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Je relisais le Silmarillion et l'histoire de Túrin Turambar et me faisait la réflexion que c'était là vraiment une des histoires les plus tristes et dramatique qu'ait écrit Tolkien.
Une petite portion de phrase m'a fait alors prendre plus conscience encore de la tristesse du récit.
Nienor, on le sait, s'est suicidé en se jettant dans le Cabed-en-Aras mais elle a également mis fin aux jours de son enfant à naître !
Voici la portion de phrase dont je parlais et qui confirme mon impression (Le Silmarillion, éd. Pocket, p. 293) : Níniel conçut au printemps.
A propos de Nienor encore. Elle se jetta dans le Cabed-en-Aras qui prit ensuite le nom de Cabed Naeramarth. Cabed-en-Ara sont des Profondes gorges du Teiglin. Un peu avant dans le récit, lorsque Túrin trouve Nienor sur la tombe de Finduilas, ils passent tous deux non loin du Teiglin (p. 292) :
quand ils furent à Dimrost, les Marches de la Pluie, là où le torrent sauvage du Celebros plongeait dans le Teiglin, elle fut prise d'un grand tremblement et depuis, cet endroit fut nommé Nen Girith, l'Eau du Frisson.
J'ai du mal à me démêler avec la géographie des lieux, je me pose donc la question de savoir si Nen Girith et Cabed-en-Aras se situent à peu de chose près au même endroit et si le frisson qu'eut Nienor n'est pas le pressentiment de sa mort à venir ?
Qu'en pensez-vous ?
Cédric.
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(QS Chapitre XXI, Túrin Turambar Page 294)
"Turambar déboucha sur Nen Girith au coucher du soleil et apprit que Glaurung était au bord des falaises du Teiglin mais s'en irait probablement à la nuit. Cela lui parut de bon augure : le dragon se trouvait à Cabed-en-Aras, là où le fleuve coulait au fond d'une gorge étroite et profonde"
Nen Girith est le lieu où les compagnons de Turambar l'attendent, n'osant pas aller affronter le ver et Cabed-en-Aras est donc un lieu tout proche mais différent (il y a des commentaires à ce propos dans HoME II, si ma mémoire ne défaille pas).
Même si les lieux ne sont pas exactement les mêmes, je crois que ton interprétation est la bonne (personnellement, je l'avais toujours imaginé comme cela): Nienor a un "pressentiment".
Ce texte est vraiment bouleversant et je considère qu'il va même au delà du Légendaire. Ca m'étonne encore et ça le fera toujours que Tolkien ait forcé à ce point l'intensité dramatique : Nienor se suicide et tue en même temps l'enfant qu'elle porte (je ne crois pas que beaucoup des grands auteurs classiques - de l'antiquité ou des temps modernes - soient allés jusque là)
Mais est-ce que l'enfant de Nienor n'est pas justement la raison première de son suicide. Lorsqu'elle a retrouvé la mémoire, elle a compris toute la perversion de Glaurund et elle sait tout à coup qu'elle s'est marié avec son propre frère et qu'elle enceinte de lui.
Comment Tolkien (catholique fervent, on le répète toujours) pouvait-il terminer cette histoire qui aboutissait sur l'un des plus grands tabous -l'inceste - sinon par le recours à un autre tabou: le suicide?
Dur quand même.
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Je n'avais jamais fait le rapprochement mais ton interprétation me paraît plus que bonne.
Quant au destin de Tuurin et celui de Nienor, il ne faut pas oublier que le conte s'intitule "La geste des enfants de Huurin". Lors de la lecture de ce conte, on doit garder à l'esprit que tout ce qui se passe sert à faire souffrir Huurin. Certes Morgoth doit sacrifier son dragon favori, mais il réussit sa vengeance si longtemps préparée contre Huurin : Tuurin est un héros sans qu'on lui rende l'hommage qu'il mérite, Huurin perd en même temps son fils, sa fille et son/sa petit/e fils/fille. Sa famille est donc entièrement détruite en une soirée. Ne reste que sa femme Morwen qui tient plus d'un fantome que d'une femme.
Si ça ce n'est pas de la vengeance...
Thorondor.
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Je n'avais jamais fait le rapprochement mais ton interprétation me paraît plus que bonne.
Quant au destin de Tuurin et celui de Nienor, il ne faut pas oublier que le conte s'intitule "La geste des enfants de Huurin". Lors de la lecture de ce conte, on doit garder à l'esprit que tout ce qui se passe sert à faire souffrir Huurin. Certes Morgoth doit sacrifier son dragon favori, mais il réussit sa vengeance si longtemps préparée contre Huurin : Tuurin est un héros sans qu'on lui rende l'hommage qu'il mérite, Huurin perd en même temps son fils, sa fille et son/sa petit/e fils/fille. Sa famille est donc entièrement détruite en une soirée. Ne reste que sa femme Morwen qui tient plus d'un fantome que d'une femme.
Si ça ce n'est pas de la vengeance...
Thorondor.
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