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... ou : ce qu'on pense du film et de Tolkien à l'étranger.
Dans le numéro du Time Magazine de ce 24 décembre, on y trouve évidemment un article dédié au film de Peter Jackson et donc de ce fait, on y parle de Tolkien. J'ai hésité à écrire ce post dans cette section, mais après réfléxion, cela m'a semblé plus judicieux, bien que cet article traite en partie du film, car il y est vraiment question de savoir comment Tolkien est perçu à l'étranger, et cet article est certainement bien significatif de l'opinion générale que peut recevoir l'oeuvre de Tolkien.
Ainsi, cet article, intitulé Lord of The Films, par Richard Corliss, débute par un bref résumé de l'histoire, expliquant la quête de Frodo. Puis vient un paragraphe sur Peter Jackson ou il y est question de ses diverses réalisations, du budget du film (300 millions de dollars), et de ses voyages pour la réalisation des scènes du film, tourné en grande partie en Nouvelle Zélande. On y dit aussi que toutes les scènes des trois films ont déjà été filmées. Enfin, dans un bref sous-entendu, l'auteur de l'article précise que Fellowship doit s'apprêter bientôt à de nombreuses comparaisons avec Star Wars car c'est ce qui l'attend.
La suite de l'article ne manque pas d'éloges. Selon l'auteur de l'article, Peter Jackson peut se relever triomphant de son film car il est plus "grand, plus riche et mieux" que Harry Potter. Selon lui, l'oeuvre de Jackson n'est pas simplement l'illustration d'une fable : bien que fidèle en chaque détail à l'oeuvre de Tolkien ( :) ), elle possède sa propre force de vie, une grandeur, une morale surprenante et une profondeur émotionnelle que jamais les gens de Potter n'ont essayé d'atteindre. La difference entre les deux films et leurs succès respectifs s'expliquent à partir des romans dont ils sont tirés. Alors qu'HP est un roman intimement épique, l'oeuvre de Tolkien est "une Iliade, une fabuleuse histoire de guerre, se déroulant en Terre du Milieu dans une métaphore contre Hitler -Sauron, dans le livre - ou encore, les U.S. et l'alliance du Nord contre Ben Laden et les Talibans ( lol -Tolkien devin? ). Son casting est énorme, varié et adulte." Pour l'auteur de l'article, seuls les Hobbits font echo auxenfants de Harry Potter; mais ces hobbits sont comme des enfants plongés dans une sainte et infernale guerre.
Selon Corliss, toute adaptation du SdA est vouée à avoir une certaine gravité, une certaine opression quand à cette quête a accomplir. Le film de Jackson possède cette gravité. C'est une formidable histoire car les personnages sont convaincants et engagés, et par les soins de l'équipe de production. Les paysages possèdent de même une "personnalité séduisante". L'intégration des hobbits par la technique est, selon l'auteur, fort bien faite.
Corliss en vient au casting qui selon lui est parfait. "Viggo Mortensen en Prince Aragon ( lol, faute ), Sean Bean incarnant un Boromir déchiré, Cate Blanchett et Liv Tyler en grnades dames des Bois et du Lac." ( tiens, Viviane = Arwen? ... après tout, on n'est plus à ça près avec Arwen ) Frodo -Elijah Wood- et ses yeux reflètant une innocence troublée et poursuivie. Gandalf - Ian Mckellen -, partagé entre sagess, humour, compassion et inquiétude.
Puis l'auteur fait quelques remarques sur la longueur du film et la patience des enfants qui iront le voir, remarques ayant un but plus qu'incertain, sinon de hypothétiquement mettre en garde les parents que ce film s'adresse d'abord à un public adulte.
Voici enfin par quoi Corliss conclue : "Son film réussi à faire ce que les plus grands contes de fées font : la création d'un monde virtuel, plausible et persuasif, où les jeunes - et pas seulement eux - peuvent aimer à se perdre. Et peut être, en s'identifiant au petit Hobbit de leur fort intérieur, trouver un meilleur soi-même".
Au vu de cet article en apparence fort élogieux, nous pouvons dire que cet article laisse transparaitre un sentiment de malaise assez prononcé. Tout d'abord, Corliss n'hésite pas à encore une fois nous servir les poncifs et les comparaisons habituels de Harry Potté, en passant par Star Wars, et jusqu'aux problèmes d'"allégory" et d'"applicability" dont nous avons déjà tant parlé.
De plus, Certains indices laissent à penser qu'une fois encore, l'auteur de l'article n'a pas ou en tous cas mal lu le roman de Tolkien. De plus, comment l'auteur peut-il parler de création d'un monde en parlant de Peter Jackson, alors qu'il s'agit d'une tentative d'adaptation d'une réalité déjà existante - réalité qui prend vie au sein des oeuvres de Tolkien ? Certes le film de PJ possède certaines qualités esthétiques intrinsèques et il est indéniable qu'il faut lui reconnaître de très bons passages - notez l'utilisation judicieuse des peintures de Howe, Lee, et Nasmith. Mais cet article laisse transparaitre le fait que l'on peut apprécier l'oeuvre de Tolkien à plusieurs niveaux. Il semble que l'auteur de cet article, comme bon nombre de personnes à venir, ne se soit laisser emballé que par le côté superficiel du film. Car finalement, celui-ci, après tout, n'est qu'un pâle reflet stagnant à la surface de cette eau bien plus profonde qu'est l'oeuvre de Tolkien.
Ben, qui aurait bien aimé que, sur 3 heures de film, PJ ait eu au moins le respect de faire chanter Namárië en entier à Galadriel.
PS: Si vous voulez lire cet article, faites m'en part par mail ;)
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Hormis le fait qu'il encense un film qui ne le mérite peut-être pas, je ne vois pas très bien en quoi on peut reprocher à Corliss de ne pas avoir lu le livre et de tirer de ce fait certaines conclusions hâtives à son endroit. Il est évident que l'on ne parle bien que de ce que l'on connait. On ne peut pas s'attendre à ce que les journalistes de cinéma aient tous lu Tolkien.
En outre, cet article élogieux donnera certainement aux néophytes l'envie de découvrir le livre, ce qui est une bonne chose. Le Time est l'hebdomadaire le plus vendu au monde.
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J'aime beaucoup ta critique, Benilbo !
Pas mieux.
;)
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