Vous n'êtes pas identifié(e).
« - En une heureuse heure, vous êtes revenu auprès de nous, Gandalf, s'écria le Nain, qui se mit à gambader en chantant haut dans l'étrange langage des Nains. Allons, allons! cria-t-il, balançant sa hache. La tête de Gandalf étant maintenant sacrée, trouvons-en une qu'il soit bon de fendre ! »
T2, Chap. V. LE CAVALIER BLANC, Page 138
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Il semble que tu sois parvenu à régler ton problème d'édition :) - la suite ! la suite ! :)
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réglé ? tu parles. j'ai tout repris manuellement dans notepad, d'où l'oubli de pas mal de morceaux en gras. C'est trop fastidieux en plus, je ne recommencerais pas... Bon, ne jamais renoncer...:-) )
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Pourquoi ne travailles-tu pas sous Word? Tu mets en forme, tu testes sur le fuseau test, et c'est bon ;-)
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en exportant sous HTML ? avec tous les codes word qu'il rajoute ?
je veux bien essayer... mais ça promet.
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Non, en mettant les mains à la pâte bien sûr ;-)
Je ne t'apprendrai rien mais voilà comme je fais manuellement, en essayant d'être méthodique.
tu te prépares une bonne fois pour toutes un document avec tes commandes qui ne sont pas si nombreuses :
(1) <.font color="#000080"> pour du texte bleu foncé
(2) <.font color="#008800"> pour du texte vert
(3) <.font color="#008080"> pour du texte bleu-vert
et
(4) <.blockquote>, <./blockquote> pour les citations.
Dans un autre document Word, tu tapes ton texte (en gras, en italiques, en couleurs).
Tu places en premier les balises <.b> <./b>, <.i> <./i>, etc.
Puis les balises (VIVE LE COPIER-COLLER!!)(1) (+<./font>), puis (2)(+<./font>), puis (3)(+<./font>), enfin (4) (aucun saut de ligne avec le texte précédent pour (4)).
Tu peux alors vérifier tes commandes en copiant ton texte mis en forme dans le fichier source d'un fichier html vierge sous Word, ou bien en ligne grâce aux fuseaux Tests.
Quelques ajouts du style <.br> ou supression de saut de lignes si nécessaire et c'est bon...en principe ;-)
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je te répond en page de test
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4-4-1 Aragorn
Nous entrons à présent dans le chemin des morts.
Mais que se passe-t-il juste avant cela, qui justifie qu’Aragorn incarne soudain une figure sacrée, capable d’administrer un sacrement ?
Aragorn tandis qu’il est avec Théoden, reçoit divers messages dont un qui lui rappelle l’existence du chemin des morts. C’est n messager qui vient des Dunedain, ces autres rôdeurs, fidèles sujets du roi Isildur, eux-mêmes envoyés par Galadriel à Aragorn. Celui-ci mûrit sa réflexion, et annonce soudain qu’il passera par ce chemin. Mais avant de l’annoncer à ses amis pour qu’ils le suivent, il leur parle de son combat avec Sauron dans le Palantir
- Une lutte plutôt sinistre en ce qui me concerne, que la bataille de Fort le Cor, répondit Aragorn. J’ai regardé dans la pierre d’Orthanc, mes amis.
- Vous oubliez à qui vous parlez, dit Aragorn d’un ton sévère, et ses yeux étincelèrent. N’ai-je pas ouvertement proclamé mon titre devant les portes d’Edoras ? (...) Non mes amis, je suis le maître légitime de la Pierre, et j’avais tant le droit que la force de l’employer, du moins en jugeais-je ainsi. Le droit est indubitable, la force était suffisante - tout juste.
Il respira profondément. « Ce fut une lutte âpre, et la fatigue est lente à passer. Je ne lui dis pas un mot, et à la fin je forçai la Pierre à n’obéir plus qu’à ma seule volonté. Cela seul, il le trouvera dur à supporter. Et il m’a vu. Oui, Maître Gimli, il m’a vu, mais sous une autre apparence que celle que vous me voyez actuellement. (...) Savoir que je vis et que je cours la terre lui a porté un coup au cœur, je suppose (…) Il n’est pas puissant au point d’être insensible à la peur : non, le doute le ronge toujours.
T3, ch II, LE PASSAGE DE LA COMPAGNIE GRISE, p.64
Puis, il annonce quelle route il prendra. Il se révèle donc tout d’abord à un degré supérieur que celui qu’il arborait jusqu’ici, comme ennemi direct de Sauron, capable de lui inspirer la peur, capable de s’opposer à lui en face à face, à force égale ! Aragorn est donc annoncé comme un être égal à Sauron, ce qui sera répété plus tard, lorsqu’il dirigera les armées des Morts *. Comme représentant des forces de l’Ouest, Dunedain (homme de l’Ouest), il acquiert donc à ce moment, et à ce moment seulement, un rang presque sacré.
C’est juste après qu’il annonce son intention de passer par le Chemin des morts, disant qu’il pourra passer :
« - les Vivants n’ont jamais emprunté cette route depuis la venue des Rohirrim, répondit Aragorn, car elle leur est fermée. Mais en cette heure sombre, l’héritier d’Isildur peut l’utiliser, s’il l’ose ».
ibidem, p.65
« - (…) En cette heure, je regardai Aragorn, et me représentai quel grand et terrible seigneur il eût pu devenir dans la force de sa volonté s’il avait pris l’Anneau pour lui-même. Ce n’est pas pour rien que le Mordor le redoute. Mais son esprit est plus noble que l’entendement de Sauron ; car n’est-il pas des enfants de Luthien ? »
T3, ch X, LA DERNIERE DELIBERATION, p.204
4-4-2 Le péché du peuple des montages
Aragorn rappelle ensuite à ses compagnons le sort des gens du Chemin des Morts : ils jurèrent allégeance à Isildur, sur la pierre noire d’Erech (j’ignore le sens de ce nom) qu’il fit amener lui-même,
« Mais quand Sauron revint et reprit sa puissance, Isildur appela les Hommes des Montagnes à remplir leur serment, et ils ne voulurent point, car ils s’étaient prosternés devant Sauron dans les Années Sombres. »
T3, ch II, LE PASSAGE DE LA COMPAGNIE GRISE, p.66
Isildur les maudit donc, sous réserve que l’Ouest se révèle plus puissant que Sauron (c’est à dire que sa malédiction puisse avoir pouvoir sur eux).
« Et ils fuirent devant la colère d’Isildur, et ils n’osèrent pas partir en guerre du côté de Sauron. Ils se cachèrent dans des endroits secrets des montagnes et ils n’eurent pas de rapport avec les autres hommes, mais se réduisirent lentement dans les collines stériles. Et la terreur des Morts sans Sommeil reste autour de la colline d’Erech »
Ibidem
Nous retrouvons là les éléments d’un péché : ces Hommes ont adoré l’ombre plutôt que la lumière, et comme Adam et Ève après la faute originelle, ils se cachèrent, terrorisés. Par quoi ? Par leur propre acte, dont ils n’assument pas les responsabilités. Isildur n’a laissé personne derrière lui pour terroriser ce peuple, et le voilà pourtant caché dans la terreur. Craignent-ils la malédiction ? Elle n’est pas effective tant que Sauron n’a pas été défait, et dans ce cas ils auraient mieux fait de combattre à ses côtés pour lui donner victoire et empêcher la malédiction de se réaliser. Cette malédiction n’a d’ailleurs rien de très effrayant à première vue : « vous ne trouverez pas le repos avant que votre serment soit accompli », et de leur prophétiser qu’ils seront appelés avant la fin de la guerre, qui durera longtemps.
Ces hommes ont donc conscience d’avoir commis une faute grave, qui les terrorise et les pousse à se cacher.
Quand Aragorn se tournera vers eux, il leur demandera pourquoi ils sont venus à l’appel, une voix viendra répondre (et c’est la seule parole que prononceront jamais ces armées de morts) :
« Pour accomplir notre serment et trouver la Paix »
Ibid, p.77
Ils ne parlent pas de repos (rest), ce dont les a privé la malédiction, mais bien de Paix (Peace) ! Ils recherchent donc plus que ce que leur donnerait la simple révocation de la malédiction : le repos, mais aussi la fin de la guerre, la fin de toute peine.
Ils témoignent donc de remords par rapport à leur manquement, et Il est étonnant qu’Aragorn leur demande de l’exprimer. Il a en effet appelé les armées derrière lui, et elles l’ont suivi depuis les ténèbres du Dimholt, dans toute la vallée du Morthond, et jusqu’à la colline d’Erech, lorsqu’il les appela :
« -Laissez-nous passer, et puis venez ! Je vous appelle à la Pierre d’Erech ! »
ibid, p.74
c’est lui qui les appelle, et il leur demande pourtant :
« - Parjures, pourquoi êtes-vous venus ? »
Ibid, p.77
Cela n’a pas de sens. C’est lui qui les a convoqué, et qui devait donc prendre la parole pour faire sa demande. Au lieu de cela, il inverse le processus et demande aux armées des Morts d’exprimer solennellement, en un lieu symbolique, la raison de leur venue, alors qu’elle est évidente pour Aragorn, qui les appelle même parjures. Il tient donc à ce que ce peuple, qu’il a le pouvoir de délivrer, énonce son désir, et l’aveu donc de sa faute passée.
4-4-3 les trois actes du sacrement
C’est que le sacrement de Réconciliation (ou de Pénitence) demande trois « actes » : la contrition, l’aveu, la satisfaction
« la Pénitence oblige le pécheur à accepter volontiers tous ses éléments : dans son cœur, la contrition ; dans sa bouche, la confession ; dans son comportement, une totale humilité ou une fructueuse satisfaction »
CEC 1450
La contrition peut-être parfaite, c’est à dire mûe par le seul amour de Dieu, ou imparfaite, c’est à dire mûe par la crainte de la damnation, ou toute autre crainte extérieure (car c’est déjà une action de l’Esprit Saint, qui transformera cette contrition imparfaite par la grâce du sacrement).
Cette contrition imparfaite est bien présente chez le peuple des montagnes, comme j’ai tenté de le montrer.
L’aveu est bien présent, réclamé par Aragorn lui-même !
Reste la satisfaction, c’est à dire la réparation de l’offense. Elle doit toujours être le plus proche possible du mal qui a été fait ou du bien qui a été omis, comme pour effacer ce mal. C’est exactement ce qu’ils vont faire, en répondant enfin à l’appel du roi et en l’aidant à vaincre Sauron. Parce que leur action donnera la victoire, ils satisfont à la fois au manquement dans le serment qui n’a pas été accompli, et à la fois à leur adoration de Sauron.
Une fois qu’ils ont combattu et vaincu, voici qu’ils se retirent sur le rivage, attendant qu’Aragorn s’adresse à eux, ce qu’il fait en ces termes :
« - Entendez maintenant les paroles de l’Héritier d’Isildur ! Votre serment est accompli. Retournez et ne troublez plus jamais les vallées ! Allez en paix !
Là dessus, le Roi des Morts s’avança devant les rangs, brisa sa lance et la jeta à terre. Puis il s’inclina profondément et se détourna ; et rapidement, toute l’armée grise se retira et s’évanouit comme une brume repoussée par un vent soudain »
T3, ch X, LA DERNIERE DELIBERATION, p.204
« Allez en Paix ! ». Cette expression pourrait sembler parfaitement liturgique, si elle n’était écrite en anglais : « Depart and be at rest ! ».
Il reste que le pardon est octroyé, la satisfaction a été accomplie. Même si Aragorn ne parle que de repos, le fait que le Roi des Morts brise sa lance montre bien que pour lui, c’est la Paix définitive qu’il estime avoir reçu.
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Bonjour à tous,
quelle richesse ce fuseau. Merci Vin' pour tous ces développements fort intéressants.
Je ne suis pas très calé en sacrement et si je te dis que pour le mariage je pense immédiatement à la fin du bouquin, ça va te paraître un peu *premier degré*, mais en fait c'est moins l'union *Arwen-Aragorn* qui me fait dire ça que l'article "L'Anneau de Barahir" de Sébastien Mallet dans la rubrique Essai, où il est question d'*engagement* et d'*alliance faërique*, d'*union avec la faërie*.
Qu'en dis-tu?
Au sujet des lieux sacrés, je suis plutôt d'accord avec Sosryko à propos de la Lorien, surtout dans le sens de lieu séparé (séparé du temps, séparé de Sauron - son esprit ne peut y pénétrer, séparé par sa nature, sa végétation); c'est aussi un lieu de rétablissement, pour la compagnie puis pour Gandalf après sa résurection.
Ca ne fonctionnerait peut-être pas autant pour Rivendell, encore que ?!?! (lieu inviolé, de rétablissement aussi)
Je te proposerai volontiers d'ajouter à ta liste "la Mer", chère à mon coeur, sans doute sacrée (du point de vue des elfes au moins... :-))
S'agissant des personnages, je ne suis pas convaincu par le choix de Denethor, plus proche à mon avis du prêtre défroqué, si je puis me permettre ce raccourci audacieux.
En revanche Galadriel mériterait de figurer dans le trio de tête.
Cordialement
François
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Hum.
Pour Dénéthor, c'est précisément parce qu'il a sur lui l'ombre du sacré que je le met dans les persnnages sacrés, mais je précise bien qu'il en est l'antithèse. Comparons le à Théoden, par exemple. Ce roi est digne et remarquable, mais il incarne toutes les valeurs païennes (sans aspect péjoratif), la noblesse et le courage, la force et la gloire. C'est un grand roi, qui n'a pas failli, mais qui n'incarne pas le sacré. Dénéthor, au contraire, dans son opposition à Gandalf, dans les remontrances qu'il subi et qui se jouent sur le plan du sacré (son suicide interdit), évoque le sacré même s'il est évident qu'il ne le représente pas ni ne l'incarne.
Pour le pariage, j'ai trouvé une autre piste (avec l'Arbe Blanc), mais je vais voir si cette aliance du monde faërique avec le monde réel ne pourrait pas rentrer dans mon plan.
Fondcombe n'est pas vraiment un lieu séparé, c'est même plutôt un lieu de rassemblement. Ceci dit, séparé ne veut pas dire isolé, mais aussi distinguable. C'est un lieu où se joue une heure grave, et sosryko nosu a déjà fait ressortir tout l'aspect chrétien du conseil d'Elrond, où la présence divine est indubitable, ne serait-ce que parce qu'Elrond la suggère lui-même. De là, peut-on parler de sacré... je ne sais pas encore.
Pour la Lorien, j'ai beau y réfléchir, je continue à y voir au contraire l'incarnation même de la Faërie, ce lieu hors du monde qui semble presque imaginaire, et qui de fait est selon le modèle et l'imagination des Elfes,a ttachés au passé, à leur temps.
Par contre, voir en Galadriel une incarnation du sacré est autre chose, sur laquelle je ne me suis pas assez penché, mais cela me semble tout à fait concevable. Je ne trouve pas beaucoup d'éléments ceci dit, sinon la distribution de la lumière et des lembas (cf. le vieux débat sur lembas et hostie... mais ce n'est pourtant pas là que je verrai l'eucharistie).
Bon, j'ai pris du retard sur le sacrement des malades, que je pensais très facile, et qui en fait ne l'est pas puisqu'on n'a aucune référence à la guérison en Valinor (ou Tol Erressea, ne pinaillons pas pour le moment) dans le SdA. Je suis obligé de chercher dans les Letters, ce qui est plus long. La suite donc demain.
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Nous reviendrons sur le sens de la maladie dans la doctrine catholique, avant même sa guérison, car nous y trouverons de troublantes correspondances avec la maladie de Frodon.
Nous prétendons reconnaître le sacrement des malades dans le départ de Frodon pour Valinor. En fait, seul l'Ouest est mentionné, et nous savons par les lettres de Tolkien que c'est à Tol Eresseä qu'est en fait parti Frodon.
Laissons tout cela sous le vocable de l'Ouest, et Tol Eresseä n'est bénie que parce qu'elle permet la vision béatifique de Valinor.
Nous étudierons comme ligne directrice les quatre effets du sacrement des malades.
4-5-1 Une guérison
" Un don particulier de l'Esprit Saint. La grâce première de ce sacrement est une grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l'état de maladie grave ou à la fragilité de la vieillesse. Cette grâce est un don du St Esprit qui renouvelle la confiance et la foi en Dieu et fortifie contre les tentations du malin, tentation de découragement et angoisse de la mort. Cette assistance du Seigneur par la force de son Esprit veut conduire le malade à la guérison de l'âme, mais aussi à celle du corps, si telle est la volonté de Dieu. En outre, 's'il a commis des péchés, ils lui seront remis'."
CEC 1520
Cette guérison est donc double dès le principe : celle de l'âme d'abord, mais celle du corps, si c'est la volonté de Dieu.
Dans une longue note (note 4) sur l'échange entre Finrod et Andreth dans Home X, Tolkien explicite ce qu'il en est sur la présence d'hommes à Valinor, et parle des exceptions. Après avoir expliqué que les Elfes qui restait en Terre du Milieu étaient invité à se rendre à Tol Eresseä, Tolkien n'évoque plus que le passage " au delà de la Mer " ('passing 'oversea' qu'il met lui-même entre guillemets), en expliquant bien qu'il s'agit de tout autre chose : d'une grâce !
" Ainsi le passage " au delà de la mer " de Mortels après la Catastrophe - qui est noté dans le SdA - n'est pas vraiment la même chose. C'était dans tous les cas une grâce spéciale. Une occasion de mourir selon le plan original [prévu] pour les parfaits : il allèrent à un état dans lequel ils pourraient acquérir un plus grande connaissance et paix de l'esprit, et être guéris de toute blessure à la fois de l'esprit et du corps, [état dans lequel] il pourraient finalement s'abandonner : mourir librement, ou même de désir, dans l'Espérance. Ce qu'Aragorn accomplit sans aucune aide de ce genre. "
""The passing 'oversea', therefore, of Mortals after the Catastrophe - which is recorded in The Lord of the Rings - is not quite the same thing. It was in any case a special grace. An opportunity for dying according to the original plan for the unfallen: they went to a state in which they could acquire greater knowledge and peace of mind, and being healed of all hurts both of mind and body, could at last surrender themselves: die of free will, and even of desire, in estel. A thing which Aragorn achieved without any such aid."
Athrabeth Finrod ah Andreth, in Morgoth's Ring,p.341
Tolkien est moins présomptueux au sujet de la guérison dans une de ses lettres :
" Frodon fut envoyé ou autorisé à passer par delà la Mer pour être soigné - Si cela pouvait être fait - avant qu'il ne meure. Il aurait finalement à " passer au delà " : aucun mortel ne pouvait, ou peut, demeurer pour toujours sur terre, ou au sein du Temps. Ainsi alla-t-il à la fois à un purgatoire et à une récompense, pour un temps : une période de réflexion et un gain de vraie compréhension de sa position dans sa petitesse et dans sa grandeur, passée toujours dans le Temps parmi les beautés naturelle " d'Arda incorrompue ", la Terre non souillée par le diable ".
"Frodo was sent or allowed to pass over Sea to heal him - if that could be done, before he died. He would have enventually to 'pass away' : no mortal could, or can, abide for ever on earth, or within Time. So he went both to a purgatory and to a reward, for a while : a period of reflection and peace and a gaining of a true understanding of his position in littleness and in greatness, spent still in Time amid the natural beauty of 'Arda Unmarred', the Earth unspoiled by evil."
Letter 246 From a letter to Mrs Eileen Elgar (drafts) september 1963 (p.328)
Tolkien remet donc la guérison de Frodon entre les mains d'un passif non nommé : " Si cela pouvait être fait ".
Nous retrouvons bien l'idée que ce passage au delà de la mer soit une grâce pour Frodon, destinée à lui donner la paix, et la guérison conditionnée. Nous reviendrons davantage sur cette guérison, il est évident qu'elle est le fil conducteur de tout ce sacrement, ainsi que du passage à l'Ouest.
4-5-2 L'union à la passion du Christ
" Par la grâce de ce sacrement, le malade reçoit la force et le don de s'unir plus intimement à la passion du Christ : il est d'une certaine façon consacré pour porter du fruit par la configuration à la passion rédemptrice du Sauveur. La souffrance, séquelle du péché originel, reçoit un sens nouveau : elle devient participation à l'œuvre salvifique de Jésus. "
CEC 1521
L'idée que Frodon vit une passion a été plusieurs fois évoquée et soutenue sur ce forum (je renvoie à ce sujet aux fuseaux : Plaidoyer pour Frodon : et surtout Affaire de Volonté.L'idée même de son sacrifice est évoquée dans le SdA, puis explicitée radicalement par Tolkien :
" - Mais, répliqua Sam, les larmes aux yeux, je croyais que vous alliez aussi jouir de la Comté durant maintes années, après tout ce que vous avez fait.
- C'est ce que j'ai cru aussi, à une époque. Mais j'ai été trop grièvement blessé, Sam. J'ai tenté de sauver la Comté, et elle l'a été, mais pas pour moi. Il doit souvent en être ainsi, Sam, quand les choses sont en danger ; quelqu'un doit y renoncer, les perdre de façon que d'autres puissent les conserver. Mais tu es mon héritier : tout ce que j'avais et que j'aurais pu avoir, je te le laisse.
T3, Chap. IX. LES HAVRES GRIS, Page 424
"Mais alors il pensa qu'il avait donné sa vie en sacrifice: il espérait mourir très bientôt. Mais il ne mourut pas, et l'on pouvait observer l'inquiétude monter en lui. "
"But then he thought that he had given his life in sacrifice : he expected to die very soon. But he did not, and one can observe the disquiet growing in him"
Letter 246
Peut-on, de là, parler de participation à la passion du Christ ? Participation, dans la mesure où le Christ n'est pas encore venu, sera de toute façon erroné, mais il reste la figure du sacrifice du Christ, même s'il n'est pas abouti.
Tolkien parle bien du salut du monde (et de lui-même) opéré par Frodon dans une lettre :
" But at this point the 'salvation' of the world and Frodo's own salvation is is achieved by his previous pity and forgiveness of injury "
Letter 181 (p.234)
4-5-3 Le lien à l'Eglise
" Une grâce ecclésiale. Les malades qui reçoivent ce sacrement " en s'associant librement à la passion et à la mort du Christ " apportent leur part pour le bien du Peuple de Dieu ". En célébrant ce sacrement, l'Eglise, dans la communion des saints, intercède pour le bien du malade. Et le malade à son tour, par la grâce de ce sacrement, contribue à la sanctification de l'Eglise et au bien de tous les hommes pour lesquels l'Eglise soufre et s'offre, par le Christ, à Dieu le Père. "
CEC 1522
Les questions s'interpénètrent, et nous avons déjà évoqué le fait que Frodon contribue au bien de tous les hommes.
Mais qui intercède donc pour Frodon ? Nous avons la réponse dans un chapitre du Tome 3 et dans une note de cette même lettre 246 déjà citée :
" Mais la reine Arwen dit : - Je vais vous faire un présent. Car je suis la fille d'Elrond. Je ne vais pas l'accompagner quand il partira pour les Havres (…). Mais vous partirez à ma place, Porteur de l'Anneau, le moment venu, et si tel est alors votre désir. Si vos blessures vous font encore souffrir et si le souvenir de votre fardeau est lourd, vous pourrez passer à l'Ouest jusqu'à guérison de vos maux et de votre lassitude. Mais portez ceci maintenant en mémoire de Pierre Elfique et d'Etoile du Soir, avec lesquels votre vie a été entretissée !
Elle prit alors une gemme blanche semblable à une étoile, qui reposait sur son sein au bout d'une chaîne d'argent, et elle passa cette chaîne autour du cou de Frodon.
- Quand vous serez troublé par le souvenir de la peur et des ténèbres, dit-elle, ceci vous apportera de l'aide."
T3, Chap. VI. NOMBREUSES SEPARATIONS, Page 345
" Mais il ne mourut pas, et l'on pouvait observer l'inquiétude monter en lui. Arwen fut la première à en observer les signes, et lui donna son joyau pour réconfort, et pensa à une façon de le guérir. * "
But he did not [die], and one can observe the disquiet growing in him. Arwen was the first to observe the signs, and gave him her jewel for comfort, and thought of a way of healing him.
* Pour tous exceptés ceux de la race Elfique, 'naviguer à l'Ouest' n'était pas permis, et toute exception nécessitait une 'autorité', et elle n'était pas en communication directe avec les Valar, spécialement depuis son choix de devenir 'mortelle'. Ce qui est signifié est que ce fut Arwen qui pensa d'abord à envoyer Frodon dans l'Ouest, et déposa une supplication pour lui à Gandalf (directement ou via Galadriel, ou les deux), et elle usa de sa propre renonciation du droit d'aller à l'Ouest comme un argument. Sa renonciation et sa souffrance furent apparentées et raccommodées à celle de Frodon : tous deux faisaient partie d'un plan de la régénération de l'État de l'Homme. Sa prière pouvait ainsi être spécialement efficace.
For any except those of Elvish race 'sailing West' was not permitted, and any exeption required 'authority', and she was not in direct communication with the Valar, especially not since her choice to become 'mortal'. What is meant is that it was Arwen who first thougt of sending Frodo into the West, and put in a plea for him to Gandalf (direct or through Galadriel, or both), and she used her own renunciation of the right to go West as an argument. Her renonciation ans suffering were related to and emmeshed with Frodo's: both were part of a plan of the regeneration of the State of Men. Her prayer might therefore be specially efective.
Letter 246
On peut être saisi par l'aspect de plus en plus religieux que prend cette simple explication de la manière dont Arwen s'y prend pour permettre à Frodon de se rendre à l'Ouest.
Nous y lisons donc la communion des saints effective entre Frodon et Arwen. Tandis que par sa souffrance, il a sauvé l'humanité et a contribué au bonheur d'Arwen, celle-ci intercède pour lui auprès des autorités pour lui offrir la guérison.
Le rôle d'Arwen comme pseudo Eglise est renforcé dans le don qu'elle fait de ce joyau qu'elle portait sur son cœur,
" Le treize de ce mois, le Père Chaumine trouva Frodon étendu sur son lit ; il avait la main crispée sur une pierre blanche suspendue à une chaîne qu'il avait autour du cou, et il paraissait à demi-perdu dans un songe.
- Il a disparu à jamais, disait-il, et maintenant tout est sombre et vide ".
T3, Chap. IX, LES HAVRES GRIS, p 417
C'est dans cet objet, ce viatique, que Frodon cherche un soutien. Le sacrement des malades met en effet l'accent sur le contact, qui est celui que dans l'Evangile les malades voulaient établir avec Jésus pour être guéris.
Et en tout lieu où il pénétrait, villages, villes ou fermes, on mettait les malades sur les places et on le priait de les laisser toucher ne fût-ce que la frange de son manteau, et tous ceux qui le touchaient étaient sauvés.
Marc 6,56
4-5-4 Une préparation à la mort
" Si le sacrement de l'Onction des malades est accordé à tous ceux qui souffrent de maladie et d'infirmités graves, il l'est à plus forte raison à ceux qui sont sur le point de sortir de cette vie, de sorte qu'on l'a aussi appelé sacramentum exeuntium. (…) Cette dernière onction munit la fin de notre vie terrestre comme d'un solide rempart en vue des dernières luttes avant l'entrée dans la Maison du Père ".
CEC 1523
Tolkien a assez insisté sur le fait que le passage à l'Ouest était à la fois une récompense, mais aussi un purgatoire, pour ne pas avoir à y revenir. Cependant, pour les plus sceptiques nous citerons encore une autre lettre, où il est dit :
" Ainsi de Frodon ou d'autres mortels, ils pouvaient seulement résider en Aman pour un temps limité - qu'il soit long ou bref. Les Valar n'avaient ni le pouvoir ni le droit de leur conférer l'immortalité. Leur séjour était un " purgatoire ", mais un de paix et de guérison, et il finiraient pas passer au delà (mourir selon leur propre désir et libre volonté) vers une destination dont les Elfes ne savaient rien "
" As for Frodo or other mortals, they could only dwell in Aman for a limited time - whether brief or long. The Valar had neither the power nor the right to confer immortality upon them. Their sojourn was a "purgatory", but one of peace and healing and they would eventually pass away (die at their own desire and of free will) to destinations of which the Elves knew nothing "
Letter 325, p. 411
(ou voir encore la lettre 154 au sujet de la mort de Frodon librement consentie).
Nous avons donné au début de cette longue partie un extrait du Home X où Tolkien précise bien el but de ce purgatoire :
" they went to a state in which they could acquire greater knowledge and peace of mind, and being healed of all hurts both of mind and body, could at last surrender themselves: die of free will, and even of desire, in estel."
" they went to a state in which they could acquire greater knowledge and peace of mind, and being healed of all hurts both of mind and body, could at last surrender themselves: die of free will, and even of desire, in estel."
Je me dois de rappeler que le mot Estel signifie Espoir, mais aussi et surtout Espérance. On peut même le traduire par " Foi ", ce qui a été fait de nombreuses fois, et qui rend pleinement compte de cette confiance abandonnée qu'est L'Estel. Tolkien nous met déjà en piste en comparant cette mort acceptée, voire offerte, à celle d'Aragorn, qui est bel et bien une mort vécue dans la Foi. Voilà donc le but de ce temps de convalescence, tout comme le véritable but du sacrement des malades : aider le malade à accepter avec foi sa mort prochaine (dans les dispositions déjà énoncées).
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce sacrement des malades présent en ce passage à lOuest, dans la mesure où elle condense toute l'histoire du sacrifice et de la rédemption de Frodon. C'est un vaste sujet, bien trop vaste pour cette partie d'une étude.
Il reste deux points sur lesquels il convient d'insister : le pardon des péchés, et le rôle de la Mer.
4-5-5 Le pardon des péchés
C'est en effet un des buts de ce sacrement, sur lequel je suis passé au début, mais que je reprend ici à présent.
Tolkien en fait explicite lui-même très brillamment cette présence d'un péché de Frodon, qui doit être pardonné, purifié plutôt. Ce péché, ce n'est pas celui d'avoir failli sur la crevasse du Destin, mais de continuer à désirer l'Anneau, après sa destruction… et de désirer une mort d'anéantissement, et non une mort dans la Foi.
Cet extrait de lettre explicite tout cela. Je le traduirai un autre jour, car elle est fort longue et il est bien tard (ou si quelqu'un veut s'y mettre), et vous la livre donc telle quelle :
« […] Frodo undertook his quest out of love - to save the world he knew from disaster at his own expense, il he could ; and also in complete humility, acknowledging that he was wholly inadequate to the task. His real contract was only to do what he could, to try to find a way, and to go as far on the road as his strenght of mind and body allowed. He did that. I do not myself see that the breaking of is mind and will under demonic pressure after torment was any more a moral failure than the breaking of his body would have been - say, by being strangled by Gollum, or crushed by a failing rock.
That appears to have been the judgement of Gandalf and Aragorn and of all who learned the full story of his journey. Certainly nothing woud be concealed by Frodo ! But what Frodo himself felt about the events is quite another matter.
He appears at first to have had no sens of guilt (III 224-5) ; he was restored to sanity and peace. But then he thought that he had given his life in sacrifice : he expected to die very soon. But he did not, and one can observe the disquiet growing in him. Arwen was the first to observe the signs, and gave him her jewel for comfort, and thought of a way of healing him* Slowly he fades 'out of the picture', saying and doing less and less. I think it is clear on reflection to an attentive reader that when his dark time came upon him and he was conscious of being 'wounded by knife sting and tooth and a long burden' (III 268) it was only nightmare memories of past horrors that afflicted him, but also unreasoning self-reproach : he was himself and all that he done as a broken failure. 'Though I may come to the Shire, it will not seem the same, for I shall not be the same'. That was actually a temptation out of the Dark, a last flicker of pride : desire to have returned as a 'hero', not content with being a mere instrument of good. And it was mixed with another temptation, blacker and yet (in a sense) more merited, for however that may be explained, he had not in fact cast away the Ring by a voluntary act : he was tempted to regret its destruction, and still to desire it. 'it is gone for ever, and now all is dark and empty', he said as he wakened from his sickness in 1420.
'Alas ! there are some wounds that cannot be wholly cured', said Gandalf (III268) - not in Middle-Earth. Frodo was sent or allowed to pass over Sea to heal him - if that could be done, befire he died. He would have enventually to 'pass away' : no mortal could, or can, abide for ever on earth, or within Time. So he went both to a purgatory and to a reward, for a while : a period of reflection and peace and a gaining of a true understanding of his position in littleness and in greatness, spent still in Time amid the natural beauty of 'Arda Unmarred', the Earth unspoiled by evil.
Bilbo went too. No doubts as a completion of the plan due to Gandalf himslef. Gandalf had a very great affection for Bilbo, from the hobbit's childhood onwards. His companionship was really necessary for Frodo's sake - it is difficult to imagine a hobbit, even one who had been through Frodo's experiences, being really happy evenin an earthly paradise wihout a companion of his own kind, and Bilbo was the person that Frodo most loved. […] "
246 From a letter to Mrs Eileen Elgar (drafts) september 1963
4-5-6 La Mer
Dans la mesure où Tolkien ne parle jamais de voyage vers Valinor, mais toujours de passage au delà de la mer, ou bien de passage à l'Ouest, on peut prétendre que cette mer a un rôle elle aussi dans ce lieu sacré qu'est l'Ouest, et qui contient ce sacrement des malades.
Je m'étendrais dessus un autre jour, mais laisse volontiers Silmo donner des pistes sur cette questions.
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Petite erreur : Tolkien est moins présomptueux au sujet de la guérison dans une de ses lettres :
Frodo was sent or allowed to pass over Sea to heal him - if that could be done, before he died. He would have enventually to 'pass away' : no mortal could, or can, abide for ever on earth, or within Time. So he went both to a purgatory and to a reward, for a while : a period of reflection and peace and a gaining of a true understanding of his position in littleness and in greatness, spent still in Time amid the natural beauty of 'Arda Unmarred', the Earth unspoiled by evil.
Letter 246 From a letter to Mrs Eileen Elgar (drafts) september 1963 (p.328)
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Je me dois de rappeler que le mot Estel signifie Espoir, mais aussi et surtout Espérance. On peut même le traduire par " Foi ", ce qui a été fait de nombreuses fois, et qui rend pleinement compte de cette confiance abandonnée qu'est L'Estel.
C'est un tort de sembler croire que l'Espérance serait une vertu moindre que la Foi (ou similaire), et donc qu'il serait presque nécessaire de traduire Estel par Foi pour renforcer le propos...
halala ;-) c'était presque parfait ;-))
Merci beaucoup Vinyamar! Quel (beau) boulot! :-)
A toi Silmo : la mer! la mer! la mer!
Sosryko
malade
mais pas au point de désirer
d('avoir perdu la "paix de l'esprit" ;-)
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Tout pareil que notre cher Sosryko ;).
L'Espérance est aussi, ni plus ni moins que la Foi ou la Charité, un abandon entier, n'est-ce-pas mon cher Vinyamar ? La composante sémantique de la 'confiance' qui intègre le sens de l'estel et des dialectiques y étant rattachées dans le Conte d'Arda, ne constitue pas sa seule sémantique ; l'identification de ses autres composantes (l'attente, la constance ...) permet de reconnaître ce que les chrétiens, dans notre monde (après la Révélation), nomment précisément et exactement l'Espérance ; et ce faisant, de la distinguer des deux autres vertus théologales, car on observe en même temps que les composantes sémantiques attribuées à la Foi ou à la Charité (autres que celle de la 'confiance') sont manquantes à l'Estel.
Tout cela, observé et commenté en détail, dans une certaine étude, bientôt ... :).
Je me permettrai cette petite critique ... Tu cites l'Athrabeth : " [...] die of free will, and even of desire, in estel. " que tu traduis ensuite par " [...] mourir librement, ou même de désir, dans l'Espérance. ". Traduire en français de l'elfique qui apparaît dans le texte d'origine ! ah la la :) ... un lapsus, qui, parfois, n'est pas sans trahir un certain biais externiste dans l'analyse ... Prudence ...
Cette petite critique mise à part, donc, je te redis ma joie de te lire. Si Arda est un monde vrai, il est normal que certains puissent y lire la trace des sacrements qu'ils vivent eux-mêmes dans notre monde. Les redécouvrir en ta compagnie dans la Terre-du-milieu est un plaisir. En ta compagnie, c'est encore du sens qui nous est donné. Merci :)
Yyr
PS : Sosryko :
Sosryko
malade
mais pas au point de désirer
d('avoir perdu la "paix de l'esprit" ;-)
Non :) Non :) Non :) Non :) Non :)
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Salut Sosryko
en fait, il me semble bien avoir lu dans bien des lieux sur ce forum, et sous de prestigieuses signatures (je pense à Eruvikë) qu'Estel signifiait directement la Foi. Je sais que Yyr prépare depuis un moment un topo sur l'Estel et l'Espérance (j'ai suivi de très loin des questionnements en forum de langues), mais je continues à me ranger pour le moment à la vision d'Eruvikë (M. Devaux) en ce qui concerne la foi, en attendant bien sûr un article pour corriger ma vision :-)
Es-tu donc encore malade ?
Yyr, si j'ai traduit le terme elfique, c'est parce que j'ai donné l'Angais en référence et non pas en note. La traduction étant en note, je me suis permis d'éclairer ceux qui ne connaîtraient pas encore assez l'Elfique. Mais il est vrai que c'est quand même un tort. J'le f'rai pus !
Au sujet de cete présence des sacrments, je ferai un retour sur le sens qu'il faut y donner une fois l'analyse terminée.
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Vin' : en fait, il me semble bien avoir lu dans bien des lieux sur ce forum, et sous de prestigieuses signatures (je pense à Eruvikë) qu'Estel signifiait directement la Foi.
Pas seulement Michaël, d'autres prestigieuses signatures :) ont donné cette traduction, ainsi Edouard (1ère édition du dictionnaire des langues elfiques, vol. 1), Didier (du Bien & du Mal, article sous Hiswelókë), Laurent (dans l'Imaginaire médiéval et mythologique dans l'œuvre de Tolkien) ... et a priori tous les Tolkiendili francophones jusqu'à présent :)
Sans que cela n'ôte la moindre pertinence aux analyses des thèmes des études au sein desquelles est apparue la *proposition* 'Estel = Foi' (elle n'a jamais fait l'objet d'une analyse pour elle-même), je prétends que cette hypothèse n'est pas la bonne. Et que nous disposons peut-être bien de l'exacte traduction en français en l'Espérance.
Je sais que Yyr prépare depuis un moment un topo sur l'Estel et l'Espérance [...]
Yyr & Sosryko en fait ;) qui y ont déjà consacré plusieurs mois, mais dont les signatures ne sont pas encore prestigieuses ;) aller je te taquine - et tu as raison : nous verrons cela une fois notre travail publié :)
Au sujet de cette présence des sacrements, je ferai un retour sur le sens qu'il faut y donner une fois l'analyse terminée.
Chouette :)
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je prétends → " nous prétendons, Sosryko et moi, ... " voilà qui est plus juste :) [je ne voulais pas parler à ta place, mais je me rends compte que c'est plus maladroit en fait ...]
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Bon, je vais tenter de finir sur la mer avant de poursuivre avec le mariage, et éventuellement l'eucharistie.
J'en profite pour dire que cette dernière étude sur la mer me montre que ces lieux sacrés que j'ai tenté de mettre en évidence sont plutôt des passages, à chaque fois, que des sanctuaires !
La mer en fait partie.
" Legolas Vertefeuille, longtemps sous l'arbre
Dans la joie tu vécus. Prends garde à la Mer!
Si tu entends le cri de la mouette sur le rivage,
Ton coeur plus alors dans la forêt ne se reposera. "
Legolas Greenleaf long under tree
In joy thou hast lived. Beware of the Sea!
If thou hearest the cry of the gull on the shore,
Thy heart shall then rest in the forest no more
- Regardez ! s'écria-t-il. Des mouettes ! Elles volent loin à l'intérieur des terres. Elles sont pour moi sujet d'étonnement et pour mon coeur sujet de trouble. Jamais de ma vie je ne les avais rencontrées jusqu'à notre arrivée à Pelargir, et là, je les entendis crier dans l'air tandis que nous chevauchions vers la bataille des navires. Je demeurai alors immobile, oubliant la guerre en Terre du Milieu; car leurs voix plaintives me parlaient de la Mer. La Mer ! Je ne l'ai pas encore vue, hélas ! Mais au plus profond du coeur de tous ceux de ma race réside la nostalgie de la Mer, qu'il est dangereux de réveiller. Hélas! pour les mouettes, jamais plus je n'aurai de paix sous aucun hêtre, aucun orme.
T3, Chap. IX. LA DERNIERE DELIBERATION, Page 199
La mer apparaît, comme l'a dit Silmo, comme un élément très fort dans la vie des Elfes, presque comme le passage d'un état à un autre. Cette nostalgie des Elfes pour la mer est comme un appel vers une autre vie, comme un amour passé qui ressurgit.
Mais la mer, c'est aussi ce qui sépare (tiens, nous retrouvons donc cette définition du sacré) un monde d'un autre, l'Ouest de la Terre du Milieu, mais aussi les Elfes fidèles des Elfes qui ont quitté la lumière. La mer, c'est encore cette intervention divine qui reforma le monde quand les hommes de Númenor tentèrent de la franchir, engloutissant la flotte et leur île, englouttisant la moitié du monde et condamnant les hommes à revenir toujours à leur point de départ s'ils partent pour chercher le pays de la lumière primordiale, du moins s'ils cherchent un pays physique où séjourner.
La mer, c'est encore cet exploit commis par Eärendil, "l'amoureux de la mer" , qui parvint à la franchir pour déposer une supplique, une prière, devant les Valar et sauver ainsi la Terre du Milieu de la menace de Melkor ! La mer, c'est donc cet espace qui sépare, et qu'il faut franchir pour accéder à un autre état qui semble très lié au domaine religieux du Monde de Tolkien (cet Ouest mythique), ou communiquer avec les dieux.
Pour Frodon, nosu l'avons vu, c'est le passage à franchir pour obtenir la guérison spirituelle, pour accéder à ce sacrement des malades qui lui vaut la prière d'Arwen. Tolkien n'énonce jamais qu'il s'agit d'aller sur Tol Eressaë, ni en Valinor, mais toujours il parle de passer "au delà de la mer", comme si ce simple passage indépendamment du but visé, valait comme remède.
pour les Elfes, c'est aussi et toujours la Mer qui les apelle, et non pas la lumière du continent sur lequel ils doivent débarquer. (je parle de lumière car Tolkien l'évoque quand même dans les visions de Frodon, mais nous savons tous qu'il n'est plus d'arbre pour éclairer Valinor comme autrefois). C'est donc bien la mer en effet, qui est le lieu, ou le passage plutôt, du sacrement.
D'ailleurs, il est dit à la fin du roman:
"Frodon embrassa alors Merry et Pippin, et en dernier Sam, puis il monta à bord; les voiles furent hissées, le vent souffla, et, lentement, le navire s'en fut en glissant dans le long estuaire gris; et la lumière du verre de Galadriel que Frodon portait vacilla et disparut. Et le navire sortit en Haute Mer et passa vers l'Ouest, jusqu'à ce qu'enfin, par une nuit pluvieuse, Frodon sentit dans l'air une douce fragrance et entendit flotter sur l'eau un son de chants."
T3, Chap. IX. LES HAVRES GRIS, Page 426
Une douce fragrance, cette même fragrance qu'on retrouve sur Aragorn, de manière inexpliquée, au moment de son sacre, ne peut-elle pas évoquer l'huile sainte, ce saint chrême qui sert justement à oindre les malades lors du sacrement des malades, et à oindre le roi lors de son sacre. Cette huile sainte dont la principale caractéristique est sa composition très odorante, qui n'est pas un accident mais a son but théologique ("répandre la bonne odeur du Christ").
La mer semble donc elle même le lieu sacré, et le dépositaire du sacrement.
une mer qui n'est qu'un passage, tout comme, finalement, la Moria, le chemin des morts, la Vieile forêt et la maison de Bombadil, et même... le monde, dont reviennent tous les héros.
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(ah et j'ai oublié de parler des chants, qui si pour les lecteurs du Silmarillon évoquent bien sûr les Teleri, peuvent aussi bien parce qu'ils flottent sur la mer, donner un cadre plus liturgique encore à cette mer bénie)
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Et voilà Silmo l’escargot, qui, répondant à l’appel de Sosryko, vient un peu tard vous reparler de la Mer…
Merci Vinyamar d’avoir déjà développé le sujet pendant que ce week-end je me laissais aller à une certaine paresse.
Il m’a fallu un peu de temps car je voulais fouiller dans plusieurs autres directions et ne pas me limiter au point de vue des Elfes tout en gardant à l’esprit que ta recherche portait exclusivement sur le SdA (pas facile d’ailleurs car beaucoup d’indices seraient à récupérer dans le reste du Légendaire).
Tu as donc fait mention des Elfes pour lesquels l’appel de la Mer est très important.
Il y a Legolas bien sûr, mais aussi, dans le SdA, la légende d’Amroth et Nimrodel (là aussi la Mer est un lieu de Passage)… et puis, il y la manière dont la Mer est présentée au Conseil d’Elrond, quasiment comme un Sanctuaire, hors de portée de Sauron:
Dans un premier temps c’est Gandalf qui raconte ce que Saroumane a dit ,après la réapparition de Sauron, i.e. qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter puisque d’après ses recherches, l’Anneau avait été emporté dans la Mer et devenait donc inaccessible.
"Into Anduin the Great it fell; and long ago, while Sauron slept, it was rolled down the River to the Sea. There let it lie until the End."
Et Glorfindel, propose donc d’y jeter l’Anneau :
“Then, said Glorfindel, 'let us cast it into the deeps, and so make the lies of Saruman come true. For it is clear now that even at the Council his feet were already on a crooked path. He knew that the Ring was not lost for ever, but wished us to think so; for he began to lust for it for himself. Yet oft in lies truth is hidden: in the Sea it would be safe.”
Finalement, Gandalf écarte cette solution qui pourrait valoir pour un temps, voire pour un Âge, mais pas pour l’éternité. Quant à Galdor, il craint que Sauron n’attaque en priorité de ce côté là en pensant que c’est justement vers le plus sûr des lieux (l’a Mer, puis l’Ouest) que l’Anneau sera envoyé.
Voilà pour les Elfes.
Un autre point de vue intéressant, est celui de Frodon.
On sait qu’a prioiri, les Hobbits n’épprouvent pas une franche attirance pour l’eau et sûrement pas pour la Mer. Dès le premier chapitre du SdA, la Mer est présentée comme un *ailleurs* chargé de mystères :
“The Hobbits of the Westfarthing said that one could see the Sea from the lop of that tower; but no Hobbit had ever been known to climb it. Indeed, few Hobbits had ever seen or sailed upon the Sea, and fewer still had ever returned to report it.
And as the days of the Shire lengthened they spoke less and less with the Elves, and grew afraid of them, and distrustful of those that had dealings with them; and the Sea became a word of fear among them, and a token of death, and they turned their faces away from the hills in the west.”
Mais, comme tu l’as dit, Vin’, pour les Hobbits, tout ce qui n’est pas dans la Comté est déjà un *ailleurs*…
Parmi eux, Frodon apparaît comme un cas particulier puisque c’est le seul Hobbit qui, de manière récurente tout au long du SdA, rêve de la Mer ou, en parle, où la sent, la voit, l’entend…:
1°) D’abord, Frodon en rêve dans la maison du pays de Bouc :
“Then he heard a noise in the distance. At first he thought it was a great wind coming over the leaves of the forest. Then he knew that it was not leaves, but the sound of the Sea far-off; a sound he had never heard in waking life, though it had often troubled his dreams. Suddenly he found he was out in the open. There were no trees after all. He was on a dark heath, and there was a strange salt smell in the air. Looking up he saw before him a tall white tower, standing alone on a high ridge. A great desire came over him to climb the tower and see the Sea. He started to struggle up the ridge towards the tower: but suddenly a light came in the sky, and there was a noise of thunder.”
2°) Plus tard, en Lorien (lieu sacré ?), il l’entend lorsqu’il monte avec Haldir au sommet de Cerin Amroth :
“They entered the circle of white trees. As they did so the South Wind blew upon Cerin Amroth and sighed among the branches. Frodo stood still, hearing far off great seas upon beaches that had long ago been washed away, and sea-birds crying whose race had perished from the earth.”
3°) Et il la voit en se penchant sur le Miroir de Galadriel :
“Then there was a pause, and after it many swift scenes followed that Frodo in some way knew to be parts of a great history in which he had become involved. The mist cleared and he saw a sight which he had never seen before but knew at once: the Sea. Darkness fell. The sea rose and raged in a great storm. Then he saw against the Sun, sinking blood-red into a wrack of clouds, the black outline of a tall ship with torn sails riding up out of the West.”
4°) Frodo en parle peu de temps après être sorti de la Lorien :
“And perhaps that was the way of it,' said Frodo. `In that land, maybe, we were in a time that has elsewhere long gone by. It was not, I think, until Silverlode bore us back to Anduin that we returned to the time that flows through mortal lands to the Great Sea.”
(Curieux que la Mer soit ainsi présentée comme limite des terres mortelles…)
5°) Prisonnier dans la Tour de Cirith Ungol, Frodon reparle encore de la Mer à Sam :
“The quest has failed Sam. Even if we get out of here, we can’t escape. Only Elves can escape. Away, away out of Middle-earth, far away over the Sea. If even that is wide enough to keep the Shadow out.”
6°) Puis, toujours à Sam, une fois revenu à Fondcombe après la destruction de l’Anneau (Sam lui parle de Rvendell) :
“Well, Mr. Frodo, we’ve been far and seen a deal, and yet I don’t think we’ve found a better place than this. There’s something of everything here, if you understand me: the Shire and the Golden Wood and Gondor and kings’ houses and inns and meadows and mountains all mixed. And yet, somehow, I feel we ought to be going soon. I’m worried about my gaffer, to tell you the truth”
“Yes, something of everything, Sam, except the Sea,’ Frodo had answered; and he repeated it now to himself: ‘Except the Sea.”
Comme si la Mer était la seule chose qui manque encore à Frodon (la Mer comme un aboutissement).
Reste le point de vue des Hommes.
Dans le SdA, la Mer semble plutôt associée à la Mort (peut-être aussi comme un lieu de passage?!?!)
C’est particulièrement net lors de la Mort de Boromir avec le chant d’Aragorn au moment de ses funérailles :
“From the mouths of the Sea the South Wind flies, from the sandhills and the stones;
The wailing of the gulls it bears, and at the gate it moans.
What news from the South, O sighing wind, do you bring to me at eve?
Where now is Boromir the Fair? He tarries and I grieve.
Ask not of me where he doth dwell-so many bones there lie
On the white shores and the dark shores under the stormy sky;
So many have passed down Anduin to find the flowing Sea.
Ask of the North Wind news of them the North Wind sends to me!'
O Boromir! Beyond the gate the seaward road runs south,
But you came not with the wailing gulls from the grey sea's mouth.”
Toujours à propos de la mort de Boromir, Faramir ne dit-il pas à Frodon :
“And I do not doubt that he is dead and has passed down the River to the Sea.”
Ce lien de la Mer avec la mort est peut-être à relier aussi avec le message que Galadriel fait parvenir à Aragorn par les fils d’Elrond, lorsqu’il lui est suggéré d’emprunter le Chemin des Morts. Le Message se termine ainsi :
“The Dead watch the road that leads to the Sea.”
Enfin, la Mer accompagne le deuil de Théoden :
“A great rain came out of the Sea, and it seemed that all things wept for Théoden and Éowyn, quenching the fires in the City with grey tears.”
La Mer est donc un appel pour les Elfes qui savent ce qui se trouvent au delà d’elle.. et c’est peut-être une limite pour les êtres mortels.
Voilà, ce ne sont que des pistes supplémentaires.. du grain à moudre pour Vinyamar j’espère… :-)
Silmo
PS : Vin’>>> Au sujet de l’Anneau de Barahir, j’ai donné plus haut le lien vers l’article de Fangorn (Sébastien Mallet) qui figure ici sur le site de JRRVF, mais il va de soi que tu as tout intérêt, si ce thème te semble coller à ta recherche, à plutôt regarder du côté du magnifique article révisé, augmenté et complété tel qu’il est paru dans la Feuille de la Compagnie n°2.
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Pitié, on est lundi matin... oubliez les fautes de frappe et d'orthographe...:-((((
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ahh, Merci Silmo ;-))
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Sans avoir pensé à la récurence de le présence de la mer dans le récit, j'avais déjà noté que le VENT bénéfique qui amenait Aragorn ou qui chassait les 'démons' était toujours un vent venu de la mer (ou de l'ouest, mais souvent la mer est mentionnée), un vent bénéfique, un vent béni !
C'est donc bien la mer, plutôt que Valinor ou Tol Ereesaë, qui mérite d'être considérée comme un "lieu" sacré, un passage vers un sacrement !
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(tiens, je découvre à l'instant que tu viens d'énoncer cette observation dans un autre fuseau, justement dédié au vent (beau fuseau d'ailleurs) )
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sinon, je viens de découvrir un lieu sacré assez étonnant, car n ne se rend pas d'abord compte qu'il est séparé, c'est le Champs de Cormallen, où je vois des indices pour une eucharistie (="action de grâce").
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Erratum: il n'y a pas de fragrance sur Aragorn au moment de son sacre, elle est sur Arwen au moment de son arrivée finale.
Tant pis !
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4-6-1 Quels mariages ?
Le « sacrement » du mariage est-il présent dans le Seigneur des Anneaux ? Pour y répondre, voyons tout d’abord le chapitre qui traite justement du mariage d’Aragorn : l’Intendant et le Roi. La première chose qui marque dans ce chapitre, c’est qu’on y trouve en fait plusieurs mariage : celui de Faramir et d’Eowyn, et celui d’Aragorn et d’Arwen. Mais une autre chose frappe davantage encore : ces mariages ne sont absolument pas décris. Comment ?! Le moment le plus heureux de la vie de ces héros, le but ultime vers lequel tendait Aragorn, « le couronnement des exploits auxquels [nos héros] ont eu part », selon les propres mots d’Aragorn, n’est décrit que par cette simple (et sublime) phrase :
Aragorn, Roi Elessar, épousa Arwen Undómiel dans la cité des Rois le jour du Solstice d’Été, et l’histoire de leur longue peine se trouva achevé.
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.343
Rien de plus, ni dans les annexes racontant l’histoire particulière d’Aragorn et d’Arwen, sinon la mention répétée que cela est « l’achèvement » !
Mais comment se fait-il que tout soit concentré sur un seul chapitre : l’amour et le mariage de Faramir et d’Eowyn (qui n’est que promis, certes, mais il n’y aura nulle autre cérémonie dans le roman, sinon son annonce officielle au chapitre suivant), le mariage d’Aragorn et d’Arwen, et surtout entre les deux, son couronnement glorieux.
Dès lors, rien ne nous interdit de penser que ce couronnement s’inscrit peut-être dans la même dynamique de mariage, en réalité, et de découvrir qu’en effet, c’est peut-être bien là, dans ce triple mariage, (mais surtout celui d’Aragorn avec son peuple) que ce situe le sacrement.
4-6-2 Faramir et Eowyn
Voyons tout d’abord en quoi les fiançailles d’Eowyn et de Faramir peuvent évoquer le sacré :
- (…) Je serais guérisseuse, et j’aimerais tout ce qui pousse et n’est pas stérile. (…)
- (…) J’épouserai pourtant la Dame Blanche de Rohan, si telle est sa volonté. Et si elle le veut, alors traversons le Fleuve pour demeurer, en des jours plus heureux, dans la belle Ithilien, où nous ferons un jardin. Toutes choses pousseront là avec joie, si la Dame Blanche y vient.
- Dois-je abandonner mon propre peuple, homme de Gondor ? dit-elle (…)
- Oui, je le voudrais, dit Faramir. Il la prit dans ses bras et il l’embrassa sous le ciel ensoleillé.
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.332
Ce passage n’est pas sans rappeler le fondement du mariage religieux, tiré du livre de la genèse :
Dieu dit: Que les eaux qui sont au-dessous du ciel se rassemblent en un seul lieu, et que le sec paraisse. Et cela fut ainsi. Dieu appela le sec terre, et il appela l'amas des eaux mers. Dieu vit que cela était bon. Puis Dieu dit: Que la terre produise de la verdure, de l'herbe portant de la semence, des arbres fruitiers donnant du fruit selon leur espèce et ayant en eux leur semence sur la terre. Et cela fut ainsi. La terre produisit de la verdure, de l'herbe portant de la semence selon son espèce, et des arbres donnant du fruit et ayant en eux leur semence selon leur espèce. Dieu vit que cela était bon. Ainsi, il y eut un soir, et il y eut un matin: ce fut le troisième jour (…)
Dieu créa l'homme à son image,
à l'image de Dieu il le créa,
homme et femme il les créa.
Dieu les bénit et leur dit: "Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre."
Dieu dit: "Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence: ce sera votre nourriture.
Genèse 1,9-13 ; 27-29
C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
Gn 2,24
Ce mariage primordial arrive dans le jardin d’Eden, et l’on y voit comme en refrain l’importance que Dieu donne à la fécondité, des plantes, des animaux, puis de l’homme et de la femme. Ce mariage entre Faramir et Eowyn ressemble fort à un retour à cet état originel, dans un jardin fécond.
Nous notons aussi au passage l’accent que met Tolkien, comme en défi, à la séparation que cela implique pour Eowyn, arrachée à son peuple pour aller vivre avec son époux, comme pour vérifier la parole de la Genèse (dans le texte latin, on a homo et non pas vir pour désigner que l’homme quitte les siens, pour rejoindre son uxor ; ce sont donc des mots sans genre qui s’appliquent aussi bien à la femme qu’à l’homme).
4-6-3 Aragorn et Arwen
Au sujet du mariage d’Aragorn, nous y reviendrons, mais remarquons deux choses :
1- Aragorn doit patienter tout le mois de Mai avant que sa promise n’arrive. Couronné le 1er mai, il doit attendre impatiemment la fin du mois avant que quelque chose n’arrive. Or, le mois de Mai dans la religion catholique est justement le mois où l’on ne se marie pas, le mois des vierges (car consacré à la Sainte Vierge), mois de chasteté, où l’attente n’est qu’une plus belle purification en attendant les noces !
- Le mois de Juin arrive et c’est aussitôt le 23 juin. Le 24 juin, jour du Solstice d’été, et aussi fête de St Jean-Baptiste, il épouse Arwen.
Souvenons-nous que Jean-Baptiste est aussi celui qui, chez l’Évangéliste St Jean, est justement celui qui compare le Christ à un époux, lui qui a dit :
Qui a l'épouse est l'époux;
mais l'ami de l'époux
qui se tient là et qui l'entend,
est ravi de joie à la voix de l'époux.
Telle est ma joie, et elle est complète.
Jean 3,29
4-6-4 le couronnement : épousailles
Maintenant que nous avons introduit le concept le plus chargé de sens, à savoir l’image du Christ comme époux de l’Eglise, qui fait écho à l’image de Dieu comme époux de son peuple dans l’Ancien Testament, voyons comment le couronnement et la royauté d’Aragorn se vit pleinement dans cette même vision.
Tous les préparatifs furent alors fait dans la Cité ; et il y avait un grand concours de gens, car les nouvelles s’étaient répandues dans toutes les parties du Gondor, de Min-Rimon jusqu’à Pinnath Gelin et aux côtes lointaines de la mer, et tous ceux qui pouvaient venir à la Cité se hâtaient d’y arriver. Et la Cité fut de nouveau remplie de femmes et de beaux enfants qui revenaient vers leurs maisons chargés de fleurs ; et de Dol Amroth vinrent les harpistes les plus habiles de tout le pays ; et il y avait des joueur de viole, de flûte, de cors d’argent, et des chanteurs à la voix claire venus des vallées du Lebennin.
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.333
Les lecteurs de la bible n’auront pas eu de peine à reconnaître l’évocation de la nouvelle Jérusalem chez Isaïe, cité sainte où viendront toutes les nations :
« Debout! Resplendis! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahvé.
Tandis que les ténèbres s'étendent sur la terre et l'obscurité sur les peuples,
sur toi se lève Yahvé, et sa gloire sur toi paraît.
Les nations marcheront à ta lumière et les rois à ta clarté naissante.
Lève les yeux aux alentours et regarde:
tous sont rassemblés, ils viennent à toi.
Tes fils viennent de loin,
et tes filles sont portées sur la hanche.
Alors, tu verras et seras radieuse,
ton cœur tressaillira et se dilatera,
car les richesses de la mer afflueront vers toi,
et les trésors des nations viendront chez toi.
les bateaux de Tarsis ont pris la tête pour ramener de loin tes fils,
avec leur argent et leur or,
à cause du nom de Yahvé ton Dieu, »
Isaïe 60
Jusqu’à cette petite mention de veilleurs guettant l’aube :
Enfin vint un soir où l’on put voir du haut des murs les tentes dans la campagne [celles d’Aragorn qui revient] et, toute la nuit, des lumières brûlèrent, tandis que les hommes guettaient l’aube.
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.333
Et quand l’aube arrive, c’est cloches, bannières, étendards d’argent, pour accueillir les armées scintillantes comme l’argent sous le soleil.
Ces veilleurs ne sont pas sans rappeler ceux d’Isaïe (qui font eux-mêmes échos à ceux du psaume 130 : mon âme attend le Seigneur, plus que les veilleurs l'aurore) :
A cause de Sion je ne me tairai pas,
à cause de Jérusalem je ne me tiendrai pas en repos,
jusqu'à ce que sa justice jaillisse comme une clarté,
et son salut comme une torche allumée. Alors les nations verront ta justice,
et tous les rois ta gloire.
Alors on t'appellera d'un nom nouveau
que la bouche de Yahvé désignera. Tu seras une couronne de splendeur dans la main de Yahvé,
un turban royal dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus: "Délaissée"
et de ta terre on ne dira plus: "Désolation."
Mais on t'appellera: "Mon plaisir est en elle"
et ta terre: "Epousée."
Car Yahvé trouvera en toi son plaisir,
et ta terre sera épousée.
Comme un jeune homme épouse une vierge,
ton bâtisseur t'épousera.
Et c'est la joie de l'époux au sujet de l'épouse que ton Dieu éprouvera à ton sujet.
Sur tes remparts, Jérusalem, j'ai posté des veilleurs,
de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont.
Vous qui vous rappelez au souvenir de Yahvé, pas de repos
pour vous. Ne lui accordez pas de repos qu'il n'ait établi Jérusalem
et fait d'elle une louange au milieu du pays.
Isaïe 62
Notons aussi dans ce texte le nom nouveau dont sera appelé l’époux de le nouvelle Jérusalem, celui qui sera une couronne, ainsi que le nom nouveau du Roi Aragorn, qui sera connu sous le nom du Roi Elessar. Le nom avait déjà été dévoilé, certes, mais toujours en rapport avec cette royauté qu’il devait reconquérir ! Le voilà roi, ou plutôt époux de la cité du Gondor, et le voilà avec ce nom nouveau.
Nous avons beaucoup comparé le couronnement d’Aragorn à des épousailles entre lui et le peuple du Gondor, entre lui et la cité du Gondor, devenue comme la nouvelle Jérusalem, ou Église sainte et régénérée. Où voyons-nous les traces d’une telle comparaison, et où, en quel lieu sacré, ce mariage prend-il place ?
Comme tous les mariages, il prend place en deux lieux : celui de l’échange des consentements, public, et celui de l’union des époux et de fécondité, secret.
Relevons immédiatement que c’est Aragorn le premier qui personnifie la Cité du Gondor (il est d’ailleurs à noter qu’elle n’est plus jamais appelée Minas Tirith, mais simplement la Cité, avec une majuscule) :
- (…) moi aussi je deviendrais vieux. Qui alors gouvernera le Gondor et ceux qui regardent vers cette Cité comme vers leur reine
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.341
Il est donc bien permis d’imaginer la Cité comme une reine que vient épouser son roi. Ces épousailles prennent place devant ses portes, lorsque Faramir accueille Aragorn., pour son couronnement. Aragorn lui rend son sceptre, afin qu’il officie pour la cérémonie, ce qu’il va faire de la manière la plus simple : par une demande de consentement :
- Hommes de Gondor (…), voici Aragorn, fils d’Arathorn (…). Sera-t-il roi, et entrera-t-il dans la Cité pour y demeurer ?
Et toute l’armée et tout le peuple crièrent oui d’une seule voix.
Le peuple n’acquiesce pas, il ne crie pas de joie n’importe quoi, il dit : « OUI » . (« yea », un oui solennel !)
De même, au moment où Aragorn prend la couronne, il pose son propre serment :
- De la Grande Mer en Terre du Milieu je suis venu. En ce lieu, je me fixerai, moi et mes héritiers, jusqu’à la fin du monde.
Serment qui rappelle toujours celui de Dieu à son épouse, son peuple, dans Isaïe :
et je conclurai avec eux une alliance éternelle.
Leur race sera célèbre parmi les nations,
et leur descendance au milieu des peuples;
tous ceux qui les verront les reconnaîtront
comme une race que Yahvé a bénie. Je suis plein d'allégresse en Yahvé,
mon âme exulte en mon Dieu,
car il m'a revêtu de vêtements de salut,
il m'a drapé dans un manteau de justice,
comme l'époux qui se coiffe d'un diadème,
comme la fiancée qui se pare de ses bijoux.
Car de même que la terre fait éclore ses germes
et qu'un jardin fait germer sa semence,
ainsi le Seigneur Yahvé fait germer la justice et la
louange devant toutes les nations.
Isaïe 61
Les vêtements de salut, et le roi drapé de justice peuvent aussi être évoqué par les vêtement d’Aragorn et la cape immaculée fermée par sa pierre verte, qu’il porte lors de son couronnement, salut et justice qu’il offrira en effet lors de son règne.
Mais pour clôturer la cérémonie, il demande à Gandalf de le couronner, comme l’évêque, qui ajoute une bénédiction sur les Valar :
- Maintenant viennent les jours du Roi, et puissent-ils être bénis tant que dureront les trônes des Valar.
Et voilà que Tolkien change soudain le nom d’Aragorn, et ne parle plus que du Roi Elessar. Curieux changement en milieu de passage, alors qu’il ne parlait jusqu’ici que d’Aragorn !
Dans la foulée, Tolkien nous explique ce que devient la cité sous son règne, se projetant dans l’avenir à ce moment précis du récit.
« De son temps, la Cité fut rendue plus belle qu’elle n’avait jamais été, fût-ce aux jours de sa gloire première, elle fut emplie d’arbres et de fontaines ; ses portes étaient de mithril et d’acier, et ses rues étaient pavées de marbre blanc ; les gens de la montagne y travaillaient, et ceux de la forêt se réjouissaient d’y venir ; tous étaient guéris et tout était réparé ; les maisons étaient pleines d’hommes et de femmes et de rires d’enfants ; aucune fenêtre n’était aveugle, aucune cour vide, et après le passage du Troisième Âge du monde dans le nouvel age, il garda le souvenir et la gloire des années disparues. »
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.337
Ce passage rappelle bien sûr encore le passage le l’apocalypse où il est fait référence à la nouvelle Jérusalem :
Puis je vis un ciel nouveau, une terre nouvelle -- car le premier ciel et la première terre ont disparu, et de mer, il n'y en a plus. Et je vis la Cité sainte, Jérusalem nouvelle, qui descendait du ciel, de chez Dieu; elle s'est faite belle, comme une jeune mariée parée pour son époux. J'entendis alors une voix clamer, du trône: "Voici la demeure de Dieu avec les hommes. Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple, et lui, Dieu-avec-eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux: de mort, il n'y en aura plus; de pleur, de cri et de peine, il n'y en aura plus, car l'ancien monde s'en est allé."
Apocalypse 21,1-4
La description se poursuit plus loin, présentant une ville faite d’or et de pierreries, et d’où coulent des fleuves dont les arbres qui poussent contre ses eaux procurent la guérison.
Et pour finir sur la vision de la Jérusalem épouse d’Isaïe, nous citons ce dernier morceau :
L'esprit du Seigneur Yahvé est sur moi,
car Yahvé m'a donné l'onction;
il m'a envoyé porter la nouvelle aux pauvres,
panser les cœurs meurtris,
annoncer aux captifs la libération
et aux prisonniers la délivrance, proclamer une année de grâce de la part de Yahvé
et un jour de vengeance pour notre Dieu,
pour consoler tous les affligés, (pour mettre aux affligés de Sion)
pour leur donner un diadème au lieu de cendre,
de l'huile de joie au lieu d'un vêtement de deuil,
un manteau de fête au lieu d'un esprit abattu;
et on les appellera térébinthes de justice,
plantation de Yahvé pour se glorifier. Ils rebâtiront les ruines antiques,
ils relèveront les restes désolés d'autrefois;
ils restaureront les villes en ruines,
les restes désolés des générations passées
Isaïe 61
Cette justice et ce salut dont nous avions déjà parlé, ne sont-ils pas pleinement manifestés dans la pardon que le Roi accorde aux Orientaux, qu’il rend libre ? Il fait d’autres paix, et libère encore les esclaves du Mordor, et leur donne des terres.
Quant aux soins, il les a déjà prodigué lui-même, dans les maisons de guérison, par ce pouvoir que Tolkien résume ainsi :
« La sagesse se montrait sur son front, et la force et la guérison étaient dans ses mains, et une lumière l’environnait »
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.336
4-6-5 La fécondité
Le mariage d’Aragorn avec la Cité est donc officialisé, mais il n’est pas un sacrement valide sans l’union des époux, une union qui soit ouverte à la fécondité, et qui de par la grâce de Dieu peut ouvrir sur la vie. Où est-elle donc cette vie, et où se déroule cette scène sacrée ?
Elle a lieu vers la fin du mois de Mai, mais la fécondité n’apparaîtra qu’au mois de Juin. Il s’agit de ce jour mystérieux où Gandalf emmène de nuit Aragorn hors de la Cité, et comme dans le récit de l’Apocalypse, l’emmène sur le haut d’une montagne pour contempler son royaume et la Cité :
« Vint le jour où Gandalf fut introuvable, et les Compagnons se demandèrent ce qui se préparait. Mais Gandalf emmena de nuit Aragorn hors de la cité, et il le conduisit au pied sud du mont Mindolluin ; et là ils trouvèrent un sentier fait dans un temps lointain et que peu de gens osaient à présent fouler. Car il montait dans la montagne à un haut champ sous les neiges qui recouvraient les pics,e t ce champs dominait le précipice qui se trouvait derrière la Cité. Debout là, ils contemplèrent la pays, car le matin était venu ; et ils voyaient les tours de la Cité loin en contrebas, tels des pinceaux blancs touchés par la lumière du soleil »
T3, Ch. V, L’INTENDANT ET LE ROI, p.340
"Viens, que je te montre la Fiancée, l'Epouse de l'Agneau." Il me transporta donc en esprit sur une montagne de grande hauteur, et me montra la Cité sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, de chez Dieu, avec en elle la gloire de Dieu. Elle resplendit telle une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe cristallin. »
Apocalypse 21,9-11
Et tandis qu’Aragorn s’inquiète de son avenir et de celui du Gondor, il demande un signe, et voilà que Gandalf l’invite à se retourner, pour découvrir un rejeton de l’aîné des Arbres. Il récolte la pousse, et Gandalf explique que ces lieux sont « consacrés » (ou ‘sanctifiés’ (« ancient hallow »)), et que cela explique la survie de cette pousse pour le moment propice.
Nous voici en un lieu séparé comme il se doit, un lieu que Tolkien défini lui même comme sacré, et en lequel survient la descendance du Gondor, l’Arbre Blanc signe de la royauté ! il sera planté dans le jardin de la cour, et il donnera du fruit en Juin, comme signe de l’arrivée d’Arwen, et du temps pour Aragorn (et le Gondor) d’une autre descendance, de chair cette fois. Il dispose à nouveau « des guetteurs sur les remparts » (ce thème est très utilisé en liturgie, bien qu’il n’apparaisse peut-être pas aussi fréquent dans la bible).
Et « Aragorn, Roi Elessar, épousa Arwen Undómiel dans la cité des Rois le jour du Solstice d’Été, et l’histoire de leur longue peine se trouva achevé ».
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Une nouvelle fois, merci beaucoup pour cette suite, Vinyamar ;-))
Deux remarques, une courte, une plus longue.
Premièrement, attention à ne pas forcer le(s) texte(s) !
Le "on t'appellera d'un nom nouveau" en Es.62:2 ne fait pas référence à "l'époux de la nouvelle Jérusalem" comme tu le voudrais bien mais à la nouvelle manière qu'on aura de désigner Jérusalem elle-même (cf le verset 4 qui suit et que tu cites!)
Deuxièmement :
>>Vinyamar : Il dispose à nouveau « des guetteurs sur les remparts » (ce thème est très utilisé en liturgie, bien qu’il n’apparaisse peut-être pas aussi fréquent dans la bible).
Déjà, les références que tu donnes devraient suffire (Ps130:6, Esaïe 62:6); il se trouve qu'elles ne sont pas les seules, loin de là!
Dans le seul livre d'Ésaïe, le guetteur ou les guetteurs (veilleur(s), garde(s)) ont un rôle d'importance : de leur point de surveillance, non seulement ils remplissent leur rôle de protecteur de la Cité (Es 62:6 que tu cites) mais ils sont également témoins de la venue de Dieu et de la délivrance qui l'accompagne ; mais déjà, on les rencontre en Néhémie 4 :
1 (…) en apprenant que la réparation des murailles de Jérusalem avançait et que les brèches commençaient à se fermer.
2 Ils se liguèrent tous ensemble pour venir attaquer Jérusalem et lui causer du dommage.
3 Nous avons prié notre Dieu, et à cause d’eux nous avons établi une garde jour et nuit (pour nous défendre) contre eux.
9 Lorsque nos ennemis apprirent que nous étions avertis, Dieu anéantit leur entreprise, et nous sommes tous retournés à la muraille, chacun à son ouvrage.
10 Depuis ce jour, la moitié de mes serviteurs travaillaient à l’ouvrage, et l’autre moitié tenait en main les lances, les boucliers, les arcs et les cuirasses. (…)
13 Je dis aux grands, aux magistrats et au reste du peuple: "L’ouvrage est considérable et étendu, et nous sommes dispersés sur la muraille, éloignés les uns des autres. 14 Rassemblez-vous auprès de nous, à l’endroit d’où vous entendrez le son du cor; notre Dieu combattra pour nous."
15 C’est ainsi que nous poursuivions l’ouvrage, la moitié d’entre nous la lance à la main depuis le lever de l’aurore jusqu’à l’apparition des étoiles.
Le guetteur/sentinelle a conduit vers deux images fondamentales dans l'Ancien testament :
(1) le gardien de la cité comme image du gardien des âmes ;
Ezékiel 3:17 :
Fils d’homme, je t’établis comme sentinelle sur la maison d’Israël. Tu écouteras la parole qui sort de ma bouche et tu les avertiras de ma part.
Cf. la célèbre, importante et impressionnante "prophétie de la sentinelle" en Ezéchiel 33:1-9 (4 mentions)
Ou encore en Ésaïe 21 :
11 Menace (sur) Douma. On me crie de Séir: Sentinelle, qu’en est-il de la nuit? Sentinelle, qu’en est-il de la nuit?
12 La sentinelle répond: Le matin vient, et la nuit aussi. Si vous voulez interroger, interrogez; Convertissez-vous et venez.
Jérémie 6:17 :
J’ai suscité pour vous des sentinelles: Soyez attentifs au son du cor!
(2) le gardien de la cité comme visionnaire et prophète : celui qui "se tient sur la tour de guet" est celui qui a la meilleure vision, la meilleur perspectives des choses; en se tenant à l'écart, en un lieu élevé, il est capable de voir ce qui vient, d'annoncer "l'aurore" à ceux qui sont encore dans la nuit :
Ésaïe 21 :
6 Car ainsi m’a parlé le Seigneur: Va, place le guetteur; Qu’il annonce ce qu’il verra.
7 Il voit de la cavalerie Des cavaliers deux à deux, Des cavaliers sur des ânes, Des cavaliers sur des chameaux; Et il était attentif, très attentif.
8 Puis il s’écria, comme un lion: Seigneur, je me tiens sur la tour toute la journée, Et je suis planté à mon poste toutes les nuits;
9 Et voici qu’elle arrive, la cavalerie, Des cavaliers deux à deux! Il prit encore la parole et dit: Elle est tombée, elle est tombée, Babylone, Et toutes les statues de ses dieux, Il les a brisées à terre!
Ésaïe 52 :
7 Qu’ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds du messagers de bonnes nouvelles, Qui publie la paix! Du messager de très bonnes nouvelles, Qui publie le salut! Qui dit à Sion: Ton Dieu règne!
8 C’est la voix de tes sentinelles! Elles élèvent la voix, Elles poussent ensemble des cris de triomphe; Car de leurs propres yeux elles voient L’Éternel revenir à Sion.
9 Éclatez ensemble en cris de triomphe, Ruines de Jérusalem! Car l’Éternel console son peuple, Il rachète Jérusalem.
10 L’Éternel découvre le bras de sa sainteté Aux yeux de toutes les nations; Et toutes les extrémités de la terre verront Le salut de notre Dieu.
Jérémie 31 :
1 En ce temps-là, —Oracle de l’Éternel, Je serai Dieu pour toutes les familles d’Israël, Et ils seront mon peuple.
2 Ainsi parle l’Éternel: Il a trouvé grâce dans le désert, Le peuple des rescapés de l’épée; Israël marche vers son repos.
3 De loin l’Éternel se montre à moi: Je t’aime d’un amour éternel; C’est pourquoi je te conserve ma bienveillance.
4 Je te rebâtirai, et tu seras rebâtie, Vierge d’Israël! Tu auras encore tes tambourins pour parure Et tu sortiras au milieu des danses de ceux qui s’égaient.
5 Tu planteras encore des vignes Sur les montagnes de Samarie ; Les planteurs planteront et récolteront.
6 Car il est un jour Où les gardes/veilleurs crient sur les monts d’Éphraïm: Levez-vous, montons à Sion Vers l’Éternel, notre Dieu!
(…)
17 Il y a de l’espérance pour ton avenir, —Oracle de l’Éternel; Tes fils reviendront dans leurs frontières.
J'ai gardé ce texte de Jérémie 31 pour la fin, car il confirme que nous ne nous sommes pas (trop) éloignés de notre propos : après la guerre, "les rescapés de l'épée" sont témoins d'une déclaration "d'amour éternel", de la reconstruction de la Cité, sous la protection des gardes et dans "l'espérance pour l'avenir" (Estel) !
Sosryko
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quel fuseau !
sur la mer et la mort, voici d’autres éléments - si j'ai bien lu tout (Rivages, p. 180) :
« […] de la mer (ou de l’eau en général), présentée d’emblée comme « un mot redoutable, un signe de mort », ce que confirme le récit de la fin du père de Frodo, sur qui « il n'y a jamais eu grand-chose à dire jusqu'au jour où il s'est noyé » avec sa femme . Puis cette valeur se renforce par l’assimilation de la mort avec « les Mers Séparatrices » ou « l'eau profonde » , « la noyade » , par l’évocation de la Submersion de Númenor, par la comparaison des armées ennemies avec « une mer grossissante », par l’expression même de « flot de la mort » , ou par l’image de la barque de Boromir . On pourrait ajouter que l’Anneau, mortifère, a été trouvé au fond d’un fleuve, mais on distinguera partiellement la mer et l’eau, dans la mesure où celle-ci peut se révéler bénéfique, comme lorsqu’elle sauve Frodo des Nazgûl à la fin du Livre I , tandis qu’on pourrait en revanche multiplier les preuves du lien qui unit la mer et la mort - proches jusque dans leurs sonorités en français, comme jadis la mer, l’amer et l’amour . Ainsi, la fascination qu’exerce la mer sur les Elfes Legolas et Haldir (« aucun des miens ne l’a contemplée ; mais nous nous en souvenons encore dans nos chants » ) évoque la fascination de la mort qu’ils ne connaissent pas non plus, ce parallélisme étant souligné par la mise en garde qu’adresse Galadriel à Legolas (« Prends garde à la Mer ! ») et qu’il interprète comme un message funeste .
La mer fonctionne donc comme un contrepoint au leitmotiv de l’arbre mort, qui, lui, se modifie au cours du roman, depuis la première vision qu’en a Pippin jusqu’à sa renaissance : […] »
notes :
Arbre : il a bien fonction de signe dans le récit (cf. S 1036, « le signe a été donné ») ; « signe de mort » : S 17 ; parents de Frodo : S 37.
S 220 ; S 166 (« Vous vous êtes retrouvés, sortis de l’eau profonde »), S 198 (Merry est plongé dans la léthargie par le Souffle Noir) et S 542.
S 166 : « Les vêtements ne représentent qu’une petite perte, quand on échappe à la noyade ». Voir aussi S 58 : « Bilbo [...] avait sans doute chu dans un étang ou une rivière et avait trouvé une fin tragique ». Plus loin, les Marais des Morts retravaillent un lieu commun d’une manière saisissante : la beauté n’empêche pas la mort de faire son œuvre, puisque Frodo aperçoit au fond de l’eau « de fiers et beaux visages en grand nombre, avec des algues dans leur chevelure d’argent. Mais tous immondes, pourrissants, tous morts » (S 675, cf. le chapitre 2).
S 270 ; S 1011 ; S 542.
S 453.
S 70 ; S 241. Cf. cette précision du Silmarillion : « tous [les] serviteurs [de Morgoth, le maître de Sauron] avaient peur de l’eau » (Silm, p. 153). De même, les fleuves apparaissent ambivalents (par opposition avec les Marais des Morts par exemple) : ils semblent d’abord liés à la vie, mais il ne faut pas oublier que Sam manque de se noyer à Parth Galen (S 442), qu’Isildur est mort dans l’Anduin (S 69), là où le meurtre de Déagol se produit ensuite (S 70) - cf. P. Jourde, qui insiste sur ce double aspect dans la description de la Lorien (P. JOURDE, Géographies imaginaires, op. cit., p. 38-39).
Cf. THOMAS, Tristan et Yseut, Le fragment inédit de Carlisle, in Tristan et Yseut, Les premières versions européennes, op. cit., p. 123-124 (v. 33-70) et Cligès, in Ch. de TROYES, Romans, op. cit., p. 306-307. Il y a bien entendu des contre-exemples (cf. S 679).
Haldir, S 381.
« Voudrais-tu qu’elle te parle ouvertement de ta mort ? » demande-t-il à Gimli (S 544). Pour mieux comprendre le sentiment complexe que nourrit Legolas à l’égard de la mer, mélancolie proche de celle que ressentent les immortels à cause de leur condition, on pourra se reporter au Silmarillion (« Ceux qui sont touchés par [la] musique [d’Ulmo, le Valar seigneur de la mer] l’entendront toujours dans leur cœur, et la nostalgie de la mer ne les quittera jamais », Silm, p. 28).
L’arbre peut être intéressant.
Le texte de Pierre Jourde l’est, assurément
Vincent
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Vincent, merci pour ces détails sur la mer, (qu'il me semble avoir déjà lu quelque part, (pas dans ton livre, hélas, que je ne possède toujours pas) sur ce forum).
Mais cela m'invite à distinguer deux formes de la mer, celle qui en effet représente la mort, et celle qui représente le passage. C'est pourquoi je distinguerai la mer comme élément liquide, et la mer comme lieu de traversée; comme un marin qui se respecte, je distinguerai la mer et sa flotte, de la mer et son vent !
La mer était à la fois, pour les marins d'autrefois, synonyme de mort, puisqu'ils ne savaient pas nager (on pense donc ici à l'eau), mais une "terre" d'aventure, puisqu'elle emportait les bateaux en des lieux mystérieux !
D'ailleurs, Galadriel en avertissant Legolas ne parle pas de la mer à proprement parler. En tous cas, elle ne fait pas référence à l'eau, qui est la mort, mais bien au vent, à la surface, avec el chant des mouettes (c'est ce dont elle met en garde Legolas, et ce sont bien les mouettes qui appellent Legolas à partir "oversea".
il faudrait en débattre mieux, mais sans doute sur un autre fuseau :-)
Sosryko:
merci pour les références aux veilleurs sur les remparts.
Sinon, concernant le "nom nouveau", je n'ai en effet pas fait assez attention en l'utilisant, et ai donc relu le texte attentivement, dans plusieurs traductions annotées.
Il reste une réelle ambiguïté sur la personne à qui s'applique le nom nouveau.
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(nous entrons ici dans un débat qui ne concerne pas directement le sujet, avis aux lecteurs, ils peuvent sauter les passages qui suivent si ce débat exégétique ne les passionnent pas)
A cause de Sion je ne me tairai pas,
à cause de Jérusalem je ne me tiendrai pas en repos,
jusqu'à ce que sa justice jaillisse comme une clarté,
et son salut comme une torche allumée.
Alors les nations verront ta justice,
et tous les rois ta gloire.
Alors on t'appellera d'un nom nouveau
que la bouche de Yahvé désignera.
Tu seras une couronne de splendeur dans la main de Yahvé,
un turban royal dans la main de ton Dieu. On ne te dira plus: "Délaissée"
et de ta terre on ne dira plus: "Désolation."
Mais on t'appellera: "Mon plaisir est en elle"
et ta terre: "Epousée."
Car Yahvé trouvera en toi son plaisir,
et ta terre sera épousée. Comme un jeune homme épouse une vierge,
ton bâtisseur t'épousera.
Et c'est la joie de l'époux au sujet de l'épouse
que ton Dieu éprouvera à ton sujet. Sur tes remparts, Jérusalem, j'ai posté des veilleurs,
de jour et de nuit, jamais ils ne se tairont.
Isaïe 62
(je ne prend pas ici la traduction que j'utilise (Osty), mais elle est proche et surtout elle est sur mon ordi :-D )
En fait, comme je lisais Apocalypse en même temps, le nom nouveau a fait assez naturellement tilt chez moi pour désigner sinon l'époux en tous cas celui. On trouve en effet :
Celui qui a des oreilles, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Eglises: au vainqueur, je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai aussi un caillou blanc, un caillou portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît, hormis celui qui le reçoit.
Ap 2,17
Le vainqueur, je le ferai colonne dans le temple de mon Dieu; il n'en sortira plus jamais et je graverai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la Cité de mon Dieu, la nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel, de chez mon Dieu, et le nom nouveau que je porte.
Ap 3,12
Oui, dans Isaïe, le nom nouveau est attribué à Jérusalem, ce dont témoigne le "ton bâtisseur t'épousera". Mais ce nom nouveau, il me semble opportun de le signaler quand même chez Aragorn, car même s'il est l'époux, il ne figure pas Dieu lui-même, mais est lui-même celui que Dieu épouse au travers de son sacre.
D'ailleurs, son nom n'est-il pas "Foi" : Estel !
Then Aragorn, being now the Heir of Isildur, was taken with his mother to dwell in the house of Elrond; and Elrond took the place of his father and came to love him as a son of his own. But he was called Estel, that is "Hope", and his true name and lineage were kept secret at the bidding of Elrond ; for the Wise then knew that the Enemy was seeking to discover the Heir of Isildur, if any remained upon earth.
Appendices: Histoire d'Aragorn et d'Arwen, p. 429
Ce nom secret, c'est le dernier nom qu'Arwen utilisera pour nommer Aragorn pendant qu'il meurt.
Certes, Elessar n'est pas le nom caché d'Estel, mais c'est un autre nom caché, qui évoque quand même l'espoir, puisque la pierre qu'il désigne est verte, et que lien à l'espoir est fréquemment répété.
Le changement de nom reste un geste religieux (puisque nous sommes dans le monde du sacré), qu'il s'applique à Minas Titith (qui d'ailleurs change aussi de nom, pour ne plus s'appeler que La "Cité du Roi"), ou à Aragorn !
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Quant à l'eucharistie, j'ai bien peur de ne pas trouver d'éléments assez convaincants.
je comptais jouer, grâce au chapitre: "les champs de Cormallen" sur le double aspect de l'eucharistie qu'est le mémorial qu'il met en oeuvre de la passion du Christ (contre la "passion" de Frodon dont la conclusion est d'ailleurs répétée dans ce même chapitre) et l'action de grâce (le sens même du mot "eucharistie") qui ets mise en oeuvre dans un lieu presque liturgique, ce champ de Cormallent dans lequel les héros rentrent comme dans une Eglise. Le lent chemin des hobbits sur une pelouse brillante, sous une voûte d'arbres, puis dans des allées d'arbres (pilliers), le "louez les avec de grandes louanges" ("praise them with great praise") qui résonne comme un archaïsme biblique (bien qu'aucune occurence similaire ne se retrouve dans la bible - je tâcherai de chercher dans la liturgie latine...), la mention du "vin même de la béatitude" dans le poignant passage décrivant comment la douleur se mêle à la joie ! Le "Silence Debout" qui est fait avant d'apporter le vin pendant le festin qui suit cette liturgie...
Mais rien de tout cela n'évoque suffisemment ce qu'est réellement l'eucharistie, à savoir la présence réelle de Dieu, et surtout l'offrande à Dieu du Christ par le Christ. Aucun signe d'offrande ne s'y retrouve.
Il manque aussi un geste important de communion (que ce soit ou non au pain, on ne peut rechercer un décalque de l'eucharistie, surtout après les aveux de Tolkien concernant le Lembas !), de réception d'un viatique qui donne la force et la vie. Ce viatique, on peut le retrouver pourtant dans le talisman qu'Arwen donnera à Frodon, et auquel il se raccrochera régulièrement pendant ses moments de lutte contre le souvenir de l'anneau, mais Arwen n'est pas présente aux champs de Cormallen. (je note cependant que le père Louis Bouyer avaient déjà, d'après Michaël Devaux dans la feuille dela Compagnie n° 2, vu la présence des sacrements dans les talismans présents dans le SdA.)
Trop d'éléments manquent donc, pour oser parler d'eucharistie dans le roman. Je vais continuer de chercher, peut-être aussi du côté de la Lorien, que certains me reprochent d'avoir écarté d'un lieu sacré.
Je continue à le faire, en citant d'ailleurs Tolkien lui-même, qui voit dans la Lorien une "enclave enchantée" (lettre 131, P.157 : "Three Rings of the Elves, wielded by secret guardians, are operative in preserving the memory of the beauty of old, maintaining enchanted enclaves of peace where Time seems to stand still and decay is restrained, a semblance of the bliss of the True West.", qui est donc loin d'évoquer le sacré, même si la notion de séparation est avérée !
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Bon, j'abandonne donc la piste de l'eucharistie.
Quoique l'on ai pu discuter de la figure de l'hostie dans le lembas, et ce en s'appuyant sur divers textes du légendaire, rien ne permet d'apercevoir une quelconque irruption du sacrement en tant qu'acte dans le Seigneur des Anneaux.
J'ai eu beau fouiller les chapitres sur la Lothlorien, je n'y ai rien trouvé de concluant.
Le passage clef resterait pour moi les champs de Cormalen, mais rien n'est suffisemment dit !
Je concluerai donc cette étude et expliquerai le sens qu'on peut lui donner.
Philippe, nous avons un peu trop digresser de ton sujet, y a-t-il autre chose qui reste à discuter. Tu parlais de ce que le film avait changé à la réception du livre, peut-être faudrait-il en parler aileurs pour recevoir plus de témoignages.
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Mon article est paru dans le numéro de mars de la revue des deux mondes. Merci à tous ceux à qui j'avais promis un exemplaire de me faire parvenir leur adresse afin que je puisse le leur envoyer.
Amitiés tolkieniennes,
Philippe
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Chouette !! :-))
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Et voilà,
j'ai lu l'article de Philippe dans la revue des deux mondes.
D'abord, je suis admiratif devant son sens de la formule.
Il parvient à résumer en quelques mots tout ce qu'il faut penser du film (en bien comme en mal), et introduit très bien son sujet.
Le thème de la pureté et de la miséricorde est très bien traité, mieux et plus simplement formulé qu'on a pu le faire ici, de même que l'excellente phrase sur l'antipathie de Tolkien pour l'allégorie, qui résume rès bien aussi le sujet ! (quoique selon moi, Tolkien soit plutôt flou en vérité sur la question de l'allégorie, mais cela demanderait à être étudié).
Vient ensuite la partie sur les sacrements. Je ne l'avais glissé dans le forum que parce qu'on m'avait demandé de déployer ce thème, et je me susi surpris à y découvrir plus de parrallèles que ce que je pensais d'abord. Mais je crois pour le coup que le sujet est mal ammené dans le sein de l'article. On parlait de la pureté et de l'imaginaire, de l'anti allégorisme de Tolkien, et vient celle des sacrements. J'en suis coupable, bien sûr, mais cela vient un peu mal.
Ceci dit on se rétabli rapidement, et on reprend le sujet, qui ne semble qu'une insertion dans un texte plus uni. Là encore, tu résumes très bien, Philippe, en quelques phrases, tout le développement (je regrette un peu que tu n'explique pas d'un mot de plus la réconciliation et l'onction des malades, mais il fallait faire vite je suppose.
je suis content que tu mentionnes aussi une part d'arbitraire dans cette vision. Je n'ai pas eu le temps (ou le courage) de 'matteler à une conclusion pour cette partie, mais j'y aurais dit que Tolkien n'avait probablement pas voulu consciemment glisser les 7 sacrements (6 d'ailleurs) dans son oeuvre. peut-être que oui (il est bien assez malin pour ça), mais peut-être pas.
Mais il reste que ces étapes essentielles de la vie chrétienne, vie divine, ne peuvent qu'avoir marqué son imagination, et le processus d'ennoblissement de ses personnages.
je ne sais pas si ce sont les sacrements que Tolkien a voulu inclure,mais il apparaît vraiment que ses personnages traversent des étapes équivalentes. C'est là qu'intervient un arbitraire (celui d'y voir les sacrements en bonne et due forme), alors qu'il ne pouvait y avoir qu'une inspiration de la vie chrétienne, recopiée sur les héros. La présence de thèmes chrétiens dans l'oeuvre suffisant alors à faire retrouver les sacrements comme je l'ai fait (ce que je ne considère donc pas comme une fumisterie), parce qu'ils sont bien là, obscurément.
Voilà, c'est une conclusion dans ce style que j'aurai fait si on m'y avait poussé. :-)
Sinon, j'aime beaucoup aussi l'idée d'un Sam qui est le vrai Roi du récit. C'est bien trouvé !
(et voilà donc la réponse à ton énigme du 20-11-2003) :-)
Et en passant, les autres articles ont l'air pasionnants aussi ! je découvre avec joie cette revue, et je pense que tu viens de gagner un adepte (comment on s'abonne ?)
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