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Le bestiaire de Narnia est traditionnel, mais certaines créatures mintriguent. Je suis tombé dernièrement sur un passage de la Cité de Dieu qui ma rappelé les « Nullards » de Narnia.
- Augustin, La Cité de Dieu, Livre XVI, VIII
« On rapporte encore quil est une race dhommes nayant quune jambe sur deux pieds, ne pliant pas le jarret, et dune célérité merveilleuse ; on les appelle « sciopodes », parce que, dit-on, étendus sur le dos, ils se défendent à lombre de leurs pieds, contre lardeur du soleil (...) »
(Éditions du Seuil, coll. Points Sagesses, 1994, trad. fr. de Louis Moreau, revue par Jean-Claude Eslin, p. 264).
- Lewis, Les Chroniques de Narnia, V. LOdyssée du Passeur dAurore, chap. 11
« (...) chaque corps avait une jambe unique, épaisse, à la verticale en dessous de lui (pas dun seul côté comme chez un unijambiste) avec, à son extrémité, un pied unique, énorme (...). [Lucy] comprit alors comment ils avaient pu ressembler à des champignons. Ils étaient alors couchés sur le dos, chacun avec sa jambe tendue vers le ciel et lénorme pied au-dessus. Elle devait apprendre plus tard que cétait leur façon habituelle de se reposer ; car le pied les protégeait tantôt de la pluie, tantôt du soleil ».
(Gallimard Jeunesse, coll. Folio Junior, 2002, trad. fr. de Philippe Morgaut, p. 177).
Apparemment, Marco Polo ferait également mention de Sciopodes dans son Livre des Merveilles inspiré par les travaux de compilation dIsidore de Séville.
http://www.bookrags.com/history/arthistory/art-and-the-knowledge-of-distant-la-ahe-03/
Je fais donc appel à vos lumières. Connaissez-vous une source antérieure à Augustin (ou du moins différente de celles-ci) sur ces créatures ?
Fangorn, qui piétine ;-)
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Petite recherche rapide...
Les Sciopodes ou Sciapodes (du Gr. skia "ombre" et pous, podos "pied") sont décrits par Pline l'Ancien (Hist. nat. VII, 2), lui même mentionnant dans ses sources Ctésias, qui les appelait Monocoles (probablement dans son Hist. de l'Inde qui ne nous est connue que par des citations?).
D'autres auteurs ont repris ces "monstres" par la suite, e.g. Aulu-Celle pour les Monocoles (Nuits attiques lib. IX).
Ctésias: Vème siècle av. JC.
Pline: 23-79 ap. JC.
Aulu-Gelle: ~130 ap. JC.
Didier
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Poursuite de la recherche, pour les citations exactes (en traduction trouvées sur le web):
Aulu-Gelle:
"Les terres situées à l'extrémité de l'Orient offrent encore d'autres merveilles : on y voit des hommes appelés Monocoles ; ils n'ont qu'une jambe dont ils se servent en sautant avec une très grande agilité."
Pline:
"[Ctésias] parle aussi d'hommes appelés Monocoles [monos, unique, kôlon, jambe], qui n'ont qu'une jambe et qui sautent avec une agilité extrême ; il dit qu'on les nomme aussi Sciapodes, parce que dans les grandes chaleurs, couchés par terre sur le dos, ils se détendent du soleil par l'ombre de leur pied ; qu'ils ne sont pas loin des Troglodytes ; et que près d'eux, à l'occident, se trouvent d'autres hommes qui, privés de cou, ont les yeux dans les épaules."
Pour la petite histoire, dans le même livre un peu plus haut, Pline attribue encore à Ctésias ce qu'on "sait" des hommes à tête de chien. Marco Polo les mentionne aussi dans son Devisement du monde (chap. CLXVII, description de l'île d'Andaman). Mais je ne dis pas que ce soit sa seule source possible, la matière a été beaucoup reprise par d'autres auteurs latins ou grecs (e.g. les hommes à tête de chien apparaissent aussi dans le Roman d'Alexandre (ou Hist. d'Alexandre, (?) IIIe - Ier s. av. JC, attribué au Pseudo-Callisthène).
Didier.
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Merci beaucoup, cher Dragon, pour ces réponses au pied levé... ;-)
Après avoir jeté un il dans les deux premiers volumes de The Collected Letters, je maperçois que Lewis a lu les textes de Pline, dAugustin et de Marco Polo.
Du coup, jai limpression que Pline peut être la source principale de Lewis ici, non seulement pour son antériorité sur les autres, mais aussi parce quil parle dun seul pied, au lieu de deux (comme le fait Augustin).
À cela sajoute la mention de plusieurs noms dans le texte de Pline, qui fait écho à un passage de ce même chap. 11 de Narnia V où Lewis samuse à rapporter les différents noms que se donnent les Monopodes.
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