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Bonjour
Vieux lecteur de Tolkien et viel amateur de Wagner, je menne pour mon plaisir une petite enquête sur ce qui se dit de la chose sur la toile.
IL y a en effet des ressemblances troublantes entre les deux oeuvres, et peu de page sur internet en traite avec profit.
Pour moi, sans peur du paradoxe, ce qui fait la ressemblance des "Ring" au delà du cercle d'apparence qui semble emprisonner bien des commentateurs suite à la parole astucieuse de Tolkien , c'est la construction réellement similaire, symboliquement circulaire dans les deux cas, appuyée sur les trois mêmes moments (je forge -je perds- je cherche ) et dramatisé sur fond de malédiction à partir de la fascination fatale qu'exerce un objet sur ce qui l'entoure, avec pour enjeu la survie du (d'un) monde : l'anneau .
Simplement, chez Wagner on ne peut raisonnablement traiter de la chose en négligeant la musique et son sens profond en rapport avec le poème, qu'elle contredit parfois: et ce sens me semble assez proche de certains aspects de l'oeuvre de Tolkien. Mais tous les commentaires que j'ai pu lire néglige totalement la structuration du poème wagnérien par la musique, en méconnaissant la représentation même que l'anneau revêt dans cette musique.
C'est la structure narrative de la quête même de Tolkien qui est déjà chez Wagner: or si Wagner n'a pas inventé les sources de sa mythologie, ce qui fait dire à beaucoup que la ressemblance W/T n'est que le fruit de ces sources communes, il en a inventé une nouvelle narration par la musique dont il est seul dépositaire.
Il faut prendre Tolkien au mot: les deux "sont ronds", et c'est là toute la question, justement .
Ce n'est donc pas l'idéologie wagnérienne, souvent déplaisante au demeurant pour ne pas dire plus, qui a mon sens a pu influencer Tolkien, mais la musique, comme construction dramatique mariée au verbe, à rapprocher de la construction de l'écrivain.
(il semble que Tolkien ait assisté au(x) Ring de Wagner donnés à Londres. Il faut savoir que ce devait être une expérience esthétique inoubliable, avec des artistes dont on a plus l'équivalent aujourd'hui tel cette distribution de 1937, avec Furtwängler, Flagstad, Melchior... les décors nous feraient sourire, mais à voir le film de Jackson on n'est pas trés loin...)
Pour donner un exemple choisi chez un commentateur, Il y a une chose à mon avis qui est totalement fausse dans l'analyse de David Harvey et qui illustre parfaitement le fait que l'on ne peut comprendre le "Ring" de Wagner sans la musique:
"Wagner's Ring induces in those who do not have it, a lust to possess it. But it has no animus of its own. It is not irretrievably bound to its Maker. The power that is within it is a magical power derived from its source - the Rhinegold."
Cette interprétation du sens de l'anneau ne rend pas justice à ce que la musique en dit. Si l'on prend la peine, même de façon rudimentaire,d'entendre la musique, ce qui est présenté comme différence entre Wagner et Tolkien peut-être regardé comme ressemblance:
L'anneau n'est pas une simple propriété magique de l'Or du Rhin: il lui est "consubstantiel "de toute éternité, pourrait-on dire, il est le principe actif de l'or lui-même, il en est bien justement l'anima...
C'est ce qu'illustre la musique lorsqu'apparait "à l'état légendaire,mythique", dit Boucourechliev dans sa limpide analyse de la musique de Wagner, le motif de l'anneau pour illustrer les propos de Wellgunde à la première scène de l'Or du Rhin:
" La richesse du monde
appartient à celui
qui transforme l'or
en un anneau
qui lui donne un pouvoir immense"
Cet anneau est bien doué d'un "animus", contrairement à ce qu'en dit Harvey: mais cela, ce n'est pas dans le texte, mais dans la musique:
dans l'interlude qui relie la 1ère scène de "l'or" à la seconde, le thème de l'anneau se transforme après avoir été cité trois fois, dans des couleurs musicales de plus en plus estompées, indécises, "métamorphose magique de la matière" dit un commentateur: puis soudain, le thème s'estompe sur les cors pour donner naissance au motif "du Walhalla", symbole à la fois de la résidence et du pouvoir des dieux, ces "licht alben", ces "albes clairs", ces "elfes blancs", diraient Tolkien...
Ainsi, l'Anneau procède de l'Or et Walhalla procède de l'anneau: la corruption radicale de la nature est à l'origine même du pouvoir de ceux qui incarnent "le bien"... c.f les propos d'Alberich face à Wotan qui veut impunément lui prendre l'anneau, Alberich qui n'est pas dupe de la bonne conscience du dieu:
" Prends bien garde,
dieu impérieux!
Si j'ai forfait,
c'est librement contre moi:
mais toi, l'éternel, tu forfais
contre tout ce qui fut,
est et sera,
si tu oses m'arracher l'anneau!"
Il faut savoir écouter encore comment la musique, à "l'insu" de Wotan qui passe l'anneau à son doigt, dit toute l'abomination de la chose en explosant littéralement sur un très court fortissimo où le motif de l'anneau semble vouloir "avaler le monde"...
Il faut entendre encore comment l'anneau obsède Mime dans le prélude du 1er acte de Siegfried: écoutez comment le motif se répand, s'enroule se déroule comme les reflets sur un cercle d'or, passant d'un pupitre de l'orchestre à l'autre.
Ecoutons encore comment par la musique, l'anneau brise le fil du destin des Nornes dans le prologue du Crépuscule des Dieux, précipitant la catastrophe:
" Je vois surgir l'anneau,
de la peine et de la haine:
une malédiction vengeresse
ronge le réseau des fils."
L'anneau de Wagner, pas d'animus? Au contraire, on pourrait dire que son animus est plus fort que celui de Tolkien: si l'anneau est indissolublement lié à son maître par la "seconde" malédiction ( "Le seigneur de l'anneau sera l'esclave de l'anneau, jusqu'à ce que je récupère le bien volé", dira Alberich en substance) il trahira tous ses propriétaires y compris celui qui le fit apparaitre au jour, alors qu'il reposait dans le sein de la nature et y retournera, purifié par le feu...(à rapprocher du final tolkinien sur la montagne du destin?)
Il y a donc bien selon moi similitude dramatique entre la construction wagnérienne et la construction tolkinienne, et cette similitude n'est pas simplement dans la mythologie commune aux deux oeuvres, mais bien dans l'antériorité de l'oeuvre wagnérienne elle-même.
Tolkien n'avait pas besoin de partager la conception qu'avait Wagner de la mythologie nordique pour qu'une influence s'exerce: en un certain sens il connaissait bien mieux cette mythologie que Wagner lui-même... j'y vois plutôt une perméabilité assumée sans doute mais pas révélée, favorisée par le prestige de la musique de Wagner dans la plupart des milieux intellectuels européens de l'époque, avec les polémiques autour de l'homme,encore vives (Wagner était antisémite, génialement artiste mais détestable humainement). On peut comprendre que Wagner était très encombrant pour un créateur, et que son influence ne pouvait s'avouer sans mauvaise humeur...
Mais tout cela n'est qu'hypothèse de ma part, peut-être que Tolkien a bâti son anneau en regard de celui de Wagner avec le dessein caché mais conscient d'en faire justement une antithèse...
Je n'affirmerai qu'une chose: on ne peut parler du Ring de Wagner sans parler de la musique: le sens du poème n'est rien sans cela.
Pour conclure, quelques correspondances personnelles entre la musique de Wagner et l'univers de Tolkien:
La Moria ou/et les forges de Saroumane: interlude entre les 2eme et 3eme scènes de l'Or du Rhin
La guerre de l'anneau: prélude du 2eme acte de la Walkyrie
Gandalf chevauchant: (Gandalf n'est-il pas une représentation d'Odin?): prélude du 3eme acte de Siegfried
La nuit du Mordor se répand sur le monde: prélude "nibelungien" du 2eme acte du crépuscule des dieux
Aux armes!: scène de l'appel des vassaux, (avec les effets saisisants des "cornes de vaches") au 2eme acte du crépuscule des dieux.
En espérant vous avoir intéressé(e)s, et dans l'attente de contradictions ou de compléments.
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Pas de réponse mais juste un petit mot pour te souhaiter la bienvenue. J'espère te lire souvent ;-)
Cédric.
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Bonjour Lindoro,
heureuse rencontre j'espère :-)
Plusieurs fuseaux du présent forum (cf. le moteur de recherche) ont déjà traité de WAGNER et notamment celui-ci: Wagner et Tolkien où je te suggère de lire les liens proposés par Sosryko au delà de la citation de Tolkien "Le seul point commun de mon Anneau avec celui des Nibelungen est qu'ils sont tous deux ronds et en or." :-)
Au plaisir de te relire bientôt
Silmo
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Merci Lindoro pour cette contribution fort intéressante. Malheureusement, si je connais (finalement dans les grands lignes, pas très précisément), les Légendes que décrit Wagner, j'avoue n'avoir jamais entendu son "Or du Rhin" et encore moins avoir lu quelque commentaire s'y rapportant.
Aurais-tu quelques documents à nous conseiller dont la lecture pourrait nous aider ?
Il est vrai autrement que la réponse de Tolkien (l'Anneau de Wagner et le sien ont tout simplement ceci de commun qu'ils sont tous les deux ronds..., cf. la biographie de Carpenter : "les deux anneaux sont ronds, la ressemblance s'arrête là.") montre qu'il connaissait Wagner. D'autant plus, autre passage de la biographie, que l'on peut lire que Tolkien méprisait Wagner pour son interprétation des mythes (cf. Bio, éd. Pocket, p. 62).
A te lire (et d'après ce que j'ai compris), je suis tout à fait à te croire quand tu dis que la musique Wagnérienne et le thème de l'Anneau dans son opéra ne peuvent être dissociés et devraient être étudiés plus en détail. Par contre, là où il m'est difficile de te suivre c'est lorsque tu dis que c'est "la musique, [qui a pu influencer Tolkien] comme construction dramatique mariée au verbe, à rapprocher de la construction de l'écrivain.". Quels seraient les exemples selon toi de cette influence musicale voire celle de la narration de Wagner en elle-même ?
Cédric.
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Bonjour
A tous:
Merci de votre intérêt et de vos encouragements, mais aussi de votre appétit intellectuel! je vois que sur ce forum il faut être à la hauteur, et je m'emploierai à l'être...
Pour Silmo :
J'avais pris connaissance des liens. Ils méritent certainement que j'y revienne, mais il me semble justement ignorer, dans l'analyse proposée, la dimension musicale, indispensable pour aborder Wagner: le poème n'est qu'une part de ce qui est dit, c'est toute la difficulté, et je reconnais qu'il est redoutable et prétentieux peut-être de s'essayer à comparer une oeuvre littéraire et une oeuvre musicale qui plus est hybride voire pour certains "impure"( oui, en quelque sorte l'opéra est un art hybride esthétiquement "impur" dans la mesure où il prétend faire coéxister et s'interpénètrer du signifiant et du signifié sans que l'on sache toujours ce qui signifie et ce qui est signifié: est-ce le texte? est-ce la musique? les deux ensembles? cette question n'a jamais été résolue de manière définitive et satisfaisante: Wagner qui admirait Mozart, reprochait toutefois à ses opéras de n'être "que musique"; Stravinsky, qui détestait Wagner au demeurant, considérait que la musique n'exprime rien...)
Je maintiens donc que se borner à comparer le seul poème de "l'anneau du Nibelung" de Wagner au texte de Tolkien n'est pas satisfaisant, mais je ne prétends pas avoir de solution, j'essaierai avec votre aide de progresser le plus loin possible sur ce sujet.
Pour Cédric (mais qui a le droit aussi de lire plus haut et réciproquement...):
Pour lire : une série d'ouvrages passionnants ( y compris sur le plan iconographique): WAGNER LE RING ( L'Or du Rhin; La Walkyrie; Siegfried; Crépuscule des dieux; séparément ou en coffret "l'avant scène opéra" )
Pour voir et entendre: "Der Ring des Nibelungen" en coffret ou séparément(DVD UNITEL) documents indispensables sur la "Révolution Française" accomplie par Boulez chef d'orchestre et Chéreau metteur en scène dans les années 1970/1980 à Bayreuth, "Mecque des wagnérolâtres"...
Pour approfondir: un fort volume de la revue "Obliques", peut-être malheureusement introuvable aujourd'hui
Pour rêver: "Histoire d'un Ring" chez Laffont, mais est-il encore édité? voyage fascinant dans la mise en scène de Chéreau et ses rapports avec la musique et le texte wagnérien.
Sur le mépris que Tolkien pouvait avoir de Wagner: D'un point de vue intellectuel, Tolkien pouvait avoir des raisons de mépriser la vision que Wagner avait développé de la mythologie Nordique, pour la bonne et simple raison que Wagner n'y connaissait rien, ou presque...
Dans un article très clair et accessible sans que l'on se perde dans les méandres de l'Edda, Régis Boyer (l'avant scène opéra, fascicule sur l'Or du Rhin)rappelle que la connaissance que Wagner avait des mythologies gemanique et nordique se limitait sans doute à l'ouvrage de Jacob Grimm, que Boyer qualifie de "salmigondis" romantique...
Mais le plus fort, c'est que Wagner a toutefois réussi, à partir de ces sources fontaisistes, à bâtir une mythologie cohérente, avec de très fortes intuitions sur ce que les mythes peuvent avoir d'universels: ce qui permit par exemple à Claude Lévi-Strauss d'affirmer que Wagner est utile à la compréhension des mythes (je résume de mémoire).
Enfin, pour ce qui concerne l'éventuelle influence de la narration wagnérienne sur l'écriture Tolkinienne, j'avoue qu'elle est une pure hypothèse qui mérite un sérieux appronfondissement.
Quelques pistes, à critiquer et à approfondir:
- Wagner se pensait presque comme un romancier: la structure de ses livrets, particulièrement ceux de l'anneau ( récits dans le récit, retours en arrière...), n'obéit pas aux règles habituelles du livret d'opéra, relativement linéaire ( c.f les opéras de Verdi, qui sont aussi des chefs d'oeuvres à leur manière, mais de toute autre manière)
-La récurrence de certains thèmes, qui structure d'un bout à l'autre le récit: la présence obsédante de l'anneau en est le plus évident
- La structure de l'oeuvre elle même: Prologue, Trois parties
- La circularité du récit: il faut revenir à la source pour accomplir l'acte salvateur ( le Rhin, la montagne du destin )
Pour conclure provisoirement sur le thème de l'anneau, je voudrai reprendre un exemple qui démontre l'erreur que l'on commet lorsque l'on traite de Wagner en ignorant l'élément musical.
L'analyse suivante:
"Wagner could not conceive that man would reject love, but the lust for gold and the power that it brought was a powerful motivator, possibly the strongest after love. Thus, Wagner posits one primal desire against another. Tolkien's Ring works far more subtly, playing upon the desires and wishes and particular motives of those who come upon it."
est je pense juste pour ce qui concerne Tolkien (la relation de l'anneau unique à son porteur ou à "ceux qui viennent à lui" est en effet un des aspects passionnant et très fort de son oeuvre)
mais totalement fausse à mon sens pour ce qui concerne Wagner, car la musique qui caractérise l'anneau n'est jamais la même en fonction de la situation et du personnage qui est en relation avec l'anneau, même si le duel wagnérien Pouvoir/Amour est en apparence plus simpliste que l'approche de Tolkien.
On peut très sommairement distinguer quatre motifs musicaux qui constituent "la sphère musicale de l'anneau" dans l'oeuvre de Wagner:
Certains de ces motifs sont "unilatéraux" dans leur structure, et varie peu dans leur harmonie et orchestration:
Le motif dit "de la puissance de l'anneau", qui retentit souvent pour accompagner un geste théatral ( Alberich qui porte l'anneau, gravé de Runes comme il se doit, à ses lèvres et qui murmure un ordre en secret)
Le motif dit "de la malédiction de l'anneau", thème sanction, le plus souvent fortissimo aux trombones mais qui sait aussi se fondre dans l'espace orchestral lorsqu'il le faut ( le moment sinistre ou Alberich obtient à demi-mot de son fils Hagen le meurtre de Siegfried)
D'autres motifs joue un rôle en apparence mineurs puis deviennent soudainement porteur des pires trahison: Le merveilleux motif du "Tarnhelm", le casque ou plutôt le voile de métal qui rend invisible.
Enfin the last but not least, le motif de "l'anneau" qui subit d'extraordinaires métamorphoses musicales tout au long des quatres oeuvres, jusqu'à devenir au doigt de Brunnhilde un objet d'amour...
MAIS TOUT CELA IL FAUDRAIT POUVOIR LE FAIRE ENTENDRE!
Sur ce il se fait tard au bout de l'insomnie je vais me coucher.
A PLUS.
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Partout où l'on vit et vibre
dans l'eau la terre et l'air,
j'ai beaucoup questionné,
enquêté alentour,
où frémit la force,
où germe la graine...
(Monologue de Loge, "Or du Rhin" scène 2).
Bonjour
Me voici de retour sur la "Terre du Milieu" avec ma folle ambition comparatiste.
DdANS UN PREMIER TEMPSjE VEUX SIGNALER UN SITETout d'abord, un site très bien fait qui recense les sources mythologiques auxquelles Wagner a puisé et décrit les différents opéras composant "l'anneau du Nibelung" avec exemple musicaux à l'appui( même si la qualité sonore n'est pas au RV) :
http://www.rwagner.net/e-frame.html
Plutôt que de paraphraser ce qui a été bien fait par d'autre, je vous livre ci-après le résumé du "corpus mythologicus" wagnérien:
L'ENSEMBLE DE CE QUI SUIT EST OEUVRE DE
Larry Brown
Lipscomb University, Nashville, Tennessee, USA
Please email comments: larry.brown@lipscomb.edu
larry brown
Composition
Richard Wagner took 25 years to complete his master artwork of the future (1848-1874) with a 12-year hiatus in the middle. The first complete festival presentation at Bayreuth occurred in 1876.
After completing a full prose sketch of the main narrative in 1848, Wagner first wrote the poetry for the tragedy of Siegfried's Death (Götterdämmerung in its final form) with extensive exposition explaining the mythical past. He soon came to realize that he needed to present the events leading up to Siegfried's death in more detail and in dramatic form, that is, on stage rather than narrated. So next he added a "prequel" Young Siegfried, then eventually composed Rhinegold and Valkyrie to complete the four-part cycle.
Mythological Sources:
Wagner created his Ring by adapting the myths from several sources (13th century AD): the Icelandic works Poetic Edda, Prose Edda (by Snorri Sturluson), and Volsunga saga, and in German the Niebelungenlied, are among the major sources. Throughout the notes, we will review how Wagner transformed the original myths to meet his dramatic requirements.
Wagner's major contributions to the mythology of the Ring:
Rhinegold
Wagner invented most of Rhinegold in its present form by combining three unrelated Edda stories:
Freia offered in payment to the giants for building the walls around Valhalla.
The apples of youth lost (from another goddess named Idunn).
Odin and Loki stealing gold from a dwarf named Andvari to pay for the wrongful death of Fafner's brother, after which Fafner murders his father to obtain the gold.
Additional new material in the prologue: the Rhinedaughters, the Rhinegold as the source for the ring, the act of forswearing love to obtain the ring's power, Wotan being bound by the contract of runes on his spear.
Valkyrie
Wagner makes Siegmund and Sieglinde Wotan's children and his intended means to regain the ring.
He invented Brünnhilde's rebellion against Wotan by rescuing Sieglinde, and the idea of Brünnhilde acting as Wotan's alter ego.
Siegfried
Wagner envisioned Siegfried as a "free human being" who can change the world order.
He will accomplish this feat with the sword which he reforges himself, breaking Wotan's spear.
In this way Wagner links Siegfried's story to Wotan's ultimate plan to regain the ring. This connection is Wagner's major contribution to the entire plot of the Ring.
Twilight of the Gods (Götterdämmerung)
Wagner identified Gunther's half-brother Hagen as Alberich's son, linking Siegfried's murderer (with the ring as his ulterior motive) to Wotan's old adversary.
Although never suggested in his sources, Wagner also makes the connection between Siegfried and Brünnhilde's deaths and the doom of the gods.
The finale with the return of the ring to the Rhine and the restoration of nature.
Overview of the major themes of the four music-dramas:
Rhinegold: Love vs Greed / Power
Valkyrie: Love vs Law
Siegfried: Love = Freedom
Twilight of the Gods: Love = Resignation/Self-Sacrifice/Redemption
Credits
Numbers are to pages in the Andrew Porter translation (Norton publishers 1977), unless otherwise noted as SS, which indicates a quote from the translation by Spencer (see bibliography at the end of the notes for full credits).
Midi musical examples were created by Fabrizio Calzaretti. My thanks for his wonderful work on this site.
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Salut Lindoro,
Moi aussi, j'ai un peu réfléchi sur le 'cas' Wagner par rapport à Tolkien et la conception de la musique selon Tolkien dans le monde secondaire. Dès que j'ai un moment cette semaine, je poste cela, ça peut t'intéresser.
A +
Cathy
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Bonsoir ;o)
Je ne m'y connais pas assez dans l'oeuvre de Wagner, mais juste un petit témoignage: j'aime l'opera, je n'ai pas eu la chance d'assister "in vivo" à l'Or du Rhin mais je l'ai vu sur Arte (version Boulez /Chéreau). Je me souviens d'avoir immédiatement pensé "mais ça ressemble au seigneur des anneaux ce truc" (pardon pour les termes ;o) )
Ceci dit c'aurait été bien...même si ça n'avait pas autant ressemblé à Tolkien..;o)
Ensuite, en découvrant que Tolkien avait renié toute parenté, que faire? J'ai tendance à respecter sa parole...après tout...
Il me semble qu'il est possible que Wagner soit une des mille et une multiples sources d'inspiration de Tolkien, mais qu'il n'ait pas voulu en convenir parce qu'il etait très attaché au fait qu'il fabrique par lui même une oeuvre indépendante, comme une sorte de syncrétisme de toutes sortes de choses. C'est comme ça que j'ai compris Faeries...
J'ai un peu peur qu'on lui enlève sa liberté d'auteur à vouloir le "classer" dans les "influencés par..."
Ce n'est pas une critique, juste un bémol (si j'ose dire), et fondé sur l'impression et non sur l'érudition...Si ça tombe à côté, ne tenez pas compte du post, je ne me vexerai pas ;o)
Bonne chance dans vos débats quand même ;o)
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Chère Romaine
Votre intervention n'est pas "à côté de la plaque", bien au contraire.
On a tout à fait le droit de respecter les déclarations de Tolkien à la lettre et de ne pas essayer de le ramener de force à une réalité qu'il considérait ne pas être la sienne.
Je pense qu'un créateur a en quelque sorte le devoir avant tout de protéger son oeuvre, et de se protéger contre ce qu'il considère, à tort ou à raison, comme un danger. La personnalité monopolistique à bien des égards de Wagner pouvait être je suppose dangereuse pour d'autres artistes, même 50 ans ou plus après sa mort, avec le contexte particulièrement "plombé", pour ce qui concerne Tolkien, de l'avant et immédiat après guerre.
Cela étant, je crois qu'il est important aussi de savoir dépasser
l'admiration fusionnelle avec un auteur quel qu'il soit et
d' essayer de faire oeuvre de raison et non pas simplement de passion.
Entendez-moi bien: je ne dis pas que la passion soit forcément imbécile, mais elle demande en quelque sorte beaucoup de talent pour ne pas sombrer dans l'admiration béate, ou pire... Dans fan, il y a fanatique, et je ne souhaite être ni wagnérolâtre recruteur ni tolkinophobe vengeur...
Sur le forum d'un autre site, récemment, un internaute particulièrement brillant dans l'excès même a semé le désarroi et récolté la colère et l'insulte car il affirmait tout à trac que Tolkien n'était qu'un consternant plagieur de l'anneau du Nibelung de W : et bien sachez que le pire, c'est qu'au delà de l'invective, bien peu de ces pauvres et sincères Tolkiendils étaient capables de lui opposer des arguments valables, et c'est bien dommage pour Tolkien, qui ne méritait sans doute pas d'être ainsi réduit en Bilbo plumassier radoteur chiquant une herbe à pipe malodorante, allant tout claudicant sur la route de Brandebouc...
Si je puis contribuer à démontrer qu'être influencé, ce n'est pas forcément n'être qu'un consternant plagieur ennuyeux et sans intérêt, j'aurai gagné le pari de l'intelligence.
Au plaisir de vous relire,
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Chère Szpako
J'attends avec impatience ta contribution car je me sens comme un peu esseulé sur les plaines du Rohan...
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C'est bien tard pour répondre à ce fuseau ! :-/ Tant pis.
Si je suis d'accord que Tolkien est singulièrement réducteur en prétendant que le seul point commun entre l'anneau de Sauron et celui des Nibelungen est que les deux sont ronds, il me paraît très important de remettre cette citation dans son contexte ! Elle provient de la lettre n° 229, où Tolkien se plaint à son éditeur du traducteur suédois du SdA, Åke Ohlmarks, qui lui avait ajouté avait ajouté une introduction de son cru. Le ton de cette lettre est acerbe, l'ironie cinglante : Tolkien est visiblement outré. Il suffira de citer un fragment contenant la citation en question :
The Ring is in a certain way 'der Nibelungen Ring'....
Both rings were round, and there the resemblance ceases.
.... which was originally forged by Volund the master-smith, and then by way of Vittka-Andvare passed through the hands of the mighty asar [Æsir] into the possession of Hreidmar and the dragon, after the dragon's fall coming to Sigurd the dragonslayer, after his murder by treacherous conspirators coming to the Burgundians, after their death in Atle's snake-pit coming to the Huns, then to the sons of Jonaker, to the Gothic tyrant Ermanrik, etc.
Thank heaven for the etc. I began to fear that it would turn up in my pocket. Evidently Dr. 0 thinks that it is in his. But what is the point of all this? Those who know something about the Old Norse side of the 'Nibelung' traditions (mainly referred to since the name-forms used are Norse) will think this a farrago of nonsense; those who do not, will hardly be interested. But perhaps they are also meant to conclude that Dr. O also has masterskap.1 It has nothing whatsoever to do with The Lord of the Rings. As for Wayland Smith being a Pan-type, or being reflected both in Bombadil and in Gollum: this is sufficient example of the silly methods and nonsensical conclusions of Dr. O. He is welcome to the rubbish, but I do not see that he, as a translator, has any right to unload it here.
Ce n'est donc certes pas là que l'on trouvera une appréciation circonstanciée des rapports entre les deux œuvres ! L'affirmation de Tolkien est manifestement abusive, et facile à démonter, comme il a déjà été fait. Elle indique surtout qu'il était - légitimement - anxieux d'affirmer l'originalité de sa création, et craignait - à juste titre - les assimilations hâtives et superficielles.
Maintenant, de là à affirmer tout d'un bloc que Tolkien s'est inspiré de Wagner, il y a un très grand pas. L'explication des ressemblances par leurs communes sources d'inspiration (directement ou non), dans des buts différents, n'est pas quelque chose qui peut s'écarter à la légère. Je n'ai pas le sentiment que Tolkien ait particulièrement cherché à dissimuler ce qu'il aimait et l'avait influencé, même s'il n'approuvait pas exactement ce type de recherche. Il faudrait, pour que cette hypothèse ait quelque poids, trouver une élaboration spécifiquement wagnérienne que l'on retrouverait chez Tolkien, et qui ne serait pas spécialement suggérée par les sources (en ce qui concerne l'anneau, la Völsungasaga au premier chef). Pas facile... et pas fait encore ?
En revanche, il peut être intéressant de comparer les usages respectifs que font les deux auteurs des mêmes motifs.
Moraldandil
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Merci Moraldandil pour ta contribution ne serait-ce que parce qu'elle transforme mon monologue en dialogue...
Tes précisions sont très utiles et éclairantes et me confirme que Tolkien a obéi avant tout au souci de préserver son oeuvre.
Me revient en mémoire ce que Brahms avait déclaré (en substance) lorsqu'on lui avait fait remarquer, sans doute avec la satisfaction de la poule qui aurait pondu un oeuf d'or, que le thème du finale de sa 1ère symphonie ressemblait à "l'hymne à la joie" : "c'est tellement vrai que le premier imbécile venu s'en aperçoit" et pan sur le museau!
Comparaison n'est pas raison, même si je parvenais à démontrer que Wagner a eu une influence secrète sur l'oeuvre de Tolkien, je ne pense pas que je pourrais prétendre réduire son oeuvre à une simple longue et fastidieuse entreprise d'épigone honteux.
Ce qui m'a fait réagir, c'est que les commentateurs de la ressemblance des deux anneaux que j'ai pu lire passent à mon sens à côté du sujet car ils ignorent ou feignent d'ignorer, et j'assume là ma prétention, l'essence même de la construction de l'oeuvre wagnérien, avant tout "gratte-ciel musical".
Non, je le répète, on ne peut aborder l'anneau de Wagner en ignorant la musique.
Si comme tu le dis fort bien
"L'explication des ressemblances par leurs communes sources d'inspiration (directement ou non), dans des buts différents, n'est pas quelque chose qui peut s'écarter à la légère"
faut-il encore ne pas être soi-même léger dans l'analyse...
J'en dirais de même des wagnériens impénitents qui s'ingénient à nier ou du moins minimiser l'influence féconde de Liszt et de Berlioz, mais aussi de la cantilène bellinienne, attestés par nombre d'analyses,sur leur gourou préféré: ils sont alors plus dans l'idéologie protectrice des mânes du Maître que dans l'approche critique et féconde, susceptible d'apporter de nouveaux éclairages, et pour rester dans le domaine subjectif (et qui pourrais-je être pour prétendre à la pure objectivité? seul un cadavre est objectif) de donner encore mille raisons d'aimer plus fort.
J'en resterais là pour l'instant qui passe, mais je reviendrai.
Lindoro
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