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Bonjour à tous, ci-après mes premières impressions sur le film déjà tant évoqué, en espérant qu'elles suciteront des réactions (pour approfondir la discussion le cas échéant...):
Sur le fond, j'avoue avoir apprécié le film dans une
certaine mesure. Il m'a permis d'observer que l'on
pouvait tenter avec sérieux d'adapter le SDA. Je
crois cependant que le film pose avec acuité la
question qui lui préexistait : peut-on vraiment
prétendre adapter le SDA cinéma ? Il est clair en
effet que le réalisateur a tenté de trouver un
compromis entre la satisfaction des afficionados de
Tolkien et les attentes du public le plus large. De
ce point de vue on ne peut que relever la difficulté
et.... manifester ses critiques. Je suis en effet
convaincu que cet essai de consensus se traduit par
une double carence. Côté spectateur néophyte
d'abord : on note la volonté d'instiller dans
l'action des références à certains aspects
significatifs de l'oeuvre. Ainsi de l'idée que
Sauron et l'anneau ne font qu'un (dixit Gandalf), de
l'écoulement du temps aux yeux de Galadriel, de la
foi de Boromir en son royaume..Ceci étant, comment
certaines de ces références peuvent-elles frapper le
spectateur non lecteur de Tolkien ? ainsi de cette
remarque de Legolas dans la Moria ("il faut sortir
d'ici au plus vite"). Comment comprendre le sens de
cette observation sans avoir entrevu ce qu'étaient
les Elfes et singulièrement ceux de la Forêt Noire
(à l'instar de Legolas qui demeure, bien que l'on ne
le sache pas, le fils de Thranduil, souverain de
ladite Forêt Noire) ? Comment saisir la tristesse de
Gimli dans la Moria à la vue du tombeau de Balin
sans savoir ce que représente Khazad DUM pour les
nains ? En réalité (et il y a dans le film bien
d'autres exemples), je crains fort que ces allusions
ne revêtent aucune portée pour le spectateur
néophyte (que dire encore des mots terribles
qu'oppose Gandalf au Balrog sur le Pont de Khazad
Dum, difficile de saisir si on ne voit dans ledit
Balrog qu'un gros monstre bestial, ce que ne dément
pas le film....). Côté fan de Tolkien (dont je suis
depuis bien longtemps), ces références soulagent :
on se dit qu'il ne s'est pas agi simplement de
transformer le SDA en une lutte du Bien contre le
Mal du type Mortal Kombat (pour ça merci Peter
Jackson). Cependant on s'étonne des choix opérés (et
l'on est bien sûr déçu d'en retirer l'impression que
les thèmes majeurs du SDA sont sacrifiés alors
qu'ils font le sens de cette oeuvre dense qui,
rappelons le,se fonde sur une cosmologie...). Ainsi
l'on note l'étonnement de Gimli devant la côte de
mailles de Frodon (du Mithril !!!). On se l'explique
cependant mal : qu'est ce que le mithril, qu'est ce
qui fait sa valeur, et surtout où le trouvait-on ?
dans la Moria pardi, c'est même la cause de la chute
de Khazad Dum). Etait ce difficile de le souligner,
de donner une vague idée de ce qui sous tend
l'étonnement de Gimli ? Autre remarque concernant les
Hobbits : j'ai adoré l'interprétation de Frodon, par
contre quel vide concernant les rapports entre les 4
semi hommes. Je pensais naivement qu'il y avait là
de quoi donner un caractère plaisant et drôle au
film. Mais rien de tout ça : on ignore que Meriadoc
est le cousin de Frodon et on ignore surtout que
c'est Sam qui exprime le plus et en permanence son
attachement pour la bonne chère. C'est cependant
loin d'être anodin car cela participe à l'évidence
de la résistance des Hobbits à l'attraction de
lAnneau. Bref, j'ai la désagréable impression que
l'intuition première était la bonne. Le Seigneur des
Anneaux est en réalité inadaptable à l'écran. Au
fond, c'et rassurant : il est des supports plus
aptes que d'autres à raconter certaines histoires
et, contrairement à ce que l'on cherche quelquefois
à nous faire croire, la complexité n'est pas
toujours réductible par le recours à l'image.
Reste que j'espère vivement que le film pousse à la
lecture du livre. L'oeuvre de Peter Jackson aura
ainsi le mérite de constituer un film d'initiation
(ce qui est déjà beaucoup en ces temps où l'on
affirme implicitement que l'image de synthèse peut
tout reproduire...)
Je laisse ces quelques remarques à votre appréciation,
bien cordialement,
Elen sila lumenn ommentielvo (...ce
qui me permet de dire que le film est parfait à cet
égard : il est des plus délicieux d'entendre in vivo
des paroles en sindarin, merci Arwen !!!)
Gildor
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Yes ! :)
* Grishnakh, sans voix :) *
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Des lacunes sont difficilement acceptables en effet (pour ma part je ne les accepte pas, mais j'écouterai les personnes qui le feraient :)).
J'espère juste que c'était des lacunes et pas des choix de facilité. Car je ne trouve pas le résultat respectueux du Professeur.
Si on a l'audace d'adapter une oeuvre existante (je me répète pour ceux qui auront déjà lu ça) on se met à son service, pas l'inverse.
Sinon on a le courage de créer qq chose de nouveau. C'est moins facile, moins séduisant certes ... mais peut-être un peu plus lumineux ;)
Yyr
(qui ne veut pas faire de procès d'intention au réalisateur, mais qui est en partie horrifié du résultat)
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Bon tout a ete dit ou presque...
Mais allons-y de notre esprit polemique, puisque c'est de cela qu'il s'agit...
D'accord sur l'ensemble, Jackson a su parler aux fans aussi bien qu'aux novices, meme si certains de mes amis non-tolkienophages ne soient surpris d'une fin si etrange et sans conclusion... La globalisation de l'information n'est pas aussi performante que ca que l'on veut nous faire croire...
Mais je rese sur ma faim quand a l'illustration... Jackson restitue de facon presque parfaite le monde imagine par Tolkien, ensuite depeint per moult illustrateurs dont les membres de l'honorable assemblee a laquelle je m'adresse semble connaitre dans les moindres details. Ayant toujours recherche et rejete avec autant de hargne une mise en image de mon experience litteraire de la vision de Tolkien, je ne suis pas en mesure de dire si Jackson a respecte ou non le graphisme de tel ou tel dessinateur annobli par la perception collective de cet univers canalise par quelque autorite se reclamant detenteur de verite et de fait inattaquable. Je ne met pas en doute les travaux effectues pour analyser, retranscrire, et exprimer les non-dits laisses par l'auteur dans l'elaboration de sa saga, mais je deplore que sa mise a l'ecran ne se doive de coller de trop pres avec l'univers cinematographique de l'heroic-fantasy, qui me semble un peu trop cartoonise et carricature. Que l'on ne se meprenne sur mes intentions, je ne reproche pas a Jackson d'avoir voulu immortaliser ses propres Elfes, Orcs, ou Hobbits, j'ai meme ete touche par la maladresse du Troll de la Moria, mais il y a certains moments ou la qualite psychologique du roman se voit traduite en effets speciaux au detriment de suggestions scenographiques... Ainsi la breve metamorphose de Bilbo en mort-vivant de serie-B lorsqu'il revoit l'anneau a Rivendell, ainsi l'absence de complexite chez Saruman, dont le double jeu se reduit au role de traitre des lors que le palantir d'Orthanc se devoile, ainsi l'impasse sur la Lorien et comment Galadriel se substitue a Gandalf comme support moral dans l'esprit de la Communaute. Seul Boromir peut-etre, supporte par une certaine intensite de jeu, parvient a humaniser cet episode en proposant sa faiblesse et ses doutes autant que son ultime courage comme sujet de reflexion. Je ne blame pas Jackson pour sa simplification necessaire a toute adatation, mais je ne souhaite pas autant de raccourcis cartoons pour epargner quelques minutes de suspens psychologiques au spectateur. L'action est une part predominante du livre... il ne s'agit pas d'oublier le reste.
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