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Suite à la lecture de la nouvelle-essai de Cédric et Semprini, j'en viens à m'interroger sur un autre sens de la quête : celui de "quête initiatique", en d'autres termes, le postulat selon lequel Frodo ne serait pas en quête (ou en anti-quête) de l'Anneau mais de lui-même, idée que semble corroborer le terme de "sanctification" finale, employé par Tolkien. Ou si vous préférez, quel résultat importe le plus à la fin de l'histoire, la destruction de l'Anneau ou la transformation de son porteur ?
Par ailleurs, une courte anecdote : la critique (pour le moins lapidaire) d'un professeur de français : "Le dernier avatar du roman initiatique moyênnageux, à grand renfort de monstres gluants, vous connaissez, c'est Le Seigneur des Anneaux". Passons sur les termes peu élogieux, cette qestion reste néanmoins : peut-on seulement qualifier le SdA de roman initiatique, où les "monstres gluants" sont des épreuves à surmonter pour chaque fois obtenir un gain de soi ? Il me semble au contraire que Frodo se perd plus qu'il ne se gagne, que le récit est celui de la disparition de la créature vivante au profit du personnage de légende, figé dans un passé révolu ; que la sanctification, c'est la disparition du soi. En cela, le SdA serait un anti-quête, mais plus précisément une anti-quête initiatique, et mettrait finalement en exergue les aspects négatifs de l'héroïsme, à cause de ses conséquences sur l'individu. Ou vous semble-t-il que dans la "sanctification" il ne faut voir qu'une élévation ?
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>Suite à la lecture de la nouvelle-essai de Cédric et Semprini
Merci de ton intérêt ;-)
Effectivement, il s'agit de la transformation de son porteur mais non pas la "destruction de soi" mais la "révélation de soi". En effet, l'Anneau est un formidable catalyseur qui révèle la personnalité profonde de chacun. Il révèle et magnifie les qualités de chacun de ses porteurs mais surtout il exacerbe les défauts.
Initialement, je ne dirai pas que Frodo est en quête de lui-même. Son objectif est beaucoup plus simple et pragmatique : il doit détruire l'Anneau. Je ne suis pas sûr non plus qu'il ait réellement conscience qu'il s'agisse davantage d'un combat contre lui-même qu'un combat contre l'Anneau.
> Ou si vous préférez, quel résultat importe le plus à la fin de l'histoire, la destruction de l'Anneau ou la transformation de son porteur ?
Je crois que ce qui importe le plus, c'est davantage la manière d'arriver à ses fins que la fin, le résultat en lui-même. L'Histoire ne retiendrait pas que l'Anneau n'a pu être détruit mais que Frodon a été tout son possible, jusqu'à son sacrifice, pour tenter de mettre fin à la menace de l'Anneau, hélas en vain.
Frodon gagne en grandeur d'âme au fur et à mesure de son périple et cela sans le renfort de grands actes héroïques comme on en lit tant. Frodon est l'archétype de l'anti-héros.
Cédric.
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Cédric> Son objectif est beaucoup plus simple et pragmatique : il doit détruire l'Anneau.
Je dirais même - dans le sens de l'anti-héros - que Frodo est encore plus pragmatique que cela: au début, sans même penser à Le détruire ou non, il voudrait surtout s'en débarasser...!!! Jusqu'à Fondcombe, il n'a qu'une envie: refiler le bébé, à Gandalf, aux elfes ou à n'importe qui pourvu qu'on le débarasse de cette responsabilité.
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Cédric: Initialement, je ne dirai pas que Frodo est en quête de lui-même. Son objectif est beaucoup plus simple et pragmatique : il doit détruire l'Anneau. Je ne suis pas sûr non plus qu'il ait réellement conscience qu'il s'agisse davantage d'un combat contre lui-même qu'un combat contre l'Anneau.
Mais est-ce que le héros du roman initiatique a vraiment toujours conscience que c'est lui-même qu'il recherche ? Il me semble que la quête de soi prend toujours pour prétexte la quête d'autre chose, non ?
"Frodon gagne en grandeur d'âme au fur et à mesure de son périple et cela sans le renfort de grands actes héroïques comme on en lit tant."
Très sincèrement, je ne suis pas sûre. Pas au sujet des actes héroïques (en effet Frodo ne se comporte pas toujours en héros) mais pour le gain de grandeur d'âme. Je ne suis pas sûre que l'Anneau soit simplement un révélateur de personnalité, et encore moins que Frodo sorte grandi de sa quête ; en fait, quand j'émets des doutes sur la thèse du roman initiatique, c'est cela qui me paraît le plus discutable. Est-ce encore Frodo qui demeure à la fin du roman ? Dans ce cas, pourquoi ne peut-il pas demeurer parmi les siens ? Il semble plutôt qu'il soit lui-même devenu une réalité déplacée dans ce monde, comme les Elfes qu'il doit finalement suivre ; dans ce cas il faudrait que dès le départ Frodo ait porté en lui quelque chose qui n'était pas de ce monde, pas propre à un hobbit, en tous cas. Frodo serait-il alors une sorte de messie ? Franchement, cela ne me paraît pas cohérent.
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Chère Ylla,
J'ai envie de te faire une réponse "chèvrechoutiste". Autrement dit, Frodon a grandi au cours de son anti-quête, et s'est découvert lui-même, mais ce n'était certainement pas le but de celle-ci. Et l'être qu'il est devenu se retrouve bien isolé dans le monde concret de la Comté. De plus, je crois que ce qu'il a découvert de lui, notamment sa faiblesse à Orodruin et sa dépendance à l'Anneau, est loin de lui plaire, ce qui ajoute encore à sa solitude et sera la cause de son départ vers "ailleurs".
Je n'ai jamais pu considérer le seigneur comme un roman initiatique du point de vue de Frodon. par contre, il l'est certainement pour bon nombre de personnages du récit. Sam, évidemment, mais aussi Merry, Pippin et même Aragorn ( qui passera, non seulement politiquement mais aussi psychologiquement, du statut de Prince errant à celui de Roi ) qui grâce à cette "initiation" pourront chacun à leur niveau assumer de grandes responsabilités concrètes. Frdon, lui, a grandi, mais ne peut que partir ( et me fait soudain penser à un Galahad qui disparaît - part ou meurt selon les versions - une fois qu'il a trouvé le Graal ).
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Effectivement, ces remarques sont tentantes... Mais a-t-on bien déterminé d'abord ce qu'il fallait comprendre par "grandi", ce qui est bénéfique ou pas ?
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