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Hier soir sur France Inter, ils ont déterré une critique de Bilbo par l'écrivain Marcel Schneider qui date de 1969. Honnêtement, ça vaut le détour!
Bonne écoute!
http://www.franceinter.fr/emission-autant-en-emporte-le-flow-bilbo-le-hobbit
Elba
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Encore mieux:
pour écouter directement
(désolée pour le doublon, j'ai pas posté ici depuis... pfiou!, alors j'avais oublié qu'on pouvait faire ça)
re Elba
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Merci pour ce document :)
I.
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Sans même se pencher sur le commentaire du présentateur, qui a l'air d'en tenir une couche, on peut s'interroger sur la lecture de Jacques Brenner :
Cela dit, le reste de l'interprétation est assez juste, à l'exception du commentaire final sur les hippies, dont on lui laisse l'entière responsabilité.
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Merci beaucoup Elbaratha, pour cette archive de l'INA du 24 juillet 1969, qui donne une idée de la façon dont le premier roman de Tolkien paru en français a pu être perçu lors de sa publication. ;-)
Si l'auteur de la critique de l'époque est bien l'écrivain Jacques Brenner, de son vrai nom Jacques Meynard (1922-2001), à en croire le présentateur de la séquence, on peut alors se demander pourquoi le site de France Inter évoque, lui, Marcel Schneider (1913-2009), un autre écrivain français, par ailleurs ami de Brenner, parait-il... Ne connaissant ni l'un, ni l'autre, je ne saurai dire où est l'erreur...
J'ai l'impression, en tout cas, que le critique en question a peut-être été influencé par une éventuelle lecture du Vent dans les saules (The Wind in the Willows) de Kenneth Grahame pour considérer à tort Bilbo comme un animal : il est vrai que le début du roman mettant en scène le hobbit dans son trou confortable n'est pas sans rappeler, par certains aspects, le début du roman de Grahame avec Taupe (Mole) dans son logis en plein nettoyage de printemps.
Quant à considérer le "style hippie" comme étant dépourvu de "bonhommie" et de "gentillesse", hum... effectivement, on ne peut que laisser au critique l'entière responsabilité de ses propos sur le sujet. ;-))
Ledit critique ne devait sans doute pas connaitre la célèbre chanson San Francisco de Scott McKenzie (décédé l'été dernier), chanson sortie pourtant deux ans plus tôt, en mai 1967, juste avant le fameux Summer of Love...
If you're going to San Francisco
Be sure to wear some flowers in your hair
If you're going to San Francisco
You're gonna meet some gentle people there
For those who come to San Francisco
Summertime will be a love-in there
In the streets of San Francisco
Gentle people with flowers in their hair...
Amicalement, :-)
Hyarion.
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A cette époque, en 1969, l'ensemble des médias donnaient une image totalement déformée du mouvement Hippie. Pour les Français de l'après mai 68, Hippie=drogue=débauche=immoralité.
Seuls quelques rares médias, surtout deux magazines musicaux (Rock & Folk et Best) font état de la réalité de ce qu'est ce mouvement. C'est vraiment pas grand-chose et leur portée est limitée.
A la télévision, rares étaient ceux qui avaient pris la chose au sérieux, et encore par le petit bout de la lorgnette, comme le jeune Michel Drucker, qui avait justement invité et présenté Scott McKenzie dans une émission de variété en 1967. Mais ça c'était avant les purges de l'ORTF de l'été 1968.
Quant aux musiciens américains du moment, ils ne sont pas du tout associés à ce mouvement, qu'ils en soient réellement proches (Joplin) ou non (Hendrix) par faute d'information et compréhension de leur œuvre.
Donc en juin 1969, quand cette émission radio a lieu, la vision du Hippie est une montagne de préjugés pour la majorité des Français, y compris les intellectuels de gauche, méfiants de ce qui provenait des Etats-Unis, alors en pleine guerre du Vietnam et en plein dans les conflits raciaux et estudiantins.
Et l'impact de Woodstock (août 1969) n'est évidemment pas encore pour tout de suite.
I.
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Puisque Maître Hyarion en parle, je signale pour les amateurs l'adaptation en bande dessinée du Vent dans les Saules par Michel Plessix.
On retrouvera effectivement chez Taupe et Rat un côté très hobbit : la vie à la campagne, la maison douillette et confortable, le thé, les habitudes, les amis... Malgré un ton parfois un peu trop "gentillet", je trouve le dessin très joli, et il y a largement de quoi passer un bon moment. Le premier cycle est décliné en quatre tomes, et un deuxième cycle, Le Vent dans les Sables, emmène les personnages en Orient (quatre tomes pour l'instant).
Un peu tard sans doute pour les cadeaux de Noël, mais qui sait ?
A.
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Je confirme que le Vent dans les Saules et sa suite sont de vrais petits bijoux, plein de clins d'oeils et de poésie, dont j'attend avec impatience la suiiiiiiiiiiiiiteeeeeee ! :D
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Merci Elbaratha !
Pour ajouter à ce que disais Isengar sur la perception des hippies en France, souvenons-nous de ce que Jacques Bergier écrivait à la même époque (1970) dans Admirations :
Je pense que l'oeuvre de Tolkien répond, en particulier pour la jeunesse américaine, à un immense besoin de propreté et de pureté. (...) D'après tout ce que j'ai pu savoir, Tolkien est une idole des jeunes Américains normaux et non pas des hippies. Et en effet, on aurait du mal à tirer du "Seigneur des Anneaux" un appel en faveur de la drogue, une protestation contre la guerre du Viet-Nam ou une contestation quelconque de la société.
Tolkien n'est pas un gourou dément dans le genre de Marcuse. (...) Or, la jeunesse américaine, dans sa grande majorité, ne suit pas les mahatmas du LSD. Elle a du respect pour les vrais savants et les vrais penseurs dont il y a tout de même un certain nombre aux Etats-Unis. (...)
Y aura-t-il des écrivains du genre de Tolkien en Europe ? (...) Il faudra aussi un milieu approprié. Les grandes universités anglaises en fournissent un (...) Par contre, je vois très mal un Tolkien travaillant dans les grenades lacrymogènes, les insultes et la contestation.
Il ne devait pas avoir lu ce texte (1968) de W. E. Ratliff et C. G. Flinn The Hobbit and The Hippie (déjà pointé par Cédric il y a 2 ans... :-)
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