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#1 07-09-2008 02:27

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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Jusqu'en 2005, les personnes désireuses d'en savoir d'avantage sur la façon dont Tolkien pensait Faërie n'avaient, en dehors de l'essai On Fairy-Stories, que quelques « larges » extraits d'un autre essai de Tolkien, cités par Verlyn Flieger dans A Question of Time : J.R.R. Tolkien's Road to Faërie.
Ce manuscrit, conservé à l'Université de Marquette, a depuis lors été édité dans la version étendue de
Smith of Wootton Major.

L'essai, intitulé Smith of Wootton Major, se révèle d'une lecture indispensable pour mieux comprendre non seulement l'histoire racontée dans le « testament poétique » de Tolkien, mais aussi pour mieux saisir ce que représentait Faërie aux yeux de Tolkien. Car en plus de présenter en détails l'arrière-plan de l'histoire de Smith, Tolkien aborde aussi le noyau du Royaume Périlleux, ce qu'il percevait en être la nature profonde.

La conclusion de son essai est si belle que je n'ai pas voulu que les non-anglophones en soient privés. Je me suis donc essayée à traduire le texte en son entier, en respectant d'aussi prêt que possible le style de Tolkien.


[Je ne met à disposition ici que ma traduction, les textes de Tolkien n'étant pas encore tombés dans le domaine public. Néanmoins, pour plus d'information, ma messagerie fonctionne très bien ;) Je m'excuse aussi pour la présentation qui va suivre, il y aura probablement des sauts de ligne intempestifs et d'autres malformations de code html, mais vous savez comme moi que ce n'est pas hyper pratique de faire du joli code sur jrrvf... :(]


Smith de Wootton Major

[Cet essai a été retranscrit de façon aussi proche que possible du texte dactylographié de Tolkien, dans lequel il développe des informations secondaires sous forme de notes dans le texte, les écrivant comme les idées lui venaient, souvent au milieu d'un paragraphe, parfois au milieu d'une phrase. Son procédé pour distinguer les notes était de les écrire en rouge, de façon à ce qu'elles ressortent du texte tout en en faisant entièrement partie. Ici, les notes ont été reproduites au même endroit où Tolkien les écrivit
à l'origine, mais en gris et dans une taille de caractères plus petite.]

Ce court conte n'est pas une « allégorie », bien que l'on puisse, bien sûr, en faire une interprétation allégorique sur certains points. C'est un « Conte de Fées », de la sorte où les êtres que l'on peut nommer « fées » ou « elfes » jouent un rôle et interagissent avec les  êtres humains, et sont considérés comme ayant une existence « réelle », à savoir une existence par eux-même, et indépendante de l'imagination et invention  humaine. Il est projeté dans une campagne imaginaire(mais anglaise)1, avant l'advenue des machines industrielles, mais dans un temps où une communauté prospère, composée d'artisans
vivant dans un milieu agraire, pouvait connaître et s'offrir des produits  d'importation de luxe, comme le sucre et les épices. Il est suggéré que cette prospérité, fondée sur l'industrie et l'habileté de la plupart de la communauté, a commencé à les affecter, rendant un bon nombre d'entre eux vulgairement satisfaits d'eux-même, et plus grossiers. Ainsi, il est évident qu'au moment où s'ouvre le conte, les « fêtes » étaient principalement célébrés en mangeant et buvant ; on ne pensait guère à la danse, au chant et au conte. Il n'est pas fait mention d'instruments de musique, excepté dans le nom de Harper [Harpiste] (qui, comme on le verra, est significatif). La Grand'Salle n'est plus ni peinte, ni décorée.

Inévitablement, mais aussi intentionnellement, les liens géographiques entre Wootton et Faërie ne sont pas précisés. Dans de telles histoires, il doit y avoir quelque(s) chemin(s) pour entrer ou sortir de Faërie, accessibles au moins aux Elfes, comme à quelques mortels favorisés. Mais il est aussi nécessaire que Faërie et le Monde (des Hommes), bien qu'en contact, occupent un temps et un espace différent, ou les occupent sur des modes différents. Ainsi, bien qu'il semble que Smith puisse entrer en Faërie plus ou moins à volonté (étant particulièrement favorisé), il est évident que c'est une contrée, ou un monde, aux limites inconnues, contenant mers et montagnes ; il est aussi clair que même durant une brève visite (comme un après-midi de marche), il peut passer beaucoup plus de temps en Faërie que ne dure son absence dans le monde ; dans ses longs voyages, une absence du foyer de, mettons, un semaine, est suffisante pour explorer et faire des expériences en Faërie équivalent à des mois, ou même des années.

En ce qui concerne la géographie, Faërie est située (ou ses entrées le sont) à l'Ouest. L'expression « De Far Easton à Westwood » montre les frontières du monde des villageois : depuis le village peuplé de gens de souche commune le plus à l'est jusqu'à la Forêt ; Wootton Minor est encore un village dans une clairière. La Forêt est encore proche de la frontière ouest de Wootton Major. La forge est à l'extrême pointe ouest de celui-ci (pour être plus prêt des ressources en bois de chauffe, si vous voulez). En tous les cas, il est ainsi plus facile, pour le Forgeron, d'aller dans la Forêt sans que cela ne se remarque, excepté par sa famille, ou de partir en « voyage d'affaire » sans que ses déplacements ne donnent matière à commérages.

Dans beaucoup de Contes de Fées on utilise l'idée que le temps passe vite en Faërie, de façon à ce qu'un homme qui y trouve son chemin puisse en ressortir après ce qu'il semble un bref moment pour découvrir que des années, voire des siècles ont passé. A part comme moyen commode pour mettre en relation un homme du passé en contact avec le Futur (de son point de vue)
— c'est-à-dire dans un conte dont c'est le sujet réel, et où Faërie en soi n'est pas considérée sérieusement — j'ai toujours considéré ça comme une erreur : une erreur en crédibilité, si Faërie est un tant soit peu prise au sérieux. Il est vrai que les mortels entrés en Faërie parlent généralement d'un écoulement du temps en Faërie  immensément plus long que ce qui en est ressenti. Il est aussi vrai que dans quelques expériences actuelles,
le temps qu'elles prennent peut sembler court, et finalement on découvre qu'elles ont été beaucoup plus longues quand on reprend pied avec les tâches quotidiennes. Cela arrive surtout après qu'on se soit absorbé (principalement avec intense intérêt, et aussi, normalement, avec plaisir) dans des activités telles que la lecture, le théâtre, les fêtes ou les réunions avec des amis. J'ai souvent dit que cette idée était certainement née dans les auberges : parce que nulle part ailleurs le temps ne file aussi rapidement, comparé à la vie quotidienne, que
quand on est assis à boire et discuter avec des amis chers dans une auberge. Je suis sûr qu'il y a du vrai dans cela. Mais il y a d'autre expériences. Notamment celles des rêves, dans lesquels ont peut voir qu'une expérience longue (et complète) n'a en réalité occupé qu'un court moment dans le monde extra-mental. La « narration » est peut-être la seule mesure commune. Ce qui prend longtemps à raconter de façon adéquate est long. (J'entends : raconter, si quelqu'un souhaite, ou doit, le raconter. Quelqu'un tenant un journal qui écrirait sur une journée « Rien à signaler » signifierait probablement rien qui ne m'intéresse, ou rien de ce que j'enregistre habituellement pour m'y référer plus tard). « Ô minutes aussi longues que des années ! » Le rêve est peut-être la meilleure analogie en l'occurrence. Mais il faut aussi prendre en compte cela : la Faërie de ce conte est d'une espèce particulière. Si on l'accepte, une fois « à l'intérieur » du conte, alors il est clair que les Dirigeants de Faërie — qui sont présentés comme intéressés par les Humains (pas  nécessairement au premier chef) et bienveillants — doivent être capables de faire en sorte que les expériences en Faërie des humains favorisés puissent être vécues sans disloquer leur vie humaine normale. Le temps de leur Faërie doit être différent, même s'il peut être contigu en certains points. Pour eux, le temps humain est ou peut être aussi plus long que celui de Faërie. Le Roi reste 58 ans à Wootton.

Quant au lieu. L'entrée dans les orées « géographiques » de Faërie implique aussi l'entrée dans le Temps de Faërie. Comment un mortel peut-il « entrer » dans le royaume géographique de Faërie ? Evidemment, ni par le rêve, ni par illusion. Les objets physiques, comme l'étoile, la Fleur Vivante, et le jouet elfique, survivent à leur transplantation de Faërie au Monde. Dans les contes de fées, l'entrée dans le monde féerique est communément présenté comme un voyage souterrain, sous une colline
ou montagne ou assimilé. Les raisons ne me concernent pas ici. Elles viennent principalement d'une imagination nécrologique. Mais ainsi utilisées elles sont souvent des « rationalisations » pures, comme la diminution de la taille des « elfes » — une façon de créer un pays de merveilles partageant la même géographie que celui des Hommes. Ils ne sont pas plus crédibles, ni plus intéressants, que les contes d'Edgar Rice Burroughs traitant d'un vaste monde souterrain. A mes yeux, cela tue la « croyance littéraire » même qu'ils sont sensés produire.

Mon symbole n'est pas souterrain, que ce soit nécrologique ou Orphique ou quoi que ce soit dans le jargon pseudo-scientifique, mais la Forêt : les régions encore vierges d'activités humaines, non encore dominées par eux (dominées ! non conquises !). Si le temps de Faërie est en certains points contigu au nôtre, cette contiguïté se produira aussi dans certains points liés — ou du moins est-ce la théorie prévalant pour cette histoire. En certains points attenants ou à l'intérieur des marges de la Forêt, un être humain peut traverser ces points contigus, et ainsi entrer dans le temps et l'espace de Faërie — s'il convient qu'il le fasse ou s'il en a le doit. Dans le temps relativement court de l'histoire (à savoir quelques générations humaines, comme le suggère son arrière-plan « historique »), ces points resteront reconnaissables et pourront être revisités par ceux qui les trouvèrent. S'enfoncer profondément ou loin en Faërie à partir de pareils points s'apparente à s'éloigner de plus en plus d'un monde familier ou anthropocentrique. Mais dans ce conte Forêt et Arbre restent les symboles dominants. Ils apparaissent dans trois des quatre expériences de Smith dont il se « rappelle » et qui sont racontées — avant qu'il ne prenne congé de la Reine. Ils n'apparaissent pas dans la première, parce que c'est là qu'il découvre que Faërie est « sans limites », et impliquée principalement dans de vastes régions et événement qui ne concernent pas les hommes et qui leurs sont impénétrables.

La situation du village de Wootton est évidemment de ce genre. Il était géré par un conseil pour les affaires locales — probablement un groupe de chefs des artisans les plus importants et les plus prospères. Les savoir-faire étaient encore traditionnels et largement héréditaires : transmis de père en fils, ou femme en filles ; quoique s'il n'y avait pas d'enfant, ou aucun suffisamment aptes, un artisan ou une artisane pouvait prendre un « apprenti » et cela impliquait normalement l'entrée dans la maisonnée et dans la famille. Il n'y avait pas de noms de famille à proprement parler. Les noms Smith[Forgeron], Cooper [Tonnelier], Miller [Meunier], Wright [Faiseur], Weaver [Tisseur], Webster [Tisserande] (pour les femmes), Stonewright [Faiseur de pierre] (Maçon) et apparentés indiquaient que ceux qui les portaient pratiquaient effectivement ce métier, ou dans quelques cas ce commerce : ainsi, dans un village prospère, de marchants de biens importés tels que Draper [Drapier] ou Spicer [Epicier] ou Chandler [Chandelier]*. Les enfants ont des noms simples, placés avant le nom


*Nokes [Chesnier] est une exception délibérée. Il a un nom « géographique » (vivant près du chêne). Il n'appartient pas à un métier artisanal. Il semblerait qu'il ait « du bien », c'est-à-dire qu'il possède probablement des terres hors du village, et qu'il vient d'une famille de paysans ou de fermiers des environs. En tel cas, ou dans le cas d'artisanat pratiqués par plusieurs personnes ou familles, des définitions additionnelles peuvent être ajoutées : telles que « (de) Townsend », i.e. vivant dans la dernière maison, à l'un ou l'autre bout de la rue principale.

 

du métier de leur père, ou parfois dans le cas des filles avant celui de leur mère, tels que « la Fanny de la Webster ». Les noms choisis sont de simples noms abrégés, ayant peu de lien avec leur forme originelle : Ned, Tom, Tom, Nell, Nan, etc. Ce qui rend possible l'utilisation de Alf pour l'apprenti elfique. (Ce nom est évidemment  utilisé pour lui par le Maître Queux qui le présenta).


La Cuisine était une exception. Bien que ce soit un art reconnu et estimé, il ne s'agissait pas d'un artisanat familial, ni généralement d'un moyen d'existence. Il n'y avait rien s'apparentant à des restaurants. Les étrangers en affaire pouvait trouver gîte et couvert à l'Auberge : en ce temps, elle n'avait pas d'autre nom, bien qu'au-dessus de la porte on pouvait toujours voir une pierre gravée, usée par le temps, portant apparemment une représentation de trois arbres et l'inscription Welco tope Wode. Mais elle n'était pas utilisée par les villageois. La cuisine de la famille était faite à la maison, par les femmes et les hommes — les femmes le plus souvent, à moins qu'elles ne soient des artisanes très occupées. Mais le Maître Queux était un employé publique, et important. Son salaire était pris sur les fonds publics, comme l'étaient l'approvisionnement pour les fêtes publiques. Son office n'était pas héréditaire ; il était choisi autant que possible pour son goût et son talent. Cela et la succession était normalement l'affaire du MQ, qui choisissait un apprenti au bon moment pour le former avant de prendre sa retraite. L'apprenti était bien sur généralement un jeune du  village : il était de règle que plusieurs se présentent à l'apprentissage, puisque cet office était enviable et qu'avec lui allait la Maison du Queux mitoyenne à la Salle. Bien que l'attente avant la succession puisse être très longue. Le MQ pouvait se retirer à tout moment, une fois satisfait des connaissances de son apprenti ; mais on ne pouvait l'obliger à se retirer, et il était souvent peu enclin à le faire, bien qu'une pension décente et un cottage confortable soient fournis. Cependant, une fois en retraite, l'Apprenti lui succédait sans susciter de débat, sauf dans des circonstances très inhabituelles.


* Un tel concourt de circonstances à lieu dans ce conte : la mort ou le départ du MQ avant qu'il n'ait désigné d'apprenti, ou avant que l'a. soit considéré comme expérimenté ou suffisamment vieux pour cette responsabilité. Le comportement de Grand-Père Rider quand le conte commence était en tous points exceptionnel et curieux. Mais un Apprenti n'était pas à l'abri d'accidents. En réalité, Grand-Père R. devait sa position à un tel accident (aussi bien que par ses propres talents divers). L'A. du MQ précédent (qui était déjà vieux et pensait à la retraite) fut tué par la chute d'un arbre un jour de violent orage, peu avant la fête de l'Hiver. Rider offrit son aide dans l'urgence, et prouva rapidement son intelligence, si bien que peu d'années plus tard, le MQ pouvait se retirer et lui passer la main.


Ce « Grand-père Rider », qui semble avoir mis en place les événements relatés dans ce conte, était de toute évidence une personne remarquable et particulière. Son nom était Rider [Cavalier], ce qui indique qu'il n'appartenait pas ou ne pratiquait pas un corps de métier « majeur ». Les Cavaliers étaient intéressés par les chevaux et ils gagnaient leur vie, en plus de dresser et soigner les chevaux, en accomplissant les tâches équivalent à une poste locale et au service d'un coursier. Ils prenaient des messages ou lettres urgentes et convoyaient parfois des colis dans d'autres villages et hameaux, surtout ceux éloignés, revenant souvent avec une mission similaire. Cet aspect de leur travail convenait tout particulièrement à Rob, le plus jeune fils de son père. Il avait largement pris du côté de sa mère, une Piper de Wootton Minor, et était remuant et aventurier. Il commença les missions alors qu'il avait à peine quinze ans. Il devient bientôt connu pour la rapidité et l'exactitude avec laquelle il prenait les messages ou accomplissait une mission, et pour sa réticence à revenir et faire un rapport. Après un temps il cessa de vivre à Wootton Major, et n'y revînt qu'à intervalles irréguliers comme ça l'arrangeait ; il devint un « voyageur », un homme sans domicile fixe ni moyen d'existence. Pendant ce temps, bien que les rumeurs allaient bon train, on ne savait rien de ses voyages et aventures, jusqu'à ce qu'il revienne un jour, apparemment avec de l'argent et certainement avec une épouse. C'était une magnifique jeune femme nommée Rose, l'une des Sangsters de Walton, un village loin de Wootton Minor. Elle était de loin sa cadette, car à cette époque il avait au moins 35 ans.


Deux ans plus tard leur fille Ella naissait, mais sa mère mourut en couche. Rider, qui pour ceux qui se souvenait de lui garçon semblait être devenu un homme silencieux et pensif, devint dès lors triste et taciturne. On le voyait rarement dehors en journée, mais parfois, ceux qui étaient dehors tard le soir ou très tôt avant l'aube le rencontrait, marchant seul. On se souvint longtemps à Wootton de l'année suivante comme d'une mauvaise année, qui commença par de grosses tempêtes de neige et continua violente et orageuse jusqu'à la fin. Tôt en décembre, un grand vent fit beaucoup de dégâts dans le village et jeta bas de nombreux vieux arbres. L'apprenti du Maître Queux de l'époque avait sensiblement le même âge que Rider, un homme nommé Wright, compétent et bien apprécié, et s'attendant (autant qu'on l'attendait) à être bientôt Maître Queux, puisque le vieux Queux avait l'intention de prendre sa retraite avant peu. Malheureusement, Wright rentrait de la Cuisine juste au coucher du soleil quand un grand coup de vent fit tomber un frêne qui poussait près de sa maison, et il fut écrasé et tué par sa chute.


On eut du chagrin dans le village, et le vieux Maître Queux était en plein désarroi, car la Fête de l'Hiver approchait et il n'avait pas d'aide compétente. Le jour suivant Rider vient à la Cuisine et donna toute l'aide qu'il put au vieil homme. Avant le soir, tout était en meilleur état que ça ne l'avait été depuis des années, et de nouveaux plans pour l'organisation de la Fête était dressés. Comme il allait rentrer chez lui, Rider dit : « Une autre paire de bras est utile, Maître. Si les miens vous sont d'une aide quelconque dans votre chagrin et trouble, dîtes-le, et je serai à vos côtés aussi longtemps que vous aurez besoin de moi. »


Ainsi Rider entra-t-il au service du Queux. A sa surprise et à celle de tout le village (car aucune rumeur n'avait signalé, de près ou de loin, quoique ce soit dans sa vie vagabonde qui aurait pu lui donner l'occasion d'apprendre cet art), Rider montra non seulement un grand savoir, mais un grand talent pour apprendre plus vite encore. La Fête de l'Hiver se déroula bien, et avant la suivante il était bien entendu que Rider était accepté comme apprenti régulier. Quand le Queux prit enfin sa retraite quelques six ans après la mort de Wright, il n'y eu aucun doute à propos de la succession, et Rider devint Maître Queux. Il resta taciturne, plutôt de triste figure, bien que ses mouvements soient vifs. Il n'était ni froid, ni revêche, mais prenait un plaisir évident à faire plaisir, et se délectait de la gaieté des autres, bien qu'il n'y prenne guère part. Son esprit semblait ailleurs, si l'on pouvait le dire de quelqu'un qui tenait à tous ses devoirs si rapidement et si habillement. La Vingt-quatrième Fête, qui eut lieu quatre ans après qu'il devînt Maître était remarquable ; on la dit même meilleure que toutes elles qui furent tenues de mémoire d'homme. Et la plus joyeuse. Car les chants et les danses furent réintroduits, après avoir longtemps été négligées, comme faisant partie des festivités.


Le conte fait référence aux souvenirs de l'histoire du temps où Rider était Maître Queux. A cinquante-deux ans, ils n'avait toujours pas choisi d'apprenti, et cela inquiétait un peu. Non qu'il n'ait déjà besoin d'aide. Rider était dynamique et plus que capable ; et sa fille Ella était aussi une très bonne cuisinière et aidait souvent lors de fêtes privées ou durant les coups de feu pendant les Fêtes. Pour tous les menus services, vaisselle, ménage, préparation, services et autres, le Maître Queux trouvait bien sûr toujours beaucoup d'aide. C'était le problème de la succession qui inquiétait le Conseil. Ce fut à ce moment qu'un jeune homme nommé Nokes se proposa. Rider ne le prit pas, mais à cause de la pression qu'il subissait pour commencer à former un successeur, il lui donna une période d'essai. Il s'y connaissait en cuisine, bien que ce fût loin d'être autant qu'il le pensait. Il était difficile à former, car il n'apprenait pas vite, et n'aimait pas être corrigé. S'il trouvait quelque chose difficile, il abandonnait vite, puis affectait de le considérer comme sans importance : « Du vent que tout ceci », aimait-il dire, « cela peut en amuser certains, mais cela ne vaut guère la peine d'en parler ». Rider ne le choisit pas comme apprenti. Un temps, il fut appelé à la rescousse pour les périodes très chargées, mais rapidement Rider le tint complètement à l'écart.


C'est sans aucun doute en raison de son expérience avec Nokes (en partie : il pouvait y avoir d'autres raisons) que Rider devint si obstiné, et résista à toutes les pressions pour trouver un apprenti pendant un bon nombre d'années. Il n'en avait aucun quand il décida de partir en vacances de façon impromptue, bien qu'il ait soixante-deux ans, et soit Maître Queux depuis 18 ans. Il partit au printemps, tout de suite après le mariage de sa fille avec Smith (de son nom entier Joe Smith de West-Side*) ; ainsi la partie la plus occupée de l'année était à venir, bien que la grande Fête du Printemps soit passée. Mais Ella était capable de prendre en charge le travail, et avait l'aide d'amis. Elle refusa d'avoir quoi que ce soit à faire avec Nokes, qu'elle détestait. (La rumeur disait que Nokes, « tentant de trouver une petite porte vers la Cuisine » comme le disaient les cancans, lui avait proposé le mariage quelques années plus tôt).


* On l'appelait ainsi parce qu'il  y avait plusieurs Smith dans le village ; mais Joe était le fils du chef du métier, propriétaire de l'ancienne Vieille Forge à la périphérie ouest du village. Joe se consacrait à son métier et à son père qui le dominait plutôt. Joe était le plus jeune de ses (nombreux) enfants et son seul fils. Ce n'est qu'après la mort de son père que Joe pensa (ou fut capable de penser) au mariage. Il avait alors 35 ans, et Ella 25. Contrairement à son père, Joe eut d'abord un fils : le Smith (Smithson) du conte, suivi de trois filles.


Voilà pour l'histoire « extérieure » de Rob Rider, avant son retour en hiver de son « année de vacances », où il ramena avec lui un apprenti aux origines inconnues. Il était évidement que Rider aimait beaucoup ce « garçon ». Ils étaient en termes intimes et confidentiels. Rider le regardait clairement comme une personne de grande capacité (en dépit de sa jeunesse) et lui faisait confiance quant à balayer toutes difficultés causée par le soudain départ du MQ. Il est probable que Rider le fit sans avertissement en s'attendant, ou au moins en espérant, que son apprenti ait la permission de lui succéder, si le Conseil se trouvait face à une vacance soudaine sans avoir le temps de dire quoi que ce soit ou de faire pression sur lui. Que Nokes puisse s'immiscer ne lui était probablement jamais venu à l'esprit. Ce que Alf l'apprenti pensait est un un autre problème. Alf, et une partie de la vie antérieure de Rider telle qu'on peut la deviner nécessitent dès lors d'être examinés. On peut difficilement douter du fait que Rider savait que Alf était un Elfe travesti. (Comme l'indique le nom qu'il lui donna, Alf, bien que ce soit suffisamment répandu dans le village pour ne pas attirer l'attention.) Mais il est aussi clair qu'il n'était pas conscient de son identité ; bien qu'il le supposât émissaire et serviteur des « Grands de Faërie » ; et il devait savoir quelque chose de leurs dessins, étant engagé lui-même à leur porter assistance.


Bien que tout ceci soit laissé flou dans le conte, l'« arrière-plan » qui suit servira à expliquer les événement. Les villages à l'ouest du pays, parmi eux les Wootton et Walton, étaient originellement les principaux points de contact entre Faërie et le monde des Hommes : de fait, ils furent auparavant à l'intérieur des  lisières de la Forêt, comme l'indique leur nom. Wootton Minor était encore entouré par les arbres ; Walton était encore plus loin dans la Forêt. Les peuples de ces trois villages était d'origine très proches ; et au moins pour les villages de Wootton, les inter-mariages étaient très fréquents. Cependant, Walton était vu à présent comme un endroit où beaucoup de gens était étranges et vieillots, soit parce qu'il était plus enfoncé dans la Forêt, ou simplement parce qu'il était plus loin, rarement visité à part par les cavaliers et « voyageurs » de Wootton Major. (A vrai dire, les routes commerciales de W Major conduisaient principalement à l'est.)

En réalité, les métiers artisanaux de Wootton, sur lesquels étaient fondés leur prospérité actuelle, tenaient au début leur réputation et leur succès commercial d'un tour de main spécial et d'une qualité « artistique » que le contact avec Faërie leur avait donné. Mais le succès commercial avait pour quelque temps commencé à faire effet. Le village était devenu aisé et satisfait de lui-même. Les qualités artistiques de ses produits déclinaient, et aussi, dans une certaine mesure, leur savoir manuel traditionnel, bien que cela n'ait pas encore affecté leur marché. Mais le village était dans un danger qu'il ne voyait pas : un déclin de sa prospérité, qui ne pourrait pas être maintenu pour toujours par une « bonne réputation » et des contacts établis avec les clients de l'est, ni par simple perspicacité industrielle et commerciale. Si le lien entre les villageois et Faërie était brisé, il reviendrait à ses débuts sordides. En effet, tout n'était pas rose dans le village lui-même. Les pratiquants des artisanats commercialisables et exportables était en train de devenir plus riches et plus importants, dominant le Conseil. Les commerces et professions mineurs, surtout ceux d'usage purement local, étaient en déclin ; beaucoup avaient cessés de suivre leurs pères et étaient devenus des employés au service des forgerons, des maçons et des tisserands. Ainsi des Sedgers [Couvreurs], des musiciens : Pipers [Fifre], Harpers [Harpiste], Crowthers [Croudeur2], Fidlers [Violoniste] et Homers* [Corniste] et des Sangsters [Chanteur], et aussi de ceux habiles

*Signifiant ici joueurs de « cornes », et non travailleurs de matière cornée. Ces gens savaient aussi fabriquer des instruments de musique, qui autrefois étaient assez demandés : bien que ce petit commerce ait périclité.

à dessiner, à peindre, et à graver ou forger des objets d'ornements. Les Dyers [Teinturier], grâce à leur connexion avec les métiers du tissage (de grande importance) restaient prospères, mais perdaient (sans s'en apercevoir eux-même) à la fois le goût et l'habileté.

Nokes est un indicateur de la banalisation de Wootton. Il est évidemment une sorte de cas extrême, mais représente clairement une attitude qui se développait rapidement au village, et qui prenait du poids. Les fêtes devenaient, ou était déjà devenues, de simples occasions de manger et boire. Les chanson, les contes, la musique, la danse n'y avaient plus leur part — du moins, ils n'étaient pas pris sur les fonds publics (au contraire de la cuisine et de l'approvisionnement), et s'ils n'avaient qu'un rôle à jouer, c'était dans les fêtes familiales, et plus particulièrement pour amuser les enfants. Le Hall n'était plus décoré, bien que maintenu en bon ordre de marche. Les histoires et légendes, et surtout n'importe quel conte touchant à « Faërie », étaient à présent regardés comme des enfantillages, paternellement tolérés pour l'amusement des tout petits.

Cette situation est évidemment du genre à soulever les inquiétudes de Faërie. Pourquoi ? Il est clairement montré que Faërie est un vaste monde à part entière, dont l'existence ne dépend pas des Hommes, et dont la première, et encore moins la principale occupation n'est pas les Hommes. La relation doit donc être d'amour : le Peuple Elfique, les habitants principaux et dirigeants de Faërie, ont une très grande parenté avec les Hommes et un amour permanent pour eux en général. Bien qu'ils ne soient tenus par aucune obligation morale d'assister les Hommes, et qu'ils n'aient pas besoin de leur aide (excepté pour les affaires humaines), ils les aident de temps en temps, éloignant le mal d'eux et entretiennent des relations avec eux, surtout avec certains hommes et femmes qu'ils trouvent adéquats.* Ils, le Peuple Elfique, sont ainsi «bienveillants» au regard des Hommes,


* Il est bien sûr possible qu'ils aient une obligation « morale » (dont nous ignorons les sanctions). Elle peut être contenue dans le mot « parenté », et aussi être due au fait que, en dernier recours, l'ennemi (ou les ennemis) de Faërie sont les mêmes que ceux des Hommes. Il est certain que le monde elfique comme il est ici décrit n'est pas indépendant de l'existence du monde humain, comme distinct des Hommes. Le monde connu des Hommes comme leur habitat a existé et pourrait exister sans les Hommes ; mais non les Hommes sans lui. Il est probable que le monde de Faërie ne pourrait pas exister sans le nôtre, et qu'il soit affecté par les événements qui y ont lieu — l'inverse étant aussi vrai. La « santé » des deux est affecté par l'état de l'autre. Les Hommes n'ont pas le pouvoir d'aider le Peuple elfique dans l'ordonnance et la défense de son royaume ; mais les Elfes ont le pouvoir (à la condition de trouver de la coopération à l'intérieur) de nous aider à protéger notre monde, surtout dans la tentative de rediriger les Hommes quand leur développement tend à défigurer ou détruire leur monde. Les Elfes peuvent ainsi avoir un intérêt propre mis en lumière dans les affaires humaines.

et ne sont pas complètement étrangers, bien que beaucoup de choses et de créatures en Faërie même soient étrangères aux Hommes et même activement hostiles. Leur bonne volonté se voit principalement dans leur tentatives de conserver ou restaurer les relations entre les deux mondes, puisque les Elfes (et quelques Hommes encore) réalisent que cet amour de Faërie est essentiel pour un développement humain complet et approprié. L'amour de Faërie est l'amour de l'amour : une relation envers toutes choses, animées et inanimées, qui inclut amour et respect, et supprime ou modifie l'esprit de possession et domination. Sans cela même la simple « Utilité » deviendrait en fait moins utile ; ou se tournerait en dureté et ne conduirait qu'au simple pouvoir, au final destructeur*. La relation d'apprentissage dans ce conte est ainsi intéressante. Les Hommes dans une large part de leurs activité sont, ou devraient être, dans un statut d'apprenti au regard du peuple elfique. En tentant de sauver Wootton

* Pour cette raison, le peuple elfique hésite à donner possession à n'importe quel être humain quelqu'objet qui lui soit propre et qui soit chargé de pouvoir elfique, appelé par les Hommes de nombreuses façons, telle que magie. La plupart des Hommes l'utiliserait certainement mal comme un simple instrument pour leur propre pouvoir et succès personnel. Tous les hommes en viendraient à s'y accrocher comme à une possession personnelle.

du déclin, les Elfes renversent la situation, et le Roi de Faërie lui-même vient et sert comme un apprenti dans le village.

Cela a été arrangé au travers de Rider. Dans ses voyages de jeunesse, Rider était attiré par la Forêt. A un certain moment, probablement aux alentours de ses dix-huit ans, il s'y aventura, et parvint par « accident » à l'une des « entrées » de Faërie.*

* Cela était probablement arrangé ou attendu par les Elfes. Ils font montre d'une connaissance considérable des gens du village et de leur mariage et hérédité. Comment ils l'obtiennent n'est pas révélé ; mais les événements de ce conte montrent qu'il aurait été possible pour des Elfes travestis d'aller au village sans être reconnus — surtout en « cavaliers » et « voyageurs » et travailleurs itinérants. Qu'un Rider ai été sélectionné pour un contact particulier est ainsi compréhensible. Beaucoup des associés du jeune Rob Rider dans ses premières errances dans le pays ont en fait pu être des Elfes, et leur compagnie et discutions l'ont guidé dans les directions et état d'esprit désirés. De ses aventures là-bas nous ne savons rien. Elles se déroulèrent évidemment entre ses dix-huit et ses trente-cinq ans. Qu'elles aient été de la même sorte que celles reportées de Smith est probable, mêmes elles n'auraient pas été les mêmes. D'une part il est clair qu'il ne vit jamais ni le Roi ni la Reine, bien qu'il ait connaissance de leur existence, et était largement dirigé par leurs commandes ou requêtes. Il rencontra probablement de grands périls, et c'est à ceux-là que peuvent être dus ses retours occasionnels à Wootton (pour se reposer) et son attitude de plus en plus silencieuse et pensive, qui fut particulièrement remarquée quand il retourna à trente-cinq ans à Wootton avec une épouse et qu'il « s'établit ».

Le Roi vit que pour son plan  missionnaire il avait besoin d'hommes qui connaissent bien plus de Faërie que tout ce que les hommes avaient appris depuis très longtemps, mais que ces  « explorateurs » devaient avoir quelque protection. Il conçut dès lors l'emblème ou insigne de l'étoile d'argent, le conçut ou le raviva. Sa propre insigne était une étoile brillante au front. L'emblème était une très petite représentation de cela. Ceux qui la portaient étaient ainsi accrédités (comme s'ils étaient marqués d'une couronne et OHMS !3) et étaient guidés et protégés par tout le peuple elfique, comme étant au service du Roi ou en sa faveur. Mais il restait la propriété du Roi, et n'était pas transférable, ni hériditaire.*


* Non plus qu'il ne conférait à son porteur le droit de faire ce qu'il lui plaisait ou d'aller où il voulait en Faërie.

Cette étoile fut évidemment donnée à Rider à un moment pendant ses dernières visites en Faërie. Pas directement par le Roi (à part sous un travestissement), mais par un messager du Roi ; de façon à ce que Rider connaisse dès le début quelque chose de sa nature et de son utilité, et réalise la grandeur de la faveur — et qu'elle devrait être rendue tôt ou tard. Il semble probable que Rider cessa de visiter Faërie quand il tombe amoureux et épousa la magnifique Rose Sangster de Walton*. Il retourna à Wootton.

* L'hérédité joue un grand rôle dans le conte. Ainsi la mère de Rider était une Piper de Wootton Minor ; son épouse était une des Sangster du plus «vieillot» encore Walton, où les traditions elfiques (et les contacts) étaient toujours maintenus. Au travers de sa fille Ella ces savoir-faire s'unirent avec le grand métier du Forgeron. Mais le désastre le submergea avec la mort de sa femme, et dans les années qui suivirent il retourna fréquemment mais secrètement en Faërie, bien qu'il puisse n'être pas allé plus loin que ses confins. Comme Apprenti du MQ il avait toujours la possibilité de faire de brèves visites. Mais quand il eut 44 ans et devint MQ lui-même ses visites ont certainement dues cesser. Le Maître Queux était trop surveillé (et trop occupé neuf mois ou plus de l'année) pour être trop longtemps absent. Bien sûr, il aurait pu prendre pour excuse de rendre visite à la famille de sa femme à Walton pour s'échapper quelques fois ; mais on n'en a pas entendu parler. Sa tristesse et son « air d'avoir l'esprit ailleurs » étaient dus sans doute non seulement à son deuil mais aussi à cette privation. Soudain, il ne put plus la supporter plus longtemps, et il partit pour ses vacances inattendues et sans précédent. Il ne dit pas où il allait. Il revint probablement à Walton et de là ré-entra en Faërie à l'endroit où il l'avait fait la première fois. (Il est probable aussi que cet endroit était lié à Rose. Elle était peut-être aussi l'une de ceux qui visitait la « Faërie Extérieure », et c'était dans les confins de Faërie qu'il la rencontra pour la première fois).

C'est évidemment pendant cette visite qu'il prit contact avec le peuple elfique. Et le plan-Apprenti lui fut suggéré. Il est probable que cela se passa d'une façon similaire à la façon dont le Roi (en tant que Alf) accosta plus tard Smith. Un Elfe le rencontra comme il quittait Faërie, et se réclamant de l'autorité du Roi, dit qu'il devait être ramené comme l'Apprenti de Rider. Rider agréa. Bien sûr durant son voyage vers Wootton, et plus encore pendant ses trois années de proche commerce avec Alf, Rider aura beaucoup appris du projet du Roi. Il ne devina pas que Alf était le Roi, mais l'accepta comme un Elfe investi de l'autorité du Roi. En privé, il le traitait comme un égal ou un supérieur. Nul doute que ce fut d'abord à sa surprise, voire à sa détresse, que Alf insista pour apparaître à Wootton comme un jeune garçon*. Mais il expliqua que c'était nécessaire. Il lui était plus simple de se faire passer pour

* Puisqu'il est clair que Rider n'avait pas 'intention de retourner à l'office de MQ, duquel il était las, pour plus de temps que nécessaire pour établir son apprenti, l'extrême jeunesse apparente de Alf était propre à présenter des difficultés. Il appert que le Conseil n'avait pas le droit d'interférer dans le choix d'un apprenti, et cela intimait une attente raisonnable de succession. Bien que la désignation comme MQ soit nominalement faite par le Conseil, en règle général, il n'interférait pas ; mais il avait le droit de le faire, surtout en l'absence du MQ (à savoir s'il mourrait durant son exercice, ou comme dans ce cas sans précédent, s'il quittait le village). Rider avait été juste, et (pensait-il) astucieux en louant l'adresse de Alf et ses compétences générales, mais le Conseil contraria son espoir en exerçant son droit face à ce qui lui semblait être une absurdité, d'appointer à un office majeur une personne qui semblait être plutôt un grand gars, mais guère plus âgé que d'une quinzaine d'années.

un « garçon ». Mais il entendait faire un très long séjour à Wootton — incluant dans ses plans de faire au moins deux Grands Gâteaux, ce qui serait mémorable, et de laisser derrière lui une tradition d'un long « règne » de couleurs brillantes et de joie intense, aussi bien que d'excellence culinaire, le tout avec la rumeur que cela était dû à une intrusion bénéfique de Faërie. Il était dès lors nécessaire de lui donner du temps pour paraître vieillir de façon humaine à un rythme au moins crédible.

Alf lui-même devait être bien conscient que la situation et l'esprit du village (qu'il était venu guérir) jouerait effectivement contre sa nomination quand Rider s'en irait, et se satisfaisait de rester apprenti. Ce qu'il ferait, bien entendu.

Un nouveau MQ dans une telle situation ne pourrait pas même s'il le souhaitait congédier l'apprenti régulièrement choisi, du moins tant qu'il n'aurait pas exercé pendant quelques années, et même alors il devrait avoir à charge de bonnes preuves d'incompétence. On peut présumer que la nomination de Nokes faisait en fait partie du plan d'Alf, et qu'il l'avait « arrangé » — durant trois ans il s'était fait des « amis » au village et il lui fut aisé, sans doute, de diffuser l'idée qu'on pouvait donner une chance à Nokes. Cela était, façon de parler, une attaque directe au coeur de la vulgarité et de la suffisance de Wootton, probablement avec quelqu'espoir (quoique faible) de conversion. Nokes se montra néanmoins trop vaniteux et aussi trop mesquin. Il était assez perspicace ou assez rusé pour reconnaître l'utilité d'Alf pour lui, mais la courtoisie d'Alf ne fit qu'augmenter le comportement dominateur de Nokes, alors que ses services n'entraînait non de la gratitude mais de l'aversion. Nokes avait cependant une qualité, ou les restes d'une. Il semble qu'il ait aimé les enfants, à sa façon :  de façon facétieuse et condescendante ; cependant cela lui permettait d'admettre « Faërie » au moins comme quelque chose* pouvant les amuser, et il s'amusait des « fèves » dans le gâteau. De cela Alf fit


* Il semble probable que la notion de « Reine des Fées » sur le Gâteau soit en fait celle de Nokes, bien qu'il soit trop paresseux pour la faire lui-même. On notera qu'Alf suivit l'idée de Nokes, ne l'atténuant que par adresse et par beauté de la façon qui lui était propre. Il inclut même l'idée stupide que les « fées » doivent avoir des « baguettes magiques », qui était l'une des idées fixes de Nokes, c'était bien sûr une insulte à la Reine, et néanmoins un « aperçu » de Faërie pour les réceptifs. Comme la Reine l'expliqua plus tard.


bon usage. Alf était aussi généreux que Nokes était pingre ; et il semble avoir eu un sentiment affectueux (non de la pitié uniquement)
pour Nokes : probablement fondé sur sa gentillesse envers les enfants (selon ses vues), non seulement à leur seul divertissement, duquel le conte donne un récit. Sa dernière conversation avec Nokes, maintenant un très vieil homme, ne doit pas être vue comme une façon de provoquer ou de se gausser d'un opposant stupide et vaincu. C'était une tentative (bien que désespérée) de lui faire face avant le départ d'Alf, et de mettre dans la tête du vieil homme un aperçu ténu de ce qui se passait : il entendait probablement donner finalement un indice indiquant que l'honneur de l'étoile retombait sur l'un des propres descendants de Nokes. Mais la rudesse outrancière de Nokes — après tout, il s'adressait à un homme qui avait été MQ plus
longtemps que lui — était trop à supporter. Alf montra de la pitié et de la gentillesse en retour de la confession (bien qu'elle ait été faite uniquement par
peur) que Nokes n'était « qu'un pauvre vieux » ; et plus subtilement, en arrangeant les choses de façon à ce que la fierté heurtée de Nokes puisse se refugier dans l'idée que cela n'était qu'un rêve.

Il reste quelques points. Comment Alf se fit-il accepter ? Pourquoi Rider était-il plus heureux après être rentré de vacances ? Où alla-t-il après son départ final ?

Rider présenta probablement Alf  à Wootton Major comme étant « Alf de Walton ». Sa jeunesse expliquant qu'il n'ait pas de nom de métier. Il restait une tradition selon laquelle les gens de Walton étaient des « parents », bien que vieillots et très rarement visités, et cela cadrait avec la situation. On aurait pu regarder d'un mauvais œil un jeune de l'un des villages les plus à l'est, mais on l'aurait considéré comme plus normal. On savait que la femme de Rider venait de Walton ; et beaucoup pensèrent sans doute
qu'Alf était de sa famille.

Rider était plus joyeux, parce qu'il pensait avoir trouvé une solution à son propre problème. Il était en contact avec Faërie durant l'année noire suivant la mort de sa jeune épouse ; et offrir ses services au MQ, et devenir ainsi MQ lui-même le moment venu lui fut sans doute intimé par le Roi (à travers des émissaires). Il fit de son mieux —  ce qui était très bien —  mais se lassa rapidement de la charge et de sa popularité et de la restriction de ses mouvements. Après 18 ans il ne put plus le supporter sans une pause. Mais le « plan apprenti » lui donna un espoir de quitter la charge sans léser réellement le village, tout en accomplissant les desseins du Roi. Et il était aussi revigoré par sa visite en Faërie.

Il resta en charge le minimum de temps nécessaire, puis partit —  sans doute pour retourner à Walton. Il pensait clairement revoir Alf, et avant longtemps, puisqu'il avait lui-même déjà 65 ans. Il s'attendait probablement à ce que cette rencontre ai lieu à l'intérieur des frontières de Faërie. Rider était à présent « désétoilé », mais il devait avoir prévu de visiter au moins la Faërie extérieure. Sa fille était à présent heureusement mariée et occupée, et il se sentit libre. Il retourna à Walton, où par l'« entrée » qui lui était bien familière, il pouvait entrer en Faërie, mais vivre et finir ses jours parmi la famille de sa femme. Il est à noter que quand le forgeron fut à son tour « désétoilé », il ne tenta plus jamais de retourner en Faërie. Sans doute l'aurait-il pu, s'il l'avait souhaité. Mais il n'aurait pu aller profondément dans le royaume encore. Ses expériences furent clairement bien plus périlleuses et exaltantes que celles de Rider, et il ne pouvait plus se contenter de la « Faërie Extérieure ». Il devait soit s'abstenir ou être tenté de faire des voyages pour lesquels il n'avaient plus la « licence » ou la protection. Et il n'était pas libre. Il devait penser à sa famille. Surtout à son fils. Il avait en lui la force de travailler encore dix ou même quinze ans, et devait former son fils à son art le plus complètement possible avant de prendre sa retraite. Son fils avait déjà vingt-quatre ans et n'était pas encore marié. Alors que Nell et sa fille Nan étaient probablement elles-mêmes des amies-des-Elfes, et même des errantes en Faërie extérieure, Ned dépendait de son père. Il ne pouvait recevoir la Faërie qu'au travers du savoir et de la compagnie du vieux forgeron. Il était ainsi précisément l'un de ces hommes et travailleurs pratiques et parfaitement normaux que le plan du Roi visait à éclairer et vivifier.

Il n'est pas utile de chercher une allégorie. Le genre d'enseignement tel que cette petite histoire contient est implicite, et n'en serait pas moins présent si c'était une grande narration d'événements historiques. Mais (comme dans mes histoires en général) on pourra remarquer qu'il n'y a pas de religion. Il n'y a pas d'église ou de temple. Parmi les métiers il n'y a ni pasteur ni prêtre. Les fêtes sont ce qui s'en approche le plus. A en juger par la seule qui soit nommée, la Fête de l'Hiver  en plein hiver, ils doivent être liés aux saisons : associés au Printemps et au Plein été et à la Moisson et autres. A l'origine ce genre de fête est inséparable de la « religion », mais à Wootton Major au moment de ce conte il n'y a évidemment plus aucune référence religieuse : pas plus que dans nos Quarter Days 4 en tant que tel. (Nul pouvoir ou pouvoirs n'est par une quelconque cérémonie apaisé, supplié ou remercié.) Dans une histoire écrite par un homme religieux c'est une indication claire que la religion n'est pas absente mais sous-tendue : le conte ne traite pas de religion, ou particulièrement de sa relation au autre choses. Il n'apparaît donc pas ainsi. Sinon un court essai sur ce point aurait été plus approprié qu'un conte.

La Grand'Salle est évidemment, d'une certaine façon, une « allégorie » de l'église du village ; le Maître Queux avec sa maison adjacente, et sa charge qui n'est pas héréditaire, qui fournit ses propres instructions et sa succession mais n'est pas l'un des métiers « séculaires » ou profitables, et pourtant supporté financièrement par le village, est clairement le Pasteur et sa prêtrise. « Cuisiner » est une affaire domestique pratiquée par les hommes et les femmes : la religion et les prières personnelles. Le Maître Queux préside et alimente toutes les fêtes religieuses de l'année, et aussi toutes les occasions religieuses qui ne sont pas universelles : naissances, mariages, et morts. Néanmoins la Grand'Salle n'est plus peinte ou décorée. Si les gravures antiques, qu'elles soient grotesques comme les gargouilles, ou magnifiques et d'import religieux, sont préservées d'une façon quelconque, c'est simplement par tradition. La Salle est conservée l'épreuve de la pluie, du temps, et chaleureuse : ce sont les principaux objectifs des quelques soins qu'on lui prodigue. Les Fêtes sont de simples assemblées publiques, pour des discutions assorties de nourriture et boissons : il n'y a plus de chansons, de musiques ou de danse. L'église a été « réformée ». Le souvenir de jours « plus heureux » survit, mais la grande majorité du village n'approuverait pas leur remise à jour. Qu'un MQ puisse lui-même chanter était considéré comme inadéquat avec sa charge.

L'industrie et le sobre et dur travail doivent principalement être recommandés ; mais l'appât du gain d'une telle assiduité devient dominant. Moins une occupation est commercialement profitable, moins elle est estimée. (On peut penser que bien que rien ne le laisse prévoir, le temps n'est pas loin où la charge de MQ sera abolie. La Salle deviendra une simple place d'affaire, la propriété de la Chambre des Métiers, louable par ceux qui pourront se le permettre pour de grandes occasions familiales. Si quelques Queux survivent ils deviendront commerçants, ouvriront des auberges et des restaurants adaptés aux goûts divers des clients.)

MAIS Faërie n'est pas religieuse. Il est tout à fait évident que ce n'est pas les Cieux ou le Paradis. Il est certain que ses habitants, les Elfes, ne sont pas des anges ou des émissaires de Dieu (directement). Le conte ne traite pas de la religion même. Les Elfes ne planifient pas de réveiller la dévotion religieuse de Wootton. L'allégorie du Queux ne convient à aucun de ces imports. Faërie représente, en sa plus faible acception, une échappée (au moins en esprit) du cercle de fer du monde familier, plus encore du cercle adamantin de la croyance selon laquelle il serait connu, possédé, contrôlé et ainsi (au final) serait tout ce qui mérite d'être considéré — une conscience constante d'un monde au-delà de ces cercles. Plus encore, elle représente l'amour : c'est-à-dire un amour et un respect pour toutes les choses, « inanimées » et  « animées », un amour non possessif pour eux comme « autres ». Cet « amour » produira à la fois de la pitié et une grande joie. Les choses vues dans sa lumière seront respectées, et elles apparaîtront comme merveilleuses, magnifiques, extraordinaires et même glorieuses. On peut en effet dire de Faërie qu'elle représente l'Imagination (sans définition parce qu'acceptant toutes les définitions de ce monde) :  esthétique : exploratrice et réceptive ; et artistique : inventive, dynamique, (sub) créatrice. Ce mélange — de conscience d'un monde sans limites hors de notre paroisse  domestique ; un amour (en pitié et admiration) pour les choses qui y sont ; et un désir de d'émerveillement, d'enchantement, les deux perçus et conçus — cette « Faërie » est aussi nécessaire pour la santé et le fonctionnement complet de l'Humain que peut l'être la lumière du soleil pour la vie physique : la lumière du soleil comme distincte du sol, disons, bien qu'en fait elle imprègne et modifie même cela.

1Pour cette raison, les noms propres (de famille ou de lieu) sont laissés tels qu'apparaissant dans la v.o. Le cas échéant, une traduction est proposée entre crochets et en italique.

2Crowther : de « croude », du gallois « crwth », désignant un instrument à corde pincée, se jouant comme le fiddle. Il n'existe pas de terme français à proprement parler (on emploie généralement « crouth ». La prononciation du « th » étant problématique en français, je l'ai remplacé par un « d »).

3 On His Majesty Service, « au service de sa majesté »

4 Les Quarter Days n'ont pas d'équivalent en France, il me semble. En Angleterre et au Pays de Galles, ils tombent  le 25 mars (Lady Day), le 24 juin (Midsummer Day), le 29 septembre (Michaelmas) et le 25 décembre (Noël). Deux d'entre eux tombent lors des solstices, et c'est traditionnellement durant les Quarter Days que les dettes sont payées et les serviteurs embauchés...


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#2 07-09-2008 02:29

Laegalad
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Qu'est-ce que je disais, il y a bien des sauts de ligne intempestifs, et il n'a pas l'air d'apprécier le gris... Je précise aussi que les notes de fin sont des notes de traduction ;)

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#3 08-09-2008 00:38

sosryko
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

ron-ron-rrr-rrrr-ron :-))

Que dire, sinon bravo pour l'idée et félicitations pour le résultat. Mais aussi un énorme merci au nom de tous ceux qui n'ont pas accès à ce commentaire ou qui ne pouvaient pas le lire en anglais.
Après l'avoir travaillé cet été pour la seconde fois, je suis comme toi très attaché à ce texte pour son originalité et pour la beauté de certains passages, et pense qu'il ne te reste plus qu'à te lancer dans la traduction des brouillons de On Faery Stories ;-)

Un seul petit détail : il aurait été bon d'encourager tous les lecteurs qui ne le connaissent pas de commencer par lire le conte de Smith avant son commentaire. C'est une évidence, mais qu'il est parfois bon de rappeler...

Encore bravo et merci Laegalad

Sosryko

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#4 08-09-2008 11:54

Druss
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

sosryko a dit :
Un seul petit détail : il aurait été bon d'encourager tous les lecteurs qui ne le connaissent pas de commencer par lire le conte de Smith avant son commentaire.

Faisant partie de ceux qui connaissent le conte (en VF), le commentaire m'a donné envie de le relire, en prenant en compte les éclaircissements.

Sinon, en lui-même, je trouve comme tu le soulignais Laegalad, que c'est un beau texte. Enfin, merci beaucoup de partager. Je ne savais même pas qu'il existait une version étendue de Smith of Wootton Major.

PS: serait-il possible de récupérer le commentaire sous format doc ou pdf pour pouvoir l'imprimer s'il te plait?

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#5 08-09-2008 15:28

Laegalad
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Merci à tous deux :)

Il est vrai que ce texte contient des informations sur ce qui se passe dans Smith ; en réalité, je n'avais pas pensé qu'on puisse ne pas avoir lu ce conte avant :D

Sur la suggestion de Thrain (de Tolkiendil), j'ai envoyé un mail à la TS pour savoir si j'ai le droit de divulguer ma traduction : je ne m'étais pas inquiétée d'une quelconque contre-indication légale, j'espère qu'ils seront d'accord, parce qu'autant on peut agir sur Tolkiendil, autant pour supprimer un fuseau sur jrrvf, j'ai plus de doute... et surtout, ça m'ennuierait beaucoup de ne pas faire profiter de ce texte !

Quant à la traduction des brouillons de OFS, heeeu... ça attendra un petit peu, d'accord ? Une fois que tu nous auras fait part de tes travaux sur Tom ? :p

S. — comment ça, taquine, moi ? ;)

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#6 08-09-2008 15:38

Druss
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Quelques petites corrections:
une existence « réelle », à savoir une existence par eux-mêmes
vulgairement satisfaits d'eux-mêmes
les « fêtes » étaient principalement célébrées
l'entrée dans le monde féerique est communément présentée
Ce qui rend possible l'utilisation d’Alf
Mais le Maître Queux était un employé public, et important. Son salaire était pris sur les fonds publics, comme l'était l'approvisionnement pour les fêtes publiques
que l'a. ne soit considéré comme expérimenté
Pendant ce temps, bien que les rumeurs aillent bon train
et de nouveaux plans pour l'organisation de la Fête étaient dressés.
A cinquante-deux ans, il n'avait toujours pas choisi d'apprenti
Il était évident que Rider aimait beaucoup ce « garçon ».
Ce qu'Alf l'apprenti pensait est un autre problème
qu’Alf était un Elfe travesti
l'« arrière-plan » qui suit servira à expliquer les événements.
Les peuples de ces trois villages étaient d'origine très proche ; et au moins pour les villages de Wootton, les intermariages étaient très fréquents. 
Les pratiquants des artisanats commercialisables et exportables étaient en train de devenir plus riches et plus importants
mais perdaient (sans s'en apercevoir eux-mêmes)
Les chansons, les contes, la musique, la danse n'y avaient plus leur part
La « santé » des deux est affectée par l'état de l'autre
Son propre insigne était une étoile brillante au front
Il ne devina pas qu’Alf était le Roi
alors que ses services n’entraînaient non de la gratitude mais de l'aversion
Il s'attendait probablement à ce que cette rencontre ait lieu à l'intérieur des frontières de Faërie
des voyages pour lesquels il n'avait plus la « licence »
particulièrement de sa relation aux autres choses

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#7 08-09-2008 16:29

sosryko
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major


La Taquine a dit :

Une fois que tu nous auras fait part de tes travaux sur Tom ? :p

rooohhh... ça dépend moins de moi que de l'éditeur d'une certaine Feuille ;-)
En attendant, je ne crois pas que tu sois la plus lésée à ce sujet ;-)

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#8 08-09-2008 16:47

Laegalad
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[Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Druss : merci ! j'intègrerai ça dès que je pourrai :)
Le Bombadilophile : pas la plus lésée, non ;) Mais je sais qu'il y a des choses que je ne sais pas ! Donc je fais partie des plus impatients :)

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#9 19-09-2008 22:09

Yyr
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major


Bravo et grand merci pour ce travail Princesse Laegalad :)
J'ai fini ma propre relecture et te l'ai transmise par courriel.

Certains passages sont de toute beauté effectivement, qu'il s'agit de partager au plus grand nombre, nombre qu'il s'agit aussi d'encourager à la lecture du conte lui-même, « testament poétique » de Tolkien, selon les mots d'EJK. Gageons en tout cas que nous saurons le plus possible nous garder de la « banalisation de Wootton » :

Nokes est un indicateur de la banalisation de Wootton. Il est évidemment une sorte de cas extrême, mais représente clairement une attitude qui se développait rapidement au village, et qui prenait du poids. Les fêtes devenaient, ou était déjà devenues, de simples occasions de manger et boire. Les chanson, les contes, la musique, la danse n'y avaient plus leur part [...]
Du Conte de fées (Essai)

Avis aux prochains moots ;)

Yyr

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#10 23-09-2008 19:09

Laegalad
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Hi hi, merci : recevoir l'approbation d'un Étoilé est très important pour ce genre de traduction :D

Quant aux danses / musique / contes, ma foi, j'ai toujours emmené mes flûtiaux, je crois ? Et à Cidre et Dragon, on a pris de la Faërie plein les yeux ! :)

J'ai donc à présent intégré toutes les remarques de Druss, ainsi que les tiennes... mais toujours pas de réponse de la TS au sujet du droit du traducteur (savoir si je pouvais délivrer sur le net ma trado).

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#11 23-09-2008 21:52

ISENGAR
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Délivrer ta traduction sur le net ?
N'est-ce pas déjà fait ? ;p

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#12 23-09-2008 21:57

Laegalad
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Gnagnagna, si, mais sur Tolkiendil on m'a rappelé qu'il y avait peut-être des histoires de droit dont il faudrait s'inquiéter. De part ma générosité naturelle ;), je ne vois pas quel souci il pourrait y avoir, mais après, si on rentre dans des histoires de sous...

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#13 18-10-2022 21:43

paul
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Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

Je déterre un vieux fuseau (désolé je débarque un peu) mais merci pour cette traduction !
Cette explication de texte par Tolkien lui-même m'était inconnue bien que j'ai lu à plusieurs reprises le conte de Smith que j'apprécie de longue date.
Il me semble que j'avais perçu l'idée générale ou à tout le moins une part du sens "caché" de ce conte mais je n'avais jamais fait le lien entre la Grand'salle et l'église !
Lien ou plutôt parallèle qui semble évident à la lecture de cet essai...

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#14 18-10-2022 21:55

paul
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Messages : 94

Re : [Traduction] Essay on Smith of Wootton Major

j'en profite pour compléter la liste de coquilles de Druss (ci-dessus) :

- on la dit même meilleure que toutes celles qui furent tenues de mémoire d'homme.
- comme un endroit où beaucoup de gens étaient étranges et vieillots
- Qu'elles aient été de la même sorte que celles reportées de Smith est probable, mêmes elles n'auraient pas été les mêmes. (il doit manquer qlq chose pour que la phrase soit plus lisible)
- Il apparaît que le Conseil n'avait pas le droit d'interférer dans le choix d'un apprenti
- que la fierté heurtée de Nokes puisse se réfugier dans l'idée que cela n'était qu'un rêve.
- il pouvait entrer en Faërie, mais vivre et finir ses jours parmi la famille de sa femme. (pareil, la phrase est bancale)
- Ce mélange — de conscience d'un monde sans limites hors de notre paroisse domestique

A toute fin utile

PS @Laegalad : le texte de la traduction présenté en tête de ce fuseau ne tient pas compte des corrections relevées par Druss notamment ; cela pourrait éviter des doublons...

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