S’ensuivit une longue période de dessin, essentiellement à l’encre de chine et à l’aquarelle.
Mais cette période a concerné d’autres thèmes que la Terre du Milieu.
Je n’y suis retourné qu’en 2010, à l’occasion de mon mariage, pour illustrer les tables de la noce. Il s’agissait d’être rapide, et les dessins ont été réalisés au fusain ; les uns sont inspirés des œuvres de John Howe, Alan Lee ou David Wenzel, d’autres sont originaux :
Petits-Nains
« Les Elfes du Beleriand les appelaient autrefois les Nibin-nogrim […]. Ils descendaient, selon certains, des Nains qui avaient jadis été bannis des cités naines de l’Est. Bien avant le retour de Morgoth, ils avaient sillonné vers l’ouest. Sans chef et peu nombreux, il leur avait été difficile de se procurer des minerais de métaux, et leur savoir-faire de forgerons avait diminué, ainsi que leurs réserves d’armes ; et ils s’étaient mis à vivre clandestinement, et devinrent d’une stature sensiblement plus petite que leurs parents de l’Est, marchant les épaules courbées, d’un pas rapide et furtif. »Les Enfants de Húrin , chapitre 7.
Oliphants
« Ébahi et terrifié, mais pour sa joie durable, Sam vit une vaste forme sortir des arbres fracassés et se précipiter sur la pente. Elle lui parut grande comme une maison, bien plus grande qu’une maison : une colline grise en mouvement. La peur et l’étonnement la magnifiaient peut-être aux yeux du hobbit, mais le Mûmak de Harad était en vérité une bête de vaste volume, et il ne s’en promène plus de semblable à présent en Terre du Milieu […]. »Le Seigneur des Anneaux , livre IV, chapitre 4
Mages
« Ils venaient d’au-delà de la Mer, et plus tard on dit chez les Elfes que c’étaient des messagers envoyés par les Seigneurs de l’Ouest pour s’opposer à Sauron, dût-il revenir, et pour pousser les Elfes, les Hommes et tous les êtres vivants de bonne volonté à retrouver leur vaillance. Ils avaient l’apparence d’Hommes, âgés mais vigoureux, les années les marquaient à peine, et ils vieillissaient lentement, malgré les soucis dont ils étaient chargés. Ils avaient une grande sagesse, et bien des pouvoirs, dans leur esprit comme dans leurs mains. »Le Silmarillion , Les Anneaux de Pouvoir & le Troisième Âge
Lossoth
« [Les] Lossoth, les Hommes de la Neige de Forochel [sont] un peuple étrange […], les débris des Forodwaith, ces Hommes des Temps Anciens, accoutumés à supporter l’amère froidure du royaume de Morgoth. [Ils] s’abritent dans des huttes de neige, et on dit qu’ils peuvent courir sur la glace avec des os fixés aux pieds et qu’ils ont des chariots sans roues. Ils vivent […] sur le grand cap Forochel qui clôt, au nord-ouest, l’immense baie de ce nom ; mais souvent ils campent sur le littoral sud de la baie, au pied des Montagnes. »Le Seigneur des Anneaux , Appendice A
Linets
« Eh ! Petits gars ! C’était vous que je sentais là ?
Quelle odeur discrète ! Bien, la rosée est miellée,
Buvez-la donc, mais prenez bien garde à mes pieds ! »
Les linets s’esclaffèrent et s’esquivèrent, lestes,
mais le vieux Tom dit : « J’aurais tant aimé qu’ils restent !
Ce sont les seuls êtres qui ne me parlent pas,
ce qu’ils font, ce qu’ils sont, ils ne le disent pas.
Pourquoi ont-ils dû se cacher ? Ils ont glissé
depuis le Lune peut-être, ou sont arrivés,
je ne sais, par les étoiles, dans leurs clignements. » :
il était une fois, il y a bien longtemps.
Il était une fois (trad.
Lægalad )
Hobbits
« À cette ultime bataille […] contre les portes Noires de Mordor […] vinrent Mithrandir, les fils d'Elrond, le Roi de Rohan, les Seigneurs de Gondor et l'Héritier d'Isildur avec les Dúnedain du Nord. Là, tout leur courage fut vain [car] Sauron fut le plus fort. Mais ce jour vit aussi se vérifier les paroles de Mithrandir, et l'aide vint des mains des faibles quand les Sages eurent fait défaut. Car, et de nombreux chants l'ont depuis célébré, ce furent les Periannath , le Petit Peuple, ceux qui vivaient dans les prés, sur les collines, qui en fin de compte les délivrèrent du mal. »Le Silmarillion , Les Anneaux de Pouvoir & le Troisième Âge
Géants de Pierre
« […] Bilbo frissonnait de la tête aux pieds. Quand, à la lueur des éclairs, il jetait un coup d’œil au dehors, il voyait qu’au-delà de la vallée les géants de pierre étaient sortis et qu’en manière de jeu ils se lançaient mutuellement des rochers, les rattrapaient et les précipitaient dans les ténèbres, ou ils s’écrasaient parmi les arbres loin en dessous ou éclataient avec fracas. »Bilbo le Hobbit , chapitre 4
Elfes Sylvains
« Les Elfes de la Forêt différaient des Hauts Elfes de l’Ouest, et ils étaient en même temps plus dangereux et moins sages. Car, pour la plupart […] ils descendaient des anciennes tribus qui n’allèrent jamais en Faërie dans l’Ouest. […] Dans le Vaste Monde, les Elfes des Forêts traînaient dans le crépuscule de notre Soleil et de notre Lune, mais ce qu’ils préféraient, c’étaient les étoiles […] et, après l’arrivée des Hommes, ils prirent toujours davantage goût au crépuscule et à l’obscurité. C’étaient toutefois et ils demeurent des Elfes, c’est-à-dire de Bonnes Gens. »Bilbo le Hobbit , chapitre 8
Eldar
« Il est dit que, lors de l’éclosion des premières étoiles, les enfants de la terre s’éveillèrent, les plus vieux Enfants d’Ilúvatar. Ils se nommèrent aux-même les Quendi , que nous appelions les Elfes ; mais Oromë les appela les Eldar , le Peuple des Étoiles, et ce nom a depuis lors été porté par tous ceux qui le suivirent sur la route de l’Ouest. [Et] bien que la beauté des Eldar au temps de leur jeunesse surpassât toutes les beautés qu’Ilúvatar avaient engendrées, elle ne s’est pas évanouie, mais demeure dans l’Ouest, et la peine et la sagesse l’ont enrichie. »La Route Perdue , Quenta Silmarillion
Drúedain
« […] devant eux était accroupie sur le sol une étrange forme d’homme, noueuse comme une vieille pierre, et les poils de sa maigre barbe étaient éparpillés sur son menton pleins de bosses comme de la mousse sèche. Il avait les jambes courtes et de gros bras ; épais et trapu, il ne portait pour tout vêtement qu’une ceinture d’herbe autour de la taille. »Le Seigneur des Anneaux , livre V, chapitre 5
Beornides
« C’est un changeur de peau. Il change sa peau : parfois c’est un énorme ours noir, parfois un homme fort et de grande taille avec d’immenses bras et une longue barbe. Je ne puis vous dire grand-chose de plus ; cela devrait d’ailleurs vous suffire. […] Il habite dans une chênaie, où il a une grande maison de bois ; et, comme homme, il entretient du bétail et des chevaux presque aussi étonnants que lui-même. […] Il a un grand nombre de ruches d’abeilles féroces, et il vit principalement de crème et de miel. Comme ours, il rôde de tous côtés. »Bilbo le Hobbit , chapitre 7
Trolls
Troll était assis tout seul sur son siège de pierre, il mordillait et mâchonnait un vieil os nu ; durant des années il l’avait rongé de près, car la viande était dure à trouver. Dans une caverne des collines il demeurait seul, et la viande était dure à trouver. Vint Tom avec ses grandes bottes. Qui dit à troll : « qu’est-ce que cela, je vous prie ? Car ça ressemble au tibia de mon oncle Tim, qui devrait être au cimetière. Voilà bien des années que Tim est parti, et je le croyais couché au cimetière. » « Mon gars, dit Troll, cet os je l’ai volé ; mais qu’est-ce que des os qui restent dans un trou ? Ton oncle était aussi mort qu’un lingot de plomb, bien avant que j’aie trouvé son tibia. Il peut se passer d’une part pour un pauvre vieux troll ; car il n’a pas besoin de son tibia. »Les Aventures de Tom Bombadil , Le Troll de Pierre.
J’en avais profité, alors, pour peindre (à l’aquarelle) nos emblêmes selon l’héraldique eldarine :
Depuis, mon aîné m’a donné l’occasion de m’y remettre.
Voici l’esquisse que nous avons réalisée à quatre mains (retour aux crayons de couleur :)) :
Ancalagon
« Voyant ses armées en déroute et son pouvoir affaibli, Morgoth eut peur et n'osa pas s'avancer en personne. Il lâcha sur ses ennemis les forces qu'il avait gardées en réserve dans une attaque désespérée, et on vit sortir des cavernes d'Angband les dragons ailés qu'on avait encore jamais vus. L'assaut de cette terrible armada fut si brutal et si dévastateur que les armées des Valar reculèrent devant le tonnerre, les éclairs et l'ouragan de flammes qui précédaient les dragons. Eärendil s'avança, illuminé d'un éclat blanc. Tous les oiseaux du ciel accompagnaient Vingilot, conduits par Thorondor, et la bataille fit rage dans les airs tout un jour et toute une nuit d'inquiétude. Avant le lever du soleil Eärendil transperça le noir Ancalagon, le plus grand des dragons, et le précipita du haut du ciel. Il tomba sur les pics du Thangorodrim qu'il brisa dans sa chute. Alors le soleil se leva [...] »Le Silmarillion , chap. 24