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#1 31-03-2010 01:38

Ardarin
Inscription : 2005
Messages : 113

Phonologie (et grammaire)

Bonjour à tous chers tolkiendili.

Après un certain temps passé sur le moteur de recherche, je baisse les bras et viens ouvrir un sujet pour demander vos avis éclairés. J'espère que vous me pardonnerez.

Dans le cadre d'un de mes cours à l'université, j'ai pour objectif d'écrire un article (en français, sinon c'est pas drôle) dont le sujet est : la phonologie (principalement) et un petit bout (parce que c'est compliqué pour l'amateur que je suis encore) de grammaire sur le quenya et le sindarin.

Les questions qui me taraudent l'esprit à l'heure actuelle sont les suivantes :

En quenya, d'après l'appendice E du SdA, le son représenté par la graphie HT est décrit comme ayant "le son de cht, comme dans l'allemand echt, acht." Cependant, et d'après "Das große Wörterbuch der deutschen Sprache" (Duden 1976), echt se prononce [eçt] et acht se prononce [axt]...
Rajoutons à cela que de la graphie HY le professeur indique que "HY [...] représente un son comme celui souvent entendu dans l'anglais hew, huge; le h dans le quenya eht, iht à le même son". Et là mon "petit" The Oxford English Dictionnary me donne : hew [hju:] et huge [hju:dʒ]

Donc je suis bien embarrassé... Si je me réfère aux travaux de Helge K. Fauskanger, il faudrait prendre [ç] pour HY comme dans l'allemand ich (je).
N'est reste pas moins donc mon questionnement, vu qu'il ne donne pas ses sources ce cher Helge : HY = [hj] ou HT, avec le choix HT = [ç] ou [x].

Deuxième questionnement, les diphtongues dans les langues eldarin. L'appendice E donne comme diphtongues du quenya : ui [uj], oi [ɔj], ai [aj], iu [?], eu [?], au [aw], et pour le sindarin ae [=aj?], ai [aj], ei [ɛj], oe [=ɔj?], ui [uj], au [aw]. Et dans VT 48 page 7 on trouve une charte des diphtongues de l'eldarin commun et de leurs développements ultérieurs en quenya, telerin et sindarin indiquant ceci :

Had, finger & numerals 1967-70 a dit :
C.E.   ei, ai, oi, ui,  ou,  au, eu, iu

Q.   í(ē), ai, oi, ui, u(o), au, eu, iu / ē after i, y; o after u, w

[T.]   ē,  ai, ui, ui,   o,  au, iu, iu

>[S.] ē>i, ae, ui, ui, o>u,  aw, iu, iu > y

(note: toutes les lettres soulignées devraient porter un trait au dessus comme ē, mais je n'ai pas trouvé comment faire)

Hormis le fait que la conception ait pu changer entre temps, quant à l'évolution des diphtongues, n'en reste pas moins les questions de prononciation (que j'ai indiqué d'un joli point d'interrogation) et le fait que le diphtongue iu apparaisse soudain en sindarin, là où d'autres "disparaissent"(1).

Pour iu [?], eu [?], je ne vais pas m'inventer auteur pour donner un son à ces diphtongues (malgré l'idée innocente de faire le rapprochement de graphie entre eu et au pour imaginer d'hypothétiques eu = [ɛw]* et iu = [iw]*). Donc (si je n'ai pas mal lu l'appendice) savez vous où nous aurions un soupçon de réponse à cette belle question de prononciation? Pour oe et ae y a-t-il des pistes ailleurs que dans l'appendice E (je suppose que ça n'a pas changé depuis 5 ans, mais on sait jamais le dernier PE a peut être du nouveau).

(1) "disparaissent" n'est pas le bon terme mais je ne trouve pas mieux. Même si je conçois qu'un diphtongue originel puisse évoluer au cours du temps et changer, mais que par un autre processus dévolution de la langue le diphtongue réapparaisse ensuite. Il y a une nette différence entre la liste du SdA ae, ai, ei, oe, ui, au  et celle de VT 48 ae, ui, aw (=au), iu. Apparition de iu, qui évolua en y et absence de ai, ei, oe, l'origine de ces trois là diffère-t-elle des diphtongues du CE? (apparemment oui mais comment et pourquoi?)

Hum sinon, hors sujet, je n'ai pas la chance d'avoir les Parma Eldalamberon, savez vous où les commander? Le site internet semble avoir disparu, l'adresse de l'éditeur qu'on trouve dans les VT est-elle encore valable? Comme il parait que le dernier PE donne des éléments intéressants sur le sindarin j'aurais bien aimé avoir au moins cet exemplaire (mais j'ai pas eu la présence d'esprit de le commander à l'époque...).

Ardarín
(enfin un message à peu près correct après des années ici)

PS : pour le moment je parle pas encore de grammaire, mais ça va venir je le sens

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#2 31-03-2010 11:56

ISENGAR
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Re : Phonologie (et grammaire)

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#3 31-03-2010 12:06

Laegalad
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#4 31-03-2010 12:12

Laegalad
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Re : Phonologie (et grammaire)

Gnerf, me suis fait avoir...
Je disais : je suis incapable de répondre à tes questions, mais si tu connais Tolkiendil : tu peux aussi la poser là-bas, les linguistes sont plus actifs ;) (quoi que, on ne sait jamais, sur JRRVF, on a plein de vieux dragons qui se sont réveillés avec le printemps :D).

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#5 01-04-2010 17:55

Ardarin
Inscription : 2005
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Re : Phonologie (et grammaire)

Merci pour le lien Laegalad, j'aime pas trop multiplier les fora, mais si je bloque j'y passerai (une âme charitable m'a envoyé par mail le lien des Parma. Donc avec un peu de chance mes questions trouveront réponse).

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#6 02-04-2010 10:35

Elendil
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Re : Phonologie (et grammaire)

Je n'irai pas prétendre au titre de linguiste (lambendil, tout au plus), mais il m'arrive aussi de passer par JRRVF.

Pour moi, l'App. E a toujours été très clair concernant HY = [hj]. Quant au HT, je comprends en effet que les deux prononciations [ç] et [x] sont possibles (le tengwa harma a de toute façon vu sa prononciation changer considérablement au cours du temps).

Pour comprendre l'origine des diphtongues, il faut absolument lire le PE 18, p. 60. Tolkien explique qu'il n'existait en fait que deux diphtongues primaires en quendien primitif, ai et au, qui sont des formes « dynamiques » des sundómar (voyelles racines) i et u, respectivement (ces deux voyelles pouvant être longues ou courtes).

Il existait aussi des diphtongues secondaires « seulement produites au cours du processus de formation des mots : (a) par coalescence de e, a, o, u avec un ī̆ les suivant ou avec dérivant d'un y consonantique (suivi par une consonne ou à la fin d'un mot) ; (b) de façon similaire par la coalescence de i, e, a, o avec ū̆ ou dérivé de w. »

Ces diphtongues secondaires étaient :
- ei, ai, oi, ui
- ou, au, eu, iu

À mon sens, il ne faut donc pas s'étonner si certaines diphtongues tendent à apparaître ou disparaître, puisque les processus de formation des mots en quenya et sindarin archaïque peuvent mettre en contact des voyelles différentes.

Finalement, pour ae, je pense qu'elle se prononce de la même façon qu'en vieil-anglais, donc [æ].

Spécifiquement pour le sindarin ei, ai et oe existaient au cours des étapes anciennes de la langue, mais semblent avoir disparu au TA (bien qu'on puisse les retrouver dans des noms archaïques, comme Nirnaeth Arnoediad, ou Dairon > Daeron).

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#7 09-04-2010 14:09

Moraldandil
Lieu : Paris 18e
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Re : Phonologie (et grammaire)

Il faut être conscients que notre connaissance des sons de l'elfique est phonétiquement assez limitée : nous connaissons la réalisation sonore approximative des phonèmes, mais pas le détail fin. Tolkien n'utilisait pas l'API et donnait souvent en référence des équivalents anglais (notamment dans l'Appendice E) : dans ce cas, la prononciation de l'elfique est filtrée et approchée par la palette de sons disponibles en anglais. Sans compter le problème de savoir de quelle prononciation de l'anglais il s'agit... il est raisonnable de présumer que Tolkien avait en tête la Received Pronunciation, mais il faut se souvenir que c'était celle d'il y a un demi-siècle à un siècle, et qu'elle a quelque peu évolué depuis.

De toute façon, le détail phonétique fin est souvent de peu d'importance dans le fonctionnement d'une langue : on arrive vite dans le détail phonétique, sans valeur phonologique. Dans notre cas, ces variations dans le détail signifient que l'on parle l'elfique avec un "accent" : ce n'est pas nécessairement un problème. En Terre du Milieu même, bien des locuteurs de l'elfique ne l'avaient pas comme langues maternelle et devaient avoir un "accent" ; en même parmi les Elfes, nous savons qu'il y avait des variations, puisque Tolkien imagina que Frodon ne comprit pas le sindarin des Elfes de la Lórien du fait de leur accent divergent de celui duquel il était familier.

Raisonnablement, on ne peut donc faire de l'elfique que des transcriptions phonétiques larges, c.à.d. pas trop précises dans le détail des réalisations.

Il est assez indifférent de prononcer le HY du quenya [hj] ou [ç] ; les réalisations sont acoustiquement proches. Je ne serais pas surpris si certains anglophones se révélaient utiliser indifféremment les deux à l'initiale de huge ou human. (Phonétiquement ; phonologiquement, ça reste la combinaison /hj/.)

L'interprétation habituelle des indications de l'Appendice E quant à la prononciation du HT quenya est bien qu'elle dépend du contexte phonétique de la même façon que l'allemand cht - du moins dans la prononciation standard, la Bühneaussprache : sans même parler des dialectes, maints germanophones prononcent [xt] partout en Allemagne du Sud, en Suisse et en Autriche - c'est à dire [çt] après voyelle antérieure (donc en quenya dans iht, eht) et [xt] après voyelle postérieure  (donc en quenya dans aht, oht, uht).

Pour les diphtongues elfiques, heu... il est inutile de chercher midi à quatorze heures, c'est essentiellement la combinaison en une seule émission des timbres de base indiqués par la graphie. Sauf le quenya iu au Troisième Âge, ce sont des diphtongues "descendantes", donc où le premier élément prédomine. La valeur de [æ] n'est pas possible : c'est celle d'une une monophtongue, or le son est bien noté comme diphtongue dans les descriptions de Tolkien.

Pour les oe, ae, ai, ei, c'est compliqué... Bien que les sons soient différents entre eux, il y a en effet des interférences :
* ai et ei sont essentiellement en distribution complémentaire : en simplifiant (il y a quelques exceptions), ai se trouve en syllabe finale et ei ailleurs, cela peut créer des alternances morphologiques : ex. erain "rois" > Ereinion "rejeton de rois", nom de Gil-galad. La même alternance existe en gallois.
* Tolkien a hésité entre oe et ae dans le développement du noldorin / sindarin; Fauskanger a écrit une synthèse qui reste d'actualité sur le sujet : AE or OE? Tolkien's Hard Choice.
* il y a quelques cas où un ae "normal" est remplacé par ai, sans qu'on sache trop pourquoi : anglicisation graphique ou variante dialectale ? On a ainsi Gwaihir "seigneur du vent" à côté de Gwaeron "mois du vent, mars", aiglos / aeglos, Hithaeglir / Hithaiglin, Maidros / Maed(h)ros, Dairon / Daeron (dans ce cas cependant, la forme en ai est proprement une forme doriathrine (V:354), elle tombe donc quelque peu en dehors du sujet : la langues n'est pas la même)
* oe dans les texte imprimés peut recouvrir en fait deux sons différents : la diphtongue attendue, et une monophtongue qui devait être comparable à [ø] (comme dans feu) ou [œ] (comme dans œuf). Il apparaît, d'après de multiples corrections en ce sens aux Etymologies parues dans VT45-46, que Tolkien différenciait les deux en employant une ligature pour la monophtongue et deux caractères séparés pour la diphtongue ; mais la différence a souvent disparu à l'impression (il faut dire que la différence est faible, et que CJRT n'était pas censé savoir qu'il y avait là deux sons elfiques de nature différente !). Le œ monophtongue est une voyelle archaïque devenue e en sindarin ultérieur, elle résulte de la métaphonie d'un ancien o. (Du moins est-ce mon opinion sur le sujet.) C'est la monophtongue qui apparaît dans Arnoediad - en fait Arnœdiad ; la forme ultérieure  Arnediad est également attestée (V:378).

Une remarque d'API : [j] et [w] sont normalement des valeurs consonantiques (des semi-voyelles, en l'occurrence); pour les seconds éléments de diphtongue, il est plus usuel d'employer [i] et [u], éventuellement avec un croissant souscrit pour indiquer leur valeur non-syllabique.

Je termine en faisant sans vergogne un peu d'autopromotion, en renvoyant :
* vers l'article Sindarin de Wikipédia, auquel j'ai abondamment contribué : la partie phonologie représente une interprétation possible de la phonologie du sindarin
* vers un site audio qui s'appelle Glǽmscrafu, présentant des enregistrements de textes de Tolkien dans lesquels l'on trouvera bien quelques exemples de prononciation de ae ou de ch ^_^

Bertrand

P.S. : Je découvre à l'instant que le site de Parma Eldalamberon est en panne... je vais envoyer un message à Christopher Gilson, son responsable, pour savoir ce qui se passe.

P.P.S. : d'une diphtongue qui se simplifie en une voyelle de timbre stable, on dit qu'elle se monophtongue - c'est une monophtongaison ;-)

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#8 10-04-2010 00:18

Elendil
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Re : Phonologie (et grammaire)

Moraldandil a dit :<
* Tolkien a hésité entre oe et ae dans le développement du noldorin / sindarin; Fauskanger a écrit une synthèse qui reste d'actualité sur le sujet : AE or OE? Tolkien's Hard Choice.">

J'en profite pour signaler que Meneldur en a publié une traduction sur Tolkiendil :

AE ou OE ? Le difficile choix de Tolkien

Moraldandil a dit :
* il y a quelques cas où un ae "normal" est remplacé par ai, sans qu'on sache trop pourquoi : anglicisation graphique ou variante dialectale ? On a ainsi Gwaihir "seigneur du vent" à côté de Gwaeron "mois du vent, mars", aiglos / aeglos, Hithaeglir / Hithaiglin, Maidros / Maed(h)ros, Dairon / Daeron (dans ce cas cependant, la forme en ai est proprement une forme doriathrine (V:354), elle tombe donc quelque peu en dehors du sujet : la langues n'est pas la même)">

C'est justement l'un des grands apports de HFN, je crois : en présentant en parallèle les diphtongues résultant de l'eldarin commun en quenya, telerin et sindarin, il montre qu'on doit vraiment observer ai > ae à une étape de l'évolution du sindarin (mais laquelle, je ne saurais dire, le sindarin n'étant pas mon fort).

Moraldandil a dit :
P.S. : Je découvre à l'instant que le site de Parma Eldalamberon est en panne... je vais envoyer un message à Christopher Gilson, son responsable, pour savoir ce qui se passe.

Pour moi, le site marche sans le moindre problème. Je crois qu'il y a un problème de nombre de serveurs relais qui rentre en jeu. D'aucuns sur Tolkiendil ne peuvent plus s'y connecter depuis longtemps déjà.

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