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#1 16-10-2007 19:17

jean
Inscription : 2002
Messages : 893

j'ai vu la pièce au Drury lane theatre à Londres

J’ai eu la possibilité lors d’une visite à la city de me faire inviter par une banque d’investissement américaine à la pièce de théâtre tirée du Seigneur des Anneaux. J’attendais ce moment avec impatience car j’avais tant entendu parler de ce spectacle, le plus cher de l’histoire, le plus gourmant en électricité, le plus …tout.  J’avais donc envie d’en avoir le cœur net. Et puis comment faire rentrer le Sda sur une seule scène et en 3h 10 ?

Avant de vous donner mon impression générale je vais d’abord vous raconter le déroulement de la pièce avec les adaptations inévitables et comment je les ai ressenties.

Le début de la pièce est assez fidèle et je n’ai pas de remarques particulières. Comme dans le film, le départ de Frodo et Sam est immédiat après les révélations de Gandalf. Du coup il ne peut y avoir de « conspiration démasquée » et comme dans le film Merry et Pippin les rejoignent par hasard  dans les champs. L’apparition des cavaliers noirs est bien rendue et tout à la fois mystérieuse et angoissante. La rencontre avec Gildor (joué par une femme) est bien présente même si elle est brève.

La vieille Forêt et Tom sont ici aussi coupés et les hobbits arrivent directement au Prancing Pony. La scène de chants et de danse est bien rendue mais là intervient un changement majeur. La mise de l’Anneau par Frodo déclenche immédiatement l’attaque des Nazguls et  la scène du mont venteux se déroule dans la cour de l’auberge et c’est parce qu’Aragorn  a défendu Frodo qu’il gagne la confiance des autres hobbits.

La fuite vers le gué est un peu écourtée et semble ne durer que quelques minutes. La crue est astucieusement rendue. Frodo se réveille à Rivendel mais y est soigné par Arwen et non Elrond, ce qui permet d’introduire le personnage alors que sinon elle aurait eu du mal à « exister » dans l’histoire.

La rencontre avec Bilbo est bien retranscrite et Bilbo remet bien à Frodo Sting et la cote en maille en Mithril même si cette cote de maille ne sera plus une seule fois mentionnée par la suite et ne joue plus le moindre rôle.

Vient ensuite le conseil d’Elrond qui ne m’a pas beaucoup plut. Il ressemble à mon goût à une vaste foire d’empoigne où Elrond et Gandalf n’arrivent pas à se faire entendre et on ne comprend pas bien comment la décision de créer la communauté et de chercher à détruire l’Anneau est prise. Je pense que le metteur en scène veut montrer que l’Anneau introduit le mal et la zizanie même parmi les alliés mais la scène à un petit goût de Tulius Detritus dans l’album d’Astérix du même nom qui me gène un peu.

Sur cette scène deux autres remarques concernant des sujets de haute importance, d’une part Elrond est âgé comparé à un humain, on  lui donnerait environ 60 ans ; d’autre part Legolas à les cheveux noirs.

Lors du départ de la communauté, nous avons droit à un chant d’Arwen qui dit son amour et assure qu’elle continuera à penser à Aragorn lorsqu’il sera au loin. Cette scène n’est pas dans le livre mais me semble fidèle aux appendices et m’a semblée bien venue. En revanche suit juste après une intervention d’Elrond qui cherche à la dissuader de lier son sort à un simple mortel. Ce à quoi elle répond « pour moi Aragorn n’est pas un simple mortel, il est celui que mon cœur aime » et Elrond s’incline.

Ensuite le passage par la montagne et la tempête de neige est à peine évoquée, en tout cas si rapidement que je doute qu’un spectateur s’il n’a pas lu le livre ou vu les films puisse comprendre. Il n’y a pas d’attaque des wargs ni de veilleur aquatique devant la Moria. La scène « dites amis et entrez » est présente. Dès l’ouverture des portes nous sommes dans la chambre mortuaire de Balin.

Là Gandalf raconte à Frodo comment Bilbo a trouvé l’anneau et il y a là une différence importante par rapport au livre, car ici Bilbo prend l’anneau par la force à Gollum. Ce qui donne plus d’importance à la dernière phrase de Gollum dans le Hobbit « Baggins on te hait, on te hait à jamais » qui est citée ici par Gandalf (le détail aura son importance par la suite).

Pippin jette bien une simple pierre dans le puis ce qui déclenche l’attaque du Balrog, directement sans orcs au préalable. Le combat avec Gandalf est ingénieusement fait avec des ventilateurs qui pulsent un air très chaud sur les spectateurs à l’apparition du monstre, ce qui nous donne l’impression de participer. Simplement si on comprend bien que Gandalf meurt dans le combat il est beaucoup mois évident que le Balrog y laisse la vie également.

La Lorien me semble bien rendue, des feuilles d’or tombent du plafond sur les spectateurs. Les compagnons ne montent pas dans le flet de Galadriel mais c’est elle qui descend vers eux, seule. Il n’est nulle part fait mention de Celeborn. Elle ne soumet pas les différents membres de la communauté à sa « tentation » pour savoir s’ils sont en danger de succomber à l’Anneau. Il n’y a pas de scène du « miroir » mais celle ou Frodo offre l’anneau est remarquablement fidèle.

Après le départ de la Lorien qui est un peu escamoté à mon goût nous somme directement à Hamon Hen. L’attaque de Boromir contre Frodo est plutôt émouvante car on y voit un Boromir visiblement croyant bien faire ce qui rend sa chute plus compréhensible et fait que le spectateur peut facilement sympathiser avec lui.

Compression du temps oblige, le scénario est changé. Boromir par sa défense désespérée permet à Pippin et Merry d’échapper aux Uruk Aï et dans leur fuite ils tombent sur les Ents.  Ents que je trouve moyennement réussis (des hommes en robes longues vertes sur des échasses)

Pendant ce temps Aragorn, Gimli et Legolas arrivent à Minastirith où le metteur en scène a mixé Théoden et Denethor en un seul personnage. Comme Gandalf n’est pas réapparu c’est Aragorn qui le soigne en lui montrant « l’épée qui fut brisée ». Denethor connaît les songes que Boromir a fait et est convaincu. Narsil est reforgée à Minastirith .

Dans cette version Faramir n’existe pas (mon caractère préféré !) et il n’y a donc pas de capture par les rangers et pas de lac interdit. Ce qui provoque la retombée de Smeagol dans son coté Gollum n’est donc le sentiment d’avoir été trahit au lac interdit. Simplement il entend à un moment Sam appeler Frodo « Monsieur  Baggins » et sa haine pour «Baggins » ressurgit.

La scène que Tolkien considérait comme une des plus importante du livre lorsque Frodo et Sam dorment sur les marches de l’escalier et attendrissent Smeagol qui renonce fugitivement à les livrer à Shelob avant de revenir sur sa décision car Sam le frappe, qui avait été coupée des films pour être remplacée par une stupide querelle de nourriture, est bien présente et émouvante.

Les batailles du Hornburg et du Pelennor sont confondues. Comme il n’y a pas d’Eowyn c’est Gandalf qui réapparaît tel un deus ex machina avec les Ents et terrasse Saruman et non le Roi Sorcier.

La rencontre avec Shelob est remarquablement réalisée avec une araignée réellement impressionnante. Frodo n’est pas capturé par les orcs mais est soigné par Sam en lui faisant boire de la fiole de Galadriel qui contient du Miruvor.

La bataille du Hornburg était un peu baclée à mon goût. Celle de la Moramon est mieux rendue même si la « bouche de Sauron » a été supprimé. La scène au mont du destin est moyenne. Comme Frodo ne peut pas disparaître sur scène, il annonce qu’il va mettre l’anneau et avant qu’il puisse le faire Gollum se jette sur lui le lui arrache et emporté par son élan tombe dans le cratère.

Le champ du Cormallen est bien fait avec un hommage spécifique d’Aragorn pour le porteur de l’Anneau et non une acclamation  indifférenciée des quatre Hobbits comme dans le film.

Après lors du retour à la conté nous avons droit à un petit clin d’œil car avant de quitter les Hobbits Gandalf déclare « je dois aller visiter Tom, un vieil ami qui habite tout près de la conté et que vous auriez fort bien pu rencontrer à l’aller si vous aviez eu un peu plus de temps »

Saruman est bien passé par la conté et l’a dévastée mais s’est ensuite enfui on ne sait où son forfait accompli. Frodo conseille à Sam de se servir du cadeau de Dame Galadriel. Rosie entend ces mots et fait une scène de jalousie à Sam sur le thème « c’est qui cette Galadriel qui te fait des cadeaux? » et s’est ainsi que Sam comprend qu’il est aimé en retour. La scène est inventée mais je l’ai trouvée délicieuse.

Le départ pour Valinor est moyen mais me semblait difficile à rendre.

Voilà pour le déroulement global de l’histoire. Malgré de nombreuses libertés prises avec le livre mais imposées par une durée très réduite, j’ai plutôt aimé. Par bien des côtés cette adaptation me semble plus fidèle dans son esprit que celle de PJ. Attention il s’agit bien d’une pièce de théâtre comportant quelques chants et non d’une réelle comédie musicale. J’ai une simple interrogation. Un spectateur qui n’aurait pas une connaissance préalable assez bonne du Sda peut-il tout suivre et tout comprendre. Personnellement  j’ai des doutes.

Malgré tout si vous passez par Londres je vous conseille d’aller au Drury Lane Theatre. Globalement j’ai passé une bonne soirée.
                                                                            

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#2 17-10-2007 11:53

Zelphalya
Inscription : 2006
Messages : 667

Re : j'ai vu la pièce au Drury lane theatre à Londres

Merci pour ce rapport :)
C'est vrai que tenir dans 3h10, faut raboter à la hache, mais les choix me semblent pas trop mal fait de ce que tu en racontes.
Ca donne envie de voir le résultat rien que pour voir comment sont rendus certaines scènes.

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#3 18-10-2007 10:40

ISENGAR
Lieu : Tuckborough près de Chartres
Inscription : 2001
Messages : 4 970

Re : j'ai vu la pièce au Drury lane theatre à Londres

Comme quoi, cette pièce démontre qu'on peut faire une adaptation équilibrée et respectueuse avec un Legolas brun en moins de 4 heures.

... on nous aurait donc menti depuis 2001 ? :p

Deux remarques :
Il est vrai qu'un défaut commun de toutes les adaptations du Seigneur des Anneaux, en dessin animé, en film ou en comédie musicale - et ici, tu le soulignes pour cette pièce de théâtre - c'est de miser sur l'hypothèse que tout les spectateurs potentiels sont déjà des lecteurs du Seigneur des Anneaux.
Ce qui n'est pas vrai.
Ainsi, à travers tous ces supports artistiques, des tas de scènes adaptées ou inspirées du livre deviennent assez opaque pour le néophyte, et amènent preque immanquablement à des interprétations déformées ou à l'incompréhension. C'est dommage. La lecture à posteriori du livre s'en trouve parfois déformée, comme on a pu douloureusement le voir à maintes et maintes reprises sur ce forum et sur bien d'autres.
Ainsi, qui a compris le rôle du personnage raté de Sylvebarbe dans la "Trilogie" de Jackson parmi ceux qui n'avaient jamais ouvert le Seigneur des Anneaux ? Qui, parmi ces derniers, a pu comprendre la scène des Elfes éthérés qui errent dans les bois de la Comté dans la version longue du film la Communauté ?
Même chose pour la scène finale de valinor (cf l'adaptation de Rankin et Bass et celle de Jackson)... ou les scènes de l'arrivée des aigles, systématiquement à côté de la plaque chez R&B comme chez Jackson...
Et je ne parle pas de toutes les scènes fortement ambigües de la "trilogie" de Jackson dont la clé ne se trouve même pas dans les oeuvres de Tolkien, et qui brouillent ou détournent considérablement la compréhension du Conte d'Arda, pour ceux qui ne font pas l'effort de s'y plonger.

Deuxième remarque, à propos de Sam et Rosie. La description que tu en fait démontre qu'il est possible, en une simple scène bien trouvée, de rendre tout un pan d'une histoire en quelques courtes minutes et de faire passer clairement le message au spectateur, sans l'assomer par la répétition du thème sous l'empire de ses variantes les plus insipides. Cette remarque vaut aussi pour la scène entre Arwen et Aragorn puis Arwen et Elrond, qui semblent aussi bien cadrées et aussi clairement présentées que celle de Sam et Rosie, dans cette pièce. Et le tout restant tout à fait fidèle à l'esprit du Livre, comme tu le soulignes.
Là aussi, indéniablement, ça démontre que Peter Jackson est passé à côté de la plaque pour ces deux histoires d'amour qui plombent sa "Trilogie" et font perdre un temps infini au spectateur.

Merci pour cet admirable conte-rendu, cher Jean.
J'ai envie de dire : que les poils de tes pieds poussent toujours plus drus :o)

I.

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#4 18-10-2007 10:54

Elwe
Inscription : 2003
Messages : 871

Re : j'ai vu la pièce au Drury lane theatre à Londres

En effet, un vrai "conte-rendu" comme le dit si bien Isengar :o)
Merci Jean pour avoir pris le temps de nous faire partager cette soirée avec tant de détails bienvenus... L'idée d'une pièce de théatre m'inquiétait fortement, mais à te lire l'envie de la voir se fait naître ;o)

Elwë

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#5 18-10-2007 20:57

Fangorn
Inscription : 1999
Messages : 628

Re : j'ai vu la pièce au Drury lane theatre à Londres

Oui, merci beaucoup, Jean, de nous avoir fait profiter de ta "bonne soirée".

Cela pourrait être amusant de voir dans quelle mesure une telle adaptation retrouve les différentes ébauches envisagées par Tolkien, avant d'en venir à la version définitive.

C'est un point particulier qui m'y a fait penser : Tolkien avait songé, pendant un certain temps (cf. notamment Home VIII, 255, 266-267, 344-345), envoyer les Ents se battre dans le sud (oui, c'est bizarre, pourquoi est-ce cet événement qui m'a fait réagir ? ;-))

Je n'ai pas en tête le détail des différentes versions antérieures, mais peut-être y a-t-il d'autres rapprochements avec cette adaptation théâtrale ?

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