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Voilà le résultat de longues heures de veille ;-)
L’original de ce poème était plus long, mais je l’ai raccourci par manque de vocabulaire sindarin. Je suis ouverte à toutes corrections et/ou avis. Je précise d’abord quelque chose : je sais que le sindarin n’est pas, de loin, une « science exacte », qu’il est plein d’incohérences et de points d’interrogation : ainsi, je ne prétend pas avoir fait une complainte telle qu’aurait pu chanter un Elfe du Troisième Âge, mais un essai linguistique.
Mes sources de vocabulaire et de grammaire ont été Ardalambion et Hisweloke, ainsi que Moraldandil qui a gentiment répondu à mes questions.
Les mots entre parenthèses et précédés de * sont les formes non lénifiées. Je me suis heurtée aussi à la traduction de « ton, ta », qui n’existe pas dans le dictionnaire d’Hisweloke; je l’ai donc rendu par « na le » (littéralement « at to thee », je sais, c’est bizarre), par défaut. S’il existe une convention pour ces possessifs, je suis preneuse ;-)
Nirnaeth an Mithrandir
A Randir Ereb !
Ô Voyageur Solitaire !
Ben hithu en dalaith (*talaith)
Dans les brumes des vallons
Ben glyss en ered
Dans les neiges des monts
Rannech deliot chalad (*calad) na le.
Tu marchais en cachant ta lumière
A Mithrandir ! Mellon Randir !
Ô Mithrandir ! Ami Errant !
Prestad trî chûn (*hûn) nîn dortha.
La peine en mon cœur demeure.
Lasto ! Celu nîn naetha
Ecoute ! Ma source se lamente
Ar gannel nîn nalla le.
Et ma harpe te pleure.
Na marthad (*(m)barthad)
Vers [quel] destin funeste
Bauglant le lennad an le ?
T’a entraîné ton voyage ?
Dan lach na le síla ui
Mais ta flamme brille encore
Athradhaw (athra- + *daw), ar ú-chenion.
A travers l’ombre, et je ne comprend pas
A Mithrandir ! Mellon Randir !
Ô Mithrandir ! Ami Errant !
Hûn nîn dim,
Mon cœur [est] triste,
Hin nîn nallar le,
Mes yeux te pleurent,
Dan nglamor (*glamor) ranad na le ui brona.
Mais l’écho de ta marche dure encore.
Môr norn am liliath (*giliath)
Une ombre à chevauché devant les étoiles
ú ‘aro (*garo) luitho in.
Sans pouvoir les éteindre.
Yrn nîn nallar le, A Mithrandir !
Mes arbres te pleurent, Ô Mithrandir !
Yrn nîn nallar le, dan ui harthar le !
Mes arbres te pleurent, mais t’espèrent encore !
J'espère maintenant que les balises sont entières...
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Et ben non, j'ai encore oublié un slash... -soupir-
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...
...je n'sais pas si c'est juste grammaticalement, mais c'est magnifique.
Mélo, sans voix.
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Pour l'adjectif possessif de la deuxième personne du singulier, on trouve dans le Pater Noster de VT44 une forme attestée et plus proche de celle que tu utilises pour la première personne. Mais chhht je veux pas en dire trop hein ;) Si tu veux le texte, tu peux le trouver sur ardalambion, dans la section corpus de l'article sur le sindarin : dans ce coin là, à peu près :).
Bravo en tout cas, ton texte est très joli !
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Désolé, le link n'est pas passé dans la balise small.
Rétablissons cette outrage:
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Ah vi, techniquement parlant, il n'existAIT pas ce mot, dans le dico de monsieur le dragon... :p :p :p
Ben, pinailleur
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Ouf! Je l'ai trouvé, il était bien caché celui-ci (merci pour les indications)! Comme ça fait un bail que je n'étais pas passée par Ardalambion (j'avais imprimé le cours, mais pas le corpus), il m'avait échappé. Hé, pourquoi faut pas le dire ;-)? Et pourquoi le voyageur des brumes ne l'a pas dans son dico? Mystère et boul'degomme ;-).
Merci pour les compliments ;-)! Et j'ai fait une remarquable faute de frappe (en français, je ne pense pas en avoir fait en sindarin... Je touche du bois -D): "Une ombre a chevauché...", pas "à" ;-).
Suilad!
Laegalad
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Laegalad: "Et pourquoi le voyageur des brumes ne l'a pas dans son dico? Mystère et boul'degomme ;-)."
Parce que le dictionnaire en ligne (version 0.98) date de mai-juin 2002, et qu'il me faut un peu de temps pour intégrer les nouveautés au fur et à mesure de leur publication (j'ai une vie, aussi !:p)
Le dictionnaire en ligne restera en 0.98 jusque début janvier, je pense... Mais... Demain (oui demain! ou ptêt dimanche, si je dors tard;-) tous ceux qui tournent sous Windows pourront télécharger un petit quelque chose de très sympa (d'où la petite boutade de Benilbo, l'architecte du petit quelque chose en question, et qui dispose donc du dictionnaire 0.99 en avance, le veinard :)
J'en dirais plus un peu plus tard :-)
Didier.
P.S. Et j'en profite, entre deux brumes, pour te féliciter pour ton texte :)
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Sphinx ;-) Et j'espère que tu n'as pas mal pris ma question; je sais suffisament ce que "ne pas avoir le temps" veut dire ;-). Merci pour tes félicitations ;-) Tu ne t'es pas étranglé en la lisant, alors les fautes ne doivent pas être ENORMES ;-)
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Je t'adresse aussi mes félicitations !
Ton commentaire initial sur le caractère mouvant de nos connaissances est plein de pertinence ; ce genre de rappel est, sinon bienvenu, du moins toujours utile à garder en tête. Les remarques qui suivent sont à prendre avec les mêmes précautions.
Quelques points d'ordre général :
1) Pour "ton, ta", nous disposons effectivement d'un mot depuis peu... :-)
...et il ne se trouve pas dans la version française. Il faudrait vraiment que je révise cet article...
2) Place des pronoms : notre corpus est trop restreint pour que nous puissions avoir des certitudes quant à la syntaxe de la phrase en sindarin, mais il reste possible de se fonder sur les structures déjà attestées. Or, en ce qui concerne les places respectives du pronom complément et du verbe, il semble y avoir une certaine préférence pour l'ordre pronom + verbe :
- Im Narvi hain echant (Portes de la Moria)
- Fanuilos le linnathon (A Elbereth Gilthoniel)
- le nallon sí di-nguruthos (Sam à Cirith Ungol)
- le linnon im Tinúviel (Chant de Lúthien, LB:354)
[On a par contre a tiro nin dans la même invocation de Sam... Et la place des prépositions avec pronoms suffixés semble différente : ú-chebin estel anim (linnod de Gilraen), guren bêd enni (Vinyar Tengwar n°41), Anno ammen sír i mbas ilaurui vín (Notre Père en sindarin, Vinyar Tengwar n°44)...]
Il est donc peut-être plus sûr d'écrire le nalla(r), le harthar...
3) Articles : dans Ben hithu en dalaith (*talaith) et Ben glyss en ered : tu utilise ben qui incorpore vraisemblablement un article défini suffixé (be-n). Or, il semble que l'article ne s'emploie pas devant le premier membre d'une expression génitive. C'est en tout cas ce qui se passe en gallois, qui connaît cette structure (inspiration vraisemblable de celle du sindarin) : drws y tŷ signifie "LA porte de la maison", même s'il n'y a pas d'article devant drws "porte". On retrouve quelque chose de similaire en anglais avec, par ex., "the policeman's hat".
Il existe un exemple de ce type en sindarin : l'exclamation de Voronwë dans UT:40,54, CLI 1:70,88 : Alae ! Ered en Echoriath, ered e·mbar nín ! dont la deuxième partie est traduite "THE mountains of my home" "LES montagnes de mon pays" (c'est moi qui souligne).
Passons à des points plus particuliers :
1) > Nirnaeth an Mithrandir
an s'assimile en am devant un m : cf. am Meril, SD:128 (Lettre du Roi).
2) ben pour "dans le" est attesté dans l'expression ben genediad Drannail "dans le comput de la Comté", mais il est possible que le sens général de be soit plutôt quelque chose comme "selon" (cf son cognat quenya probable ve "comme".
Nous avons aussi ne/ned (SD:129), interprété "in" au sens temporel, mais le sens spatial n'est pas exclu, quoique non attesté à ma connaissance, et qui s'est vu employer pour "dans" faute de mieux.
Enfin, nous avons vi dans le Notre Père en sindarin : vi Menel "au Ciel", que l'on peut rapprocher du quenya mi avec une curieuse lénition de l'initiale. Ce qui est troublant, c'est qu'on s'attendrait à ce qu'une préposition de cette forme, c.à.d. terminée par une voyelle, déclenche la lénition du mot suivant, ce qui n'est pas le cas. De façon générale, les mutations dans ce texte ne correspondent pas à ce que prévoieraient les théories exposées sur Ardalambion... ce qui ne veut pas dire qu'elles sont globalement fausses, mais plutôt qu'elles ne sont pas valables dans ce texte. Comme la stabilité (du point de vue externe) n'est pas exactement une caractéristique de ces langues, il n'est pas très surprenant de rencontrer des états contradictoires.
Une solution de compromis est d'éviter le problème en ayant recours à d'autres prépositions si possible. Par exemple, on pourrait ici employer trî (+ lénition) "à travers, par" : trî °chithu, trî °'lyss.
N.B. : ° marque un mot muté.
3) talath ferait plutôt telaith au pluriel. Pour orod, les deux pluriels ered et eryd coexistent ; le dernier semble plus "régulier" en Sindarin (cf. par ex. Golodh pl. Gelydh).
4) >Rannech deliot chalad (*calad) na le.
rannech, ranad : je ne retrouve pas ce verbe rana- ; pourrais-tu en préciser la source ?
Deliot est visiblement une faute de frappe pour deliol.
Calad doit bel et bien muter en tant qu'objet, mais c'est une lénition qu'il subit : °galad.
5) > Prestad trî chûn (*hûn) nîn dortha.
prestad serait "trouble" plutôt que peine, mais convient tout aussi bien. Sinon, nous avons naeg "pain", douleur physique ou morale - il semble y avoir eu des interférences entre les racines NAK, NAY et NÁYAK selon les Etym.
hûn est le coeur physique ; au sens moral, nous avons gûr ; guren "mon coeur" est attesté.
trî "à travers, par" n'est peut-être pas la préposition idéale.
6) Vers [quel] destin funeste t’a entraîné ton voyage ?
Aïe... voilà qui est un peu difficile. Pour les questions, la seule chose que nous sachions est l'existence d'un interrogatif man ? "quoi ? que ?", peut-être aussi "qui ?". Quant aux relatives, nous n'en connaissons qu'avec pronom relatif sujet.
Pour "destin funeste", nous avons un mot parfait : úmarth "ill-fate", nom donné par Túrin à son père (Silm. ch. 21). On peut encore renforcer par delu "deadly". Pour "voyage", lend est attesté.
Peut-être écrirais-je quelque chose comme *Man i úmarth °dhelu lîn, methed lend lîn ? "Quel [est/fut] ton destin funeste, [la] fin de ton voyage". Pour la structure du premier membre, cf. le Notre Père : i mbas ilaurui vín "notre pain quotidien".
7) >Athradhaw (athra- + *daw)
Athra "across" vaut plutôt "d'un côté à l'autre de, en travers de" ; trî (+ lénition) "à travers, par" serait à mon sens préférable.
8) nalla- : "cry", mais je ne suis pas certain que ce qoit au sens de "pleurer". Ce verbe vient de l'invocation de Sam à Elbereth à Cirith Ungol : ...le nallon sí di-nguruthos ! "to thee I cry now in the shadow of death", ce qui me semble mieux s'accorder avec le sens de "crier" ; ou peut-être, avec un sens plus figuré, "invoquer, implorer"... où l'on retrouve les pleurs. Cela dit, toutes ces acceptions restent appropriées dans le contexte d'une complainte.
9) >Dan nglamor (*glamor) ranad na le ui brona.
Y a-t-il mutation après les conjonctions de coordination ? Mystère... Si c'est le cas, dan (dont l'emploi pour "mais" est pour autant que je sache une reconstruction à partir du quenya, faute de mieux) déclencherait vraisemblablement une mutation nasale "invisible" ici : dan glamor.
10) >Môr norn am liliath (*giliath)
'iliath, je suppose. Am "upon" "sur, au-dessus de" n'est peut-être pas la préposition la plus appropriée. Nuin giliath "sous les étoiles" peut-être ?
Je me demande d'ailleurs si am déclencherait vraiment une mutation douce... Mais bon...
11) ú ‘aro (*garo) luitho in.
Je ne comprends pas bien cette construction avec garo "avoir, tenir" et luithio "éteindre, étouffer". Comme l'infinitif du "noldorin" des Etym n'est pas attesté ailleurs, som emploi et même sa persistance dans le sindarin ultérieur sont incertains. J'essaierais quelque chose de plus simple : *Hain ú-luithiant "elle ne les a pas éteintes".
Cuio mae,
Moraldandil
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C'est si agréable. On en redemande!
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>Moraldandil : rannech, ranad : je ne retrouve pas ce verbe rana- ; pourrais-tu en préciser la source ?
Figures-toi que moi non plus je ne retrouve pas la source ;-) Le verbe m'avait paru évident, ce qui fait que je ne l'avais par vérifié; en fait, j'ai du faire un joyeux amalgame avec "renia-", "errer" (racine RAN... je n'étais pas bien loin ;-)) et "rada-", "se frayer un chemin". Donc le nom à partir de "renia-" serait reniad (? je n'ai pas le cours sous les yeux).
>> Nirnaeth an Mithrandir
an s'assimile en am devant un m : cf. am Meril, SD:128 (Lettre du Roi).
J'ai donc bien fait de ne pas l'écrire en sindarin en titre de fuseau ;-)
Sincèrement, merci d'avoir pris toute cette peine, c'est très aimable de ta part.
> Aredwin : C'est si agréable. On en redemande!
Tu parles de la complainte ou de la correction ? Peut-être des deux; dans ce cas, merci ;-)
Ah, à propos de correction, Edouard m'avais fait remarquer que "Mellon Randir" n'était pas possible, puisque ce sont grammaticalement deux noms apposés, alors que "Randir" a plutôt une fonction d'adjectif. Etant un peu paresseuse sur les bords ;-), je propose d'en faire un nom composé. Mais là se pose une question : les noms composés en sindarin se faisaient-ils en juxtaposition ou en apposition quand ils concernent deux noms ? Je n'ai pas d'exemple qui me vienne en tête, à part des noms propres qui fonctionnent plus sur la musicalité que sur la grammaire.
Suilad ar cuio mae !
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