Among the Exiles many believed that the summit of the Meneltarma, the Pillar of Heaven, was not drowned for ever but rose again above the waves, a lonely island lost in the great waters[…]. And some there were of the seed of Eärendil that afterwards sought for it, because it was said among loremasters that the farsighted men of old could see from the Meneltarma a glimmer of the Deathless Land.
(notre emphase)
Cet article a pour objet de mettre en avant certaines considérations scientifiques nouvelles, mises au grand jour par de récentes découvertes biblio-archéologiques, permettant d’apporter plus de précisions sur la localisation de l’île de Númenor, et tentant ainsi de compléter l’étude réalisée par notre cher Dragon Brumeux, que nous vous invitons avec grand plaisir à relire (là). Nous soulignons l’importance des nouvelles données que nous allons vous exposer ici, car elles permettront, nous l’espérons, de mettre en place de nouvelles équipes d’exploration sous-marines afin de ramener à la surface des secrets perdus depuis plusieurs millénaires, et voire même de mettre le doigt sur l’emplacement secret où se trouve enfermé le restant des manuscrits linguistiques númenoréens non encore publiés à ce jour.
Table des matières
De la Rotondité de la Terre
Dans les premières conceptions de Tolkien, et pendant bon nombre d’années, Arda était plate, avec Valinor à l’Ouest, la Terre du Milieu au centre, et une terre semblable à celle de Valinor (symétriquement) à l’Est. Nous savons que Tolkien a revisé tout son système plus tard et que dans ses conceptions tardives (cf. notamment HoME X et XI), il a tenté de privilégier une certaine cohérence scientifique : Arda fut conçue ronde dès l’origine et pas seulement à partir de la Submersion de l’île de Númenor. Le texte sur lequel nous fonderons principalement notre raisonnement étant l’Akallabêth du Silmarillion, nous nous devions de souligner cela car la forme du monde dans ce texte est ambigüe. Nous allons tenter de prouver ici que si Tolkien n’a pas fait d’erreur d’inattention, il avait déjà commencé à revoir son système lors de l’écriture de l’Akallabêth.
En effet, dans l’Akallabêth (p. 343 de l’édition Pocket du Silmarillion), il est écrit :
Les Númenoréens le savaient fort bien et parfois, quand l’air était limpide et le Soleil à l’est, ils regardaient vers l’ouest et apercevaient sur une rive lointaine une ville blanche et radieuse, un grand port et une tour. A cette époque, les humains de Númenor avaient la vue perçante mais c’étaient néanmoins les plus clairvoyants d’entre eux qui jouissaient seuls de cette vision, depuis le Meneltarma par exemple, ou du pont d’un navire avancé aussi loin vers l’est qu’il leur était parmi d’aller. [notre emphase]
Cette citation permet à elle seule de justifier qu’Arda est ronde. En effet : asseyez-vous sur une plage et regardez au loin un bateau s’en aller. Même par une mer avec la quiétude d’un miroir, vous verrez le navire disparaître derrière la ligne d’Horizon, à cause de la courbure de la Terre. Ici, il se passe le même phénomène. Observons la figure ci dessous :
Le bateau en P1 ne peut pas voir le port d’Avallónë (situé en V2) à cause de la courbure de la terre, bien qu’il soit à la même distance de Valinor que le Meneltarma du haut duquel on peut parfois apercevoir le port elfique si les conditions sont bonnes. Le bateau P2, lui, le peut, car il s’est avancé suffisamment pour que le haut de son mât soit passé au dessus de la tangente à la terre passant par Avallónë. Si la terre avait été plate, un rapide dessin montre que la position du bateau n’aurait pas eu d’importance et que le Port des Cygnes aurait été de toute façon visible, quelle que soit cette position.
Les Historiens émetteront des doutes sur cette thèse. En effet, p. 369 du Silmarillion, on peut lire, après le récit de la Submersion de l’Ile :
Ceux qui naviguaient au loin découvrirent seulement les nouvelles terres, qu’ils trouvèrent identiques aux anciennes et sujettes à la mort. Et ceux qui allèrent encore plus loin ne firent que le tour de la Terre et retrouvèrent leur point de départ en disant avec lassitude :
— Maintenant tous les chemins se rejoignent.
Plus tard donc, grâce aux voyages des navires, aux récits des marins et à la connaissance des étoiles, les rois des hommes virent qu’en effet le monde était devenu rond.
[…] Alors les plus savants des Humains dirent qu’il devait exister une Voie Droite pour ceux qui avaient permission de trouver [Valinor]. Et ils enseignèrent qu’alors que le nouveau monde était courbe, l’ancienne route et le chemin du souvenir de l’Ouest continuaient tout droit comme un pont invisible et gigantesque jeté dans l’air du souffle et de la lumière (désormais courbé à l’instar du monde) qui traversait Ilmen, où la chair ne peut vivre sans aide, pour atteindre Tol Eressëa, 1’Ile Solitaire, et peut-être même Valinor où les Valar vivaient encore et contemplaient le déroulement de l’histoire du monde.
[S’ensuivent quelques renseignements sur la naissance de légendes et de croyances númenoréennes]
Mais cet argument qui tendrait à prouver que la terre était plate avant la Submersion (dans l’Akallabêth, du moins) tient assez difficilement : il s’agit là du point de vue des Númenoréens et on sait qu’ils sortent tout juste d’une période de croyances assez intense et sous la grande influence de Sauron – qui leur apporta une science noircie d’immoralité et nécessairement partiale – ce qui ne donne que peu de poids sur cette connaissance précise de la rotondité de la terre, connaissance qui n’a pas de toute évidence pu être physiquement expérimentée, à cause de l’interdit des Valar.
Cette conclusion de la Rotondité de la Terre étant acquise (soyez sympas, évitez de me brûler vif maintenant !), nous pouvons à présent entrer le coeur en joie dans le vif du sujet.
Le dernier voyage des Númenoréens et le mystère des 39 jours
Cette étude permet de rejeter définitvement le point chaud qui était apparu dans l’étude précédente, quant à la localisation de Númenor par rapport à Valinor. Rappellons-le ici :
Dans Sauron defeated, le texte The Drowning of Anadûnê donne certaines précisions relatives à la durée du Voyage de la flotte Númenoréenne vers Valinor :
In an hour unlooked-for this doom befell, on the seventh evening since the passing of the fleets. [notre emphase]
Cela conforte définitivement le calcul que nous avons fait tout au long de cet article. Un voyage d’approximativement 750 km fait en 6 jours représente une moyenne d’environ 130 km par jour, ce qui n’est pas énorme, mais satisfaisant pour de gros bateaux à voiles remplis d’esclaves et de soldats. Il est de plus précisé dans l’Akallabêth que le premier jour, aucun vent ne souffla, et que les bateaux n’avancèrent que par la force des esclaves. Il nous reste alors à comprendre cette ultime phrase de l’Akallabêth, qui reste toujours un mystère :
In an hour unlooked for by Men this doom befell, on the nine and thirtieth day since the passing of the fleets. [notre emphase]
Elle indique que la submersion d’Atalantë a eu lieu 39 jours après le départ des troupes ce qui peut vouloir dire plusieurs choses. Le voyage des troupes a peut être été fortement rallongé par Tolkien entre les deux textes pour une raison inconnue (organisation des troupes, hésitation d’Ar-Pharazôn, temps de réaction des Valar pour submerger Valinor… passage de la flotte par le triangle des Bermudes*). Nous avons bon espoir de combler ce dernier trou dans le puzzle, qui nous permettra d’obtenir un financement de l’Etat pour lancer les recherches, mais rien ne dit que cela soit chose facile. En attendant, hissons foc et huniers, étarquons la grand voile et préparons nous au voyage… souquez ferme, matelots.
Hisse et ho, et une bouteille de rhum !
Under the water it rumbled on,
Still louder and more dread :
It reached the ship, it split the bay ;
The ship went down like lead.
[Coleridge, The Rime of the Ancient Mariner]