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bien, j'obéis à Eric.
pour le lien entre Tolkien et ce sujet, voir le fuseau source : http://www.jrrvf.com/forum/noncgi/Forum3/HTML/000282.html
voici quelques éléments permettant de comprendre le débat. le problème n'est pas "le statut des enseignants chercheurs" ; en réalité, c'est la communauté universitaire entière (enseignants chercheurs, étudiants, personnel administratif, ingénieurs de recherche, employés dans la restauration et l'entretien, etc.) qui s'insurgent contre les attaques répétées dont elle est victime. Et cela, quelles que soient les convictions politiques.
Ce n'est pas à moi de parler au nom des étudiants et du personnel non-enseignant. Je m'en tiens donc à quelques éléments
1) un entretien parmi d'autres d'une représentante des enseignants-chercheurs :
http://www.liberation.fr/sciences/120192-pourquoi-les-enseignants-chercheurs-sont-ils-en-colere
il est bref, beaucoup de points ne sont pas abordés.
2) sur la recherche française et la diffamation dont elle est victime (nous serions nuls, sur-payés, nos résultats seraient risibles...) : le discours du président de la république a scandalisé toutes les personnes qui connaissent un peu la situation.
des collègues l'ont raccourci et ont donné quelques chiffres pour le mettre en perspective. C'est certainement le document le plus "politique" de ceux que j'indique ; mais il est impossible de laisser passer ces propos-là.
http://www.youtube.com/watch?v=iyBXfmrVhrk%20
3) dans le mail suivant, des textes distribués aux personnes qui s'arrêtent pour discuter, lorsque nous faisons cours dans la rue.
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LUNIVERSITÉ SARRÊTE
POURQUOI? À cause de toutes les décisions imposées sans concertation:
- mastérisation de la formation des enseignants du primaire et du secondaire
- réforme du statut des enseignants-chercheurs
- suppression de centaines de postes dans lenseignement supérieur et la recherche
- projet de contrat doctoral qui ferait des jeunes chercheurs une main-duvre corvéable
- éclatement du CNRS (dont la réputation dexcellence est mondiale), entraînant une perte de visibilité de la recherche française et la disparition de champs entiers de recherche
Pourquoi protester contre la mastérisation?
La réforme remplace le système des concours de recrutement (CAPES) par un système double où il faut à la fois un diplôme de master ET le concours pour être enseignant en collège et lycée.
- le master des métiers denseignement est un diplôme sans débouchés autres que le concours. La majorité des étudiants obtiendront le master mais échoueront au concours (et on sait que le nombre des postes mis au concours va diminuer). Ils ne seront pas recrutés comme enseignants fonctionnaires: ils seront condamnés à des postes précaires de contractuels.
La réforme ne permet pas la revalorisation du métier mais sa précarisation.
- contrairement à ce qui est dit, la durée des études nest pas allongée. On remplace lannée de stage et de formation professionnelle par une année de master. Les enseignants avaient déjà le niveau bac+5. En revanche, ils perdent une année de stage rémunéré.
- le ministère prétend améliorer la formation des enseignants dans la discipline quils enseignent. Cest faux. Au concours, le niveau exigé sera celui de la licence il sera donc moins élevé quavant. À loral du concours, les épreuves porteront sur la pédagogie et la connaissance du système éducatif, cest-à-dire sur le jargon du ministère, pas sur la discipline enseignée. Le futur prof danglais de vos enfants naura pas été évalué sur sa capacité à parler anglais.
Pourquoi protester contre la réforme du statut des enseignants-chercheurs?
Actuellement, les enseignants-chercheurs font moitié enseignement, moitié recherche. 192 heures denseignement par an, cest beaucoup plus de temps de préparation et de corrections (jusquà 2 jours pour un cours d1 heure). Leurs cours sont bons parce que ces enseignants font de la recherche: on ne simprovise pas spécialiste de la politique américaine, de la Renaissance ou de la physique des matériaux.
La réforme prévoit dévaluer tous les enseignants-chercheurs en se fondant essentiellement sur le nombre de leurs publications, sans donner les moyens dune évaluation complète, précise et juste.
Suite à cette évaluation, les mauvais chercheurs devront faire plus de cours.
Dans cette réforme, lenseignement est une punition. Vos enfants ne sont pas la priorité de luniversité. On peut leur donner les plus mauvais universitaires.
Le vrai but est de faire des économies : supprimer des postes, nous faire faire moins de recherche et plus de cours. Nous allons donc enseigner plus pour le même prix.
Mais si nous cessons de faire de la recherche, la qualité de nos cours diminuera: ce sont vos enfants qui en pâtiront.
Enfin, la réforme donne tous les pouvoirs aux présidents duniversités. Ce sera le règne du localisme et du copinage et la fin dune université ambitieuse pour tous.
Avec vous, POUR VOS ENFANTS, sauvons lUniversité !
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voilà quelques éléments.
je ne souhaite pas polémiquer, et je laisse de côté bien d'autres choses.
je sais par avance que l'on peut me répondre que les profs de fac sont des privilégiés, etc. ; je dirai seulement que nous sommes moins bien payés et que nous faisons plus d'heures de cours (le double ou le triple) que nos homologues exerçant dans les pays avec lesquels on nous compare - Grande Bretagne, USA, etc.
sur ce, je retourne "chercher" sur Tolkien... pour pouvoir continuer à le traduire.
amicalement,
vincent
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Merci pour ces éléments qui apporte de l'éclairage à la situation, cher Vincent.
De la nécessaire réforme des politiques publiques à la mordorisation unilatérale de l'Etat, la frontière devient de plus en plus floue... et c'est bien triste pour l'avenir.
I.
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Pour ceux qui veulent savoir comment on évalue un chercheur, je me permets de rajouter un spot à l'éclairage en renvoyant vers ce lien (article paru dans le Monde diplomatique).
Of course, soutien total au mouvement des enseignants chercheurs.
Bravo pour ce fuseau Vincent.
Silmo
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J'ajoute pour ma part que "ces éléments apportent de l'éclairage"...
Heureusement qu'on évalue pas les cadres administratifs sur l'aurtograf...
*honte*
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Si Tolkien avait dû être évalué essetniellement sur le nombre de publications professionnelles publiées, il n'aurait pas fait long feu dans son université...
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Merci en effet pour ces éléments éclairants.
Quant au Monde Diplomatique, il nous ramène à Tolkien via Pierre Jourde.
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"Heureusement qu'on n'évalue pas", dirais-je plutôt... Mais je suis d'accord sur le fond, et même plutôt deux fois qu'une !
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Merci mille fois d'avoir pris le temps de nous informer sur cette situation pressante, cher Vincent. Nous soutenons le combat.
s.
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Lu sur l'excellent site : http://www.latribunedelart.com/
"La grève et les manifestations ne sont pas les seuls moyens pour protester. Depuis quelques jours, les universitaires multiplient les actions symboliques pour faire connaitre leur opposition aux projets actuels de réforme. Hier [lundi 16.02.2009] était organisée par les enseignants-chercheurs une lecture publique de La Princesse de Clèves, l'uvre honnie par le président de la République parce qu'il a, dit-il, « beaucoup souffert sur elle » (sic).
Aujourd'hui [mardi 17.02.2009] , devant le Panthéon, trois enseignants en histoire de l'art de Paris IV, habillés de leur toge, faisaient un cours public, bravant la pluie qui menaçait. De très nombreux étudiants s'étaient réunis pour entendre Nathalie de Chaisemartin parler de la Lutèce antique, Alexandre Gady disserter sur la construction de l'église Sainte-Geneviève de Soufflot, aujourd'hui Panthéon, et Barthélémy Jobert décrypter le programme sculpté qui s'offrait à la vue de tous."
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En tant qu'étudiant j'approuve totalement ce qui est dit, merci d'informer les forumeurs de ce que signifie cette "réforme" pour l'Université (ce que la plupart des gens ne peuvent pas saisir puisque le filtre des médias fait qu'ils ne peuvent pourtant rien en saisir). Dieu sait que je ne suis pas un contestataire, mais il faut bien dire que la "réforme" n'en est pas moins l'arrêt de mort de ce qui fait les intellectuels.
Tar Baladur (en rogne).
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Juste pour préciser que les cours publics dont parle Silmo ont lieu aussi en province:
C'est une manière inventive et fort sympathique de manifester. Je crains néanmoins, comme le dit Tar B, que les gens, par manque d'information, ne se sentent pas très proches du mouvement...(ne lisez pas les commentaires sous les articles des journaux connus en ligne qui en parlent, ça va vous casser le moral)
Bon courage et solidarité.
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Comment faire pour aider la cause des chercheurs ? En tant qu'internautes nos moyens d'actions sont limités mais nous nous devons de faire passer le message ! D'une part pour tolkien, la sève de notre passion, mais aussi pour soutenir Vincent ainsi que tout ceux dont les travaux nous permettent d'assouvir notre soif de connaissances sur l'oeuvre de JRRT.
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Merci Vincent pour ces quelques éclaircissements :).
Ce n'est peut-être qu'un détail parmi une foule de choses vitales, mais en tant qu'étudiante en classe prépa et future prof d'anglais (si tout va bien), je réalise que vraiment on est super mal informés dans notre petit monde clos, et c'est bien dommage...
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une page intéressante sur le sujet de l'évaluation des chercheurs:
http://www.laviedesidees.fr/Pour-des-universites-plus-justes.html
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Ils on decide de revoir leur copie et, apparemment, certains syndicats sont satisfaits, mais...
Qu'en est-il du changement prevu?
Que pensez-vous de cette phrase (personnellement, elle me laisse perplexe...)
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Bonjour !
cela fait très très longtemps que je ne suis pas venue sur JRRVF, mais j'ai "soudain" pensé que Vincent y avait sans doute parlé du mouvement en cours. En fait, j'ai vu le nom de Vincent sur le site de Sauvons l'Université, et ça a fait "tilt". heureuse de lire sur un forum des messages de soutien...
Le gouvernement continue à faire la sourde oreille.
la phrase évoquée par Feuille de Niggle sur "l'accord de l'intéressé" ne saurait rassurer les enseignants-chercheurs : comment en effet ne pas imaginer les pressions que nous subirons de fait, la plus simple étant le rapport entre refuser de faire des heures en plus et voir un enseignement disparaître tout simplement... Et sur la "masterisation des concours", on n'a pas avancé d'un iota. les "nouveaux capes" restent très affaiblis disciplinairement, sans que cela soit au profit d'une meilleure formation professionnelle (mais comment peut-on envisager sérieusement que l'un aille sans l'autre ?).
bref, l'ambiance n'est pas à l'optimisme. dans mon université, les étudiants ont voté le blocage, et de ce que j'ai vu aujourd'hui, je doute que cela ne soit que pour quelques jours. jeudi, une nouvelle fois dans la rue...
mes amitiés à la communauté jrrvfienne, pour ceux qui m'y ont lue autrefois !
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