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Bonsoir... Je n'ai pas trop l'habitude de poster dans le forum (pas la peine de vous faire profiter de mon inculture) mais une petite expérience vécue au Cameroun me parait intéressante à raconter.
Je suis là depuis septembre, d'abord en stage au service de presse de l'ambassade, et ensuite dans un journal local. Bien sûr, je me suis fait de bons amis parmi les journalistes... J'ai même logé un copain qui était dehors, pour des raisons que je ne développerais pas. Un pur camerounais, qui n'a jamais quitté son pays. Ceci dit, journaliste talentueux, maitrisé de je ne sais plus quoi, intelligent et cultivé. Bref, je me suis dit : pourquoi pas ?
Eh oui... pourquoi pas tenter de lui faire partager ma passion tolkienienne ?
Comment ais-je eu cette idée loufoque ? Je crois que c'est après l'avoir vu en train de scruter la "carte du hobbit" que mon petit frère m'a offerte voilà plusieurs Noëls. "La carte t'intéresse ?" Lui ais-je demandé. "Elle me fait même peur, c'est trop bizarre ton truc", m'a t-il répondu. "Ca me questionne..."
Je lui ai laissé en partant en vacances clés, provisions au frigo et... un petit bouquin en anglais (de toutes façons il est bilingue) qui s'appelait The Hobbit. "Si tu veux comprendre la carte..."
A mon retour, il en avait lu 100 pages, en une heure de temps... et avait laissé tomber.
"Ton livre là, j'ai pas pu." (c'est pourtant un bon lecteur !) "Ca m'a fait trop peur, c'est comme la carte. On a l'impression qu'on va mourir en lisant ça".
Sur le coup, je me suis découragée. Oui, bien sur, comment faire apprécier à quelqu'un dont la culture est si différente...
Et puis en y repensant... C'est ce que j'avais vécu avec le même bouquin il y a quelques années... Les premiers châpitre (jusqu'à la découverte de l'anneau) et après... Il m'a fallu deux an avant de reprendre la lecture du livre !
Qu'en pensez vous ?
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Je pense qu'en fait c'est tres interessant. Merci de nous faire partager ca :-) Je me suis souvent demande en effet comment JRR serait percu dans d'autres cultures (va savoir pourquoi j'avais envisage le Japon dans mes petites theories personnelles...). Je me suis aussi demande ce qu'il en aurait ete si JRR avait ete itlalien... Ou comment les "oeuvres cultes" d'autres cultures seraient percus par nous...
Merci en tout cas.
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Comme Saivh, je trouve très intéressant de se demander comment Tolkien est reçu dans les autres cultures....Mais dans le cas que tu racontes, j'avoue que je suis surtout étonnée!....Qu'est ce qui lui a fait peur à ton copain? Il t'a donné des précisions?
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Oui, il m'a donné des précisions, et nous en avons discuté un peu.
Tout d'abord, je crois qu'il n'avait jamais rien lu de semblable. Les romans de "fantasy", d"heroic fantasy", de SF et autres n'ont pas autant de succès au Cameroun. L'imagination est peut-être un luxe que ne peuvent s'offrir que ceux qui ne se demandent pas ou ils dormiront le soir même ou s'ils pourront avaler quelque chose demain... comme c'est le cas de cet ami.
Donc, l'inconnu. "Il n'y a pas de point de repère, rien de connu, même le pays ou ça se passe, l'époque de l'histoire... et aucune présence humaine !"
Avec les contes parlant d'animaux, tels qu'il en existe beaucoup au Cameroun, on trouve quand même ses repères : ces contes genre "fables de La Fontaine", c'est les mêmes dans tous les pays : on se reconnait dans des héros antropomorphes. Mais là ???
Cette destabilisation, je l'ai comprise. Et finalement, peut-être que nous, en Europe, nous avons été élevé dans un imaginaire en sachant que ce n'était qu'un imaginaire. Ici au Cameroun, il n'y a pas d'imaginaire. Il n'y a que des choses dans lesquelles on croit... Ou non. Sorcellerie, envoutement, divinités, arbres sacrés... sans parler des religions classiques. Ce copain ne croit en rien, mais vraiment rien de tout ça. Dieu ? Un grand horloger. L'au delà ? Une utopie. Simple réaction aux mutliples croyances de sa mère peut-être, qui insiste pour qu'il porte un bracelet porte bonheur et qui va à la Messe tous les jours.
Ceci dit... aurait-on pu "pousser" ? Je serai tentée de lui abandonner le livre à mon départ, mais je crois qu'il en a trop peur. Curieux, non ? Comme on peut avoir peur d'un livre...
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Saivh>
Concernant le Japon, le SdA est traduit en japonais. Il y a une Tolkien Society à Tokyo qui organise des réunions bi-annuelles et des représentants de cette TS étaient présent à Oxford lors des deux derniers Oxonmoot et à Birmingham 2005. En 2004 Pricilia Tolkien avait souhaité rencontrer des représentants de létranger et javais été invité chez elle avec deux japonais (entre autre).
A cette occasion javais pu échanger avec eux sur la perception de Tolkien malgré la barrière culturelle. Il mavait répondu que la culture « chevaleresque » véhiculée par le Sda ne différait pas tellement de celle des Samouraïs et que Tolkien passait très bien dans leur pays.
Seule une difficulté pour eux, les aspects « entièrement catholiques » de luvre quils avaient du mal a saisir car leur connaissance du christianisme était à peu près aussi embryonnaire que la mienne du shintoïsme.
Jai évidemment perdu les coordonnées des ces personnes mais si le sujet tintéresse tu peux tadresser à la TS dOxford qui pourra certainement te mettre en relation avec un correspondant au Japon
amicalement
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Comme le sujet nous intéresse, nous en avons un peu parlé entre nous, au moot de ce week-end.
Une réflexion qu'y a fait Lambertine pourrait nous éclairer sur la réaction de ton ami camerounais, Isabelle. Lorsque nous lisons des contes et des mythes provenant de cultures vraiment très éloignées de la nôtre (ici, Lambertine a cité les Aborigènes australiens), nous éprouvons aussi une réaction d'incompréhension pouvant aller jusqu'au rejet, tant les thèmes nous paraissent bizarres et les valeurs déroutantes ou effrayantes.. Ceci tant que nous ne possédons pas les clés qui nous permettraient de les interpréter. Dès que nous avons accès à ces clés, ces récits prennent une signification totalement différente de celle que nous avions cru y voir, et nous deviennent plus compréhensibles et plus familiers.
L'Afrique connait aussi des épopées de style héroïques. Elles sont transmises et contées par les griots et célèbrent les exploits des ancêtres, des fondateurs de dynasties, des guerriers d'autrefois. Elles sont perçues (peut-être devrais-je dire « étaient »?) par le grand public comme de l'Histoire (la même chose se passe en Europe d'ailleurs), par les érudits comme des mythes. L'histoire de l'héritier qui doit récupérer le royaume (ou la richesse) de ses ancêtres par exemple, n'est pas étrangère à l'Afrique. (Bon, évidemment, l'Afrique noire n'est pas un tout homogène : plusieurs ethnies, plusieurs peuples, plusieurs histoires, plusieurs mythes, plusieurs mentalités, tous différents). Pas plus que l'histoire du petit malin qui réussit là où le puissant échoue (transmise sous forme de fable animalière : le lièvre contre le lion par exemple).
L'aspect individuel intervient aussi, évidemment. Il y a bien des anglais qui n'aiment ni ne comprennent Tolkien. Le fait d'avoir déjà eu ou non des contacts avec la culture européenne, le vécu personnel, mais aussi simplement les goûts et les intérêts de chacun jouent leur rôle. J'ai vécu une expérience inverse de la tienne, Isabelle. Un ami zaïrois (ancienne RDC) à qui j'avais fait découvrir le Seigneur des Anneaux en le lui présentant comme un « précipité » des mythes et de l'imaginaire d'Europe du nord, m'a répondu qu'il y trouvait des éléments universels (la discussion remonte loin, je n'ai plus les détails, mais je me souviens qu'il parlait de l'héroïsme, de l'amour, et du rôle des « petits » dans la réussite des « grands ». Il a beaucoup aimé, mais il avait un vécu très différent de celui de ton ami. Dans le Zaïre de l'époque, il avait été éduqué dans une institution catholique (incroyant, mais marqué tout de même), il était venu faire des études supérieures en Europe, et actuellement il y vit toujours.
En tout cas, merci d'avoir lancé le sujet, ça serait bien d'obtenir des avis venant d'un peu partout.
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Hum ... tout bas et sur la pointe des pieds ..; s'il y en a par ici que le sujet intéresse toujours, je viens de tomber sur un article qui parle du roman africain contemporain : icitte. Descendez jusqu'aux paragraphes 3.1. et 3.2. qui parlent de "mélange du conte et du roman" et de "l'intégration du mythe, de la légende et de l'(épopée dans le roman". ... voili-voila. Je m'en re-vas.
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Formidable sujet! merci de l'avoir lancé :) je vais tenter une petite enquête dans mon entourage...
FdN
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