Vous n'êtes pas identifié(e).
Pages : 1 bas de page
Les Anges de l’Ombre, p 201
Je n’ai pas trouvé dans l’article de V. Flieger d’explication visant à justifier la traduction de ‘Holy One’ par ‘Saint-Unique’. Pour ma part, une lecture naturelle du texte me donne de comprendre « […] and he made first the Ainur, the Holy Ones, […] » en « […] et il fit d’abord les Ainur, les Saints (= "Ceux qui sont Saints"), […] ».
Par ailleurs, ce qui vient corroborer cette lecture, il me semble bien que ‘Holy Ones’, dans cette phrase, vient en fait en traduction de Ainur, comme ‘the One’ vient précédemment en traduction de Eru. Des traductions de … l’elfique … où aina (adj.) et ainu (n.), dans la totalité des occurrences du Conte, sauf erreur de ma part, signifient exactement et uniquement ‘holy’ (la singularité étant rendue à l’aide la racine √ER), et renvoient ainsi strictement à la nature sainte de leurs objets.
Cf. l’une de ces références dans Quendi & Eldar :
Ainu 'one of the "order" of the Valar and Maiar, made before Eä'. Valarin ayanūz. It was from this ainu that in Quenya was made the adjective aina 'holy', since according to Quenya derivation ainu appeared to be a personal form of such an adjective [Esse/399]
Le quenya Ainu semble être un emprunt du valarin ayanu- (voir aussi le tome quatrième de l’Encyclopédie de la Terre-du-milieu d’EJK). Bien que la définition de ce dernier ne soit pas donnée directement (on sait seulement qu’ainsi était désigné dans la langue des Valar un esprit angélique auprès d’Eru), il apparaît ici qu’il a servi dans la langue des hauts-Elfes pour désigner ce qui « inspire une crainte révérencieuse » (voir dans une certaine mesure la note étymologique de 1957 : √AYA-N ‘treat with awe/reverence’ [VT43/14]), soit « ce qui est Saint ».
Cela n’empêche aucunement de parler d’une éventuelle singularité des anges d’Eru. Simplement, cela n’entre pas dans la sémantique directe de Ainu ni de ‘Holy One’, qui doivent être traduits, d’après moi, par ‘(qui est) Saint’.
Jérôme
Hors ligne
Merci Jérôme de cette remarque sur l'aspect traductif de Ainur / the holy ones.
La question du rapport the One / Holy Ones est étudiée par Marjorie Burns dans son article dans le premier numéro spécial de la revue Arda (Between Faith and Fiction). C'est en pensant à cet article que j'ai utilisé "uniques".
Marjorie Burns écrit : "The Silmarillion opens with Eru, the One, an image not all incompatible with monotheistic belief. But then - immediately following this - we hear how the One created the Holy Ones. These are the Ainur, the "offspring of [Eru's] thought (...) with him before aught else was made" (S Ain. § 1). He is "the One" ; they are the "Ones", closely related titles, which suggests that the Ainur are, paradoxically, the plurality of Eru's singular state. They are the "s's" added to his indivisibility" (M. Burns, "All in One, One in All", in N.-I. Agoy, éd., Between Faith and Fiction, Arda Special 1, 1998, p. 9, voir le compte rendu dans La Feuille de la Compagnie n°1, p. 109.)
Hors ligne
Yyr,
(je n'ai pas encore lu l'article, mais il me semble avoir vu des discussion quelque part sur ce sujet)
pour ma part, j'avoue que le O majuscule me fait penser ques les "Holy Ones" sont un peu plus que des "Holy ones".
Tolkien met des majuscule un peu sur tous les mots qu'il trouve importants, c'est à dire auquel il donne une définition universelle ou étendue (ainsi les "Nains" ne sont pas les "nains").
Alors traduire "the Ones" (car c'est bien là le nom) par les "Uniques" (en faisant avec ce que la langue française nous permet), pourquoi pas... Je dirai plutôt "Entité", car je ne pense pas, compte tenu de la suite, que Tolkien ai voulu come le suggère cette Marjorie Burns, évoquer dans les Ainurs "la pluralité de l'état singulier d'Eru", la multiplicité de son unicité.
Hors ligne
(mais je vois sur un autre fuseau que Szpako n'est pas d'accord avec moi :-( )
Hors ligne
Michaël : Marjorie Burns écrit : "The Silmarillion opens with Eru, the One, an image not all incompatible with monotheistic belief. But then - immediately following this - we hear how the One created the Holy Ones. These are the Ainur, the "offspring of [Eru's] thought (...) with him before aught else was made" (S Ain. § 1). He is "the One" ; they are the "Ones", closely related titles, which suggests that the Ainur are, paradoxically, the plurality of Eru's singular state. They are the "s's" added to his indivisibility" (M. Burns, "All in One, One in All", in N.-I. Agoy, éd., Between Faith and Fiction, Arda Special 1, 1998, p. 9, voir le compte rendu dans La Feuille de la Compagnie n°1, p. 109.) Cathy : La traduction des "Saints-Uniques" m'a bien plu pour rendre l'idée de la multiplicité de l'unité, comme il est d'ailleurs bien précisé dans l'Ainulindalë. Vin' : pour ma part, j'avoue que le O majuscule me fait penser ques les "Holy Ones" sont un peu plus que des "Holy ones". [...] Alors traduire "the Ones" (car c'est bien là le nom) par les "Uniques" (en faisant avec ce que la langue française nous permet), pourquoi pas... Je dirai plutôt "Entité", car je ne pense pas, compte tenu de la suite, que Tolkien ai voulu come le suggère cette Marjorie Burns, évoquer dans les Ainurs "la pluralité de l'état singulier d'Eru", la multiplicité de son unicité.
Certes :)
Mais mon propos ne se situe pas au niveau de la question : "y a-t-il pluralité de l'état singulier d'Eru dans les Ainur ?". Cette question est très intéressante, et proposer cette lecture ne me choque pas. J'ai d'ailleurs bien aimé les quelques lignes de Michaël à ce sujet dans son article. Ce qui attire mon attention, et qui me fait attirer la vôtre ici, est que traduire l'introduction de l'Ainulindalë de la sorte force cette lecture. Une surtraduction donc à mon sens (les lambendili (q. 'amoureux des langues') sont généralement pinailleurs ;) ...)
Or, si effectivement on peut lire dans 'Holy Ones', soit 'les Uniques qui sont Saints', soit 'les Entités qui sont Saintes', soit enfin 'Ceux qui sont Saints', et si on peut justifier toutes ces différentes lectures par ailleurs (heureusement), il me semble que la traduction, elle, compte-tenu de ce que j'ai observé plus haut, serait plus fidèle en se contentant d'écrire : 'les Saints' = 'Ceux qui sont Saints' *, parce que 'Holy Ones' vient ici, comme dans les Etymologies (HOME V) d'ailleurs, en traduction de Ainur (comme 'One' vient en traduction de Eru).
Dans Ainur il n'y a uniquement et exclusivement que le sens de 'Saint' - plusieurs fois attesté. En elfique comme en français ou en anglais, s'il s'était agit de préciser une dimension supplémentaire, le mot aurait été composé ou issu d'une composition. Exemple : le Saint-Esprit se dit en quenya Aire-fëa. (dans le cas présent, pour marquer la singularité, on aurait sans doute associé la racine √ER )
Mais j'ai peut-être manqué quelque chose ; à ce propos, les lambendili sont-ils tous encore au Réveillon ? :) Allons, allons, il y en a au moins un de rentré déjà je le sais re-;)
Jérôme
* Ce qui n'ôte rien à l'analyse de M. B. et Michaël ; mais ma problématique n'est pas là ... :)
Hors ligne
Yyr >>> Oui, je comprends, mais ne faut-il pas tenir compte aussi du texte anglais , car il y a tout un jeu verbal, qui affecte à la fois le SA (signifiant) et le SE (signifié), entre 'The One' et 'The Holy Ones', et c'est peut-être dommage de perdre cette dimension poétique par une traduction trop littérale (d'ailleurs complètement perdue dans la VF du Silmarillion)??
Cathy (pas du tout lambendil;-))
PS Vinyamar, j'attends que tu lises l'article en question ;-)
Hors ligne
Je voudrais revenir sur la question qu'a soulevée Jérôme, sous un angle un peu différent. Cathy remarque avec justesse qu'il faut tenir compte du texte anglais et du jeu verbal qu'il contient. A ce titre, je pense qu'il est très important de faire la part de ce qui relève de l'intention stylistique et de la servitude grammaticale.
Que ce soit en quenya, en anglais ou en français, dans Ainur, Holy Ones, Saints-Uniques ou Bénis, nous avons des entités dénommées par la substantivation d'un adjectif, procédé qui n'a pas la même portée dans les trois langues, d'où inadéquations.
Jérôme a déjà discuté du quenya, reste à se pencher sur le cas de l'anglais du français. Je signale que, concernant l'analyse qui suit, je ne prétends pas à plus qu'un intérêt d'amateur;s'il y a des corrections à apporter, elles seront les bienvenues.
En français, un adjectif se substantive facilement et prend par là toutes propriété usuelles du nom. Il s'associe ainsi aux déterminants les plus divers : ainsi sur "aveugle" on a "un aveugle", "des aveugles", "l'aveugle", "les aveugles", "ces aveugles", "plusieurs aveugles", etc. Mais en anglais, ce n'est pas le cas; s'agissant de personnes (dénombrables) seule la construction article défini + adjectif est généralement possible, avec valeur de nom collectif déclenchant l'accord au pluriel. Si l'on a bien "the blind" = les aveugles, **a blind, *some blind, **this blind, **several blind sont agrammaticaux, il est nécessaire d'employer un nom adéquat (a blind man, etc.) ou le pronom "one(s)", qui permet de former l'unité. Au pluriel avec l'article défini, on obtient "the blind ones", avec une opposition que n'a pas le français entre "the blind ones" / "the blind", collection d'individus / généralisation, ce qui rappelle le rapport each / every (curieusement, les grammaires usuelles ne font guère le rapprochement).
Revenons maintenant à notre phrase and he made first the Ainur, the Holy Ones. C'est un contexte où l'opposition "the holy ones" / "the holy" est fonctionnelle ; il est donc intéressant de constater que Tolkien a choisi une formulation apte à évoquer une collection d'individus et non une généralisation. Ceci suggère déjà que les Ainur sont conçus comme des personnalités distinctes quoique de même nature, ce que dit précisément la suite du texte : But for a long time they sang only each alone, or but a few together, while the rest hearkened ; for each comprehended only that part of the mind of Ilúvatar from which he came, and in the understanding of their brethren they grew but slowly. On remarquera l'emploi révélateur de "each" !
Au paragraphe suivant, lorsque les Ainur sont parvenus à l'unisson, et l'harmonie, apparaît "all", expression de la totalité globalisante. On retrouve encore "each", et "every" reste absent.
"Ones" est donc important et chargé de sens. Cependant, ce ne lui enlève pas sa nature d'outil grammatical à l'emploi codifié (choix binaire entre "the holy ones" et "the holy"), avec lequel la liberté et le caractère facultatif d'un adjectif qualificatif sont peu comparables. Est-ce de ce fait que "les Saints-Uniques" paraît trop chargé, surtraduit en français, comme l'a remarqué Jérôme ? A mon avis, "unique" ajoute effectivement trop. En rétrotraduisant, on retomberait sur "the Only Holy Ones", voire "the Unique Holy Ones", plutôt que sur l'original "the Holy Ones".
Remarquons aussi que "Saint" pour traduire "Holy" introduit un léger décalage. Avec la double filiation germanique et romane du cœur de son vocabulaire, l'anglais distingue bien le nom "saint" de l'adjectif "holy", ce qui lui permet d'évoquer la sainteté sans y mêler intimement la notion catholique des saints. Je ne veux pas dire que "saint" n'est pas le mot à employer en français, mais il introduit une nuance absente de l'original, il faut en rester conscients. Et puisque le sujet s'est révélé assez urticant comme cela, je signale que mon propos n'est PAS d'évacuer du texte de Tolkien ses références chrétiennes. Ce serait idiot ! Mais il est très important de respecter l'approche indirecte à laquelle il tenait tant (cf. sa lettre à Milton Waldman). Or "les Saints" évoque le christianisme beaucoup plus ouvertement que "the Holy Ones". Le problème est ardu, peut-être même insoluble.
Peut-être est-ce la raison qui a poussé Pierre Alien à traduire par "les Bénis" ? Avouons-le, la qualité de son travail me fait douter qu'il l'ait beaucoup pensé... mais la transition qu'il a opérée est intéressante, elle pourrait peut-être avoir été motivée par le désir d'éviter le problème. Cela dit, "Bénis" n'est pas non plus satisfaisant, car "béni (comme "blessed" en anglais évoque un état résultant d'une opération, tandis que "saint" et "holy" dénotent une essence.
Je suis donc d'accord avec Jérôme que traduire "the Holy-Ones" par "les Saints-Uniques" est une surtraduction nette, sans mettre de sous-entendu négatif dans ce terme, mais en signifiant par là qu'elle reflète clairement un éclairage du texte très orienté. Et c'est parfaitement normal puisque cette citation est précisément employée pour étayer une thèse, et que le texte permet tout à fait cette lecture. En revanche, ce ne serait pas une version acceptable pour une traduction littéraire générale, non seulement de par sa lourdeur et son peu de naturel par rapport au texte anglais, mais surtout parce qu'elle forcerait le lecteur à emprunter un chemin dont l'original ne fait qu'ouvrir la possibilité.
Mais il est normal qu'à deux objectifs différents correspondent deux optiques de traduction fort divergentes.
Là-dessus, on pourrait citer aussi la traduction de "the One" par "l'Un", parfaitement adaptée dans une discussion à teneur philosophique, mais qui serait discutable dans une version littéraire où, en français, le terme renforcé "unique" serait préférable. Eru n'est en effet pas qu'unité, mais unicité, singularité : il n'a pas son pareil, est incomparable à quoi que ce soit, seul de son espèce. Cela ressort du nom quenya même, bâti sur la racine ER qui exprime la singularité et la solitude (cf. les mots er "seul, unique", erde "singularité, personne, individu", eresse "solitude", eressea "solitaire", erume "désert", erya "seul, unique, simple"), tandis que l'unité est exprimée par la racine MIN sur laquelle s'appuie le numéral mine "un".
B.
Hors ligne
Il pourrait être intéressant d'ajouter (même si à mon avis l'argumentation de Bertrand n'en a pas besoin) que l’introduction à l’Ainulindalëdu Silmarillion (1977),
There was Eru, the One, who in Arda is called Ilúvatar; and he made first the Ainur, the Holy Ones, that were the offspring of his thought, […] [Sil.]
à ce que nous pouvons en juger, n’a jamais été écrite par JRR Tolkien (cf. cette discussion).
A priori, Christopher l’a élaborée à partir des deux sources introductives attestées :
There was Ilúvatar, the All-father, and he made first the Ainur, the Holy Ones, that were the offspring of his thought, […] [MR/8] = Ainulindalë B, C, C*, D
et
In the beginning, Eru, the One, who in Elvish tongue is named Ilúvatar, made the Ainur of his thought […] [MR/144] = Valaquenta
JRR Tolkien n’aurait donc jamais, et pour cause, joué d’aucun lien « the One / Holy Ones » ; mais encore, Christopher n’en a pas joué lui-même, j’entends à la façon dont tu le suggères plus haut, Cathy, ne serait-ce que parce que le même Christopher a écrit à l’index du Sil : Eru ‘the One, He that is Alone’. Pour Christopher (sinon pour Tolkien lui-même) on est loin d’avoir inscrit sa dialectique dans une perspective explictement néo-platonicienne « l’Un / les Uniques ». La traduction doit donc ne pas l’imposer.
Pour ma part, je traduirais ainsi l’introduction du Sil :
Il y eut Eru, l’Unique, qu’en Arda on appelle Ilúvatar ; et il créa d’abord les Ainur, les Saints, qu’il engendra de sa pensée, […] [Sil.]
Cette traduction n’est pas parfaite, et, tant pour Unique que pour Saints, je ne puis nier que, sans trahir les originaux, leurs sens ne sont pas strictement ceux de l'original, comme le note Bertrand. Mais je ne vois pas de traduction moins infidèle. Ou encore :
Il y eut Eru, l’Unique, qu’en Arda on appelle Ilúvatar ; et il créa d’abord les Ainur, Ceux qui sont Saints, qu’il engendra de sa pensée, […] [Sil.]
Moins littérale, avec un alourdissement, mais un alourdissement ici n’est pas forcément mal venu c-à-d. au vu du style de l’Ainulindalë.
Au final, il ne faut pas oublier non plus que ces mots, comme bien d’autres, sont naturellement redéfinis par le Conte, et leur sens véritable (= secondaire) ainsi bien communiqué (je n'arrive pas à faire la confusion avec la notion catholique en ce qui me concerne ; la notion de sainteté est redéfinie par l'ensemble du Conte, cf. Manwë le plus saint de tous ...).
Jérôme
Hors ligne
Tu sais, Jérôme, que je préfère la dernière traduction que tu proposes; j'avais même proposé de jouer sur l'assonance de la phrase du Silmarillion en traduisant :
Il y eut Eru, Celui qui est Un, qu’en Arda on appelle Ilúvatar ; et il créa d’abord les Ainur, Ceux qui sont Saints, qu’il engendra de sa pensée, […] [Sil.]
Ou alors, à la place de Saints, on pourrait donner "les Purs/ceux qui sont Purs", ou "les Glorieux/Ceux qui sont Glorieux", cette dernière proposition ayant le mérite d'inclure facilement Melkor dans le groupe (car c'est difficilement que je m'imagine Melkor Saint ou Pur; même si je peut le concevoir, sachant qu'il le fut au moment de sa création).
Hors ligne
Sosryko : Il y eut Eru, Celui qui est Un, qu’en Arda on appelle Ilúvatar ; et il créa d’abord les Ainur, Ceux qui sont Saints, qu’il engendra de sa pensée, […] [Sil.]
Pour "Celui qui est Un", je lui ferai le même reproche que pour "l'Un", à savoir une connotation trop explicitement philosophique par rapport à ce que dit le texte, comme je l'évoque ici : dans les traditions elda-númenóréennes, Eru n'est pas tant ineffable que cela ; il est dit, je crois, et ce, bien plus théologiquement que philosophiquement. Ce qui, en lien avec la forme du nom en er- 'singularité, unicité' (cf. Bertrand plus haut, là aussi, et encore l'index du Silmarillion : 'Celui qui est Seul'), me fait préférer "l'Unique".
L'idée de l'assonance me plaît ; reste à voir si, en transposant, "Celui qui est Unique" ne renforce pas trop la sémantique d'unicité (Voir alors, à l'occasion, si elle est intéressante en dehors de l'écrit de Christopher pour les textes de HOME qui eux ne mettent pas les deux termes en rapport). Poétiquement c'est très beau ; mais sémantiquement, ne forçons-nous pas trop la traduction ? ... Arrivés ici, il y a sans doute plusieurs réponses possibles ... et toutes sont utiles ne serait-ce qu'à contempler et faire résonner :)
Enfin, même s'il est intéressant d'aborder une sémantique plus "glorieuse" que "sainte" (il y aurait là à discuter de chose passionnantes ... :)), je trouve que l'on s'écarte de la sémantique originelle stricte. Comme cette sémantique de sainteté sera reprise en quelques occasions dans le Conte d'Arda, sauf erreur de ma part, autour d'Aman et des Valar (principalement de Manwë et Varda), elle me paraît devoir être reproduite le plus fidèlement possible.
Jérôme ;)
Hors ligne
> Enfin, même s'il est intéressant d'aborder une sémantique plus "glorieuse" que "sainte" (...) je trouve que l'on s'écarte de la sémantique originelle stricte. Comme cette sémantique de sainteté sera reprise en quelques occasions dans le Conte d'Arda, sauf erreur de ma part, autour d'Aman et des Valar (principalement de Manwë et Varda), elle me paraît devoir être reproduite le plus fidèlement possible.
J'y vois la manifestation d'optiques de traduction différentes, qui choisissent de mettre en valeur un aspect sémantique particulier (ce qui est le cas avec le choix de "Saints-Uniques", "Glorieux", "Purs") ou de tâcher de tenir la balance égale entre toutes les facettes qu'évoque "Holy Ones" en anglais (ce qui me semble l'approche de Jérôme).
> Moins littérale, avec un alourdissement, mais un alourdissement ici n’est pas forcément mal venu c-à-d. au vu du style de l’Ainulindalë.
Comment ça, le style de l'Ainulindalë serait lourd ? Inhabituel et paractactique, oui, de là à y trouver de la lourdeur... je demande à ce qu'on m'explique :D
Plus sérieusement, si l'on chosit de se préoccuper de style "Ceux qui sont Saints" est beaucoup plus insistant que "the Holy Ones", il y aurait donc là une distorsion de ton.
B.
Hors ligne
Moraldandil : Comment ça, le style de l'Ainulindalë serait lourd ? Inhabituel et paractactique, oui, de là à y trouver de la lourdeur... je demande à ce qu'on m'explique :D
Hi ! Hi ! :)
Ce n'est pas exactement ce que j'ai (voulu) laissé(r) entendre :) mais je conviens que ma formulation était maladroite :)
"Paractatique" oui, voilà qui sied mieux :) Parfait :) hi ! hi hi ! :)
Moraldandil : Plus sérieusement, si l'on choisit de se préoccuper de style "Ceux qui sont Saints" est beaucoup plus insistant que "the Holy Ones", il y aurait donc là une distorsion de ton.
Ce qui penche pour la première de mes deux propositions si je ne me trompe ... C'est aussi celle qui a ma préférence (bien que l'ensemble des propositions ou évocations ayant été faites ici ne me déplaisent pas ...).
Hors ligne
Paratactique serait encore bien plus exact... il faudrait que je me relise mieux :( Bref, un style privilégiant la coordination sur la subordination, quoi...
Hors ligne
J'avais prévu de vérifier ce soir ;) mais comme d'ordinaire pour chacun des mots nouveaux appris avec toi il n'y a(vait) rien à dire ... :)
Hors ligne
J'en conviens, la présente discussion dormait sous une noble couche de poussière. Mais je rejette le blâme sur ceux qui s'avisent de mettre d'aussi intéressants liens dans leurs messages.
Je reconnais volontiers que l'épithète « les Bénis » fournie par Alien n'est guère appropriée. Elle est toutefois bien meilleure que ce curieux vocable de « Saints-Uniques », qui m'a toujours semblé un contresens, ne serait-ce que pour deux raisons. Dans la conception tolkienienne, ils ne sauraient être les seuls saints, d'autant moins qu'Eru n'est pas réductible à la somme des Ainur.
Les Saints est un choix qui me semble mieux se tenir, même s'il est peut-être trop connoté par le christianisme pour le texte lui-même. Il reste toutefois un choix assez naturel en français, contrairement à l'anglais, où the Saints renverrait forcément à la religion chrétienne.
Les Glorieux s'éloigne un peu plus de l'original. Il se défend étymologiquement, il est vrai, mais seulement dans une optique chrétienne, et implique donc une lecture encore plus orientée du texte. (Que l'orientation soit la bonne n'est pas le problème, on est ici très proche d'une vraie surtraduction.)
Quelque peu connoté là encore, on pourrait toutefois envisager « les Augustes ». Dans tout le vocabulaire français qui tourne autour de holy, c'est vraisemblablement le terme qui s'en rapproche le plus, y compris du point de vue de la signification étymologique. C'est dommage qu'il soit si étroitement associé à l'emploi qu'en fit Octave.
Peut-être que « les Sacrés » ou même « Ceux qui sont Sacrés » serait préférable. Après tout, l'opposition latine sacer / sanctus est assez proche de l'opposition en anglais moderne holy / saint, je trouve.
Enfin, si l'on voulait user d'un vocabulaire plus recherché, pourquoi ne pas envisager le terme de « célicole »... nan, je plaisante. ;-)
Hors ligne
Pages : 1 haut de page