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Tout le monde a ses cadeaux emballés, les boissons sont au frais, le repas sur les rails ? Pas de courses de dernière minute ?
Quoiqu'il en soit, je vous souhaite un très bon réveillon de Noël !! :) :p
En cette année si particulière, profitez-bien de ces moments qui n'en deviennent que plus importants encore pour nous retrouver en famille / ceux qui nous sont chers.
Amicalement,
Cédric.
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Cher Cédric,
Pas de courses de dernière minute : on a essayé d'anticiper ces derniers jours ;-)
A toi et à tous, un bon réveillon !
S.
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De notre côté, petit réveillon tranquille à la maison, avec des chants de Noël (Sinatra, Elvis, Dean Martin, Ella Fitzgerald, Bing Crosby, Diana Krall, Nat King Cole...).
Et ce matin, ouverture des cadeaux, petit déjeuner de hobbit (beaucoup et en plusieurs fois), et construction, mise en marche des jouets
Joyeux Noël !
I.
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Petit up pour ce soir.
Je vous souhaite de passer un très bon réveillon, sachant que je ne suis pas inquiet, j'ai confiance ! :-)
A demain pour les vœux
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Prem's !
Meilleurs vœux, patron !
(je le fais bien le schtroumph à lunettes, n'est-ce pas ? :))
— et bonne et heureuse année à tous :) :) :)
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Un athéisme de bon ton me préservant de Noël (merci mon dieu), et la vieillesse et l'époque faisant que je ne sais plus trop si je dois me réjouir d'une année de plus, ou me satisfaire d'une année de moins, je vais me contenter de vous en souhaiter une aussi bonne que possible...Carpe diem. :cool:
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20-20... A n'en pas douter, ce sera un bon cru !
Tsss... Sur ce coup-là, je m'étais magistralement bien planté !
Je serais donc plus sobre et prudent cette fois-ci : Bonne année 2021 à tous !
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Bonne année et tous mes vœux de bonheur de santé, et plein de bonnes choses
I.
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Chers compagnons de la maisonnée JRRVF,
Je vous souhaite une belle et bonne année 2021,
placée sous le signe de la convivialité,
afin que soit vôtre la santé du cœur, de l'esprit et du corps
Être en bonne santé, c'est conserver son intégrité. Le mot santé appartient à une famille de mots. En dressant la liste de ces mots, nous réalisons que la considération pour la santé va bien au-delà de ce que nous pensons la plupart du temps : heal, whole, wholesome, hale, hallow, holy (guérir, totalité, sain, en pleine santé, sanctifier, sacré). Il est donc possible de donner une définition bien plus positive et beaucoup plus élaborée que celle à laquelle s'en tiennent généralement les médecins et les fonctionnaires de la santé publique.
Un corps sain est un corps dont l'intégrité est préservée.
Mais comment peut-il préserver son intégrité tout en dépendant, comme c'est manifestement le cas, des autres corps et de la terre, et même de la Création dans son ensemble ?
Essayer de guérir un corps seul, comme s'il était doté d'une existence autonome, c'est collaborer à sa destruction. il est impossible de guérir dans la solitude, car la guérison s'oppose en tous points à la solitude.
La guérison, c'est la convivialité.
Wendell Berry, La santé de la terre, Wildproject, 2018, p. 61-62
S.
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Bonne année à tous, pourvu que cette année soit meilleure que la précédente...
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Merci pour vos messages. Plein de belles et bonnes choses pour vous et vos familles. La santé bien sûr, mais aussi des loisirs, des sorties, des lectures passionnantes et des rencontres. La Vraie Vie quoi :-)
A bientôt !
C.
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Bonne année à tous et meilleurs vœux de bonheur et de santé pour vous et vos familles.
E.
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Chers Tous,
nouvel An inhabituel, je cherchais une image de voeux.
Celle-ci est venue naturellement avec le contexte 2020-2021, une estampe japonaise par Hiroshige, dite du "Monde flottant" ! n'est-ce pas un titre d'actualité ?
Et comme ce voyageur, regagnons vite notre bien-aimée chaumière Jrrvfienne, celle du "Jeu Perdu" où se racontent des contes.
Bonne année à vous et vos proches.
S.
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Superbe François ! :) :)
Oui, regagnons notre Chaumière : on s'y sent encore mieux avec cette belle fenêtre que tu nous ouvres ici !
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Belle et heureuse année à vous tous, chers amis !
A.
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Petite récréation, on rejoue à la lecture d'une œuvre de musée ? J'en ai quelques autres en réserve mais ne veux pas vous gaver après les agapes de fin d'année.
Ici une estampe coûteuse à l’époque, quoique...
D'un côté, c'est une gravure de luxe (cinq couleurs donc autant de passages dans l'imprimante ; vert du ciel, bleu du manteau, jaune des bagages - mélange possible mais bien compliqué sauf chez un éditeur surdoué, rouge des maisons, des arbres et du serviteur, noir des traits). Le produit fini devait coûter cher. D'un autre côté, c'était en Europe du papier d'emballage pour les porcelaines exportées... ainsi l'Occident se mit à la mode du Japonisme. Imaginons donc aujourd'hui le papier cadeau de Monoprix devenir une estampe exposée à Beaubourg - idée à relativiser depuis Wharol et la notion des ready made, les multiples et leur diffusion - j'espère vite reparler des évolution dans l'art.
Allons plus loin pour cette belle œuvre, le manteau du voyageur a une broderie azur comme la selle de son destrier, c'est donc un noble dont on affiche les apanages. Les noms sont inscrits autour et plus encore celui du collectionneur qui a ajouté son cachet (dignité insigne - ce n'est pas le jaune impérial chinois mais c'est tout de même chic)
Voyez encore, le maitre semble devancé par un serviteur pieds nus dans la neige, un palefrenier qui revêt tout de même un chapeau caractéristique de la mode de l'époque Edo. Il est pauvre tandis que son maitre est puissant, il est donc protégé par une famille. Le destrier ne bouge pas. Maitre, esclave et canasson attendend un accueil solennel. On vient à leur rencontre.
Le serviteur frigorifié est sans bottes, son manteau est emporté par le vent comme celui de son devanceur (d'un plus haut grade) au chapeau rond qui va à la rencontre des autres protagonistes : Premièrement, un valet au chapeau plat, simple cocher,deuxièmement, un autre plusieurs mètres devant qu'on envoie en "ambassade"... En face, même cérémonial. On attend la réception officielle avant que le poney avance.
Le héraut doit faire ses politesses. Tout est codifié.
Le manteau du cavalier, ne s'envole pas, il est de belle étoffe (laine ou feutre) qui protège les bagages, sans doute des denrées précieuses.
La bourgade est enneigée comme tout le paysage, ces maisons semblent toutes identiques comme une résidence moderne (reconstruction d'Edo??). C'est un signe de confort et d'égalité.
On chercherait encore volontiers d'autres détails : le fait que les inscriptions soient bien visibles, comme si au Louvre, on écrivait dans le paysage de la Joconde, en grand, "ceci est Mona Lisa par Léonard de Vinci".
Pourtant rien ne choque dans ces calligraphies qui accompagnent le ciel, les frondaisons, les nuages.
Un dernier point, toutes les zones blanches, de la neige, du paysage, des troncs, des chapeaux, des toits et du chemin, jusqu'aux flocons sont "en réserve", l'artiste part donc d'une page vide et ne fait qu'ajouter ici et là.
Voici l'art du Monde flottant qu'on lit plutôt de droite à gauche, contrairement à l'Occident, ici, on montre l'accueil et l'honneur rendu plus que l'arrivée.
Plongez vous dans les vues du Mont Fuji, la Route de Tokaido (la Mer de l'Est)... Poursuivez la route en commençant par cette autoroute : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cent_vues_d%27Edo , ensuite empruntez des chemins de traverse avec un petit coucou au "Pin de la Lune à Ueno".
Beau voyage.
S.
ps : je redis que ce n'est qu'une lecture perso par un franchouillard à l'autre bout du monde. Après cela d'authentiques guerriers nippons me suggéreraient sans doute de me faire seppuku avec une saucisse de Montbéliard (j'ai mangé toutes celles de Strasbourg et Francfort est exclu depuis la Libération). Que des spécialistes ajoutent leur grain de sel (mais pas sur la neige ! on peut en faire de meilleurs usages)
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Si c'est une gravure européenne dotée d'un motif original, il devient difficile de savoir s'il faut l'interpréter au prisme des conventions européennes ou japonaises. Si l'on considère cependant que le modèle est d'origine japonaise, ce qui semble être le cas, j'apporterais volontiers quelques bémols à la partition jouée par Silmo, sans vouloir passer pour un spécialiste de l'art japonais, ni gâcher de bonnes saucisses de Montbéliard (les meilleures après celles de Morteau) pour un usage qui n'est pas le leur.
Je ne pense pas que la selle de la monture soit visible. Ce qui dépasse sous les paquets est la sous-ventrière, qui n'est pas de la couleur du manteau, lequel semble au demeurant de couleur unie et non brodée (un certain Silmo disait qu'il fallait faire attention aux détails). Il est possible que le tapis de selle soit en partie visible, s'il s'agit bien d'un modèle allongé, qui enserre la queue du cheval, et serait ici d'une couleur rougeâtre, plus vive que la robe de la monture.
Le cavalier semble effectivement aisé, puisqu'il dispose d'une monture, mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est riche, encore moins que ce soit un noble. Ce ne peut être un samouraï, car jamais l'un d'entre eux n'aurait accepté que son cheval porte des paquets. S'il avait eu une garde-robe aussi volumineuse que cela, il aurait eu un cheval de bât. De plus, si le manteau en paille de riz est vraisemblable pour le suivant d'un samouraï pauvre, ce dernier aurait sans doute porté un habit décent par dessous, ce qui aurait impliqué la présence d'un hakama (jupe-pantalon traditionnelle), qui aurait été visible dessous. Ici, le suivant est habillé comme un paysan ou un artisan, ce qui exclut qu'il soit au service d'un samouraï. On pourrait imaginer qu'il soit au service d'un rônin pauvre, mais c'est incompatible avec la taille des paquets.
Sur la richesse supposée, il faut bien se souvenir qu'une personne vraiment riche aurait voyagé en palanquin. Par ailleurs, le bleu n'est pas forcément le même signe de richesse qu'en Occident à la même époque. En effet, l'usage du bleu s'est démocratisé en Europe lorsque l'indigo a remplacé le pastel. Je ne suis clairement pas spécialiste de cette question, mais je soupçonne que l'indigo a dû être connu au Japon bien avant d'arriver en Europe. Dernier point, la monture en question me semble plus ressembler à un âne ou à un mulet qu'à un cheval, vu la largeur du poitrail et le fait qu'on n'aperçoive pas l'encolure.
Bref, tout cela me fait plutôt penser à un marchand, accompagné d'un ou deux commis. La forme des paquets permet difficilement d'imaginer de quoi il pourrait s'agir, mais ce n'est certainement pas de la nourriture. On pourrait faire l'hypothèse qu'il s'agit de soie, matériau coûteux et facile à plier. Compte tenu de l'usage du papier d'emballage, il serait néanmoins possible qu'il s'agisse de porcelaine ; j'ignore comment celle-ci était emballée. Le marcheur au manteau qui devance les deux hommes arrêtés n'est pas nécessairement associé à eux. Toutefois, puisqu'il s'agit d'une composition artistique et que les deux hommes au premier plan sont effectivement à l'arrêt tandis que l'autre s'avance, je me range volontiers à l'idée qu'il s'agit d'un même groupe, dont l'un des subordonnés est envoyé en éclaireur.
Les deux personnes à l'arrière-plan semble former une petite procession, avec une première portant une perche surmontée d'un panneau triangulaire que je n'identifie pas, tandis que l'autre semble jouer de la flûte. Cela fait me fait penser à une procession cultuelle plus que protocolaire, ce qui impliquerait qu'elle ne soit pas en lien avec les voyageurs. Je peux toutefois me tromper. On pourrait imaginer que le voyageur soit un artisan renommé qui était attendu par le potentat local et que celui-ci envoie ses hommes l'accueillir dès qu'il se présente aux abords du village. J'en douterais néanmoins, car le subordonné qui vient d'être envoyé devant n'a eu que le temps de faire quelques pas, alors que les deux hommes en procession semblent avoir parcouru la quasi-totalité de la longue rue, ce qui implique qu'ils sont partis avant que le groupe de voyageurs ne soit visible. Au demeurant, la neige tombante rendrait difficile d'apercevoir les voyageurs et l'on ne voit personne qui semble faire le guet. De plus, la coutume japonaise voudrait plutôt qu'on accueille un voyageur attendu à l'entrée de son domaine (qu'il s'agisse d'une simple maison, d'une riche demeure au jardin ceint de murs ou d'un district féodal), non à l'entrée d'un village.
Resterait à comprendre pourquoi le cavalier se tient immobile plutôt que d'avancer vers un endroit où il serait à l'abri des éléments. Il y aurait plusieurs possibilités envisageables. Sur le plan stylistique, les représentations japonaises tendent à représenter un instant d'arrêt intemporel plutôt qu'un dessin en mouvement. Sur le plan historique, la rue quasiment déserte me semble étrange, malgré la neige, ce qui pourrait justifier un mouvement de méfiance de la part d'un voyageur isolé. Sans doute est-il possible d'imaginer d'autres alternatives.
E.
P.S. : Je n'ai pas triché, mais après avoir écrit cette courte tentative d'analyse, j'ai recherché et trouvé l'original et serai en mesure de vous en dire un peu plus ultérieurement.
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Merci Elendil.
Tu ouvres des perspectives à cette lecture en la ramenant à de justes proportions, un possible marchand (pour moi, ce n'est qu'un exercice, une tentative de compréhension basée sur de faibles indices reçus en cours d'histoire de l'art, le tout mêlé à l'idée de réception de ces images par un Occident du 19eme ignorant des règles, des codes, des coutumes du Japon - promis, je n'ai pas triché non plus, la référence à Wiki ne fut ajoutée qu'à la fin du message sans y lire tous les détails afin d'offrir d'autres voies, le reste qui précède ne venant que des souvenirs de vieux cours datant de plus de 30 ans, souvenirs imprécis mais enseignements reçus studieusement dans des circonstances particulières car ce n'était pas du tout ma spécialité. Du coup, depuis une image, j'invente des histoires et en fait autre chose comme le firent les impressionnistes et les "japonistes" (cf le beau catalogue de Geneviève Lacambre à Orsay en 1988 - ouvrage lu et relu, devenu rare, ce fut à l'époque un bel exercice de consacrer au Japon une expo tout juste deux ans après l'ouverture d'Orsay).
https://www.librairie-descours.com/livr … _2pdhZCeMp
Lire et interpréter, n'est-ce pas ce que nous faisons avec Tolkien, parfois judicieusement, parfois avec maladresse.
Je suis preneur de toute info ultérieure.
PS: Je ne me souviens pas avoir envisagé un Samouraï (un guerrier qui aurait effectivement été armé) mais j'ai évoqué la possibilité d'un noble -fut-il de petite noblesse? - et pourquoi pas, tu as raison, un marchand, c'est possible, portant des étoffes, des épices, des porcelaines ou du thé ? Il nous faudrait un traducteur des inscriptions.
Je me suis peut-être mal exprimé, ce n'est nullement une gravure européenne, ni européenne inspirée d'origine japonaise. C'est une estampe 100% nippone qui, avec les autres de même période, inspira beaucoup l'Europe. C'est un élément important des séries d'Hiroshige. Leur influence fut considérable sur Degas, Manet, Van Gogh et autres.
PPS : avant cette tentative de lire, le clin d’œil était surtout pour le retour à la chaumière :-)
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Les samouraïs formaient la classe nobiliaire du Japon. L'un de leurs privilèges était celui de porter les deux sabres. Aucun noble, même le plus riche des daimyos (vassaux directs du shogun, l'équivalent des vassaux de la Couronne) ne se serait déplacé sans garder son sabre à portée de la main. Le sabre étant l'héritage le plus important qui puisse se concevoir pour eux, aucun samouraï ne s'en serait séparé, sauf à renoncer entièrement à son statut.
De fait, je peux confirmer que cette estampe est bien entièrement japonaise, puisqu'il s'agit précisément d'une estampe d'Utagawa Hiroshige (1797-1858), faite dans le style ukiyo-e, qu'on peut effectivement traduire par « monde flottant », mais qui signifie plus précisément « monde de l'impermanence » (j'y reviendrai), dont il est un des plus grands représentants. Elle appartient à l'une de ses séries des « 53 étapes de la route du Tōkaidō » (j'y reviendrai aussi), plus spécifiquement à la troisième de la douzaine de séries qu'il a peintes. Cette dernière est intitulée « Gyosho Tokaido » et fut réalisée entre 1841 et 1844. L'estampe en question est une représentation de la trente-septième étape, Fujikawa, dont il a donné neuf représentations s'étalant sur une vingtaine d'années.
Je m'arrête là, car j'ai donné bien assez d'indices.
E.
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Merci pour notre édification (sans tancer les ignorants dont je suis). Ce sera un plaisir réel d'en apprendre davantage.
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Pour le coup, je dois dire que j'ai appris beaucoup de choses moi-même en cherchant à identifier l'estampe. Heureusement que Hiroshige est l'un des grands noms de peintres japonais et qu'il soit possible de trouver l'ensemble de son œuvre numérisée.
E.
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Par tous les Haddocks barbus à travers les âges, par Bélénos, par Toutatis, Belisama, Taranis et Cie, les vieux neurones sont parfois une ressource prodigieuse..... d'habitude, je ne suis pas copain avec les noms, plus sensible aux chiffres (je me souviens encore de tous mes codes bancaires ou d'immeuble depuis 40 ans sans connaitre le nom des voisines et voisins actuels) mais là, chlack ,ce matin, avec cette estampe, j'ai pensé à un nom, Madame Bérès, grande, très grande, collectionneuse d'estampes, illustre antiquaire, avec une vente formidable en 2002, ça renvoie les plus jeunes aux calendes numénoréennes.. Le catalogue est quelque part dans mes piles de bouquins Je sais que je l'ai, c'est sûr, encore faut-il le retrouver. Je vois sa forme et sa taille, mais où est-il? C'est là, que je redécouvris ces images en 2002 longtemps après les études et longtemps avant aujourd'hui. Grâce aux neurones qui fourmillent et cogitent la nuit, on revient au monde flottant.
S.
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Puisque personne d'autre ne souhaite se lancer, je préciserais à nouveau que je suis très loin d'être un expert en la matière, n'ayant pas même eu l'avantage de suivre un cours sur le sujet dans ma jeunesse. Tout au plus pourrais-je passer pour un humble amateur.
Comme je le disais, Hiroshige est l'un des plus grands peintres du style ukiyo-e, avec Katsushika Hokusai (1760-1849), encore plus connu pour ses « Trente-six vue du Mont Fuji ». L'un comme l'autre font en fait partie de la fin de ce mouvement, qui se superpose globalement avec la période Edo (1603-1868) et le début de l'ère Meiji. C'est l'ouverture à l'Occident qui caractérise l'ère Meiji qui conduira au déclin de ce style, tout en contribuant paradoxalement à le faire connaître et apprécier en Europe. Ce style correspond à la perte d'influence politique de l'aristocratie militaire et à l'émergence d'une bourgeoisie d'affaire, ce qui se ressent dans les thèmes abordés comme dans la technique artistique. En effet, l'ukiyo-e s'intéresse avant tout aux scènes de la vie quotidienne, quoique les sujets représentés puissent être variés : paysages, vie citadine, théâtre... Sur le plan de la technique, les estampes sont conçues pour faciliter la reproduction sur papier, et cette faculté de reproduction engendre de nouveaux usages, comme celle des calendriers illustrés, prétextes à des séries de peintures formant autant de variations sur un même thème.
Le Tōkaidō, ou « route de la Mer de l'Est »* est le grand axe de circulation qui fut établi pour relier les deux capitales du Japon à la période Edo : Kyoto et Edo (l'actuelle Tokyo), distantes de plus de 500 km. Aménagée pour faciliter le trafic entre les deux villes, elle comprenait cinquante-trois relais, régulièrement espacés, sans oublier le point de départ et d'arrivée. Hiroshige s'en est fréquemment servi de sujet d'inspiration, puisqu'elle lui permettait de représenter une grande variété de paysages et de voyageurs. C'est dans ce contexte que s'inscrit l'estampe dont nous parlions, qui se situe donc à Fujikawa, qui n'est pas tout à fait au trois-quarts du trajet. C'était une étape importante. A l'époque de sa splendeur, elle était dotée de deux auberges réservées aux fonctionnaires du gouvernement et de 36 hébergements pour les autres voyageurs. Vu qu'elle devait largement dépasser les 1000 habitants, c'était bien plus qu'un simple village, contrairement à ma supposition.
Au vu du trafic qu'elle voyait en toute saison, il n'y a aucune raison de supposer que les deux groupes de personnages, à l'avant-plan et à l'arrière-plan, seraient liés d'une quelconque manière. On peut aussi exclure que le cavalier attende la venue d'un comité d'accueil. Il se contente de prendre la pose pour nous, tout en contemplant la fin de son trajet de la journée (mais sans doute pas l'aboutissement de son voyage) et en se demandant dans quelle auberge il descendra. Autre erreur probable de ma part, la nature de la monture : en regardant les autres estampes d'Hiroshige pour identifier celle-ci, j'ai constaté qu'il n'hésitait pas à représenter des chevaux portant l'encolure très basses, comme s'ils étaient fourbus par un long trajet. Il est probable que ce soit aussi le cas ici. Enfin, détail amusant, j'ai repéré plusieurs groupes de voyageurs tout à fait semblables à celui-ci, avec des angles de vue variés, dans d'autres séries des « 53 étapes » peintes par Hiroshige, mais situés par le peintre dans des stations différentes de celle-ci. C'est là où il serait intéressant qu'un spécialiste puisse nous dire en plus sur la technique de peinture d'Hiroshige.
E.
* On notera la présence de l'élément dō « chemin, voie », omniprésent dans les arts martiaux, comme le kyūdō, la « voie de l'arc », ainsi que dans les autres arts élevés à la dignité d'un mode de vie intégral, à l'instar du chadō , la « voie du thé », autrement dit l'art de mener la cérémonie du thé. Quant à l'élément tō « Est », c'est évidemment le même que dans Tōkyō, étymologiquement la « capitale de l'Est ».
P.S. : Si j'ai tout juste assez d'éléments pour identifier cette estampe et en déduire ce qu'elle représente, n'attendez pas de moi une évaluation de sa valeur artistique ou de sa symbolique. Autant demander à un Japonais ne connaissant en peinture européenne que les noms de Vinci et de Michel-Ange de faire une exégèse de la Dame à l'hermine...
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Merci à tous les deux pour ce voyage richement guidé !
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