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[Édit (Yyr) 2021 : ce fuseau est l'un des nombreux rejetons de l'arbre initial de la traduction des poèmes]
Je lisais Les Aventures de Tom Bombadil et je me suis demandé comment traduire certains termes des vers 15-18:
« Hey, Tom Bombadil ! Wither are you going ? »
said fair Goldberry. « Bubbles you are blowing,
frightening the finny fish and the brown water-rat,
startling the dabchicks, and drowing your feather-hat ! »
ATB, 15-18
que Dashiell Hedayat traduit par :
"Eh, Tom Bombadil ! Où vas-tu donc de ce pas ?
Lui disait Jolie Baie d'Or, en soufflant des bulles ainsi
Tu effraies l'alevin et le brun campagnol,
Les limandins tu apeures..., sans compter que tu mouilles
La plume de ton chapeau !"
Pocket, p.9
il ne me semble pas que "alevin" pour "finny fish" convienne
(mon dictionnaire donne nageoire pour fin)
ni que "campagnol" convienne pour "the brown water-rat"...
quant à dabchick je découvre qu'il s'agit d'une petite grèbe, donc "oiseau aquatique palmipède dont la taille varie de celle du pigeon à celle du canard" (Petit Robert)...on est très loin des limandins qui doivent être apparenté aux limandes, donc des poissons!!...
rassurez-moi, c'est une traduction même pas approximative que nous avons là, non?
et surtout, comment traduiriez-vous "finny fish", serait-ce un procédé poétique qui, pour allitérer (frightening/finny/fish), jouerait sur la redondance ('les "poissons à nageoires") comme on peut lire "les oiseaux ailés" dans le texte des Psaumes ?
Sosryko
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Une chose est sûre, c'est que si Ledoux est critiquable sur un certain nombre de choix qu'il a faits, il est vraiment excellent à côté de ce Dashiell Hedayat...
Qu'une traduction de poèmes soit difficile à faire, je le comprends très bien, tout comme le fait qu'il est parfois nécessaire de s'éloigner quelque peu de l'original. Mais alors là, je crois qu'on a une véritable caricature peu digne d'un travail professionnel (les traductions d'amateurs sur les fuseaux "Traduire les poèmes" sont bien meilleures).
Le plus amusant (enfin si l'on peut dire) est de comparer les traductions de Ledoux et de Dashiell Hedayat des mêmes termes (ex : Brandywine, Barrow-downs, etc.). Au moins, chez Ledoux, il y avait de jolies trouvailles (ex : "Hauts des Galgals" pour "Barrow-downs" ici traduit par "Bas-des-Tombeaux"... un traducteur professionnel qui ne connait pas le nom anglais "a down"" ???).
Enfin bref, mon pauvre Sosryko, je crois qu'il faudrait presque tout retraduire... Et il y a donc du boulot sur ce fuseau ;-)
Pour le reste, je laisse la parole à de meilleurs anglicistes/poètes que moi ;-)
Laurent
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Cette fois d'accord à 100%!
Je viens tout juste de lire ce volume. Même avec mon anglais basique
j'ai souvent été très surprise (je m'étais réjouie d'une édition bilingue !)
"Tom Bombadil a de gros sabots et sautille lourdement au raz des pâquerettes.
Conclusion: il faut être poète pour traduire de la poésie !
Mj
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Pour ce poème, on a affaire à un strong-stress verse en rimes plates. L'allitération n'est donc pas un effet récurent, mais je pense qu'il ne faut y voir que cela. Je ne sais pas comment j'y traduirai, puisque je ne m'y suis pas lancée, et que tout dépend de la forme française adoptée. Je pense que la meilleure solution serait d'utiliser des alexandrins (sans césure obligatoire) et de garder les rimes.
au reste, il est vrai que la traduction de l'ensemble de The Adventures of TB est surprennante : le traducteur ne respecte ni fond, ni forme, et il ne respecte même pas le nombre de vers ! Je reste très perplexe face à ce travail... Il n'y a que "l'Oserette" pour "Withywiddle" que je trouve bien tourné ;-)
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Tant que j'y suis, je vais essayer de le traduire (je dis essayer, et en plus je suis en train de faire beaucoup de choses en même temps, as usual, donc je ne promet pas une version pour maintenant tout de suite). Mais une question que je me pose : à quoi servent ces a- devant les verbes ? J'ai remarqué que Tolkien les utilisait souvent, est-ce une marque d'archaïsme ? Histoire de savoir s'il vaut mieux que j'en utilise aussi.
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Laegalad > Je me suis posé la même question en rencontrant ces formes :-)
J'en ai cherché l'explication dans une histoire de la langue anglaise (trouvée en bibliothèque - je ne l'ai pas sous la main en ce moment), et si je m'en souviens bien, ce "a" est en fait une forme réduite de la préposition "on", et sa présence s'explique par l'origine de la forme progressive en anglais.
Au départ, "I am hunting" (Je chasse, je suis en train de chasser), c'était une périphrase du genre "I am on hunting" (un peu comme "je suis en chasse" en français"). Comme la préposition était inaccentuée, elle s'est réduite à "a" puis a disparu dans la langue moderne (avec des survivances dialectales)
Cette forme est donc bien un des archaïsmes et/ou dialectalismes qu'emploie Tolkien, et il est effectivement souhaitable d'en tenir compte dans le ton de la traduction.
Moraldandil
(qui espère que ses souvenirs sont bons)
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ouii! merci Moraldandil, pour l'explication de la préposition "a-", grand mystère depuis quelques semaines au cours desquelles je ne voyais plus qu'elle dans certains poèmes ;-))
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Pour ceux qui ne se satisferaient pas d'un souvenir incertain – et ils auront raison car il était quelque peu réducteur – voici la source :
C. LA FORME EN -ING
Les désinences suivantes sont représentées par le -ing de l'anglais moderne :
- le participe présent en -and(e) [nord], -ende [Midlands], -inde [sud] : huntande "chassant"
- le nom verbal en -ing/-ung > -ing : hunting "la chasse"
Dans le sud, participe présent et nom verbal se confondent en moyen-anglais sous la forme -ing.
La construction be + -ing apparaît au XIVe siècle :
þere was dwellynge somtyme a riche man "là vivait une fois un homme riche (Voyages de Mandeville, XIVe s.).
Encore peu fréquente au XVIIe siècle, elle s'impose au XVIIIe siècle.
On rencontre dès le vieil-anglais des expressions qui sont à l'origine de l'usage moderne : {N.B. : je supprime les macrons ajoutés aux citations}
[…] se ðe wið hine sprecende wæs "[…] qui parlait avec lui" (Bede, IXe s.)
Wære þu to-dæg on huntunge? "As-tu été à la chasse aujourd'hui ?" (Ælfric, XIe s.).
v.a. on huntunge s'affaiblit en a-hunting (XVe-XVIe siècle, persistant dans la langue littéraire jusqu'au XVIIIe siècle), et aboutit à hunting en anglais moderne.
Manuel d'histoire de la langue anglaise, Colette Stévanovitch, Ellipses 1997, p. 94
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j'espère (et je pense, vu son sérieux) que le travail de "révision" qu'a mené Céline Leroy sur "les Aventures de Tom Bombadil", à paraître dans _Faërie et autres textes_ vous plaira :-)
Vincent
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Eh bien, je n’ai pas chômé pendant mes vacances ;-), - à vrai dire au grand effarement des voisins, qui ne me croyaient pas quand j’affirmais y prendre comme divertissement - et j’ai tenté de retraduire TATB.
J’ai utilisé des « dodécasyllabes », et gardé les rimes plates, au prix parfois de quelques acrobaties. Voici le début :
The adventures of Tom Bombadil
Les aventures de Tom Bombadil
Old Tom Bombadil was a merry fellow;
bright blue his jacket was and his boots were yellow,
green were his girdle and his breeches all of leather;
he wore in his tall hat a swan-wing feather.
[5] He lived up under Hill, where the Withywindle
ran from a grassy well down into the dingle.
Vieux Tom Bombadil était un gai compagnon ;
bleue était sa veste et jaunes ses botillons,
verte ceinture et hauts de chausse tout de peau
il portait plume de cygne à son chapeau.
Et dans l’ombre de la colline il demeurait
où le Tournesaule dans le vallon courrait.
Old Tom in summertime walked about the meadows
gathering the buttercups, running after shadows,
tickling the bumblebees that buzzed among the flowers,
[10] sitting by the waterside for hours upon hours.
Vieux Tom en été allait arpenter les champs
cueillant des boutons d’or, des ombres pourchassant,
chatouillant les bourdons vrombissant dans les fleurs,
s’asseillant au bord de l’eau des heures et des heures.
There his beard dangled long down into the water:
up came Goldberry, the River-woman's daughter;
pulled Tom's hanging hair. In he went a-wallowing
under the water-lilies, bubbling and a-swallowing.
Ce jour-là sa barbe trempa dans l’onde claire:
vint Baie d’Or (1), Damoiselle de la Rivière;
elle la tira. Tom alors se retrouva
sous les lys d’au, il pataugea et barbotta.
[15]'Hey, Tom Bombadil! Whither are you going?'
said fair Goldberry. 'Bubbles you are blowing,
frightening the finny fish and the brown water-rat,
startling the dabchicks, and drowning your feather-hat!'
”Eh, Tom Bombadil! Que penses-tu faire alors ?
Tu souffles des bulles”, dit la jolie Baie d’Or
“Apeurant les petits poisons (2), le brun rat d’eau,
les grèbes, et mouillant la plume de ton chapeau !"
'You bring it back again, there's a pretty maiden!'
[20]said Tom Bombadil. 'I do not care for wading.
Go down! Sleep again where the pools are shady
far below willow-roots, little water-lady!'
“Jolie Damoiselle, veux-tu donc la lâcher !”
dit Tom Bombadil. “Je ne veux pas barbotter.
Redescend! Loin sous les racines des roseaux
Retourne dormir, petite dame de l’eau !”
Back to her mother's house in the deepest hollow
swam young Goldberry. But Tom, he would not follow;
[25]on knotted willow-roots he sat in sunny weather,
drying his yellow boots and his draggled feather.
Vers chez sa mère la jeune Baie d’Or nagea
dans le trou profond. Mais Tom ne la suivit pas ;
sur les racines du saule au soleil s’assit,
séchant ses bottes jaunes et sa plume salie.
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(1) quelqu’un pourrait me dire pourquoi Dashiell Hedayat traduit par « Frai d’Or » ? dans mon dico bilingue (promis, j’achète l’unilingue à la rentrée, je commence à ne plus pouvoir tenir), j’ai « baie » pour « berry », et en français, « Frai » signifie soit « usure des pièces de monnaie par frottement », soit « ponte ou fécondation des œufs chez les poissons, par extension, œuf ou alevin »…
(2) j’ai tenté de garder l’allitération ici (’frightening finny fishes’). Pour une interprétation de ce passage, je renvoie à l’exposé de Sosryko : ‘de la crème jaune et des rayons de miel’, la remarque à la fin du post du 22/06/2003, si je ne me trompe.
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Il se trouve que j’ai un gros problème pour les 2 vers suivants : je ne les ai absolument pas compris.
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
Absolument est un peu fort, mais à part “up woke willow-man” et “under branches swinging”… Tom chante en dormant ? Ou est-ce le saule qui cherche à le charmer comme il l’a fait des Hobbits en vadrouille ?
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je suis pour la seconde interprétation (d'autant plus quelle confirme mon "exposé" sur le chant ;-) et s'inscrit, encore et encore chez Tolkien, dans la triple action d'un personnage)
Willow-man,
(1) Woke up
(2) began upon his singing,
(3)sang Tom fast asleep under branches swinging;
l'Homme-saule (1) se réveille, (2) débute sa mélodie echantée et (3) "chantourne Tom en sommeil" sous ses branches qui se balancent
...
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Oups, pardon, j'oubliais l'essentiel : c'est bien et bon une Laegalad qui ne chôme pas ;-))
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Merci ! Il me reste à trouver la rime alors ;-)
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Deuxième épisode des Aventures de TB :
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
in a crack caught him tight: snick! it closed together,
[30] trapped Tom Bombadil, coat and hat and feather.
L’Homme-Saule s’éveilla, se mit à chanter,
Et Tom dormant sous ses branches fut enchanté (3);
Il l’enserra : crac ! Et enferma en un lot
Vieux Tom Bombadil, manteau, plume et chapeau.
'Ha, Tom Bombadil! What be you a-thinking,
peeping inside my tree, watching me a-drinking
deep in my wooden house, tickling me with feather,
dripping wet down my face like a rainy weather?'
« Ah, Tom Bombadil ! A quoi pouvais-tu penser,
Epiant dans mon tronc, me regardant m’abreuver
dans ma maison, me chatouillant de ton plumage,
et tel un temps pluvieux me mouillant le visage ? »
[35] 'You let me out again, Old Man Willow!
I am stiff lying here; they're no sort of pillow,
your hard crooked roots. Drink your river-water!
Go back to sleep again like the River-daughter!'
« Vieil Homme-Saule, veux-tu me laisser ressortir !
Dans tes dures racines, je vais m’enraidir ;
il n’y a de coussins. Bois l’eau de la rivière !
Va te coucher, tel la Fille de la Rivière ! »
Willow-man let him loose when he heard him speaking;
[40] locked fast his wooden house, muttering and creaking,
whispering inside the tree. Out from willow-dingle
Tom went walking on up the Withywindle.
L’Homme-Saule l’écouta et le relâcha;
claquant sa maison, il murmura et craqua,
chuchottant dans son tronc. Hors du vallon du saule
Tom remonta à pied le long du Tournesaule.
Under the forest-eaves he sat a while a-listening:
on the boughs piping birds were chirruping and whistling.
[45 ]Butterflies about his head went quivering and winking,
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
Sous les frondaisons il s’assit un temps, écoutant :
Sur les rameaux les oiseaux sifflaient, pépiants.
Près de lui, des argus (4) frissonnaient, clignotaient ;
quand vinrent les nuages, le soleil sombrait.
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(3) désolée , Sosryko, je n’ai pas utilisé ‘chantourné’ ; c’est un très beau terme, mais utilisé seulement pour la menuiserie, malheureusement. Je n’ai rien trouvé qui indique que ce mot fut employé pour autre chose que la désignation des pièces de bois découpée en dentelle.
(4) je me suis permise de préciser l’espèce des papillons, mais les argus sont à peu près les seuls que je connaisse. Ce sont de petits papillons bleus, fréquents dans les prairies, que l’on appelle aussi ‘azurés’, je crois. Et en plus leur nom ne fait que deux syllabes, ce qui tombait bien.
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(a)
Je n’ai rien trouvé qui indique que ce mot fut employé pour autre chose que la désignation des pièces de bois découpée en dentelle.
roÔohh ;-) as-tu bien lu De la Crème jaune... ?
hihi
Le vieux Väinämöinen,
le barde sage vit sa vie
(…)
Barbe vieille, il chante ses rimes,
Les chantourne, les chantebrode.
Jour et jour il chante sans trêve,
Chanteparle nuit sur nuitée (…)
Kalevala, 3.1-2, 5-8, traduction de Rebourcet
J’ai chantourné la barque bonne,
chantaillé la gabarre ferme, (...)
18.685-686
;-))
ce n'était que par rapport à ces texte qui montre Väinö l'enchanteur 'sculptant' le son de ses rimes magiques que je mentionnais le verbe "chantourner"
(J'aime cette utilisation de Rebourcet qui joue sur l'homophonie mais aussi sur les deux sens à la fois, le sens premier et le sens nouveau qu'il donne à 'chantourner': après tout, le mot est bien composé du mot "chant"...certes au sens de 'bande/face étroite', mais avoue que le résultat de ce déplacement est bien joli)
Ce qui n'empêche que, dans le contexte du poème de TB, 'enchanter' est plus approprié il me semble.
(b)
Pour :
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
L’Homme-Saule s’éveilla, se mit à chanter,
Et Tom dormant sous ses branches fut enchanté
Je propose :
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
L'homme-saule s'éveilla, au chant il se mit,
Il berça Tom de ses branches et l'endormit
je préfère en tous cas, conservant l'Homme-saule comme sujet des verbes dans le second vers et utilisant le verbe "bercer" pour rendre le "balancement" des branches du saule qui a tout lieu d'être la source même du chant magique de l'Homme-saule !!
Qu'en penses-tu?
(c)
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
quand vinrent les nuages, le soleil sombrait.
Et pourquoi pas :
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
les nuages gris venus, le soleil sombrait.
là, on est limité par le choix des vers à 12 syllabes : tous deux, nous ne réussissons pas à rendre "until" ou "as", c'est dommage, mais alors, essayons au moins de conserver le maximum d'information ("grey").
de toute manière, encore bravo ;-)
Sosryko
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(d)
je constate que tu as attribué 13 pieds au lieu de 12 au vers 43...:-(
(sauf erreur de ma part, ce qui est possible)
Aussi, voici une proposition (qui n'a d'autre raison que l'amusement que je trouve à proposer une ou deux alternatives pour privilégier certains aspects de la VO, ...c'est qu'on s'y prend facilement à ce jeu ;-)), à la fois pour le vers 43, mais aussi (en gardant plus de participes présent pour traduire les 4 -ing) pour conserver la simultanéité de la venue des nuages gris et du soir (le "as"'), à défaut de pouvoir traduire "until"; cela donne :
Under the forest-eaves he sat a while a-listening:
on the boughs piping birds were chirruping and whistling.
[45 ]Butterflies about his head went quivering and winking,
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
Assis sous les frondaisons, il écoute un temps
Les oiseaux sur les rameaux, pépiant et sifflant.
Près de lui, des argus frissonnaient, clignotant ;
Les nuages gris venaient au soleil couchant
encore qu'en gardant des verbes à l'imparfait aux deux dernier vers, c'est peut-être aussi bien sinon mieux :
Under the forest-eaves he sat a while a-listening:
on the boughs piping birds were chirruping and whistling.
[45 ]Butterflies about his head went quivering and winking,
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
Assis sous les frondaisons, il écoute un temps
Les oiseaux sur les rameaux, pépiant et sifflant.
Près de lui, des argus frissonnaient, clignotaient ;
Les nuages gris venaient, le soleil sombrait.
Sosryko
PS : plus j'y pense, et plus je la trouve jolie, la trouvaille des argus :-)
d'autant plus que le bleu est la couleur essentielle pour Tom Bombadil!! :-))
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(a)
Je n’ai rien trouvé qui indique que ce mot fut employé pour autre chose que la désignation des pièces de bois découpée en dentelle.
roÔohh ;-) as-tu bien lu De la Crème jaune... ?
Mais oui ! seulement il reste que cela s'applique plus à la sculpture ; c'est pourquoi j'ai préféré ne pas l'utiliser : le mot 'chantourner' m'évoque invariablement ma petite scie qui n'a servie que 2 fois depuis que je l'ai ;-). cela dit, je suis parfaitement d'accord sur la beauté du mot ;-)
(b)
Ce n'est pas une mauvaise idée ;-) L'avis d'une tierce personne serait bienvenue, parce que à force d'avoir le nez dessus, je commence à avoir du mal à juger, mais ta proposition est interessante... Je la garde !
(c) et (d)
vers 46 : ta dernière trouvaille est préférable, je crois (« Les nuages gris venaient, le soleil sombrait. »)
Pour le vers 43, tu as raison : il m'a échappé. Je prends donc ton « Assis sous les frondaisons, il écoute un temps / Les oiseaux sur les rameaux, pépiant et sifflant. »
Mais je mettrai 'écouter' au passé simple (he sat).
Ce quatrain corrigé donnera donc :
Under the forest-eaves he sat a while a-listening:
on the boughs piping birds were chirruping and whistling.
[45 ]Butterflies about his head went quivering and winking,
until grey clouds came up, as the sun was sinking.
Assis sous les frondaisons, il écouta un temps
Les oiseaux sur les rameaux, pépiant et sifflant.
Près de lui, des argus frissonnaient, clignotaient ;
les nuages gris venaient, le soleil sombrait.
A bientôt pour le 3e épisode ;-)
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Mais oui ! seulement (...) le mot 'chantourner' m'évoque invariablement ma petite scie qui n'a servie que 2 fois depuis que je l'ai ;-).
Qu'il est souvent lourd, ce passé que l'on traîne derrière soi ;-))
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Wops, le vers 43 fait toujours 13 au lieu de 12 : allons pour « Sous les arbres il s’assit, écouta un temps », avant de passer au 3e épisode :
Then Tom hurried on. Rain began to shiver,
round rings spattering in the running river;
a wind blew, shaken leaves chilly drops were dripping;
[50] into a sheltering hole Old Tom went skipping.
Lors Tom pressa le pas. La pluie éclaboussait,
dans la rivière roulante ses ronds crissaient ; (5)
le vent fit ruisseller les feuilles d’eau fraîche ;
dans un trou Vieux Tom sauta comme une fleche.
Out came Badger-brock with his snowy forehead
and his dark blinking eyes. In the hill he quarried
with his wife and many sons. By the coat they caught him,
pulled him inside their earth, down their tunnels brought him.
De là sortit Blaireau-blarel (6) au front neigeux,
aux yeux noirs clignotants. Il creusait en ces lieux
avec sa famille. Ils saisirent son manteau,
le poussèrent à travers tunnels et terreau.
[55] Inside their secret house, there they sat a-mumbling:
'Ho, Tom Bombadil' Where have you come tumbling,
bursting in the front-door? Badger-folk have caught you.
You'll never find it out, the way that we have brought you!'
En leur cachette, ils s’assirent à marmonner :
« Oh, Tom Bombadil ! D’où as-tu dégringolé,
enfonçant la porte d’entrée ? Nous t’avons pris,
et jamais tu ne pourras sortir d’ici ! »
'Now, old Badger-brock, do you hear me talking?
[60] You show me out at once! I must be a-walking.
Show me to your backdoor under briar-roses;
then clean grimy paws, wipe your earthy noses!
Go back to sleep again on your straw pillow,
like fair Goldberry and Old Man Willow!'
« Hola, vieux Blaireau-blarel, m’entends-tu parler ?
Montrez-moi donc la sortie ! Je dois m’en aller.
Menez-moi à la porte sous les églantiers;
puis nettoyez vos pattes et vos nez crottés !
Retournez vous coucher sur vos coussins d’épis,
tels Vieil Homme Saule et Baie d’Or la jolie ! »
[65] Then all the Badger-folk said: 'We beg your pardon!'
They showed Tom out again to their thorny garden,
went back and hid themselves, a-shivering and a-shaking,
blocked up all their doors, earth together raking.
« Nous te demandons pardon ! » dirent les blaireaux,
l’emmenant à leur jardin piquant aussitôt,
avant de rentrer, tous frissonnants, se cacher,
de verrouiller les portes et de ratisser.
Rain had passed. The sky was clear, and in the summer-gloaming
[70] Old Tom Bombadil laughed as he came homing,
unlocked his door again, and opened up a shutter.
In the kitchen round the lamp moths began to flutter:
Tom through the window saw waking stars come winking,
and the new slender moon early westward sinking.
La pluie avait cessée. Le ciel était clair,
et Vieux Tom rentra, riant dans la lumière,
déverrouilla sa porte et ouvrit les volets.
Autour des lampes des phalènes voletaient;
Tom vit à la fenêtre les astres cligner,
et tôt à l’ouest la mince lune sombrer.
________________________________________
(5) round rings spattering in the running river : il me fallait conserver l’allitération dans la traduction. Mais « crisser » est moins approprié que « crépiter », qui ne rentrait pas.
(6) Badger-brock : d’après mon dico, les deux veulent dire ‘blaireau’. J’ai donc utilisé l’ancien français ‘blarel’.
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Quelle rapidité!
merci Laegalad!
Aucunement le temps de faire des propositions (je n'ai ni ton habitude, ni ton talent) car « j'ai des choses à faire, (...), ma composition et mon chant, mes discours et ma promenade » {167} ;-)
une seule remarque : « et jamais tu ne pourras sortir d’ici ! » : 11 pieds seulement il me semble :-(
ah! pour les argus, te souvenais-tu qu'il apparaissent liés à Tom dans Le Seigneur des Anneaux ?
Je viens de le (re)découvrir :
[Tom] choisit pour lui-même une broche incrustée de pierres bleues, à reflets multiples, telles des fleurs de lin ou les ailes de papillons bleus. Il la contempla longuement, comme sous l'impression de quelques souvenir (...)
Sosryko
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Rapidité? La traduction est déjà faite, mais il me reste à taper le texte ;-)
une seule remarque : « et jamais tu ne pourras sortir d’ici ! » : 11 pieds seulement il me semble :-(
Exact, il y a un "plus" qui a sauté entre l'étape manuscrite et tapuscrite ;-) : « et jamais plus tu ne pourras sortir d’ici ! »
Sinon, j'ai reréfléchis aux vers 27-28 :
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
L'Homme Saule s'éveilla, se mit à chanter,
et Tom bercé par ses branches fut enchanté
Cela vient plus naturellement que 'au chant il se mit' (j'évite autant que possible les inversions, ce qui est difficile, mais plus souple à la diction : il s'agit d'un chant de Hobbit, donc plutôt simple). Qu'en dis-tu ?
Et pour les argus : il semble que je fais bien de ne connaître que 2 papillons ;-)
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Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;L'Homme Saule s'éveilla, se mit à chanter,
et Tom bercé par ses branches fut enchantéQu'en penses-tu?
ça tient la route, mais :
(1) je n'aime pas trop ces deux rimes identiques (chanter/chanté)que j'avais voulu éviter;
(2) de plus, mon inversion était volontaire pour rendre l'inversion que Tolkien introduit au début du vers "Up woke Willow-man" (au lieu de 'Willow-man woke up')
(3) enfin, je trouve qu'il faut maintenir l'Homme-saule sujet des verbes dans ce couple de vers.
J'aime donc toujours :
Up woke Willow-man, began upon his singing,
sang Tom fast asleep under branches swinging;
L'homme-saule s'éveilla, au chant il se mit,
Il berça Tom de ses branches et l'endormit
Mais je reconnais qu'il y a là une affaire de goût ;-)
S.
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entre les deux, mon cœur balance...
Voici le 4e épisode :
[75] Dark came under Hill. Tom, he lit a candle;
upstairs creaking went, turned the door-handle.
'Hoo, Tom Bombadil! Look what night has brought you!
I'm here behind the door. Now at last I've caught you!
You'd forgotten Barrow-wight dwelling in the old mound
[80] up there on hill-top with the ring of stones round.
He's got loose again. Under earth he'll take you.
Poor Tom Bombadil, pale and cold he'll make you!'
La nuit vint. Tom alluma une bougie,
monta les escaliers, et sa porte il ouvrit.
« Hou, Tom Bombadil! Vois ce que la nuit t’apporte !
Enfin je t’attrape ! Je suis derrière la porte.
L’Etre du Galgal (7), sur la colline placé,
encerclé de pierres, tu l’avais oublié!
Il s’est réchappé. Sous terre il t’emporteras.
Pauvre Tom Bombadil ! Pâle et froid tu seras ! »
'Go out! Shut the door, and never come back after!
Take away gleaming eyes, take your hollow laughter!
[85] Go back to grassy mound, on your stony pillow
lay down your bony head, like Old Man Willow,
like young Goldberry, and Badger-folk in burrow!
Go back to buried gold and forgotten sorrow!'
« Va-t-en ! Ferme la porte, et ne reviens jamais !
Reprend ton rire grave et tes yeux d’effraie !
Sur ton lit de pierre étend ta tête osseuse,
tel l’Homme-Saule, va à ta colline herbeuse,
Comme Baie d’Or et les blaireaux dans leur terrier !
Retourne à l’or caché, au chagrin oublié ! »
Out fled Barrow-wight through the window leaping,
[90] through the yard, over wall like a shadow sweeping,
up hill wailing went back to leaning stone-rings,
back under lonely mound, rattling his bone-rings.
L’Etre du Galgal par la fenêtre s’enfuit,
Par le verger, par-dessus le mur il partit,
rejoignit gémissant le cercle pierreux,
le tertre isolé, cliquant ses anneaux osseux.
Old Tom Bombadil lay upon his pillow Vieux
sweeter than Goldberry, quieter than the Willow,
[95] snugger than the Badger-folk or the Barrow-dwellers;
slept like a humming-top, snored like a bellows.
Tom sur son traversing s’étendit alors,
plus calme que le Saule, plus doux que Baie d’Or,
plus au chaud que gens du Galgal ou bien Blaireaux ;
Il ronfla comme un soufflet, dormant aussitôt.
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(7) j’ai gardé l’expression de Ledoux, qui me plait, encore que j’en ignore l’origine. Au moins il n’y a pas de doute quant à l’emplacement de ces tumulus pour les lecteurs français ;-).
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Oups, « sous terre il t'emportera ».
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Grand bravo pour ta traduction (et dire que je serais incapable de traduire deux vers... ;-))!
(7) j’ai gardé l’expression de Ledoux, qui me plait, encore que j’en ignore l’origine.
Pour quelques explications sur ce sujet (qui montrent que Ledoux était capable de jolies trouvailles), voir notamment ici.
A quand le cinquième épisode ? ;-)
L.
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Merci Finrod ;-)
Le 5e épisode ? Puisque tu le demande, le voici, mais tout d'abord ...
... Il y a un élément sur lequel j'aimerai avoir votre avis pour ce qui va suivre: c'est le fameux "Come, derry-dol, merry-dol, my darling !". Déjà au niveau du sens, mon bilingue ne m'indique aucune traduction pour 'derry' et 'dol'. J'en ai conclu que c'était des non-sens, utilisés pour les allitérations. Peut-être faut-il voir un parallèle dol/doll, mais je vois mal TB traiter Baie d'Or de poupée. On a 'merry', évidemment, pour "gaie", et un rythme ternaire. Là où j'hésite, c'est pour rendre cet effet - allitération et rythme ternaire. Ledoux a laissé tel quel, en tranduisant 'merry' ("Viens, derry dol, gaie dol, ma chérie", de mémoire), mais on perd l'effet ternaire. Dashiel Hodayat... je ne reviens pas sur son "auprès de ma blonde".
Je pensais à quelque chose comme "Viens ! Mimelin', mégailin', mon amie !", où il ne faut pas chercher de sens (mais j'ai gardé l'idée de joie), mais qui garde rythme ternaire et effet alllitératif. Ou alors laisser "Viens ! Derry-dol, merry-dol, mon amie !", mais ça sonne un peu trop anglais à mon goût. ‘Amie’ étant choisie pour le "m", évidemment.
He woke in morning-light, whistled like a starling,
sang, 'Come, derry-dol, merry-dol, my darling!'
He clapped on his battered hat, boots, and coat and feather;
[100] opened the window wide to the sunny weather.
Il sifflota comme un sansonnet au matin,
chantant : « Mimelin’, mégailin’, mon amie, viens ! »
Il claqua vieux chapeau, bottes, plumes et manteau ;
il ouvrit grand sa fenêtre au temps doux et chaud.
Wise old Bombadil, he was a wary fellow;
bright blue his jacket was, and his boots were yellow.
None ever caught old Tom in upland or in dingle,
walking the forest-paths, or by the Withywindle,
[105] or out on the lily-pools in boat upon the water.
But one day Tom, he went and caught the River-daughter,
in green gown, flowing hair, sitting in the rushes,
singing old water-songs to birds upon the bushes.
Le sage Tom était un prudent compagnon;
bleue était sa veste et jaunes ses bottillons.
Personne ne l’attrapa, au plateau, en vallée,
sur le Tournesaule ou les chemins forestiers,
ou en bateau entre les lys de l’onde claire.
Mais il attrapa la Fille de la Rivière,
sur les joncs, en robe verte, cheveux flottants,
de vieilles chansons d’eau aux oiseaux chantant.
He caught her, held her fast! Water-rats went scuttering
[110] reeds hissed, herons cried, and her heart was fluttering.
Said Tom Bombadil: 'Here's my pretty maiden!
You shall come home with me! The table is all laden:
yellow cream, honeycomb, white bread and butter;
roses at the window-sill and peeping round the shutter.
[115] You shall come under Hill! Never mind your mother
in her deep weedy pool: there you'll find no lover!'
Il la serra vite ! Détalèrent les rats,
sifflèrent joncs et hérons ; son cœur palpita.
« Voilà ma jolie dame ! » Tom Bombadil dit :
« Tu devrais venir chez moi ! La table est servie :
crème jaune, rayons de miel, beurre et pain blanc ;
des roses à la fenêtre, au volet épiant.
Viens au pied de la colline ! Oublie ta mère :
tu ne trouveras pas d’amant dans sa rivière ! »
Old Tom Bombadil had a merry wedding,
crowned all with buttercups, hat and feather shedding;
his bride with forgetmenots and flag-lilies for garland
[120] was robed all in silver-green. He sang like a starling,
hummed like a honey-bee, lilted to the fiddle,
clasping his river-maid round her slender middle.
Vieux Tom, couronné de renoncules d’eau (8)
eu des noces bien gaies, sans plume ni chapeau;
la mariée, en vert-argent, d’iris des marais
était fleurie. Il chanta comme un sansonnet,
joua du violon, fredonna comme une abeille,
serrant sa dame de l’eau par sa taille frêle.
Lamps gleamed within his house, and white was the bedding;
in the bright honey-moon Badger-folk came treading,
[125] danced down under Hill, and Old Man Willow
tapped, tapped at window-pane, as they slept on the pillow,
on the bank in the reeds River-woman sighing
heard old Barrow-wight in his mound crying.
Blanc le lit ; dans la maison des lampes brillèrent;
dans la lune de miel les blaireaux s’avancèrent
dansèrent au pied de la Colline ; eux dormaient,
mais Vieil Homme Saule au carreau toquait, toquait ;
sur les joncs, la femme de l’Onde soupirait
et entendit l’Etre du Galgal qui pleurait.
Old Tom Bombadil heeded not the voices,
[130] taps, knocks, dancing feet, all the nightly noises;
slept till the sun arose, then sang like a starling:
'Hey! Come derry-dol, merry-dol, my darling!'
sitting on the door-step chopping sticks of willow,
while fair Goldberry combed her tresses yellow.
Aucune voix Vieux Tom n’écoutait,
ni les bruits nocturnes, coups, dances à petits pas ;
il chanta comme un sansonnet quand le jour vint :
« Hé ! Mimelin’, mégailin’, mon amie, viens ! »
assis sur le perron, il taillait des batons,
et la jolie Baie d’Or tressait ses cheveux blonds.
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(8) les boutons d’or sont de la famille des renoncules, mais je perd la couleur jaune : les renoncules d’eau (renoncule aquatique, renoncule lierre ou renoncule des rivières) sont blanches.
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il sera intéressant de comparer tout cela avec les choix de Céline Leroy, qui a largement révisé "Les Aventures de Tom Bombadil" à paraître dans _Faërie II_. de bons débats en perspective :-)
V
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Une remontée jamais trop tardive de ce fuseau toujours si frais pour préciser, quand même, que :
La présente traduction de Lægalad, et avec elle, celles de Bombadil en bateau et Il était une fois, ont donné lieu à une très belle compilation : ATB : un essai de traduction poétique.
Yyr
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