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J'ai reçu cette demande d'informations par email. Comme ma réponse ne serait que partielle et que la question mérite d'être posée, je vous la propose à mon tour :
1. [...] démontrer les ressemblances et les différences entre deux oeuvres : la Quête du Graal et le Seigneur des Anneaux
2. [...] montrer en quoi les personnages principaux de ces deux oeuvres (Frodon et Galahad) incarnent les valeurs fondamentales (amitié, fièrté, courage,...)
Cédric.
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Ces deux oeuvres... Premiere chose, j'imagine que "la quete du graal" renvoie a la version cistercienne (le vrai titre est "la queste del saint graal") du debut du treizieme siecle, car il ne faut pas confondre avec celle de Malory qui en est tres largement posterieure, encore moins avec LE texte precurseur "Le Conte du Graal" de Chretien de Troyes et ses continuateurs anonymes (cf. la continuation-gauvain) ou reecriteurs celebres (wolfram von echenbach). Ce n'est pas parce qu'on retrouve le graal et les chevaliers de la table ronde que l'esprit de la legende est le meme pour chaque texte loin s'en faut...
Si l'on s'en tient a la premiere, il ya une difference capitale dans l'usage repete du symobolisme et de l'allegorie "instructive" dans le texte medieval alors que Tolkien ne s'est jamais voulu moralisateur (c'est sans doute pour ce qu'il reproche a Spenser egalement). Ensuite, prenons un personnage principal tel que Gauvain: dans certains textes il est un champion courtois glorifie, mais dans la quete du graal, texte au christianisme pour le moins austere, il devient "sergent du diable". (Dans "Sir Gawain and the Green Knight" - le christianisme de l'auteur ne l'empeche pas d'avoir de la sympathie pour le personnage de Gauvain qu'il traite encore sous un angle tres different).
Il n'y a pas cette notion de "Compagnie" dans l'oeuvre monastique qui montres des quete strictement individuelle, et ou le courage n'est en fait pas "eclatant" comme dans le SdA dans la mesure ou c'est le degre d'election et de predestination qui definit l'echec (Lancelot) le semi-succes (Perceval ou Bohort) et le succes veritable (Galahad).
Il y a bien un rapport au destin tres important chez Tolkien, mais le role du libre-arbitre y est plus clairement accentue et la relation des element "destin/chance/libre arbitre" y ont une relation plus subtile a mes yeux.
Comme dans le SdA, par contre la fierte egocentrique y est une valeur trompeuse, car c'est dans l'humilite (celle de Faramir chez Tolkien est capitale dans sa rencontre avec Frodo et Sam) et la pitie (Frodo, puis Sam lui-meme ppour Gollum) que se trouve la possibilite d'une victoire.
Cirdan (qui n'a maleureusement pas le temps de develloper...)
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> "et la relation destin/chance/libre arbitre y sont plus subtils [...]"
(autrement c'est sacrement moche)
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> "et la relation destin/chance/libre arbitre y sont plus subtils [...]"
(autrement c'est sacrement moche)
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Le sujet est vaste et il serait tentant de vouloir faire des rapprochements entre deux "oeuvres" qui semblent avoir un cadre semblable.
Mais si les évènements du SdA se déroulent dans un passé semble-t-il moyen-âgeux, le fond, et surtout les buts, sont très différents.
Tout d'abord, je précise que Tolkien lui-même affirmait avoir créé son légendaire pour donner une mythologie à l'Angleterre, car celon lui la mytholgie celtque et la matière de Bretagne étaient insuffisantes, voire même inappropriées. Même si cela ne l'a pas empêché de travailler sur Sir Gawain and the Green knight.
Pour en revenir à une comparaison sommaire (je n'ai malheuresement pas le science de Cirdan en la matière),
-pour la version de Chrétien de Troyes le graal (avec une minuscule) n'est qu'un élément parmi toutes les merveilles qu'il voit au chateau du Roi Pêcheur et semblerait plutôt caché une histoire de vengeance par le sang d'un des membres de la famille. Rien de commun donc avec le SdA
-le Graal a ensuite été christianisé pour devenir le coupe qui aurait recueilli le sang de Christ, le lance qui saigne devenant celle du centurion Longin... Ici encore, le but est très différent du SdA. Il s'agit de retrouver un coupe bénie, et pour cela suivre un parcours de purification. Et seul l'être élu (Galahad en l'occurrence, inventé car moinssulfureux que Perceval) pourra regarder l'intérieur du vase, le payant de sa vie pour accéder diretement au pradis. Alors que dans le SdA, il s'agit de détruire un anneau maléfique, source de pouvoir et de perversion.
J'hésite à m'aventurer sur la deuxième question, mais je ne réponderais à l'affirmative que dans le sens où ces valeurs sont l'apanage de tout héros d'"épopée" qui se respecte. Mais l'univers de Tolkien est, à mon avis, bien loin de l'idéal chevaleresque et du monde courtois. Les valeurs de Tolkien semblet plus être celles de notre époque, ou peut-être plus précisément celles du début du siècle (le XXe). Alors que la lecture d'oeuvres du Moyen-Age nous montre des actes qui nous sembleraient aujourd'hui amoraux. Je n'ai pas d'exemple précis à l'esprit pour appuyer ma thèse, mais rien que le fait de se venger soi-même, pour en revenir au Perceval de Chrétien de Troyes, semble bien loin du monde tolkiennien.
De plus, et là ça devient de plus en plus subjectif, mais le personnage de Galahad est bien différent de Frodo. Il n'est que pur et chaste, créé pour terminer la quête du Graal, presque désincarné dans le but d'accéder ax mystères sacrés. Frodo est bien plus humain. Il hésite, a besoin d'être soutenu, faillit même à sa mission.
Je viens de remarquer la longueur de ce message, alors je vais m'arrêter avant que les dernières personnes s'endorment tout à fait :)
Je suis désolée si mes remarques ne vous apparaissent que négatives. Cela doit venir du fait que je ne considère pas vraiment le SdA come une quête ;) Il y aurait sans doute des liens plus profonds à trouver avec la quête du Graal, dans une étude plus détaillée qui risque de dépasser mes capacités.
N'hésitez quand même pas à lire les textes de la matière de Bretagne car ils ne sont pas assez proches de Tolkien : il en valent la peine en eux-mêmes :)
Eriel
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Comme on l'a dit, l'oeuvre de Tolkien est très large et on peut l'identifier sous différents angles. C'est ce qui en fait son charme. On peut donc rapprocher son univers de plein d'autres mais je vais donc répondre aux questions.
Tolkien connait très bien les récits arthuriens, on le voit notamment avec un poème sur le sujet qu'il a écrit, je croit qu'il s'appelle "Fall of Arthur". Le problème, c'est que les récits de la quête du graal et donc arthuriens n'ont pas une origine clairement définie. Certains pensent que l'origine est bretonne (je veux parler de la Bretagne française bien évidemment) et d'autres qu'elle est anglaise ou celtique, et d'autres encore pensent d'autres origines. Nous sommes donc en face d'un rapprochement de deux mondes très vastes et dont les liens sont si complexes qu'il faudrait un livre entier pour les mettre en évidence. Cependant, je vais essayer de traiter rapidement, malheureusement superficiellement et en gros les questions.
Si Tolkien est très versé dans la littérature arthurienne, je pense qu'il a surtout utilisé d'autre écrits légendaires saxons ou autres comme Beowulf. Ses oeuvres et donc le SdA sont très peu inspirées d'origines arthuriennes. Il n'y a qu'à voir la facilité de mettre en évidence les différences à côté de la difficulté d'énumérer les ressemblances. Pour les ressemblances, Cirdan les a bien trouvées et je n'en vois pas d'autres à part l'esprit chevaleresque que l'on retrouve parfois chez les Humains du Nord. On peut aussi peut-être dans le cadre des récits arthuriens rapprocher Merlin de Mithrandir, tous deux des Mages qui aident et guident les protagonistes mais qui ne s'intéressent pas au pouvoir mais on s'éloigne ici de la quête du Graal.
Dans les deux cas, on est en présence d'une quête, comme dit Cirdan il y a la place de l'humilité et il faut donc une certaine sagesse pour l'accomplir et une certaine humilité et c'est là que se joue la différence. Dans la quête du Graal, c'est non seulement la quête d'un objet mais il faut d'abord passer par la quête de la sagesse pour y parvenir. Il faut avoir acquis une incommensurable sagesse et un grand savoir pour réussir la quête du Saint Graal, seul le chevalier le plus humble, le plus sage et qui a le plus d'humilité peut accomplir cette quête. Dans le cas du Seigneur des Anneaux, les hobbits n'ont pas besoin d'acquérir la sagesse de Mithrandir et même pas du tout de sagesse pour accomplir leur quête. Celle-ci leur revient et elle a plus de chances de réussir entre leurs mains parce que les hobbits ne s'intéressent point au pouvoir absolu que peut procurer l'Anneau. De plus, l'Anneau n'a pas d'autre pouvoir sur eux que de les rendre invisibles et d'allonger leur vie. D'ailleurs, Mithrandir fait comprendre que la quête ne réussirait pas si lui-même devait être le porteur car il risquerait d'être corrompu. Voilà justement encore une autre différence. Le graal est par exemple la corne d’abondance de Bran dans la mythologie celtique, dans le christianisme dont est aussi imprégné Tolkien, le Graal représente le symbole absolu du christianisme, celui qui le posséderait pourrait se revendiquer comme le Roi de tous les Chrétiens sur terre mais cela dans un but strictement juste et sage tout au contraire del'Anneau qui est lui le symbole de l'asservissement, du pouvoir absolu, du totalitarisme, de la corruption, il représente ainsi le mal, le possesseur si il est aussi puissant qu'un Maia devient le nouveau Seigneur Ténébreux. La quête se différencie ainsi, le graal doit être trouvé et conservé comme symbole absolu de la sagesse, l'Anneau doit être détruit.
Ensuite, la valeur générale de la quête est différente, le quête du Graal est une quête pour la sagesse, le SdA est une véritable croisade contre les forces du mal. Pour réussir la quête de Graal, il faut détruire tout mal qu'on porte en soi, la quête de l'anneau vise à détruire le mal absolu qui se dresse sur les Terres et face à soi. Je n'irai pas plus loin pour l'instant pour la première question et j'y reviendra peut-être si on le demande dans ce fuseau.
Pour la deuxième question, Cirdan a très bien répondu, j'ajouterai cepndant plusieurs remarques:
-il n'y a pas véritablement de personnages principaux dans le Sda, la quête vise à une union entre les personnages. C'est l'union, la communauté (pour moi) même si elle est dissoute qui est le personnage principal.
-si je dois répondre à la question, quel sont les liens entre Galahad et Frodon pour la réussite de la quête, je dirai sutout le courage pour dans les deux cas être allé très loin et avoir surout résisté à la tentation.
Merci d'avoir eu le courage de me lire.
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Je tiens à nuancer quelque peu mes propos. Le SdA constitue cependant aussi une quête intérieure pour les protagonistes comme Frodon, je veux dire par exemple par là qu'il est nécesssaire dans son for intérieur de résiter à la tentation mais il existe pour moi une différence entre le Graal où il faut acquérir une grande sagesse et des connaissances et le SdA où il faut faire là preuve de sagesse.
Je pense que pour mieux approfondir la question , je conseille aux intéressés de lire les "Origines mythologiques" de l'inspiration de Tolkien dans la rubrique "Essais".
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Je me permettrai l'ajout d'un lien pour une réponse possible à la question de la Quête dans Le Seigneur des Anneaux :
- - Le Seigneur des Anneaux, Quête ou Anti-Quête ?.
Cédric.
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Etant la personne qui était à l'origine de cette requête, je remercie tous ceux et celles qui ont bien voulu se donner la peine de m'aider dans ma recherche, et en particulier Cédric sans qui je n'aurais même pas eu la bonne idée de proposer mon sujet sur ce forum.
Mais au cours de mes recherches, il m'est apparu que le Silmarillion pouvait peut-être être plus comparable avec La Quête du Graal.
J'aurai voulu encore une fois vous demander votre avis sur cette question.
Je vous remercie encore de toute votre gentillesse et je me permet de vous féliciter sur les compétences et les connaissances étonnantes que chacuns de vous exprime sur ce site.
Merci encore!
Iltarië!
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une quête dans le silmarillion ? aurais-tu une idée claire ou n'avances-tu cela que pour décaler sur un autre livre ? car moi je n'en vois pas... mis à part peut-être celle des silmarilli, mais les ressemblances se font bien trop rares, et le sacré est ici source de malédiction...
non, je ne vois décidément pas de quête suceptible d'être mise en relation avec celle du graâl dans cet ouvrage
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Moi je vous parlerais juste d'un livre, "le chien du mal et de la guerre" de Morcoock
Très bon livre, où l'on trouve Satan en redemption (cela sa passe au XVIem siecle) voulant reprandre son poste auprès de Dieu, demandant a Ulrich Von Bek, general plutot egoiste et sadique de retrouver le graal (et qui va ainsi purifier son ame de ses péchés), en le faisant passer par les Marches du Milieu, invisible au non damnés, s'en suit ainsi toute une série d'aventures l'emmenant un peu partout, attaché à une reflexion très profonde sur la guerre, Dieu, l'Homme sans jamais tomber dans la philosophie de comptoir...
Aucun rapport certes, mais bon, j'avais envie de poster ^^
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pour répondre à ton petit hors sujet, je t'avouerai que mon expérience personnelle quant à moorcock même si je n'ai pas lu le livre dont tu parles, laisses en moi une vague impression de passabilité dont je me serai fortement passé...
mais ne jugeant pas sans connaître, je lirai ce livre pour aller plus avant si je le dois
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