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-- En ce moment que je suis en exil dans un pays completement etranger -- la Pologne, c est vraiment un autre monde -- je me prends a reflechir sur le cote plus pratique du voyage des Neufs Compagnons. Ils ont traverse des terres etrangeres et Tolkien a bien retranscrit leur depaysement: par le regard de Merry sur la langue des Rohirrim ou l etonnement de Frodon devant le geste de piete de Faramir et ses hommes a Henneth Annun...
-- Et puis je travaille en ce moment sur un sujet: "Les voyages et les livres de voyages en Europe: 1760-1830". Or quand on creuse cette question du point de vue du Siecle des Lumieres, on decouvre tout un courant de pensee qui fait ecole aujourd hui encore et qui me laisse perplexe: le cosmopolitisme -- l idee que le monde est fait de plus de ressemblances que de differences et que tous les hommes etant egaux, ils ont les memes comportements partout (euh? je crois que c est a peu pres ca...) -- le cosmopolitisme se base sur des idees neo-stoiciennes (cf. Ciceron, etc.)
-- Alors voila, je me demandais si Tolkien avait son opinion declaree sur ce genre de question ou s il vous semble qu on puisse en lire une en filigrane dans ses ecrits? -- il est vrai que ce sujet n etait pas d actulite de son temps comme l est aujourd hui.
Il me semble que, par le biais des diverses langues parlees en Terre du Milieu, on voit a quel point il est naturel que se creent des societes et des cultures diverses.
--> Je ne suis pas sure d avoir lance ce sujet sur le bon fuseau, car on risque d evoquer la langue commune, etc. Mais, dans le fond, c est surtout les idees sur le cosmopolitisme qui m interessent.
Vous avez une idee sur la question?
FdN
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-- en passant sur pourtolkien j ai decouvert un bout de la lettre 53 de Tolkien a son fils Christopher, elle m a l air d etre en rapport avec ca...
FdN
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Intéressant... j'attends... et je me prononcerai sans dote... dans quelques jours !
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Yyowww! C'est passionnt, ça, comme sujet d'études :-O
Quant aux opinions de Tolkien, il y a ausi cette fameuse petite phrase qu'on cite tout le temps : la réflexion de Sam devant le cadavre du guerrier haradrim : "He wondered what the man's name was and where he came from; and if he was really evil of heart, or what lies or threats had led him on the long march from his home; and if he would not really rather have stayed there in peace... "
Tolkien décrit des cultures différentes, et des peuples aux mentalités et aux valeurs différentes. L'intéressant ici est que d'une part il souligne en même temps la nécessité et surtout la difficulté pour ces différentes cultures de s'unir face à une menace commune - (difficulté : la rencontre entre Aragorn, Gimli et Legolas et les Rohirrim, on frôle la catastrophe; les relations d'alliance incertaines et tendues entre le Rohan et le Gondor, les éternelles rivalités Elfes/Nains, la condescendance des Rohirrims envers les Woses).
Et d'autre part, avec cette seule réflexion de Sam, il laisse entrevoir la possibilité de comprendre l'ennemi, donc à terme, une paix possible même avec lui. Et il y a aussi la phrase de Gandalf "... I pity even his slaves ...". Compréhension et compassion pouer des peuples contre lesquels on est en guerre, on a beau dire, c'est pas commun! surtout de nos jours ... bon bon, je sors ...
Ce qu'il en dit dans ses Letters, sais pas, toujours pas lues (pas taper! pas taper! Y'a un tas d'choses que je DOIS faire, m'faudra sept vies!).
Mais ces quelques passges du livre laissent tout de même entrevoir ce que pensait Tolkien, sinon du cosmopolitisme, du moins de l'humanité (elfitude et nanitude inclues ;-P)
Quant à dire des hommes qu'"ils ont les mêmes comportements partout", je crois que c'est plus nuancé que ça. Il y a dans une vie humaine des expériences qui sont communes à toute l'humanité (naissance, initiation sexuelle, maternité/paternité, maladie, mort ...), mais elles sont perçues, encadrées et évaluées de façons différentes en fonction de la culture et des valeurs de chacun. Mais c'est bien la culture, et non la nature, qui sépare les peuples. Les émotions, par exemple - peur, affection, jalousie, colère, joie, chagrin, etc - se retrouvent PARTOUT, absolument partout, chez tous les êtres humains. elles sont intrinsèques à la nature même de l'homme (sauf pathologie). Et encore une fois, c'est la culture qui canalisera leur façon de s'exprimer - ou d'être réprimées - et les objets qui pourront - ou ne pourront pas - les susciter.
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Rien que d'entendre parler de ton sujet d'étude, ça me fait rêver mais c'est un sujet vaste... Tiens ça me donne envie de me replonger dans les récits de voyage de Stendhal (et son syndrôme) ou de Byron...
Te limites-tu aux récits de voyage ou bien ton sujet concerne-t-il aussi la littérature à destination des voyageurs de cette époque (guides des villes, des grandes collections, des musées, monuments et sites... ).
Mais je me m'aperçois, tout en écrivant que je pense principalement aux voyages culturels sans penser que cette période de l'histoire a bouleversé notre continent et qu'il y a aussi les récits de guerre et cie... brrrr
Bon courage en tout cas.
Silmo
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-- ma foi, pour mon sujet, il peut etre aussi vaste que l intitule le permet ;) et je pense que, du coup, les livres de recommandation aux voyageurs, reflexions dans les correspondances, rapports diplomatiques et autres Relations de Voyages peuvent etre pris en compte :) Il existe une classification des voyageurs: les jeunes qui font le "Grand Tour" pour se former; les hommes qui circulent pour leur metier (diplomates, scientifiques, etc.); et enfin les hommes d age mur, atteints d un acces de philosophie face au monde... -- merci, Silmo, pour tes encouragements :))
-- pour revenir au sujet ;) j aime biem ce que tu as dit, Melilot. Mais je me demandais, justement, qu est ce qui fait que des cultures sont differentes? -- bon, d accord, question idiote s il en est... ce qui fait qu elles sont differentes, c est leur difference (bommp! merci d avoir participe!)
Pour mieux reposer la question: pourquoi Tolkien a-t-il, selon vous, developpe des cultures aussi differentes? Pour qu elles soient un cadre a ses langues, c est connu, mais encore?
Et puis, au temps du Roi Elessar, tout le Nord-Ouest de la Terre du Milieu fut considere comme integre dans son royaume... Comment vous le comprenez, vous?
FdN
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Pfiouuu, Feuille de Niggle, trois fois que j'essaie de te répondre, trois fois que mon PC bugge! Groumpf! je renonce, j'essaierai demain. :-/
Hé, c'est pas une question idiote, elle me plait-t-à moi, cette question! :-D
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Comme je suis en train de lire The FotR, je suis tombee sur un passage -- les propos d'Elrond dans The Council of Elrond -- qui apportent une legere modification a ce que j'avais compris du regne d'Elessar:
>>" (...) Dans le Sud, le royaume de Gondor dura longtemps (...) et la couronne ailee des Rois des Hommes etait redoutee de gens de multiples langues.(...)"
Ainsi, c'etait deja comme ca bien avant lui :)
Alors, cela veut-il dire que le royaume de Gondor incluait ces personnes "de multiples langues" ou seulement s'agit-il de son influence sur les 'pays' voisins?
Ces "gens de multiples langues", Tolkien les a-t-ils repartis en pays selon leur langue?
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Il est encore temps? désolée de t'avoir laissée tomber, Feuille, mais si tu savais...! Des extra-terrestres ont débarqué dans mon salon et ... Non? ... euh ... bon, je reviens quoi ...
Tolkien, qui était avant tout un linguiste (passionné), et s'était en plus intéressé (passionnément) à de nombreuses cultures anciennes, n'aurait jamais pu créer un univers fictif unilingue. De son propre aveu, il a d'abord inventé des langues, et ensuite l'univers qui va avec. :-D
Lorsqu'il parle du Gondor qui unit plusieurs peuples de plusieurs langues, peut-être pensait-il à l'empire britannique, peut-être à d'autres empires antiques, où la situation était semblable : peuples, cultures et langues différentes, unis sous une même autorité, et usant pour communiquer d'une langue "commune", plus pratique pour l'administration, le commerce et la diplomatie.
Autre chose, toujours se garder d'identifier un peuple à une langue. L'espagnol par exemple, est parlé aussi dans la majeure partie l'Amérique du sud, où vivent de nombreux peuples différents, qui possèdent eux-mêmes leur propres langues. Dans l'oeuvre de Tolkien, les Gondoriens, en tant que peuple, ce sont les descendants des Numénoréens. Lorsqu'ils ont débarqué en Terre du Milieu, ils y ont trouvé d'autres peuples, déjà installés, et qui parlaient d'autres langues, apparentées ou non à la leur. Certains de ces peuples sont devenus leurs alliés, d'autres les ont combattus, d'autres ont été conquis. Et c'est l'ensemble du territoire où s'exerçait l'autorité des rois de Gondor qui formait le royaume.
Ton autre question : pourquoi les cultures sont différentes? réponse complexe.
D'abord, des milieux géographiques différents offrent aux hommes des conditions de vie différentes, qui vont influencer non seulement leur vie quotidienne (architecture, alimentation, vêtements), mais aussi leur représentation du monde, donc leurs valeurs, leurs structures sociales, leur morale, leur philosophie et leur religion.
Mais cette réponse ne suffit pas, parce que^dans des milieux semblables naissent aussi des cultures différentes. La richesse et l'inventivité de l'esprit humain capable à partir de données semblables, d'élaborer des réponses différentes, joue aussi un grand rôle. L'homme éprouve un double désir, à la fois d'appartenance et de singularité. Il veut se sentir inclus dans un groupe, parce que ça renforce son sentiment de sécurité, mais il veut aussi se distinguer de ses voisins (toujours en mieux, pense-t-il), parce que ça flatte son ego. D'où le fait que même au sein d'une nappe culturelle homogène, on trouve des cultures "de ville" dans un pays, "de quartier" dans les villes, voire même "d'immeuble", "de rue" ou "de famille" dans les quartiers.
C'est un mécanisme que Tolkien a parfaitement rendu dans sa description des Hobbits, un petit peuple, pas seulement en taille, mais en nombre et en étendue territoriale, qui non seulement vit en autarcie quasiment isolé du monde extérieur, mais réussit encore à se subdiviser en trois "sous-espèces" et en quatre quartiers, qui tous se toisent les uns les autres avec une légère méfiance et une condescendance certaine. (note, c'est ça qui est rigolo!)
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