscule lis de l'extrémité de laquelle sortaient trois fleurs délicates, retombant comme de belles clochettes. Et c'était bien des clochettes, car, lorsqu'il les agita doucement, chaque fleur tinta d'une petite note claire. A ce doux son, la lumière des chandelles tremblota, puis brilla un moment d'une clarté blanche. [...]
'Et il y a un parfum dans les clochettes, Papa, un parfum qui me rappelle... qui me rappelle... enfin, quelque chose que j'ai oublié.
- Oui, le parfum vient un peu après que les clochettes ont tinté. Mais n'ai pas peur de le manipuler, Ned. Ça été fait comme jouet pour un enfant. Il ne pourra lui faire aucun mal, et n'en retirera pas d'avantage. "
(290-1)
Ici non plus, la fleur n'a pas de pouvoir " utile " (et encore moins pour faire le mal : " Il [l'enfant] ne pourra lui faire aucun mal, et n'en retirera pas d'avantage "). Elle est blanche, elle tintinnabule, elle sent bon. Et elle change la lumière. Tout comme la Fleur Vivante, tout comme l'Etoile. Et c'est peut-être là que réside la réponse : ce que Ferrant ramène de Faërie, c'est une façon plus claire de voir les choses. Un autre point de vue. Une vision du monde différente. " Te rappelles-tu, Papa, le jour où tu es rentré avec la Fleur ? Je t'ai dis alors que, d'après ton ombre, tu avais l'air d'un géant. L'ombre était la vérité. " (292) — c'est justement ce que tu as cité, Yyr :
Le recouvrement (qui implique le retour et le renouvellement de la santé) est un re-gain - celui d'une vue claire. Je ne dis pas le fait de « voir les choses telles qu'elles sont » pour me trouver en butte aux philosophes, bien que je puisse me risquer à dire - « voir les choses comme nous sommes (ou étions) censés les voir » - comme des choses séparées de nous-mêmes.
Faërie/121
Mais j'avance un peu dans mon raisonnement : cette façon de regarder peut être transmise, elle n'est pas échue à un seul individu. L'étoile se transmet, la Fleur Vivante aussi, et toutes les valeurs qui y sont rattachées. Voir les choses comme " séparées de nous-mêmes " : Ferrant est le premier à parvenir à le faire (lors de ses adieux à la Reine, " elle lui posa la main sur la tête, et un grand calme l'envahit ; il lui paru être en même temps dans le Monde et en Faërie, et aussi en dehors des deux ", 282), mais Nell, Nan et Ned aussi y parviennent, même s'ils n'ont pas l'Etoile (voir ci-dessus, avec l'ombre du géant).
Au passage, une chose m'intrigue : le parfum du petit lis. Ned dit qu'il lui rappelle quelque chose qu'il a oublié ; quoi ? L'odeur de la Fleur Vivante ? Il ne l'aurait pas oublié, ils ont gardé le coffret et peuvent l'ouvrir quand ils veulent. L'air de Faërie ? Mais il n'y est jamais allé... à moins que son père n'en ai ramené sur ses vêtements, mais là, pareil, le souvenir ne devrait pas être si lointain : son père est en face de lui. Avez-vous une réponse, Maître Yyr :) ?
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Très beau voyage! merci Laegalad.
Vivement la suite, et vivement que Maître Yyr revienne ;-)
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Yep, très belle analyse Stéphanie ! Ca a beau faire un moment que je réfléchis au sens de ce conte, je découvre ici plein de nouvelles pistes qui ne m'étaient jamais venues à l'esprit... et que j'ai bien envie de continuer à explorer ;-).
Intéressant aussi le parallèle que tu fais avec The Sea Bell : celui-là, j'y avais pensé mais je suis bien content de voir que je ne suis pas le seul !
argh, j'aimerais développer... mais plus tard, quand j'aurai un peu plus le temps de respirer ;-).
L., en coup de vent
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Quelle très belle surprise je trouve, de retour parmi nous, Laegalad ! ! ! :) C'est surtout une superbe lecture, et l'on devine une lumière dans tes yeux :) Je suis impressionné par ces réponses qui vont bien au-delà de ce que je pensais suggérer.
Oui, il n'y a rien qui soit propre à son monde que Ferrant puisse emmener et qui lui soit utile. Si brillant forgeron qu'il soit par exemple, le meilleur des terres de l'Est aux Bois de l'Ouest, « il aurait bien été capable, avec le temps, de forger des armes puissantes, dignes, dans son monde à lui, de former la trame de récits épiques ou de constituer la rançon d'un roi, mais il savait qu'en Faërie elles n'auraient guère compté ». Je suis bien d'accord avec toi, en ce qu'il emmène néanmoins de lui-même (et non du monde) l'aidera peut-être à faire les bons choix, mais cela restera même d'un pouvoir limité ...
Pour ce ce que l'on ramène de Faërie, je me garderai bien de dépareiller le récit de Laegalad en voulant y ajouter ou commenter quoi que ce soit. Sa lecture m'emplit de ravissement et dun si parfait contentement :) ! Je le compte au nombre des plus belles gemmes qu'il m'ait été donné ici d'admirer sans fin (et je n'oublie pas non plus le fuseau initié par Maître Sosryko de la guérison ;)). Ces gemmes, je les admire, je les médite. Et je me dis, chers amis, que nous en ferons bientôt un diadème pour notre communauté, une étoile pour jrrvf (n'est-ce-pas Laurent ? j'ai l'impression que nous pourrions bien être plus de deux à l'oeuvre :) ...).
Yyr
Laegalad : Au passage, une chose m'intrigue : le parfum du petit lis. Ned dit qu'il lui rappelle quelque chose qu'il a oublié ; quoi ? L'odeur de la Fleur Vivante ? Il ne l'aurait pas oublié, ils ont gardé le coffret et peuvent l'ouvrir quand ils veulent. L'air de Faërie ? Mais il n'y est jamais allé... à moins que son père n'en ai ramené sur ses vêtements, mais là, pareil, le souvenir ne devrait pas être si lointain : son père est en face de lui. Avez-vous une réponse, Maître Yyr :) ?
L'air de Faërie, je dirais, même s'il n'y est allé, mais pas tant à cause de son père. Ce passage ne vient-il comme en écho à celui qui montre Ferrant juste avant que l'étoile tombe de sa bouche, le matin de son dixième anniversaire, alors qu'il n'a pas encore lui-même entrepris ses voyages :
Cela me rappelle Faërie, s'entendit-il prononcer ; et en Faërie les gens chantent, aussi ". Alors il se mit à chanter, haut et clair, d'étranges paroles qu'il semblait savoir par cœur. A ce moment, l'étoile tomba de sa bouche, et il l'attrapa dans sa main ouverte. Elle était à présent d'argent brillant et étincelait au soleil ; mais elle frémit et s'éleva lentement comme pour s'envoler. Sans réfléchir, il appliqua vivement sa main contre sa tête, et l'étoile resta fixée au milieu de son front ; et il devait la porter de nombreuses années.
Les enfants, ou certains enfants, n'ont-ils pas déjà (ou encore ?) une certaine complicité avec la Faërie ? ont-ils besoin, eux, de "recouvrir une vue claire" ? Si le goût pour la Faërie nous rend, ou nous conserve, l'état d'enfance, celui-ci sans aucun doute se souvient encore du Royaume Périlleux :) ...
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Oula, tant que ça ? Mais là, ce n'est plus une simple lueur que j'ai dans les yeux, c'est un grand sourire qui... heu non, c'est toujours diablement brumeux dehors, ma chandelle n'a pas le pouvoir de la faire partir :) : le Grand Disciple Sosryko, Yyr l'Etoilé, et Finrod le Souffleur qui me félicitent ! Moi qui croyais n'avoir fait que tisser sur les pistes qu'esquissaient Yyr...
J'aime bien ton explication pour le parfum du lis... si, elle me plait. Elle me rappelle...elle me rappelle... enfin, quelque chose que j'ai oublié :) J'avais fini par penser que l'odeur était liée à ses rêves que l'on fait, dont on n'a plus souvenance au réveil, mais qui laisse une impressionnante sensation de paix que même les cours d'espagnol ne peuvent dissiper (c'est dire si je suis attentive dans ces cas-là... hmm)... mais les deux pistes se rejoignent : j'aime à penser que ces rêves-là nous emmènent près des Frontières de Faërie :) Sont-ils le propre des enfants ? Ou plutôt, de ceux qui gardent une âme d'enfant ? Chic ;)
Laegalad - qui malheureusement doit s'en aller, même si elle a encore plein de choses à dire... une autre fois peut-être :)
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Bien que je réutiliserai cette citation dans un commentaire sur Tom, il me semble qu'elle a tout à fait sa place ici, en ce lieu où l'odeur des lis nous rappelle ce que nous oublions si/trop facilement, un état d'enfance ou un besoin de félicité et de beauté :
Alors Daisuké, sans cesser d’admirer les lys, s’abandonna lui-même au parfum puissant qui emplissait la pièce. (…)
« Aujourd’hui, pour la première fois, je suis rendu au passé. À la nature », se dit-il intérieurement. Après avoir réussi à formuler ces mots, il ressentit une impression de détente et de paix qu’il ne connaissait plus depuis très longtemps. Pourquoi, se demanda-t-il, n’avait-il pas pu revenir à cet état plus tôt ? Pourquoi avait-il tellement résisté à la nature ? dans la pluie, dans les lys, dans l’autrefois revivifié, il entrevoyait une vie de paix faite de pureté et de simplicité. Dans cette vie-là, il n’y avait pas de place pour l’égoïsme intéressé ; il n’y avait ni gain, ni perte ; ni non plus de morale qui opprimait le moi. Seulement la nature, libre comme les nuages qui voguaient ou comme l’eau qui s’écoulait. tout n’était que félicité. Et donc, tout n’était que beauté.
Natsume Sôseki, Et puis, Le Serpent à Plumes, 2003, trad. Hélène Morita et Yôko Miyamoto, p.319.
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Sosryko : [...]
Ron ron :) Encore ! :) :) :)
Laegalad : - qui malheureusement doit s'en aller, même si elle a encore plein de choses à dire... une autre fois peut-être :)
J'en avais moi aussi :). Donc, juste pour les dire, ou plutôt les évoquer :
- Laegalad : un certain pouvoir de faire des choses plus belles que les autres ... Que oui ! Je ne puis m'empêcher de penser à un certain professeur de physique forgeant exercices et corrigés en y mêlant du Victor Hugo ;) ou à un informaticien, dont quelques collègues ont dit, parlant de ses programmes "c'est de l'art" :) ... et il y aura à dire sur bien d'autres choses en ce même sens, à savoir de l'importance de ce que l'on ramène de Faërie : réenchanter, ré-ennoblir le Monde !
- Et nous devrons parler, chers amis, de l'importance de la "séparation" quand Ferrant remet son étoile. Non pas une séparation définitive je crois. Mais l'importance de considérer la juste place des choses : « Non, non, fils Ferrant ! Que ceci soit un jour de fête ! Le nom de grand-père n'a pas encore affaibli mes bras pour un sou. Laisse venir l'ouvrage ! Il y aura désormais deux paires de bras pour s'y atteler, tous les jours de la semaine. Je ne partirai plus, Ned : plus en de longs voyages, si tu me comprends. » Car si les Elfes nous donnent de recouvrir une vue claire, c'est pour que celle-ci nous serve en notre Monde ... pour notre Monde ; Faërie n'est pas notre Monde, et Ferrant ni nous ne pouvons en faire notre maison. Notre place est ici, avec nos frères et nos sœurs. Et si la séparation de Ferrant avec la Faërie est émouvante, je ne puis m'empêcher d'être ému aussi de celle du Roi des Elfes avec notre Monde : lui aussi doit regagner son pays. Nous ne sommes pas faits pour vivre en Faërie ni la Faërie pour vivre chez nous. Mais, tandis que Ferrant explorait son royaume et gagnait en grâce et en poésie, "Alf" aussi venait chercher certaines choses chez nous. A chaque séparation, puissent les étoilés, forts de la confiance et de l'amitié des Elfes, redoubler de cœur à leur ouvrage en ce Monde, l'accompagner du sourire et du chant, et de redire au Monde sa Joie (pas vrai, Maître Tom ;)) ! Et puisse le Roi des Elfes rentrer en Faërie, fort de l'espoir selon lequel les Hommes sont bien appelés à guérir le Monde - et faire entrer la Faërie dans l'éternité !
Yyr
PS : Laegalad : [...] le Grand Disciple Sosryko [...] Hum :) Sosryko sert effectivement la science et c'est sa joie, mais la ressemblance avec le disciplus simplex s'arrête bien vite croyez-moi :) ... Tiens, ça m'évoque aussi (par rapport au terme) :
- Toujours par deux ils vont, le maître et l'apprenti
- mais qui était le maître ? ...
Ce qui est beau ici est que tous, chacun à son tour, est l'apprenti de l'autre ... :)
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Voilà encore un fort beau message, Jérôme, et qui rassurera sans doute notre ami Swing Kid au sujet de l’appartenance des Etoilés à notre monde ;-). Et il est clair que cette place est pleinement acceptée par Ferrant comme en témoigne le passage que tu cites.
Concernant les effets de Faërie sur le voyageur Etoilé qui a la chance de pouvoir s’y aventurer, je n’ai pu m’empêcher en te lisant de faire le rapprochement avec une très belle citation du Professeur que j’ai découverte cette semaine et qui trouvera je l’espère sa place ici (bien qu’elle soit un peu longue et en anglais) :
(Ce passage est tiré d’un Essai écrit par Tolkien parallèlement à Smith mais très peu connu car encore inédit à ce jour :-(. Seuls quelques extraits (dont celui-ci) ont été heureusement proposés par Verlyn Flieger dans son livre intitulé A question of Time: JRR Tolkien’s road to Faërie)
Faery represents at its weakest a breaking out (at least in mind) from the iron ring of the familiar, still more from the adamantine ring of belief that it is known, possessed, controlled, and so (ultimately) all that is worth being considered – a constant awareness of the world beyond these rings. More strongly it represents love: that is, a love and respect for all things, “Inanimate” and “animate”, an unpossessive love of them as “other”. This “love” will produce both ruth and delight. Things seen in its light will be respected, and they will also appear delightful, beautiful, wonderful, even glorious. Faery might be said indeed to represent Imagination (without definition because taking in all the definitions of this word): esthetic, exploratory and receptive; and artistic; inventive, dynamic, (sub)creative. This compound – of awareness of a limitless world outside our domestic parish; a love (in ruth and admiration) for the things in it; and a desire for wonder, marvels, both perceived and conceived – this “Faery” is as necessary for the health and complete functionning of the Human as is sunlight for physical life…
Laurent, qui va devoir malheureusement quitter pour cette nuit les contrées faëriques et s’en retourner vers les terres nettement plus austères de l’Economie ;-)
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Je voudrais encore ajouter une (petite) pierre au bel édifice qu’est ce fuseau en évoquant un autre don offert aux heureux Etoilés, don déjà évoqué plus haut par Yyr et Laegalad de façon implicite, mais que j’aimerais tenter d’expliciter un peu : je pense à la lumière dans les yeux du voyageur admis dans le royaume de Faërie.
Il s’agit en effet de l’une des toutes premières manifestations des pouvoirs de l’Etoile, arrivant avec le chant. Ainsi on nous dit de Ferrant qu’« une partie de la lumière de l’étoile passa dans ses yeux » (p. 272). De même, aussitôt que jeune Tim devint le nouveau porteur de l’Etoile, il est précisé qu’« une lueur ne tarda pas à briller dans ses yeux » (p. 299).
Quand on sait la place et l’importance du regard (comme le chant d’ailleurs !) dans l’ensemble de l’œuvre de Tolkien, ces phrases se révèlent loin d’être anodines et je pense que cela mérite d’être souligné. Les yeux pleins de lumière, reflétant souvent la clarté des étoiles sont sans doute la caractéristique physique elfique sur laquelle le Professeur insiste le plus, et l’un des plus surs moyens de reconnaître les Premiers Nés d’Ilúvatar (bien plus que les fameuses oreilles foliacées ;-)). Bien sûr, les Elfes rencontrés par Ferrant au cours de ses pérégrinations ne font pas exception : « ils avaient dans les yeux une lumière perçante » (p. 275) (Notons d'ailleurs que cette lueur dans les yeux en vient également très souvent dans le Conte d’Arda à caractériser aussi pour partie les Amis des Elfes).
Et cette lueur n’est certainement pas sans lien avec le gain de « vue claire » de l’Essai sur les Contes de Fées dont il est question plus haut. Voyager à travers Faërie permet indéniablement de partager certaines qualités elfiques comme le chant. Et en partageant également une sorte de regard elfique, on acquière sans doute un peu de leur pouvoir de voir les choses différemment, d’être attentif à ce qui peut paraître insignifiant aux yeux de tout un chacun. Ainsi, l’étoile au front de Ferrant passe-t-elle par exemple presque inaperçue au regard de quasiment tout le monde (à l’exception de la famille de Ferrant) : « Peu de gens du village la remarquèrent, bien qu’elle ne fût pas invisible à des yeux attentifs » (p. 272). En revanche, tous les habitants de Faërie la voient immédiatement ; elle est un signe de reconnaissance immédiat qui caractérise son porteur si bien que lorsque la Reine s’adresse à Ferrant, elle le nomme simplement « Front Étoilé ».
Comme quoi, tout est question de perspective et dépend de notre manière bien subjective de regarder le monde (celui de Faërie mais aussi celui dans lequel on vit). On nous dit au cours du conte qu’il arrive à Ferrant de consacrer tout un voyage en Faërie à l’observation d’une seule fleur. Combien d’adultes prendraient-ils cela pour pure futilité ? Mais peut-être le don le plus important que confère l’Etoile est-il de maintenir son porteur "Enchanté" devant les choses simples du monde (un coucher de soleil, le chant des oiseaux, la vue d’un arbre) quand nombre de nos semblables se disent volontiers désabusés, "désenchantés" ? Peut-être après tout est-ce là la raison pour laquelle on dit de quelqu’un dont le regard reflète la joie et l’émerveillement qu’il a "les yeux qui brillent" ? ;-)
Laurent
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En passant (Vincent si tu nous lis ...) :
Damoiselle Laegalad citait ce passage :
- Oui, le parfum vient un peu après que les clochettes ont tinté. Mais n'ai pas peur de le manipuler, Ned. Ça été fait comme jouet pour un enfant. Il ne pourra lui faire aucun mal, et n'en retirera pas d'avantage. (mon emphase)
(290-1)
Il s'agit de la traduction officielle, reproduite dans la dernière et très récente édition. Mais la vo donne :
" Yes, the scent comes for a little while after the bells have rung. But don't fear to handle it, Ned. It was made for a babe to play with. He can do it no harm, and he'll take none from it.
J'attire notre attention sur la partie mise en exergue : bien que la formulation originale puisse paraître ambigüe, je pense que c'est une erreur de traduire and he'll take none from it par et n'en retirera pas d'avantage, c'est-à-dire 'il n'en retirera rien (de bien) pour lui-même'. Je lis plutôt : 'il ne pourra faire de mal à l'objet ... non plus qu'il ne pourra en retirer (de mal) pour lui-même'. Je traduirais ainsi :
Oui, le parfum vient un peu après que les clochettes aient tinté. Mais n'aie pas peur de le manipuler, Ned. Ça a été fait pour le jeu d'un bébé. Il ne pourra pas l'abîmer, ni se blesser.
Traduction en partie empruntée à Annie Richelet dans sa sympathique édition bilingue de Smith, 1990, Presss Pocket.
Jérôme
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Figurez-vous que ce fuseau devient chaque fois plus enchanteur... L'air de Faërie, sans doute :)
Yyr : Et nous devrons parler, chers amis, de l'importance de la "séparation" quand Ferrant remet son étoile. Non pas une séparation définitive je crois. Mais l'importance de considérer la juste place des choses : « Non, non, fils Ferrant ! Que ceci soit un jour de fête ! Le nom de grand-père n'a pas encore affaibli mes bras pour un sou. Laisse venir l'ouvrage ! Il y aura désormais deux paires de bras pour s'y atteler, tous les jours de la semaine. Je ne partirai plus, Ned : plus en de longs voyages, si tu me comprends.»" Car si les Elfes nous donnent de recouvrir une vue claire, c'est pour que celle-ci nous serve en notre Monde ... pour notre Monde ; Faërie n'est pas notre Monde, et Ferrant ni nous ne pouvons en faire notre maison. Notre place est ici, avec nos frères et nos sœurs.
Ce qui me rappelle le passage le plus émouvant, selon moi, du Dernier navire :
Firiel looked from the river-bank,
one step daring;
then deep in clay her feet sank,
and she halted staring.
[85] Slowly the elven-ship went by
whispering through the water:
"I cannot come!" they heard her cry.
"I was born Earth's daughter!"
ATB, p 424
Née Fille de la Terre, Firiel ne peut rejoindre les Elfes pour un voyage sans retour. Et il semble en être de même pour les autres humains (donc le Maître Queux n'est pas parti pour Faërie... encore que... ce qui me titille, c'est que dans le SdA, Bolbi, Sam et Frodo, de même que Gimli, peuvent rejoindre les Terres Immortelles pour y finir leurs jours. Mais ici, non, les mortels restent et demeureront chez les mortels. Remarquez, ça ajoute une note de douce-amère pas désagréable, mais c'est peut-être mon goût pour les histoires qui ne finissent pas totalement bien, ni complètement mal).
Mais là, avec cette fin, Tolkien me semble se poser en contre-pied de la plupart des contes traditionnels que j'ai pu lire, où les héros peuvent retourner en Faërie (Bran, par exemple, ou Arthur accueilli en Avalon. Il est vrai qu'on a le contre-exemple d'Oisin qui finira par mourir sur sa terre natale) : je vais prendre pour exemple le cas de Tom dans le conte Ecossais Tom le Poète (la seule version que j'ai sous la main est Histoires merveilleuses des cinq continents, " Sur les routes, l'aventure ", par Ré et Philippe Soupault, éd. Pocket Junior – ne riez pas ! :o), ce qui m'embête bien parce que j'ai souvenance d'en avoir lu autre autre version qui faisait durer le plaisir plus longtemps... mais impossible de me rappeler où). Je raconte brièvement l'histoire, je ne sais pas si le conte est bien connu :
un jeune, beau, intelligent et tutti quanti seigneur, nommé Tom, se promenait dans son bois quand il entendit... je vous le donne en mille : une très douce musique. Apparaît alors une très belle chasseresse, blonde évidement expliquez-moi pourquoi les brunes ont toujours les rôles des sorcières..., de riche vêture et harnachement, qui s'arrête devant lui. Et lui, subjugué de tant de beauté, oublie ses bonnes manières, la prend dans ses bras et l'embrasse. La belle n'étant pas du genre à se laisser faire (accessoirement, c'est la Reine des Fées, mariée au Roi des Fées), elle se transforme immédiatement en vilaine carabosse à verrues et cheveux filasses, et lui annonce qu'il sera obligé de la servir pendant sept ans. Ils traversent ce que Tom croit être un désert, jusqu'à ce que la Reine lui dise de mettre sa tête (à lui Tom) sur ses genoux (à elle la Reine) pour qu'il puisse voir " ce que les yeux des mortels ne distinguent pas " : et voilà que trois routes se profilent devant eux : une belle large et droite (que tout le monde prend et qui ne mène nulle part), une étroite, sinueuse et bordée d'épine (qui mène au royaume du bonheur éternel mais que peu de gens prennent) et enfin une troisième, très belle, champêtre, bordée de fleurs, de fougères et de genêts. Cette dernière, aucun mortel ne peut la choisir, car c'est le chemin d'accès au royaume de Faërie. Tom pourra y aller et en revenir, à condition qu'il reste silencieux. Ils chevauchent un temps indéterminé (essentiellement parce que Tom s'est évanoui dans les jupes de la Reine en croyant se noyer dans la nuit), ils parviennent à un château où la Carabosse devient de nouveau belle dame. Tom demeure sept ans là-bas (qui ne lui paraissent que trois jours), à la fin la Reine lui fait don de : la vérité, la clairvoyance, la poésie, et d'une harpe. Tom retourne donc chez lui, y passe un certain temps, acquiert sa renommée, puis une nuit, un cerf et une biche aussi blancs que la neige semblent l'attendre près du fleuve. Tom les y rejoint, on les voit se jeter dans l'eau, et aucun ne revint au château. " Chacun savait bien qu'ils avaient rejoints le château de la Reine des Fées ".
Ce conte est un peu moins " épuré " que celui de Tolkien. Mais on y retrouve quelques points communs : la musique, annonciatrice de la venue de la Reine et inséparable de Faërie, la " clairvoyance " que l'on acquiert au Royaume Périlleux (et des mains de la Reine, qui plus est : cf. le passage déjà cité : " elle lui posa la main sur la tête, et un grand calme l'envahit ; il lui paru être en même temps dans le Monde et en Faërie, et aussi en dehors des deux ", 282 pour Ferrant, et... non, pas des mains, des genoux de la Reine pour Tom, à la croisée des chemins. Mains comme genoux sont, d'après mon dictionnaire des symboles, symbole de puissance) (mais je n'ai trouvé aucune mention dans Tom le Poèteà une quelconque lumière dans les yeux), l'accès limité au royaume de Faërie (limité aux détenteurs de l'Etoile, ou à ceux accompagnés de la Reine), et aussi accès limité à l'intérieur de Faërie, ou plutôt, certaines régions de Faërie sont accessibles à la condition que le héros ne sache pas comment (pour Ferrant, c'est l'accès à l'Arbre du Roi, qu'il ne trouva qu'une seule fois après avoir erré dans le brouillard, et celui où se tient la Reine lors de son dernier voyage : " sa vue avait souvent été obnubilée par le brouillard ou par l'ombre ", 280 ; pour Tom, il s'évanouit de peur dans les jupes de la Reine alors qu'ils semblent se noyer avant d'arriver au palais de la Dame).
Remarque au passage : une des caractéristiques les plus fréquente des contes traitant de Faërie, à savoir un écoulement du temps plus rapide, ne se retrouve pas dans Ferrant de Bourg-au-bois. Cependant, on en est victime en Lórien, (L2C9, " You'll remember, Mr Frodo, the Moon was waning as we lay on the flet up in that tree: a week from the full, I reckon. And we'd been a week on the way last night, when up pops a New Moon as thin as a nail-paring, as if we had never stayed no time in the Elvish country. ", p.379 de l'édition Harper Collins avec Gandalf en couverture :)... Désolé pour l'anglais, j'ai prêté mon édition française)
Je reviens sur le lis :
Laegalad: Au passage, une chose m'intrigue : le parfum du petit lis. Ned dit qu'il lui rappelle quelque chose qu'il a oublié ; quoi ? [...]
Yyr : L'air de Faërie, je dirais, même s'il n'y est allé, mais pas tant à cause de son père. Ce passage ne vient-il comme en écho à celui qui montre Ferrant juste avant que l'étoile tombe de sa bouche, le matin de son dixième anniversaire, alors qu'il n'a pas encore lui-même entrepris ses voyages :
« Cela me rappelle Faërie, s'entendit-il prononcer ; et en Faërie les gens chantent, aussi 0187. Alors il se mit à chanter, haut et clair, d'étranges paroles qu'il semblait savoir par coeur. A ce moment, l'étoile tomba de sa bouche, et il l'attrapa dans sa main ouverte. Elle était à présent d'argent brillant et étincelait au soleil ; mais elle frémit et s'éleva lentement comme pour s'envoler. Sans réfléchir, il appliqua vivement sa main contre sa tête, et l'étoile resta fixée au milieu de son front ; et il devait la porter de nombreuses années
Les enfants, ou certains enfants, n'ont-ils pas déjà (ou encore ?) une certaine complicité avec la Faërie ? ont-ils besoin, eux, de "recouvrir une vue claire" ? Si le goût pour la Faërie nous rend, ou nous conserve, l'état d'enfance, celui-ci sans aucun doute se souvient encore du Royaume Périlleux :) ...
Tout ça s'est trottetourné dans ma tête, et je me demande... oui, si l'étoile n'est pas nécessaire pour pouvoir continuer à errer sans danger en Faërie après l'enfance...
Le passage que tu as cité, Yyr, se déroule quand Ferrant a dix ans (" le garçon se leva avant l'aube, car il n'avait pas envie de dormir : c'était son dixième anniversaire. ", 271). A dix ans, on commence à quitter l'enfance. Et c'est à ce moment que l'étoile se révèle, et qu'elle " s'élève lentement comme pour s'envoler ". C'est à ce moment que Ferrant fait ce geste vif qui lui gardera la porte ouverte pour Faërie. Ne l'aurait-il pas fait, qu'il n'aurait plus été protégé des Maux Mineurs et des Maux Majeurs, quand bien même il aurait pu retourner au pays féerique (quels sont ses Maux Mineurs et ses Maux Majeurs, j'ai une vague idée en tête, mais je la laisse mûrir).
Et voilà peut-être pourquoi le lis rappelle une odeur oubliée à Ned : lui n'a pas eu d'étoile à dix ans pour lui permettre de voyager encore au Royaume Périlleux (à l'épisode du lis, il est adulte déjà) ; il a pu le faire durant l'enfance, mais plus ensuite. Et il a besoin de son père pour se rappeler de Faërie (" Tu as encore beaucoup de choses à m'apprendre, si tu en as le temps, tu sais, Maître Forgeron. Et je ne pense pas seulement au travail du fer. ", 291).
Quant à ta remarque dernière, Yyr, je n'avais pas compris la même chose que toi : plutôt que le pitchoun ne pourra pas faire de mal à l'objet et que l'objet ne pourra pas lui faire de mal... non ?
Yyr : Traduction en partie empruntée à Annie Richelet dans sa sympathique édition bilingue de Smith, 1990, Presss Pocket.
My Precioussss :) Pourvu qu'on n'ai pas oublié de balizzzzz
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ben si........ pff
[ÉDIT 2020 (Yyr) : une bonne étoile est repassée par-là ;)]
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Laegalad> dans le SdA, Bolbi, Sam et Frodo
Hi hi ! C'est Bilbo que tu risques de vexer cette fois si tu le confonds avec Bolbi ! ;-p
L., en coup de vent
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Eh bien décidément, encore un fort beau voyage et la découverte d’un conte que je ne connaissais pas :-) ! Je vais profiter d’avoir (un peu) plus de temps que tout à l’heure pour répondre à une de tes remarques :
Laegalad> Remarque au passage : une des caractéristiques les plus fréquente des contes traitant de Faërie, à savoir un écoulement du temps plus rapide, ne se retrouve pas dans Ferrant de Bourg-au-bois. Cependant, on en est victime en Lórien.
Ici encore, l’Essai inédit de Tolkien sur Ferrant (cf. plus haut) apporte un éclairage assez intéressant sur les rapports géographiques et temporels existant entre notre monde et Faërie (rhâââ… va-t-il un jour être enfin publié dans son intégralité ?) :
“It is […] necessary that Faery and the world (of Men), though in contact, should occupy a different time and space, or occupy them in different modes. Thus though it appears that Smith can enter Faery more or less at will (being specially favoured), it is evident that it is a land or, world of unknown limits, containing seas and mountains; also it is plain that even during a brief visit (such as one on an evening walk) he can spend a great deal longer in Faery than his absnce [sic] counts in the World; on his long journeys an absence from home of, say, a week is sufficient for exploration and experiences in Faery equivalent to months or even years.”
Et on trouve un peu plus loin:
“As for place. Entry into the “geographical” bounds of Faery also involves entry into Faery Time.”
Ainsi donc, il apparaît que si l’écoulement plus rapide du temps que l’on constate traditionnellement lors des voyages en Faërie (comme l’a bien montré Stéphanie) n’est pas mentionné directement dans Ferrant, il n’en était pas moins bel et bien présent dans l’esprit de Tolkien lorsqu’il a rédigé ce superbe conte :-).
Laurent
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(Et d'un plantage de balises aussi... argh... dire que ça ne m'était encore jamais arrivé ! Je ne pourrai plus le dire ;-p)
[ÉDIT 2020 (Yyr) ;)]
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Merci beaucoup, Stéphanie & Laurent ! :)
Laegalad : Quant à ta remarque dernière, Yyr, je n'avais pas compris la même chose que toi : plutôt que le pitchoun ne pourra pas faire de mal à l'objet et que l'objet ne pourra pas lui faire de mal... non ?
A partir de "et n'en retirera pas d'avantage" tu parviens à cette interprétation, dis-tu ? Alors ça vient peut-être de moi :) qui ne parviens pas à lire cette traduction autrement que "et n'en retirera pas de bien pour lui-même", posant naïvement 'avantage = bien' ; où commets-je mon erreur ?
Laegalad : > [...] Presss Pocket.
My Precioussss :) Pourvu qu'on n'ai pas oublié de balizzzzz<
Non mais dites jeune fille, qu'est-ce donc là ?! :) :) :) Vous raillez vos aînés ? :) Rappelez-vous ce qu'il advint de l'impudent Joukahainen ... :) déjà vos sortilèges vous trahissent et entremêlent vos paroles en formes insensées :)
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pas d'avantage = pas plus... ou c'est une expression régionale ?
"Il ne pourra lui faire aucun mal, et n'en retirera pas d'avantage" signifie donc pour moi "il ne pourra lui faire aucun mal, et n'en retirera pas plus".
Et c'est pô gentil de se moquer des jeunes pousses... moi, me comporter comme Jouka le Jeune ? Moi ? mais où avez-vous vu ça, mon cher Ainé :)... c'était juste un petit rayon de malice :) :) :)
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Beau fuseau. :)
En passant:
pas davantage = pas plus
pas d'avantage = pas de bien pour lui-même
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Laegalad : Et c'est pô gentil de se moquer des jeunes pousses... moi, me comporter comme Jouka le Jeune ? Moi ? mais où avez-vous vu ça, mon cher Ainé :)... c'était juste un petit rayon de malice :) :) :)
Hi ! Hi ! C'était un peu fort, je le reconnais, et confesse ma propre malice :)
Laegalad : pas d'avantage = pas plus... ou c'est une expression régionale ? [...]
Oui, mais celle-ci ne s'écrit-elle pas "davantage" et non "d'avantage" ? (à vérifier sur un dictionnaire, ce que je n'ai pas fait car, je dois l'avouer, assez sûr de cela (à tort peut-être nous verrons) ; je m'y emploierai dès que possible)
... ah, stop : comme je suis réveillé ce matin :) la bonne idée d'actualiser le fil avant de poster me fait lire l'intervention de Semprini (merci du compliment, Semprini :)). Or donc, il semble bien qu'une erreur ait été faite dans la traduction (sans doute d'ailleurs plus un moment d'inattention de la part du traducteur à cause de la proximité de ces deux formes).
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Bon, ben j'avais perdu mon français alors :)... c'est donc bien une erreur :) (merci Semprini)
Laegalad - de retour d'une escapade lyonnaise... très instructive (n'est-ce pas Laurent ? :o))
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instructive... et bien motivante pour continuer à pousser plus avant les études faëriques initiées ici ! ;-)
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Il ne me semble pas que quelqu'un en ait déjà parlé ici, donc je m'en occupe, et j'en profite pour remonter ce fort joli fuseau... :)
Laurent parlait donc d'un essai inédit de Tolkien, en ces termes :
Finrod >> Ici encore, l’Essai inédit de Tolkien sur Ferrant (cf. plus haut) apporte un éclairage assez intéressant sur les rapports géographiques et temporels existant entre notre monde et Faërie (rhâââ… va-t-il un jour être enfin publié dans son intégralité ?)
Eh bien, il semblerait que oui. :)
Un nouveau livre vient de paraître, édité par Verlyn Flieger, sous le nom de Smith of Wootton Major — Extended Edition
Voici les textes que l'on peut y trouver :
- Smith of Wootton Major, bien sûr.
- Afterword by Verlyn Flieger.
- Genesis of the Story.
- Tolkien's draft introduction to The Golden Key.
- Time Scheme and Characters.
- Suggestions for the ending of the story.
- SoWM essay (une vingtaine de pages).
- Hybrid draft and transcription of "The Great Cake".
- Lake of tears drafts and transcriptions.
L'ensemble donne une livre d'environ 150 pages, que l'on peut librement commander, je pense, bien que, en ce qui me concerne, j'aie pu me le procurer chez W.H. Smith à Paris pour un prix quelque peu... exorbitant, soit dit en passant -- de près de 30 euros.
Je n'ai pas encore eu le temps d'y toucher, mais je pense qu'il méritait que l'on en parle... ;o)
C.
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Oh que oui ! Pour ma part, je l'ai commandé à alapage, je l'ai eu pour 22€, et en plus, en 10 jours :) Mais on en avait déjà parlé ailleurs (je veux dire, de notre impatience. C'est vrai que depuis que je l'ai, je n'ai plus beaucoup de temps, je n'en ai pas parlé non plus en public... en privé, si :)) (et aussi, on en a parlé avant l'intervention d'un certain kolio... enfin je veux dire, à partir de là, vous n'êtes plus obligé de lire, quoi) (et au passage, je retire ce que je disais sur mes craintes, j'avais cruellement manqué de foi, je m'en repend, mea culpa, la conclusion de l'essai sur Faërie est MAGNIFIQUE, magnifique, tolkienienne et bachelardienne, donc par la même occasion me plait énormément, parce que je suis farpaitement d'accord ! Quelle magnifique ouverture !) (quatrième parenthèse, privée : Mélilot, je t'en parlerai, j'ai reçu ton courriel, mais en vérité je devrais travailler sur les pratiques culturelles anglo-saxones, ça me lourde mais on commence à être à court de temps, vu que le prof a avancé de deux semaines la date butoir... et on n'avait pas fixé notre emploi du temps pour ça, donc... a bit of stress anyway...)
Le champ est libre pour des tas d'explorations enchantées, certaines de mes intuitions étaient fondées, les autres n'ont pas de réponse clairement définie (c'est bien aussi :)), mais waaaaou !!! J'aime cette conclusion... je devrais même la calligraphier, tiens, si j'avais le temps :)
S.
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Up jubilatoire... heu... jubiléen... non, jubilaire (c)Silmo...
Et j'en profite pour signaler, à ceux qui ne le savent pas déjà, que Tolkien on Fairy-stories paraîtra dans... 5 jours si tout va bien (enfin ! En tout cas, maintenant, on sait quelle tête à la très jolie couverture, c'est bon signe :)).
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Quelques liens, pour signaler :
le fuseau qui a prolongé la présente discussion : Le lac et le bouleau dans Smith ;
la parution de la traduction (entreprise ici) de l'essai consacré à Smith au sein du très excellent Arc et le Heaume - Hors-série : Tolkien 1892-2012 ;
NB : la conclusion n'est pas calligraphiée, mais je ne vois pas comment taquiner Dame Lægalad après un tel cadeau de sa part ;).
Yyr
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Le site de Tolkiendil indique que "pour des raisons légales... " la traduction de l'essai consacré à Smith a été retirée du hors-série.
Peut-on encore lire cette traduction quelque part ?
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Pour ne pas poser la question sur Tolkiendil, du coup ?
Quoiqu'il en soit : https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.php?id=3068
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Pour ne pas poser la question sur Tolkiendil, du coup ?
Quoiqu'il en soit : https://www.jrrvf.com/fluxbb/viewtopic.php?id=3068
Merci pour ta réponse !
Pourquoi ici plutôt que sur Tolkiendil ?
- je lisais le présent article de Smith ici même
- présent article qui renvoyait à Tolkiendil pour commander le hors-série en question
- site qui indiquait que la traduction avait été retirée...
- je n'ai pas de compte sur Tolkiendil
- j'étais certain d'avoir une réponse sur jrrvf ^^
cqfd ;-p
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