Un fantôme, dans une bibliothèque, désigne la fiche laissée dans le rayonnage à l’emplacement d’un livre emprunté. En d’autres termes, c’est la présence qui manifeste une absence. Lorsqu’on s’intéresse à l’histoire de Dior, on éprouve cette impression d’un vide, au cour d’un ensemble dense de légendes. Pourtant, Dior est le personnage à l’héritage le plus riche du Légendaire tout entier. Par ses ascendants d’une part, son sang rassemble trois races : Maia (par Melian, sa grand-mère maternelle), Elfe (par Elu Thingol, son grand-père maternel), Humain (par Beren, son père). On ne pourra jamais plus trouver une synthèse aussi directe. D’autre part, Dior entre en possession du Silmaril, serti sur le Nauglamír : les deux joyaux les plus beaux et les plus précieux des Elfes et des Nains réunis. Que le Silmarillion souligne que Dior ” apparut à tous comme le plus beau des enfants du monde, des Edain, des Eldar et des Maiar du Royaume Bienheureux ” (Le Silmarillion, ch. 22, tr. fr. de P. Alien ; Pocket, p. 314) n’a donc rien d’étonnant à ce double titre.

En revanche, son passage fulgurant au sein du Silmarillion est bien plus surprenant. Tout se passe comme si Dior, fusion suprême des richesses des peuples, avait consumé tout possible développement d’une intrigue à son sujet. A peine apparu, il succombe pour avoir été trop riche.

C’est pourquoi nous avons choisi d’aller voir quelle fut son évolution dans diverses versions antérieures du Légendaire. Ce dossier n’a pas pour but d’analyser les textes, ni même d’établir un index exhaustif. Il s’agit davantage de lire les passages laissés de côté au gré des corrections et des choix de Tolkien. La série The History of Middle-earth recueille bon nombre de ces textes qui ne furent pas destinés à voir le jour tels quels. Comme autant de fantômes, ils ont une existence translucide : il est impossible de se tenir à ce qu’ils disent sans immédiatement aller voir les suivants. La lecture doit les traverser. En résulte un éventail de textes riches d’informations, qui portent les germes d’histoires en puissance. Christopher Tolkien ne dit pas autre chose lorsqu’il conclut son commentaire sur les esquisses réunies dans l’histoire d’Eriol : “Bien qu’il s’agisse de ” scénarios ” abandonnés et sans doute oubliés, ils témoignent de vérités profondes et intellectuelles que mon père n’abandonna jamais” (Home II, 327 = FrHome II, 420).

Plonger dans la série Home donne l’étrange sentiment de pénétrer dans un monde hanté d’existences en suspens. Toutes réclament l’attention, sans parvenir à s’imposer pour elles-mêmes. Elles ne sont que la trace d’une histoire absente, c’est-à-dire un fantôme. Dans ce monde virtuel errent ainsi Dior et les siens, dont, seule, Elwing connaîtra un destin digne de son ascendance.

I. Dior

A. Changements de noms

1. Brève chronologie des noms de Dior

a/ Dans l’esquisse pour le Conte du Nauglafring du Livre des Contes Perdus, le fils de Beren est appelé Daimord (cf. Home II, 139 = FrHome II, 179). Voir également l’esquisse D (Home II, 259 = FrHome II, 330 ; dans ce texte, Beren et Lúthien ont plusieurs fils, sans autre indication).

Christopher Tolkien suppose que ce nom est l’équivalent de Damrod, nom donné au fils de Beren dans le passage corrigé du Conte de Turambar (Home II, 72 = FrHome II, 97). Voir également le Lexique Gnomique dans la seconde partie de l’Appendice sur les noms dans les Contes Perdus, à l’entrée ” Nauglafring ” (Home II, 346 = FrHome II, 442).

b/ Il prend le nom de Dior dès le Conte du Nauglafring dans le Livre des Contes Perdus (Home II, 240 = FrHome II, 303). En note, Christopher Tolkien précise que cette occurrence se substitue au nom d’Ausir, qui restera cependant l’un des noms attribués à Dior dans ce Conte (Home II, 244, n. 19 = FrHome II, 308, n. 19).

2. Attributions ultérieures des noms

a/ Daimord

Ce nom, semble-t-il, ne sera pas repris dans la suite du Légendaire.

b/ Damrod

– Le nom de Damrod est inscrit en regard d’Egnor (l’ancien nom de Barahir, le père de Beren) dans un passage rejeté du Conte de Turambar (Home II, 116 n. 2 et 139-140 = FrHome II, 148 n. 2 et 179).

– Il deviendra pendant longtemps le nom de l’un des fils de Fëanor, appelé plus tardivement Amrod. Voir notamment le Conte du Nauglafring (Home II, 241-242, 251 = FrHome II, 304-305, 317). Il est piquant de constater que ce nom désigna successivement la victime et son assassin.

c/ Ausir

L’un des enfants de la Chaumière du Jeu Perdu, dans le Livre des Contes Perdus, se nommera ainsi (voir, par exemple, Home II, 5, 7-8 ; FrHome II, 14, 16-17).

B. Histoire de Dior

Dès le Conte du Nauglafring, dans le Livre des Contes Perdus, l’histoire de Dior, assez peu connue, est fixée dans les grandes lignes. Les principales différences interviendront surtout pour son entourage.

Le changement le plus notable est implicite. Dans le Conte du Nauglafring, Dior n’est pas encore un Demi-Elfe, car Beren, son père, est un Elfe. Voir, sur ce point, le commentaire de Christopher Tolkien en Home II, 215 (FrHome II, 271) : c’est pour cette raison que Tuor, dans le Conte de la Chute de Gondolin, est appelé le ” seul être mi-Eldalië et mi-Homme “.

Dans ce même Conte, Dior ne prend pas la succession de Tinwelint [>Thingol] ; il règne en Hisilómë (Home II, 240, 251 = FrHome II, 304, 317).

Enfin, il participera au côté de son père Beren, exceptionnellement aidé par les Ents, à l’attaque des Nains de Nogrod pour leur reprendre le Nauglamír (voir la lettre au colonel Worksett du 20 septembre 1963, in The Letters, n° 247, p. 334).

II. Nimloth

Le chapitre 22 du Silmarillion (publié en 1977) nous apprend que l’épouse de Dior, appelée Nimloth, a été tuée en même temps que lui, par les fils de Fëanor. Cependant, son histoire n’a pas été déterminée dès l’origine.

a/ On ne trouve rien sur l’épouse de Dior avant The Wanderings of Húrin. Ni le Quenta, ni les Annals of Beleriand ne l’évoquent (alors qu’apparaissent déjà ses deux fils). Ainsi, Le Livre des Contes Perdus se contente de citer Dior et ses deux enfants, Auredhir et Elwing. Seule la nourrice d’Elwing est mentionnée : Evranin, qui a réussi à fuir avec la fille de Dior (Home II, 241 = FrHome II, 305).

b/ The Wanderings of Húrin, donc, parle pour la première fois de l’épouse de Dior : celui-ci a épousé en 497 Lindis d’Ossiriand (Home XI, 257 ; Christopher Tolkien confirme dans la n. 13 de la p. 300 qu’il s’agit là de la première mention de l’épouse de Dior).

c/ The Tales of Years réunissent un certain nombre de textes à son sujet :

– la version D porte deux entrées au crayon, dont l’une annonce le mariage de Dior avec une personne des Elfes Verts : le nom est laissé en blanc. Il s’agira de Nimloth (Home XI, 349).

– une note isolée, inscrite au verso d’une feuille sur le Heaume-Dragon de Dorlómin, donne le nom de son épouse : Elulin d’Ossiriand (Home XI, 350 ; Christopher Tolkien précise que la quatrième lettre du nom n’est pas claire). On ne sait toujours pas ce qu’elle devient.

– le brouillon manuscrit appelé D 2 précise son histoire : en 506-507, Dame Lindis parvient à s’échapper de Menegroth avec Elwing (emportant le Collier et le Silmaril). Elle gagne difficilement Ossir. Elle s’enfuit ensuite vers les Havres du Sirion (Home XI, 351 ; Ch.T. suppose, p. 353, que Dame Lindis a entendu la rumeur selon laquelle les survivants de Gondolin s’y étaient rendus).

Curieusement, seul le Silmarillion de 1977 semble annoncer explicitement la mort de l’épouse de Dior lors de l’attaque de Menegroth par les fils de Fëanor.

Remarque sur un problème de généalogie.

Sans entrer dans les difficultés des origines de Celeborn, rapportons le problème que soulève Christopher Tolkien en Home XI, 350. Les tables généalogiques de décembre 1959 soulèvent une difficulté : Nimloth est présentée comme étant soit la sour de Celeborn, soit sa nièce (elle serait la fille de Galathil, frère de Celeborn). En accord avec ce qu’il semble apparaître dans les brouillons de ces tables, c’est la seconde hypothèse qui est retenue, sans commentaires, dans les Contes et légendes inachevés (le Silmarillion 1977 reste donc vague sur ce point : Nimloth est la parente de Celeborn). Christopher Tolkien évoque, dans l’Appendice E à l’Histoire de Galadriel et de Celeborn, le rapport entre la parenté de Celeborn et les noms d’arbres. En effet, Nimloth fut également le nom des Arbres Blancs d’Eressëa et de Númenor (voir Home XII, 147-148).

III. Eluréd et Elurin

La brève apparition d’Eluréd et d’Elurín a fait l’objet de nombreux changements, parfois capitaux. Ceux-ci sont principalement de deux sortes : changements de noms et changements d’histoire.

A. Changements de noms

1. Brève chronologie des noms des fils de Dior

a/ A l’origine, dans Le Livre des Contes Perdus (1916-1917), Dior, fils de Beren et de Tinúviel, n’a qu’un fils et une fille : Auredhir et Elwing (Home II, 240-241, 251 = FrHome II, 304, 317).

Dans le Quenta (1930), Dior n’a qu’une fille unique, Elwing. Sera ajoutée postérieurement la mention de ses deux fils (Home IV, 135, n. 14). Mais cet ajout donne des noms que prendront ultérieurement les deux fils (Eldûn et Elrûn).

b/ Dans The earliest Annals of Beleriand (=AB 1 ; années 1930′), Dior a deux fils, nommés Elboron et Elbereth (Home IV, 307, 325-326). The later Annals of Beleriand (=AB 2 ; avant 1937) donnent également Elboron et Elbereth, qui seront corrigés plus tard (Home V, 142, 147 n. 42). Voir également les éléments de généalogies donnés en Home V, 403 (qui renvoient à AB 1, puis AB 2).

Les Etymologies rapportaient Elboron à l’entrée BOR- (Home V, 353), et Elbereth à l’entrée BER- (Home V, 352) ; mais Tolkien les a barrés. Le nom d’Elbereth est alors mentionné à l’entrée BARATH- et il est désormais attribué à Varda (Home V, 351 ; voir le commentaire de Christopher Tolkien entre crochets droits). Elrûn sera ajouté à l’entrée RO- (Home V, 384).

Les corrections Elboron & Elbereth > Eldûn & Elrûn semblent donc dater de 1937-1938.

c/ La table généalogique de la Maison de Bëor (1959) indique que les fils de Dior se nomment Eldún et Elrún (Home XI, 231), ce qui est repris par The Wanderings of Húrin (Home XI, 257, 300 n. 16), ainsi que par The Tales of Years (Home XI, 348, 349, 351).

d/ Le texte intitulé The problem of ros explique pourquoi Dior a appelé ses fils Eluréd et Elurín (Home XII, 369, 372 n. 8). Résumons très brièvement : Dior a nommé son premier fils Eluréd en se servant de la langue de son père Beren (le dialecte Bëorien), et son second fils Elurín avec la langue de sa mère Lúthien (le Sindarin de Doriath). Elwing reprendra ce procédé pour nommer ses deux fils, Elros et Elrond.

Récapitulons :

Auredhir > Elboron & Elbereth > Eldûn & Elrûn > Eldún & Elrún > Eluréd & Elurín

2. Que deviennent les anciens noms ?

Les deux fils de Dior prirent premièrement les noms Elboron et Elbereth, pour les abandonner ensuite. Mais Tolkien n’oublia pas pour autant ces deux noms, qui furent également l’occasion de plusieurs changements d’attribution.

a/ Ainsi, Elboron et Elbereth furent les premiers noms des deux fils d’Elrond, Demi-Elfes également (Home VIII, 297, 301, 302, 370 ; Home XII, 223-224). Ceux-ci prirent donc les noms de leurs grands-oncles, puisque Elrond est le fils d’Elwing, fille de Dior et sour d’Eluréd et d’Elurín.

b/ Mais lorsque les fils d’Elrond reçurent leurs noms définitifs, Elladan et Elrohir, les deux noms ” Elboron ” et ” Elbereth ” furent à nouveau réattribués.

– le fils de Faramir fut appelé Elboron (voir la lignée de Dol Amroth, Home XII, 221, 223) ;

– Elbereth est devenu l’un des noms célèbres de Varda, l’épouse de Manwë. Les brouillons du chant à Elbereth Gilthoniel proposaient auparavant Elberil (voir notamment Home V, 351, entrée BARATH- ; Home VI, 68 n. 15).

Récapitulons :

– Elboron désigna successivement i/ Eluréd (le fils aîné de Dior), ii/ Elladan (fils d’Elrond) et enfin iii/ le Second Prince d’Ithilien (fils de Faramir).

– Elbereth désigna successivement i/ Elurín (le fils cadet de Dior), ii/ Elrohir (fils d’Elrond) et enfin iii/ Varda, l’une des Valar, épouse de Manwë.

B. Changements d’histoire

Reprenons maintenant l’évolution de la destinée des fils de Dior.

a/ Dans Le Livre des Contes Perdus, Dior n’a qu’un fils, Auredhir, qui meurt en même temps que lui des mains des fils de Fëanor dans les forêts de Hisilómë (Home II, 240-241 = FrHome II, 304-305).

b/ Dans le Quenta (1930), Dior n’a qu’une fille unique, Elwing. Il est tué à Doriath par les fils de Fëanor (Home IV, 134). Tolkien y ajoute dans une note tardive que ses jeunes fils, Eldûn et Elrûn, y furent tués également (Home IV, 135, n. 14). Ils n’apparaissent que pour disparaître aussitôt. Curieusement, le texte qui mentionnera les noms définitifs d’Eluréd et Elurín raconte également qu’ils furent tués par les fils de Fëanor avant d’arriver à l’âge adulte (Home XII, 369 ; la n. 12 de la p. 373 donne les grandes lignes de l’évolution de leur destinée).

c/ The earliest Annals of Beleriand disent qu’en 206 les deux fils de Dior, Elboron et Elbereth, furent tués par des membres de la suite de Maidros, l’un des fils de Fëanor (Home IV, 307, 325-326). Les éléments de généalogie qui s’y rapportent indiquent qu’Elboron est né en 192, et Elbereth en 195. Ils meurent donc respectivement à 14 ans et 11 ans (Home V, 403)

d/ Dans The later Annals of Beleriand, en 306 les deux fils Elboron et Elbereth ne sont pas tués en même temps que leur père ; ils sont capturés par les serviteurs de Maidros qui les abandonnent en forêt pour qu’ils y meurent de faim. Maidros regrettera ce geste et les cherchera en vain (Home V, 142).

e/ The Tales of Years rassemblent plusieurs esquisses :

– la version C se contente de dire qu’en 511 Eldún et Elrún sont abandonnés dans les bois (Home XI, 348) ;

– la version D annonce que les fils de Dior sont des jumeaux et qu’ils naissent en 500 (Home XI, 349) ; on retrouvait ceci dans The Wanderings of Húrin (Home XI, 257, 300 n. 16) ;

– le manuscrit appelé D 2 se rapproche de la forme du Silmarillion 1977 : en 506-507, les cruels serviteurs de Celegorn conduisent Eldún et Elrún en forêt pour qu’ils y meurent de faim. Point original : Tolkien ajoute que ” l’on ne sait rien de certain sur leur destin, mais que quelques-uns disent que les oiseaux leur sont venus en aide et les ont emportés à Ossir “. Il ajoute dans la marge que Maidros a regretté cette action et qu’il les a cherchés en vain (Home XI, 351).

Christopher Tolkien souligne une contradiction dans la table généalogique de la Maison de Bëor. La date de mort de Dior et celle de ses fils ne sont pas les mêmes, alors qu’ils disparaissent tous lors du Second Massacre Fratricide à Doriath (Home XI, 231-232). Les dates de naissance et de mort des deux fils sont les suivantes : Eldûn (492-506) et Elrûn (495-506).

Récapitulation sommaire (sans tenir compte des problèmes de datation) :

– les fils de Dior furent tués par les fils de Fëanor ;

– ils furent abandonnés en forêt par les serviteurs de Maidros ;

– ils furent abandonnés en forêt par les serviteurs de Celegorn (et sauvés par des oiseaux ?).

IV. Elwing

Elwing, à la différence des membres de sa famille, n’a jamais changé de nom.

a/ Elle apparaît, semble-t-il, pour la première fois dans la Liste de Noms accompagnant le Conte de la Chute de Gondolin, à l’entrée ” Egalmoth ” : celui-ci ” (…) demeura par la suite à la bouche du Sirion, mais y fut tué lors d’une bataille terrible lorsque Melko se saisit d’Elwing ” (Le Livre des Contes Perdus, II, 3 ; Home II, 215 ; FrHome II, 272).

b/ Dans le Conte du Nauglafring (Le Livre des Contes Perdus, II, 4 = Home II, 240-242 = FrHome II, 304-305), c’est Elwing enfant (et non Dior) qui porte le Nauglafring [>Nauglamir] lorsque les fils de Fëanor le réclament. Lors de l’assaut, Elwing s’enfuit avec sa nourrice et le Nauglamir vers le Sirion.

c/ Le Conte d’Eärendel n’a jamais été écrit, mais les esquisses sont multiples (nous reprenons les appellations de Christopher Tolkien). Nous rapportons les changements les plus significatifs.

– esquisse B : Eärendel part seul vers l’Ouest à la recherche de son père Tuor. Elwing sera emprisonnée lors de l’attaque sur Sirion (Home II, 253 = FrHome II, 321).

– esquisse C : après le départ d’Eärendel, Elwing a fait naufrage avec le Nauglafring, et elle est devenue un oiseau marin. Il la cherche sur l’Île des Oiseaux-Marins tandis qu’elle le cherche du côté des bateaux naufragés. Il franchit la Porte de la Nuit. On annonce qu’il ne retrouvera Elwing que ” lors du Grand Départ ” (Home II, 255 = FrHome II, 323-324).

– l’esquisse D, très vague, n’apporte rien de plus.

– esquisse E : Elwing semble venir à l’embouchure du Sirion après le départ de Tuor. Après son naufrage, Elwing revient voir Eärendel sous la forme d’une mouette (Home II, 260-261 = FrHome II, 331-332).

d/ Le Carnet C du Livre des Contes Perdus annonce, dans l’histoire d’Eriol, qu’après la défaite de Melko, ” Elwing et la plupart des Elfes repartent pour demeurer sur Tol Eressëa ” (Home II, 280 = FrHome II, 356). Elle fera naufrage.

e/ Dans les §§ 17-19 de l’Esquisse de Mythologie (= The Earliest ‘Silmarillion’, 1926-1930 ; Home IV, 37-41), Elwing jette le Nauglafring dans la mer pour s’y précipiter à sa suite. Ulmo la transforme en oiseau de mer, mais le Silmaril reste au fond de l’océan. Eärendel part à la recherche d’Elwing, en vain. Après la Grande Bataille et la défaite de Morgoth, il se voit confier par les Valar le dernier Silmaril (Maglor s’étant jeté dans une crevasse avec l’un des deux restants). Grâce au Silmaril, Eärendel retrouve Elwing et elle le rejoint, avec de nouveau sa forme humaine, sur le Wingelot. Ils naviguent dans les cieux pour surveiller Morgoth. A noter qu’ils n’eurent qu’un seul fils, Elrond, qui choisira le destin mortel des humains.

f/ C’est à partir du texte de remplacement dans le Quenta [Q II] qu’Elwing parvient, grâce à Ulmo, jusqu’à Eärendel sous forme d’un oiseau blanc avec le Silmaril (Home IV, 153). Après leur arrivée en Valinor, Elwing habitera la Tour et se transformera souvent en oiseau pour rendre visite à Eärendel (sans pour autant l’accompagner). C’est elle qui a inventé les ailes pour son vaisseau. Elros, le frère d’Elrond, fait son apparition.

 

Sébastien Mallet,
alias Fangorn.
© La Compagnie de la Comté – Les Editions de l’Œil du Sphinx