TOLKIEN (J.R.R), Contes et Légendes Inachevés – Premier Âge, éditions Pocket Junior, Paris, 1996, 247 p.
Parmi les innombrables éditions des ouvrages de Tolkien, celle des Contes et Légendes inachevés parue aux éditions Pocket a retenu notre attention et passe même pour une curiosité.
Curiosité car passée inaperçue de beaucoup (l’édition dont nous parlons ici date de 1996) mais surtout parce que outre le texte « classique » des Contes, cette « nouvelle » édition prenant place dans la collection Junior, propose un « Entracte » (en fait un supplément exclusif) qui propose une vue externe, didactique, des Contes et Légendes en abordant des aspects biographiques et connexes à l’oeuvre de Tolkien. Cet entracte est un paradoxe.
Quand on connaît, en effet, le style tout particulier et les pré-requis nécessaires à la bonne compréhension de ces Contes, l’on peut s’étonner de les trouver dans une édition Junior. Plus largement, c’est la question de la validité du classement de Tolkien parmi les auteurs pour enfants qui serait à (re)considérer. Paradoxal, cet « Entracte » n’en est pas moins une entreprise fort louable, imaginée par Catherine Bouttier.
Dans le volume consacré au Premier Âge (n° 1256), l’« Entracte » (de 32 pages placées au centre du livre) invite d’abord à la lecture de la biographie de Tolkien en s’appuyant sur l’édition proposée par Pocket (J.R.R. Tolkien – Une Biographie, de Humphrey Carpenter, Pocket, n° 4614). Sur un peu plus de deux pages, ce sont quelques épisodes de sa vie qui sont résumés comme sa rencontre avec Edith Bratt, sa future femme, ou sa vie d’étudiant. Quelques citations reprises textuellement de la biographie agrémentent ces résumés.
La seconde partie de l’Entracte, intitulée « À la découverte d’un nouveau monde » est plus intéressante encore. L’on aborde là des éléments du Silmarillion: la création du monde et la cosmogonie chez Tolkien. Fait surprenant, et c’est une exclusivité de cette édition, nous faisons face à des éléments inconnus jusqu’alors en traduction française provenant du quatrième tome [1] de The History of Middle-Earth. Page 8, nous trouvons donc la traduction de la carte p. 249 de The Shapping of Middle-Earth, et page 10 celle de la p. 251. Un dernier développement s’attarde sur le Beleriand associé à une carte de cette même région (présente initialement dans la version du Silmarillion publiée par les éditions Christian Bourgois mais absente de la version chez Pocket).
La partie suivante « Des êtres et des choses » est consacrée aux elfes et aux hommes. La présentation, succincte mais claire, est l’occasion d’aborder, par exemple, les langues imaginées par Tolkien (à travers un tableau de certaines runes).
Signalons enfin la partie « Héritages » qui, comme son nom le laisse supposer, met l’oeuvre de Tolkien en perspective avec les récits des Chevaliers de la Table Ronde mais aussi avec les légendes nordiques et germaniques comme celle des Nibelungen (récits dont on sait que Tolkien les appréciait tout particulièrement).
Au final, nous nous réjouissons de voir un éditeur proposer un contenu qui confère une part d’analyse et incite à la découverte de l’oeuvre de Tolkien. La démarche est plutôt rare, elle mérite d’être soulignée.
Cédric FOCKEU
© La Compagnie de la Comté – Février 2002
Notes
[1] The Shaping of Middle-Earth, London, George Allen & Unwin, 1986, 380 p.