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Bonjour à tous!
Comme ça fait très longtemps que je ne suis pas passé vous voir et que je n'ai pas le temps hélas de débattre sur le légendaire (mais je ne désespère pas de revenir un jour... :-)), je me suis dit que cette petite fantaisie "pseudo-borgésienne" si je puis dire, qui m'est venue au détour d'une page blanche aucunement prévue à cet effet, un de ces soirs où l'on cherche tout pour éviter le travail que l'on doit faire... :-), je me suis dit, donc, qu'elle pourrait peut-être vous amuser! Avant de venir plus souvent (cet été?) vous croiser virtuellement, je me contente de ce petit bonjour maglorien! :-) Salut les anciens! (et les nouveaux aussi)
à bientôt,
Cirdan
Fragment de la "Noldolantë"
A la lourde chaleur de l'été qui berçait d'un rythme très lent la prospère Minas Tirith, on trouvait ici un contrepoint de fraîcheur et de pénombre. Les longues fenêtres aux volets entr'ouverts laissaient deviner, dehors, la lumière éblouissante d'un après-midi sec et étouffant. Le directeur de la bibliothèque écoutait avec une attention extrêmement soutenue les propos d'un homme d'une soixantaine d'année, moins grand que lui mais beaucoup plus trapu.
Plutôt bâti, en fait, à la manière d'un gardien de la citadelle qu'en l'idée commune que l'on se faisait d'un éminent spécialiste de la poésie en Haut-Elfique, Gundor de Pelargir était reconnu comme le seul Atani du royaume à pouvoir utiliser le quenya à sa guise comme d'une langue vivante maternelle. Ses vastes connaissances linguistiques l'avait amené à devenir le professeur attitré de la famille royale, mais l'âge avançant, il avait demandé au roi de retourner dans sa ville natale, ce qui fut accepté, bien qu'à contrecur étant donné l'apport sans égal de cet homme à la vie culturelle d' une citadelle embourbée depuis la chute de Sauron dans une sufisance inquiétante.
Le directeur de la bibliothèque savait donc pertinemment que si Gundor était revenu après plus de quatre ans d'absence à Minas Tirith, cela ne pouvait être sans lien avec la fracassante découverte, l'année passée, de nombreux manuscrits de tout premier ordre dans la forêt bordant la mer de Rhûn.
La découverte en était due à une troupe de voyageurs gondoriens, qui s'étaient éloignés par un soir d'ivresse de l'auberge naine située entre la forêt et l'extrémité nord-ouest de la mer intérieure. Leurs errances nocturnes dans les bois luxuriants les amenèrent à y dormir. Mais le lendemain, tandis qu'ils rebroussaient chemin, l'un d'entre eux, peu habile à s'orienter s'égara et pris une direction opposée. Deux jours durant, il marcha vers le nord en se nourrissant de racines et de baies. C'est au soir du deuxième jour qu'il découvrit une hutte délabrée. Ce ne fut que bien plus tard qu'il parvint à retrouver (par un hasard miraculeux compte tenu de son inexpérience certaine de la grande forêt) l'auberge des Naugrim. Dans son sac se trouvaient des manuscrits parfaitement lisibles de vers narratifs en Haut Elfique.
La découverte était sans précédent : un manuscrit de la Noldolantë de la main de son auteur datant probablement de l'arrivée d'Eorl en Calendardhon. Jusqu'ici les vers magloriens les plus tardifs remontaient à la fin du Premier Age, juste avant la disparition des dernières traces de lauteur dans les terres orientales ; ils constituaient de courts poèmes méditatifs sur le Grand Thème et l'inaccessibilité des Enfants d'Iluvatar au sentiment d'appartenance à celui-ci. Maglor y mettait en avant l'idée que les règles harmoniques d'Eru, indépendamment de l'action de Morgoth défiaient la conception elfique de la beauté ce qui, par voie de conséquences, remettait en cause cette dernière.
Mais les nouveaux manuscrits rompaient une tradition critique en ce qu'ils démontraient que Maglor n'avait encore pas quitté son Hroa à la fin du Troisième Age et surtout qu'il était revenu sur son grand poème épique dont la dernière version connue jusqu'alors remontait à Dagor Bragollach. La présente situation redéfinissait le grand poème inachevé de la culture noldorine en une immense architecture qui s'ouvrait dans la nuit d'Aman et s'achevait à la mort de Maedros.
Gundor de Pelargir sortit des feuilles de son sac écrites en Occidentalien. "Voici ma traduction
donc
de la nouvelle version de l'ouverture. Il me semble primordial que la population gondorienne puisse avoir un aperçu dans notre langue de la poésie de Maglor dans l'achèvement suprême de la Noldolantë. Bien sûr, mes propres vers, la qualité inférieure de lOccidentalien, tout cela constitue des facteurs atténuant très largement la valeur originale du poème; mais... malgré tout... il y a beaucoup de notre propre histoire dans celle des Noldor. Et les mots de Maglor, vont au coeur de ce drame que Minas Tirith, dans une tendance parfaitement compréhensible mais dangereuse, cherche à oublier dans la lumière estivale." Toute une longue minute, il se tut. On entendait des enfants jouant en saspergeant deau auprès d'une fontaine qui faisait le croisement de deux ruelles en contrebas.
Assez abruptement, lhomme éleva une voix douce, consciente et triste:
"De la perte sans nom, celle d'une lumière;
De l'heure où ma parole, en écho à une autre,
A répété des mots de douleurs à venir;
De la sûre froideur qui gouvernait mon bras
Quand la lame il saisit pour parler à ses frères;
Nienna, fasse que, malgré les dissonances,
Ma voix, sans s'effacer, puisse en conter la nuit.
O Noldor... Je ne puis écrire que notre Chute,
Car aux jours de la joie, étions-nous Noldor?
Le coeur a oublié ce que le fëa garde,
Et loeil du souvenir se trouble et se révulse.
Des rires résonnant un doux soir sur Tirion;
Du léger vent de vie qui berçait la colline;
Des ruisseaux, scintillants de couleurs ineffables,
Qui couraient vers les pieds de hauts pics bienveillants
- tes neiges, Pelori, perdent leur pureté
Dans mes mots abîmés, fils dun ailleurs déchu! - ;
De tout cela
rien quun souvenir absurde
Je ne puis rappeler la vérité trop dense.
Toi, dont la larme a lavé le plus noir charbon,
Accompagne mon chant, Nienna, maintenant,
Car il me faut entrer dans cette longue nuit."
- Mais il s'agit d'une véritable réécriture! s'écria le bibliothécaire, stupéfait.
- En effet, appuya Gundor, comme vous pouvez le remarquer, la fureur poétique inhérente au style de Maglor, est parfaitement absente de l'ouverture de cette version. On la retrouve bien, ne vous inquiétez pas! et ce, dès avant le second chant, mais elle semble s'être déplacée... vers un nouvel objet de rancoeur que je vous laisserai découvrir à la lecture
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Mais pourquoi pas une nouvelle ? Les nouvelles peuvent être courtes, ça ne les empêche pas d'être qualité... J'adore ces discussions savantes sur les traditions poétiques, c'est très réaliste, très... très... J'aime :)
Bon retour dans la Dernière Maison Simple, ô Cirdan !
S. -- Et je chante pour moi car ça me fait plaisir et je chante aussi pour toi !
Je chante aussi pour toi qui as trouvé un p'tit chat.
Et je chante pour les p'tits chats pour moi car ça me fait plaisir et je chante aussi pour toi !
Je chante aussi pour toi qui voudrais un chien qu'aboie.
Et je chante pour les p'tits chats, les chiens qu'aboient, pour moi car ça me fait plaisir et je chante aussi pour toi !
Je chante aussi pour toi qui veux adopter des oies.
[...]
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Merci Laegalad! Si ce petit jeu t'as plu ça justifie déjà son envoi, ce qui ne m'apparaissait pas comme une évidence au premier abord! Il faudrait bien sûr revoir plusieurs phrases un peu lourdes et pas mal d'autres trucs, mais je n'en n'aurais sans doute pas le temps. Il me faut retourner à mes travaux divers, ma langue d'oc, ma zique, mon article sur Gilles, etc... mais ton encouragement me touche...
Cirdan (qui, faute d'apprécier la race canine et les oies beuglantes, adore les chats :-))
Ps: A Silmo, s'il passe par là, et aux autres amoureux du ballon ovale : quel dimanche radieux! le XV d'Eriador a mis une sacrée br... à des numénoréens, de plus en plus décadants, n'est-ce pas? :-)
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"Un article sur Gilles" ? Tar Palantir ???
La chanson, c'était des Ogres de Barback, sur le mode des chansons où tu rajoutes toujours un mot à la structure de base, jusqu'à n'en plus finir. J'étais en train de l'écouter quand j'écrivais ; un super groupe, et sur le cd avec la Fanfare du Belgistan, y'a beaucoup de flûte -- et la flûte, comme chacun le sait, c'est BEAU (nan je suis pas partiale :)).
Et le rugby, Yachvili est un as *ronronrrron* :) Dominici aussi d'ailleurs... On a quand même une belle équipe, je trouve :op
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Cirdan,
je passe en coup de vent et n'ai pas le temps de lire les nouveautés du forum que j'ai loupées depuis le début du mois.
J'imprime ce fuseau pour lire ta prose plus tranquillement ce soir.
Content de te voir reposter en ces lieux :-)
Silmo
PS: Hourra pour le XV d'Eriador! ... devant des numénoréens méconnaissables.
Ca pourrait être bon pour le WE prochain, même s'il ne faut jamais vendre la peau d'un Béornide... le golavérage est à notre avantage et nos valeureux guerriers sont assurés de ne pas jouer sous la pluie (z'aiment pas ça). Reste à prier pour qu'ils ne nous fassent pas des grosses boulettes et que leurs adversaires ne jouent pas mieux que dans leur match nul face aux Suderons (au passage, je suis bien content pour ces derniers).... :-)
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Silmo : "Reste à prier pour qu'ils ne nous fassent pas des grosses boulettes et que leurs adversaires ne jouent pas mieux que dans leur match nul face aux Suderons (au passage, je suis bien content pour ces derniers).... :-)
Suderons cornaqués par un hobbit jadis des plus pugnaces ! (ceci expliquerait-il en partie cela ?):D
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Hééé Cirdan, ravi de te revoir par ici ;-))
Je ne sais pas pourquoi, la première de ta nouvelle m'a évoqué ce vers très célèbre (et pas forcément pour le poème lui-même...) de Verlaine =>Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon coeur
D'une langueur
Monotone.
A bientôt,
Cédric.
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C'est beauuuu! Quel dommage que ca se coupe dans la lancee... Tu pourrais pas faire une suite?
FdN.
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J'appuie FdN à 200% :-)
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Salut Cédric! A qui le dis-tu : je suis aussi très heureux de pouvoir te croiser, même si c'est un peu rapide!
Merci à Feuille de niggle et Dior pour les encouragements! C'était inachevé d'avance, si j'ose dire et puis Y revenir? Rien n'est moins sûr, ça m'est venu trop facilement, c'est après que les choses se cpompliqueraient, et commej'ai beaucoup trop de travail... Peut-être un jour, qui sait, mais pas avant un long moment, et puis les plus joyeux amusements ont une fin, ce petit jeu ne doit pas aller trop loin... Je ne voudrais pas devenir sacrilège...:-) Arda, n'est pas mon pays d'exploration! Je ne suis pas Eriol/Tolkien, moi, pour explorer Ossiriand ou Tol Eresseä comme on traverse la salle à manger! Disons que j'en suis juste un riverain et parfois un visiteur en rêve... c'est tout, mes lubies ardéennes ne sont guère que des sortes de "peut-être", des "et si..." parmi d'autres... Je n'invite pas à multiplier ce genre de textes... Je réitère donc, je préfère considérer ça comme un joli pastiche que comme une nouvelle, j'espère que vous comprenez pourquoi!
à bientôt
Cirdan (Laurent)
PS: Laegalad > j'aime vaiment bien les Ogres, ils sont de vers Cergy-Pontoise et je les ai souvent vu là-bas, je ne me souvenais pas de cette chanson. Pour la flute, rien ne vaut la flûte jaz (moi aussi je deviens partial!) James Spaulding, Yusef Lateef et le grand Eric Dolphy, ah! si ça sonne pas violemment tout ça!!
PPS: Salut Silmo! rien n'est joué, en effet!
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Rhâââ, en flûte, moi, je ne peux pas choisir, je les veux toutes, et surtout les traversières ! Mon amour actuel est ma flûte irlandaise, qui fut l'objet de la Queste de la Flûte d'Ebène lors d'un Naheulbeukèvala mémorable, mais dès qu'un son flûté s'élève, me voilà avec le sourire... Et dès qu'une flûte me passe sous le nez, il faut que j'en tire un son. Tiens c'est malin, j'ai envie de sortir les miennes maintenant, alors que j'ai du boulot à faire :( Une jigue irlandaise, là, ça m'irait bien...
Merci pour ces trois artistes que je ne connais pas encore... parce que le jazz aussi, c'est BEAU :)
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