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#1 05-12-2002 17:56

Coeur de Canard
Inscription : 2002
Messages : 445

Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)


Three Rings for the Elven-kings under the sky,
Seven for the Dwarf-lors in their halls of stone,
Nine for the Mortal Men doomed to die,
One for the Dark Lord on his dark throne,
In the land of Mordor where the Shadows lie,
One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,
In the Land of Mordor where the Shadows lie.



Dans le deuxieme chapitre de son bouquin, Smadja fait une etude que je trouve personnellement interresante de ce poeme. Disons le tout de suite, ce genre d'analyse s'attache a des choses qui n'etaient pas necessairement conscient (ou meme inconscient) chez l'auteur. Il ne s'agit pas d'une analyse sur les intentions de l'auteur etaillee de nombreuses references aux ouvrages posthumes ou aux lettres de JRR mais d'une analyse du poeme en tant que tel.
Je conviens que ce genre de demarche prend le risque de faire dire tout et n'importe quoi a un poeme (le summun etant probabement le poemes des voyelles et des couleurs de Rimbaud ou l'explication la plus simple et qu'il --Rimbaud-- venait d'etre viole durant la commune et qu'il n'allait pas tres fort) mais je ne soucript pas a l'opinion de Cirdan sur la critique litteraire et je trouve la demarche a la fois legitime et interressante.

Bref, l'idee n'est pas de relancer le debat sur la critique litteraire mais de discuter sur le poeme lui meme. Je vais donc m'efforce de resumer partiellement le propos de Smadja. J'ai bien peur que cela soit un bien pietre resume, d'un cote je cite sans vergogne l'auteur de l'autre je saute des pans entiers de son argumentation. Bref si vous voullez "demonter" Smadja et non ma pauvre tentative de resume (de l'analyse du poeme faite au chapitre deux de son bouquin), il vous faudra rendre visite a votre libraire favorit et lire le bouquin ou du moins le chapitre en question.


Debut resume


Ce poeme occupe une place centrale dans le SdA. Il est place en exergue des trois tomes (en tout cas dans mon edition). Il apparait dans le recit lorsque Gandalf jette l'anneau dans le feu chez Bilbo. L'hypothese de Smadja est que le charme opere par le SdA tient en partie a la poesie qui emane de ce seul poeme.

Mal et poesie sont chez Tolkien inextricablement lies, tout se passant comme si la tentation du pouvoir se devait d'etre doublee d'une seduction poetique.
Le poeme est fort reussie, l'effet poetique est indeniable et sa composition montre qu'il s'agit du resultat du travail conscient de l'auteur (ce n'est pas poetique par "hazard" mais parceque JRR la voullu et a employee un certain nombre de procedes poetique).
Associant pouvoir et seduction, mort et poesie, beaute et malefice, l'inscription gravee sur l'anneau instaure une ambiguite fondamentale et ammene la question: que viennent faire beaute et poesie dans un anneau forge "en pays de Mordor" et tout entier conscare a la mort et a l'asservissement.

Il n'y pas de verbes dans les trois premiers vers (un seul verbe conjugue dans le cinq premier. JRR cree ainsi une unite entre l'idee (il s'agit de lier, de petrifier, d'asservir) et le style (absence de verbe sugerant l'abscence d'action volontaire, la soumission). Cette abscence de verbe induit une intemporalite, une fixite inquietante. Le premier verbe conjugue:

In the land of Mordor where the Shadows lie,

conforte cette idee. Les 5 premiers vers produisent un effet quasiment hypnotiques dans une ambiance de mort et d'ombres. Par contre, l'action apparait lors des trois derniers vers:

One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,
In the Land of Mordor where the Shadows lie.

To rule/to find/to bring/to bind. L'agencement de ces verbes evoquant des actions, les rend imperieux, temoigne d'une volonte implacable, presqu'irresisitible (l'infitif ayant ici fonction d'imperatif). Il semble que l'on ne puisse pas plus s'oppose aux actions des derniers vers qu'a l'etat de fait decrit par les premiers.

Smadja voit dans le premier vers une allusion voile aux trois Rois mages "sous le ciel" (note perso: mon ignorance m'empeche de saisir) et donc la sugestion d'une naissance. Quoiqu'il en soit ca ce gate vite, "halls of stone"  renvoie a l'idee de tombeaux et le troisieme vers et tout entier tourne vers la mort:
Nine for the Mortal Men doomed to die,
Les hommes y sont designes uniquement et de maniere redondante en referance a la mort. La coloration globale du poeme se confirme au 4eme vers
One for the Dark Lord on his dark throne.
Ensuite le "pays de Mordor" apparait naturellement comme une forme poetique du "pays des morts" ainsi que les ombres qui s'etendent evoquent l'appel des ames mortes errant en quete des vivants.
L'anneau donne pouvoir sur la mort et sur les Mortal Men doomed to die . L'anneau donne puissance sur le monde des morts. Sauron createur de l'anneau, avide de destruction ne songeant qu'a regner sur un monde d'ombre et de morts, serait l'antithese de Dieu, creant la vie et soucieux de laisser leur libre arbitre au hommes. (note perso: l'Anneau est melange de feu -- lettre de feu, revelation des inscription part le feu, forge dans un volcan -- et d'ombres comme le baldrog).


Interressons nous maintenant au decompte des anneaux: Three Rings, Seven, Nine, One, One Ring, One Ring, One Ring. Si on fait la somme on obtient 23, cependant selon Gandalf, il n'y a que 20 anneaux, un seul anneau, l'Unique en faisant trois (Note perso: 23 est un nombre premier mais pas 20). Sans Gandalf serions nous capable de dire s'il existe a part les trois, les sept et les neuf premiers anneaux un seul anneau pour le Seigneur tenebreux (comme le dit explicitement Tolkien) ou bien trois: un pour les gouverner, un pour les les trouver et un pour les lier.
J'imagine que vous voyez ou Smadja veut en venir: quel est donc "l'Unique" quoi en fait Trois sinon Dieu lui memem, Pere, Fils et Saint-esprit ?
Sauron comme Dieu lui-meme, "ne permet pas que son nom soit ecris ou prononce" (II p 22 SdA Folio Junior, 2000).

Pour sortir du mystere des trois qui ne fond qu'un, Smadja sugere une structure circulaire au poeme (a l'instar de l'Anneau), le premier vers se refermant sur les trois derniers:
Three Rings for the Elven-kings under the sky,
One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,
In the Land of Mordor where the Shadows lie.

Les anneaux des Rois-elfes (incarnation du bien et de la quete de vie), implicitement incarnent egalement Mort et Destruction (les deux avant derniers vers sont ceux graves sur l'Anneaux). Si on suit cette logique, les Rois-elfes deviennent tout autant des servants de Sauron que de Dieu.
Gandalf dit a Frodon a propos de l'inscription de l'anneau:"Les lettres sont de l'elfique, d'un mode antique, mais la langue est celle de Mordor, que je ne veux pas prononcer ici". Ce lien entre alphabet elfique et langue de Mordor est une autre illustration de cette fusion entre le Bien / Rois-elfes et le Mal/ Seigneur Sauron (Note perso: d'ailleurs les elfes sont etroitement associes a la creation des anneaux meme s'ils ont ete trompe par Sauron comme nous le dit Tolkien).

Par ailleurs, Gandalf et l'Anneau de Sauron surmontent miraculeusement le meme type d'epreuves. L'Anneau triomphe de deux perils sans alteration aucune: "l'eau profonde", lorsque perdu par Isildur "il tomba dans les sombres etangs et disparut de toutes legendes et de toutes connaissances", et le peril du feu qui le revele sans le faire fondre (ou meme eleve sa temperature). De meme Gandalf ne devient blanc qu'apres avoir disparut pendant un temps dans l'abime et avoir ete contraint par un baldrog a triompher de "l'epreuve du feu et de l'eau profonde" (II, p 154 desole je donne pas tous les pointeurs au texte du SdA). On pourrait aussi croire avant de commencer la lecture  "le Seigneur des Anneaux" regne sur "La Communaute de l'Anneau" alors que le contenu de l'ouvrage les opposse au contraire.

L'idee de Smadja n'est pas que Tolkien est consciement forge ces ambiguites mais de dire que si le poeme fascine (et plus generalement le SdA) c'est du fait de ces ambiguites meme, de ce melange du Bien et du Mal et peut etre surtout du Mal et du Beau (en rupture avec la pense platonicienne qui associe le bien au beau)

Fin resume

Il aurait ete sans doute plus efficace de taper le chapitre en entier, mais non seulement cela fait un peu long mais surtout cela poserait probablement trop de problemes de proprietes intellectuelles. Quoiqu'il en soit, je trouve personnellement la lecture de l'originale (chap 2 du bouqin de Smadja) interressante et donc la conseille. Cela ne veut pas dire qu'elle a raison (ou tord d'ailleurs).

Quoi qu'il en soit j'imagine que les forumistes on beaucoup a dire sur ce poeme en tant que tel et pas uniquement par rapport au bouquin de Smadja (une courte recherche avec le moteur, ne m'a pas permis de trouver de discussion sur ce sujet precis).

CdC

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#2 05-12-2002 20:04

Semprini
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Messages : 613

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Bonjour CdC,

L'association du Mal et du Beau est le thème des grands poèmes romantiques du 19è siècle (la poésie et la beauté du mal est le thème fondateur du romantisme; Satan y est vu comme une belle figure). Elle est beaucoup, beaucoup plus flagrante dans ces poèmes que dans le poème de l'Anneau. L'analyse de Isabelle Smadja (qui ne doit pas avoir lu beaucoup Beaudelaire et Milton) est malheureuse en ce sens qu'elle présente comme une singularité du poème de l'Anneau une association, peu évidente à mes yeux chez Tolkien, qui est primordiale dans un nombre inoui de grands poèmes romantiques, et partant, dans la poésie en général.

Cela se retrouve d'ailleurs dans l'ensemble de son essai. I. Smadja montre en général une méconnaissance sidérante des méchanismes de la poésie et de la littérature.

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#3 05-12-2002 21:46

Coeur de Canard
Inscription : 2002
Messages : 445

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Allons, Allons,


Quelqu'un qui cite et utilise longuement Hugo et Nerval dans son argumentation ne peut ignorer completement le 19e siecle et les romantiques.
Je ne resiste pas a citer la strophe de Nerval en question:

Je suis le ténébreux,- la Veuf, - l'inconsolé,
Le Prince d'Aquitaine à la tour abolie:
Ma seule Étoile est morte,- et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.

(Y'a pas a dire Nerval c'est bien)

Smadja ne dit pas que la singularite du poeme reside dans la beaute du mal, mais dans l'ambivalence, l'ambiguite entre le bien et la beaute du mal. C'est tres different.
Je cite:

Pourquoi apprecions nous de telles phrases meme hors de leur contexte?
[..]
Ou bien serait ce parce que, comme le poeme de Tolkien qui voudrait reconcilier bien, mal et beaute du mal, elle concilient l'inconciliable et nous rassurent sur la possibilite d'une affinite, profonde et jusqu'a lors ignore , entre des notions qui, d'emblee, paraissent deseperement conflictuelles ?

Ce n'est pas le discour des fleurs du mal par exemple.
Dans la premiere strophe de la beaute:


Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspirer au poète un amour
Eternel et muet ainsi que la matière.

On retrouve des themes comme la petrefication et la mort, mais la perpective est fort differentes (bon c'est un peu gratuit comme disgression mais c'est un de mes poemes preferes).

Bon, Usher (agregee de lettre lui meme) dit dans sa critique que la meconnaissance de certains terme technique rend le propos parfois maladroit (bon je lui fait confiance je n'ai aucune connaissance des termes aux quels il fait allusions). Ceci dit, quand dans l'argumentation il est fait deux fois longuement usage de deux poemes romantiques, il me parait de mauvaise fois de supposer que l'auteur n'a aucune connaissance de la poesie du 19e. Par ailleur l'agreg de philo est une des plus difficile, ca m'etonerait qu'il y ait beaucoup d'agreger (de philo) qui n'est pas lu un minimum Baudelaire.
Bref supposer l'imbecilite ou l'ignorance chez les autres n'est pas tres constructifs, il est parfois plus interressant d'essayer de comprendre leur propos (meme si on n'est pas d'accord).

CdC

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#4 05-12-2002 23:08

vincent
Inscription : 2000
Messages : 1 435

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

        désolé, mais l'analyse qu'i smadja du poème me semble tout à fait symptomatique de sa méthode.

        elle propose une analyse "grammaticale" du poème, extrêmement contestable. 1/1/1 = 3 pour elle, alors que la syntaxe montre que 1 = 1 = 1 (il est trois fois question du même Anneau)
et alors qu'il faudrait essayer de convaincre le lecteur, elle ne fournit que cette "preuve" pour avancer la thèse centrale de son livre... I Smadja, c'est très frappant, aime bien les "comme si", formule qui permet d'avancer une idée sans la démontrer, et de faire comme si elle l'avait été.
       je ne vois aucune démonstration dans ces pages, que j'ai lues de près, mais une simple séries d'assertions, totalement discutables.

        quant à la citation de Nerval, j'étais atterré : que "dark" (= ténébreux) déclenche le réflexe de citer "Je suis le Ténébreux...". quel sens cela peut-il avoir ? chaque individu a son passé de lecteur, mais pourquoi citer un poète français du XIXe à propos d'un écrivain anglais du XXe ? Bonnal fait exactement la même chose, et je trouve cela inopérant dans les deux cas.
de la même manière, les "demeures de pierre" des Nains évoquent pour elle des tombeaux (p. 24). pourquoi ? elle ne le justifie pas ; sans doute ne connaît elle rien du rapport entre les Nains et la pierre. le rapprochement "demeures de pierre"/tombeau se justifie dans le cas de la Moria, mais pas _en général_ pour parler de _tous_ les Nains.

        maintenant, une question : si ce poème introduit au SdA, il doit être étudié en rapport avec le SdA (logique, non ?). pourquoi le détache-t-elle de son contexte, sinon pour lui faire dire n'importe quoi ? vouloire faire croire que les Elfes et Sauron sont du même côté, sans avoir lu _Le Silmarillion_...

Semprini a parlé du contenu ; mais, d'un point de vue méthodologique, le livre d'I. Smadja est _extrêmement_ contestable.

          Vincent

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#5 06-12-2002 13:07

romaine
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Je n'ai pas envie de lire le livre d'I Smadja, donc je ne me réfère qu'au résumé de CdC.
Bon, cette dame me semble avoir de l'imagination, ce qui n'est certes pas un mal. Ceci dit, ça me paraît un peu tiré par les cheveux tout ça...

Sur la répétition de "one ring" trois fois...et la trinité...mmouais...
D'un point de vue extérieur à l'histoire, la répétition est peut être simplement plus jolie et poétique que si T avait écrit "un anneau pour les gouverner tous, et pour les trouver, et pour les réunir tous et pour , tant qu'on y est, les lier dans les ténèbres"

On peut bien sur, chercher plus loin si on veut, mais alors, sans l'asséner comme une vérité (Sinon, je peux dire aussi que les 3 anneaux après les 20 sont ceux des trois petits cochons, paille bois et brique ;o))

Plus sérieusement, "one ring" est peut être répété trois fois non pour représenter non la trinité ni les trois anneaux des Elfes, mais les trois peuples qui ont reçu des anneaux (elfes, hommes et nains) Une idée qui en vaut une autre, non?

Si on se place d'un point de vue interne à l'histoire, j'ai toujours pensé( j'ai pu faire erreur) que le poème en question était en fait l'incantation de Sauron quand il a forgé l'anneau (et non un poème elfique normal que les troubadours elfes chantent comme si de rien n'était) Dès lors, la répétition pourrait être un carctère de cet aspect incantatoire.

Sur l'écriture elfique sur l'anneau qui serait un signe de collusion bien/mal...Il n'y avait pas d'autre écriture disponible, si? Je ne crois pas qu'il y ait une écriture spécifique au noir parler. Pourquoi? Je n'en sais rien, peut être que Sauron (ou Tolkien) avait la flemme.:o)

Sur le beau et le mal, il me semble que les Fleurs du Mal sont assez typiques aussi, Cdc...Voir les "litanies de  Satan"

Des interprétations délirantes de poèmes, on en a tous fait à l'école. C'était amusant, mais est ce que ça avait de la valeur, j'en doute...Il faudrait que ce soit étayé par une vraie connaissance de l'auteur. Pour l'instant, ça ne me semble pas convainquant.

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#6 06-12-2002 02:08

Coeur de Canard
Inscription : 2002
Messages : 445

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

(comme je le repete assez souvent dans ce qui suit je ne parle ici que du chapitre deux du bouquin de Smadja pas de l'ensemble)

Bon, je suis assez d'accord sur un point. L'analyse fonctionne assez souvent par assertions ou meme par interrogations et non par demonstration. Smadja prend rarement le temps d'approfondir, de demontrer de maniere rigoureuses dans ce chapitre.
Cependant souleve des idees n'est pas en soit meme totalement inutile meme si cela n'est pas tout surtout quand on pretend convaincre.
On pourrait aussi dire qu'elle tombe dans le pamphlet, ce qui a ses limitations mais aussi son interet.
Enfin je continue de me faire l'avocat du diable.

Je n'ai pas vu ce qui permet d'afirmer que gramaticalement
1= 1 = 1 (il est trois fois question du même Anneau) et non 1/1/1 = 3.
Je veux dire comment l'ambiguite potentiel est levee par l'analyse syntaxique. Le poeme dit:

One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,

et non :

The one Ring to rule them all, to find them,
to bring them all and in the darkness bind them,
ou quelques choses du meme genre qui leverait toutes ambiguites.

bref je ne saisie pas ton argument (constat d'ignorance et pas de desaccort).

Smadja prend comme exemple le poeme de Nerval comme illustration du fait que l'adjectif "tenebreux peut avoir une connotation autre que malefique et mortifere, voire oppose (avec en bonus l'attrait --romantique-- du mystere) -- de meme "Un beau tenebreux" de Gracques n'est pas un roman sur la beaute du mal. L'idee est de montre que Tolkien n'est pas a la recherche "d'images poetiques et puissantes" voire romantique mais de quelques choses d'autre. C'est, je crois, une justification a peu pres valable d'un point de vue methodologique de l'usage du poeme de Nerval.
Par ailleur le premier reflexe de Semprini a ete d'evoquer la beaute du mal chez les romantiques et les poetes maudits, on pourrait dire que Smadja se sert du poeme de Nerval pour montrer ou du moins illustrer le fait que ce n'est pas la meme demarche chez Tolkien et que vue la reaction de Semprini ce n'est pas gratuit(maintenant on pourrait en effet dire qu'elle aurait du choisir un poeme anglais).

Bon, "les demeures de pierre", en effet, si on regarde le texte explicite (qui suit le poeme) cela ne fait pas reference au tombeau. Mais ce n'est pas la demarche de Smadja au contraire, en conclure que cela prouve son ignorance complete des nains tels que decrit par le texte est injuste (Smadja a lu le SdA en Francais et en anglais si elle est honnete dans sa bibliographie, quand bien meme elle n'aurait lu que cela c'est assez pour savoir que le texte n'associe pas la pierre a la tombe quand il s'agit des Nains).
D'autant que si on prend le poeme tel quel, a priori, ce qui est le cas du lecteur la premier fois qu'il ouvre le SdA, cette image est parfaitement possible (et meme apres connaissance du legendaire on pourrait dire qu'il y a possible ambiguite entre le texte explicite et l'interpretation implicite et inconsciente possible -- "Seven for the Dwarf-lors in their halls of stone," n'est pas a priori un vers plein de vie et de mouvement).

Encore une fois, l'hypothese de Smadja est que le charme opere par le SdA tient en partie a la poesie qui emane de ce seul poeme. Je me repete mais c'est en effet ce que le lecteur decouvre en premier a chaque fois qu'il ouvre un des tomes. Par ailleurs, encore, l'hypothese de Smadja est que les images induites implicitement et inconsciament par le poeme sont en contradiction avec le texte (et que cela est une des causes de la fascination du lecteur). Ainsi le fait que le Silamarion ou toutes autres part du legendaire dise le contraire, n'est en rien contradictoire avec son discour (en fait cela va plutot dans son sens).
Dans le chapitre 2, qu'est ce qui permet de dire qu'elle n'a pas lu le Silmarion ? Puisque sa demarche est de montrer l'ambivalance entre le texte du poeme (et plus generalement du SdA) et "le sous texte ou le mesage implicite" en quoi est ce problematique que le message implicite soit en contradiction avec le texte explicite des Lettres, du Silamrions ou d'autres ouvrages publies a titre posthumes ?
Elle ne le cite pas dans sa bibliographie ? En effet elle ne l'utilise pas. Elle devrait l'utilise ? Peut etre mais pas sur, si l'on considere sa demarche et son but (je me restreint a ce fameux chapitre 2).
Considerer les contradictions entre ce qu'elle dit etre le sous texte du poeme et l'ensemble du texte explicite et explicatifs du legendaire, assierrait certes de maniere beaucoup plus solide sa these, cependant le livre changerait de taille et d'ampleur voir de sujet. Le style pamphletaire n'est pas necessairement inutile et vain quand il s'agit de soulever des idees.

Ceci dit, elle illustre un peu son idee a partir du SdA (le lettrage elfique de l'Anneau, le parallele entre les epreuves de l'Anneaux et celle de Gandalf, la contradiction apparente a priori entre la denomination "Communaute de l'Anneau", "Seigneur des Anneaux" est leur but dans le texte, a cela on pourrait ajouter que le role des Elfes d'Eregion dans la creation des Anneaux, le fait que la destruction de l'Unique provoque le depart des elfes).

Bref, la critique de Semprini (l'association du Mal et du beau est plus le propre de la poesie romantique que de Tolkien), n'est pas en fait une critique du chp. 2 de Smadja puisqu'elle parle d'une association du Bien, du Mal et de la Beaute du Mal.
Et si je suis assez d'accord avec Vincent pour dire que Smadja tend souvent a assener plus qu'a demontrer et a considere qu'emettre une problematique est une preuve en soit, dire que les conclusions du chapitre sont nies par le texte est ne pas voulloir comprendre sa methode qui au contraire est de chercher des contradictions/ambivalances entre le texte et le "sous texte" (ca fait genre, non ;-) ou le sens implicite. De ce point de vue, ce n'est pas non plus une critique de sa methode.

Ceci dit, Smadja n'est pas seule au monde. Il y a necessairement d'autres manieres de lire le poeme. Mais le poeme occupe une place si importante dans le SdA (tant dans le texte et l'intrigue elle meme que du fait qu'il est en exergue des trois tomes), il a une tel force poetique, un tel pouvoir de fascination que je trouverais surprenant que la seule lecture possible soit une lecture narative et explicative.

CdC

PS A propos l'Anneau unique a t'il un nom ?


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#7 06-12-2002 02:09

Coeur de Canard
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

(comme je le repete assez souvent dans ce qui suit je ne parle ici que du chapitre deux du bouquin de Smadja pas de l'ensemble)

Bon, je suis assez d'accord sur un point. L'analyse fonctionne assez souvent par assertions ou meme par interrogations et non par demonstration. Smadja prend rarement le temps d'approfondir, de demontrer de maniere rigoureuses dans ce chapitre.
Cependant souleve des idees n'est pas en soit meme totalement inutile meme si cela n'est pas tout surtout quand on pretend convaincre.
On pourrait aussi dire qu'elle tombe dans le pamphlet, ce qui a ses limitations mais aussi son interet.
Enfin je continue de me faire l'avocat du diable.

Je n'ai pas vu ce qui permet d'afirmer que gramaticalement
1= 1 = 1 (il est trois fois question du même Anneau) et non 1/1/1 = 3.
Je veux dire comment l'ambiguite potentiel est levee par l'analyse syntaxique. Le poeme dit:

One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,

et non :

The one Ring to rule them all, to find them,
to bring them all and in the darkness bind them,
ou quelques choses du meme genre qui leverait toutes ambiguites.

bref je ne saisie pas ton argument (constat d'ignorance et pas de desaccort).

Smadja prend comme exemple le poeme de Nerval comme illustration du fait que l'adjectif "tenebreux peut avoir une connotation autre que malefique et mortifere, voire oppose (avec en bonus l'attrait --romantique-- du mystere) -- de meme "Un beau tenebreux" de Gracques n'est pas un roman sur la beaute du mal. L'idee est de montre que Tolkien n'est pas a la recherche "d'images poetiques et puissantes" voire romantique mais de quelques choses d'autre. C'est, je crois, une justification a peu pres valable d'un point de vue methodologique de l'usage du poeme de Nerval.
Par ailleur le premier reflexe de Semprini a ete d'evoquer la beaute du mal chez les romantiques et les poetes maudits, on pourrait dire que Smadja se sert du poeme de Nerval pour montrer ou du moins illustrer le fait que ce n'est pas la meme demarche chez Tolkien et que vue la reaction de Semprini ce n'est pas gratuit(maintenant on pourrait en effet dire qu'elle aurait du choisir un poeme anglais).

Bon, "les demeures de pierre", en effet, si on regarde le texte explicite (qui suit le poeme) cela ne fait pas reference au tombeau. Mais ce n'est pas la demarche de Smadja au contraire, en conclure que cela prouve son ignorance complete des nains tels que decrit par le texte est injuste (Smadja a lu le SdA en Francais et en anglais si elle est honnete dans sa bibliographie, quand bien meme elle n'aurait lu que cela c'est assez pour savoir que le texte n'associe pas la pierre a la tombe quand il s'agit des Nains).
D'autant que si on prend le poeme tel quel, a priori, ce qui est le cas du lecteur la premier fois qu'il ouvre le SdA, cette image est parfaitement possible (et meme apres connaissance du legendaire on pourrait dire qu'il y a possible ambiguite entre le texte explicite et l'interpretation implicite et inconsciente possible -- "Seven for the Dwarf-lors in their halls of stone," n'est pas a priori un vers plein de vie et de mouvement).

Encore une fois, l'hypothese de Smadja est que le charme opere par le SdA tient en partie a la poesie qui emane de ce seul poeme. Je me repete mais c'est en effet ce que le lecteur decouvre en premier a chaque fois qu'il ouvre un des tomes. Par ailleurs, encore, l'hypothese de Smadja est que les images induites implicitement et inconsciament par le poeme sont en contradiction avec le texte (et que cela est une des causes de la fascination du lecteur). Ainsi le fait que le Silamarion ou toutes autres part du legendaire dise le contraire, n'est en rien contradictoire avec son discour (en fait cela va plutot dans son sens).
Dans le chapitre 2, qu'est ce qui permet de dire qu'elle n'a pas lu le Silmarion ? Puisque sa demarche est de montrer l'ambivalance entre le texte du poeme (et plus generalement du SdA) et "le sous texte ou le mesage implicite" en quoi est ce problematique que le message implicite soit en contradiction avec le texte explicite des Lettres, du Silamrions ou d'autres ouvrages publies a titre posthumes ?
Elle ne le cite pas dans sa bibliographie ? En effet elle ne l'utilise pas. Elle devrait l'utilise ? Peut etre mais pas sur, si l'on considere sa demarche et son but (je me restreint a ce fameux chapitre 2).
Considerer les contradictions entre ce qu'elle dit etre le sous texte du poeme et l'ensemble du texte explicite et explicatifs du legendaire, assierrait certes de maniere beaucoup plus solide sa these, cependant le livre changerait de taille et d'ampleur voir de sujet. Le style pamphletaire n'est pas necessairement inutile et vain quand il s'agit de soulever des idees.

Ceci dit, elle illustre un peu son idee a partir du SdA (le lettrage elfique de l'Anneau, le parallele entre les epreuves de l'Anneaux et celle de Gandalf, la contradiction apparente a priori entre la denomination "Communaute de l'Anneau", "Seigneur des Anneaux" est leur but dans le texte, a cela on pourrait ajouter que le role des Elfes d'Eregion dans la creation des Anneaux, le fait que la destruction de l'Unique provoque le depart des elfes).

Bref, la critique de Semprini (l'association du Mal et du beau est plus le propre de la poesie romantique que de Tolkien), n'est pas en fait une critique du chp. 2 de Smadja puisqu'elle parle d'une association du Bien, du Mal et de la Beaute du Mal.
Et si je suis assez d'accord avec Vincent pour dire que Smadja tend souvent a assener plus qu'a demontrer et a considere qu'emettre une problematique est une preuve en soit, dire que les conclusions du chapitre sont nies par le texte est ne pas voulloir comprendre sa methode qui au contraire est de chercher des contradictions/ambivalances entre le texte et le "sous texte" (ca fait genre, non ;-) ou le sens implicite. De ce point de vue, ce n'est pas non plus une critique de sa methode.

Ceci dit, Smadja n'est pas seule au monde. Il y a necessairement d'autres manieres de lire le poeme. Mais le poeme occupe une place si importante dans le SdA (tant dans le texte et l'intrigue elle meme que du fait qu'il est en exergue des trois tomes), il a une tel force poetique, un tel pouvoir de fascination que je trouverais surprenant que la seule lecture possible soit une lecture narative et explicative.

CdC

PS A propos l'Anneau unique a t'il un nom ?


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#8 06-12-2002 02:10

Coeur de Canard
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Messages : 445

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Ca a pas l'aire de marcher je recommence (desole si il y a doublet).

(comme je le repete assez souvent dans ce qui suit je ne parle ici que du chapitre deux du bouquin de Smadja pas de l'ensemble)

Bon, je suis assez d'accord sur un point. L'analyse fonctionne assez souvent par assertions ou meme par interrogations et non par demonstration. Smadja prend rarement le temps d'approfondir, de demontrer de maniere rigoureuses dans ce chapitre.
Cependant souleve des idees n'est pas en soit meme totalement inutile meme si cela n'est pas tout surtout quand on pretend convaincre.
On pourrait aussi dire qu'elle tombe dans le pamphlet, ce qui a ses limitations mais aussi son interet.
Enfin je continue de me faire l'avocat du diable.

Je n'ai pas vu ce qui permet d'afirmer que gramaticalement
1= 1 = 1 (il est trois fois question du même Anneau) et non 1/1/1 = 3.
Je veux dire comment l'ambiguite potentiel est levee par l'analyse syntaxique. Le poeme dit:

One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,

et non :

The one Ring to rule them all, to find them,
to bring them all and in the darkness bind them,
ou quelques choses du meme genre qui leverait toutes ambiguites.

bref je ne saisie pas ton argument (constat d'ignorance et pas de desaccort).

Smadja prend comme exemple le poeme de Nerval comme illustration du fait que l'adjectif "tenebreux peut avoir une connotation autre que malefique et mortifere, voire oppose (avec en bonus l'attrait --romantique-- du mystere) -- de meme "Un beau tenebreux" de Gracques n'est pas un roman sur la beaute du mal. L'idee est de montre que Tolkien n'est pas a la recherche "d'images poetiques et puissantes" voire romantique mais de quelques choses d'autre. C'est, je crois, une justification a peu pres valable d'un point de vue methodologique de l'usage du poeme de Nerval.
Par ailleur le premier reflexe de Semprini a ete d'evoquer la beaute du mal chez les romantiques et les poetes maudits, on pourrait dire que Smadja se sert du poeme de Nerval pour montrer ou du moins illustrer le fait que ce n'est pas la meme demarche chez Tolkien et que vue la reaction de Semprini ce n'est pas gratuit(maintenant on pourrait en effet dire qu'elle aurait du choisir un poeme anglais).

Bon, "les demeures de pierre", en effet, si on regarde le texte explicite (qui suit le poeme) cela ne fait pas reference au tombeau. Mais ce n'est pas la demarche de Smadja au contraire, en conclure que cela prouve son ignorance complete des nains tels que decrit par le texte est injuste (Smadja a lu le SdA en Francais et en anglais si elle est honnete dans sa bibliographie, quand bien meme elle n'aurait lu que cela c'est assez pour savoir que le texte n'associe pas la pierre a la tombe quand il s'agit des Nains).
D'autant que si on prend le poeme tel quel, a priori, ce qui est le cas du lecteur la premier fois qu'il ouvre le SdA, cette image est parfaitement possible (et meme apres connaissance du legendaire on pourrait dire qu'il y a possible ambiguite entre le texte explicite et l'interpretation implicite et inconsciente possible -- "Seven for the Dwarf-lors in their halls of stone," n'est pas a priori un vers plein de vie et de mouvement).

Encore une fois, l'hypothese de Smadja est que le charme opere par le SdA tient en partie a la poesie qui emane de ce seul poeme. Je me repete mais c'est en effet ce que le lecteur decouvre en premier a chaque fois qu'il ouvre un des tomes. Par ailleurs, encore, l'hypothese de Smadja est que les images induites implicitement et inconsciament par le poeme sont en contradiction avec le texte (et que cela est une des causes de la fascination du lecteur). Ainsi le fait que le Silamarion ou toutes autres part du legendaire dise le contraire, n'est en rien contradictoire avec son discour (en fait cela va plutot dans son sens).
Dans le chapitre 2, qu'est ce qui permet de dire qu'elle n'a pas lu le Silmarion ? Puisque sa demarche est de montrer l'ambivalance entre le texte du poeme (et plus generalement du SdA) et "le sous texte ou le mesage implicite" en quoi est ce problematique que le message implicite soit en contradiction avec le texte explicite des Lettres, du Silamrions ou d'autres ouvrages publies a titre posthumes ?
Elle ne le cite pas dans sa bibliographie ? En effet elle ne l'utilise pas. Elle devrait l'utilise ? Peut etre mais pas sur, si l'on considere sa demarche et son but (je me restreint a ce fameux chapitre 2).
Considerer les contradictions entre ce qu'elle dit etre le sous texte du poeme et l'ensemble du texte explicite et explicatifs du legendaire, assierrait certes de maniere beaucoup plus solide sa these, cependant le livre changerait de taille et d'ampleur voir de sujet. Le style pamphletaire n'est pas necessairement inutile et vain quand il s'agit de soulever des idees.

Ceci dit, elle illustre un peu son idee a partir du SdA (le lettrage elfique de l'Anneau, le parallele entre les epreuves de l'Anneaux et celle de Gandalf, la contradiction apparente a priori entre la denomination "Communaute de l'Anneau", "Seigneur des Anneaux" est leur but dans le texte, a cela on pourrait ajouter que le role des Elfes d'Eregion dans la creation des Anneaux, le fait que la destruction de l'Unique provoque le depart des elfes).

Bref, la critique de Semprini (l'association du Mal et du beau est plus le propre de la poesie romantique que de Tolkien), n'est pas en fait une critique du chp. 2 de Smadja puisqu'elle parle d'une association du Bien, du Mal et de la Beaute du Mal.
Et si je suis assez d'accord avec Vincent pour dire que Smadja tend souvent a assener plus qu'a demontrer et a considere qu'emettre une problematique est une preuve en soit, dire que les conclusions du chapitre sont nies par le texte est ne pas voulloir comprendre sa methode qui au contraire est de chercher des contradictions/ambivalances entre le texte et le "sous texte" (ca fait genre, non ;-) ou le sens implicite. De ce point de vue, ce n'est pas non plus une critique de sa methode.

Ceci dit, Smadja n'est pas seule au monde. Il y a necessairement d'autres manieres de lire le poeme. Mais le poeme occupe une place si importante dans le SdA (tant dans le texte et l'intrigue elle meme que du fait qu'il est en exergue des trois tomes), il a une tel force poetique, un tel pouvoir de fascination que je trouverais surprenant que la seule lecture possible soit une lecture narative et explicative.

CdC

PS A propos l'Anneau unique a t'il un nom ?

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#9 06-12-2002 09:06

Lambertine
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Cher CdC,

Waouw! Message posté trois fois ! Doit-on y voir les trois Rois mages ( j'aimerais à ce propos que quelqu'un de plus féru que moi en théologie, Sorsyko ou Vinyamar par exemple, puisse éclairer ma pauvre lanterne : MAIS QUEL EST LE RAPPORT ENTRE LES ROIS ELFES ET LES ROIS MAGES ????????? ), les trois petits cochons, les trois peuples de la TdM, ler trois phrases liées à l'Anneau unique ?  Euh... je plaisantais, ne vois pas de mal ou il n'y en a pas .

J'ai quand même dû relire ton post (ou le texte de Madame Smajda ) plusieurs fois pour en arriver au "23" tant il était évident pour moi ( pauvre créature primaire,sans doute ) et pour mon entourage, que les dernières phrases du poème se réfèrent à l'anneau unique. J'ai eu l'impression en lisant ce texte de me retrouver au cours de littérature, au lycée. Je n'ai rien contre les profs de littérature, mais je me suis souvent dit que si les poètes entendaient ce qu'ils disent de leurs poèmes, ils se retourneraient dans leur tombe.

Quant au fait que, chez Tolkie, contrairement à Platon, le beau ne représente pas forcément le Bien, je renverrai Mme. Smajda à une des phrases les plus célèbres du SdA, à savoir que " Tout ce qui est or ne brille pas ".

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#10 06-12-2002 10:41

vincent
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

       absolument, Lambertine. et Aragorn (dans sa version Grands-Pas à Bree) ou Saruman, sont d'autres exemples de l'opposition entre beau et bien dans le SdA.

       Coeur de Canard, je ne vais pas tout reprendre ;-). nous sommes d'accord sur l'essentiel : ce texte est un pamphlet, qui avance des idées discutables sans les prouver, et procède par amalgame. Ce n'est pas de cela que nous avons besoin, mais de textes critiques construits.


mais pour le point grammatical : tu connais Corneille :
"Rome...
Rome...
Rome..."

= on parle trois fois de la même Rome, ou bien il y a trois Rome différentes ?
l'anaphore est figure de style poétique consacrée. estimer qu'il y a trois "Rome" au lieu d'une dans le texte est une idée comme une autre (Corneille a écrit toutes les pièces de Molière, c'est Shakespeare qui a écrit ces vers, etc.), mais qui demande à être étayée...

      quant aux contradictions entre le sens explicite et le sens implicite... franchement... quelle facilité. j'ai bien aimé l'allusion aux lecteurs "naïfs" qui croient que le SdA prône des valeurs positives ;-)
il y a une différence entre examiner avec un recul critique ce que dit le texte, et avancer n'importe quoi au nom de "l'inconscient". il faut que je retrouve ces pages où Musil se moquait des approches de ce genre.

Vincent

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#11 06-12-2002 11:52

Semprini
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

CdC>>>Bref supposer l'imbecilite ou l'ignorance chez les autres n'est pas tres constructifs, il est parfois plus interressant d'essayer de comprendre leur propos (meme si on n'est pas d'accord).

Tout à fait d'accord CdC, ce qui m'incline à penser que je ne suis pas la personne la mieux indiquée pour discuter plus avant du livre d'I. Smadja, comme en témoigne mon premier post, baclé. Lire son livre m'a convaincu, à tort ou à raison, qu'elle ne comprenait pas grand chose à la littérature, et je ne souhaite plus perdre mon temps à réfléchir sur ses "conclusions", ni devoir relire ses "comme si" et ses "il est vrai que...mais..." qu'elle érige en système analytique. Je laisserai à d'autres (Vincent et Lambertine le font très bien) le soin de poursuivre cette discussion.

Permets-moi néanmoins de te suggérer de lire les textes tolkieniens que tu n'as pas lu, au lieu de lire I. Smadja, qui ne te montrera que la vacuité de son analyse et son absence de méthode (qu'elle n'ait pas lu Le Silmarillion devient évident au fur et à mesure que l'on progresse dans son essai). Cela te serais, je crois, plus riche d'enseignement. Un critique littéraire se doit de jouer un rôle d'intercesseur, ce qui n'exclut pas les jugements sévères, entre l'auteur et les lecteurs, non de pamphlétaire.

PS: C'est "Gracq".

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#12 06-12-2002 11:54

Semprini
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

A bien y réfléchir, son livre tient d'ailleurs plus du n'importe quoi que du pamphlet, qui fait parfois avancer les choses.

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#13 06-12-2002 12:45

vincent
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

un peu d'exaspération, Semprini ;-) ?
c'est vrai que l'on ne peut pas dire n'importe quoi sur un texte.

franchement, coeur de canard, je préfère parler des heures de Tolkien (je le ferai encore à Bordeaux mardi) plutôt que de ses mauvais commentateurs. si tu veux, je peux t'envoyer les notes que j'ai prises sur les prédécesseurs d'I. Smadja, depuis les années 50, qui expliquent très sérieusement que puisque le chiffre 3 se trouve dans le SdA et dans _ma vie mon oeuvre_d'Alfred Truc, Tolkien a lu ce dernier... (je n'exagère pas)

pour cette raison, il me semble à moi aussi que nous avons fait le tour de la question.

Vincent

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#14 06-12-2002 23:38

TB
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

La question étant résolue, me voilà donc libre d'exprimer une légère contrariété, souvent ressentie, au gré des divers sujets abordés au long de ce forum...Il y a souvent amalgame, superposition, ou opposition sur deux types d' analyse couramment exprimées ! Selon que l' on se place dans la seule logique du récit ( en l' occurrence, le SdA ), d' un point de vue " interne ", ou qu' on prenne en compte l' auteur, sa biographie, son oeuvre, dans sa totalité, d' un point de vue " externe "...Je ne suis pas certain si c' est à cette ambiguîté qu' on se réfère quand les doctes intervenants parlent de position internaliste ou externaliste ! Si c' est le cas, qu' on me pardonne, tout à la fois, mon ignorance, et la redondance du propos...! :)
Toujours est-il que cette dichotomie est, ici et comme souvent, particulièrement évidente...Selon le " lieu d' où l' on s'exprime " ( selon l' hypothèse chère à Bourdieu ), il me paraît probable que notre lecture du poème sera différente ! Je m' en tiendrai, pour ma part, et autant que faire se peut, à un point de vue interne...
En écartant l' habituelle problématique éditoriale sur le bien-fondé d' un découpage en trois volumes du roman, il me paraît possible de voir, dans cette tierce répétition dudit poème, un simple procédé, ayant valeur de prologue, d' avant-propos...Le lecteur étant, dès cette prime lecture, plongé au coeur même du roman, les indications fournies viendront, en temps utiles, éveiller son attention, et ce, bien avant que l' importance primordiale de l' Anneau ne lui soit clairement, et définitivement, apparue ! Cet Anneau n' est pas simple objet de convoitise, il est l' élément fondamental, le noyau...l' épicentre des bouleversements décrits tout au long du récit ! La répétition venant sanctionner le découpage " matériel " du roman...
Abordons, à présent, le texte proprement dit...
En persistant dans cette vision interne, nous avons, en quelques vers, son histoire ( sa genèse ), et le pourquoi de son existence: description et mode d' emploi, si l' on peut dire...Le tout sous une forme, dans un style, qui renvoit le lecteur à sa propre ( re )connaissance des mythes de sa propre histoire: le il était une fois... de son légendaire...Affirmé, renforcé dans l' évocation quasi incantatoire ( comme le faisait fort justement remarquer Romaine..) de la partie consacrée au Maître-Anneau:
... Un pour le Seigneur Ténébreux sur son sombre trône
Dans le Pays de Mordor où s' étendent les ombres,
Un Anneau pour les gouverner tous, un Anneau pour les trouver,
Un Anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier
Au pays de Mordor où s' étendent les ombres.

Car, toujours dans la seule logique du récit, il s' agit de faire prendre conscience au lecteur du pouvoir inimaginable de cet Anneau, qui va lui être présenté, au commencement du récit comme le banal enjeu d' une partie, plus ou moins honnête, de devinettes; un anneau, certe magique, mais qui sert à fuir les importuns...Un artefact ( quelle erreur ! ) pratique et fonctionnel ! D' ailleurs, les hobbits ne s' y entendent guère, des anneaux comme de la magie, et il faudra l' apparition et l' inquiétude de " l' homme de l' art ", Gandalf, pour que le lecteur, se remémorant le poème-prologue, vienne à reconsidérer son point de vue sur la chose...! Et que la première partie, avec ces Rois elfes sous le ciel , ces Seigneurs nains dans leurs demeures de pierre , et autres Hommes mortels destinés au trépas , vienne prendre une signification moins " innocente "...
En prenant en compte ce qui vient d' être dit, on peut tenter, à nouveau, de définir ce poème, par trois fois répété...Il s' agit, peut-être, d' un des plus beaux exemples de ce que l' on connait, d' ordinaire, sous l' insignifiante appellation de: Avertissement au lecteur ...! :)
TB

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#15 07-12-2002 13:56

romaine
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Justement, je m'interroge depuis quelques jours sur ces notions d'interne/externe, et je n'arrive pas à les différencier clairement.

Je ressens intuitivement un aspect intérieur à une histoire, quand on cherche à expliquer quelque chose par la logique de la seule histoire, comme si elle était vraie ( ex: Sauron s'est forgé un anneau et pas trois parce qu'un seul lui suffisait) et un aspect exterieur qui interprète en fonction de ce qu'on sait par ailleurs de l'auteur et de ses valeurs ou du travail littéraire( ex: Tolkien à choisi qu'il y ait un anneau et pas trois pour une raison à débattre)

Mais il me semble que ce que ce que tu appelles point de vue "interne" est beaucoup plus large que ma vision "intérieure", et inclut aussi la volonté de Tolkien, en tant qu'auteur, de produire un effet sur le lecteur. Est ce que c'est ça?

Quant à l'analyse externaliste ou internaliste, j'ai déjà vu ces termes sur le forum, mais sans comprendre vraiment ce dont il était question.

De plus amples explications, c'est possible? :o)

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#16 09-12-2002 15:55

Silmo
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Romaine,

Je te suggère un petit tour dans le moteur de recherche à partir des mots "externiste" ou "interniste".

Tu y trouveras sans doute plus d'explications sur cette notion.

Je te suggère également une lecture des Cahiers de Pengolodh qui sont hébergés par JRRVF et sont accessibles à partir de la page d'accueil (passionnants). Philippe Garnier y explique, dans le cahier n°1 (Premières balises) l'évolution de la démarche de Tolkien et le changement de préface du SdA qui passait d'une représentation interne à une aute externe.

Silmo

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#17 09-12-2002 16:35

Coeur de Canard
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)



mais pour le point grammatical : tu connais Corneille :
"Rome...
Rome...
Rome..."

= on parle trois fois de la même Rome, ou bien il y a trois Rome différentes ?
l'anaphore est figure de style poétique consacrée.

Heu, une figure de style n'est pas un point gramaticale (enfin je crois)
L'exemple que tu donne n'est pas une enumeration et le lecteur est sense connaitre Rome a priori et savoir qu'il n'y en a qu'une.
Tout ce que dit Smadja c'est qu'il y a une ambiguite et que cette ambiguite est a la base de la fascination pour le poeme (le chapitre deux de son bouquin est le moins polemique, le plus argumente, le moins malhonnete intellectuellement de son bouquin).

Enfin, je repose ma question, si l'analyse du poeme faite par Smadja ne convient pas, que proposer d'autres ?

CdC

PS Semprini, aparament Smadja a lu Baudelaire, elle le cite deux fois dans la suite.


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#18 09-12-2002 17:08

Coeur de Canard
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)


En fait, ma seule question c'est:

Quelle analyse proposer pour le poeme  ?

CdC

PS Ca serait bien en effet une selection d'ouvrages critiques sur Tolkien. Ca rendrait probablement pas mal de services

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#19 09-12-2002 21:07

Moraldandil
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

[A propos de "One, one, one"]
> Je n'ai pas vu ce qui permet d'a[f]firmer que gram[m]aticalement 1= 1 = 1 (il est trois fois question du même Anneau) et non 1/1/1 = 3.
Je veux dire comment l'ambiguite potentiel[le] est levee par l'analyse syntaxique.
>One Ring to rule them all, One ring to find them,
One ring to bring them all and in the darkness bind them,

Elle n'est pas formellement levée, et dans ce genre de cas, c'est essentiellement le contexte qui permet de déterminer le sens approprié, lequel devient assez vite évident quand on poursuit la lecture. De façon moins évidente, l'idée de l'unicité de l'anneau est certainement renforcée par la construction effectivement incantatoire du poème : observer le très fort parallélisme des deux vers cités ci-dessus.

> Encore une fois, l'hypothese de Smadja est que le charme opere par le SdA tient en partie a la poesie qui emane de ce seul poeme. Je me repete mais c'est en effet ce que le lecteur decouvre en premier a chaque fois qu'il ouvre un des tomes. Par ailleurs, encore, l'hypothese de Smadja est que les images induites implicitement et inconsciament par le poeme sont en contradiction avec le texte (et que cela est une des causes de la fascination du lecteur).

Que le poème des anneaux ne soit pas pour rien dans le charme du SdA ? Certes oui ; ce n'est d'ailleurs certainement pas pour rien qu'il est placé ainsi en exergue. Que cette fascination tienne à une contradiction hypothétique dans la formulation ? Pour le moins tiré par les cheveux, à mon avis. Contrairement à ce qu'affirme I. Smadja, une lecture avec trois anneaux distincts n'est pas plus "logique" que celle qui n'en voit qu'un, et se révèle rapidement fausse. Il s'en faut d'ailleurs que son l'interprétation "3 anneaux" coule de source : honnêtement, elle ne m'était jamais venue à l'esprit avant que je n'ouvre son bouquin.

Plus fondamentalement, je crois que ce cas est une belle illustration d'un des vices de son essai : plus d'une fois, elle se livre à une analyse d'un passage en le séparant complètement de son contexte, à partir de quoi il est facile de le perdre de vue dans des considérations sans pertinence et, pour être plus tranchant, de lui faire dire ce que l'on veut en racontant n'importe quoi.

Tout n'est pas à jeter chez Smadja, mais il faut vraiment beaucoup émonder.

Moraldandil

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#20 09-12-2002 23:14

TB
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Re Romaine:
Pour éviter de faire se chevaucher plusieurs sujets, je préfère ouvrir un fil, dans la rubrique Divers , sur la notion d' analyse/commentaire interne ou externe...
TB

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#21 10-12-2002 13:14

romaine
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

OK!
Je remercie quand même ici Silmo pour ses suggestions.

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#22 10-12-2002 14:07

Coeur de Canard
Inscription : 2002
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)


Moraldandil:

Contrairement à ce qu'affirme I. Smadja, une lecture avec trois anneaux distincts n'est pas plus "logique" que celle qui n'en voit qu'un, et se révèle rapidement fausse.
Il s'en faut d'ailleurs que son l'interprétation "3 anneaux" coule de source : honnêtement, elle ne m'était jamais venue à l'esprit avant que je n'ouvre son bouquin.

Smadja:

Une premiere ambiguite reside dans la difference entre le compte effectif tel qu'il est inscrit de maniere interne dans le poeme -- Tois Anneaux, Sept, Neuf, Un, Un Anneau, Un Anneau, Un Anneau-- ce qui en toute logique nous ammene a 23 anneaux-- et le decompte externe par Gandalf et ou, contre toutes vraisemblance, il n'y a plus que 20 anneaux, un seul anneau, repondant au nom de "l'Unique" en faisant trois. En d'autre terme, sans l'intervention de Gandalf qui, immediatement, donne une solution a cette enigme nous serons bien en peine de repondre, existe-t'il, a part les 3, 7 et 9 premiers anneaux, un seul anneau pour le Seigneur tenebreux ou bien trois anneau, un pour les gouverner, un pour les trouver, un pour les lier ?Ou bien faut il comprendre -- et tel est, a n'en pas douter, le message explicite de Tolkien qu'un seul anneau en fait trois.

Smadja dit  que le texte est explicite sur le sens du poeme: il n'y a qu'un anneau et non trois. Sur ce point precis je ne crois pas qu'on puisse dire qu'"elle se livre à une analyse d'un passage en le séparant complètement de son contexte". D'autant plus que le poeme venant en exergue, il est d'abord decouvert hors-contexte.
Ceci dit quand Smadja pretend que son interpetation (1+1+1=3), tombe sous le sens, qu'on serait bien en peine de savoir si c'est 1+1+1=3 ou 1/1/1=1 sans l'explicitation du texte, ou que 1+1+1=3 est a n'en pas douter le message explicite de Tolkien, il y a de quoi etre plus sceptique (etant donne son argumentation en tout cas).

Pour moi c'est certes tire par les cheveux mais cela ne l'empeche pas, necessairement, d'etre present dans l'inconscient du lecteur (on peut en effet se demander si jammais lecteur a eu a l'esprit en lisant le poeme la premiere fois, qu'en fait c'etait 1+1+1=3).
En tout cas le SDA confirme le liens entre les Trois et l'Unique tant dans l'histoire de leur creation que dans le fait que les Trois perdent leur pouvoir quand l'Unique est detruis.

Personnellement je trouve la problematique interressante meme si Smadja glisse de sa problematique a des conclusions definitives avec une certaine malhonnete intellectuelle (le "a n'en pas douter" est quand meme assez fort).

CdC


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#23 10-12-2002 15:31

Miriel
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Bonjour,

La repetition de l'anneau me fait toujours penser aux poemes du Kalevala. Dans ces poemes,

le meme objet est cite plusieurs fois a plusieurs vers d'intervalles avec a chaque fois un numeratif different.

Plusieurs vers se suivent en commencant par les memes mots.

La meme chose est decrite de maniere differente dans plusieurs vers.

Par exemple (peut etre pas le meilleur mais le premier que j ai trouve)

"WAINAMOINEN, old and truthful,
Now arranges for a journey
To the village of the Northland,
To the land of cruel winters,
To the land of little sunshine,
To the land of worthy women;"

Je trouve le resultats fascinant, on dirait une formule magique. Est ce que Mme Smadja parle aussi de ce type de poemes? (je m'attends a ce que la reponse soit non...)

Mathilde

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#24 12-12-2002 12:41

Coeur de Canard
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Merci Miriel c'est tres convainquant.
Meme si dans ton exemple il ne s'agit pas d'une enumeration dans une enumeration (ce qui embrouille un peu plus), si on se dit que Tolkien s'est inspire de ce genre de forme poetique (ce qui parait probable), ca reduit quasiment a neant la these de Smadja (1+1+1=3 et non 1/1/1=1). Bon on pourait toujours argumenter sur l'inconscient ou des trucs dans ce genre mais quoiqu'il en soit ca rend extrement tenue l'hypothese "1+1+1=3 est le message explicite de Tolkien". A partir de la, une grande partie de la construction du chap 2 de Smadja (en particulier l'analyse du poeme) s'effondre.

CdC

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#25 14-12-2002 13:48

Moraldandil
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Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

Ce procédé, appelé parallélisme, est effectivement récurrent dans le Kalevala. C’est une caractéristique typique de la tradition orale, qui remonte en partie à la récitation à deux voix et aux concours de chant. Elias Lönnrot en a systématisé l’emploi en tirant parti des différentes variantes des poèmes qu’il avait collectés et assemblés, si bien que les exemples sont innombrables(Gabriel Rebourcet, tiré des remarques sur sa traduction parue chez Gallimard en 1991, collection « l’aube des peuples »). Par exemple, le passage de la mort de Kullervo, chant 36 :

La prairie pleure en herbe belle,
la clairière chante à voix douce,
fanées fraîches, voûtées de peine,
en grand deuil, les fleurs des bruyères,
pour la fillette violentée,
l’enfant de sa mère souillée :
le foin frais ne lève plus guère,
la fleur de la bruyère est close,
l’herbe reste blottie en terre,
nulle fleur dans ce mauvais coin
où le fils a souillé sa sœur
et gâté le fruit de sa mère.

Kullervo, fils de Kalervo,
prend l’épée tranchante à son poing,
la tourne en main, la lorgne en paume,
il lui chuchote sa demande.

Il mande l’avis de l’épée,
aurait-elle envie par hasard
de croquer dans la chair fautive,
de laper le sang malfaisant ?

Lors l’épée songe à ses paroles,
elle pense aux mots du gaillard.

Puis elle entame sa réponse :

« Pourquoi n’aurais-je guère envie
de croquer dans la chair fautive
et laper le sang du méchef ?
Je croque bien la chair naïve,
le sang pur à pleines lamées. »

Kullervo, fils de Kalervo,
chausse bleue, l’enfant du tonnerre,
fiche le pommeau dans le champ,
la garde enfoncée dans la lande,
tournant la pointe vers sa gorge,
il se jette à cœur sur la pointe.

Il s’ouvre ainsi pour le trépas,
les bras déployés vers la mort.

C’est un peu long pour un exemple, même s’il n’est pas choisi au hasard ;-) Mais cela permet de se rendre compte de l’extension du procédé.

Il n’est peut-être pas inintéressant de remarquer que le parallélisme est fondamental aussi dans la poésie biblique ; ex. le début du psaume 49 (numérotation des bibles hébraïques), dans la traduction de la Bible de Jérusalem :

Ecoutez ceci, tous les peuples,
prêtez l’oreille, tous les habitants du monde,
gens du commun et gens de condition,
riches et pauvres ensemble !

Ma bouche énonce la sagesse,
et le murmure de mon cœur, l’intelligence ;
je tends l’oreille à quelque proverbe,
je résous sur la lyre mon énigme.

Pourquoi craindre aux jours de malheur ?
La malice me talonne et me cerne :
eux se fient à leur fortune,
se prévalent du surcroît de leur richesse

Mais l’homme ne peut acheter son rachat
ni payer à Dieu sa rançon :
il est coûteux, le rachat de son âme,
et il manquera toujours pour que l’homme survive
et jamais ne voie la fosse.


Beaucoup plus près de nous (enfin, à mon goût…) - avec en plus ce cas particulier qu’est le refrain :

...Le temps d’apprendre à vivre il est déjà trop tard
Que pleurent dans la nuit nos cœurs à l’unisson
Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu’il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare
     Il n’y a pas d’amour heureux

Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri
Et pas plus que de toi l’amour de la patrie
Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs
     Il n’y a pas d’amour heureux
     Mais c’est notre amour à tous deux

(Louis Aragon, La Diane française)


Tolkien n’ignore certes pas le procédé, on peut le voir à l’œuvre à plusieurs reprises, quoique plus discrètement ; par ex. dans ces extraits du chant d’Eärendil (chanté par Bilbon à Fondcombe dans la Salle du Feu) - je donne la version anglaise d’origine :

...There flying Elwing came to him
and flame was in the darkness lit ;
more bright than light of diamond
the fire upon her carcanet.
The Silmaril she bound on him
and crowned him with the living light

and dauntless then with burning brow
he turned his prow ; and in the night
from Otherworld beyond the Sea
there strong and free a storm arose,
a wind of power in Tarmenel
...

...A ship then new they build for him
Of mithril and of elven glass
with shining prow ; no shaven oar
nor sail she bore on silver mast :
the Silmaril as lantern light
and banner bright with living flame

to gleam thereon by Elbereth
herself was set...


Plus largement, les phénomènes de récurrence sont à la base même de l’écriture poétique. Quoi d’étonnant d’en retrouver dans le poème des anneaux ? Et qui plus est, précisément au sujet de l’Anneau Unique, en une insistance qui vient souligner sa position exceptionnelle ?

CdC > Smadja dit que le texte est explicite sur le sens du poeme: il n'y a qu'un anneau et non trois. Sur ce point precis je ne crois pas qu'on puisse dire qu'"elle se livre à une analyse d'un passage en le séparant complètement de son contexte". D'autant plus que le poeme venant en exergue, il est d'abord decouvert hors-contexte.

J’admets avoir été un peu rapide. Je souscris d’ailleurs tout à fait à ton commentaire qui suit la citation ci-dessus. Il y a des éléments intéressants dans ce chapitre, par exemple les remarques sur le contraste entre la structure non verbale de la première moitié et l’accumulation des verbes dans la deuxième. Mais le texte est truffé de généralisations et de conclusions hâtives. Comme tu le remarques :

> Ceci dit quand Smadja pretend que son interpretation (1+1+1=3), tombe sous le sens, qu'on serait bien en peine de savoir si c'est 1+1+1=3 ou 1/1/1=1 sans l'explicitation du texte, ou que 1+1+1=3 est a n'en pas douter le message explicite de Tolkien, il y a de quoi etre plus sceptique (etant donne son argumentation en tout cas).

Affirmer que 1+1+1=3 est la version qui serait « logiquement » retenue sans l’intervention de Gandalf est à mon sens de l’aveuglement au mieux, de la malhonnêteté au pire. Ou alors Smadja et moi ne parlons pas le même français.

Je ne peux m’empêcher d’avoir l’impression qu’elle a dans l’ensemble fichu - je dis bien fichu - le SdA dans le moule d’une critique prédéfinie. Et c’est une impression insupportable.

Moraldandil

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#26 21-12-2002 11:13

Philippe Perrier
Inscription : 2001
Messages : 73

Re : Le Poeme (Three Rings for the Elven-kings ...)

>>> Ceci dit, ça me paraît un peu tiré par les cheveux tout ça...

En passant, et même si, comme journaliste, je suis le premier à savoir combien il est ardu de publier un texte sans coquille, il y a un perle d'anthologie p. 107 du Smadja :

"Gimli se leva et se campa fermement sur ses pieds écartés ; sa main se crispa sur le manche de sa hache et ses yeux sombres étincelèrent :
"- Donnez-moi votre nom, dresseur de cheveux ; je vous donnerai le mien (...)"

Il faut bien entendu lire "dresseur de chevaux", "horse-master" dans le texte original : une citation du chapitre "Les Cavaliers de Rohan (p. 469 du Sda, édition Bourgois compacte).

Il serait trop facile (mais certainement délicieux) d'appliquer la méthode de l'auteur à ses coquilles. Quel est l'inconscient du texte ? Qui se cache derrière ses dresseurs de cheveux ? Etc.

Prenons plutôt le parti d'en rire et ajoutons à l'argot des Tolkiendili cette définition riche de sens :
_ Dresseur de cheveu : se dit d'un critique ou d'un journaliste qui, avec aplomb, écorche une citation ou montre de manière évidente qu'il n'a pas lu assez attentivement le texte dont il parle. Peut s'appliquer aussi aux étudiants qui, tous les ans, écrivent "Beaudelaire" ou "Starobinsky".

Sur le fond du débat, je n'ai aucun doute : "One Ring" est une anaphore, c'est-à-dire la répétition d'un même mot en tête de phrases ou de membres de phrases. C'est un procédé simple, mais efficace, pour faire monter la sauce, ou, pour parler comme un littéraire, introduire le registre du sublime. C'est très commun et ne pose aucun problème particulier d'interprétation.

Bien plus intéressante me paraît l'opposition entre le singulier et le pluriel. The Lord of the rings is... one ring. C'est cela qui justifie l'anaphore. C'est là que réside la monstruosité. A tous les peuples ont été attribués plusieurs anneaux, et si on veut y voir à tout prix un symbôle, c'est celui de la séparation des pouvoirs qui me paraît être évident. Seul le Seigneur des Ténèbres a pu penser et réussir à forger l'anneau unique : la concentration de tous les pouvoirs en un seul. C'est ça le scandale. Un anneau, oui, un anneau, avez-vous bien entendu, un anneau et un seul pour les gouverner tous ! On dirait presque une pub pour les nouveaux téléphones portables d'Oranges, tout-en-un-SMS-WAP-Console de jeu-réveil-agenda-fait-le-café-et-aussi-de-temps-en-temps-permet-de-téléphoner. Le super-couteau-suisse des objets magiques, avouez que c'est tentant, non ?

S'il faut continuer sur les figures de la répétition, ce passage de fait penser (mais cela n'engage que moi, et je ne suis pas du tout persuadé que Tolkien ait pu être au courant à son époque) ... me fait penser donc à la doxologie catholique, c'est-à-dire au passage le plus important de la messe, lorsque le prêtre dit, pour consacrer l'hostie, "Par Lui, avec Lui et en Lui / A toi, Dieu le Père tout puissant, dans l'unité du Saint Esprit / Tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles".

Un seul anneau, mais trois fonctions. Gouverner (par Lui), Trouver (avec Lui), Amener et Lier (en Lui).  Sauf qu'il ne s'agit pas de l'unité du Saint Esprit, mais de celle de l'esprit du mal. Rien d'étonnant dans cette perspective qu'il faille le détruire.

Dernier point : pourquoi la troisième fonction de l'anneau est-elle double ? Parce qu'après avoir répété trois fois "One", en anaphore, une bonne idée, pour continuer la montée vers le sublime, est d'introduire un rythme majeur (par ex. deux éléments courts, suivi d'un long). Avec une troisième fonction double, on rempli tout le vers, on donne l'impression que le discours s'enfle, et avec lui le pouvoir maléfique de l'anneau. Le sublime est alors atteint, la catastrophe suprême, on ne peut pas aller au delà. La preuve ? Le vers suivant est une reprise et referme le second quatrain avec un schéma dit de rimes embrassées (abba, lie them, them, lie) contrairement au premier, dont les rimes étaient croisées (abab : sky stone, die, throne).

S'il faut tirer une "idéologie" de la pauvreté des rimes du second quatrain, de leur structure, de la reprise d'un vers entier, etc. elle ressemble bien à une dénonciation du tyran, du mal qui arrive quand une créature veut concentrer tous les pouvoirs sur elle-même.

Mais je me trompe peut-être du tout au tout...

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